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[Communiqué] Lallab dénonce la chasse aux abayas du gouvernement

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Le 27 août dernier, à quelques jours de la rentrée scolaire, Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Education Nationale, annonce sur TF1 : « Oui, j’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter l’abaya à l’école », s’inscrivant ainsi dans les pas du Rassemblement National qui demandait quelques mois plus tôt au Sénat « l’interdiction des vêtements religieux par destination ».

 
Nous dénonçons une énième campagne de harcèlement à l’égard des jeunes filles musulmanes, qui sont une nouvelle fois les cibles de l’islamophobie au plus haut niveau de l’Etat. Après la loi de 2004, interdisant aux jeunes filles musulmanes de porter un foulard au sein des établissements publics, voilà maintenant qu’elles n’ont plus le droit de porter des robes longues (abayas), une dérive de la loi de 2004 attendue et dénoncée depuis vingt ans maintenant qui s’accélère sous la pression de l’extrême droite et l’extrême-droitisation des discours politiques.
 
Car ne nous y trompons pas : si aujourd’hui la question prend de l’ampleur, le harcèlement des femmes musulmanes à l’école vis-à-vis de leur tenue ne débute pas avec la déclaration de Monsieur Attal. La possibilité pour les mères accompagnatrices de porter le foulard ou même de rentrer dans certains établissements récupérer leurs enfants, et pour les élèves de porter bandeaux, jupes longues, “vêtements sombres” et aujourd’hui abayas : à chaque fois, c’est la même mécanique à l’œuvre, la même obsession pour le contrôle des corps des enfants, des filles et des femmes musulmanes.
 
Lallab dénonce un harcèlement islamophobe sexiste et raciste, qui donne libre champ au délit de faciès dans l’enceinte de l’école. En effet, Monsieur Attal déclare « qu’on ne doit pas être capable d’identifier la religion des élèves en les regardant », mais par contre nous devrions être capable d’identifier la religion d’un vêtement ? Car comment faire la différence entre une robe longue autorisée et une robe longue interdite si ce n’est en fonction de celle qui la porte, en fonction du faciès ou du patronyme des élèves ? Les jeunes filles musulmanes racisées seront donc en première ligne de ce profilage racial et de ce fichage religieux, ce qui est une bien plus grande atteinte à la laïcité que l’abaya ne le sera jamais.
 
Lallab dénonce donc une attaque grave contre cette laïcité, telle que posée dans la loi de 1905. Alors que le principe de laïcité garantit la liberté de conscience et de culte, et impose la séparation des Eglises et de l’Etat et la neutralité de ses agents, on va demander à des personnels de l’Education Nationale de déterminer quel vêtement est religieux et lequel ne l’est pas. Alors que l’école est un droit, et qu’elle doit être un espace d’apprentissage de la liberté et de l’égalité, Gabriel Attal entend y renforcer la discrimination, le harcèlement, le sentiment de rejet et d’insécurité et l’injustice à l’égard des jeunes filles musulmanes qui seraient les seules à ne plus avoir le droit à la liberté vestimentaire.
 
N’oublions pas non plus le caractère intrinsèquement sexiste d’une telle décision. Au delà du fait que les femmes musulmanes sont déjà celles qui subissent le plus l’islamophobie, dans la mesure où 70% des actes islamophobes sont à l’encontre des femmes, quelle autorisation une telle circulaire donne-t-elle aux garçons et aux hommes dans le contrôle du corps des femmes et de leurs comportements quand l’Etat lui-même organise le contrôle des vêtements de jeunes femmes ? Comment peut-on encore scander “mon corps, mes droits, mes choix” ensuite ? Et en cas de violences ou de harcèlements sexistes ou sexuels, comment faire confiance à des représentants de l’Etat (personnel scolaire, policiers,…) pour se confier et dénoncer ces violences quand eux-mêmes, pourtant censés vous protéger, vous ont humiliée, ont traqué les centimètres de vos vêtements de façon obscène au collège ou lycée, quand vous étiez encore une enfant ?
 
Force est de constater que les réactions des différents partis politiques et des principaux syndicats ne sont pas à la hauteur, certains applaudissent des deux mains à l’unisson de l’extrême droite, ayant depuis longtemps perdu leur boussole politique. D’autres dénoncent une manœuvre politicienne qui détournerait des « vrais » problèmes que rencontrent l’Education Nationale, comme si l’islamophobie, le racisme et le sexisme s’exprimant à toutes les échelles de l’institution n’était pas un vrai problème. Car ne nous leurrons pas, certains personnels au sein de l’Education Nationale seront ravis de sortir leur mètre-ruban pour dénoncer des robes trop longues, ils et elles n’avaient d’ailleurs pas attendu les annonces de Gabriel Attal pour le faire.
 
Nous, femmes musulmanes, sommes épuisées face à cet acharnement politique et médiatique sans fin qui a des conséquences sur notre santé physique et notre santé mentale, sur nos parcours scolaires, notre droit à l’éducation, nos futurs possibles. Combien de jeunes filles vont se présenter chaque jour devant leur établissement, la boule au ventre, à se demander si aujourd’hui elles pourront accéder à l’enseignement, ou si pour cela elles devront être déshabillées de force en place publique par les agents de l’Etat. Combien renonceront à ce qui est un droit fondamental pour ne plus avoir à subir ce harcèlement quotidien ? Nous sommes épuisées de ce recul de nos droits, de ces milliers d’heures de débats publics sur nos corps, nos vêtements, nos pratiques, notre droit à la sécurité, à la dignité, à l’auto-détermination, face à des règles qui visent tout simplement à annihiler notre existence en tant que citoyennes françaises ou vivant en France. Éducation, travail, loisirs, combien de droits et de libertés nous seront encore arrachés ?
 
Nous envoyons toute notre force, notre amour et notre soutien à nos soeurs, nous lutterons à vos côtés pour que vous puissiez étudier, apprendre et grandir dans un environnement où toutes les femmes seraient libres de faire ce qu’elles souhaitent faire, de disposer de leur corps comme elles l’entendent et d’être qui elles veulent être, car chez Lallab nous défendons ce féminisme qui ne met à l’écart aucune femme en raison de ses choix vestimentaires.
 
Nous envoyons également toute notre force, notre amour et notre soutien aux personnels de l’Education nationale maltraités depuis des années, et particulièrement aux musulmane.s racisée.s qui devront encore une fois faire face aux suspicions et discours racistes et islamophobes de leurs collègues et supérieure.s hiérarchiques s’ils ou elles refusent de jouer ce rôle de flicage permanent et de délation des élèves que l’on cherche à leur imposer.
 

Et pour finir, que faire ?

