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Femmes musulmanes dans l'histoire Portraits

Malahayati, première femme amirale

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[Publié initialement le 21 mai 2019]
Après 15 jours passés à vous présenter des femmes musulmanes du monde entier, il n’est plus à prouver que l’histoire de l’islam regorge de femmes musulmanes inspirantes, fascinantes, conquérantes et profondément intelligentes. Elles, si nombreuses à avoir accompli un travail remarquable, un travail inoubliable, un travail mémorable au cours des siècles, nous rappellent l’importance de s’engager pour avancer, l’importance de célébrer pour ne jamais oublier.
De la science aux beaux-arts en passant par les sciences islamiques, chaque discipline devrait nous dévoiler ses héroïnes oubliées. Celle que nous allons rencontrer ce soir fut la première de son temps, la première des premières !
C’est le titre d’amirale que Malahayati fut la première femme au monde à porter. Son histoire et ses réalisations sont plus qu’impressionnantes : courage, audace, réussite et passion les résumeront.
Celle qui deviendra la terreur du Golfe de Bengale est en somme une inspiration pour les femmes musulmanes mais également pour le monde tout entier.

Keumalahayati, également connue sous le nom de Malahayati, naquit au XVIème siècle dans le sultanat d’Aceh, royaume musulman ayant pris la succession de Pasai, plus ancien royaume musulman attesté du monde insulindien. Aceh, appelé aussi « le porche de Makkah », en raison de son positionnement stratégique permettant la propagation de l’islam en Asie du Sud-Est, devint très vite un centre politique et religieux. En effet, l’un des plus grands centres d’études religieuses de la région s’y trouvait. Le sultanat d’Aceh contrôlait le stratégique détroit de Malacca, détroit où transitait le commerce entre l’Extrême-Orient et le reste du monde. Déjà à cette époque, le détroit de Malacca suscitait la convoitise des royaumes frontaliers ou plus lointains.

Malahayati, fille de l’amiral Machmud Syah, était également l’arrière-petite-fille du fondateur du sultanat, Ibrahim Ali Mughayat Syah. Son père comme son grand-père étaient tous deux des amiraux très respectés. Admirative et fascinée par les actions qu’ils menaient, Malahayati s’y intéressa très tôt.

Après avoir obtenu son diplôme d’études islamiques à Pesantren, un pensionnat islamique, elle décida de s’inscrire à l’Académie militaire Ma’had Baitul Maqdis. L’Académie lui offrit un enseignement dans les départements de la Marine et des forces terrestres. Son diplôme en poche et éperdument amoureuse, elle épousa l’un des commandants de la marine royale. Mais Malahayati ne pouvait s’imaginer que dans les années qui suivraient son destin basculerait.

L’époque était marquée par de rudes affrontements entre les armées du sultanat d’Aceh et celles des Portugais. Alors que les Portugais s’étaient infiltrés dans le détroit de Malacca et en avaient profité pour le détruire, ils tentèrent par la suite d’envahir Aceh. C’était sans compter sur la ferveur des troupes d’Aceh qui, au détriment de nombreuses vies, les repoussèrent lors de la bataille de la baie de Haru. Lors de cette bataille, des milliers de soldats et marins du sultanat tombèrent. Le mari de Malahayati en faisait partie.

C’est ainsi que Malahayati se promit de venger la mort de son mari, et de combattre aussi longtemps que son Créateur ne l’aurait pas rappelée auprès de lui.

Déterminée à continuer le combat porté jusqu’alors par son époux, elle demanda au sultan de lui octroyer la permission de créer sa propre armada composée des veuves de l’armée d’Aceh. Après approbation, Malahayati bénéficia d’une base navale, d’une forteresse et d’une flotte de plusieurs navires. Ainsi, elle créa son armada et la baptisa «Inong Bale Armada». Le sultan lui-même la nomma amirale, elle devint ainsi la première amirale de l’histoire.

Accompagnée par son armée, durant de longues années, Malahayati se donna pour mission de protéger les frontières et les routes commerciales du sultanat sans relâche. Elle lutta quotidiennement contre les visées coloniales des Portugais et des Hollandais.

En 1599, dans l’optique d’établir des relations commerciales plus stables et plus durables, Cornelis de Houtman et son frère Frederik, tous deux commandants hollandais se rendirent auprès du sultan qui les accueillit pacifiquement. Cela ne dura qu’un court instant. En effet, Cornelis, en choisissant un traducteur portugais, commit une grave erreur diplomatique. Son choix fut considéré par le sultan comme un affront et un réel manque de considération. Furieux, ce dernier ordonna alors l’assaut. S’ensuivit une série de batailles navales opposant les deux camps. C’est l’amirale Malahayati qui parvint alors à tuer le commandant hollandais Cornelis de Houtman et à emprisonner son frère.

Cette victoire et son exploit lui valurent d’être respectée par l’ensemble des armées et ce au-delà des frontières de Aceh. Elle fut alors nommée Commandante de la Garde Royale du palais et Ministre des affaires étrangères du sultanat, négociant notamment à présent des traités commerciaux. Ce nouveau poste lui valut en 1600, lorsque l’Angleterre entra dans le détroit de Malacca, de négocier directement avec la reine Elizabeth Ière. Cette dernière demanda alors à discuter directement avec Malahayati pour qui elle éprouvait un profond respect. Ensemble, elles trouvèrent un accord pacifique. L’accord ouvrit la voie anglaise vers Java et permit rapidement de construire des bureaux de commerce à Banten.

Cependant, comme une prophétie, Malahayati décéda quelques années plus tard lors d’un nouvel assaut contre les Portugais et ce, dans la baie du détroit de Malacca.

Quelle fascinante histoire que celle de Malahayati, pourtant encore trop méconnue ! Cette première femme amirale est sans conteste l’une des grandes figures féminines ayant marquée l’histoire islamique. Reconnue et célébrée en Asie, l’on peut notamment trouver aujourd’hui à Sumatra, des universités, hôpitaux, routes et villes portant son nom. Il ne fait aucun doute que le nom de Malahayati est à retenir et à diffuser.

Crédit image à la une : Sist’art. Les 3 soeurs du collectif Sist’art nous font une fois de plus l’honneur de collaborer ! Pour découvrir leur univers, rendez vous sur instagram : @taekanddoart et @sistart.comics

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Femmes musulmanes dans l'histoire Portraits

Sitt Al Mulk : femme de pouvoir

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[Publié initialement le 20 mai 2019]
L’histoire de ce soir est une histoire de pouvoir, une histoire faite de tolérance et de coexistence. Cette histoire, c’est l’histoire d’une femme que rien ne destinait à gouverner, c’est l’histoire d’une fille de calife fatimide que le sort amena à gouverner malgré une politique à l’égard des femmes faites de difficultés.
Sitt al Mulk dont nous allons parler n’était certes pas désignée pour régner mais une fois qu’elle fut nommée, fit bien mieux que ceux l’ayant précédée. L’histoire de Sitt al Mulk, c’est l’histoire d’une femme passionnée, d’une femme convaincue de ses idées qui milita pour les faire accepter.
En route, ensemble marchons sur les pas de la grande Sitt al-Mulk !

Si après cette lecture, vous souhaitez en découvrir davantage à son sujet, c’est auprès de la fabuleuse Fatima Mernissi qu’il faudra se tourner. Elle consacre à Sitt al-Mulk un chapitre entier dans son ouvrage Sultanes oubliées. Un récit complet et finement argumenté !

C’est en septembre 970 que la princesse Sitt al-Mulk naquit près de Kairouan. Son père était le célèbre prince Nizâr qui deviendra le calife fatimide al-Azîz et sa mère, une chrétienne d’origine byzantine fière de ce qu’elle était et décidée à le rester ; elle était surnommée Sayyida Al Aziziyya.

Les parents de Sitt al-Mulk étaient follement amoureux, si bien que cela fut parfois mal interprété. Sitt al-Mulk quant à elle défendait sa double identité et l’érigea durant sa vie comme un idéal.

Lorsque le calife fatimide quitta Ifriquiya pour s’installer à Al Qâhira, sa famille plia bagage et vint s’installer en Egypte. Sitt al Mulk avait alors 3 ans. Deux années plus tard, son père fut nommé calife. Il fit construire pour sa famille, et plus spécifiquement pour sa fille, un palais en bord de mer. C’est ainsi que Sitt al Mulk passa une enfance heureuse dans l’un des plus beaux palais d’Orient, le Palais de la Mer.

Alors qu’elle entamait sa quinzième année, son demi-frère al-Mansûr, qui deviendra par la suite le futur calife al-Hâkim naquit, en 985. La relation avec son demi-frère rendit la cohabitation quelque peu compliquée. Cela devint encore plus difficile lorsque Sitt al-Mulk perdit sa mère en 995.

