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La foi au service de la résistance, la spiritualité au service de la résilience

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Quelle est notre plus grande force ? À nous, militantes féministes musulmanes ?
C’est devant le film « Derrière les fronts : résistance et résilience en Palestine » que je me suis rappelé que cette force, c’était notre foi.

 

À mesure que retentissent les voix, les paroles musicales de Sanaa Moussa, Julia Boutros ou Shadia Mansour, à mesure que défilent des images imprégnées de l’âme palestinienne, Alexandra Dols nous emporte . Militante féministe anti-impérialiste, réalisatrice, Alexandra Dols nous emmène avec elle à travers un chemin périlleux, un chemin qui a peut-être été risqué, mais qui nous offre un petit bout de divin ici-bas. Un petit bout de divin. Le Sublime.

 

En ces temps parfois difficiles où tout ce système nous pousse à nous mettre en retrait et à invisibiliser nos luttes, il y a cette petite voix intérieure qui nous enflamme  et nous permet de continuer.

 

Continuer, ne rien lâcher, et cela, en toute sororité. C’est ce qu’Alexandra Dols met merveilleusement en avant à travers les combats queers, féministes et décoloniaux de puissant.e.s palestinien.ne.s qui luttent contre l’occupation.

 

Assoiffés de justice et emplis d’injustices, les territoires palestiniens dégagent malgré tout une magnifique atmosphère rythmée par les adhan et les chants spirituels, la simplicité, l’essentiel. Car il ne reste plus que ça, n’est-ce pas ?

 

La Paix du divin devient la seule à laquelle on peut se raccrocher. 

 

Mettre leur foi au service de la résistance, c’est ce que font les nombreuses femmes interviewées qui conjuguent féminismes et islamité :

 

Samah Jabr, experte, psychiatre, nous explique en quoi la colonisation des territoires est aussi une colonisation mentale, affectant la santé des palestinien.nes. Elle aide ses patient.e.s à se désaliéner, à décoloniser leur état d’esprit malgré les nombreux traumas sans cesse revivifiés. Les questions de santé mentale, de self care et de community care s’entremêlent et rejoignent, également les questions d’héritage, de transmissions.

 

 

Ainsi, comment peut-on affirmer et conjuguer ses multiples identités, sans jamais renoncer à l’une d’entre elles comme son identité palestinienne ? Ghadir Al Shafie, femme à la fois palestienne, musulmane et lesbienne, nous mène vers ces réflexions à travers la lutte contre l’occupation et le pinkwashing présent en territoires occupés.

 

Comment fait-on pour résister dans ce contexte ? Pour lutter contre les violences policières, protéger ses enfants, survivre face à cette peur qui nous ronge et nous empêche de véritablement souffler ? C’est ce que nous démontre Deema Zalloum mais aussi Rula Abu Diho, ancienne prisonnière politique.

 

À travers le regard d’Alexandra Dols porté sur cette convergence de luttes, on se sent emporté.e, on est plongé.e, transporté.e, et on a pas envie que ça s’arrête, mais en même temps on peut avoir besoin de pauses.

 

SubhanAllah. 

C’est le premier mot qui me vient à l’esprit, je te jure. D’ailleurs je n’ai même pas capté que le film allait se terminer. J’étais devant, et j’ai vu que c’était la fin mais j’avais pas envie que ça se termine. J’ai pas les mots mais tout ce que je peux dire c’est que c’est hyper poignant. Franchement Bravo Alex, c’est un travail immense, un film d’une tristesse infinie et en même temps d’une puissance et d’une force sans équivalent.J’en reste encore émue et j’ai beaucoup d’admiration pour tout ce que tu as fait et cette merveilleuse psychiatre présente tout au long du film. Toutes les personnes interviewées et leurs témoignages sont juste bouleversants.

 

 

C’est l’art au service de nos luttes, de nos convictions, de nos aspirations, l’art au service de notre thérapie collective.

Tous ces mots, la musique, toutes ces images…. Tout, tout ! SubhAnallah. Il y a une phrase qui m’a beaucoup marquée ; quand la psychiatre dit :

« L’occupation n’est pas seulement un contrôle du territoire. Et s’insinue dans les os et les esprits des Palestinien.ne.s.

 

« Les coquelicots continueront à pousser sous les ruines d’un pont….« 

 

Le son, les images, le déroulé… tout est tellement bien fait. C’est à la fois un film politisé, engagé, très concret, réaliste et qui incarne véritablement nos combats pour la justice, contre toutes les formes d’oppressions.

 

Le peu de films qui m’ont marquée sont quasi tous sur la Palestine…. dont Les Citronniers….

Je pense que Derrière les Fronts, pour moi, c’est clairement un des films les plus marquants.

 

J’ai été particulièrement touchée par ce film. Par différentes formes de tension et de prières.

 

Au début j’avais les bras croisés, je me sentais plutôt en colère… puis je me suis rendue compte que petit à petit j’avais les bras sur le cœur, comme quand tu pries, les mains en dessous de ma poitrine. C’était hyper prenant.

 

Certes c’est infiniment triste et il y a des témoignages durs et en même temps on voit la force qu’il y a derrière, on voit la force de la résistance, celle qui se transmet notamment à travers l’art, la danse.

 

Le film porte très bien son nom, et quelque chose me murmure qu’au-delà même de l’art comme outil émancipateur facilitant nos thérapies, notre foi est au service notre résistance, notre spiritualité au service notre résilience. Ce « sumud » décrit et illustré par ce film n’est pas seulement un état d’esprit mais bien une force immense qui nous pousse à agir.

 

Et je suis sûre que ça peut résonner en chacune et chacun de nous. Nous avons toutes et tous une responsabilité à notre échelle.

 

Me rappelant des souvenirs du Caire et d’Abou Dhabi, des soirées palestiniennes et un voyage en Jordanie, je me demande : pourquoi n’ai-je pas regardé ce film plus tôt ?

 

À la thérapie se mêlent entre autres l’art, la spiritualité et le militantisme. La Beauté. MashAllah

 

Foncez !

 

Mille mercis à Alexandra Dols et à toutes les personnes qui ont contribué à ce film qui ajoute à ce monde ici-bas un petit bout de Divin qui nous laisse tout sauf indifférent.e.s. Un petit bout de Divin qui nous redonne la force et l’énergie, celle de croire, de lutter et d’aspirer à un monde meilleur.

 

Pour aller plus loin : 

10 raisons pour lesquelles le film Derrière les fronts va faire du bien à votre féminisme ! par la réalisatrice Alexandra Dols : https://bit.ly/3az0poh

Pour soutenir et voir le film en ligne : http://derrierelesfrontslefilm.fr

Film en VOD : https://vimeo.com/user44880668

Et si vous voulez découvrir la gastronomie palestinienne, la résistance dans l’assiette c’est par ici, chez Ardi : https://www.instagram.com/ardi.concept.store/?hl=en

Voir l’article sur Rania Talala : http://www.lallab.org/rania-talala-la-resistance-palestinienne-dans-lassiette/

 

Crédit photo à la Une : HybridPulse

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Sortie LIVRE : A quoi ressemblerait l’islam si toutes ces femmes n’avaient pas été oubliées ? de Attika Trabelsi

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Dans le cadre de la sortie tant attendue du livre « A quoi ressemblerait l’islam si toutes ces femmes n’avaient pas été oubliées ? » de Attika Trabelsi, notre co-fondatrice ainsi que fondatrice de la nouvelle maison d’éditions FemmeusesLe livre est préfacé par la grande Malika Hamidi et illustré par l’incroyable Samah Arnouni.
Retrouvez son interview.

 

Q : Comment te présenterais-tu à nos lectrices et lecteurs ? 

Je suis Attika Trabelsi, j’ai 28 ans, je suis fondatrice de Power Our stories devenue Femmeuses, et co-fondatrice de l’association Lallab aux côtés de Sarah Zouak et Justine Devillaine. J’ai des identités plurielles. Je suis à la fois une femme franco-musulmane, une femme magrébine et féministe, car ça fait partie importante de ma réflexion. 

 

Q : Et tu es maintenant autrice ! 

Oui ! 

 

Q : Je crois que l’histoire de ton livre commence par la publication d’histoires de femmes musulmanes sur la page Facebook Power Our Stories. Comment t’est venue l’idée de ses portraits ? 

Très sincèrement, j’ai grandi dans un contexte où l’islam était central, mon papa est imam, l’islam était au cœur de mon éducation. J’ai énormément questionné ma spiritualité au cours de ces dernières années. J’essayais de savoir si mes croyances étaient le résultat de mon éducation. Plus je m’engageais dans le féminisme et dans la société civile, et plus cela a été un besoin de me poser des questions féministes et religieuses. J’avais la certitude également que je ne trouverai pas mes réponses en passant par la théologie.

Il m’est souvent arrivé d’invoquer, au sein de ma famille, Khadija, quand on a pu vouloir m’imposer des injonctions sexistes, qui sont sujettes à interprétation. Et Khadija m’a ainsi beaucoup aidé, pour toutes les questions de leadership ou d’entreprenariat. Ma réflexion est partie de là. Je me suis demandée s’il existait d’autres femmes, dans d’autres domaines comme les arts ou les sciences, qui pourraient m’aider, m’inspirer autant que Khadija l’avait fait. Ainsi, au début c’était une quête personnelle, et celle-ci m’a permis d’être apaisée. 

 

Q : Et là, tu publies un ouvrage avec 15 portraits ! Quel chemin parcouru ! Écrire un livre, peux-tu nous parler un peu de cette aventure ? 

C’était une réelle aventure pour moi car j’ai eu du mal à allier sereinement mon regard féministe et le message de l’islam tel qu’on pouvait me l’avoir appris. Que ce soit pour la publication des portraits sur Facebook ou pour mon livre, j’ai deux objectifs. 

Le premier est de créer un contre argumentaire face à des dérives cultuelles et culturelles présentes dans notre société. J’aimerais que ma fille, et les générations à venir, n’aient plus à subir ces dérives. Pour moi, il s’agit d’une réelle résistance à mettre en place, avec des outils, pour faire face à ces dérives qui nous peinent.

Le deuxième objectif était d’apporter des rôles modèles. En effet, c’est un message militant, libérateur, émancipateur et qui se veut inspirant à travers ce livre. La lutte, c’est bien, mais ça peut être épuisant. Ce livre se veut comme une inspiration pour ces femmes qui ont envie de s’inspirer. 

 

Q : L’annonce de la sortie de ton livre est allée de pair avec l’annonce de la création de ta propre maison d’édition, Femmeuses. Peux-tu nous en dire plus ? 

Dans le contexte sanitaire, cela a été dur de trouver une maison d’édition. Or dans la continuité de Lallab, je me suis dit que finalement, j’avais besoin d’une  maison d’édition, alors pourquoi pas en créer une ! La réappropriation de nos récits passe par la création d’outils et Dieu seul sait, peut-être que Femmeuses aura une autre utilité que la publication de ce livre, à l’avenir ! 

 

Q : Ton ouvrage s’intitule « A quoi ressemblerait l’islam si toutes ces femmes n’avaient pas été oubliées ?» Le titre de ton ouvrage interpelle ! Pour toi ces femmes ont été oubliées par l’histoire, par les musulmans c’est bien ça ? 

 

On peut classer les femmes dont je parle en trois catégories.  

