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Victime de violences conjugales : nommer et agir.

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En regardant les images de victimes de violences conjugales choisies pour illustrer cette thématique dans les médias, vous n’en voyez que des visages tuméfiés, défigurés, balafrés…. Et si vous ne correspondez pas à ces images, vous vous dites peut-être : « je souffre, mais pas assez, pas autant que ces autres femmes, je ne suis donc pas totalement légitime à demander de l’aide et à en recevoir ».

 

Cette violence peut être invisible, cette violence peut être banalisée ou minimisée par votre entourage qui va vous expliquer que tous les maris sont jaloux ou peuvent s’emporter.
Cette violence pourra être romantisée ou normalisée, dans une société où l’amour passionnel est souvent présenté comme synonyme de disputes, de jalousie et d’effusion.

 

Si vous êtes un homme, ou si vous n’êtes pas dans un couple hétéro, vous ne vous sentez peut être même pas concerné.e par cette thématique.
Toutefois, si vous êtes en souffrance, en raison des agissements de votre partenaire, vous êtes probablement victime de violences conjugales. Qu’iel vous ai frappé ou non, que vous soyez un homme ou une femme, que ces comportements soient quotidiens, ou ponctuels, peu importe, vous êtes légitime à vous qualifier de « victime de violences conjugales ».

 

Voici 6 comportements parmi les plus fréquents mis en œuvre par un.e conjoint.e violent.e.

 

1. Une jalousie obsessionnelle

 
Votre partenaire ne cesse de vous traquer, de vous questionner, de vous harceler de questions par peur que vous le trompiez ? C’est une forme de violence.
Si iel exige que vous preniez des photos de l’endroit où vous êtes pour y « confirmer » votre présence, regarde à votre insu votre correspondance privée, vous fait le reproche d’être trop « sexy » et de chercher à dessein à attirer l’attention et le désir sur vous, vous reproche d’adresser la parole ou d’être en contact avec d’autres personnes, vous demande de mettre un terme à certaines amitiés, de ne plus côtoyer vos ancien.ne.s partenaires etc… Cela signifie qu’iel vous considère comme sa possession, ce qui n’a pas grand-chose à voir avec l’amour.
 

2. La culpabilisation et la punition par le silence (silent treatment and punishment)

 
Votre partenaire prend plaisir à vous punir pour votre comportement en vous ignorant pendant des heures, voire des jours. Si iel estime que vous avez fauté, iel vous punit : en vous interdisant de sortir, en vous rabaissant devant vos proches, en vous criant dessus, en cherchant à vous humilier. C’est une violence.
 

3. Le « détournement cognitif » ou gaslighting

 
Votre partenaire refuse de rendre des comptes pour son comportement, pire, vous en impute la responsabilité. Si iel a « pété un cable », ce serait de « votre faute », et dès que vous tentez de lui expliquer que ce qui s’est passé n’est pas normal, iel vous reproche votre sensiblerie, « c’est pas le monde des bisounours ici ». Ce serait donc vous qui auriez un problème à ne pas apprécier qu’iel crie car selon lui, iel ne fait que « parler fort ».
Pire, iel modifie la réalité, réinvente ses faits et gestes en sa faveur, nie farouchement l’existence de faits passés, au point de vous faire douter de vous, de vos souvenirs, de vos sensations et sentiments. c’est qu’iel tente de vous manipuler. C’est une violence.
 

4. Un climat anxiogène

 
Votre partenaire a instauré un climat de violence permanente, iel crie, iel hurle, vous avez toujours peur que tel ou tel événement déclenche chez lui/elle une colère soudaine. Cela lui arrive de casser des objets, de montrer le poing, de vous postillonner au visage, de vous laisser dormir par terre, ou nue. Certes, iel ne vous a pas encore tapé, cependant, iel a su vous montrer qu’iel était capable de le faire à tout instant.
A tel point que la nuit, vous pouvez avoir peur qu’iel vous tue.

 

5. Le chantage

 
Iel a des informations compromettantes à votre sujet (vous avez retiré votre voile, vous avez pris des drogues, vos pratiques sexuelles, des photos intimes…), et les utilise comme moyens pour vous empêcher de lae quitter.
Iel peut également vous menacer de faire du mal à vos proches, de vous prendre les enfants, si vous décidez de lae quitter définitivement.
Autre forme de chantage courante : il vous menace de se suicider si vous lae quitter et précise que vous aurez sa mort sur la conscience si vous partez.
 

6. Le refus de rendre des comptes

 
Votre partenaire vous parle parfois de son passé douloureux qui l’a conduit à agir de la sorte, et vous ne pouvez que compatir aux épreuves qui l’ont brisées par le passé. Cependant, si iel refuse de se faire aider ou pire, si iel fait semblant de l’être c’est qu’iel a fait le choix de continuer d’être violent. Il en va de même si iel vous répète souvent qu’iel va changer, qu’iel s’excuse, et que vous devez « tourner la page » sans rien mettre en œuvre pour changer effectivement de comportement.
 

Comment vous sentez-vous ? Si vous êtes angoissé.e à l’idée de rentrer à la maison, si vous rêvez de partir, mais que vous vous êtes terrorisé.e à l’idée qu’iel se venge d’une manière ou d’une autre sur vous. Si vous tremblez de peur à l’idée de lae quitter, ce n’est pas normal : vous êtes dans une relation toxique et victime de violences conjugales.

 

Comment agir pendant les violences ?

 
Lorsque vous êtes pris.e dans le tourbillon des violences, il n’est guère aisé d’avoir les idées claires pour agir et anticiper l’action judiciaire.
A ce stade, et tant que vous n’êtes pas encore prêt.e à partir, vous pouvez collecter des preuves qui pourront vous être utiles dans vos démarches futures.

  • –   Si cela vous est possible, filmez-lae ou enregistrez-lae à son insu lors d’une de ses crises de colère.
  • –   Débriefez par message chaque épisode de violence : envoyez-lui un message un le lendemain pour lui rappeler ce qu’il s’est passé, et pourquoi ce n’est pas normal.
  • –   Parlez-en à une personne, si possible par message, qui pourra témoigner des violences que vous subissez. Si vous n’avez pas envie de parler de votre situation avec des proches ou que vous n’êtes pas prêt·e, il existe des numéros de téléphone utiles.
  • –   Si vous n’êtes pas encore prête à porter plainte, par peur des représailles, vous pouvez également déposer des mains courantes.
  • –   Laissez un sac de vêtement chez un.e proche, qui sera au courant de la situation, et qui pourra vous accueillir à toute heure du jour ou de la nuit.

 

Connaître ce qui est illégal avant de porter plainte

 
Pour commencer, sachez que vous êtes en droit de porter plainte auprès de n’importe quel commissariat, et que les policier.e.s n’ont – en théorie – pas le droit de refuser de prendre vos plaintes.
En pratique, c’est une toute autre histoire, et vous avez de grands risques de devoir affronter des policier.e.s qui vous dissuaderont de porter plainte en vous expliquant que le comportement de votre conjoint n’est pas interdit par la loi, que vous ne pouvez pas porter plainte dans ce commissariat pour des raisons de domiciliation ou que vous feriez mieux de déposer une main courante. Tenez bon, et si possible, venez accompagné.e, c’est votre droit (art. 10-4 et 10-2 CPP)
A ce sujet, vous pouvez également demander à être soumis à un examen médical, et à vous voir remettre les conclusions de cet examen.
 
Si votre conjoint.e consulte, supprime, modifie vos mails et messages sans votre accord, c’est un délit sanctionné aux articles 323-1 et suivant du code pénal.
 
Si votre conjoint.e a révélé des informations concernant votre intimité, votre sexualité, ou pire, a diffusé des images dénudées de vous, une sex tape, vous a enregistré à votre insu ou vous géolocalise en permanence, c’est un délit sanctionné à l’article 226-1 et 226-2-1 du code pénal.
 
Si votre conjoint.e, a un tel comportement toxique comme nous l’avons décrit plus haut, au point que cela affecte votre santé mentale : vous êtes dans un état de peur et d’hypervigilance permanente, alors vous êtes victime de « harcèlement » au sens de la loi. Vous pouvez donc faire constater la dégradation de votre santé auprès d’un psychiatre, condition nécessaire pour porter plainte sur ce fondement : article 222-33-2-1 du code pénal.
 
Si votre conjoint.e vous a poussé au désespoir de par son harcèlement au point que vous ayez tenté de vous suicider : article 222-33-2-1 du code pénal.
 
Si votre conjoint vous a volé des biens, de l’argent, il est fort probable que les policier.e.s vous explique que ces vols ne peuvent donner lieu à des poursuites. Sachez que ce principe connaît de nombreuses limites, notamment si vous étiez séparé.e.s au moment des vols, ou si ces vols portent sur des documents indispensables à la vie quotidienne de la victime, tels que des documents d’identité, relatifs au titre de séjour ou de résidence d’un étranger, ou des moyens de paiement ou de télécommunication : article 311-12 du code pénal.
 
Si votre ex conjoint.e s’est introduit chez vous sans votre accord, notamment en usant de la violence ou des menaces : art. 226-4 code pénal.
 

Les dispositions judiciaires qui peuvent vous protéger

 

Attribution à la victime de violences conjugales d’un droit de jouissance sur le logement commun

 
Depuis la loi du 30 juillet 2020 lae juge aux affaires familiales (JAF) peut attribuer la jouissance du logement conjugal, (sauf circonstances particulières), au conjoint.e qui n’est pas l’auteur.e des violences, et ce même s’il a bénéficié d’un hébergement d’urgence (C. civ., art.  515-11, 3°). La solution est identique s’agissant du logement commun de partenaires lié.es par un PACS ou de concubin.es (C. civ., art.  515-11).
 