Sitt grandissait et s’approchait de l’adolescence, elle devenait une femme, une femme d’une grande beauté et d’une intelligence hautement développée. Adulée par son père, les rôles qui lui furent confiés dépassèrent son rôle de princesse fatimide. Il la fit entrer dans le cercle politique du palais, jusqu’à ce qu’elle puisse avoir une influence sur les décisions et actions. Conscient de ses capacités, très tôt son père l’associa au pouvoir en lui demandant son opinion et en l’encourageant à l’exprimer.

Au sein de la cour, Sitt était très appréciée. Elle reflétait le luxe et l’influence des années de gloire du califat. Elle était toujours parfumée, ornée de bijoux et apprêtée des plus belles tuniques. Sous le règne de son père, elle contribua notamment à ce que les non musulman.e.s, chrétien.ne.s et juif.ve.s puissent bénéficier de privilèges qu’ils n’eurent jamais auparavant. De son père, elle hérita de qualités en matière d’ouverture et de tolérance.

Le 13 octobre 996, son père mourut subitement. Sitt était alors âgée de 26 ans.

Bardjawân, l’eunuque du palais, fit alors proclamer calife le jeune prince al-Mansûr, demi-frère de Sitt al-Mulk, qui n’avait que onze ans. Le jeune calife Al Hakim fut donc sous la tutelle des puissants de la cour fatimide. Il prit officiellement le pouvoir en l’an 1000. Personne ne s’était douté que la folie et la peur s’abattrait sur la ville lors de son règne. Il terrorisa le Caire par ses excès et sa sœur par sa jalousie débordante.

En 1009, al-Hakim ordonna la destruction de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem et imposa des restrictions au comportement des juif.ve.s et des chrétien.nes, détruisant leurs églises et leurs monastères. L’entêtement et le comportement de son demi-frère Al-Hakim contribua à la dégradation des rapports que tous deux entretenaient. Sitt fit alors le choix de s’éloigner et quitta le palais royal pour s’installer dans l’une de ses nombreuses propriétés.

En 1021, Al-Hakim disparut lors d’une de ses promenades nocturnes habituelles dans la ville. Après quarante jours de disparition, il fut déclaré mort. Après la mort d’Al-Hakim, son fils, âgé de 16 ans, al-Zahir fut déclaré calife. Al-Zahir avait grandi et avait été éduquée auprès de sa tante Sitt Al Mulk en raison des violences physiques que son père lui infligeait à lui et sa mère. Il la choisit dont comme régente pour l’accompagner durant les premières années de son règne. Malgré les soupçons qui pesaient sur elle et en raison de sa popularité, Sitt pu occuper le poste de régente de l’empire. Très vite, elle reprit les choses en main et tâcha de se démarquer de la politique menée jusqu’alors par Al-Hakim.

Ainsi dès sa première année de régence, elle encouragea la reconstruction d’églises à Alexandrie que son demi-frère avait ordonné de détruire. Elle rétablit également le système de taxation commerciale qu’il avait aboli et permit de nouveau aux femmes de sortir de chez elles à leur guise, les autorisant notamment à porter à nouveau des bijoux. Elle inversa les interdictions au sujet des pratiques musicales et des cultes chrétien et juif.

Parmi l’une de ses entreprises politiques les plus importantes, elle tenta de réduire les tensions entre les empires fatimides et byzantins en essayant de trouver une solution au territoire litigieux d’Alep.

Le traitement plus équitable des habitants, sa politique de tolérance, d’ouverture ainsi que la rénovation des infrastructures firent d’elle une princesse très appréciée et très populaire.

Mais alors que les décisions qu’elle prenait laissaient espérer un rapprochement entre les différentes puissances impériales, Sitt al Mulk mourut après seulement deux ans de service en tant que régente.

Bien que Sitt n’ait jamais été officiellement érigée en calife, – il s’agissait d’un titre réservé aux homme sous le califat fatimide – Sitt al-Mulk dirigea dans les faits l’un des empires les plus importants du Moyen Âge. La paix qu’elle instaura, et l’héritage qu’elle laissa dépassèrent de loin la période de son bref règne.

Ses profondes convictions accompagnées d’un leadership naturel firent d’elle une princesse appréciée et respectée dans l’ensemble de l’Egypte. Femme de terrain, elle sut montrer son efficacité et faire oublier durant un temps les interdits politiques de gouvernance intrinsèquement liés au genre.

Crédit image à la une : Charlotte. Charlotte est une illustratrice passionnée de dessin et notamment par l’univers de la mode. Je vous laisse découvrir son univers :
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Femmes musulmanes dans l'histoire Portraits

Razia Sultan : souveraine du sultanat de Delhi

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[Publié initialement le 16 mai 2019]
Lorsque j’ai pensé et imaginé ce projet, une chose me semblait évidente : je voulais vous présenter des femmes musulmanes puissantes, inspirantes, fascinantes ayant contribué au développement de l’islam à travers les années. Mais pour que ce projet soit pleinement complet, il me semblait essentiel de vous présenter des femmes aussi plurielles et diverses que possible.
L’amalgame femme musulmane = femme arabe étant trop souvent fait, je souhaitais m’en extirper en choisissant des profils de femmes musulmanes arabes, noires ou encore asiatiques se réclamant tant de l’islam sunnite que de l’islam chiite.

Si ce projet a vu le jour, c’est parce que j’ai ce profond sentiment que nous, femmes musulmanes, quelle que soit notre communauté, voyons les droits qui nous sont accordés quelque peu limités. Ainsi, inscrire ce projet dans une démarche d’inclusion était une nécessité. Une nécessité afin que l’ensemble des femmes musulmanes se sentant concernées puissent se projeter, argumenter et se retrouver à travers ce projet.

Ainsi, j’ai longuement cherché mais comme une évidence, j’ai fini par trouver.

La femme dont je vous parlerai aujourd’hui nous vient d’Asie et plus précisément de Delhi. Elle fut la seule femme à régner sur Delhi et releva, vous le verrez, un sacré lot de défis, et ce avec succès.

Quant aux sources à son sujet, elles sont nombreuses en anglais mais une fois de plus presque inexistantes en français.

Cher.e.s ami.e.s anglophones, je vous recommande, la web série traitant de sa vie que vous pourrez trouver sur la chaine Youtube de Feminism in India, ou encore la série portant son nom « Razia Sultan » accessible sur Netflix. Enfin, pour ceux et celles adeptes du papier, je vous conseille les fabuleux écrits de l’historienne indienne Rana Safvi.

Jalâlat ud-Dîn Raziyâ, connue également sous le nom de Razia Sultan, naquit en 1205. Elle était la fille du célèbre sultan de Delhi, Shams ud Din Iltutmish.

D’ascendance turque, Razia fut très tôt sensibilisée et entraînée à régner. En effet, l’ensemble des enfants du sultan, filles comme garçons, se devaient de recevoir une éducation les préparant au pouvoir au cas où le besoin se ferait sentir.

Ainsi, dès son plus jeune âge, Razia apprit à manier les armes, à monter à cheval et à négocier avec une grande diplomatie.

Avant de décéder, son père le sultan, jugeant que parmi ses enfants Razia serait la plus à même de régner, décida de la nommer publiquement comme héritière au trône. Il fit donc ce choix aux dépens de ses fils.

En l’an 1236, son père mourrut, mais Razia ne devint pas comme demandé la souveraine officielle du sultanat. En effet, c’était sans compter sur la volonté de gloire et de pouvoir de son frère Ruhnu ud Din Firuz Shah qui s’empressa d’occuper le trône pendant presque 7 mois.

Mais le peuple, n’ayant pas oublié la nomination faite précédemment par le défunt sultan, fit front pour stopper les prétentions de Ruhnu. C’est ainsi que la même année Ruhnu fut tué par des turcs de l’armée et que Razia récupéra son trône. Sa mission pouvait alors commencer.

Lorsqu’elle monta sur le trône, son premier projet fut de (re)nouer de bonnes relations avec le califat abbasside, califat qui régnait alors sur les plus importantes terres musulmanes. Pour elle, il s’agissait d’une étape politique cruciale. En effet, ce premier choix venait légitimer les terres du sultanat de Delhi comme étant intégrante des terres d’islam et par extension des terres de la communauté musulmane qu’il fallait soigneusement protéger.

Pour assurer une certaine paix, elle s’efforça de créer un cadre juridique qui lui servirait à veiller à ce que les habitant.e.s non musulman.e.s soient traité.e.s avec dignité et respect.

Pour diriger son pays, elle fit également le choix d’abandonner son voile et d’adopter en contrepartie un costume masculin. Elle se coiffait dorénavant d’un turban et portait toujours avec elle son épée sur le côté.