Certaines femmes n’ont pas été oubliées mais leur histoire a été minimisée. Par exemple, pour Khadija, on parle très peu du fait qu’elle ait eu des enfants avant le Prophète (PSL) ou encore qu’elle ait été divorcée. Ses femmes sont réduites à des rôles de procuration : épouse de, fille de..

D’autres femmes sont totalement oubliées. Par exemple, c’est le cas de Arib.

Enfin, les dernières ont été discréditées. C’est le cas de Oum Waraqa. C’est la première femme qui a eu le statut d’imam. Les commentateurs vont tous aller dans le sens que le Prophète (PSL) l’a autorisée à prier comme imam chez elle uniquement. Moi, je me suis demandée, mais pourquoi alors Oum Waraqa aurait eu besoin d’un muezzin s’il s’agit uniquement de prier dans une maison ? Ainsi, selon moi, Oum Waraqa a pu diriger la prière dans el « dar », au sens de quartier, et non de maison. 

 

Q : Peux-tu nous en dire plus sur ces 15 portraits ? 

Le livre comprend 5 chapitres, dont chapitre évoque 3 femmes : 

  • Les pionnières : elles ont ouvert la voie 
  • Les conquérantes : elles ont joué un rôle sur un le volet militaire 
  • Les cheffes politiques 
  • Les artistes 
  • Les scientifiques 

J’ai choisi un argumentaire varié pour que mon livre serve à toutes les femmes. De plus, il y a une pluralité, qui reste relative parmi les portraits que j’ai choisi. En effet, vu que j’ai choisi de me focaliser sur les premiers temps de l’islam dans cet ouvrage, il n’y a donc pas de femme issue de l’Afrique subsaharienne.  

 

Q : Comment as-tu fait pour trouver des sources sur ces femmes ? 

Je ne maîtrise malheureusement pas assez l’arabe pour pouvoir chercher parmi ces sources-là. Parmi les sources en français, ça a été une catastrophe, je me suis donc tournée vers des sources anglophones. J’ai trouvé des sources pertinentes dans des livres trouvés sur des sites universitaires équivalents à Cairn . Je me suis également intéressée à l’ouvrage Sultanes oubliées : femmes chefs d’État en Islam, de Fatima Mernissi. Malgré mes recherches, certaines biographies reposent sur peu de sources, mais j’ai choisi de les présenter tout de même pour ouvrir la voie. 

 

Q : A qui recommandes-tu ton livre ? 

J’ai envie de dire que je le recommande aux femmes musulmanes, ce sont les premières concernées, car c’est en reprenant en main leurs corpus que les femmes musulmanes sauront faire face aux discriminations auxquelles elles font face et aux difficultés connues au sein de leur propre communauté. Il s’agit de redevenir leader au sein de nos communautés comme l’ont été les femmes avant nous. Le premier travail est un travail de leadership, de création, de réappropriation de la narration. Il s’agit d’avoir les moyens pour lutter.

 

NB : Le livre  « A quoi ressemblerait l’islam si toutes ces femmes n’avaient pas été oubliées ?» est en précommande en ce moment et sera livré, chez vous, à partir de début juin. 

 

 

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La fiction contre l’oppression ou comment la fiction peut transformer la société

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Ce texte retrace le chemin de pensée qui m’a conduite à créer ma série « Histoires courtes ». J’y explique pourquoi, selon moi, la fiction est un outil révolutionnaire pour changer la société.
Version actualisée le 30 avril 2022

 

1. Comment les modèles toxiques de féminité dans les films ont-ils influencé la femme que je suis devenue ?

Dès mon plus jeune âge, je me suis identifiée aux personnages féminins que je voyais dans les films. J’ai incorporé les normes de féminité qu’ils véhiculaient et telle une bonne élève, j’ai tenté de les suivre pour être considérée comme désirable par la société.

Pour l’enfant puis l’adolescente que j’étais, il y avait deux modèles de femmes possibles : la princesse Disney ou la James Bond Girl. La femme docile, maternelle et gentille se soumettant directement au prince ou l’héroïne indomptable et agressive résistant à James Bond.

Si ces deux modèles peuvent paraître en apparence très différents, ils reposent en réalité sur un socle commun : la soumission. L’héroïne n’existe que par rapport au personnage masculin. Ce qui la rend désirable, c’est sa beauté d’abord, prérequis pour que le héros s’intéresse à elle, puis sa personnalité, qui n’a qu’une vocation : permettre au héros d’exprimer sa domination et de rayonner. Si la James Bond Girl oppose une résistance de façade, ce n’est que pour rendre plus jouissif le moment où James parviendra à la maîtriser.

Thunderball. 1965.

 

En devenant une jeune adulte, j’ai réalisé à quel point ces modèles de féminité m’avaient influencée dans mon comportement quotidien. Adolescente, je me scrutais dans les miroirs du lycée ou les vitres des magasins plusieurs fois par jour pour me rassurer sur mon apparence, persuadée que le moindre défaut physique me retirerait toute ma valeur. Dehors, je contrôlais constamment ma façon de marcher, de m’asseoir, de me mouvoir, pour apparaître sous mon meilleur jour. Comme si, au lieu de vivre pleinement dans mon corps, je posais un regard extérieur sur moi-même.

 

2. Pourquoi le cinéma et la littérature ont-ils une telle influence sur nous ?

Comment expliquer que des films aient pu avoir un tel impact sur mon comportement quotidien ? On aurait tendance à dire que le cinéma est un moyen de transmettre des normes sociales au même titre que l’éducation ou l’école. Cependant, le cinéma et la littérature ont selon moi une spécificité qui les rend particulièrement efficaces pour nous influencer en profondeur : ils font appel à nos émotions et à notre capacité d’identification.

Tandis que des parents ordonneraient à leur fille de prendre soin de son apparence, un film se contenterait de mettre en scène l’attente interminable d’un homme pendant la préparation de l’héroïne, puis la descente au ralenti de celle-ci dans une robe magnifique, provoquant la fascination générale.

Virgin Suicides. 1999.

 

Plus efficace que n’importe quel discours, la scène suffit à faire passer le message-clé aux jeunes filles : « c’est votre apparence qui définit votre valeur ».

 

3. Pourquoi le pouvoir d’influence de la fiction est-il une bonne nouvelle ?

Je vous le concède, que les représentations des femmes dans les films aient des conséquences si dévastatrices sur l’estime de soi des jeunes filles est affligeant. Mais il y a quand même une bonne nouvelle dans tout ça : si les films ou les livres ont un tel pouvoir d’influence, alors cela implique qu’ils peuvent aussi être utilisés à bon escient et participer à libérer le spectateur plutôt qu’à l’opprimer en véhiculant des normes toxiques !

Si les James Bond Girls provoquent en moi des désirs superficiels – être belle et attirer le regard masculin –, « Le Jeu de la Dame » m’a donné envie de me progresser aux échecs, « Les femmes de l’ombre » m’a aidée à persévérer dans mes études de mathématiques, « Une femme d’exception » m’a encouragée à me battre pour mes idées.

Hidden Figures. 2017.

 

4. A vos plumes !

Une fois que l’on prend conscience du pouvoir de la fiction, l’univers des possibles nous est ouvert ! Nous pouvons créer un monde plus proche de la réalité ou au contraire penser au-delà du réel, imaginer des futurs plus radieux, façonner des identités dépassant les catégories imposées, décrire notre monde idéal !

Pourquoi ne pas imaginer qu’une jour une jeune fille tombera sur votre texte ou votre film, que votre personnage résonnera en elle et d’un être de papier, se changera en un être de chair et d’os ?

Alors, si vous souhaitez semer des graines de liberté dans les esprits des jeunes filles de demain… à vos plumes !

 

 

Crédit image à la Une : Écrivaine égyptienne Nawal al-Saadawi, qui nous a quitté le 21 mars 2021

 

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Récit de lutte en Belgique : la parole aux concernées – Partie III

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Dans le cadre du dossier sur le récit de lutte des étudiantes musulmanes en Belgique, une série d’entretiens consacrés aux partages d’expérience de collectifs, ayant initié et/ou participé au mouvement #HijabisFightBack, a été réalisée au mois de février 2021. Parce que l’histoire de leurs collectifs respectifs constitue également un récit de lutte, nous avons décidé de publier l’intégralité des entretiens avec  Imane Nachat, porte-parole du collectif Les 100 diplômées, que vous trouverez ci-dessous, Sarah Tulkens-Azami, fondatrice de la plateforme Belges Comme Vous, et Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine.

 

Imane Nachat, porte-parole du collectif Les 100 diplômées

 

  • Pourriez-vous présenter le collectif des 100 diplômées ? Quand et comment est né le mouvement ?

 

Le Collectif a pour objectif de lutter contre les discriminations et les exclusions dont sont victimes les femmes ayant fait le choix de porter le foulard.

L’histoire va paraître assez incroyable ! Tout est parti d’une invitation des organisatrices de la manifestation Hijabis Fight Back du 5 juillet qui avait pour objectif de contester l’avis de la Cour Constitutionnelle de juin dernier. Le mouvement était porté par des associations composées de jeunes étudiantes qui subissent cette interdiction du port de signes convictionnels. Ces jeunes militantes ont proposé à une de leur aînée un espace pour prononcer un discours lors de la manifestation. Après réflexion, s’est posée la question de la pertinence de tenir un énième discours sur la question: un exemple valait mieux qu’un long discours. Pour  cette raison, l’idée a été lancée de mener une action symbolique : réunir 100 femmes qui portent le foulard et qui, en dépit des difficultés, ont réussi à décrocher un diplôme, voire plusieurs. Notre première action a donc eu lieu le 5 juillet. Les images de ces cent femmes coiffées de leur foulard et de leur toque de diplomation qui se tenaient debout sur les marches du Mont des Arts, à proximité de la Cour Constitutionnelle, en solidarité avec leurs petites sœurs, a connu un relai médiatique inespéré.

Il y a donc un aspect intergénérationnel certain : d’une part, le mouvement Hijabis Fight Back qui est composé de jeunes étudiantes, et d’autre part le Collectif Les 100 diplômées, leurs aînées, qui ont subi ces mêmes discriminations, qui ont elles-mêmes lutté à leur échelle. Le message qu’elles voulaient apporter était donc un message de soutien et de solidarité envers ces filles.

D’une simple invitation est née une action symbolique, et de cette action est né le mouvement. C’est ainsi que nous nous sommes lancé le formidable défi de former le collectif Les 100 diplômées qui aujourd’hui est l’un – parmi d’autres – des plus actifs en matière du droit pour le port du foulard.

Aujourd’hui le mouvement est composé d’un réseau de professionnelles actives dans toutes les sphères de notre société : des professeures, des architectes, des ingénieures, des médecins, des infirmières, des journalistes, des chercheuses, et bien d’autres. Ensemble, nous luttons contre les discriminations et les exclusions dont nous sommes victimes.

 

 

  • Suite à la décision de la Cour Constitutionnel de juin dernier 2020 qui autorise l’interdiction du port du voile en Belgique, quelle a été votre réaction ? Comment vous êtes-vous mobilisées ?

 

En juin dernier, la Cour constitutionnelle rendait un arrêt relatif au port du foulard dans l’enseignement supérieur. Cette dernière estimait que le port de signes convictionnels pouvait être interdit dans l’enseignement supérieur afin de “protéger l’ensemble des étudiants contre la pression sociale qui pourrait être exercée par celles et ceux, parmi eux, qui rendent leurs opinions et convictions visibles”. La plus haute juridiction du plat pays participe à la banalisation et à la légalisation de l’islamophobie ambiante. Au sein du collectif, nous trouvons cet arrêt islamophobe, sexiste et paternaliste. Nous sommes des femmes adultes qui ne pouvons disposer de notre liberté de nous vêtir comme  nous le souhaitons. 