Ordonnance de protection

 
Il vous est également possible de demander une ordonnance de protection auprès du JAF en formulant cette requête via ce formulaire, accompagnée de toutes les preuves que vous avez en votre possession afin que votre conjoint.e reçoive l’ordre de ne plus vous approcher, vous, ou vos enfants.
Lae juge pourra désormais demander la mise en place d’un bracelet électronique ou vous donner un « téléphone grand danger » vous permettant d’alerter au plus vite les services de police si votre bourreau menace votre vie.
 
Bien sûr, nous savons que réussir à quitter son bourreau est des plus difficile, car il/elle a tout mis en œuvre pour vous garder captive/captif : chantage, menaces de révéler des informations sur vous, vos proches, de se suicider ou de vous prendre vos enfants, isolement, travail minutieux pour détruire votre confiance en vous, sont autant de stratégies mises en œuvre pour vous empêcher de partir. Ce n’est pas de votre faute, vous n’êtes pas responsable et vous ne méritez pas les violences que vous subissez.
 
En moyenne, une femme effectue 7 tentatives avant de réussir à quitter définitivement son conjoint violent.
 
Ne considérez jamais qu’une tentative ratée est un échec, c’est au contraire une étape importante vers une future libération.
 
Enfin, nous rappelons que la moitié des féminicides interviennent pendant l’annonce d’une rupture, en conséquent, nous vous recommandons de procéder à votre départ – si possible – en l’absence de votre conjoint.e violent.e.
 
Vous avez tout notre soutien, et notre amour. Nous vous croyons, et nous vous soutenons.
 

Crédit photo à la une : @Shirin Neshat

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Communiqués

[Communiqué] #PasToucheAMonHijab et #HandsOffMyHijab : Les femmes musulmanes se mobilisent !

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Suite au vote de la loi « séparatisme », adoptée au Sénat le lundi 12 avril, qui y a ajouté plusieurs amendements liberticides, et à l’actualité vraiment anxiogène de ces dernières semaines, nous avons décidé chez Lallab de nous organiser et lancer une mobilisation en ligne !

Vous avez certainement entendu parler des puissants mouvements #HandsOffMyHijab ou #PasToucheAMonHijab sur les réseaux sociaux, surtout Instagram, Twitter ou Tiktok, portés par des femmes musulmanes aux Etats-Unis, comme Ibtihaj Muhammad, escrimeuse médaillée olympique, la mannequin Rawdah Mohamed ou encore les journalistes Amani Al Khatahtbeh et Noor Tagouri et aussi en France via Les Hijabeuses et la mobilisation de 4 femmes strasbourgeoises Mona, Duygu, Imane et Amel qui ont crée le hashtag français #PasToucheAMonHijab.

Retrouvez leur communiqué ici.

Chez Lallab, nous avons souhaité continuer cette chaîne de résistance et aller plus loin en recensant via un questionnaire les besoins des femmes musulmanes, engagées ou non chez Lallab !

Ta mission si tu l’acceptes est donc de suivre les 3 étapes ci-dessous :

ÉTAPE 1 :

Prends-toi en photo avec le hashtag : #PasToucheAMonHijab ou #HandsOffMyHijab
– Le texte doit être écrit en noir sur la paume de la main en respectant les majuscules
– Tu peux te cacher le visage ou placer la main en face du visage si tu le souhaites,
– Prends toi en photo au format portrait (vertical),
– Publier la photo sur un de tes réseaux sociaux en taguant Lallab (@assolallab sur Instagram ou Twitter et @lallab sur Facebook) pour que l’on puisse partager et aussi sur le compte @pastoucheamonhijab !

!

ÉTAPE 2 :

Nous avons lancé un questionnaire en ligne afin de recenser collectivement les besoins et les préoccupations des femmes musulmanes qui nous soutiennent et qui veulent nous accompagner dans cette lutte pour la défense de nos droits.
Remplis ce questionnaire en quelques minutes, et partage ainsi avec nous tes besoins et tes préoccupations !

ÉTAPE 3 :

Nomine 2 femmes musulmanes de ton entourage pour faire le challenge photo et répondre au questionnaire !

Alors, prête à te mobiliser et à faire entendre ta voix contre les injustices que nous subissons ?
Nous comptons sur toi ! Yallah GOOO !

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(Dé)construction Nos Voix

Pourquoi j’ai refusé de me rendre sur un grand nombre de plateaux télé ?

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Cette semaine, de nombreuses militantes musulmanes françaises voilées ont été contactées par une horde de journalistes de tous bords.
Pour ma part, j’ai répondu par la négative à presque l’ensemble des demandes qui m’ont été adressées.
Depuis quelques jours, je reçois grand nombre de messages de personnes m’expliquant qu’il est de mon devoir de m’exprimer, de représenter les femmes musulmanes qui, quotidiennement, se font agresser, violenter et insulter.
J’aimerais donc prendre quelques minutes pour revenir sur deux, trois réalités.

 

Où sont les médias lorsque nous, femmes musulmanes, souhaitons proposer des sujets qui permettraient de faire évoluer réellement la compréhension de nos vécus et réalités et par la même de favoriser un contexte plus apaisé ?

 
Pour rappel, j’ai été présidente de l’association Lallab durant presque 3 ans et le constat est simple : lorsque nous organisions des événements afin de faire entendre les voix plurielles des femmes musulmanes, peu, voire pas, de médias se mobilisaient pour venir couvrir ces événements
Soyez conscient.e que nous n’avons aucune volonté de jouer la carte de l’agenda politique et médiatique !
Alors, très cher.e.s journalistes, si vous souhaitez réellement donner la parole aux femmes musulmanes, un conseil : invitez-les hors cadre des polémiques afin de favoriser un échange non sensationnel et non passionnel
 

Les sujets proposés : serez-vous en capacité un jour de nous proposer des sujets non biaisés et non orientés ? Peut-être auriez-vous plus de succès !

 
Allez, juste pour rire, je vous partage quelques sujets sur lesquels j’ai été invitée à m’exprimer ces derniers jours :
 
« Pourquoi les femmes portent-elles le voile ? » Journal La Croix
 
Sérieusement ? La Croix, je pense que le sujet aurait plutôt dû être : Pourquoi dans un pays où le cadre juridique et légal assure une liberté de culte, certain.e.s persistent à ne pas le respecter ? Comprenez ainsi que ce n’est pas aux femmes musulmanes de se justifier !
 
« L’affaire du voile » France Culture
 
Faire du choix de porter le voile une «affaire», c’est déjà nier que les femmes qui le portent sont dans leur plein droit. En centrant votre titre sur l’islamophobie ambiante et grandissante, vous auriez sans doute eu plus de succès !
 
Même pas la peine de préciser de sujets : le manque de respect jusqu’au bout ! « Nous aimerions recevoir Mme Trabelsi sur notre plateau demain à 10h » C-News
 
Je vous retranscris ici ma réponse à leur email :
Bonjour,
J’aimerais commencer en vous répondant : MAIS QUEL CULOT !!!
Très sincèrement, si vos choix éditoriaux avaient été autres, j’aurais apprécié me joindre à vous pour répondre à vos questions. Cependant, au vu de vos positionnements récents et de vos choix de programmation, je me vois dans l’obligation de refuser, d’une part par principe et d’autre part car donner de mon temps à ceux et celles qui favorisent l’islamophobie au sein de notre pays n’est nullement dans mes priorités du moment.
Soyez bien conscient.e.s que vous contribuez à alimenter une psychose générale qui favorisent la haine et la violence quotidiennement !
Le seul conseil que je pourrais vous apporter est le suivant : les fois prochaines, avant de souhaiter inviter des femmes voilées sur vos plateaux, merci de faire en sorte que le cadre de votre chaîne et les personnes qui la représentent soient bienveillantes, sinon soyez sûr.e.s de rester dans votre entre-soi islamophobe !
 
« Est-ce que toutes ces polémiques ne cachent pas un racisme de la société ? » Sud Radio
 
Un bravo tout spécial à Sud Radio qui semble enfin toucher quelque chose du doigt… Avez-vous sérieusement besoin d’une femme voilée pour répondre à cette question ? Sincèrement, à ce niveau, le racisme n’est plus réellement caché !
 
Je pourrai continuer pendant un petit moment mais je m’arrêterai là sur les invitations et les sujets proposés ! J’invite les femmes musulmanes contactées à compléter cette liste non-exhaustive.
 

Nous n’avons pas tou.te.s les mêmes privilèges face aux médias

Et oui, ce n’est plus un secret ! Vous l’aurez compris, lorsque l’on est une femme musulmane et qui plus est voilée, s’exprimer publiquement c’est :
– Prendre le risque de s’exposer à du cyberharcèlement
– Voir ses propos totalement déformés, instrumentalisés (et du coup s’attendre à avoir une vingtaaine d’articles accolant son nom et prénom à des mots super agréables tels que : terroriste, islamiste, islam politique, radicalisation, voilement des petites filles et j’en passe…)
– Se mettre en danger socialement (perte d’emploi, convocations et j’en passe) et physiquement (oui oui, les personnes t’interpellent OKLM dans la rue pour t’insulter ou débattre avec toi d’un sujet
– Perdre de son temps et de son énergie. Tu reçois un mail ou sms pour t’indiquer que tu es invitée à venir t’exprimer le lendemain ou le jour même sur un plateau (à des heures improbables, genre 7h du mat’ ou 22h) mais que tu ne dois pas t’attendre à être payée malgré l’audimat que tu vas générer.
 
Pareil, je m’arrêterai là. Mais il y aurait beaucoup beaucoup beaucoup d’autres points à relayer !
 

Le cadre du débat : Pensez-vous sincèrement que c’est à travers des échanges manichéens et sur format de dualité que les mentalités pourront évoluer ?