Elle fut également la protectrice des arts et de l’éducation, créant un nombre important de bibliothèques, d’écoles, d’universités. Elle souhaitait s’assurer que l’ensemble des habitant.e.s peuplant le royaume ait la capacité de s’instruire. Ainsi, les moyens avaient été mis en œuvre afin que la littérature et le savoir quels qu’ils soient puissent être partie intégrante de la société.

Au-delà de cela, elle était profondément préoccupée par la mise en place de moyens qui permettraient de servir plus aisément l’ensemble de la population. C’est ainsi qu’elle construisit des routes, des ponts et des jardins, qu’elle fit creuser des puits, qu’elle soutint les poètes, les peintres, les musiciens et qu’elle multiplia les écoles et bibliothèques.

Grâce à l’ensemble de ses décisions, elle parvint à rétablir l’ordre dans l’ensemble du pays et encouragea par la même le développement du commerce et ainsi la richesse du royaume.

Malgré l’ensemble des défis qu’elle parvint à relever avec brio, Razia dut faire face en 1240 à un certain nombre d’opposants. Leurs protestations s’appuyaient sur le fait que Razia était une femme, qui de surcroît elle était issue d’une famille anciennement esclave. Lorsque les rebellions commencèrent à devenir plus conséquentes, Razia, en tant que cavalière talentueuse, fit le choix d’aller en personne les affronter. Finalement, elle tomba dans une embuscade et fut tuée cette même année.

A la suite de son décès, son frère reprit le pouvoir, mais n’étant pas capable de jouer ce rôle avec compétence, il fut démis très tôt de ses fonctions.

Leur père avait donc vu juste, Razia était la seule, l’unique parmi sa fratrie en capacité de régner.

En lisant l’histoire de Razia, je ne pus m’empêcher de m’imaginer expliquer à mes futurs enfants que la notion de légitimité devait nécessairement être accolée à la notion de capacité. Que dès lors que ceci n’était pas respecté, alors la notion d’égalité pouvait très facilement être questionnée.

Ainsi, l’histoire de Razia en est à ce titre un brillant exemple. Elle nous rappelle indirectement que tant de femmes à travers l’histoire auraient certainement dû ou devraient gouverner, que tant de femmes auraient dû ou devraient diriger, que tant de femmes auraient dû ou devraient enseigner. Elle nous rappelle que tant de femmes sont tout bonnement passées à côté pour la simple raison que les notions de légitimité et capacité ne furent que trop peu liées.

Alors, grâce à Razia, rappelons-nous que notre légitimité n’est plus à démontrer, que si des fonctions nous sont refusées alors il faudra aller les chercher.

Femmes musulmanes, que ce soit une histoire de foi ou de société, nous avons notre rôle à jouer et pour sûr nos capacités sont parfois bien plus importantes que celles qui possèdent aujourd’hui cette fameuse légitimité. Ensemble, allons leur rappeler.

Crédit image à la une : Sist’art. Ce n’est pas une mais 3 illustratrices que nous avons le plaisir de mettre à l’honneur aujourd’hui. Sist’art c’est l’histoire de 3 soeurs passionnées d’art et de dessins.
Pour découvrir leur univers, rendez vous sur instagram : @taekanddoart et @sistart.comics

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Zaynab Bint Ahmed : professeure émérite

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[Publié initialement le 16 mai 2019]
Lorsque j’ai entrepris ce projet, j’avais pour objectif d’apporter à mes lecteur.rice.s une bonne dose d’inspiration, ainsi qu’une pincée de savoir, le tout pour les faire se questionner sur les notions d’égalité et d’équité en islam.
Cependant, je n’avais pas prévu d’y ajouter de mon côté, une poignée de frustrations. Lorsque j’ai commencé le projet, mon premier travail fut d’effectuer une sélection de femmes musulmanes inspirantes, puissantes, fascinantes ayant marqué leur temps. De toutes les découvrir fut pour moi une révélation. Une fois cette première sélection réalisée, j’ai rédigé mes mini biographies avec la volonté de multiplier les recherches et données à leur sujet.
Mes frustrations virent le jour lorsque j’ai commencé à rédiger et lorsque j’ai pris conscience de la difficulté que c’était de trouver de l’information de qualité à leur sujet. La femme dont je vais vous parler faisait partie de celles qui me semblaient essentielles. Pourtant, lorsqu’il s’est agi de développer mes recherches à son sujet, les sources furent extrêmement limitées. Difficile, voire presque impossible, de retracer et conter sa vie et son parcours avec des sources essentiellement francophones et anglophones.
Ma plus grande frustration fut d’être confrontée à un nombre important de données au sujet des hommes qu’elle a formés. Son nom y est constamment cité mais elle n’est en réalité que vaguement racontée.
Face au manque de données à son sujet, j’aurais pu choisir de ne pas vous en parler mais j’ai malgré tout décider de conserver son histoire et de vous la présenter dans une version plus limitée.
Aujourd’hui, je vous emmène dans le Damas du XIVème siècle découvrir Zaynab bint Ahmed, professeure émérite.

C’est au début du XIVème siècle que naquit Zaynab bint Ahmed dans la ville de Damas.

La période durant laquelle elle vécut ne fut pas des plus aisées. En effet, durant ce temps, une série de raids et de tentatives d’invasions fut portée par les Mongols contre la Syrie. En 1260, la ville d’Alep tomba, puis en 1300 il en fut autant pour la ville de Damas.

Malgré cela, Zaynab, mariée à l’homme d’Etat de Balbeek, Nasir Ad Din ibn Qarnin, répartit son temps entre l’enseignement et l’aide aux plus démuni.e.s.

Appartenant à l’école de jurisprudence hanbalite, elle avait acquis grâce au travail de lecture et d’apprentissage, qu’elle avait très tôt réalisé, un certain nombre d’ijazas dans des domaines divers.

Ces ijazas équivalent à des diplômes qui lui conféraient le droit d’enseigner les sciences islamiques. C’est ainsi que très vite, elle devint l’une des érudit.e.s musulman.e.s les plus éminent.e.s du XIVème siècle.

Au sein des mosquées ou durant des cours privés, elle enseignait à ses élèves l’apprentissage du Coran et l’analyse d’ouvrages perçus comme étant essentiels en islam. Elle maîtrisait et enseignait notamment des ouvrages tels que le Sahih Bukhari et le Sahih Muslim, deux des six grands recueils de hadiths. Ces recueils comprenaient l’ensemble des traditions relatives aux actes et aux paroles de Muhammad et de ses compagnons, le Muwatta de Malik, l’une des premières rédactions de la loi musulmane, compilée et éditée par l’Imam Malik, le Sharh Ma’ani al Athar d’Al Tahawi ou encore le Shaha’il du savant Al Tirmidhi.

Son grand savoir lui valut d’être profondément respectée et d’être souvent questionnée. Ainsi de grand.e.s savant.e.s l’approchaient dans l’optique de lui commander des relectures de leurs ouvrages.

Les personnes qui souhaitaient la côtoyer et l’écouter parcouraient parfois plusieurs milliers de kilomètres pour venir se former auprès d’elle. Parmi ses élèves figuraient des hommes et femmes ayant aujourd’hui acquis une certaine notoriété. On peut notamment citer le célèbre voyageur nord-africain Ibn Battuta, l’historien al Dhahabi, le théologien et juriste Hajar Al Asqalani ou encore l’expert du hadith et du fiqh Tal Al Din Subki.

En constant accord avec ses enseignements, Zaynab était également une femme juste et généreuse. De son vivant, elle fit construire en son nom plusieurs hospices afin d’accueillir les personnes dans le besoin, et en fin de vie, elle fit le choix de léguer ce qu’elle possédait sous forme de dotations religieuses afin de contribuer au développement de l’enseignement religieux. En 1300, alors que les attaques mongoles s’intensifiaient à Damas, Zaynab s’en alla.

En finissant de rédiger la biographie de Zaynab, j’étais quelque peu désolée et attristée. Désolée de ne pas en avoir dit assez et attristée de finalement n’en savoir que si peu à son sujet.

Lorsque l’on sait l’ampleur des enseignements qu’elle a pourtant donnés, lorsque l’on voit les grands noms qu’elle eut la capacité de former, lorsque l’on sait le rôle qu’elle a occupé dans sa ville, on ne peut qu’être chagriné.e !

Lorsque je sais que les livres des étudiant.e.s qu’elle a formé.e.s sont lus quasi quotidiennement un peu partout dans le monde, je ne peux m’empêcher de penser que si elle avait été un homme, alors son nom serait certainement placardé partout.