Comme mentionné, nous avons mené une action symbolique et visuelle forte qui a connu un franc succès et a occupé l’espace médiatique.  De cette action, une demande est née : s’organiser pour devenir un mouvement au sens propre. Aujourd’hui, nous  agissons sur plusieurs leviers :  politique, médiatique et de sensibilisation.  Nous interpellons les politiques à travers un processus de lobbying et de mentoring, nous occupons l’espace médiatique quand l’occasion nous est donnée, et nous faisons un travail de sensibilisation à travers le relai de témoignages.

 

 

  • Quels ont été vos acquis dans cette lutte ? Récemment, il y a eu une victoire partielle en matière du port du foulard puisque la Fédération Enseignement Wallonie-Bruxelles l’autorise dans son réseau. Quelle est la suite de votre lutte ?

 

En réalité, cette victoire de la Fédération Enseignement est due à l’action d’une délégation étudiantes CEHEB2 de la Haute École de Brabant qui s’est opposée au règlement de son école. La note a été introduite au sein du conseil d’administration et les suites des discussions ont débouché sur une levée de l’interdiction généralisée pour toutes les Hautes Écoles de ce réseau-là. 

Il y a encore toute une série de règlements de certaines Hautes Écoles en Belgique qui continuent d’infantiliser ces femmes adultes en leur interdisant de porter ce qu’elles souhaitent.  

Cette marginalisation sociale à de lourdes conséquences tant psychologiques qu’économiques : un choix d’études limités, des espérances et ambitions restreintes et un avenir socioprofessionnel incertain dans une société qui connaît déjà un indice d’inégalités de genre important. Cette récente décision de la Fédération Wallonie-Bruxelles d’autoriser le port de signes convictionnels dans son réseau, y compris le foulard, est une avancée mais la lutte continue.

En termes d’acquis, donc, je peux dire que nous avons gagné en terme d’organisation et de synergie avec d’autres structures. Je dois également   souligner que la question du foulard est de plus en plus médiatisée et qu’en tant que collectif, nous avons eu à plusieurs reprises voix au chapitre au sein de certains espaces médiatiques. Les principales concernées, sont, doucement mais sûrement, incluses sur cette question qui les touche directement. Récemment, j’ai également pu sensibiliser les jeunes sur mes expériences de discriminations en tant que femmes portant le foulard. Ce projet permettra de toucher un public plus vaste via la diffusion d’une web-série européenne.

Sur le plan des acquis et des suites à donner à notre collectif, notre philosophie est de converger avec tous les mouvements qui ambitionnent de faire avancer la cause des femmes… toutes les femmes !

 

Crédit image à la Une : Hijabis Fight Back d’Imanys World

 

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Récit de lutte en Belgique : la parole aux concernées – Partie II

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Dans le cadre du dossier sur le récit de lutte des étudiantes musulmanes en Belgique, une série d’entretiens consacrés aux partages d’expérience de collectifs ayant initié et/ou participé au mouvement #HijabisFightBack, a été réalisée au mois de février 2021. Parce que l’histoire de leurs collectifs respectifs constitue également un récit de lutte, nous avons décidé de publier l’intégralité des entretiens avec Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine, que vous trouverez ci-dessous, Sarah Tulkens-Azami, fondatrice de la plateforme Belges Comme Vous, et Imane Nachat, porte-parole du collectif Les 100 diplômées

 

Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine

 

 

  • Pouvez-vous présenter le collectif Imazi Reine ?

 

On est quatre pour l’instant. Il y a Fatima-Zohra qui est la fondatrice, Bettina, Yousra et moi-même. C’est un collectif qui, à l’échelle de l’associatif, est assez jeune. Au début, c’était juste Fatima Zohra et son talent de personne qui arrive à mener les projets assez loin. Ce qui est marrant, c’est que les gens pensent que c’est une association déjà très établie parce que Fatima Zohra arrive vraiment à faire en sorte que tout ait l’air professionnel, mach’Allah. C’est un collectif féministe anti-raciste qui est radicalement inclusif et qui travaille à mettre en avant, dans un premier temps, l’héritage des peuples indigènes. On a commencé avec les Amazighs parce que Fatima est chelha [un des peuples amazigh marocain] et je suis du Rif [région amazigh du Maroc]. Et après, on s’est dit qu’on voulait étendre [notre action] à toutes les femmes des peuples indigènes. Dans un premier temps, on a vraiment envie de le faire à travers l’art. En parallèle de ça, on mène aussi des actions militantes . […] On s’est forcément retrouvées dans ce monde-là, de par nos identités qui nécessitent malheureusement de se battre dans la société. Le premier gros combat militant qu’on avait mené, c’est la campagne #HijabisFightBack et il y a d’autres actions qu’on mène ensemble.

 

 

  • Le 4 juin, la Cour constitutionnelle décide l’interdiction du port des signes religieux dans les établissements supérieurs en Belgique, quelle a été votre réaction et comment vous êtes-vous organisées ?

 

En Belgique, on a une situation un peu complexe, dans le sens où il n’y a pas d’interdiction stricte et étatique du port du foulard dans les écoles, que ce soit dans les écoles du secondaire ou du supérieur. En gros, l’Etat a décidé de donner cette responsabilité aux différents établissements et il y a différents réseaux. En secondaire, la très grosse majorité des écoles a choisi d’interdire le foulard et dans le supérieur, on a une espèce de situation hybride où la majorité des universités accepte le foulard, mais dans les autres écoles, et dans les écoles de promotion sociale – ce sont des écoles pour adultes qui travaillent la journée et qui ont des cours, des formations le soir – c’est déjà beaucoup plus difficile. Il faut savoir qu’il y a quelques années, il y a un groupe de jeunes filles qui a mené une action contre une école en particulier, la Haute Ecole Francisco Ferrer qui refusait de les laisser entrer dans l’école et étudier avec leur foulard. Le 4 juin, la décision de la Cour constitutionnelle était en lien avec cette école-là. La cour a décidé que l’école Francisco Ferrer était dans son droit et en faisant ça, elle ouvrait la porte à toutes les écoles supérieures pour une interdiction.

Donc forcément, on l’a vraiment accueilli comme une très mauvaise nouvelle étant donné la portée que ça pouvait avoir et en parallèle de ça, on a aussi eu la ville de Bruxelles qui s’est réjouie de ça. Il y a tout ce contexte et nous on voit tout ça et il faut savoir qu’on est quatre personnes à l’origine du mouvement Hijabi Fight Back qui nous connaissons plus ou moins, Fatima Zahra et moi (du collectif Imazi Reine), Sarah (de la plateforme Belges comme vous) et Selma (du collectif La Cinquième Vague), mais on avait un groupe toute ensemble et on a toutes réagi de notre côté avec colère, frustration, déception, etc. On s’est rejointes sur ce groupe et on a commencé à parler, on s’est dit OK, ça ne mènera à rien d’être frustrées, donc essayons de mener une action. On a commencé à discuter de ce qu’on pouvait faire à notre échelle, en tant qu’étudiantes. Nous ne sommes pas avocates ou autre, donc on ne peut pas forcément rentrer dans le système pour essayer d’avoir un impact direct  sur la décision. On s’est dit qu’on allait faire une manifestation et une campagne en ligne, en utilisant la force des réseaux sociaux. On a commencé à travailler ensemble pour créer #HijabiFightBack, on a brainstormé, on a tout d’abord mené une campagne en ligne avec des vidéos explicatives de la situation et ensuite des appels à manifester, ce qui a été fait en juillet. On a fait une manifestation qui a réuni plus ou moins 4 000 personnes. En parallèle, on archivait aussi des récits parce que ce qui revient très souvent dans les débats autour du foulard, c’est cette idée de ce que ça représente, ce que ça peut avoir comme impact dans la société, etc, tout en oubliant que derrière tout ça, il y a des femmes, des vécus. On voulait vraiment mettre en lumière ces vécus-là pour montrer les conséquences directes de ce genre d’arrêtés, de ce genre de règlement et autre.

Il faut savoir que nous on a fait une action, dans un contexte plus global, il faut savoir qu’avant nous, il y a eu des femmes qui ont fait des actions. Après nous, il y a des gens qui ont fait des actions et c’est l’addition de toutes ces actions-là qui fait qu’on a réussi à avoir une nouvelle positive le 16 janvier. Nous, très récemment, on a appris le rôle du cercle d’étudiants CEHE2B. C’est là qu’on se rend compte que c’est une action, la nôtre a fait du bruit parce que c’était voulu, on voulait vraiment médiatiser le truc parce qu’on a fait le constat qu’autour de nous, beaucoup de personnes, blanches majoritairement ou non-musulmanes, ne savaient même pas qu’il y avait une interdiction. La première fois que je m’en suis rendue compte, je discutais avec une fille de mon auditoire – il faut savoir que je fais des études d’Histoire en option didactique dans l’optique de devenir professeur, tout en sachant que je ne pourrais pas devenir professeur si je garde mon foulard – dans la discussion, j’aborde ce sujet-là et elle m’a vraiment regardée très interpellée et elle me dit : «Comment ça, il y a une interdiction ? ». Je lui dis : « Oui, pour les professeurs, mais aussi pour les élèves », j’étais choquée et face à ce constat-là qui est très répandu, on s’est dit on va médiatiser pour que les gens réalisent et qu’il y ait potentiellement des retombées positives.

 

  • Alors que ce soit avant ou après l’arrêt constitutionnel, l’Etat laisse la responsabilité aux établissements, qu’est-ce qui a changé avec cette décision de justice ?

 

Ce qui se passe, c’est qu’on a une décision légale, qui légitimise. Il y a beaucoup d’écoles qui vont autoriser [le port des signes religieux] parce que dans la logique des choses, on est face à des adultes, donc les arguments qu’ils vont nous sortir pour le secondaire ne fonctionnent plus et ils veulent éviter le problème, donc ils vont accepter le foulard dans l’école. Sauf qu’avec une décision légale qui leur dit qu’ils ont le droit de l’interdire, certaines écoles vont choisir de l’interdire et de sortir la décision de la Cour constitutionnelle. Connaissant le climat en Belgique, c’était extrêmement dangereux comme décision et même si ça n’avait pas d’impact direct, connaissant les écoles, on savait que ça allait avoir un impact. On a d’ailleurs interpellé des universités qui ont confirmé qu’elles gardaient l’autorisation du foulard dans les écoles pour éviter que ça puisse changer au cours du temps. En Belgique, on a ce flou qu’on aimerait supprimer en direction d’une autorisation du port du foulard. En France, il y a une loi qui interdit le port du foulard dans les écoles, ce qu’il n’y a pas chez nous, donc on est vraiment dans une situation où il faut qu’on fasse attention à chaque décision de loi, chaque petit document avec une portée légale qui pourrait ouvrir les portes à des interdictions supplémentaires.

Quand on ne vit pas en Belgique et même quand on vit en Belgique, c’est compliqué. Chez nous, il y a différents réseaux d’études et chaque réseau a ses écoles et il y a un ou deux ans, il y a un parti politique qui a réussi à débloquer un réseau et dans ce réseau-la, au niveau de l’enseignement supérieur, les femmes avaient le droit de porter le foulard. Donc, au niveau du supérieur, on est vraiment en train de débloquer des réseaux. 