 
➤ Soutenir les collectifs et associations qui agissent pour les droits des enfants, des femmes musulmanes et/ou racisées, des personnes musulmanes
➤ Créer du contenu et relayer les témoignages des premières concernées face aux violences sexistes, raciste et islamophobes au sein de l’Education Nationale (comme Lallab le fait depuis des années, et notamment dès l’édition 2019 du Muslim Women’s Day)
➤ Connaître ses droits, notamment en lisant cette fiche pratique réalisée par le CCIE, en se faisant accompagner par eux, par le Défenseur des Droits ou par un.e avocat.e
➤ Suivre le formidable collectif Féministes contre le cyberharcèlement, qui a compilé et qui relaie sur son compte Instagram une liste d’actions possibles pour lutter contre cette interdiction de l’abaya
➤ Lire également ce post de Queer Parlons Travail qui est un guide d’autodéfense et d’anti-islamophobie à l’école, réalisé suite à un atelier de Sud Education 93, lors de la journée antiracisme organisée par Queer Education.
➤ S’organiser collectivement
 
 
Crédit image à la une : Ichraq Bouzidi (@ichraq.bouzidi)

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« Le Lallab Day a été une révélation pour moi » : Le LallabDay #13 raconté par une Lalla

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Le samedi 1er et le dimanche 2 octobre a eu lieu le LallabDay #13, notre grand weekend de rencontres et de formation entre Lallas, les bénévoles de Lallab. C’est avec beaucoup d’émotions qu’Assma, nouvelle Lalla, nous confie ses ressentis sur ce weekend. Après avoir secoué toute la salle avec son témoignage, Assma revient ici sur ses rencontres, ses échanges et ses prises de parole. Derrière son « je » se cache un « nous », un « nous » d’une centaine de bénévoles « différentes, spéciales et uniques » dont les chemins se sont croisés chez Lallab afin de faire entendre les voix des femmes musulmanes.

 

Je suis rentrée, on m’a dit : « Tu fais partie de la famille, que tu le veuilles ou non. »

Crédit photo : @dalal.tmr

Franchement, en tant que nouvelle… Moi, je n’aime pas la notion d’intégration. Je la trouve obsolète, dans tous les aspects, et c’est quelque chose de très dur aussi quand tu es une personne introvertie. Là, clairement je n’ai pas eu besoin de m’intégrer. J’avais l’impression que je connaissais les gens depuis très longtemps. Je suis rentrée, on m’a dit : « Tu fais partie de la famille, que tu le veuilles ou non. » C’était très fluide.

Dès que je suis rentrée, même s’il y avait des groupes qui s’étaient formés, une personne est venue vers moi pour me mettre à l’aise, pour essayer de m’intégrer. Et ça m’a grave touchée, parce que j’ai l’habitude du monde associatif, j’ai l’habitude de soirées, d’après-midis, d’évènements. Et à chaque fois, je reste à ma place et personne ne va m’intégrer, et ce n’est pas que moi d’ailleurs. Et là, j’ai trouvé ça tellement humain, vraiment je mets un point d’honneur, c’était tellement humain de sa part de venir pour me rassurer.

Et quand je vais au Lallab Day, « surprise, la sororité existe ! »

 

Mais s’il y a surtout une chose qui a ouvert mon coeur, c’est la sororité. Parce qu’en fait, mon cœur était un peu fermé, ou plutôt mon cœur se protégeait face à d’éventuelles mauvaises expériences de vie, face à la solidarité féminine, parce que j’ai eu de mauvaises expériences. Et je pensais au bout d’un moment que la solidarité féminine n’existait pas. Quand je vois des femmes dans la rue, qui sont contre le port du hijab, du foulard, ça me choque, parce que du coup elles sont anti-féministes. Et le fait de ne pas avoir de soutien de la part des femmes m’a beaucoup blessée. Et quand je vais chez Lallab, quand je vais au Lallab Day, « surprise, la sororité existe ! ». Et ce n’est pas un monde bisounours, ça se travaille. Il y a de la confiance, il y a de l’amour, il y a de la bienveillance, il y a beaucoup d’écoute. Je ne m’attendais pas à ce qu’on m’écoute autant, parce que déjà en tant que femme tu es peu écoutée, en tant que française musulmane tu es peu écoutée sur des sujets qui te concernent. Du coup, avoir un espace d’écoute, c’était top, c’était incroyable. Franchement, c’était une révélation pour moi le Lallab Day.

 

Crédit photo : @dalal.tmr

 

J’ai senti un espace tellement bienveillant, un espace tellement empli d’amour et de compréhension.

 

Chez Lallab, je m’attendais à un truc très pro mais pas avec autant d’amour, un truc très rationnel, très détaché de l’humain. Je m’attendais à ce que l’on travaille ensemble sur des projets, mais sans énormément d’amour entre nous. Que l’on soit juste des co-équipières, pas une famille. Du coup, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant d’émotions. Me dire que je vais venir pour pleurer, je ne pensais pas !

 

Ça a été très fort en émotions, parce que j’ai partagé, durant l’atelier de Hanane Karimi, mon témoignage face à ma santé mentale concernant les discriminations liées à l’islamophobie, liées au port de mon foulard, au fait qu’on rabaisse ma religion sans cesse. C’était un peu dur, ce n’est pas que c’était dur à partager, parce que j’ai déjà eu l’habitude de partager mon vécu. J’ai même été interviewée par AJ+, par d’autres journaux de presse, et je n’ai pas pleuré. Mais en fait, j’ai senti un espace tellement bienveillant, un espace tellement empli d’amour et de compréhension. Je ne pensais pas pleurer et me dire que je me suis lâchée comme si je parlais à une amie proche… Et c’est une journée vraiment que je n’oublierai pas !

 

Crédit photo : @dalal.tmr

 

J’ai grave aimé parce qu’on est toutes différentes.

Sur le plan inclusif, j’ai grave aimé parce qu’on est toutes différentes, ne serait-ce que pour celles qui portent le foulard, on est déjà toutes différentes. Ce n’est pas une femme, c’est les femmes, et toutes les femmes sont différentes, et ça tu le ressens direct. Dès que tu rentres chez Lallab, tu sens que ce n’est pas un truc homogène. On est toutes spéciales, on est toutes uniques. Et ça forme ensuite un groupe homogène par rapport à notre vision humaine des choses. Nos principes, nos valeurs sont les mêmes. Et malgré ça, on apprend beaucoup l’une de l’autre. Moi, j’ai beaucoup appris dans les échanges que j’ai eus avec toutes les Lallas. Ça m’a juste renforcée dans ma vision du monde. Ça m’a donné confiance en moi : « Ah ouais t’es pas seule quoi ! Il n’y a pas que toi qui penses comme ça. Donc aie confiance en tes projets aussi. » Bizarrement, ça m’a donné confiance en moi-même et en mes projets futurs, que j’ai envie de partager aussi avec Lallab.