J’aurais tant aimé avoir la capacité de faire un bond dans le passé pour m’asseoir à ses côtés et précieusement collecter et noter les informations à son sujet.

J’ose encore espérer que mes recherches ne furent pas assez poussées et qu’un jour je parviendrai à rendre à Zaynab un petit peu de ce qu’elle a donné.

Alors si l’un.e d’entre vous en sait plus sur son histoire, je serais ravie de le savoir pour rectifier cette biographie et lui rendre un hommage un petit peu plus marqué.

Crédit image à la une : nihad.me
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Nana Asma’u : ode au savoir partagé

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[Publié initialement le 24 mai 2019]
Certain.e.s voient en elle un personnage précurseur du féminisme moderne en Afrique. Elle est la preuve vivante et éclatante que l’indépendance et l’émancipation des femmes musulmanes peuvent se gagner en s’appuyant sur la connaissance et le partage des textes sacrés.
Passionnée, cultivée et résiliente, elle partagera l’ensemble de ses connaissances à sa communauté pour s’assurer plus d’égalité, de justice, de paix et de sororité. Princesse, poétesse, enseignante, savante, diplomate, Nana Asma’u fut tout ça à la fois ! Embarquons ensemble à sa rencontre dans le Nigéria du XVIIIème siècle.

C’est durant l’année 1793, à Degel, dans un petit village au Nord-Ouest du Nigéria que Nana Asma’u et son frère jumeau Hassan naquirent. Enfants de Usman Dan Fadio, ils bénéficieront tous deux d’une solide éducation islamique portée notamment sur l’étude du Coran et de la Sunna (ensemble des faits, gestes et actes du Prophète Muhammad (pbl)).

Encouragée par sa famille, Nana Asma’u se forma à l’apprentissage des langues. Elle maîtrisait parfaitement l’arabe, le peul, le haoussa, langue parlée en Afrique de l’Ouest, et le touareg. La maîtrise ces langues donna à Nana Asma’u la possibilité d’approfondir ses connaissances notamment à travers l’étude de textes religieux relatifs à la prière, au droit, et au mysticisme.

C’est auprès de la Qadiryyia, confrérie soufie fondée au XIème siècle, qu’elle poursuivit son chemin spirituel et qu’elle fit grandir en elle l’intime conviction que l’éducation au savoir est fondamentale – notamment auprès des femmes. Passionnée de poésie et de lecture, Nana Asma’u puisa son inspiration à travers la poésie arabe traditionnelle et les chants populaires peul.

Elle ne se contenta pas seulement de consommer le savoir, mais contribua grandement à travers les années à le créer. Tout au long de sa vie, ce n’est pas moins d’une soixantaine d’ouvrages qu’elle rédigea. Des ouvrages divers et variés allant du manuel d’histoire, au traité de droit, de théologie ou encore de politique.

Ses ouvrages, encore consultés et utilisés aujourd’hui, nous permettent de retracer la période historique durant laquelle elle vécut à travers le regard d’une femme ne manquant pas de nous rappeler et de revendiquer les rôles et places que les femmes purent occuper. Ses ouvrages sont une source d’inspiration et d’information incroyables encore aujourd’hui.

En parallèle du savoir qu’elle accumula et des connaissances qu’elle partagea, Nana Asma’u fit du combat pour les droits des femmes au sein de sa communauté une priorité. Elle s’appuya notamment sur son bagage religieux et sur les textes sacrés pour appuyer ses revendications. Elle fit donc le choix d’enseigner. Dans toute l’Afrique de l’Ouest, elle put accompagner des milliers de femmes et d’hommes musulman.e.s mais également non-musulman.e.s, elle se déplaça dans les villes mais également dans les ruralités avec la profonde volonté de permettre à tou.te.s de bénéficier d’une éducation basée sur des principes d’égalité et d’équité.

Face à la demande grandissante et se voyant en incapacité de répondre seule à l’ensemble du besoin, Nana Asma’u eut la formidable idée de former un groupe de femmes enseignantes qu’elle nomma « les jajis ». Ensemble, leur première mission fut de créer des manuels simplifiés afin qu’ils soient accessibles au plus grand nombre. La communauté yan-taru signifiant littéralement « rassemblement entre femmes » était née.

Formées et équipées, elles parcoururent le Califat avec pour projet d’éduquer les femmes en priorité. Leur objectif était de rappeler que l’éducation des femmes était un droit garanti par l’islam, et non une faveur qu’il fallait quémander.

Quel succès ! En moins de quelques années, des milliers de jeunes filles et femmes purent avoir accès à un savoir émancipateur et libérateur.

Le travail mené par Nana Asma’u s’inscrivit dans le contexte du Jihad de Sokoto, un mouvement culturel et religieux se voulant révolutionnaire porté et leadé par son père. La sachant stratège et diplomate, il la nomma conseillère. Ayant relevé le défi avec brio, elle poursuivit ses fonctions durant le califat de son frère en écrivant les instructions aux gouverneurs et en débattant avec les différents savants invités. Son sens de la diplomatie et son expérience sur le terrain firent d’elle une experte en médiation.

Passionnée et convaincue du rôle et de l’importance de la transmission, elle tâcha de former ses sœurs au métier, dans les dernières années de sa vie. Ainsi, ses sœurs Miyram et Fatima prendront le relais après son décès et s’assureront aux côtés des califes que justice et égalité soient bien appliquées.

Il est indéniable que la figure de Nana Asma’u devait figurer dans les 30 portraits proposés. Figure emblématique du féminisme et notamment du féminisme islamique, elle est et devrait être une source d’inspiration pour les femmes musulmanes du monde entier. Sa vie entière est une ode au savoir, au savoir partagé ayant pour finalité la paix, la justice, l’égalité et la sororité !

Crédit imagine à la une : Imene de @raconte_editions
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Femmes musulmanes dans l'histoire Portraits

Arib al-Ma’muniya : une célèbre musicienne à la cour

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[Publié initialement le 20 mai 2019]
Aujourd’hui, grâce à la femme que je vous présenterai, nous parlerons d’art, de musique, et de spiritualité.
La femme dont je vais vous raconter l’histoire nous permettra de nous rappeler, ou juste de ne pas oublier, que la musique, la danse et l’art de manière générale occupaient une place importante dans les coutumes et mœurs des premier.e.s croyant.e.s de l’islam.
Elle nous permettra de nous rappeler que le développement de l’islam permit de donner naissance à un nouvel art. Un art à la fois élaboré à partir de musique arabe préislamique, marquée à travers le temps par des contributions perses, byzantines, turques, amazighs et maures. Une telle fusion de styles qui fut rendue possible grâce à la place que l’art et la culture occupèrent, grâce au soutien et à leur maintien par les plus grand.e.s qui, à travers le temps, souhaitèrent s’en porter financièrement garant.e.s
Alors, si l’art et la culture furent si centraux durant des décennies dans l’histoire de l’islam, comment se fait-il qu’aujourd’hui, lorsque l’on tape « Islam & musique » dans un moteur de recherche, la majorité des articles sur le sujet viennent nous expliquer que la musique, la danse ou encore le chant seraient nécessairement à bannir ?

‘Arīb al-Ma’mūnīya naquit en 797 dans la ville de Bagdad, dans l’actuelle Irak. Elle était la fille du vizir Ja’far al-Barmaki, membre des Barmakids, et de l’une des domestiques de la famille, nommée Fāṭima. Le statut illégitime qui fut le sien lui valut une enfance plutôt instable et difficile. Son père, Ja’far al-Barmaki, refusa catégoriquement de la reconnaître publiquement. Il survenait certes durant ses premières années à ses besoins, mais laissa sa mère Fatima se charger de l’ensemble de son éducation.

Très vite, la situation se compliqua pour elle lorsque, âgée de 4 ans, sa mère Fatima tomba gravement malade et mourut. Ja’far, informé de la situation et refusant d’abandonner son enfant, fit le choix de la remettre à une famille chrétienne, famille à qui il confia la mission de son éducation. En contrepartie, Ja’far s’engagea à payer mensuellement le montant qui lui serait demandé.

Au sein de cette famille, la vie d’Arib devint plutôt paisible. Durant cinq années, à leurs côtés, elle apprit à lire, à écrire et se découvrit une passion pour les arts.

Simultanément, la situation politique et économique devint de plus en plus compliquée pour les Barmakids et par extension pour son père. Plus le temps passait, plus Ja’far se voyait en difficulté pour rémunérer la famille qui accueillait sa fille.

C’est ainsi qu’au bout de quelques impayés, Arib fut vendue à un certain Al Marakibi qui l’emmena à Basra. Chez lui, elle servit quelques années, mais Al Marakibi, la voyant éduquée et intéressée, lui fit enseigner l’art de l’écriture et de la grammaire. Arib réalisa alors ses premiers pas en tant que poète et passa une grande partie de son temps à rédiger, à composer. Avec l’expérience et le temps, elle commença aussi à chanter.