 

 

  • Quand vous avez commencé toute cette mobilisation, est-ce que vous saviez vers où vous tourner pour faire un maximum de bruit et surtout pour être entendu ? Est-ce que vous aviez une idée des allié.e.s ou ça s’est fait au fur et à mesure ?

 

Nous, les quatre membres de Hijabis Fight Back, on était déjà très impliquées dans le monde associatif, donc on savait exactement vers qui se tourner quand on avait besoin d’informations ou d’éléments plus techniques. Donc typiquement, dès le début de la campagne, on a travaillé avec le CCIB – le collectif contre l’islamophobie en Belgique – ce qui fait qu’on avait tout le pan informatif, on avait vraiment quelqu’un qui nous aidait à structurer notre projet, etc Vraiment, autant médiatiquement on a quatre personnes qui représentent le mouvement Hijabi Fight Back, autant le nombre de personnes sans qui on n’aurait jamais pu y arriver, c’est hallucinant. Il y a eu une telle solidarité autour du mouvement, vraiment je me dis c’est que de la baraka [bénédictions]. C’était incroyable, ça fait des années que je suis dans l’associatif et je n’ai jamais vu autant de travail solidaire. On avait le CCIB dès le début à nos côtés qui était là, qui nous soutenait, qui nous aidait. Ce sont des gens qui sont très qualifiés, qui sont sur le terrain depuis des années, mais qui pour autant n’ont jamais rabaissé notre travail. Donc, c’était très agréable de travailler avec eux. On avait fait des contacts dans le monde militant qui nous aidaient sur certains aspects qui étaient plus de l’ordre de l’organisation de la manifestation, des gens qui étaient là et qui pouvaient aider au niveau technique. On nous a fait remarquer que lors de la manifestation, le son était extrêmement propre, ça peut sembler être un détail secondaire, mais en réalité ça souligne le fait que c’était un mouvement collectif. 

On était quatre, mais si on était restées quatre tout le long et si on n’avait pas travaillé avec les gens, la manifestation n’aurait pas eu la portée qu’elle a eue. Tout ce qui est de l’ordre de la campagne sur les réseaux sociaux, c’est nous quatre, on aurait pu amener des gens sur le terrain à la manifestation, mais la portée du message n’aurait pas été la même sans tous les gens qui ont travaillé derrière. On a eu des centaines de bénévoles qui sont venus à la manifestation pour encadrer le tout. C’est vraiment là qu’on s’est rendu compte à quel point cette question était brûlante. Il y avait des gens – et on en fait aussi partie – qui en ont marre de cette situation et donc on a eu cette mobilisation collective de toutes les personnes qui veulent faire changer les choses. Et c’est encore le cas, là, on est en train de parler, je suis sûre qu’il y a des gens qui organisent des choses pour essayer de faire avancer la situation.

 

  • Qu’apporte la décision de la Fédération Enseignement Wallonie-Bruxelles d’autoriser les signes convictionnels dans son réseau ?

 

Le réseau Wallonie-Bruxelles a essentiellement des Hautes Écoles et des écoles de promotion sociale, qui représentent quand même une vingtaine d’établissements. J’ai une amie qui était dans l’une de ces écoles et qui a dû retarder la fin de ses études à causes d’un cours de piscine parce qu’elle ne voulait absolument pas se mettre en maillot de bain, on refusait même qu’elle viennent avec une combinaison short, ce qui n’a aucun sens, c’est un maillot avec un peu plus de tissus… Ce genre de situations n’arrivera plus dans ces établissements, donc c’est toujours une nouvelle qu’on accueille positivement. Ça ne va pas supprimer les profs islamophobes, mais ils auront moins d’arguments. Le combat n’est pas encore terminé. Même si la fédération Wallonie-Bruxelles accepte, il y a encore des écoles qui refusent le port du foulard dans leurs établissements.

 

  • En quoi cette victoire n’est pas seulement symbolique ? Quels sont les acquis du mouvement autre que la décision de Wallonie-Bruxelles Enseignement ?

 

Je ne pense pas qu’elle soit que de l’ordre du symbolique. Par exemple, mon amie qui a tout terminé et on lui refuse l’accès à son diplôme çà à cause du cours de piscine. Ce sont des situations absurdes qui n’arriveront plus et du moins qui ne pourront plus se reposer sur ce qu’ils considèrent comme des bases tangibles. On a aujourd’hui deux réseaux qui ont officiellement autorisé la port du foulard dans leurs établissements. Même si c’est une petite portion d’établissements à l’échelle du territoire belge, c’est quand même des milliers d’étudiantes qui vont voir la liste de possibilités s’allonger. Là où certaines femmes se tournaient clairement vers des établissements parce qu’elles voulaient garder leur foulard, ce sera toujours le cas malheureusement, mais la liste s’allonge et donc elles ont plus d’opportunités. Personnellement, je suis le genre de personnes qui se dit que si ça a un impact positif sur une seule personne, c’est qu’il y a une victoire qui n’est pas négligeable. Dans le tas d’étudiantes qui veut aller en supérieur, l’année prochaine, il y a certainement des jeunes filles qui voulaient aller dans un des établissements de la liste de la Fédération Wallonie Bruxelles qui portent le foulard et qui envisageaient ça un peu avec crainte et qui, avec la décision qu’on a eu en janvier, ont ressenti un soulagement. Et cette personne hypothétique me dit que cette victoire n’est pas seulement symbolique. 

La grosse victoire de Hijabis Fight Back, ce n’est pas tant la décision parce que pour moi, la décision est de l’ordre du travail collectif, je ne pourrais pas dire que c’est Hijabis Fight Back qui a fait que. On a fait un mouvement qui a eu une portée assez importante et qu’on ne peut pas nier, néanmoins, je pense qu’il serait assez difficile de décortiquer les éléments qui ont amené à cette victoire-là. J’imagine qu’il y a un gros travail du cercle d’étudiants de la HE2B et je pense qu’il y a aussi tout le travail des femmes qui sont sur ce combat depuis des années. Il y a des femmes avec qui on a travaillé, avec qui on a parlé pendant le mouvement qui sont sur le terrain depuis 10 ans, sur la même question. Ce sont tous ces éléments-là qui ont mené à la décision. 

Ce sur quoi on a agi avec Hijabis Fight Back, c’est la visibilité du problème. Là où beaucoup fermaient les yeux, on les a obligés à le regarder en face et à se poser la question : “Est-ce que je suis pour ou contre et pourquoi ?” On est même allées dans un média qui s’appelle Views, qui fait partie de la RTBF et qui est assez regardé, et on a fait part de nos récits. Et je me rappelle qu’au-delà du flot de remarques et insultes islamophobes qu’on pouvait trouver dans les commentaires, il y avait vraiment une certaine conscientisation de certaines personnes qui disaient : “Je ne m’étais jamais posé la question et c’est vrai qu’en y réfléchissant, ce sont des personnes majeures donc pourquoi on devrait les forcer à faire ça ou ça.” Le gros point fort de Hijabis Fight Back en termes d’impact externe, c’est vraiment cette visibilité du problème, cette obligation de le regarder en face et de se poser la question de ce qu’on va en faire. Là où on ne nous entendait pas vraiment, maintenant on est un peu obligés de se poser la question. Il y a des politiques qui sont vraiment venus vers nous, par intérêt politique, mais qui sont venus chez nous et qui nous ont dit : “On vous soutient” et du coup qui sont forcés de se positionner sur ces questions-là. Avant ils pouvaient juste l’occulter ou essayer d’en parler le moins possible. Mais il y a eu un moment où ils ont dû se positionner. 

Et il y a un gros impact, je ne sais pas si on peut le quantifier et si certains en parleraient comme un gros impact, mais personnellement, je pense que notre plus grosse victoire, c’est peut-être le fait que quand on a organisé cette manifestation et qu’on a assumé nos identités pleinement, publiquement, on a eu des jeunes filles et peut-être même plus âgées, en tout cas des femmes qui n’avaient pas forcément honte de leurs identités, mais à qui on renvoyait tellement d’images négatives de leurs identités qu’elles avaient peur de s’exprimer là-dessus. J’en connais une par exemple personnellement qui m’a vraiment touchée dans le sens où elle a grandi, dans le temps, avec beaucoup de personnes islamophobes, donc elle était présente mais elle avait des réticences à montrer un peu son identité religieuse ou s’expliquer sur certains points et de voir qu’il y avait autant de personnes à cette manifestation qui avaient sur certains points la même opinion qu’elle, ça l’a aidée à s’assumer. C’est une personne qui a réussi à s’assumer plus en tant que femme qui porte le foulard et de ne pas avoir honte de cette part de son identité et c’est un discours qui m’est beaucoup revenu. Dans la manifestation, beaucoup de femmes se sont soutenues, même si on est fortes et qu’on se dit qu’on a pas besoin du soutien d’autres personnes, mais être à la manifestation et voir qu’il y a un tel engouement sur une question qui nous touche personnellement, se sentir réellement soutenues par des femmes qui nous ressemblent ou pas, par des hommes, mais il y en avait quand même, ça a été une expérience positive pour beaucoup. et là où on est peut-être plus dans l’ordre du symbolique, du sentiment impersonnel, mais je pense que c’est aussi un aspect important que c’est important de retenir. C’est comme toute la question de la représentativité, cette idée qu’on n’a besoin de personnes qui nous ressemblent, qui soient visibles dans les médias et pendant tout un moment, ça été le cas sur les réseaux sociaux. Je parle et je me rappelle de toutes les personnes qui ont travaillé, qui ont fait de ce mouvement quelque chose d’abouti et vraiment, c’est incroyable.

 

Crédit image à la Une : Hijabis Fight Back d’Imanys World

 

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Diffuse la bonne parole

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(Dé)construction

La place des femmes musulmanes face à l’emploi: Intervention de Fatiha AJBLI et Oumalkaire SULEMAN

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Lors du Lallab Day du 1er février 2020, Fatiha Ajbli et Oumalkaire Soulemane sont intervenues pour nous parler de la place des femmes musulmanes portant le voile face à l’emploi dans un contexte où elles sont stigmatisées et évincées de la société. Doctorante en sociologie, Fatiha Ajbli a fait une thèse en 2011 dans laquelle elle a travaillé sur les questions du fait islamique dans la structuration du récit national, notamment sur la façon dont les femmes musulmanes sont amenées à gérer la question de la visibilité religieuse au travail ainsi que sur les questions d’identité. Oumalkaire Soulemane sociologue et vice-présidente de Lallab, l’accompagne dans cette intervention en apportant de précieuses précisions.