 

Les ateliers, ça se voit qu’ils étaient pensés. Moi, je pensais à des ateliers type brise-glaces pour qu’on apprenne à se connaître. Mais non, c’étaient vraiment des ateliers limite pro. Et ces ateliers m’ont enrichie spirituellement, m’ont enrichie citoyennement parlant. Je me sens encore plus comme une citoyenne française. Et ça, c’est très important de le soulever, parce que Lallab ce n’est pas une association qui est là et qui ne parle que de spiritualité et qui essaye de créer une identité spirituelle à l’encontre d’une identité française et républicaine. C’est vraiment un mélange des deux. Et ça, ça m’a beaucoup plu et je suis ressortie française et musulmane.

 

Je suis dans le Lallab Agora (Le Lallab Agora est un atelier mensuel unique en son genre pour démocratiser l’accessibilité, la transmission et la production des savoirs en rendant la parole aux principales concernées). Et en tout cas, on me l’a bien vendu, donc j’ai trop hâte, j’ai trop hâte de donner cette énergie à une bonne cause.

 

Crédit photo : @dalal.tmr

 

Chez Lallab, tu vis tellement ton identité. Et ça, c’est très rare, être dans un endroit où on te dit que tu peux être toi-même.

 

J’étais à fond dans une identité étudiante, et j’oubliais que j’étais une femme. Du coup, j’ai voulu un peu plus me ré-approprier ou m’approprier, ça dépend du cours de mon histoire, cette identité de femme, et je pense qu’il n’y a pas mieux que Lallab pour ça.

 

Chez Lallab, tu vis tellement ton identité. Même si je faisais partie d’une association étudiante avant, il y avait des choses qu’on ne faisait pas, parce qu’on était une association étudiante, donc en contrat avec l’État, avec la France. Donc on ne pouvait pas se permettre de faire un truc spirituel, sinon on nous taclait de prosélytisme. Alors qu’avec Lallab, tu peux dire « inchaallah » tranquille. Tu peux enrichir ta spiritualité, sans qu’on te tague de prosélytisme. Et en fait, tu es toi-même. Et ça, c’est très rare, d’être dans un endroit où on te dit que tu peux être toi-même. Et je pense que si Lallab est si populaire aussi aujourd’hui, et si elle est respectée et aimée, je pense c’est parce que c’est un endroit où il y a un environnement safe, qui te dit : « Tu peux être toi-même. » Et quand tu es toi-même, et bien en fait tu as un panel de motivations, d’idées de projets, d’ambitions, qui naissent en toi, parce que tu peux être toi-même, et du coup tu donnes encore plus à fond.

 

Crédit photo image à la une : @dalal.tmr
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Fatigue : le Burn Out militant

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Je me définis comme une personne « engagée », sur tous les pans de ma vie. Ce qui fait sens dans ma vie, c’est de rendre le monde et les gens meilleurs. J’imagine que c’est une certaine manière de me réparer aussi. Cela m’apaise de « faire le bien » autour de moi, de faire des choses « utiles ».
Ce besoin de réparer le monde et d’agir est quelque chose qui m’anime, qui me rend fière de moi. Mais c’est aussi une part de moi qui me fatigue, qui est source de colère et de frustration.

 

 

Je suis fatiguée d’avoir des valeurs et de tenter de les incarner au quotidien.

 
Quand on a pris conscience d’une chose, on ne peut plus fermer les yeux dessus; on ne peut plus fair comme si elle n’existait pas. On la voit partout, tout le temps.
 
Depuis que j’ai pris conscience des diverses injustices présentes dans notre société (liées au genre, à la race, au type de croyance, à l’orientation sexuelle…), je les vois absolument partout :dans les discours et les actions du monde médiatico-politique, au cinéma, ou émanant des discours acerbes pouvant provenir des gens (que ces propos/actes soient prononcés ou faits avec la plus grande conviction, le plus grand sérieux, ou sur le ton de la blague).
 
Depuis que j’ai ouvert les yeux sur ces injustices, deux options s’offrent à moi : (ré)agir ou me taire.
 
Aucune de ces deux options ne me satisfait en réalité.
 
Réagir implique avant tout d’avoir de l’énergie, pour faire face à des réactions parfois violentes, pour avoir les bons arguments au bon moment de la conversation face à la bonne personne et pouvoir faire preuve de self-control (pour ne pas « desservir ma cause”)…
 

Au-delà de ça, je suis surtout fatiguée d’avoir l’impression d’éduquer la population à la tolérance et au respect d’autrui.

 
De plus, me donner pour mission de faire la police des propos sexistes, racistes, homophobes, transphobes, islamophobes, validistes (la liste est longue…), fait de moi une personne « hystérique », « reloue », « à qui on ne peut rien dire », “qui nous empêcherait de rire de tout” et « moralisatrice » aux yeux de la personne reprise. Pourtant je ne suis moi-même pas déconstruite sur énormément de sujets, et chaque rencontre, chaque témoignage me fait mûrir, nourrit mes réflexions et ma façon de voir et de comprendre le monde. Mais c’est tout de même malaisant d’avoir cette étiquette de “moralisatrice”, alors que  je n’ai jamais eu pour ambition de me placer au-dessus de qui que ce soit. Mon but est de défendre les opprimé.e.s; donc lorsque je suis témoin de scènes ou de propos injustes, je réagis. Parfois de manière violente à cause du ras-le-bol, parfois de manière bienveillante (notamment lorsqu’il s’agit de proches). J’en viens tout de même à me demander si c’est bien mon rôle d’expliquer à ces personnes pourquoi et comment leurs propos peuvent blesser. Pourquoi ces personnes ne font-elles pas l’effort de se renseigner sur les diverses injustices ? Pourquoi ne font-elles pas l’effort de maîtriser leur langage ? Pourquoi personne ne les fait se questionner sur leur manière de penser, de parler et d’agir ?
Le plus dur, c’est lorsque ce sont vos proches qui tiennent ces propos ou commettent ces injustices…
 
Credit photo : “Et là je suis hystérique ?” – tiré du site le parisien – afp – Alain Jocard
 

Lorsque vos proches tiennent des propos blessants, c’est toujours plus dur et décevant.

 
On se dit souvent : “oh non pas elle/lui”. Parce qu’on idéalise nos proches, on aimerait être sur la même longueur d’onde qu’eux. Souvent, on a l’impression de devoir choisir entre nos valeurs, et nos relations, parce qu’avec eux, l’enjeux est tout autre. Il y a la dimension affective/relationnelle. Il m’est donc bien plus difficile de défendre mes valeurs devant mon cercle privé (famille proche, conjoint), que devant de parfait.e.s inconnu.e.s. Une dispute avec mes ami.e.s proches, mon conjoint ou mes grand-parents me fait bien souvent abandonner mes arguments. Pour préserver mes relations, je choisis donc de me taire ou de ne pas aller au bout de mes explications. Me taire me fait mal également car je ressens de la culpabilité. Je me dis que je suis lâche de mettre mes valeurs de côté à la moindre difficulté; que je suis capable de “faire la morale” à n’importe qui sur Terre, mais lorsque ce sont mes proches, je me dégonfle ou bien je prends des pincettes si je sais que cela peut donner lieu à une dispute.
 