Ses textes étant profonds et sa voix envoûtante, Arib se fit rapidement remarquer.

A l’âge de 17 ans, elle retrouva sa liberté et commença à travailler pour le compte de certains vizirs. Elle occupait alors leurs palais et, le soir ou durant les festivités, Arib chantait et partageait sa douce poésie. De nombreux vizirs s’arrachaient ses services si bien qu’elle fut très vite reconnue comme étant l’une des musiciennes les plus talentueuses d’Iraq.

Avec une renommée si grandissante, c’est le calife abbasside Al Mamun en personne qui demanda à la rencontrer. Fasciné par son charisme et son talent et en admiration devant son art, Al Mamun proposa à Arib de l’héberger à la cour en échange d’interventions lors de festivités, de soirées ou de cérémonies. Arib accepta et s’installa donc à ses côtés.

Au sein du palais, Arib fut grandement inspirée et productive. Rassurée de ne plus avoir à se questionner sur comment elle gagnerait sa vie, elle passait le plus clair de son temps à l’écriture de chansons et à leur compilation.

Elle écrivit durant ses années au palais plus de 1000 chansons et poèmes compilés en plusieurs volumes.

Symbole de son talent et de sa créativité, Arib servit, après Al Mamum, les 9 califes suivants. Elle mourrut sous le règne de Al Mutadid, à l’âge de 96 ans. Arib aura donc servi au cours de sa vie un nombre considérable de vizirs et 10 des califes abbassides. Vivant au sein même de la cour, elle fut la musicienne la plus connue et reconnue du IXème siècle.

L’histoire d’Arib, j’aimerais la partager à toutes ces femmes, ces passionnées qui à un moment de leur vie ont douté ; douté de la légitimité, de leur talent ; douté de la possibilité de pouvoir à travers leur art s’exprimer.

A toutes ces femmes, à qui l’on a dit qu’islam et art étaient incompatibles, à toutes ces femmes à qui l’on a expliqué que pour être une « bonne » croyante, il faudrait nécessairement qu’elles choisissent entre leur passion et leur religion.

Mesdames, dites-vous que l’art a toujours existé et que l’islam a contribué à le faire évoluer. Un nombre important de textes, d’écrits, d’histoires sont aujourd’hui présents pour nous le rappeler, pour souligner que la grandeur de l’islam s’est avant tout construite sur la grandeur de sa culture.

S’en séparer, c’est laisser de côté cette part de beauté, c’est oublier ceux et celles qui nous ont précédées.

Crédit image à la une : Charlotte. Charlotte est une illustratrice passionnée de dessin et notamment par l’univers de la mode. Je vous laisse découvrir son univers :
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Khadija : mécène de l’islam

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[Publié initialement le 15 mai 2019]
La femme dont nous allons parler aujourd’hui, je suis presque certaine que vous la connaissez, je suis presque certaine que vous l’avez même peut-être à plusieurs reprises déjà citée.
Cette femme est en somme la référence féminine musulmane. Elle fait partie des pionnières de l’islam; elle fut un soutien émotionnel, un soutien financier, un soutien politique; bref, ce genre de soutien inébranlable qui permet de transformer les visions en réalité, qui permet de rassurer, qui permet de réconforter, d’accompagner. Avez-vous deviné de qui nous allons parler ?
J’ai longuement hésité à faire figurer son histoire parmi les 30 femmes sélectionnées. Je partais du principe que son histoire était déjà trop relatée et que certainement bien d’autres femmes totalement oubliées méritaient davantage d’être racontées. J’ai finalement changé d’avis lorsqu’en cherchant à me documenter à son sujet, je n’ai trouvé que trop peu de sources lui rendant pleinement hommage, trop peu de sources rappelant à quel point cette figure fut incontournable, à quel point elle fut l’un des piliers majeurs du développement de l’islam des premiers temps, à quel point l’islam ne se serait pas si aisément diffusé si cette femme n’avait pas été.
J’ai finalement  été convaincue et ai pris la plume lorsque j’ai su que Khadija (qu’Allah soit satisfait d’elle) nous avait quitté.e.s lors de la dixième nuit du mois de Ramadan en l’an 620. Alors, j’ai commencé à rédiger en me disant qu’en cette 10ème nuit de Ramadan 2019, 1399 ans jour pour jour après, je tenterais modestement de lui rendre hommage dans des termes profonds, sincères et justes.

 

Concernant les sources, il y a à son sujet un réel avantage. L’avantage avec Khadija (Ase), c’est que depuis mon enfance, on me conte son histoire, on me rappelle à quel point cette femme fut exceptionnelle, à quel point elle devrait être pour moi un modèle.

J’ai donc voulu aujourd’hui relever un challenge. Ce challenge, c’est de vous raconter son histoire à travers mon regard, de la sublimer, mais surtout de l’appréhender sous un prisme quelque peu différent. J’aimerais aujourd’hui vous présenter Khadija (Ase) comme étant bien plus que l’épouse du Prophète (paix et bénédiction d’Allah soient sur lui). J’aimerais vous montrer à quel point elle fut essentielle dans le cheminement de la révélation durant ces nombreuses années de répression. J’espère ne pas vous décevoir et qu’à la fin de cette lecture, vous repartirez avec, à son sujet, comme un nouveau regard.

C’est parti, sans plus attendre, rendons à Khadija (Ase) ses lettres de noblesse !

Khadija (Ase), connue également sous le nom de Khadijah bint al-Khuwaylid, naquit vers l’an 555 à la Mecque. Femme d’affaires et négociante, Khadija (Ase) faisait partie de ces puissant.e.s entrepreneur.e.s qui géraient d’une main de fer leurs relations commerciales. Face à cette femme dans les contrées voisines, naturellement un grand respect s’imposait.

Khadija (Ase) était une leader au sein de sa communauté et grâce à elle, un grand nombre de familles pouvait s’alimenter et subvenir à ses besoins. En effet, il semblerait que le nombre de caravanes que possédait Khadija (Ase) égalait, voire surpassait le nombre de caravanes que possédaient les autres commerçant.e.s de la tribu des Quraysh. Afin de faire proliférer son commerce, elle avait au sein de ses équipes un grand nombre de personnes à son service, en charge de vendre sa marchandise et de la faire transiter de la Mecque à la Syrie, puis de la Syrie à la Jordanie et au Yémen.

Parmi eux.elles, elle recruta un jeune homme âgé d’une vingtaine d’années. Ce jeune homme, orphelin de père et de mère, n’avait que peu de ressources financières. Il s’était présenté à elle, sollicitant son aide en échange de ses services. Motivé et compétent, Muhammad (pbl) prit très vite des responsabilités et devint l’un de ses hommes de confiance.

En plus d’être une brillante entrepreneure, Khadija (Ase) était également mère de famille. En effet, de ses deux précédents mariages, dont elle était à présent veuve, elle avait eu plusieurs enfants, dont l’un avait survécu et était à sa charge. Elle parvenait pourtant parfaitement à concilier ses affaires personnelles et professionnelles tout en venant en aide financièrement et matériellement aux nécessiteux.ses de son quartier.

Après quelques temps de travail aux côtés de Muhammad (pbl), marquée par la sagesse, la gentillesse et la patience de son jeune employé, elle fit savoir à l’une de ses proches amies, Nafaysa, qu’elle souhaitait l’épouser.

C’est ainsi qu’elle prit la responsabilité d’aller lui faire savoir qu’elle souhaitait avec lui fonder un foyer. Ce à quoi il répondit qu’il n’avait pas les moyens d’entretenir une famille, qu’il ne comprenait pas pourquoi elle s’intéressait à lui alors qu’un grand nombre de notables avaient déjà essayé et s’étaient pourtant vu repoussés.

En 595, alors âgée de quarante ans, Khadija (Ase) épousa Muhammad (pbl), qui lui en avait vingt-cinq. C’est ainsi que pour eux débuta une longue aventure de vingt-cinq années où ils furent ensemble grandement éprouvés. Quinze années après leur mariage, alors qu’ils étaient d’heureux parents et que leurs affaires prospéraient, les premières révélations divines se manifestèrent à Muhammad (pbl)… dans la douleur.

En effet, cela sonnait pour eux le début des premières années de difficulté. Muhammad (pbl) ne parvenait plus à trouver le sommeil, effrayé par les révélations qui lui étaient faites et dont il ne parvenait pas à saisir le sens. Alors qu’effrayé par l’état dans lequel il finissait par se convaincre qu’une sorte folie maladive le gagnait, Khadija (Ase) passait son temps à l’écouter, à le rassurer et à tenter de comprendre pourquoi tout cela se produisait. Ces premières années furent pour elle le début d’une patience et d’un soutien inébranlable de sa part.