 

L’expression religieuse en milieu professionnel: Un cadre législatif français imprécis

 

La liberté religieuse est admise comme une liberté fondamentale et consacrée par divers textes de référence sur la protection des droits de l’homme. Mais « dire qu’une liberté est fondamentale ne fait pas d’elle une liberté absolue » soutient Fatiha Ajbli car en effet, dans certaines circonstances elle peut subir des restrictions. Dans le droit du travail il y a une difficulté à maintenir l’équilibre entre deux intérêts parfois contradictoires qui sont le respect de la liberté religieuse du salarié et le respect de la liberté à l’employeur.se de diriger son entreprise. Sur la question du principe de neutralité, il y a une stricte séparation à établir entre le secteur public, dans lequel c’est une obligation qui annule la liberté d’expression religieuse et le secteur privé dans lequel la liberté religieuse des salarié.es est protégée. Cependant depuis que le port du voile fait l’objet de débat au sein de l’école, la question du principe de neutralité va également se poser au sein de l’entreprise. Dans l’affaire Dallila Tahri en 2002 et dans l’affaire de la crèche Baby Loup en 2013, des salariées ont été licenciées au motif qu’elles portaient le voile. À ce moment-là, huit projets de lois vont être déposés dans lesquels il y a une volonté d’introduire au sein de l’entreprise le principe de neutralité religieuse. En 2014 la société PAPREC va ainsi se doter d’une Charte de la laïcité et de la diversité qui prévoit la neutralité de l’expression religieuse donc l’interdiction pour les salarié.e.s d’exprimer leur appartenance religieuse.  En 2016, la loi El Khomri relative au travail va s’inspirer de cette charte en permettant aux entreprises de se protéger à travers un règlement intérieur avec la possibilité d’y introduire et d’y définir elles-mêmes le principe de neutralité en leur sein. En 2017, la Cour Européenne de Justice définit deux arrêts qui vont débouter deux salariées française et belge sur la question du port du voile au travail.

 

Un tournant est en train de se négocier selon Fatiha Ajbli dans lequel la frontière entre le public et le privé est en train de s’estomper. Bien que le Code du travail impose une obligation d’indifférence vis à vis de la religion de manière générale, on observe que c’est la visibilité musulmane qui est ciblée. « Vis-à-vis de cette recherche d’équilibre entre le principe de neutralité et la liberté d’expression religieuse le droit a plutôt basculer en faveur de la restriction que de la protection de cette liberté d’expression religieuse dans le travail » nous dit Fatiha Ajbli. En laissant le principe de neutralité à l’appréciation des recruteur.ses, la loi El-Khomri favorise la discrimination envers les personnes dont la religiosité est visible affirme Oumalkaire. Ce manque de clarté ne permet pas aux femmes musulmanes de s’appuyer sur le cadre légal pour se défendre. Le marché de l’emploi n’est pas « une île séparée du reste de la société » dit Fatiha Ajbli dans le sens où l’exclusion des femmes musulmanes en milieu professionnel est le reflet de l’exclusion qu’elles subissent dans la société. Il s’agit d’un déni de citoyenneté car c’est « leur empêcher l’appartenance au corps national » affirme Fatiha Ajbli. Selon l’opinion subjective des recruteur.ses, elle précise que l’entretien se fait parfois dans le couloir parce qu’il y a un filtrage avant l’entretien. Les contentieux liés au port du voile au travail concernent principalement les femmes musulmanes qui sont susceptibles de le porter au cours de leur carrière professionnelle puisque celles qui le portent déjà sont bloquées à l’entrée.

 

Le rapport des femmes musulmanes au marché du travail: impact et stratégies adoptées

 

Crédit photo: Zohra Krid pour Lallab

 

Les femmes musulmanes sont face à une impasse et donc confrontées à un dilemme : « choisir entre la liberté de travailler en tant que femme française ou la liberté de se voiler en tant que femme musulmane » nous dit Fatiha Ajbli puisque dans les faits, ces deux libertés ne semblent pas se conjuguer.

La plupart des femmes musulmanes inactives sont celles qui ont décidé de garder le voile pour travailler mais font l’expérience répétée de l’échec. Parmi les facteurs de l’inactivité des femmes musulmanes, il existe également l’auto-exclusion de ces femmes. Ayant intériorisé qu’elles n’ont pas leur place en tant que femmes musulmanes portant le voile dans le marché du travail, elles vont choisir des filières générales dans leurs études afin d’échapper au processus de sélection. Certaines vont également entrer très tôt dans le circuit matrimonial au sein duquel il y a des perspectives que le marché du travail ne leur offre pas. Elles entrent ainsi  « dans un calcul du coup d’opportunité de travailler » nous dit Fatiha Ajbli. Parmi les profils des femmes musulmanes actives, il y a les fonctionnaires, les communautaires, les indépendantes et les exilées.  Les fonctionnaires sont celles qui vivent avec la peur d’être démasquées et évitent donc de se familiariser avec leurs collègues. Elles sont motivées par l’idée que c’est leur inspiration professionnelle qui passe  avant le voile. Contrairement aux communautaires qui elles sont motivées par l’idée que c’est leur voile qui l’emporte sur leur inspiration professionnelle. C’est pourquoi elles décident de rester travailler au sein de la communauté mais elles sont souvent exploitées par les heures supplémentaires et faiblement rémunérées. Les indépendantes quant à elles vont être dans une démarche libérale ou vont créer leur propre entreprise mais la majorité d’entre elles se retrouvent enfermées dans des logiques ethniques. Pour ce qui est des femmes musulmanes exilées cela concerne celles qui sont très diplômées, principalement dans la recherche et qui ne trouvent pas en France de perspectives à la hauteur de leur qualification.

 

Certaines optent pour la résistance en allant jusqu’aux Prud’hommes, mais ceci demande une grande charge mentale pour affronter ce combat juridique. D’autres se résignent à l’abandon mais font face à de nombreuses conséquences sur leur santé. Et puis il y a celles qui choisissent l’adaptation, choix dans lequel leur identité musulmane est soumise aux appréciations de leurs collègues en s’oubliant elles-mêmes. La réorientation professionnelle est également une forme de résistance aux yeux de Oumalkaire parce qu’elles peuvent exister dans d’autres espaces si elles ne sont pas acceptées dans d’autres. Suite à une expérience traumatisante, ils y a des femmes qui vont s’extraire du marché du travail. Face à  l’angoisse qu’elles ressentent à l’idée de retourner dans la recherche d’emploi, elles vont se ressourcer dans leur spiritualité et leur cocon familial. En plus d’être une violence quant à leur existence, la discrimination qu’elles subissent nuit à leur sociabilité et leur mobilité.

 

 

Crédit photo: Zohra Krid pour Lallab

La discrimination que subissent ces femmes musulmanes va avoir un impact sur leur santé physique et mentale mais également sur leur trajectoire professionnelle. Par l’exclusion et le regard hostile des autres envers elles, ces femmes musulmanes sont renvoyées à une altérité, parfois même une déshumanisation. Elles sont perçues comme une menace pour l’entreprise, tel « un cheval de Troie qui viendrait infiltrer la tranquillité ou la productivité de l’entreprise » affirme Oumalkaire Soulemane. Pour celles qui vont choisir de continuer à travailler au sein des entreprises où elles ne se sentent pas bien, elles vont avoir des conséquences considérables sur leur santé telles que des modifications neuronales, un affaiblissement du système immunitaire, des maladies digestives ou encore des psychoses.  Le stress minoritaire dont elles sont victimes témoigne de la charge de cette stigmatisation et n’est malheureusement pas pris en compte ni par les professionnels ni par la médecine du travail. Oumalkaire Soulemane conclue l’intervention sur le fait que pour ces femmes musulmanes « le travail devient une survie au lieu d’une évolution ou une expérience professionnelle ».

 

De nombreuses réflexions émergent de cette brillante intervention, notamment celle de l’impact que la discrimination  a sur l’identité des femmes musulmanes. En effet, elles se retrouvent parfois contraintes de choisir entre leur identité française et leur identité musulmane alors que les deux sont complémentaires. Même si dans ses textes, la France « respecte toutes les croyances » et « garantit la liberté de culte », on peut clairement observer au sein de la société française une réelle atteinte à l’intégrité humaine.

 

Article écrit par Sana Arif

Crédit photo image à la une: Zohra Krid pour Lallab

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Diffuse la bonne parole

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(Dé)construction

Récit de lutte en Belgique : le port du voile dans l’enseignement supérieur

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Le 4 juin 2020, la Cour constitutionnelle autorise l’interdiction du port des signes convictionnels dans les établissements d’enseignement supérieur en Belgique. Une décision de justice accueillie avec «mécontentement et surtout incompréhension » de la part des étudiantes musulmanes belges «scandalisées » et des militant.e.s du plat pays. « Une colère, une frustration et une déception » qui vont pousser environ 4 000 personnes au Mont des Arts, à Bruxelles, le 5 juillet 2020, afin de protester contre l’arrêt constitutionnel. Le 16 janvier 2021, Wallonie-Bruxelles Enseignement annonce l’autorisation du port des signes convictionnels dans ses établissements supérieurs à compter de septembre 2021. Mais que s’est-il passé entre ces dates-clés ? Quels sont les collectifs qui se cachent derrière cette lutte ? Retour sur ce récit de lutte en pays voisin.

« Il y beaucoup d’initiatives et d’efforts complémentaires qui sont faits et ça ne peut qu’être bénéfique pour la lutte. », Sarah Tulkens-Azami, fondatrice de la plateforme Belges Comme Vous.

« Il faut savoir qu’avant nous, il y a eu des femmes qui ont fait des actions. Après nous, il y a des gens qui ont fait des actions et c’est l’addition de toutes ces actions-là qui fait qu’on a réussi à avoir une nouvelle positive le 16 janvier. », Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine.

Chez Lallab, nous avons conscience que nos combats sont l’héritage des luttes qui nous ont précédées et que d’autres nous ont ouvert la voie. Au-delà de la sororité internationale, il s’agit ici de mettre en lumière le combat de ces femmes musulmanes et allié.e.s belges qui, comme tout récit de lutte, constitue pour nous un véritable outil de pouvoir inspirant. Et pour ce faire, rien de tel que de leur laisser la parole pour raconter le pan de l’Histoire à laquelle elles ont participé.

 

« On a une décision légale qui légitimise l’interdiction du port du voile. »

« Avec une décision légale qui dit [aux établissements supérieurs], vous avez le droit d’interdire [les signes convictionnels], certaines écoles vont choisir d’interdire et sortir la décision de la Cour constitutionnelle. Connaissant le climat en Belgique, c’était extrêmement dangereux comme décision.», Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine.

« La plus haute juridiction du plat pays participe à la banalisation et à la légalisation de l’islamophobie ambiante. Au sein du collectif, nous trouvons cet arrêt islamophobe, sexiste et paternaliste. Nous sommes des femmes adultes qui pouvons disposer de notre liberté de nous vêtir comme nous le souhaitons. », Imane Nachat, porte-parole du collectif Les 100 diplômées.

« Étant donné qu’on a dû faire face à de l’islamophobie dans le milieu de l’enseignement supérieur et qu’on nous a refusé certaines formations parce qu’on porte le foulard, lire qu’on puisse se réjouir de l’exclusion de tant de femmes, […] se réjouir qu’on écrase [leurs] ambitions, c’était trop douloureux et on n’a simplement pas accepté de rester silencieuses, surtout parce qu’on savait qu’on n’était absolument pas des cas isolés. », Sarah Tulkens-Azami, fondatrice de la plateforme Belges comme vous.

« On a consulté nos étudiants et étudiantes qui nous ont dit, à une grande majorité, on veut continuer à le garder et d’un autre côté, on veut bien pouvoir le porter et c’est de là qu’est né le combat. […] On s’est saisi de cette problématique, d’une part, par souci d’uniformisation du respect du règlement et d’autre part, pour écouter les étudiant.e.s et par la même occasion, pousser vers l’inclusion et non l’exclusion. », Leïla El Guenouni, co-présidente du Conseil des Etudiants de la Haute Ecole Bruxelles-Brabant – CEHE2B.