 
Le format est bien souvent le même ! 20 minutes d’antenne avec en moyenne 7 minutes par intervenant.e.
Des face à face avec deux visions du monde et de la société littéralement opposées où l’objet n’est nullement de proposer un débat raisonné mais davantage des débats passionnés où l’émotionnel finira toujours par l’emporter.
Clairement, il n’y a rien à y gagner ! Cela ne fera nullement avancer notre société déjà bien trop enragée. Le seul risque est d’y voir sa santé mentale dégradée car le format n’est absolument pas adapté et n’est pas pensé dans l’optique de créer plus de respect envers les musulman.e.s vivant dans cette société.
 
Vous l’aurez compris, si j’ai fait le choix de décliner l’invitation pour un grand nombre d’interventions plateaux, c’est avant tout car j’estime que la temporalité imposée n’est en rien celle qui nous sera profitable. Je refuse tout bonnement de jouer le jeu des médias et politiques, c’est aussi car j’estime que le cœur du problème est bien ailleurs.
Je ne viendrai pas alimenter et commenter des propos qui devraient tout bonnement être juridiquement condamnés pour éviter que la libération de la parole raciste et islamophobe continue à se propager, non pas par moi donc, mais par une super chose qui s’appelle la justice. Coucou Éric Zemour , coucou Jean-Michel Blanquer coucou Yves Threard.
 
Bref, cette semaine je n’étais pas sur les plateaux car donner de mon temps à ceux et celles qui favorisent l’islamophobie au quotidien au sein de notre pays n’est nullement dans mes priorités du moment. Journalistes, politiques, cessez de jouer aux pompiers en voulant éteindre le feu quand le reste de l’année vous relayez des informations qui contribuent à l’alimenter.
 
J’ai bien mieux à faire : j’utilise mon temps pour produire et créer des ressources et contenus qui je l’espère contribueront à plus d’équité, de justice et d’égalité !
 
PS destiné à l’ensemble des médias : la fois prochaine lorsque l’on vous sollicitera pour vous présenter des projets, n’oubliez pas d’accepter d’être nos relais.
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(Dé)construction

Voyage en terre inconnue : la salle des prof’

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Durant vos années collège-lycée, vous êtes-vous également demandé.e.s ce qui pouvait bien se passer derrière la porte de la « salle des professeur.e.s » ? Estampillée d’un panneau – enfin d’une feuille A4 plastifiée (on parle bien de l’Education Nationale ici, une feuille plastifiée c’est déjà du luxe) – sur lequel les professeur.e.s avaient tapé sur le logiciel WORD, en caractères gras et police taille 48 « INTERDIT AUX ÉLÈVES ».
La première fois que j’ai franchi cette porte en tant que professeure stagiaire, c’est ce que je me suis dit : I MADE IT ! J’avais donc finalement ouvert la porte de ce monde mystérieux et enfin je rejoignais les rangs des « prof’ ».

 

 

La salle des professeur.e.s : cet endroit emblématique et stratégique dans la journée d’un.e professeur.e, cet endroit censé être un refuge, un lieu d’échange entre les professeur.e.s, un lieu où ils et elles sont sûr.e.s de ne trouver ni élève, ni membre de la Direction. C’est le seul moment où ils.elles peuvent se retrouver seul.e.s, « entre soi ».

L’ « entre soi », parlons-en. Dans mon établissement par exemple, nous ne sommes qu’une poignée de professeur.e.s racisé.e.s. Mes collègues sont en grande majorité des personnes blanches, issues de la classe moyenne. Le métier est très féminisé. La salle des prof’ est devenue un lieu de soutien et d’entraide dans lequel j’ai beaucoup appris. Dans ce lieu, j’ai également bénéficié de nombreux conseils de la part de mes collègues. Mais paradoxalement, j’y ai subi énormément de violences.

Il est important de le préciser : je suis jeune, je suis une femme, je suis française d’origine maghrébine et musulmane (moyennement pratiquante). On m’a donc classée « bonne arabe ». Depuis que j’en ai pris conscience, c’est une violence de plus que je vis.

Sans plus attendre, je vous livre ici les perles racistes entendues en salle des professeur.es.

Passeras-tu le test ?

Suis-je une bonne ou mauvaise Arabe ? Les collègues ont très vite trouvé une façon de répondre à cette question.

Test 1 : MANGES-TU DE LA VIANDE HALAL ?

Après plusieurs semaines d’observation intensive de mon assiette à la cantine. Oui, je te vois lorgner sur mon assiette jour après jour…

Lui.elle : « Dis-moi j’ai remarqué que tu ne mangeais jamais de viande… »

Moi : « Oui, je suis végétarienne. »

Lui.elle : « Ah bon ? t’es végétarienne…TOI ? »

Résultat du test : non concluant. Les Maghrébin.e.s ne peuvent pas être végétarien.ne.s.

Test 2 : FAIS-TU LE RAMADAN ?

Venant de personnes avec qui je n’ai pas l’habitude de manger à la cantine. Question posée tous les jours de la semaine :

Lui.elle : « Tu viens manger à la cantine avec nous ? »

Moi : « Non, allez-y sans moi. »

Résultat du test : non concluant. Elle ne l’avouera pas d’elle-même. Il faudra donc envoyer quelqu’un.e pour lui demander directement si elle fait le R

Test 3 : la tenue vestimentaire

Lorsque je porte une jupe.

Lui.elle 1 (en s’adressant à moi) : « C’est bien, je vois que tu mets des mini-jupes. Ça te va bien. »

Lui.elle 2 : « Oui, il y a des quartiers où on ne peut pas se promener en jupe. »

Lui.elle 1: « Oui, mais elle met des mini-jupes souvent elle, je l’ai bien vu. C’est bien ! »

Résultat du test : concluant. C’est une bonne Arabe, libérée. Elle ose braver son quartier en mettant des jupes. Aucun témoignage de la principale concernée n’aura été nécessaire pour arriver à ces conclusions.

De façon générale, les résultats de ces tests étaient toujours peu concluants. D’une part parce qu’ils étaient tellement grotesques que je les voyais arriver de très loin, je me faisais donc un malin plaisir à brouiller les pistes. Mais surtout parce qu’ils reposaient sur un tas de clichés.

La place des clichés

En tant que minorité racisée au sein de la majorité blanche des professeur.es, j’ai aussi pu être témoin de nombreuses perles racistes. Ces perles ont pu tout aussi bien concerner les élèves racisé.e.s que moi-même.

Les Maghrébin.e.s et le bled

A l’approche des vacances scolaires, alors que nous déjeunions à la cantine, chacun.e s’est mis.e à raconter ce qu’il.elle avait prévu pour occuper ses vacances.

Lui.elle : « Et qu’est-ce que tu fais de beau pendant les vacances ? »

Moi : « Je suis super contente je vais en Jordanie ! »

Lui.elle : « Ah tu vas au bled ? »

Moi : « Non, pas du tout ! »

Lui.elle : « … »

Lui.elle « … »

Parce que les Maghrébin.e.s ne partent jamais en vacances. Ils.elles ne vont qu’au bled.

Deuxième scénario « type » :

Lui.elle 1 : « Les élèves n’ont aucune culture littéraire ! C’est désolant !»

Lui.elle 2 : « Moi j’essaie de parler d’art à mes enfants, de les cultiver. Surtout à table quand on est tous ensemble. »

Lui.elle 1 : « Bah en même temps les élèves, chez eux, à table, ils ne parlent que du bled ! »

 

Les maghrébins et Aljazeera

Pendant la correction de l’épreuve du Baccalauréat.

Lui.elle : « Les résultats des STMG au bac sont catastrophiques. Ils n’ont vraiment aucune culture ! »

Moi : « Je ne pense pas que ça ait grand-chose à voir, ils sont à mon avis un peu plus scolaire, ils.elles ont besoin de voir du vocabulaire en classe et comme c’était un document inconnu… »

Lui.elle : « Oui mais justement c’est ce que je dis ils n’ont pas culture.  De toute façon, ils ne regardent que Aljazeera, ils ne risquent pas de progresser. »

Les familles maghrébines et le féminisme

Discussion autour d’un café sur le sujet du féminisme.

Lui.elle : « Oui, moi je ne me suis jamais posé la question du féminisme jusqu’à maintenant. Je m’y intéresse que depuis très récemment. »

Moi : « Moi, ça fait quand même depuis très longtemps. Dans mon adolescence je me suis très vite identifiée comme féministe. »

Lui.elle : « Oui je comprends, après c’est vrai que quand le sexisme vient de la famille… »

Moi : « Euh non… Justement ma mère est féministe. »

Lorsque l’on est maghrébine et féministe, notre cheminement ne peut commencer qu’en réaction à nos pères et frères soi-disant autoritaires. Non Jaqueline, merci mais j’ai un cerveau. J’ai surtout une maman féministe formidable qui très tôt, m’a transmis ses valeurs et ses combats que tu as eu si longtemps le privilège d’ignorer.

Les enfants d’immigré.e.s et la langue française

En discutant au sujet d’une élève :

Moi : « Oui, elle a des difficultés de rédaction. »

Lui.elle : « Après c’est normal qu’elle ne sache pas parler français, ils ne parlent pas français à la maison ! »

Cette phrase, je l’ai entendue des dizaines de fois. Avoir deux langues maternelles c’est ce qu’on appelle être bilingue. Enfin ça dépend. Pour mes collègues, j’ai l’impression qu’être bilingue c’est lorsque tes parents t’apprennent des langue « stylées » type anglais, allemand ou russe. Pour d’autres langues en revanche, on ne les assimile pas au bilinguisme mais plutôt au refus de s’intégrer. Elles auraient un effet à la fois magique et incroyable : elles empêcheraient l’enfant de parler un français correct. Un.e bilingue darjia-français ou wolof-français, ça n’existe pas.

La terreur

Alerte générale : Un petit mot écrit en arabe a été trouvé sur le sol. Est-ce un verset du Coran ? Un complot ? Ce n’est certainement pas un mot d’amour. Sait-on qui en est l’auteur.e ?