Parfois, au sein de ma famille ou de mon entourage, on décrédibilise mes propos en utilisant le prétexte que je suis « jeune et naïve ». On m’incite également à me taire pour ne pas froisser certaines personnes et préserver de bonnes relations.
 
Et si on ne me fait pas comprendre que je suis différente, que je pense différemment, c’est moi-même qui me fait cette réflexion. Je sens au fur et à mesure des remarques, des discussions et des années le clivage. J’ai l’impression que ma famille ne me (re)connait pas dans mon entièreté. En fait, ils font abstraction de cet aspect de moi, et de mes opinions. Cela me fait me sentir étrangère à ma propre famille.
 
Je disais tout à l’heure qu’une fois qu’on a pris conscience d’une chose, on a tendance à ne voir plus que cela; à ne plus pouvoir fermer les yeux dessus. Et le fait d’avoir une sorte de “radar à injustices” me fait ressentir beaucoup de colère, de frustration et de désespoir. D’abord parce que j’ai l’impression d’être toujours témoin des mêmes scènes et donc d’expliquer toujours les mêmes choses. Et puis cette répétition me donne l’impression que cette tâche est trop grande et que lorsque je choisis d’élever ma voix, c’est une action dans le vent; que ça ne changera rien au système, tant ces injustices sont des phénomènes sociaux profondément ancrés dans notre société, dans nos identités. Même si je réussis à faire prendre conscience à une personne de pourquoi ses propos sont violents, ce n’est pas ça qui détruira concrètement le patriarcat, le racisme, l’islamophobie etc.
 
Enfin, le dernier aspect « usant » que je voulais évoquer est que l’engagement peut devenir une charge mentale supplémentaire, lorsque celui-ci vient impacter la vie du foyer. On peut prendre l’exemple de l’engagement écologique et la charge mentale qui en découle (trier ses déchets, faire attention à ce que l’on achète pour manger local-bio-et-de-saison, prévoir un temps de trajet plus long (et plus physique), si on prend son vélo ou si on marche…), se répercute sur les femmes; car ce sont elles qui dans la plupart des cas sont les « Cheffes de projets » dans leurs foyers, et qui se soucient du care donné à leur famille.
 
Mais alors, pourquoi continuer à réagir, à lutter, si c’est pour que cela me procure autant de sentiments ou d’émotions désagréables, me direz-vous ?
 
Pour moi, le fait de se taire me fait sentir complice de ces injustices. Se taire, c’est aussi, à mon sens, envoyer le signal que la personne en face peut se permettre de commettre/dire des injustices.
 
Parfois nous sommes trop fatigué.e.s pour (ré)agir. Et nous avons tou.te.s droit au repos. Nous avons tou.te.s le droit de faire une pause, de nous détendre, lorsque notre engagement nous pèse.
 
Mais je crois que ce qui aide réellement, c’est d’être entouré.e de personnes, d’un véritable groupe aidant, qui nous comprennent, qui partagent nos valeurs.
 

Credit photo : Dalal Tamri pour Lallab
 

Rejoindre Lallab a été un véritable soulagement, une bouffée d’air frais

.
 
J’ai enfin trouvé une communauté où je peux être moi-même, sans concession. J’ai découvert des personnes incroyables avec qui échanger en toute bienveillance.
 
Me sentir soutenue a rendu légitimes mes idées, mes valeurs, mes luttes. Aujourd’hui, j’ai moins peur d’affirmer mes propos dans la sphère privée parce que je sais que je ne suis plus toute seule, que je ne suis pas “bizarre”, que je ne suis pas un cas isolé. C’est important de se sentir entouré.e par une communauté en cas de coups durs, en cas de doute. Il y aura toujours une Lalla pour me redonner de la force et vice versa.
 
L’entourage compte énormément. Je recommande donc à tout un chacun de s’entourer de personnes bienveillantes et de faire le tri dans ses relations. Pourquoi se forcer à aller à une soirée où l’on sait qu’on va se sentir agressée par les propos qui y seront tenus ?
 
Pourquoi ne pas plutôt prendre soin de soi et de ses relations ?
 
Et avec cette belle énergie, mettre des choses concrètes en place pour détruire ces injustices.
 

Le pouvoir du collectif est incroyable

.
 
Et vous, vous sentez-vous fatigué.e par moments ? Avez-vous des moments de doutes, ou envie de baisser les bras ?

Auprès de qui ou de quelle communauté vous sentez-vous soutenu.e, entouré.e, compris.e.. ?
 
Pour finir, je vous partage cette mini-compo de Louisadonna qui illustre si bien cette idée de sororité
 

 
Crédit image à la une : Piyapong Saydaung
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[Communiqué] Accès aux piscines pour tou.te.s : merci aux femmes musulmanes de l’Alliance Citoyenne !

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Lundi 16 mai, le conseil municipal de Grenoble a voté pour la modification du règlement intérieur dans les piscines municipales. Entre autres décisions, les femmes musulmanes peuvent à présent se baigner comme elles le souhaitent, que ce soit en monokini ou avec un maillot de bain couvrant ! L’accès aux piscines pour toutes et tous s’inscrit dans une campagne de longue haleine, féministe et antiraciste #MonCorpsMonChoixMonMaillot, menée par le syndicat des femmes musulmanes de l’Alliance Citoyenne de Grenoble depuis 4 ans pour le droit de se baigner dans le maillot de leur choix !

Nous saluons leur détermination et la mobilisation tant elle nous inspire et s’inscrit dans cette chaîne de résistance féministe et antiraciste portée par des femmes musulmanes.
Cette victoire nous émeut considérablement et nous apporte énormément de foi et d’optimisme à l’heure où nos droits sont constamment bafoués dans cette société. Aussitôt prise, cette décision est d’ailleurs fermement combattue à tous les niveaux de l’administration françaises, jusqu’à l’ancien Ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin, au nom d’une laïcité brandie comme un étendard pour exclure les femmes musulmanes, bafouant allègrement la loi de 1905 pourtant garante de nos libertés. Et qui n’a d’ailleurs jamais été la raison pour laquelle les maillots couvrants étaient interdits dans les piscines, puisque cela n’a… rien à voir.

C’est avec une immense joie et une grande admiration que nous célébrons cette victoire qui améliore considérablement les droits des femmes musulmanes et plus largement de toutes les femmes et personnes discriminées. Nous savons que la lutte est loin d’être finie, que les droits des femmes ne sont pas garantis, mais nous continuerons à être sur le terrain et à arracher de futures victoires et célébrations pour les droits des femmes musulmanes !