A force d’écoute, de réflexion commune, et de bienveillance à son égard, elle finit par lui faire accepter sa destinée. Muhammad (pbl) avait été choisi comme messager de Dieu. Afin d’affirmer son soutien, Khadija (Ase) devint la première convertie de l’islam. Après avoir été pour son époux un soutien financier, elle devint également pour lui son premier soutien moral. Soutien qui permettra à l’un des hommes les plus importants de ce monde aujourd’hui de se construire et de s’accepter.

Mais ce n’était pour eux que le début des difficultés. En effet, le Prophète (pbl) commença à partager les révélations qui lui avaient été faites et à prêcher sa nouvelle religion. En quelques années, les adeptes furent de plus en plus nombreux.ses, issu.e.s de tous les clans et de toutes les catégories sociales.

Ainsi, face à cet engouement, les Mecquois.es, jusqu’alors polythéistes, tentèrent de stopper ce mouvement en réprimandant les nouveaux croyants. Ils.elles commencèrent dans un premier temps à infliger tortures et persécutions aux musulman.e.s les plus faibles, en les faisant notamment esclaves. C’était sans compter sur le soutien de Khadija (Ase), qui n’hésita pas à missionner quelqu’un pour aller acheter l’ensemble des nouveaux croyant.e.s alors mis.es en esclavage afin de leur rendre leur liberté. Les violences à l’égard des musulman.e.s ne cessaient de se renforcer et un embargo s’imposait à présent dans la ville de la Mecque.

En 616, tous.tes les commerçant.e.s de la Mecque avaient l’interdiction de vendre aux musulman.e.s quelconques denrées alimentaires. C’est ainsi qu’une fois de plus Khadija (Ase) prit la responsabilité de subvenir secrètement aux besoins de la communauté musulmane naissante, en se fournissant en eau et nourriture dans les contrées voisines. Elle joua ce rôle durant les quatre années d’embargo au terme desquelles elle décéda.

Des années encore après sa mort, elle restait une référence pour le Prophète (pbl) qui passait son temps à l’honorer, à la citer, à puiser ses ressources dans le souvenir de ce qu’elle était.

Au-delà d’être l’épouse du Prophète (pbl), Khadija (Ase) est un modèle de leadership féminin comme nous en trouvons peu ailleurs. Femme active, mère de famille, soutien infaillible pour sa communauté, Khadija (Ase), avant même de rencontrer Muhammad (pbl), était sur tous les fronts.

Après son mariage, elle continua sur cette lignée, notamment en appuyant la mission prophétique de Muhammad (pbl). Ses encouragements, sa patience, son aide et sa bienveillance aidèrent le Prophète (pbl) à croire en ses visions et ainsi à propager l’islam.

Plus qu’un soutien moral, Khadija (Ase) fut la référence pour Muhammad (pbl), elle fut son cap, elle fut sa boussole, elle fut la seule, elle fut l’unique. Elle fut son soutien financier du début de vie mais aussi du début de prophétie. Elle fut son soutien émotionnel lorsqu’il en avait besoin. Elle fut également et surtout un soutien pour l’ensemble des premier.e.s croyantes. En effet, en investissant sa richesse, elle permit aux premier.e.s musulman.e.s de faire face aux violences infligées par les Mecquois.es et ainsi au message de perdurer.

Rendons ses lettres de noblesse à Khadija (Ase) et acceptons que plus que l’épouse du Prophète (pbl), elle fut celle qui le nourrit, elle fut celle qui lui permit d’accepter la destinée qui lui était confiée, elle fut celle qui mit sa richesse à disposition durant les années de répression. Elle fit tout cela, alors si le message d’un berger devenu commerçant a pris une telle ampleur en 1300 ans, gardons avant tout à l’esprit que c’est avant tout le fait de cette femme !

Crédit image à la une : Sist’art. Ce n’est pas une mais 3 illustratrices que nous avons le plaisir de mettre à l’honneur aujourd’hui. Sist’art c’est l’histoire de 3 soeurs passionnées d’art et de dessins.
Pour découvrir leur univers, rendez vous sur instagram : @taekanddoart et @sistart.comics

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Lubna de Cordoba : garante de l’essor culturel

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[Publié initialement le 12 mai 2019]
La femme dont je vais vous parler a atteint des sommets par sa seule volonté, son efficacité et sa soif de savoir.
Ses vastes connaissances et compétences lui ont permis de côtoyer les plus grand.e.s de son temps, et d’occuper des postes où les responsabilités furent des plus importantes.
La femme dont je vais vous parler est poète, mathématicienne, bibliothécaire et tellement d’autres choses à la fois.
La femme dont nous allons parler s’appelle Lubna, mais elle est également connue sous le nom de Lubna de Cordoba.

 

De sa naissance, de son enfance, et de son adolescence, nous ne savons que très peu de choses. Nous ne pourrons situer l’année ni même la ville de sa naissance. De Lubna, nous savons qu’elle était espagnole, issue d’une famille en grande précarité et qu’elle fut réduite à la servitude très jeune.
Mais sa condition initiale ne l’empêcha pas de développer un nombre incalculable de passions. En effet, l’écriture, la grammaire, la poésie et les mathématiques l’attiraient, si bien que dès qu’elle le pouvait, elle y consacrait l’ensemble de son temps et de son énergie.
C’est ainsi que, très vite, elle fut repérée et commença alors à servir en ce sens. Elle devint scripte et eut pour mission de recopier et de calligraphier un certain nombre de livres afin qu’ils puissent être diffusés plus facilement. Son efficacité ne fut plus à prouver et son nom se répandit. Bientôt, Lubna commença à être sollicitée par différentes personnalités.

 

Si nous devions citer des modèles de femmes autodidactes aujourd’hui, Lubna de Cordoba devrait nécessairement y figurer. Partie de rien, elle consacra durant des années son temps et son énergie à se former, jusqu’au jour où elle fut appelée par le calife Abd Al-Rahman III pour travailler à ses côtés au sein de la cour royale des Omeyades de Cordoue. C’est ainsi qu’elle devint secrétaire du palais, mais également bibliothécaire, mathématicienne et poète.
Lubna était une femme forte, autonome et ses différentes expériences et connaissances lui permirent très vite de dépasser les fonctions qui lui avaient été confiées. Elle fut en capacité de débattre et de rivaliser avec politicien.ne.s, philosophes et dirigeant.e.s de l’époque. Son charisme et son intelligence lui permirent très vite de figurer parmi les figures les plus importantes du palais des Omeyyades de Cordoue.
En 961, à la mort d’Abd Al Rahman III, son fils Al Hakam b. Abd al-Rahman reprit le pouvoir. A aucun instant il n’eut la volonté de se séparer de Lubna; bien au contraire, il lui donna pour mission d’être garante de l’essor culturel et intellectuel du califat. Ainsi, avec un grand nombre de femmes et d’hommes à ses côtés, elle commença à reproduire, écrire et traduire les livres les plus importants, et ce dans des domaines très différents.

 

C’est en partie grâce à ce travail colossal qu’elle dirigea que nous sommes aujourd’hui en capacité d’étudier et de nous inspirer d’œuvres de philosophes, de mathématicien.ne.s, de physicien.ne.s de la Grèce antique notamment.

Elle fut aussi – avec Hasdaï Ibn Shaprut, médecin, diplomate et mécène juif du Xe siècle – à l’initiative de la création de la fabuleuse bibliothèque de Madinat al-Zahra. A la suite de quoi elle la présida. La bibliothèque royale comptait plus de 500 000 livres, dont Lubna avait la capacité de dire où chacun d’eux se trouvait. Afin qu’elle soit perpétuellement alimentée et que les plus belles pièces y soient recensées, Lubna parcourut seule le Moyen-Orient à la recherche des livres les plus prisés. De sources historiques, on sait notamment qu’elle voyagea fréquemment au Caire, à Damas et à Bagdad.
Sa bibliothèque fut l’une des plus importantes et des plus célèbres de son temps. Cordoue connut, grâce à son travail acharné, un essor culturel conséquent. Les savant.e.s s’y déplaçaient massivement afin d’y trouver les écrits dont il.elle.s avaient besoin. La ville était devenue dans les esprits de chacun.e une cité des sciences et de la culture.

Des siècles se sont écoulés avant qu’une bibliothèque semblable à la sienne voie le jour en Espagne. Al Hakam II était le mécène et le protecteur des philosophes et des poètes, même les plus polémiques, et Lubna en était la cheffe d’orchestre.