C’est dans cet état de crise maximale que je trouve mes collègues lorsque je rentre en salle des prof’.

Puis, à ma grande surprise, on me tend le mot : « Tiens, tu peux nous le lire ?

Moi « Bah…non, je ne lis pas et ne parle pas l’arabe.»

Cela ne leur viendrait jamais à l’esprit que le mot ait pu être écrit par un.e non-Maghrébin.e. Ni même que moi, en tant que Française d’origine maghrébine, je ne puisse pas leur déchiffrer ce mot. Dans leur esprit, tout est catégorisé et rangé soigneusement dans des boîtes. Ces catégories, ils.elles sont les seul.es à pouvoir les définir.

Une après-midi, une de mes collègues est entrée en salle des prof très inquiète. En effet, un élève avait passé une partie de son cours à marmonner dans sa barbe. Ma collègue en était persuadée : l’élève en question était surement en train de prier…Il fallait absolument faire un signalement. Cet élève que je connaissais passait surtout le plus clair de son temps… à rapper. Même en classe. Je l’avais d’ailleurs plusieurs fois rappelé à l’ordre. Et il m’avait assuré que parfois c’était plus fort que lui…il ne se rendait même plus compte qu’il le faisait en classe.

Les noms de code

Les noms de codes sont, pour certains professeur.e.s, une façon de faire des sous-entendus classistes et racistes, sans utiliser les mots qui fâchent. Il faut toujours garder en tête que les antisémites, les homophobes et les sexistes sont les élèves racisé.e.s. Aussi, telle une pierre de Rosette, je suis là pour vous aider à décrypter tout cela.

Les STMG

Les classes de STMG sont pour les professeur.e.s une véritable obsession. Ils.elles en parlent à longueur de journée pour s’en plaindre ou pour se féliciter de les avoir domptées pendant quelques minutes. En vérité «  STMG » est un nom de code pour «  Noir.e.s et Arabes ». Visuellement d’ailleurs, ça ne trompe pas. Je suis toujours choquée de constater le manque de mixité dans les différentes filières. Lorsque je fais cours devant des STMG, je me retrouve devant des élèves noir.e.s, arabes et portuguais.e.s. Mes classes de filière scientifique sont à majorité blanches.

Les élèves n’ont pas les codes

Un des grands reproches que mes collègues font aux élèves racisé.e.s et issu.e.s des classes défavorisées est de ne pas avoir les « codes ». Pendant longtemps, j’ai cherché ces foutus codes que les élèves auraient perdus. De quoi parle-t-on ? Un code… des codes ? Quels codes ? Ce qu’ils devraient dire, c’est plutôt que les élèves n’ont pas les « bons » codes. C’est-à-dire leurs codes. Ils.elles aimeraient donc que d’une baguette magique, les élèves se rendent enfin compte que tous les codes liés à leur classe sociale, leur origine et/ou leur jeune âge sont méprisables et donc à abandonner au plus vite. Ces personnes n’ont manifestement jamais entendu parlé du switching code (l’alternance codique) qu’elles méprisent car ne comprennent pas. Il s’agit en réalité d’une véritable force pour ces élèves, qui leur permet de comprendre et de pouvoir évoluer dans pleins de mondes différents.

Tu sais, le grand black là…

Dans la salle des professeur.e.s, il y a une façon bien particulière de parler des garçons racisés.

Les jeunes garçons noirs par exemple, sont toujours décris comme étant « grands » et « blacks ». Sachons-le donc, tous les élèves noirs sont grands…très grands. C’est d’ailleurs la seule caractéristique qui pourrait les décrire.

La laïcité AKA l’éponge magique

La laïcité à l’école… ce sujet tant débattu et si cher aux yeux de mes collègues.

Du moins, c’est ce que je pensais. Ma surprise fut totale le jour où une de mes collègues a proposé avec aplomb l’intégration de « la lutte contre l’islamisation des élèves » au projet d’établissement de l’année suivante.

Même surprise lorsque plusieurs collègues en pleine soirée parents-professeur.e.s se sont insurgés et ont exigé du proviseur qu’il ne laisse pas les mamans voilées entrer dans l’établissement.

Ces deux fois, mes collègues se sont vus refuser leur demande car elles allaient à l’encontre de la laïcité.

Pour certain.e.s professeur.e.s, la laïcité est définitivement devenue un moyen d’exclusion et un outil d’oppression contre ces populations.

Les mêmes personnes qui s’insurgent de voir une élève entrer dans l’établissement avec une jupe trop longue, n’auront aucun scrupule à policer la pratique religieuse des élèves musulman.e.s : « Mais, ce n’est pas écrit dans le coran qu’il faut jeûner pendant le bac. Ma voisine ne jeûne plus maintenant qu’elle est en France. »

Toutes ces expériences douloureuses, sont surtout la preuve qu’il est urgent de briser l’ « entre soi ». Les professeur.e.s enseignent à une diversité d’élèves. Les adultes de l’Education Nationale participent à la construction et à l’éducation des enfants. Tous ces clichés racistes et sexistes qu’ils peuvent donc projeter sur eux ont des effets dévastateurs à long terme. Les jeunes adultes que nous devenons après avoir évolué dans ce contexte violent, intègrent ce racisme et mettent des années à s’en défaire. Ces comportements ont des conséquences directes sur la vie des jeunes. Il ne s’inscrivent pas dans une mission éducatrice mais plutôt dans la volonté de développer une « mission civilisatrice » d’enfants qui sont déjà citoyen.ne.s français.e.s.  Il faut plus d’enseignant.e.s racisé.e.s et/ou déconstruit.e.s dans l’Education Nationale. Il faut également ouvrir le dialogue sur ces questions dans les salles des professeur.e.s, car l’éducation est un moyen de se construire. Aucune construction sereine n’est possible dans une telle atmosphère de violence.

 

 

Crédit photo Image à la Une : Zohra Khaldoun

 

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Communiqués

[Communiqué] Lallab s’élève contre l’amendement voté au Sénat contre le port du voile des mères lors des sorties scolaires

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COMMUNIQUÉ

 

Le 15 mai 2019, un amendement proposé par Les Républicains qui interdirait aux mères portant un voile d’accompagner leurs enfants lors de sorties scolaires a été voté, dans le cadre du projet de loi sur « l’école de la confiance ». Alors que cet amendement est censé concerner tous les signes religieux dits « ostensibles » – Les Républicains ont exposé leur obsession islamophobe en ciblant explicitement le port du voile dans leur communiqué. Il s’agit encore une fois d’une nouvelle atteinte à la liberté et à la dignité de nos concitoyennes qui portent le voile.

 

 

Les femmes musulmanes qui portent le voile voient en permanence leurs droits constitutionnels être bafoués, qui plus est dans un pays qui se positionne constamment en exemple pour le respect des droits humains. Encore une fois ce sont nos mères, nos soeurs, nos collègues, nos amies qui sont visées par cette dangereuse tentative de déshumanisation et de suppression. Interdire le port du voile aux mères accompagnatrices, c’est associer les femmes voilées au danger, et apprendre à nos enfants la peur, et le rejet d’une partie de la population. Pire, l’État promeut clairement une ségrégation entre parents “acceptables”, et parents musulman.e.s. Si cet amendement est voté, il engendrera également des traumatismes pour les enfants qui verront leur mères être exclues.

 
Quelle(s) place(s) alors laisse-t-on à ces mères dans le parcours scolaire de leurs enfants ? Seront-elles ensuite interdites de participer aux kermesses, aux réunions parents-professeur.e.s, aux anniversaires ? Pourront-elles être élues comme représentantes des parents d’élèves ? Seront-elles prohibées d’accompagner leurs enfants jusqu’au sein de l’école ? En maternelle, les enfants sont trop petits pour aller seul.e.s en classe et c’est donc leurs parents, et souvent leurs mamans, qui les y accompagnent ; devront-elles les laisser désormais sur le pas de la porte là où les autres parents peuvent assurer la sécurité de leurs enfants jusqu’en classe ?
 
Accompagner des enfants en sortie scolaire est un travail bénévole que les mamans offrent à la communauté.
C’est grâce à leur dévouement que vos enfants peuvent sortir toutes les semaines à la piscine, au gymnase ou dans des lieux d’activités culturels, sportifs et artistiques. De nombreux professeurs eux-mêmes expliquent que c’est déjà un combat quotidien pour trouver des parents accompagnateurs, et que cet amendement ne ferait que compliquer encore plus leur travail.
Si ces mamans sont interdites de sorties scolaires, les enfants seront inévitablement privé.e.s de sorties, et c’est dans les quartiers où il y a le plus de mamans voilées que ces conséquences se feront ressentir. Pour les enfants, la sanction est double. Privé.e.s de mamans et privé.e.s de sorties.
 
En agissant ainsi, les élites politiques françaises prouvent une fois de plus au monde entier qu’iels cherchent à empêcher les personnes musulmanes d’exister dans l’espace public, en s’appuyant sur des instincts misogynes qui justifieraient la régulation de l’apparence extérieure des femmes. Cette énième expansion de la portée de la loi 2004 pour cibler une pratique religieuse minoritaire et inoffensive révèle les intentions funestes de pseudo-sophistes pour qui le harcèlement politique des femmes musulmanes n’est qu’une stratégie de plus pour rallier une opinion publique lassée par leur incapacité à confronter les vrais problèmes en France. Encore une fois, les femmes musulmanes voilées sont prises en otage par des institutions politiques desquelles elles sont de facto exclues.
 