 

« On a voulu réagir. »

« Le mouvement #HijabisFightBack est né de l’initiative de quatre jeunes femmes étudiantes scandalisées [Fatima Zohra et Souheila du collectif Imazi Reine, Sarah de la plateforme Belges comme vous et Selma du collectif La Cinquième vague]. Toutes les quatre, […] on a fini par se concerter et c’est là que l’idée de lancer la campagne a pris forme le 12 juin. […] C’était deux choses : un appel à témoignages et une manifestation. Pour ce qui est des témoignages, on a dit aux femmes concernées de nous les envoyer ou de les poster sur les réseaux avec le hashtag #HijabisFightBack. On a tout archivé et ce sera bientôt posté sur une plate-forme dédiée. […] Notre but, c’était surtout de faire assez de bruit pour qu’on soit contraint de nous écouter. […] Instinctivement on s’est tournées vers le CCIB [Collectif contre l’islamophobie en Belgique] évidemment, mais aussi vers les associations féministes d’une part et les associations anti-racistes de l’autre. », Sarah Tulkens-Azami, fondatrice de la plateforme Belges Comme Vous.

« Ce qui revient très souvent dans les débats autour du foulard, c’est cette idée de ce que ça représente, ce que ça peut avoir comme impact dans la société… tout en oubliant que derrière tout ça, il y a des femmes, des vécus. On voulait vraiment mettre en lumière ces vécus-là pour montrer les conséquences directes de ce genre d’arrêtés. […] Tout ce qui est de l’ordre de la campagne sur les réseaux sociaux, c’est nous quatre […], mais la portée du message n’aurait pas été la même sans tous les gens qui ont travaillé derrière. On a eu des centaines de bénévoles qui sont venus à la manifestation pour encadrer le tout. C’est vraiment là où on s’est rendu compte à quel point cette question était brûlante. Il y avait des gens – et on en fait aussi partie – qui en ont marre de cette situation. On a eu cette mobilisation collective de toutes les personnes qui veulent faire changer les choses. Et c’est encore le cas. Là, on est en train de parler, je suis sûre qu’il y a des gens qui organisent des choses pour essayer de faire avancer la situation.[…] Il y a des femmes avec qui on a travaillé, avec qui on a parlé pendant le mouvement qui sont sur le terrain depuis dix ans sur la même question.», Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine.

« Tout est parti d’une invitation des organisatrices de la manifestation Hijabis Fight Back […]. Ces jeunes militantes ont proposé à une de leur aînée un espace pour prononcer un discours lors de la manifestation. Après réflexion, s’est posée la question de la pertinence de tenir un énième discours sur la question : un exemple valait mieux qu’un long discours. Pour  cette raison, l’idée a été lancée de mener une action symbolique : réunir cent femmes qui portent le foulard et qui, en dépit des difficultés, ont réussi à décrocher un diplôme, voire plusieurs. […] Les images de ces cent femmes coiffées de leur foulard et de leur toque de diplomation qui se tenaient debout sur les marches du Mont des Arts, à proximité de la Cour Constitutionnelle, en solidarité avec leurs petites sœurs, a connu un relai médiatique inespéré. […] Aujourd’hui, nous  agissons sur plusieurs leviers : politique, médiatique et de sensibilisation. Nous interpellons les politiques à travers un processus de lobbying et de mentoring, nous occupons l’espace médiatique quand l’occasion nous est donnée, et nous faisons un travail de sensibilisation à travers le relai de témoignages. […] Cette récente décision de la Fédération Wallonie-Bruxelles d’autoriser le port de signes convictionnels dans son réseau, y compris le foulard donc, est une avancée, mais la lutte continue.», Imane Nachat, porte-parole du collectif Les 100 diplômées.

 

« Ça ne va pas supprimer les profs islamophobes, mais ils auront moins d’arguments. »

« En Belgique, on a une situation un peu complexe, dans le sens où il n’y a pas d’interdiction stricte et étatique du port du foulard dans les écoles, que ce soit dans les écoles du secondaire ou du supérieur. En gros, l’Etat a décidé de donner cette responsabilité aux différents établissements et il y a différents réseaux. », Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine.

« Au moment de la fusion [de la Haute École Bruxelles-Brabant – HE2B] entre la Haute École de Bruxelles où les signes convictionnels étaient interdits et la Haute École Paul Henri Spaak où ils étaient autorisés dans certains campus, ils ont indiqué dans le règlement que les signes ostentatoires philosophiques, politiques et religieux étaient interdits. On s’est retrouvés avec certains campus qui continuaient à autoriser les signes convictionnels et d’autres campus qui les interdisaient. », Leïla El Guenouni, co-présidente du Conseil des Etudiants de la Haute École Bruxelles-Brabant – CEHE2B.

« Nous avons demandé que le règlement soit appliqué partout de la même manière, en appliquant l’inclusion. Il y alors eu des débats, des réflexions […] et en septembre 2020, durant le conseil d’administration, au moment de voter le règlement des études, nous avons décidé de voter contre et avons réclamé l’uniformisation inclusive […]. Comme nous n’arrivions pas à trouver un consensus, le commissaire délégué du gouvernement a conseillé de renvoyer ce point à notre pouvoir organisateur, Wallonie-Bruxelles Enseignement, pour que la question soit tranchée pour l’ensemble de ses établissements. Nous avons accepté que le point soit envoyé et avons demandé que notre note de position soit envoyée. », Raoul Thelen, ancien président du Conseil des Etudiants de la Haute Ecole Bruxelles-Brabant – CEHE2B.

« Les suites des discussions ont débouché sur une levée de l’interdiction généralisée pour [tous les établissements] de ce réseau-là. Il y a encore toute une série de règlements de certaines Hautes Écoles en Belgique qui continuent d’infantiliser ces femmes adultes en leur interdisant de porter ce qu’elles souhaitent. », Imane Nachat, porte-parole du collectif Les 100 diplômées.

« Le réseau Wallonie-Bruxelles a essentiellement des Hautes Écoles et des écoles de promotion sociale, ce qui représente […] une vingtaine d’établissements. […] Donc c’est toujours une nouvelle qu’on accueille positivement. […] Même si c’est une portion d’établissements à l’échelle du territoire belge, c’est quand même des milliers d’étudiantes qui vont voir la liste de possibilités s’allonger. Là où certaines femmes se tournaient clairement vers des établissements parce qu’elle voulait garder leurs foulards, ce sera toujours le cas malheureusement, mais la liste s’allonge et elles ont plus d’opportunités. […] Notre plus grosse victoire, c’est peut-être le fait que quand on a organisé cette manifestation et qu’on a assumé nos identités pleinement, publiquement, on a eu des jeunes filles et peut-être même plus âgées, en tout cas des femmes qui n’avaient pas forcément honte de leurs identités, mais à qui on renvoyait tellement d’images négatives de leurs identités qu’elles avaient peur de s’exprimer là-dessus. […] Être à la manifestation et voir qu’il y a un tel engouement sur une question qui nous touche personnellement, se sentir réellement soutenues par des femmes qui nous ressemblent ou pas, par peu d’hommes, mais il y en avait quand même, ça a été une expérience positive pour beaucoup et là, on est peut-être plus dans l’ordre du symbolique, du sentiment personnel, mais je pense que c’est aussi un aspect important.», Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine.

« On a pu faire assez de bruit pour que plus de personnes s’intéressent et s’interrogent sur les réalités de vie des femmes qui portent le foulard en Belgique. Mais on est aussi conscientes que ce n’est que le début et qu’on devra faire bien plus pour arriver aux victoires qu’on espère.», Sarah Tulkens-Azami, fondatrice de la plateforme Belges Comme Vous.

Si vous voulez en savoir davantage sur les collectifs de femmes musulmanes mentionnés, retrouvez prochainement les interviews intégrales de de Sarah Tulkens-Azami de la plateforme Belges Comme Vous, Souheila Amri du collectif Imazi Reine et d’Imane Nachat du collectif Les 100 diplômées

Crédit image à la Une : Illustration de Myriam’s Arts

 

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Récit de lutte en Belgique : la parole aux concernées – Partie I

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Dans le cadre du dossier sur le récit de lutte des étudiantes musulmanes en Belgique, une série d’entretiens consacrés aux partages d’expérience de collectifs ayant initié et/ou participé au mouvement #HijabisFightBack a été réalisée au mois de février 2021. Parce que l’histoire de leurs collectifs respectifs constitue également un récit de lutte, nous avons décidé de publier l’intégralité des entretiens avec Sarah Tulkens-Azami, fondatrice de la plateforme Belges Comme Vous, que vous trouverez ci-dessous, Souheila Amri, membre du collectif Imazi Reine et Imane Nachat, porte-parole du collectif Les 100 diplômées

 

Sarah Tulkens-Azami, fondatrice de la plateforme Belges Comme Vous

 

          Pouvez-vous présenter la plateforme Belges Comme Vous ?

Derrière ce compte se cachent pour le moment deux personnes racisées – une femme maghrébine et un homme noir – soucieuses de créer une plateforme d’information et de sensibilisation concernant les problématiques liées au racisme, à la xénophobie et à d’autres formes d’oppression. L’idée est également de mettre cette plateforme à profit de personnes issues de minorités culturelles ou religieuses en Belgique afin de les mettre en avant et parler de leurs réalités de vie. En se développant, Belges Comme Vous est devenu un des porteurs du mouvement #HijabisFightBack, et d’autre part une volonté plus ferme de dénoncer les violences étatiques, et particulièrement policières, s’est dessinée. Cette plateforme s’engage dans une démarche féministe, décoloniale, et intersectionnelle.

Belges Comme Vous, c’est parce que qu’on soit afro-descendants, arabes, asiatiques, etc, notre identité belge n’est pas moins forte de par notre nature cosmopolite. Nous sommes tou.te.s belges, nous ne partageons pas forcément la même culture, ni les mêmes origines, ni la même religion, ni les mêmes traits, ni la même couleur de peau, mais nous partageons la même nationalité, et nous foulons tou.te.s le même sol de nos pieds. Nous sommes belges. Tout comme vous. Nos différences ne changent rien à ce fait, ne rendent en aucun cas illégitime notre place dans cette société, et ne nous soumettent pas à un devoir de discrétion ou de conformisme quelconque. Il est temps aujourd’hui de changer notre définition de ce que c’est que d’être belge, et d’accepter et accueillir – et pas simplement tolérer – la diversité et le multiculturalisme, qui nous enrichissent plutôt que de nous appauvrir.

          Pouvez-vous raconter comment est né le mouvement #HijabisFightBack ?

Le mouvement #HijabisFightBack est né de l’initiative de quatre jeunes femmes étudiantes scandalisées par l’arrêt de la Cour constitutionnelle belge du 4 juin 2020 affirmant que les interdictions de port de signes convictionnels dans les établissements d’enseignement supérieur ne constituent ni une atteinte au droit à l’éducation ni une atteinte à la liberté de religion. Toutes les quatre, on a voulu réagir, on a fini par se concerter et c’est là que l’idée de lancer la campagne #HijabisFightBack a pris forme, le 12 juin. Mais je pense qu’à côté de l’arrêt de la Cour, ce qui nous a beaucoup secoué.e.s aussi, c’est le communiqué de la Ville de Bruxelles qui s’en réjouissait. Les mots de l’Echevine de l’Instruction Publique de Bruxelles, Faouzia Hariche, paraissaient tellement insultants pour des femmes qui avaient dû faire des choix douloureux concernant leur éducation.