Encore un immense bravo au syndicat des femmes musulmanes de l’Alliance Citoyenne ! Cette victoire n’est que le prélude de futures victoires historiques pour nos droits !

Crédit photo à la une : Chloé

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[Communiqué] Élections présidentielles : nous sommes ensemble et nous ne lâcherons rien !

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Depuis la création de Lallab en 2016, nous travaillons et nous nous organisons afin de construire cette force collective et solidaire de femmes musulmanes et de leurs allié.es qui œuvrent pour la justice sociale et l’égalité. La diversité de nos Lallas, nos bénévoles, et les réalités vécues se reflètent dans nos actions et façonnent les narrations et les activités que nous produisons. Derrière Lallab se tiennent des femmes musulmanes qui ont fait face toute leur vie à une société qui n’a su produire sur elles, et contre elles, que des narrations violentes et stéréotypées. Derrière chaque Lalla se cache l’histoire d’au moins une frustration, une humiliation, une porte fermée, une voix éteinte.
 
Face à cela, et depuis 6 ans, nous avons créé un environnement pour renouer les liens de solidarité brisés par la société, nous avons produit des narrations réalistes et plurielles sur nos vécus en tant que femmes musulmanes, nous avons participé à la création et la mise en place de politiques réellement inclusives.
 
Les derniers quinquennats ont été sources de violences considérables pour nos droits fondamentaux. Les tribunes successives que nous avons rédigées pour apporter notre soutien et notre amour aux musulman.es et pour dénoncer l’islamophobie, le classisme, le racisme et le sexisme, dont nous étions les cibles, en témoignent. Elles sont la preuve de l’acharnement islamophobe, voire de la destruction organisée, qui se met en place contre les musulman.es et contre quoi nous oeuvrons collectivement. Plus que jamais ces dernières années, l’urgence d’agir et de placer nos ressources, notre solidarité, notre foi, nos croyances, religieuses ou non, nos valeurs au cœur de nos actions s’est faite ressentir.
 
Depuis de nombreuses années, nous, femmes musulmanes, et plus largement personnes musulmanes, devons sans cesse négocier notre place et notre humanité dans la société. Nos voix, nos expériences, nos réalités et nos luttes ont trop souvent été insultées, méprisées, arrêtées. Elles ont été littéralement dissoutes.
 
Débats sur le foulard des femmes musulmanes, sur nos corps, nos croyances, insultes à nos pratiques, appels à la délation, dissolutions d’associations qui défendent nos droits, fermetures de structures académiques musulmanes, de mosquées, cyberharcèlement, mépris des institutions publiques à qui nous demandons des subventions,… Le sabotage institutionnel et le harcèlement politique que nous avons vécus, que nous vivons à présent, ne feront que s’amplifier, qu’importe les résultats de demain soir.
 
Comment faire face lorsque nous nous sentons acculés ? Aujourd’hui à la veille du second tour, notre engagement chez Lallab s’enracine de manière plus forte, notre résistance devient plus puissante. Elle se nourrit de cette certitude, de notre foi et des histoires et vécus de femmes formidables dans le sillage desquelles nous nous inscrivons : Khadija, Nana Asma’u, bell hooks, le collectif “Las tesis”, Linda Sarsour, Maya Angelou, Djamila Boupacha, Angela Davis, Djamila Bouhired, Hawa Abdi, les gouvernantes et femmes de chambre de l’hôtel Ibis-Batignolles, Aminata Dramane Traoré… Si l’histoire des luttes sociales nous montre que c’est grâce à la puissance collective qu’avance la justice sociale, l’Histoire nous offre aussi des exemples inspirants en la matière.
 
Des femmes qui, hier comme aujourd’hui, ont cette force de croire en leur propre humanité et en leur capacité à lutter pour le bien commun et la justice sociale malgré les violences institutionnelles auxquelles elles ont dû faire face. Par leurs actions, elles ont eu l’audace d’imaginer d’autres alternatives, d’élargir nos champs des possibles et nous permettre de rêver à des futurs plus désirables.
 
En ces derniers jours de Ramadan, notre résistance puise aussi sa source dans les réponses trouvées par le Prophète (sws). Tout d’abord, la volonté de créer et de renforcer les liens entre les croyants et les croyantes, mais aussi de construire progressivement des alliances. Le Prophète (sws) a également toujours cherché à développer le leadership, les capacités d’agir des membres de sa communauté et en premier lieu de celles et ceux qui ont embrassé son message. C’est en développant les capacités d’agir des femmes musulmanes que nous développerons notre puissance collective, qui deviendra une force réelle de changement. Nous espérons à notre tour continuer à lutter, à nous organiser collectivement, à inspirer les générations suivantes pour des victoires encore plus flamboyantes !
 
En cette période de doutes, de peurs, d’anxiété aggravée, nous envoyons tout notre amour et témoignons de toute notre solidarité aux femmes musulmanes, aux musulmans et à toutes les communautés opprimées et marginalisées par le pouvoir. Il ne peut y avoir de changement social sans passage à l’acte. Croire aujourd’hui en des principes forts de justice sociale et de solidarité n’a rien d’abstrait, cela implique d’agir pour la mise en œuvre de changements concrets qui permettront de transformer au quotidien la vie de toutes les femmes, sans oublier personne.
 
En ce qui concerne le vote de demain, nous vous demandons : pas une seule voix, jamais, ne doit être donnée à l’extrême-droite. Il en va de notre survie. Quelle que soit l’issue, nous savons aussi que nous devrons continuer à faire pression et à développer nos actions féministes et antiracistes afin de nous organiser collectivement pour une société plus juste pour tous et toutes.
 
Nos luttes sont un héritage que nous portons. Nous sommes ensemble et nous ne lâcherons rien.
 
 
 

Crédit photo : Dalal Tamri pour Lallab

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Femmes musulmanes dans l'histoire Portraits

Razia Sultan : souveraine du sultanat de Delhi

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[Publié initialement le 16 mai 2019]
Lorsque j’ai pensé et imaginé ce projet, une chose me semblait évidente : je voulais vous présenter des femmes musulmanes puissantes, inspirantes, fascinantes ayant contribué au développement de l’islam à travers les années. Mais pour que ce projet soit pleinement complet, il me semblait essentiel de vous présenter des femmes aussi plurielles et diverses que possible.
L’amalgame femme musulmane = femme arabe étant trop souvent fait, je souhaitais m’en extirper en choisissant des profils de femmes musulmanes arabes, noires ou encore asiatiques se réclamant tant de l’islam sunnite que de l’islam chiite.

Si ce projet a vu le jour, c’est parce que j’ai ce profond sentiment que nous, femmes musulmanes, quelle que soit notre communauté, voyons les droits qui nous sont accordés quelque peu limités. Ainsi, inscrire ce projet dans une démarche d’inclusion était une nécessité. Une nécessité afin que l’ensemble des femmes musulmanes se sentant concernées puissent se projeter, argumenter et se retrouver à travers ce projet.