Nous ne sommes pas dupes : resserrer l’étau législatif autour des choix vestimentaires des femmes musulmanes traduit indéniablement l’islamophobie et la misogynie du parti Les Républicains, mais aussi de celleux resté.es silencieu.xes face à ce nouvel affront pour la liberté de nos sœurs. Que cette transgression n’ait pas suscité plus d’émoi chez nos élites politiques atteste de la banalisation de l’islamophobie misogyne à laquelle les femmes musulmanes font face depuis des années en France. N’ayons pas peur des mots, cette guerre contre le voile stigmatise, réprime, repousse nos mères, divise notre société et, en fin de compte, est une menace à la laïcité et au vivre-ensemble.
 

Lallab ne restera pas silencieuse

 
Nous refusons d’être les boucs émissaires ou les complices silencieu.ses d’une machine qui ostracise constamment les femmes qui portent le voile. Nous ne laisserons personne empiéter sur leur dignité et sur celles de leurs enfants. Nous ne laisserons personne les exclure d’activités et de moments qu’elles souhaitent légitimement partager avec leurs enfants. Voilées, non voilées, musulman.es ou pas, parent.es ou pas, nous devrions toutes et tous être outré.es par cette énième intrusion liberticide et discriminatoire de l’État.

 

Aujourd’hui, nous appelons nos élu.es à s’élever contre cette proposition anticonstitutionnelle, contre l’ingérence de l’État dans les choix vestimentaires des femmes ; pour le droit de toutes les mères à êtres présentes dans la vie scolaire de leurs enfants ; et contre la rhétorique islamophobe qui empoisonne nos débats publics.

 

État actuel de la législation

 

Si elle est adoptée, cette loi serait contraire à l’Etat de droit et au principe de proportionnalité des lois qui prévoit qu’une loi ne peut être adoptée que si ses mesures sont proportionnées au regard de la gravité et du danger à l’ordre public visé par ces mesures. En outre, l’invocation de la laïcité comme prétexte à cet amendement n’est pas légitime – comme l’explique sur Twitter le Rapporteur général de l’Observatoire de la Laïcité Nicolas Cadène – s’il ne cible qu’une seule conviction, comme c’est le cas ici.

Or, cette loi ne répond à aucun problème, si ce n’est celui d’assouvir encore une fois un délire islamophobe.

Il n’existe actuellement aucune norme nationale restreignant l’accompagnement des sorties scolaires. La loi de 2004 sur le port de signes religieux ostentatoires à l’école ne peut s’appliquer en aucun cas à des adultes qui ne sont ni élèves, ni salarié.es de l’Éducation nationale. Le Conseil d’État a rappelé en 2013 que les accompagnateur·ices de sorties scolaires, bénévoles, ne sont pas concerné.es par la législation sur la neutralité religieuse, sauf en cas de menace pour le “bon fonctionnement du service public de l’éducation”. Au-delà des fantasmes islamophobes, le port du voile dans un cadre scolaire par des parents volontaires ne représente pas une menace: son interdiction serait donc injustifiée.

 
Crédit photo à la une : Manifestation du collectif « sorties scolaires avec nous! » en novembre 2013, au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis.

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(Dé)construction

Top 10 des phrases sexistes et racistes que l’on peut entendre dans le milieu hospitalier

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Avant de travailler dans le milieu hospitalier, je m’attendais à trouver des personnes bienveillantes, ayant de l’empathie envers leurs collègues et leurs patient·e·s.  Certes, ces personnes existent, mais malheureusement, après des années à exercer dans plusieurs hôpitaux, j’ai dû me faire à l’idée qu’il s’agissait d’un milieu dur, sexiste et raciste. Je vous ai sélectionné quelques petites phrases bien charmantes ! Je les ai retranscrites telles quelles, sans déformation. Voici un top 10 des phrases que je peux entendre au quotidien, en tant que gynécologue.

 

  1. 1. « C’est une question de motivation et de culture. »

 

 

Cette phrase a été dite par un collègue à propos d’une patiente racisée, d’origine arabe, venant d’accoucher. Il se trouve que cette patiente souffrait d’obésité et d’hypertension artérielle. Il lui a été suggéré de faire du sport pour perdre du poids. J’ai alors fait remarquer qu’une mère de 3 enfants en bas âge, dont un bébé, a priori d’un niveau social modeste, n’a peut-être ni le temps ni les moyens de pratiquer une activité sportive. C’est donc la phrase qu’il m’a répondue, en soulignant que dans certains pays, ce n’est « pas dans leur culture » et que ces femmes  n’ont « pas la motivation nécessaire ». Tout en rajoutant qu’il ne voulait pas faire de généralisations. Car oui, c’est bien connu, il y a des cultures de paresseux·ses, où l’on est moins motivé·e·s pour prendre soin de sa santé (#ironie) ! Dire cela sans même prendre en compte tout le contexte socio-économique de ces personnes, c’est être complètement déconnecté·e de la réalité. Et encore une fois, nous, femmes racisées, sommes englobées dans un bloc unique, soumis à des clichés, et non simplement perçues comme des femmes venant d’accoucher, avec leurs problèmes et soucis comme n’importe quelle autres femme.

 

  1. 2. « Il y a une épidémie de grossesses. »

 

 

Vous ne le saviez pas ? La grossesse est une maladie contagieuse qui se transmet à toute vitesse ! Ce type de phrases est carrément rabaissant. Je ne comprends même pas comment ce mot a pu être utilisé dans ces circonstances. Mais le pire, c’est que la personne l’ayant prononcé ne se rend pas compte de sa gravité et des préjugés qu’il sous-entend. L’absence de réaction face à ces propos m’interroge aussi sur les personnes qui en ont été témoins.

 

 

  1. 3. « Regarde, c’est quelqu’un comme toi qui te soigne ! »

 


Une femme noire consulte aux urgences gynécologiques pour fausse couche, accompagnée par sa belle-mère, blanche. Elle est prise en charge par une interne noire. La belle-mère, voyant sa belle-fille pleurer, tente de la consoler en lui disant : « Regarde, c’est quelqu’un comme toi qui te soigne ». La belle-mère ne pensait probablement pas que sa phrase pouvait être raciste, mais l’interne ayant entendu cela fut réellement choquée. Qu’est-ce que cela veut dire « quelqu’un comme toi » ? Cette phrase est tellement remplie de préjugés. Et puis comme si, dans ces conditions de souffrance, la couleur de peau de la personne qui nous soigne avait une importance. Enfin, peut-être était-ce l’avis de la belle-mère…

 

 

  1. 4. « Elles sont toutes avec leurs trucs sur la tête, ça donne une mauvaise image de l’hôpital. »

 

 

Dans l’hôpital où je travaillais auparavant, il y avait 3 internes voilées et moi-même, gynécologue. Autant vous dire qu’on ne passait pas inaperçues. Nous avions à l’époque la possibilité de porter un bonnet ou un turban. Une sage-femme s’est donc plainte à d’autres membres du personnel du service : selon elle, on aurait déjà dû me l’interdire avant que n’arrivent les internes, car « maintenant que nous sommes nombreuses, nous donnons une mauvaise image de l’hôpital à cause de notre voile ». Ça me fait penser à cette phrase : « Quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a beaucoup que ça crée des problèmes ». Bien sûr, aujourd’hui les mesures sont devenues tellement strictes qu’aucun couvre-chef n’est toléré. Ou comment empêcher la visibilité des femmes voilées dans le milieu hospitalier.

 

 

  1. 5. « Il faut arrêter de recruter des femmes, elles ne font que pondre ! »

 

 

Malheureusement, je n’ai pas entendu cette phrase qu’une seule fois, et étonnamment, elle n’a pas été prononcée uniquement par des hommes. Comme si recruter une femme, aussi compétente soit-elle, était délétère pour le service. Car qui dit femme, dit maternité, dit congé, dit plus de travail pour les collègues, notamment les hommes qui, eux, ne prennent jamais de congés paternité n’est-ce pas… ?
Dans notre système hospitalier, nous les femmes, nous avons cette pression. Lorsque nous avons un projet de grossesse, c’est comme si cela concernait tout le service alors que cela relève de l’intime. D’ailleurs, nous ne sommes en rien responsables du manque d’effectifs. Notre volonté de maintenir une vie professionnelle épanouie ne doit pas empiéter sur notre vie privée. À noter que lorsqu’une femme ne souhaite pas avoir d’enfants et qu’elle dépasse un certain âge, les réflexions vont dans l’autre sens.
Cela n’est absolument pas normal. Que les femmes aient ou non un projet de maternité, cela ne doit regarder qu’elles.

 

 

  1. 6. « Déjà qu’on le·la soigne gratuitement, il·elle ne va pas non plus se plaindre… »

 

 

C’est le genre de phrases que vous pourrez entendre au sujet de patient·e·s racisé·e·s – Français·e·s ou non. Comme si les soigner dans les hôpitaux publics était une faveur qu’on leur accordait : il ne faudrait donc pas non plus qu’ils·elles exagèrent en pensant qu’ils·elles peuvent se plaindre ou réclamer lorsque l’on ne s’occupe pas assez d’eux·elles.
Je précise que ces personnes, de nationalité française ou non, ne bénéficient d’aucune faveur de la part des soignant·e·s. Elles sont dans leurs droits et c’est la loi qui leur permet d’avoir accès à ces soins comme n’importe quel·le citoyen·ne. Avoir un nom à consonance étrangère ou être racisé·e n’est pas une raison pour être traité·e·s différemment. Les soignant·e·s ne devraient pas faire de distinction à ce niveau : cela va à l’encontre de notre éthique.