 

Lubna a su faire de Cordoue un lieu symbole de pluralisme, de tolérance, où l’équité devait nécessairement régner. A la fin de sa vie, c’est à l’enseignement que Lubna se consacrera; elle enseigna notamment aux enfants la magie des mathématiques et leur transmit son amour des chiffres.
C’est en 984 que Lubna décéda. Cependant, si l’on en croit les chroniques arabes de l’époque, nous savons qu’en partie grâce à elle, la machine avait été amorcée. En effet, comme il est souvent mentionné, il pouvait y avoir dans certains quartiers plus de 170 femmes lettrées chargées de copier, traduire ou rédiger. Ces quelques données suffisent à nous donner une idée de l’héritage qu’elle avait laissé, de nous montrer la place qu’occupait la culture mais également la manière dont les femmes y contribuaient.

 

Lubna fut une femme musulmane aux origines ni royales ni nobles. Seule, elle se façonna, elle s’instruisit, elle se perfectionna. Ce travail acharné qu’elle mena lui valut d’être nommée et renommée. Lui donner, à elle, la charge de ces hautes responsabilités, était une preuve de la confiance et du respect qui lui étaient accordés. C’était également un contre-argument clair contre quiconque prétendait que les femmes en islam n’avaient pas de rôles stratégiques à jouer.

Lubna, bien qu’oubliée, fit partie de ceux et celles ayant contribué à la diffusion des savoirs qui furent essentiels dans la prospérité de nos sociétés.
Sa personne, son histoire et les traces qu’elle nous a laissées devraient nous rappeler qu’avec force et détermination, nous pouvons inverser notre destinée; qu’avec envie et passion nous pouvons faire taire la répression, et qu’avec persévérance et croyance nous pouvons faire évoluer les pires des mentalités.
Alors prenons ensemble Lubna comme modèle, faisons d’elle une source d’inspiration pour notre génération et celle à venir. Utilisons son histoire pour faire valoir justice, égalité et respect.
Pour en savoir plus sur son histoire et son parcours, je vous invite si vous êtes anglophones à écouter ce fabuleux podcast à son sujet.

 

Belle écoute 😉

 

Illustration : Sist’art
Sist’art c’est l’histoire de 3 soeurs passionnées d’art et de dessins.
Pour découvrir leur univers, rendez vous sur instagram : @taekanddoart et @sistart.comics

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Rabia al Adawiyya : une ode à l’amour du divin

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[Publié initialement le 11 mai 2019]
Aujourd’hui, en plus de vous faire découvrir une femme musulmane importante, une femme musulmane fascinante, je vous propose ensemble de partager un voyage initiatique, un voyage hautement spirituel, celui de l’Amour du divin. La femme dont je vais vous parler fit le choix de l’emprunter, de s’y laisser embarquer, de l’habiter. De sa vie, les événements extérieurs que je vous relaterai ne sont que peu nombreux. Je vous partagerai ses événements intérieurs, ceux relatifs à son âme et sa spiritualité, qui méritent davantage d’être relatés. Cette femme, dans sa recherche effrénée du divin, a su gravir un degré d’amour que la raison humaine peut difficilement concevoir.
Rabia Al Adawiyya, aussi appelée Rabia Al Basri est considérée comme la première mystique de l’islam et plus particulièrement du soufisme. Son arrivée à une époque où la plus grande partie du monde connu avait été conquise par les musulman.e.s, où l’opulence et l’apparat gagnaient du terrain, sonna comme une voix nouvelle, celle d’un appel divin authentique et éternel. Aujourd’hui, dépassons les repères spatio-temporels, dépassons la force du physique pour tenter de rencontrer Rabia Al Adawiyya, la plus grande des mystiques.

Rabia Al Adawiyya naquit vers l’an 100 de l’Hégire, soit vers 719 de l’ère chrétienne dans la ville de Bassora, située dans l’Irak actuelle. Ses parents la nommèrent Rabia car elle était la quatrième d’une famille qui jusqu’alors comptait trois filles. Sa famille, bien qu’étant très pauvre, était profondément dévouée à Dieu et s’en remettaient malgré les difficultés qu’elle rencontrait. Alors qu’elle avait moins de dix ans, le père de Rabia décéda; puis quelques mois plus tard, la mort emporta également sa mère. C’est ainsi que les quatre sœurs se retrouvèrent orphelines. Bientôt, démunies, elles durent surmonter la misère, la faim et l’errance. Afin de trouver quelque part un avenir meilleur, leurs chemins se séparèrent.

La ville de Bassora, où Rabia fit le choix de s’installer, souffrait d’une rude épidémie qui confronta sa population à une terrible disette. La violence se fit grandissante et les brigands de plus en plus nombreux. Le destin de Rabia bascula lorsqu’un jour l’un d’eux l’enleva et la vendit pour six dirhams à un dur commerçant.

La dure vie qu’elle menait jusqu’à présent se compliqua lorsque les tâches qui lui furent confiées étaient hors de ses capacités. Ses moments de répit, c’est la nuit que Rabia les vivait. Une fois retirée, seule dans sa chambre, elle se mettait à prier et à supplier son Seigneur de lui montrer Sa voie. Lorsqu’elle priait, lorsqu’elle se confessait, c’était toutes ses peines physiques que Rabia oubliait. Elle avait cette force qui l’animait, qui l’attirait vers l’adoration, l’adoration de Dieu.

Une nuit, alors que son maître se réveilla, il l’entendit prier, supplier. Emu par la beauté qui s’en dégageait, il resta là un instant puis l’observa discrètement. Il l’aperçut rayonnante, comme enveloppée d’une lumière qu’il ne pouvait qualifier. Il était fasciné et quelque peu apeuré par la puissance qui semblait se dégager d’elle. Le lendemain, il s’approcha d’elle puis lui fit savoir que, si elle le désirait, elle pouvait s’en aller, ou tout bonnement également rester mais avec la promesse d’un statut plus respecté. Rabia fit le choix de s’en aller avec pour promesse de dédier sa vie à l’amour de Dieu, renonçant ainsi au mariage et à tout autre plaisir qu’elle jugeait terrestre. Elle passa ses nuits à prier, ses journées à méditer et la majeure partie de ses journées à jeûner.

Alors qu’elle n’avait que 14 ans et n’ayant de lieu où vivre à proprement parler, les mosquées devinrent sa demeure. Ne se faisant pas aux tumultes des cités, Rabia s’inclinait à la solitude. Elle se mit donc en route à la recherche d’un univers à la fois vide de créature mais empli de la Douce Proximité de son Créateur.

Afin de mener travail profond sur elle, Rabia fit le choix de s’éloigner, de s’en aller. Elle alla dans le désert dans la plus profonde des retraites spirituelles. Une fois son cœur purifié, une fois libérée de ses passions, des instincts, de la peur et de l’espoir, elle revint à Bassora où elle commença à prêcher et à enseigner l’amour de Celui pour qui elle désirait exister.

Autour d’elle, un grand nombre d’aspirants au cheminement spirituel se réunissait pour l’écouter, pour s’élever. Parmi ses compagnons, on pouvait notamment trouver l’ascète Rabâh Al-Qaysî, le spécialiste du Hadith Sufyân Ath-Thawrî et le soufi Shafîq Al-Balkhî. Elle prit également la plume pour y partager ses enseignements, pour y partager l’Amour du divin. Aujourd’hui encore, on peut trouver et parcourir certains de ses poèmes. Je vous en partage aujourd’hui quelques lignes m’ayant beaucoup inspirée :

Mon Dieu, si je T’adore par crainte de Ton Enfer, brûle-moi dans ses flammes, et si je T’adore par crainte de Ton Paradis, prive m’en. Je ne T’adore, Seigneur, que pour Toi. Car Tu mérites l’adoration. Alors ne me refuse pas la contemplation de Ta Face majestueuse.

C’est à l’âge de quatre-vingt ans qu’elle fut rappelée. Toute sa vie durant, elle passa ses nuits et ses jours emportée dans la méditation de Dieu, recherchant avec ferveur Son Amour.

Rabia, par ta sincérité, ton détachement, tu te distingues de celles et ceux t’ayant précédée. Animée par un amour débordant, tu fus la première à proclamer l’Amour absolu, à poser l’amour du divin comme source d’inspiration et d’illumination. Rabia, je te salue pour ton intégrité, ta piété, ta sincérité. En toi, je puise l’inspiration, la motivation, la dévotion.
Tu me rappelles que tout cela n’est qu’éphémère, que nous ne sommes que des passagères avec une mission, celle d’exceller, de nous affirmer et de nous accepter, telles qu’Il nous a créées.