Étant donné que toutes les quatre, on a dû faire face à de l’islamophobie dans le milieu de l’enseignement supérieur et qu’on nous a refusé certaines formations parce qu’on porte le foulard, lire qu’on puisse se réjouir de l’exclusion de tant de femmes, qu’on puisse se réjouir qu’on écrase les ambitions de tant de femmes, c’était trop douloureux et on n’a simplement pas accepté de rester silencieuses, surtout parce qu’on savait qu’on n’était absolument pas des cas isolés. Preuve en est qu’on a reçu d’innombrables témoignages dès le début de la campagne.

          En quoi consistait la campagne #HijabisFightBack ? Comment vous êtes-vous organisées ?

La campagne #HijabisFightBack c’était deux choses : un appel à témoignages et une manifestation. Pour ce qui est des témoignages, on a dit aux femmes concernées de nous les envoyer ou de les poster sur les réseaux avec le hashtag #HijabisFightBack, on a tout archivé et ce sera bientôt posté sur une plate-forme dédiée. La manifestation a eu lieu le 5 juillet, on l’a organisée à quatre, mais on a bénéficié de l’aide d’énormément d’autres personnes, que ce soit pour l’aide matérielle ou pour la diffusion de l’information.

Une chose importante à relever à mon sens, c’est aussi qu’ organiser tout ça, ça a révélé un problème de division dans les communautés musulmanes belges. On a dû faire l’effort conscient de rendre cette campagne inclusive, et je suis persuadée qu’on aurait pu et aurait dû faire d’autant plus, parce que c’est loin d’être assez. #HijabisFightBack, ce sont les réalités de vie des femmes musulmanes en Belgique dans leur pluralité, pas juste les femmes maghrébines, pas juste les femmes sunnites, pas juste les femmes qu’on estime assez pieuses pour mériter qu’on les défende. C’est une question de droits des femmes et on espère vraiment que tout le monde a pu s’y sentir à sa place, tout en étant conscientes que l’état actuel de ce qu’on appelle la Oummah [communauté musulmane] nous oblige à faire tous les efforts possibles pour inclure là où on a trop souvent exclu.

          Aviez-vous une idée des potentiel.le.s allié.e.s ? J’ai eu l’honneur de discuter avec le CEHE2B [Conseil des étudiants de la Haute Ecole Bruxelles-Brabant] et j’ai l’impression – je me trompe peut-être – que vous avez, sans vous consulter, travaillé sur la même problématique à différents niveaux ?

Non, nous ne savions pas vraiment à quelle porte frapper. Toutes les quatre, nous sommes des militantes, notre but c’était surtout de faire assez de bruit pour qu’on soit contraint de nous écouter, on n’a pas ciblé de porte en particulier. Le travail de plaidoyers politiques etc, ça n’a jamais été ce qu’on a voulu faire. Dès le départ on a dit aux personnes avec lesquelles on a collaboré et qui, elles, travaillent au niveau politique, que nous, on voulait explorer un autre terrain et être une force de frappe pour booster et visibiliser leurs initiatives. Notre opinion, c’est que ce sont des efforts qui sont pleinement complémentaires. On pense que ça a plutôt bien fonctionné de ce point de vue là, qu’on a pu faire assez de bruit pour que plus de personnes s’intéressent et s’interrogent sur les réalités de vie des femmes qui portent le foulard en Belgique. Mais on est aussi conscientes que ce n’est que le début et qu’on devra faire bien plus pour arriver aux victoires qu’on espère.

Instinctivement on s’est tournées vers le CCIB, évidemment, mais aussi vers les associations féministes d’une part et les associations anti-racistes de l’autre. On a pu trouver beaucoup d’allié.e.s comme ça. Ça semblait logique parce que pour nous c’est clairement une question féministe et décoloniale/anti-raciste. Au-delà de ça, on a aussi pu trouver du soutien auprès de professeur.e.s d’université. Ça s’est fait au fur et à mesure, on ne savait pas forcément tout dès le départ mais tout s’est déroulé très naturellement, et après le bruit de notre première publication de lancement de la campagne, qui avait fait plus de 20 000 “j’’aime” en moins de 24h sur Instagram, il y a aussi des allié.e.s qui se sont manifesté.e.s d’eux-mêmes.

Pour ce qui est du CEHE2B, effectivement, on ne s’est absolument pas concerté.e.s, et c’est même après avoir entendu la bonne nouvelle qu’on a découvert leur implication dans cette victoire, on n’en avait aucune idée. Ça rejoint ce que je disais avant, il y a beaucoup d’initiatives et d’efforts complémentaires qui sont faits, et ça ne peut qu’être bénéfique pour la lutte.

          Quelles sont les prochaines actions du mouvement ?

Pour le moment, chez Belges Comme Vous et Imazi Reine, nous travaillons sur le lancement d’une nouvelle plateforme sur Instagram où nous allons poster les témoignages que nous avons reçus. Et on aimerait organiser un événement Hijabis Fight Back dès que ce sera à nouveau possible. C’est loin d’être fini donc évidemment la lutte continue et on ne lâche rien.

 

Crédit image à la Une : Hijabis Fight Back d’Imanys World

 

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(Dé)construction

Un bel élan de sororité – De Guerre et d’Espoir – Collectif Nuée de plumes

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« Recréer de la beauté et de la compassion dans un univers qui en est privé » Préface par Faïza Guène – De Guerre et d’Espoir

Beaucoup soulignent l’aspect négatif des réseaux sociaux, mais aujourd’hui, laissez-moi vous présenter ce qu’Instagram permet de réaliser quand les chemins des belles âmes se croisent.
De Guerre et d’Espoir est un projet né d’une rencontre sur Instagram, un recueil écrit par des femmes incroyables. Ces artistes nous entraînent, nouvelle après nouvelle, poème après poème, horreur après horreur, dans un voyage teinté d’une note d’espoir.

 

« Un livre. Un don » Collectif Nuée de Plumes

 

Elles sont dix-huit femmes à écrire et à dessiner bénévolement. Leur but ? Reverser 80% des bénéfices, à parts égales, à deux associations : « Au Cœur de la Précarité » et « Solidarité migrants Wilson », les 20% restants étant réservés pour l’autofinancement du recueil.

Publié en mai 2020, en indépendant, De Guerre et d’Espoir porte « la voix des oubliés, des invisibles », et dénonce « l’absurdité humaine ». Ce recueil constitue, également, des éclats d’espoir. Le Collectif Nuée de plumes souhaite, non seulement, « délivrer un message d’espoir, mais aussi une prise de conscience ».

Une belle initiative, remplie d’amour et d’espérance, réalisée par des artistes qui rêvent d’un monde meilleur.

« Parfum d’enfance » De Guerre et D’Espoir

De Guerre et D’Espoir livre la triste réalité de la guerre. Des adultes qui provoquent l’horreur, et des enfants qui en récoltent les conséquences, victimes d’ atrocités inimaginables. Ils sont des anges qui ne voient plus la lumière.

Le livre nous dépeint les pensées et les émotions des enfants de la guerre : la peur, l’anxiété, l’angoisse, la terreur, l’espoir avec un léger brin de naïveté… Il ne s’agit pas de fiction, mais de l’histoire d’un millier d’enfants à travers le monde. « Grandir sous les bombes » ce n’est pas beau. Après tout, « la guerre éteint la lumière dans les yeux des enfants ».

« Petit enfant solitaire, qui dort en enfer » p28 – De Guerre et D’Espoir

Le recueil souligne la misère des orphelins qui essaient de survivre à la guerre. Jeune, je pense qu’on s’est tous, à un moment ou un autre, égarés dans les rayons des grands magasins, perdant de vue nos parents. On a déjà ressenti ce stress et cette peur qui nous agressent et nouent notre ventre,sentant parfois même les larmes qui commencent à monter. Alors, imaginez-vous enfant, errant dans un champ de guerre,dans le chaos le plus total, sans vos protecteurs à vos côtés. Que ressentiriez-vous ?

« Je suis devenue aveugle un jour de guerre » p25 – De Guerre et D’Espoir

Les enfants de la guerre sont condamnés à vivre isolés du monde extérieur, sans boussole, livrés à eux-mêmes, à essayer de survivre aux bombardements, aux prédateurs (humains), et au désespoir.

Les autrices nous offrent plusieurs paysages fictifs qui décrivent la détresse de ces enfants, mais elles ne s’arrêtent pas là : derrière ce malheur, il y a un espoir futur, qui pourrait illuminer ce sombre tableau.

De l’empathie, de la bienveillance naissent pour tous ces anges.

Le cœur serré et lourd à la lecture, il m’est difficile de lire et d’enchaîner toutes les histoires, mais il le faut. Ces réalités que je fuis, que je n’aime pas voir ni entendre, pourraient être les miennes. 

« Cendres de guerre » De Guerre et D’Espoir

Ce livre est une sorte de voyage intérieur. Les mots sont des vagues, les poèmes sont des berceuses de guerre et les rimes sont des malheureuses qui espèrent et prient pour l’harmonie. Je finis par détester la Guerre. Une lumière au bout du tunnel ? Je finis par y croire, elle existe. La sincérité de toutes ces femmes me frappe. Ce livre est un espoir, ces textes sont un bout de cette lumière, ces plumes ouvrent un chemin vers l’avenir.

« Pourquoi nos ancêtres n’ont-ils pas pensé à nous, pauvres enfants prisonniers de la guerre qui concerne l’Humanité entière ? » p52 – De Guerre et D’Espoir

Le recueil pousse à réfléchir et à se remettre en question. C’est un rappel :  chaque être humain est responsable de la Terre et de ses habitants, actuels et futurs. Quel monde vais-je laisser après mon départ  ? Si je ne change pas, qu’en sera-t-il de notre monde ? Au-delà des guerres, les autrices évoquent l’impact environnemental et les conséquences des catastrophes naturelles sur notre planète.

« Dans mon cœur, c’est la guérilla. Dans ma tête, c’est Fukushima » p48 – De Guerre et D’Espoir

La guerre n’est pas un choix, mais certains enfants quittent leur lit douillet, leur famille aimante, leur havre de paix pour cet enfer :  ce sont les enfants endoctrinés. Ceux qui creusent leur propre malheur, et qui se jettent « dans un brasier de haine » pour se sentir exister.  

De Guerre et D’espoir insiste sur l’importance du dialogue, au sein du foyer familial, pour ne pas laisser les enfants – et les adultes –  tomber dans le piège des terroristes et ainsi pouvoir les sauver du fanatisme religieux. Parler et échanger sur les sujets les plus sensibles, et spécialement les sujets considérés comme « hchouma », est primordial.

 « Tuer l’humanité au nom de Dieu ? » Quelle calamité ! Les enfants qui quittent leurs foyers bienveillants pour se lancer sur le champ de la bataille, les adultes qui sacrifient leurs familles pour une guerre qu’ils pensent être légitime – alors qu’en réalité, la guerre est une « absurdité humaine », orchestrée par la haine et le côté sombre de l’être humain.  

La guerre change l’humain : soit elle ressort ce qu’il y a de bien en lui, soit elle expose ce qu’il comporte de pire.  Les autrices s’arment de leur plume, et me lancent en pleine face la noirceur des hommes.