 

  1. 7. « Encore une à la CMU et qui fait des gosses, il faudrait peut-être qu’elles apprennent à prendre une contraception. »

 

 

Je ne compte plus le nombre de fois où cette phrase a été dite et redite par des sages-femmes, gynécologues ou autres professionnel·le·s de santé, en parlant de femmes pour la plupart réfugiées ou immigrées, vivant généralement sur le sol français depuis peu. Alors… comment dire… on choisit rarement cette situation. Il faut rappeler que les personnes ayant droit à la CMU vivent dans une misère extrême, et les soins qui leur sont accordés sont des soins de nécessité. Être réfugié·e ou à la CMU ne veut pas dire que l’on n’a pas de désir de maternité ou de fonder une famille. Pourquoi leur retirer ce droit du fait de leur situation précaire ? Dans cette phrase, il y a pour moi comme une déshumanisation. On ne parle plus de femmes ou d’hommes, mais de « gens à la CMU qui font des gosses ». La plupart des patientes se sont retrouvées dans cette situation à un moment ou  elles avaient déjà fondé leur famille, ou arrivent enceintes après avoir fuit la guerre dans leurs pays. Notre système de santé français a au moins cela de positif : chacun·e peut accéder aux soins.

 

 

  1. 8. « C’est normal que les patientes ne te respectent pas, regarde-toi. Maquille-toi et coiffe-toi ! »

 

 

Pour remettre la phrase dans son contexte, elle a été dite par un médecin à une interne qui porte le voile, mais qui a dû le retirer pour respecter « la loi ».

Cette interne s’est plainte qu’une patiente lui manquait de respect et voici ce qu’on lui a répondu. Non mais sérieusement, quand j’ai entendu ça, j’étais atterrée. Non seulement il faut répondre à des injonctions vestimentaires du type interdiction de se couvrir les cheveux, ensuite il faut répondre à des standards de beauté comme le maquillage, les cheveux coiffés et bien lissés parce que « frisés ça passe pas, tu comprends »… C’est quoi la prochaine étape ? En quoi cela justifie le manque de respect à l’égard d’une professionnelle de santé ? Si la situation avait été inversée – une patience racisée qui manque de respect à une professionnelle blanche – le tort reviendrait très probablement à la patiente. Triste deux poids deux mesures auquel on est habitué·e·s.

 

  1. 9. « Ah bon, une femme peut être chirurgien ? »

 

 

Ça vous étonne, mais oui, une femme peut très bien être chirurgien, elle peut choisir d’exercer n’importe quel métier. C’est fou : en 2018, on croit encore que certaines professions sont attribuées à un genre spécifique. Ce type de réflexion ne vient pas, comme on pourrait le supposer, uniquement d’hommes racisés voulant soumettre les femmes (#second degré). Non, il vient aussi d’hommes blancs, la cinquantaine d’années, mais aussi de femmes blanches ou racisées. C’est un préjugé général. J’ai même déjà entendu : « Quand on m’a dit que j’allais voir le chirurgien, je m’attendais à  voir un homme grand, cheveux grisonnants ». Il y a du travail…

 

  1. 10. « Elle est chiante, mais ça va, elle est jolie, on peut lui pardonner. »

 

 

 

Quand une femme donne un ordre ou est stricte, voilà pour quoi elle passe : une personne chiante. Alors que chez un homme, cela passe pour une qualité, un souci d’exigence. Mais bon, quand on a un beau physique, il faut croire que cela passe mieux, n’est-ce pas ? Je pense que ce cas concerne n’importe quel secteur et pas uniquement le milieu médical. Certains hommes sont plus indulgents, par intérêt probablement, avec les femmes ayant un physique correspondant à leurs standards de beauté.

 

 

Voilà, le top 10 est fini, mais malheureusement, la liste aurait encore pu se prolonger. Le milieu médical, et en particulier hospitalier, est rempli de préjugés, d’idées construites, sexistes et racistes. Les femmes et hommes qui y exercent sont ceux de la société dans laquelle nous vivons. La déconstruction doit se faire partout, et également dans ce milieu.

 

Crédit photo image à la une: ISNI/paulinedetraz.fr

 

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(Dé)construction

Affaire Aquaboulevard : Viens, je t’emmène à la salle !

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C’est l’idée qu’a eue une jeune femme : emmener l’une de ses amies à la salle de sport où elle est abonnée, pour un cours collectif. Elles auraient pu passer un très bon moment, cependant elles étaient loin d’imaginer ce qui allait se produire. La scène se passe dans un complexe sportif du 15ème arrondissement de Paris, le Forest Hill d’Aquaboulevard. Les jeunes femmes s’installent pour débuter leur séance. Seulement voilà, l’une d’elle porte un turban et, devant les 200 autres personnes présentes, les responsables décident de les exclure pour « raison d’identification ». Sous le choc, l’une d’elle a tout de même le réflexe de filmer la scène et de la diffuser sur le web. S’en suit un tollé sur les réseaux sociaux, où les internautes ont vivement réagi.

 

Mais pourquoi cette exclusion ?

 

En entendant parler de cette histoire, on s’est posé plusieurs questions. Qu’est ce qui peut autoriser un établissement privé à expulser des adhérent·e·s pour cette raison ? En quoi un turban gêne-t-il un cours de sport ? On a l’habitude de certains arguments…

 

La laïcité ? On ne le répètera jamais assez : la laïcité est la neutralité religieuse de l’Etat, et n’interdit pas de porter des signes religieux dans l’espace public. Au contraire, elle garantit l’expression de culte à tou·te·s les citoyen·ne·s. La neutralité religieuse ne prévaut que pour les fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, et les élèves de l’école publique depuis 2004. La laïcité garantit donc à cette jeune femme le droit de porter un foulard lors d’un cours de sport.

Un règlement intérieur ? C’est l’argument donné par les responsables de la salle. Le règlement intérieur de l’établissement interdirait le port d’un couvre-chef, y compris des casquettes, capuches ou bonnets. Premièrement, les jeunes femmes ont pu constater que plusieurs personnes autour d’elles portaient des casquettes sans en être inquiétées. Certains couvre-chefs semblent donc être admis.

De plus, un signe religieux n’est pas un banal couvre-chef mais représente un signe extérieur d’une conviction religieuse, appartenant de ce fait à la liberté de culte. Le droit national et international protège les femmes qui voudraient notamment porter un foulard.

Par ailleurs, un règlement intérieur ne peut comporter des articles qui ne seraient pas conformes à la loi. La liberté religieuse est un droit fondamental, garanti par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et la Constitution Française du 4 octobre 1958. En aucun cas, le règlement intérieur d’un établissement peut passer au-dessus de ce principe fondamental.

 

Des raisons de sécurité ? Dans certains cas, le port d’un foulard peut ne pas être adapté aux activités proposées. Il est possible qu’un foulard se coince dans une machine par exemple, et entraine des risques pour la personne le portant. Mais cet argument ne fonctionne pas ici : la jeune femme exclue de la salle de sport portait un turban qui ne pendait pas, et ne posait donc aucun problème de sécurité. A noter que l’argument de l’identification n’est également pas valable : la plaignante avait donné son identité à l’entrée de l’établissement, carte d’identité à l’appui, et son visage était bien visible.

Rien ne justifie donc l’exclusion de cette jeune femme. Nous sommes bien ici en présence d’un cas de discrimination sexiste et islamophobe. Et ce n’est en aucun cas acceptable.

 

 

 

Pourquoi est-ce si révoltant ?

 

Ce supposé règlement intérieur interdisant le port de turban ne permettrait-il plutôt pas d’exclure des lieux une seule catégorie de personnes : les femmes voilées ?

Il s’agit ici d’un complexe sportif, mais des faits comparables se sont déjà produits ailleurs : école, banque, restaurant, milieu médical… Les femmes désirant se couvrir les cheveux sont de plus en plus fréquemment exclues de certains lieux privés sous couvert du règlement intérieur. Il faut dire stop à ces mesures discriminatoires, ne pas les rendre courantes et acceptables.

Etant moi-même voilée, je déteste dire « les femmes voilées » ou « moi, femme voilée » car cette expression est réductrice. Mais ce type de comportement nous stigmatise toutes, nous réduit au seul fait que nous portons un voile, nous empêche de nous exprimer en tant que femmes. Exclure une personne en raison de sa tenue et in fine de son appartenance religieuse, réelle ou supposée, est profondément humiliant. Cela provoque inévitablement le sentiment d’être considéré·e comme un·e individu·e à part dans la société. A l’heure où l’on parle de violences faites aux femmes, il est temps de considérer ces comportements islamophobes comme tels.

Nous sommes souvent cataloguées comme « soumises » lorsque nous choisissons d’être femmes au foyer ou de rester chez nous. Nous sommes exclues des lieux publics lorsque nous voulons avoir des activités comme n’importe quelle autre femme. Et nous sommes ensuite accusées de communautarisme lorsque nous nous retrouvons entre nous, pour nous préserver de toutes ses violences. Cela doit cesser.

Dénoncer ces pratiques ne veut pas dire se victimiser. Se positionner en tant que victime ne veut pas dire que l’on est inactif·ve . Bien au contraire, la solution réside dans l’action.

 

Comment réagir ?

 

 

Quel comportement adopter face à ces événements ?  Il ne faut pas penser que nous n’avons pas de pouvoir, car même l’action la plus minime vaut mieux que l’inaction. Il ne faut pas se taire. Il faut soutenir les victimes de discriminations, et dans ce cas tout notre soutien va aux deux jeunes femmes. Il est également nécessaire de faire du bruit : en signalant son mécontentement sur les réseaux sociaux, mais aussi auprès des structures concernées, ici l’Aquaboulevard. L’appel au boycott peut aussi être envisagé.

Ensuite, il faut avoir recours à la voie juridique pour que ces faits soient punis et que cela serve d’exemple. Dans ce cas comme dans d’autres, le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France) a été saisi. Pour preuve que nous pouvons agir, dans des cas similaires, les personnes ayant porté plainte contre ces établissements ont eu gain de cause. En juin 2014, le Tribunal de Grande Instance de Thionville a retenu le délit de discrimination contre le gérant d’une salle de sport, car celui-ci avait exigé le retrait du foulard d’une cliente afin qu’elle puisse être adhérente.