Ainsi, j’ai longuement cherché mais comme une évidence, j’ai fini par trouver.

La femme dont je vous parlerai aujourd’hui nous vient d’Asie et plus précisément de Delhi. Elle fut la seule femme à régner sur Delhi et releva, vous le verrez, un sacré lot de défis, et ce avec succès.

Quant aux sources à son sujet, elles sont nombreuses en anglais mais une fois de plus presque inexistantes en français.

Cher.e.s ami.e.s anglophones, je vous recommande, la web série traitant de sa vie que vous pourrez trouver sur la chaine Youtube de Feminism in India, ou encore la série portant son nom « Razia Sultan » accessible sur Netflix. Enfin, pour ceux et celles adeptes du papier, je vous conseille les fabuleux écrits de l’historienne indienne Rana Safvi.

Jalâlat ud-Dîn Raziyâ, connue également sous le nom de Razia Sultan, naquit en 1205. Elle était la fille du célèbre sultan de Delhi, Shams ud Din Iltutmish.

D’ascendance turque, Razia fut très tôt sensibilisée et entraînée à régner. En effet, l’ensemble des enfants du sultan, filles comme garçons, se devaient de recevoir une éducation les préparant au pouvoir au cas où le besoin se ferait sentir.

Ainsi, dès son plus jeune âge, Razia apprit à manier les armes, à monter à cheval et à négocier avec une grande diplomatie.

Avant de décéder, son père le sultan, jugeant que parmi ses enfants Razia serait la plus à même de régner, décida de la nommer publiquement comme héritière au trône. Il fit donc ce choix aux dépens de ses fils.

En l’an 1236, son père mourrut, mais Razia ne devint pas comme demandé la souveraine officielle du sultanat. En effet, c’était sans compter sur la volonté de gloire et de pouvoir de son frère Ruhnu ud Din Firuz Shah qui s’empressa d’occuper le trône pendant presque 7 mois.

Mais le peuple, n’ayant pas oublié la nomination faite précédemment par le défunt sultan, fit front pour stopper les prétentions de Ruhnu. C’est ainsi que la même année Ruhnu fut tué par des turcs de l’armée et que Razia récupéra son trône. Sa mission pouvait alors commencer.

Lorsqu’elle monta sur le trône, son premier projet fut de (re)nouer de bonnes relations avec le califat abbasside, califat qui régnait alors sur les plus importantes terres musulmanes. Pour elle, il s’agissait d’une étape politique cruciale. En effet, ce premier choix venait légitimer les terres du sultanat de Delhi comme étant intégrante des terres d’islam et par extension des terres de la communauté musulmane qu’il fallait soigneusement protéger.

Pour assurer une certaine paix, elle s’efforça de créer un cadre juridique qui lui servirait à veiller à ce que les habitant.e.s non musulman.e.s soient traité.e.s avec dignité et respect.

Pour diriger son pays, elle fit également le choix d’abandonner son voile et d’adopter en contrepartie un costume masculin. Elle se coiffait dorénavant d’un turban et portait toujours avec elle son épée sur le côté.

Elle fut également la protectrice des arts et de l’éducation, créant un nombre important de bibliothèques, d’écoles, d’universités. Elle souhaitait s’assurer que l’ensemble des habitant.e.s peuplant le royaume ait la capacité de s’instruire. Ainsi, les moyens avaient été mis en œuvre afin que la littérature et le savoir quels qu’ils soient puissent être partie intégrante de la société.

Au-delà de cela, elle était profondément préoccupée par la mise en place de moyens qui permettraient de servir plus aisément l’ensemble de la population. C’est ainsi qu’elle construisit des routes, des ponts et des jardins, qu’elle fit creuser des puits, qu’elle soutint les poètes, les peintres, les musiciens et qu’elle multiplia les écoles et bibliothèques.

Grâce à l’ensemble de ses décisions, elle parvint à rétablir l’ordre dans l’ensemble du pays et encouragea par la même le développement du commerce et ainsi la richesse du royaume.

Malgré l’ensemble des défis qu’elle parvint à relever avec brio, Razia dut faire face en 1240 à un certain nombre d’opposants. Leurs protestations s’appuyaient sur le fait que Razia était une femme, qui de surcroît elle était issue d’une famille anciennement esclave. Lorsque les rebellions commencèrent à devenir plus conséquentes, Razia, en tant que cavalière talentueuse, fit le choix d’aller en personne les affronter. Finalement, elle tomba dans une embuscade et fut tuée cette même année.

A la suite de son décès, son frère reprit le pouvoir, mais n’étant pas capable de jouer ce rôle avec compétence, il fut démis très tôt de ses fonctions.

Leur père avait donc vu juste, Razia était la seule, l’unique parmi sa fratrie en capacité de régner.

En lisant l’histoire de Razia, je ne pus m’empêcher de m’imaginer expliquer à mes futurs enfants que la notion de légitimité devait nécessairement être accolée à la notion de capacité. Que dès lors que ceci n’était pas respecté, alors la notion d’égalité pouvait très facilement être questionnée.

Ainsi, l’histoire de Razia en est à ce titre un brillant exemple. Elle nous rappelle indirectement que tant de femmes à travers l’histoire auraient certainement dû ou devraient gouverner, que tant de femmes auraient dû ou devraient diriger, que tant de femmes auraient dû ou devraient enseigner. Elle nous rappelle que tant de femmes sont tout bonnement passées à côté pour la simple raison que les notions de légitimité et capacité ne furent que trop peu liées.

Alors, grâce à Razia, rappelons-nous que notre légitimité n’est plus à démontrer, que si des fonctions nous sont refusées alors il faudra aller les chercher.

Femmes musulmanes, que ce soit une histoire de foi ou de société, nous avons notre rôle à jouer et pour sûr nos capacités sont parfois bien plus importantes que celles qui possèdent aujourd’hui cette fameuse légitimité. Ensemble, allons leur rappeler.

Crédit image à la une : Sist’art. Ce n’est pas une mais 3 illustratrices que nous avons le plaisir de mettre à l’honneur aujourd’hui. Sist’art c’est l’histoire de 3 soeurs passionnées d’art et de dessins.
Pour découvrir leur univers, rendez vous sur instagram : @taekanddoart et @sistart.comics

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Communiqués

[Communiqué] 8 mars 2020 : « Nous sommes fatiguées »

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Nous, femmes musulmanes, sommes fatiguées. Fatiguées par ces violences racistes, misogynes, islamophobes que nous vivons depuis des années, des décennies, des siècles, tous les jours, dans nos chaires, entraînant des impacts immenses sur nos santés, tant physiques que psychologiques.