Des personnages, j’en ai aimés, des personnages, j’en ai détestés. Au fil de ma lecture, mon cœur et mon âme étaient une sorte d’Hiroshima et Nagasaki. Un ouvrage difficile à lire, difficile à digérer. Les nouvelles mettent en lumière les violences, les viols, et les témoins qui ne font rien pour arrêter ce tableau macabre et qui au contraire, comme des fous, profitent du spectacle.

« Le problème n’est pas dans la tête, mais dans le cœur »

La guerre est un cercle vicieux, le meurtre engendre la vengeance, et ainsi de suite. Certaines personnes se condamnent par leurs propres mains. En réalité, la guerre est bien plus noire que nous ne le pensons. Pire que la guerre ? Perdre son intégrité et son humanité. Les Hommes qui provoquent la guerre, qui tuent ou violent, ne sont pas des êtres humains stupides, ils ne manquent pas d’intelligence, mais d’humanité. La perte de l’humanité mène aux pires atrocités.

« Ma seule option était la mer » p89 – De Guerre et D’Espoir

Comment peut-on décrire des êtres humains qui ont les moyens de sauver des milliers de vies, mais laissent des enfants, des femmes et des hommes mourir, noyés parfois dans des conditions indescriptibles ? 

C’est complètement humain de vouloir fuir un lieu dangereux, où tu ne peux ni dormir ni manger, où tu peux mourir n’importe quand, de la pire manière. En ayant envie de sauver leur famille et leur propre vie, de nombreuses familles prennent la mer, et tentent d’arriver à bon port, avec l’espoir d’être aidées. De Guerre et D’espoir soulève de nombreuses questions liées à l’immigration,et décrit les naufrages comme des « crimes de sang-froid ».

Les conséquences de la guerre sont nombreuses et à différentes échelles. Il existe des guerres bruyantes, silencieuses, cachées ou encore déguisées. Même les guerres portent des masques – notamment avec la situation des Ouïghours.

Puis, il y a les guerres anciennes, qui ont laissé derrière elles des âmes blessées et des cœurs meurtris – vives encore dans les mémoires. L’impact de la colonisation n’est pas terminé. Les déchirures, que beaucoup essaient de combler, sont présentes, encore vivantes, sous la peau, dans les veines, au plus profond de l’âme… Les fissures des âmes ne sont pas des légendes.

Ce livre met l’accent sur les sujets d’actualité, qui brisent le cœur, provoquent le malaise et les larmes. Ces actualités que j’essaie d’oublier, ces informations que je fais semblant de ne pas voir… Les mots me parlent, me chuchotent, et me questionnent : quel est mon rôle dans ce tourbillon d’horreur? Quand, et où ai-je perdu mon humanité ?

Les enfants de la guerre sont « des victimes de la bêtise humaine et du silence du monde ». Ils symbolisent l’innocence, l’amour, la paix et l’espoir. Quel monde vais-je leur laisser ?

Les adultes vont encore plus loin, non contents de perdre leur humanité, ils volent aussi l’innocence des enfants, parfois celle des leurs. Ces adultes-là, ne sont pas des imbéciles, des fous ou des malades. Ce sont des êtres humains qui ont abandonné leur cœur et se sont jetés à bras ouverts dans la haine. Ils n’ont pas d’excuses, ils sont de ceux qui embrasent et embrassent le mal avec leur corps, leur cœur, et leur âme.

« Douce espérance » De Guerre et D’Espoir

Même au fin fond de l’enfer, tant qu’on est sur Terre, il y a de la lumière. La dernière partie du recueil porte sur l’espoir. Il ne faut pas succomber à la haine mais s’armer de patience, car Justice sera faite tôt ou tard.

Les autrices sont « des mères, des filles, des sœurs et n’ont qu’une arme face à l’injustice : leur plume. »Ces femmes dessinent des mots d’amour, de paix et d’espoir. Leurs plumes s’unissent dans un élan de sororité et nous livrent un bel exemple d’humanité.

En changeant le monde à notre échelle, pierre par pierre, nous finirons par construire une pyramide ; peu importe le temps que cela prendra. Rectifions nos cœurs et nos âmes. Remplaçons l’égoïsme et la jalousie par l’amour et la bienveillance. Revenons à l’essentiel : notre humanité.

« Comment peut-on changer un mal par notre main ? » p102 – De Guerre et D’Espoir

Ne jamais sous-estimer la force d’une plume. Peu importe la forme dans laquelle on prend part dans la lutte contre l’injustice, même avec une simple plume, une prière, une pensée pour les victimes de TOUTE injustice, c’est un pas vers l’espoir.

Merci aux autrices qui m’ont fait lire des mots aussi déchirants et troublants, qui m’ont fait sortir de ma zone de confort, merci à vous. Merci d’avoir partagé un bout de vos cœurs, de vos sentiments et de vos émotions, d’avoir laissé une partie de votre âme sur ces pages.

 

 

Que ce recueil puisse éveiller ma conscience… Ainsi, que la paix soit sur vous.

 

Jou RH

Crédit photo à la une : Kaoutar RH

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(Dé)construction Portraits

Une vraie claque – Illégitimes de Nesrine Slaoui

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Au premier coup d’œil, Illégitimes, est un titre qui me fait directement écho, qui me procure un certain malaise mélangé à l’appréhension. Un titre qui m’attire, qui me guette, qu’est-ce que ce roman contient d’aussi bouleversant ?

 

« Aux écorchés, aux ambitieux, à tous ce qui se reconnaitront et aux miens pour toujours » N.Slaoui

 

Nesrine Slaoui nous entraîne au cœur de ses nombreux souvenirs. Elle raconte son parcours, d’une cité HLM à Sciences Po Paris, l’histoire de sa famille, mais nous offre aussi une réflexion sur la société.

Entraînée dans un tourbillon d’émotions entre nostalgie, honte, colère, indignation, Nesrine Slaoui, nous livre les non-dits cumulés au fil des années…d’une communauté qui se sent illégitime. Elle met des mots sur les maux les plus anciens et les plus profonds, voir les plus anecdotiques… Ce roman est une bouffée d’air.

 

« La femme, l’Arabe, et la banlieusarde de campagne » N. Slaoui

 

Nesrine Slaoui est née au Maroc. À l’âge de trois ans, elle quitte son pays natal, dans les bras de sa mère, pour le sud de la France. Aujourd’hui, elle est diplômée de Sciences Po Paris, et est journaliste chez Loopsider et France TV. Illégitimes est son premier roman, publié par les Éditions Fayard le 6 janvier 2021.

 

« Un hommage à tous ceux pour qui la légitimité demeure un combat permanent » quatrième de couverture –Illégitimes

 

C’est d’abord la province dans laquelle elle a grandi que Nesrine Slaoui décrit dès les premières lignes de son roman. Cela commence avec douceur, mais petit à petit, la tension monte. La situation évolue de manière crescendo, l’autrice nous offre un tableau qui présente la triste réalité d’une partie de la population française, depuis le début de la crise sanitaire.

 

« Ceux dont la vie est confinée en permanence » p19 – Illégitimes

 

Nesrine Slaoui ne tourne pas autour du pot. Elle dit ce qu’elle à dire. La plume vive et tranchante, elle dessine un portrait d’un père que la France a fragilisé, une description dans laquelle une partie des enfants d’immigrés pourraient se reconnaître.

Un père, une mère qui ont quitté leurs terres pour vivre le rêve français. Pour survivre, ils se sont sacrifiés, en retour, ils ont vu leurs corps se dégrader. Un sentiment bienveillant, presque protecteur, né à leur égard.

Nesrine Slaoui expose le rapport que son père et ses grands-parents ont avec la langue française, cette distance lointaine, ce malaise qu’ils ont avec la langue de Molière. À la lecture de ces pages, la langue de l’amour s’est transformée en une langue étrangement amère.

Illégitimes fait table rase, le silence n’est plus permis. Pour que les générations à venir puissent connaître l’histoire de leurs ancêtres, Nesrine Slaoui puise au fond d’elle, et utilise tout son courage, pour faire sortir son grand-père de son mutisme. 

 

 

Crédit photo : Kaoutar RH

 

« J’avais appris par cœur les règles du jeu, je croyais les maîtriser, et d’une certaine manière, je les maîtrisais, mais je n’avais pas compris que le jeu en lui-même était truqué » p22 – Illégitimes

 

La jeune femme confesse sa colère, et son ressentiment face au système. Elle met l’accent sur la culture dominante et les classes sociales. L’autrice met clairement des mots sur les maux, les non-dits refoulés sont exposés dans ce livre, dans ces pages. Chapitre après chapitre, les mots éclatent d’une rage qui soulage.

Elle partage avec nous son parcours, son fort désir de réussir et son envie de quitter sa banlieue. Nesrine Slaoui est déchirée entre plusieurs émotions, malgré le rêve de vouloir être à Paris, elle reste attachée à son milieu populaire.

Elle raconte son cheminement scolaire, et peint la dure réalité qu’elle a pu vivre « en tant que maghrébine » à Sciences Po : les paroles violentes de la part de ses camarades, les rumeurs, les critiques, les moqueries, les photos prises à son insu. On lui faisait savoir qu’elle n’était pas à sa place. Nesrine Slaoui a vécu un réel harcèlement scolaire. Pourquoi ? Car elle est un « bug dans la matrice »[1]

 

« Je rêvais de déchirer le filet pour me faire une place. Remonter à la surface de l’eau et crier notre existence. La France ne nous voyait pas. Nos visages d’Arabes n’étaient nulle part. Ni dans les journaux, ni dans les films, ni même dans les livres. Sauf pour nous dénigrer. Des voleurs, des menteurs, des délinquants et des terroristes. Nous étions de trop » p 43 – Illégitimes

 

Illégitimes est l’occasion également pour son autrice d’évoquer les violences policières, les contrôles de police injustifiés, le racisme et les discriminations. Elle dénonce l’utilisation du mot « beurette » et l’hypersexualisation des femmes nord-africaines.

Engagée, plus rien n’arrête la plume de Nesrine Slaoui : sa fureur contre l’injustice, et sa rage de réussir, on les sent, on les respire.

 

« Je voulais balancer ma réussite au visage de ceux qui n’avaient jamais cru en moi, je voulais qu’elle cingle comme une claque.» p159 – Illégitimes

 

Les mots de ce roman se confondent avec mes propres pensées. Autant, je me retrouvais dans certains passages, autant, je me sentais étrangère dans d’autres. Cependant, ce roman était une vraie « bouffée d’oxygène »[2] , un soulagement.

Illégitimes n’est pas un simple roman, mais un témoignage, un cri sincère qui vient du fond de l’âme et qui fend les cœurs. Une ode. Un puissant hommage.

Peu importe les barrières mises à l’entrée, osez changer les règles du jeu, brisez les codes…

C’était un livre touchant et j’aurais aimé lors de mon adolescence tomber sur un roman aussi sincère et simple, mais qui regorge de profondeur.

 

Crédit photo : Kaoutar RH

 

« Je tâcherai alors de jouir d’être à jamais illégitime » p193 – Illégitimes

 

Le podcast de Bookapax décrit Illégitimes comme « un titre qui claque pour un ouvrage qui tranche… Nesrine Slaoui s’empare du mot et en fait un étendard ».

[1] « je suis un bug dans la matrice » p175 de Illégitimes

[2] « une profonde bouffée d’oxygène » p190 de Illégitimes.

 

 

 

 Jou RH

Crédit photos à la Une : Kaoutar RH

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