La loi, contrairement à ce que l’on peut penser, n’autorise pas les règlements intérieurs des établissements privés à interdire ce qu’ils veulent. La législation protège les citoyen·ne·s en leur permettant de jouir de leur liberté religieuse dans des lieux privés. Il est donc nécessaire de ne pas abandonner et de toujours se battre pour ses droits et lutter contre les discriminations, que l’on soit concerné·e ou allié·e.

 

 

 

Crédit photo à la une : merdeka-online.com

 

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(Dé)construction

Top 8 des perles sexistes / islamophobes / racistes du mois d’octobre

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Les femmes – musulmanes ou non – semblent être, bien malgré elles, un des sujets de discussion préférés de nos personnages publics français. Chaque mois, retrouvez le top des perles sexistes et/ou islamophobes du mois précédent !
Octobre a été à la hauteur de nos attentes. Avec le succès des hashtags #Metoo et #BalanceTonPorc et surtout la réaction des dits porcs, nous avons eu notre lot de sexisme puissance 1000 pour l’année, je dirais. Malheureusement, ce n’est sûrement que le début…

 

Dimanche 1er octobre : D’après Dossier Tabou, le harcèlement sexuel… c’est la faute de l’Islam.

Selon le chroniqueur de l’émission Dossier Tabou, diffusée sur M6, l’une des causes du harcèlement de rue serait l’Islam. On se demande franchement le rapport car le comportement et les paroles des hommes que l’on voit dans le reportage n’ont strictement rien à voir avec l’Islam.

En aucun cas la religion ne cautionne ce genre de comportement. L’émission fait également un rapprochement douteux avec les agressions qui se sont produites à Cologne ou durant les manifestations sur la place Tahrir en 2011 en Egypte. L’Islam prône pourtant le respect, aucun texte sacré ne dira le contraire. Il est si facile d’instrumentaliser une religion pour faire de l’audimat ou pour récupérer des voix électorales… C’est d’ailleurs sur cette vague que surfe une certaine Marine, aidée de temps en temps par des journalistes dont les reportages mettent en cause l’Islam comme explication à tous les maux du monde…

Nous savons pourtant que le harcèlement de rue concerne toutes les femmes, et que les harceleurs sont partout et de toutes les origines ou religions. Jusqu’à preuve du contraire, Denis Baupin, DSK ou encore Weinstein, pour ne citer qu’eux, ne sont pas musulmans. L’historienne Christine Bard, professeure à l’Université d’Angers et auteure de Ce que soulève la jupe, revient avec justesse sur l’émission et défait certains propos tenus dans l’article Harcèlement : « Il n’y a pas eu d’âge d’or des libertés des femmes ». La page féministe qui dénonce le harcèlement de rue, Paye ta Shnek, qui a d’ailleurs refusé de participer à l’émission pour ne pas voir sa parole déformée à des fins racistes et islamophobes prévisibles, a également commenté l’émission sur son fil Twitter. Comme elle l’écrit, « On ne cessera de rappeler que le harcèlement sexiste n’est pas une nouveauté, encore moins un privilège d’hommes musulmans comme cela a été insinué. Les attitudes sexistes sont pratiquées par tous les types d’hommes, que cela arrange vos affaires ou non, c’est un fait. »

 

Mardi 3 octobre : Manuel Valls confond sexisme et « Islam politique ».

Dimanche 1er octobre, Danièle Obono, députée LFI (La France Insoumise), est interviewée sur BFM TV au sujet des lois anti-terroristes mises en place par l’Etat. La journaliste lui demande alors : « Un chauffeur qui refuse de conduire un bus après une femme, est-ce un homme radicalisé ? ».

Danièle Obono a très justement estimé qu’un chauffeur refusant de prendre son service dans un bus sous prétexte qu’une femme l’avait précédé faisait preuve de sexisme et pas nécessairement de radicalisation.

Sur RTL, quelques jours plus tard, Manuel Valls ne s’est pas gêné pour analyser les propos de la députée, lui reprochant de faire « acte de complaisance » et preuve de « complicité avec l’islam politique ».

Voyons Manuel, pas à nous s’il te plaît…

 

 

Mercredi 4 octobre : Pour le footballeur américain Cam Newton, les femmes ne comprennent rien au sport.

 

« C’est drôle d’entendre une femme parler de tracés, c’est marrant !»

Ce propos a été prononcé lors d’une conférence de presse par le footballeur américain Cam Newton, à une journaliste de The Observer, Jourdan Rodrigue, et tout cela avec un large sourire hautain… Cette dernière a préféré répondre sur twitter :

« Je ne pense pas que ce soit « drôle » d’être une femme et de parler de tracés. Je pense que c’est mon travail. J’ai parlé avec lui ensuite et c’était pire. J’ai choisi de ne pas le partager parce que j’ai un vrai boulot à faire et il ne m’en empêchera pas. »

Les propos du quarterback ayant fait scandale, un de ses sponsors, la filiale américaine de Danone, s’est retiré…

Et oui… Qui s’y frotte s’y pique…

 

 

Jeudi 5 octobre : On demande à Christiane Taubira de disserter sur les insultes dont elle a été victime.

 

 » Quand on subit une telle violence, c’est à moi de venir face à cette dame-là, à ce qu’elle dit ? Je vais venir faire de grands développements philosophiques ? Enfin, où sommes-nous ? Elle attaque juste une personne, là ? Elle attaque un pays, des valeurs, une histoire ! Et vous m’interrogez moi ? »

Invitée de l’émission Complément d’Enquête, sur France 2, un journaliste demande à Christiane Taubira de réagir à une vidéo revenant sur les insultes dont elle a été victime au cours des quatre ans qu’elle a passés au ministère de la Justice. On y voit une femme la comparer à un singe. Blessée, l’ancienne ministre décide de mettre fin à l’interview…

Et on la comprend : qui aurait aimé donner de son temps pour revenir sur des insultes effroyables et leur donner du crédit en discutant à leur sujet ? Débattre de la bêtise, c’est comme donner de la confiture aux cochons.

 

Samedi 7 octobre : Anne Nivat, grand reporter, est présentée comme « la femme de Jean-Jacques Bourdin ».

 

Invitée de l’émission Salut les terriens sur C8, Anne Nivat, grand reporter, est venue parler de son livre Dans quelle France on vit. Mais lorsqu’il la présente, Tom Villa, chroniqueur, semble pourtant oublier l’essentiel.

« Il n’a quand même pas dit le principal en ce qui me concerne. C’est que ma fonction, ce n’est pas « être femme de Jean-Jacques Bourdin ». C’est grand reporter. Oui, pour tout le monde, il l’a dit. »

Ce à quoi Laurent Baffie nous rétorque : « Où est le dresseur ? ».

 

 

Non, Monsieur Baffie, Anne Nivat n’est pas une chienne enragée que l’on doit dresser, comme vous le sous-entendez. Elle souhaite juste être présentée à sa juste valeur, et notamment sa valeur professionnelle. La journaliste, au demeurant peu soutenue par les autres invités (exclusivement masculins) autour d’elle, demande donc à ce que la chronique soit refaite. Tom Villa s’exécute et termine sur une dernière remarque très pertinente de Laurent Baffie : « C’est du sexisme. (ironie) ».

Well ! Laurent Baffie (et tous les autres), effectivement vous avez assisté à une scène sexiste où la femme est diminuée au profit de son mari alors que l’objet de la venue du couple est bien de présenter le livre d’Anne Nivat. Oui ! Vous lisez bien ! Une femme écrivaine ! IN-CRO-YA-BLE ! Rappelons-le, le titre de son livre est Dans quelle France on vit. Et bien visiblement dans une France sexiste, comme nous en avons eu la démonstration.

 

Lundi 16 octobre : Bruno Le Maire explique sur France Info qu’il ne dénoncerait pas un homme politique coupable de harcèlement sexuel.

 

« – Connaissez-vous aujourd’hui un homme politique dont on dira dans dix ans : « Nous savions qu’il était un harceleur » ?
– Non.
– Sinon vous le dénonceriez ?
– Non.
– C’est compliqué ?
– C’est compliqué, mais… la dénonciation ne fait pas partie de mon identité politique. »

Premièrement, non, ce n’est pas compliqué de dénoncer une personne qui commet un délit et encore moins si celle-ci est détentrice de l’autorité publique. C’est un devoir.

Deuxièmement, rappelons que vous prononcez ces propos alors que dans le même temps, votre collègue Marlène Schappia prépare une loi sur la pénalisation du harcèlement sexuel.

Troisièmement, quelle que soit votre identité politique, selon l’article 40 du Code pénal, « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République… ».

Bruno Le Maire s’est-il rendu compte de son erreur de com’ ? Toujours est-il qu’il a diffusé un correctif dans une vidéo sur Twitter où il reconnaît : « Je me suis mal exprimé, je le regrette ». Il dit même qu’il veut devenir féministe. Non, pardon ! Là je vais trop loin ! Mais il est prêt à participer à ce combat « avec sincérité et avec cœur ».

 

 

Mardi 17 octobre : Sur Europe 1, Eric Zemmour compare le #BalanceTonPorc à la délation des Juifs·ves durant la Seconde Guerre mondiale.

« Ben moi, vous savez, dès que je vois une meute je me méfie, et là en plus c’est vraiment des méthodes étonnantes, de délation, c’est-à-dire pendant la guerre, on aurait dit de libérer la parole aussi : Dénonce ton Juif, ça aurait été parfait. »

Monsieur Zemmour, ouvrez s’il vous plait le dictionnaire à la page « délation ». Vous y trouverez comme définition : « dénonciation intéressée, méprisable, inspirée par la vengeance, la jalousie ou la cupidité ». #BalanceTonPorc ne correspond pas à cela, ce sont des femmes, des victimes de harcèlement ou d’agression-s sexuelle-s qui témoignent, par esprit de justice. Celles qui parlent aujourd’hui ne sont pas les collabos d’hier mais des victimes, comme l’ont été,  dans une autre mesure, les Juifs·ves durant la Seconde Guerre mondiale.