Crédit image à la une : Houda Damouch, designer et architecte d’intérieur, artiste peintre de formation et de passion. « J’aime à dire que l’art peut s’exprimer de bon nombre des manières, cultiver son être avec minutie et patience comme on cultiverai une fleur délicate est aussi un art. Je me passionne aussi pour le savoir, celui qui nourrit le corps et l’âme, celui qui réforme l’esprit par la sagesse »
Son compte insta : @houdhouda_
Sa page Facebook : /D.sign.HD

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Diffuse la bonne parole

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Femmes musulmanes dans l'histoire Portraits

Khawla : femme guerrière

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**Initialement publié le 10 mai 2019**
Je vous avais promis de vous faire découvrir durant ce mois de Ramadan des femmes musulmanes inspirantes, des femmes musulmanes puissantes, des femmes fortes et motivantes.
La femme dont je vais vous conter l’histoire aujourd’hui est clairement tout cela à la fois !
Elle est, je pense, LA FEMME dont l’histoire m’a personnellement la plus étonnée, la plus motivée. Elle est en somme l’héroïne dont j’aurais rêvé durant mon enfance. Elle est cette femme forte, cette femme militante, cette femme toujours persévérante, elle est l’unique, la grande KHAWLA !

 

Khawla bint Al-Azwar naquit dans l’actuelle Arabie Saoudite, durant la première partie du VIIème siècle. Elle était la fille d’un puissant chef d’une tribu connue sous le nom de Bani Assad, et était également la soeur de Dhiraar bin Al-Azwar, légendaire soldat musulman et commandant de l’armée sous le califat d’Abou Bakr.

 

De sa jeunesse, nous ne savons que très peu de choses, hormis le fait que depuis son très jeune âge, Khawla était émerveillée par les nombreux talents que possédait son grand frère, à tel point qu’elle n’aspirait qu’à lui ressembler. Il maniait l’épée comme personne et maîtrisait les lettres avec brio. Si son frère Derar était si habile, c’était car en tant que fils du chef de la tribu  il dut dès son plus jeune âge se former aux arts de la guerre et des lettres.
Derar, qui entretenait une relation aimante et sincère avec sa sœur, lui transmettait l’ensemble des connaissances qu’il possédait. Ainsi, Khawla, en se formant au côté de celui qu’elle admirait, devint secrètement très habile et familière avec les épées, les arcs et les lances.

 

Lorsque Derar fut appelé à rejoindre les armées musulmanes, Khawla n’hésita pas une seconde à se joindre à lui, affirmant qu’elle désirait ardemment apporter son aide et son assistance médicale à ceux qui se trouveraient blessés. Ainsi, Khawla participa aux batailles en se chargeant d’apporter de l’eau aux mourants, en remplaçant les bandages, ou encore en nettoyant le camp.

 

Mais ce qui lui vaut son héroïsme est la manière dont elle reprit le leadership durant la célèbre bataille qui opposa les musulmans aux Byzantins à Yarmouk, en 636 .

 

Un jour, alors que se déroulait une bataille contre l’empire byzantin à l’extérieur de Jérusalem, Khawla, installée sur les hauteurs de la ville, regardait et observait le combat. Soudain, elle vit que son frère Derar, en difficulté, fut désarmé puis capturé en tant que prisonnier. Témoin de l’enlèvement de son frère, Khawla descendit aussitôt de sa crête, courut à la tente de ravitaillement, attrapa une armure, l’enfila, y ajouta par-dessus une robe noire et une écharpe afin de dissimuler son visage, puis s’en alla armée de sa lance et de son épée sur le champ de bataille.

 

La bataille de Yarmouk suivait son cours, quand, soudainement, une Khawla méconnaissable commença à percer les rangs alliés, tuant à tour de bras et portée par l’amour qu’elle ressentait pour celui qui venait d’être fait prisonnier. L’ensemble des combattants pensèrent alors dans un premier temps qu’il s’agissait de leur commandant Khalid Ibn Al Walid. Mais lorsque le général apparut, l’ensemble des soldats se demandèrent qui ce vaillant soldat pouvait bien être.

 

Quand le général vit les dommages causés par Khawla à l’armée adversaire, il ordonna à l’ensemble de ses hommes d’attaquer. A la suite de quoi, les byzantins furent mis en déroute. Khawla avait donc aidé à renverser le cours de la bataille mais contribua également à la libération de son frère. En effet, alors que l’armée byzantine était en route, elle prit sous son commandement un petit détachement et descendit dans les rangs afin de retrouver son frère et les autres musulmans ayant été faits prisonniers.

 

À la fin de la bataille, Khalid, le commandant marqué par ce qu’il venait de voir, partit à la recherche de ce mystérieux chevalier et lui demanda alors de décliner son identité. Dans un premier temps, Khawla, réticente, refusa. Puis, sous la pression elle accepta. Lorsqu’elle révéla son identité, Khalid ne prit à peine le temps de s’étonner du fait qu’elle était femme et se contenta de lui signaler qu’à présent, elle se joindrait à son armée pour les prochaines batailles, et ce nullement masquée, car son talent pour le maniement de l’épée faisait d’elle une solide alliée. A la suite de cet épisode, Khawla continua à servir tout au long de la campagne, se battant fièrement sur son cheval.

 

 

C’est également lors d’une autre bataille que Khawla prouva une fois de plus que, dans la difficulté, il y avait certes de la facilité mais également de l’ingéniosité.

 

Alors qu’elle se battait au corps à corps lors de la bataille d’Ajnadin, Khawla fut propulsée au sol, perdant ainsi le contrôle de sa lance. Alors même qu’elle n’ait eu le temps de se lever, les ennemis étaient sur elle, la capturant et la ramenant dans leur camp. Conscient qu’il s’agissait de la célèbre Khawla, le général byzantin vint la voir. Il lui fit savoir qu’il viendrait la chercher le soir-même, et qu’il l’humilierait publiquement. Afin d’attendre que le soleil soit couché, ils l’emmenèrent dans une tente où se trouvaient déjà un certain nombre de femmes arabes qui avaient été capturées et faites prisonnières.

 

Khawla n’était pas prête à se soumettre. Elle proposa ainsi aux autres femmes de s’organiser pour que, l’heure venue, elles puissent échapper au sort qui leur étaient réservés. Dès que le soleil fut couché, Khawla parvint à se détacher et en profita pour détacher l’ensemble des femmes qui l’accompagnaient. Elles se munirent alors de poteaux, et d’autres objets tranchants qu’elles pouvaient se mettre sous la main. Lorsqu’elles entendirent les gardes arriver, Khawla se fraya un chemin, et à travers le tissu de la tente transperça l’homme qui s’en approcha. Dans la foulée, elle tua les deux autres gardes qui l’accompagnaient.

 

Quelques instants plus tard, Khawla lança l’assaut. Le groupe de femmes, brandissant poteaux et autres matériaux, sortit doucement de la tente et tenta de se frayer un chemin afin de rejoindre les lignes alliées. Soudées, elles parvinrent à éliminer les hommes qu’elles avaient croisés sur leur chemin, et finirent par réussir à s’échapper.

 

De retour au camp, Khawla fut de nouveau saluée pour son courage et sa bravoure. Elle servit le reste de la guerre puis finit par épouser l’un des plus puissants princes arabes.

 

Au sujet de Khawla, on pourrait écrire des lignes et des lignes tant son courage, son audace, et sa maitrise marquèrent son temps. Si elle fut considérée comme l’une des plus grandes guerrières du monde musulman, elle fut également un modèle de leadership pour toute une armée, puis un modèle de leadership féminin pour toutes ces femmes qu’elle embarqua, forma et entraina. En effet, si de remarquables savants tels qu’Al Azdi, écrivirent à son sujet aux VIIIe et IXe siècles, ou encore que des chroniqueurs ultérieurs tels qu’Ibn Kathir et al-Zirkali aient jugé nécessaire d’attribuer une telle importance à cette guerrière dans leurs écrits, c’est avant tout pour toutes ces raisons.  Aujourd’hui, le travail de mémoire en l’honneur de Khawla perdure notamment au Moyen-Orient, où l’on trouve assez fréquemment des écoles portant son nom. Pourtant, son histoire si inspirante, si puissante et si motivante mériterait d’être davantage enseignée car elle permettrait sans aucun doute à un grand nombre de femmes d’y puiser force, détermination et réconfort.

 

Alors, ensemble, contribuons à ce que ses exploits, son courage et sa bravoure soient davantage racontés et partagés.
Crédit Photo Image à la une: Charlotte. Passionnée de dessin et notamment par l’univers de la mode, Charlotte est une illustratrice qui a son style bien à elle.
Retrouvez tous ses dessins sur : son insta @lapagedesign et son Facebook lapagedesign ch.

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Diffuse la bonne parole

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