 
Nous sommes fatiguées de cette déshumanisation quotidienne qui découle de polémiques nationales où tout le monde a son mot à dire, sauf nous. Nous sommes fatiguées de lutter pour avoir accès à l’éducation, au marché de l’emploi, aux salles de sport, aux restaurants, à des emplois et des logements décents, à des papiers, pour pouvoir accompagner nos enfants lors de sorties scolaires. Nous sommes fatiguées de lutter chaque jour pour ne plus être humiliées et pour préserver nos droits les plus fondamentaux que l’on ne cesse de nous ôter. Que nous soyons des femmes exclues du système éducatif, du marché de l’emploi, des femmes de ménages exploitées, des femmes racisées objectivées, nous sommes des corps fatiguées.
 
Nous sommes épuisées.
 
Mais disons-le, crions-le ! Ces mêmes corps qu’on exploite, ces mêmes corps sur lesquels on projette un imaginaire raciste et néo-colonial, ces mêmes corps évincées de l’espace médiatique et politique, ces mêmes corps objets de débats, ces mêmes corps fatiguées par la lutte, ne se tairont plus ! Nos corps souffrent et nous disons stop. Notre guérison sera notre priorité et elle se fera sans négociation.
 
Nous refusons de discuter les contours de notre émancipation et de notre humanité. Résister, défier le discours dominant, se mettre au cœur de nos récits, créer nos propres outils, notre propre monde : c’est une affaire de survie.
 
Et notre émancipation ne sera garantie que le jour où les femmes ne seront plus jugées, discriminées, surveillées, enfermées ou violentées en raison de leur genre, de leur physique, de leur orientation sexuelle, de leur travail mais aussi de leur origine et de leurs convictions religieuses.
 
Partout dans le monde, ici et aujourd’hui, des femmes se rassemblent, descendent dans la rue, font état de leurs revendications, imprègnent les sociétés de leurs clameurs et de leurs émotions, inspirent celles qui viendront après elles, rendent hommage à celles qui les ont précédées. Et nous sommes fières de partager ce combat : toutes ensemble, sortons de l’effroi et renversons l’islamophobie, le capitalisme et le blantriarcat !
 
 
 

Crédit photo : Maya Mihindou

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Communiqués

[Communiqué] Lallab s’élève contre l’amendement voté au Sénat contre le port du voile des mères lors des sorties scolaires

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COMMUNIQUÉ

 

Le 15 mai 2019, un amendement proposé par Les Républicains qui interdirait aux mères portant un voile d’accompagner leurs enfants lors de sorties scolaires a été voté, dans le cadre du projet de loi sur « l’école de la confiance ». Alors que cet amendement est censé concerner tous les signes religieux dits « ostensibles » – Les Républicains ont exposé leur obsession islamophobe en ciblant explicitement le port du voile dans leur communiqué. Il s’agit encore une fois d’une nouvelle atteinte à la liberté et à la dignité de nos concitoyennes qui portent le voile.

 

 

Les femmes musulmanes qui portent le voile voient en permanence leurs droits constitutionnels être bafoués, qui plus est dans un pays qui se positionne constamment en exemple pour le respect des droits humains. Encore une fois ce sont nos mères, nos soeurs, nos collègues, nos amies qui sont visées par cette dangereuse tentative de déshumanisation et de suppression. Interdire le port du voile aux mères accompagnatrices, c’est associer les femmes voilées au danger, et apprendre à nos enfants la peur, et le rejet d’une partie de la population. Pire, l’État promeut clairement une ségrégation entre parents “acceptables”, et parents musulman.e.s. Si cet amendement est voté, il engendrera également des traumatismes pour les enfants qui verront leur mères être exclues.

 
Quelle(s) place(s) alors laisse-t-on à ces mères dans le parcours scolaire de leurs enfants ? Seront-elles ensuite interdites de participer aux kermesses, aux réunions parents-professeur.e.s, aux anniversaires ? Pourront-elles être élues comme représentantes des parents d’élèves ? Seront-elles prohibées d’accompagner leurs enfants jusqu’au sein de l’école ? En maternelle, les enfants sont trop petits pour aller seul.e.s en classe et c’est donc leurs parents, et souvent leurs mamans, qui les y accompagnent ; devront-elles les laisser désormais sur le pas de la porte là où les autres parents peuvent assurer la sécurité de leurs enfants jusqu’en classe ?
 
Accompagner des enfants en sortie scolaire est un travail bénévole que les mamans offrent à la communauté.
C’est grâce à leur dévouement que vos enfants peuvent sortir toutes les semaines à la piscine, au gymnase ou dans des lieux d’activités culturels, sportifs et artistiques. De nombreux professeurs eux-mêmes expliquent que c’est déjà un combat quotidien pour trouver des parents accompagnateurs, et que cet amendement ne ferait que compliquer encore plus leur travail.
Si ces mamans sont interdites de sorties scolaires, les enfants seront inévitablement privé.e.s de sorties, et c’est dans les quartiers où il y a le plus de mamans voilées que ces conséquences se feront ressentir. Pour les enfants, la sanction est double. Privé.e.s de mamans et privé.e.s de sorties.
 
En agissant ainsi, les élites politiques françaises prouvent une fois de plus au monde entier qu’iels cherchent à empêcher les personnes musulmanes d’exister dans l’espace public, en s’appuyant sur des instincts misogynes qui justifieraient la régulation de l’apparence extérieure des femmes. Cette énième expansion de la portée de la loi 2004 pour cibler une pratique religieuse minoritaire et inoffensive révèle les intentions funestes de pseudo-sophistes pour qui le harcèlement politique des femmes musulmanes n’est qu’une stratégie de plus pour rallier une opinion publique lassée par leur incapacité à confronter les vrais problèmes en France. Encore une fois, les femmes musulmanes voilées sont prises en otage par des institutions politiques desquelles elles sont de facto exclues.
 
Nous ne sommes pas dupes : resserrer l’étau législatif autour des choix vestimentaires des femmes musulmanes traduit indéniablement l’islamophobie et la misogynie du parti Les Républicains, mais aussi de celleux resté.es silencieu.xes face à ce nouvel affront pour la liberté de nos sœurs. Que cette transgression n’ait pas suscité plus d’émoi chez nos élites politiques atteste de la banalisation de l’islamophobie misogyne à laquelle les femmes musulmanes font face depuis des années en France. N’ayons pas peur des mots, cette guerre contre le voile stigmatise, réprime, repousse nos mères, divise notre société et, en fin de compte, est une menace à la laïcité et au vivre-ensemble.
 