 

Mercredi 25 octobre : La Une du Parisien sur le harcèlement sexuel des femmes confisque totalement la parole aux concernées.

 

Crédit photo : France Info

 

Messieurs, nous vous remercions énormément de votre engagement contre le harcèlement sexuel que subissent les femmes. Néanmoins, nous sommes les principales concernées par ce phénomène. Il est donc normal que ce soit nous qui portions le message (pour une fois) et qui fassions la Une. Malheureusement (et encore une fois), on nous silencie, on prend la parole à notre place. Qui mieux que nous pour parler et témoigner du harcèlement sexuel ? Surtout pas un homme ! Surtout pas seize hommes !

Il serait bon, la prochaine fois, de nous laisser la Une, nous laisser la place, nous laisser la parole, tout simplement !

 

 

Auteures : Lamia et Hannanas

 

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Diffuse la bonne parole

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Communiqués

[Communiqué] Harcèlement des femmes musulmanes dans l’espace public : on dit stop !

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Regards insistants, défiants, méprisants ; remarques, moqueries, insultes, gestes déplacés, bousculades… Voici notre quotidien, femmes musulmanes voilées évoluant dans l’espace public. La rue, les transports, les loisirs sont les lieux quotidiens de violences et de rejets prenant des formes diverses, allant parfois jusqu’au drame d’agressions physiques et sexuelles. Un harcèlement trop invisibilisé, liant sexisme, islamophobie et racisme, nous vise tous les jours, femmes méprisées et stigmatisées.

 

Ce fléau touche les femmes musulmanes depuis bien trop longtemps, et jamais nous n’accepterons ni sa banalisation ni sa généralisation ! Il ne s’agit pas de dire que ce type de harcèlement est plus grave que les autres. Notre but est de le mettre en lumière dans toute sa réalité, d’expliquer sa spécificité et ses conséquences, afin de mieux lutter contre.

 

Des scènes de violences devenues la normalité du quotidien

 

Avec un foulard sur la tête, nous ne sommes définitivement plus comme les autres. J’en viens même parfois à me surprendre à trouver étranges et exceptionnels les gens qui ne me jettent aucun coup d’œil à l’entrée d’un magasin ou d’un restaurant. Et pourtant, jamais une femme ne devrait en arriver à intégrer le fait qu’il est normal qu’elle soit observée, scrutée et jugée, dans la rue ou ailleurs.

L’espace public nous rappelle ainsi quotidiennement un rejet et une détestation de notre existence : de nos choix, de notre foi et de nos identités plurielles de femmes.
 
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Crédit : Paye Ta Shnek
 

Des oppressions systémiques à l’intersection entre islamophobie, sexisme et racisme

 

Ces actes ne peuvent pas être traités comme des comportements isolés. Les femmes concernées vous le diront : non, ces actes ne sont pas exceptionnels, ils sont en fait trop récurrents ! Minimiser ce fait, c’est fermer les yeux sur ses causes : une islamophobie imprégnée dans notre société qui se lie au sexisme et au racisme. Ces violences ne sont pas anodines, elles sont des oppressions.

Le harcèlement généralisé des femmes musulmanes dans l’espace public est une des manifestations d’un système d’exclusion de ces dernières des différentes sphères de la société en général. Ainsi, considérer ces actes comme venant uniquement de personnes mal intentionnées est une erreur. Ces comportements sont en fait normalisés.

 

Il est légitime de nous surveiller…

 

La mise en place et la survalorisation d’un système de surveillance et de contrôle intensif envers la communauté musulmane permet de diffuser l’idée que n’importe qui peut être suspecté, n’importe où et par tout le monde. Ainsi, il serait légitime de surveiller toute personne dont l’appartenance à la religion musulmane aurait une certaine visibilité. Les acteurs.trices dans l’espace public, ayant intériorisé cette méfiance, peuvent la développer, l’exprimer et se sentir en droit de lui laisser libre cours.

 

… et normal de nous observer et de nous juger !

 
La pensée commune infantilise les femmes musulmanes. Elles sont présentées comme incapables d’être autonomes et réfléchies dans leurs choix. Il faudrait ainsi leur indiquer comment elles doivent s’habiller, se comporter et s’engager dans la société. On parle à leur place et le jugement porté sur elles est continu.

Ces conditions valident le fait qu’une femme musulmane peut être contrôlée, être sujette à une intrusion dans sa vie et son intimité, au point de ne plus la considérer comme une personne raisonnée, consciente et libre propriétaire de son corps. Cela peut alors expliquer que des acteurs vont se permettre à n’importe quel moment, dans n’importe quel lieu, de vous signifier leur simple curiosité ou leur questionnement, mais aussi leur désapprobation face à votre vêtement – quelle que soit la manière employée –  et leur dédain. Le corps des femmes musulmanes est perçu comme légitime de jugement par tou.te.s : on peut l’observer, l’analyser, le désapprouver. La voie est libre !
 
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Crédit photo : keepcalmandmuslimon.tumblr.com
« – Tu as vu la manière dont cette femme vient de me regarder à l’instant ? » « – Je déteste avoir à m’inquiéter d’être jugée à chaque fois que je sors dehors avec mon hijab !» « – Je devrais pouvoir porter ce que je veux sans être jugée ! – Je suis d’accord… »

 

Quand l’espace public devient un lieu oppressant et excluant pour les femmes musulmanes, on peut alors se poser la question suivante…

 

… Quelle place pour les femmes musulmanes dans l’espace public ?

 

Tout comme certaines femmes qui, par crainte du harcèlement de rue, s’habillent avec des vêtements jugés « plus couvrants » et « moins voyants », un nombre non-négligeable de femmes musulmanes qui portent un foulard ayant subi des agressions de rue ont décidé de changer leur habillement, la manière dont elles portaient leur foulard ou ont pris la décision de le retirer. Le principe est toujours le même : rentrer dans la « neutralité » et la « normalité » dictées et imposées par ces lieux, pour ne plus subir leurs oppressions.

Les stratégies de contournement et d’invisibilisation sont répandues et multiples. Pendant les périodes où le climat et la tension islamophobes se sont faits d’autant plus violents (notamment les semaines après les précédents attentats qui ont touché la France), beaucoup d’entre nous ont préféré échanger leur foulard contre un bonnet, un chapeau ou une casquette. Sans compter de très nombreuses femmes qui, pendant plusieurs semaines, ont été contraintes de limiter leurs déplacements au minimum, par crainte de se faire agresser.

Se faire la plus discrète possible, jusqu’à s’effacer de l’espace commun…

La violence n’est pas uniquement celle qui est visible de tou.te.s. Elle s’exerce également dans des comportements aussi anodins que des regards trop insistants. Les concernées qui les subissent étant les seules à les percevoir, ces violences sont invisibilisées et réduites à néant par les autres. Beaucoup de femmes restent ainsi seules face à ces agressions quotidiennes. Et quoi de plus violent que de remettre en cause le témoignage de l’expérience quotidienne d’une concernée ?

L’islamophobie, le sexisme et le racisme sont des réalités qui touchent un trop grand nombre de personnes. Ces fléaux altèrent notre quotidien et nous empêchent de mener une vie normale et sereine. Nier qu’il existe des oppressions spécifiques et qui se lient entre elles, c’est aussi participer à ces violences.

 

Mais alors, que faire ?

 

Ne pas l’accepter, condamner fermement et soutenir les victimes. Ne pas tenter de négocier notre existence et de minimiser les oppressions qui nous touchent par n’importe quel argument. Toutes les femmes, dans leur diversité, ont le droit à la sécurité dans tous les espaces communs, et ce, quels que soient leurs vêtements et leur apparence ! Non, porter un foulard n’est pas une menace adressée aux citadins et à la vie en société. Et enfin, oui, une société juste doit permettre à celles et ceux qui le souhaitent de pouvoir s’exprimer et de s’émanciper, y compris au sein de l’espace public.

Jamais nous n’accepterons qu’une femme soit rejetée et exclue de n’importe quelle sphère de la société. Alors n’ayons pas peur de nous exprimer, de nous soutenir et de nous indigner !
 
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Crédit photo : Maeril @itsmaeril

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Diffuse la bonne parole

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(Dé)construction Nos Voix

Voilées ou pas voilées, jamais la paix !

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Musulmane, pendant longtemps non voilée, puis voilée et enfin « enturbannée », j’ai vécu d’innombrables agressions, sexistes, islamophobes, ou encore voilophobes ou voilophiles – c’est selon le contexte.

 

« Voilophobes » (et pas islamophobes) car il se trouve que les agressions anti-voile ne viennent pas que de non-musulman.e.s. Elles peuvent également venir d’hommes ou de femmes musulman.e.s, voilées ou pas. Bien sûr, puisque beaucoup (trop) de gens se sentent obligés de commenter la tenue vestimentaire et/ou l’apparence des femmes, pourquoi pas les femmes elles-mêmes entre elles ?

« Voilophiles », parce que sur notre belle planète, il existe des hommes et des femmes musulman.e.s qui sont convaincu.e.s que Dieu leur a attribué comme mission sur Terre d’insuffler le voile à toutes les femmes qui se déclarent musulmanes. Le VOILE royal qui permet de cheminer vers le Divin…

Revenons à nos moutons (je vous jure, c’est sans arrière-pensée !)… J’ai constaté que beaucoup d’autres musulmanes, voilées ou pas, ont vécu les mêmes situations que moi. Que ce soit en extra ou intra-communautaire, c’est-à-dire à l’extérieur ou à l’intérieur de la communauté musulmane, peu importe les choix que nous faisons, les gens auront toujours leur mot à dire sur la manière dont les femmes musulmanes vivent leur vie.

 

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Crédit photo : Pomme d’humour

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Diffuse la bonne parole

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