Lallab ne restera pas silencieuse

 
Nous refusons d’être les boucs émissaires ou les complices silencieu.ses d’une machine qui ostracise constamment les femmes qui portent le voile. Nous ne laisserons personne empiéter sur leur dignité et sur celles de leurs enfants. Nous ne laisserons personne les exclure d’activités et de moments qu’elles souhaitent légitimement partager avec leurs enfants. Voilées, non voilées, musulman.es ou pas, parent.es ou pas, nous devrions toutes et tous être outré.es par cette énième intrusion liberticide et discriminatoire de l’État.

 

Aujourd’hui, nous appelons nos élu.es à s’élever contre cette proposition anticonstitutionnelle, contre l’ingérence de l’État dans les choix vestimentaires des femmes ; pour le droit de toutes les mères à êtres présentes dans la vie scolaire de leurs enfants ; et contre la rhétorique islamophobe qui empoisonne nos débats publics.

 

État actuel de la législation

 

Si elle est adoptée, cette loi serait contraire à l’Etat de droit et au principe de proportionnalité des lois qui prévoit qu’une loi ne peut être adoptée que si ses mesures sont proportionnées au regard de la gravité et du danger à l’ordre public visé par ces mesures. En outre, l’invocation de la laïcité comme prétexte à cet amendement n’est pas légitime – comme l’explique sur Twitter le Rapporteur général de l’Observatoire de la Laïcité Nicolas Cadène – s’il ne cible qu’une seule conviction, comme c’est le cas ici.

Or, cette loi ne répond à aucun problème, si ce n’est celui d’assouvir encore une fois un délire islamophobe.

Il n’existe actuellement aucune norme nationale restreignant l’accompagnement des sorties scolaires. La loi de 2004 sur le port de signes religieux ostentatoires à l’école ne peut s’appliquer en aucun cas à des adultes qui ne sont ni élèves, ni salarié.es de l’Éducation nationale. Le Conseil d’État a rappelé en 2013 que les accompagnateur·ices de sorties scolaires, bénévoles, ne sont pas concerné.es par la législation sur la neutralité religieuse, sauf en cas de menace pour le “bon fonctionnement du service public de l’éducation”. Au-delà des fantasmes islamophobes, le port du voile dans un cadre scolaire par des parents volontaires ne représente pas une menace: son interdiction serait donc injustifiée.

 
Crédit photo à la une : Manifestation du collectif « sorties scolaires avec nous! » en novembre 2013, au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis.

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(Dé)construction

Muslim Women’s Day : retour sur une première édition française

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Le 27 mars 2018, Lallab lançait pour la première fois en France le Muslim Women’s Day : la Journée internationale des Femmes Musulmanes ! Retour sur les temps forts de cette journée riche en émotions et en soutiens.

 

Pourquoi une journée des femmes musulmanes en France ?

Cette journée a été lancée pour la première fois en 2017 aux États-Unis par Amani Al-Khatahtbeh, la fondatrice du média américain Muslim Girl. Le mois de mars et ses divers événements autour des droits des femmes était le moment idéal pour faire résonner les voix des femmes musulmanes, dans leur diversité et leur pluralité.

 

Notre conférence-débat sur le traitement médiatique des femmes musulmanes en France

La conférence s’est lancée avec une vidéo réalisée par Amani de Muslim Girl, qui a chaleureusement soutenu et accompagné le lancement de cette édition française ! Nous l’en remercions infiniment 💖

 

 

La première table ronde a réuni autour du thème “Réappropriation des voix des femmes musulmanes dans les média : témoignages de rédactrices en cheffes, journalistes et youtubeuses” :

Sarah Marsso, notre responsable du Lallab Agora
Huê Trinh Nguyên, rédactrice en chef de Salamnews et journaliste à SaphirNews
Nadia Henni-Moulaï, journaliste et fondatrice de Melting Book
Anlya Mustapha, bloggueuse, youtubeuse, fondatrice de Anlya Modest Fashion.
Notre deuxième table ronde a réuni autour du thème “Révolutionner le traitement fait sur les femmes musulmanes dans les grands médias : enjeux et nouveaux outils” :

Fatiha Ajbli, docteure en sociologie, auteure de « Les Françaises musulmanes face à l’emploi : le cas des pratiquantes « voilées » dans la métropole lilloise »
Myriam Levain, Journaliste et co-fondatrice CHEEK Magazine
Lauren Bastide, journaliste, créatrice du podcast La Poudre Podcast et co-fondatrice de Nouvelles Écoutes.
Sabrina Kassa, journaliste, co-responsable du Club Mediapart et auteure de « Nos ancêtres les Chibanis »

Vous pouvez retrouver notre live-tweet de ces deux tables rondes par ici.

 

L’événement était complet, merci encore à toutes les personnes qui ont participé à cette soirée ! Vous pouvez retrouver les photos de l’événement ici, et voici un aperçu en vidéo :

Crédit : Elodie Sempere pour Lallab

 

La revue de presse du #MuslimWomensDay

Cette édition a été lancée en partenariat avec Muslim Girl, Saphirnews et CheekMagazine que nous remercions encore pour leur soutien précieux !

 

Saphirnews a annoncé le lancement du Muslim Women’s Day en France et a relayé notre conférence du 26 mars.

 

Nous étions aussi en une du site de Médiapart le 27 mars avec notre tribune : Femmes Musulmanes dans les médias français, pour des représentations plurielles et apaisées.

 

Attika Trabelsi, notre présidente, était sur le Huffington Post pour rappeler cette terrible réalité : 80% des actes islamophobes sont commis contre des femmes.

Buzzfeed a également relayé l’annonce de cette journée en revenant sur l’histoire de notre association et pourquoi nous avions décidé de lancer une édition française du #MuslimWomensDay et a repartagé un article listant 15 femmes portant le voile que vous devriez connaître.

Cheek Magazine a fait le portrait de Sarah Zouak, la co-fondatrice de Lallab.

 

RTLGirls a réalisé une fantastique interview de la rédatrice en chef de notre magazine et a fait un diaporama de 10 femmes musulmanes à célébrer.

 

Les Glorieuses nous ont donné le contrôle de leur compte Twitter et nous avons pu relayer toute la journée des portraits ou des tweets de femmes musulmanes

 

Le CCIF a écrit un article également sur cette journée : Le MuslimWomensDay, une autre manière de lutter contre l’islamophobie.

 

Et enfin, Selma, la co-rédactrice en chef du magazine a écrit un article chez StreetPress pour expliquer pourquoi nous avions besoin d’une édition du #MuslimWomensDay en France.

 

Les tweets de célébration du #MuslimWomensDay

 

Sur Twitter aussi, on a célébré cette journée ! En relayant les portraits de femmes inspirantes…

 

 

 

 

 

…En relayant des témoignages bouleversants…

 

 

…Ou en adressant tout simplement une pensée aux femmes musulmanes de nos entourages…

 

 

 

…Et surtout en mettant en avant la pluralité des femmes musulmanes

 

 

Les illustrations célébrant le #MuslimWomensDay

 

Cette journée n’a pas manqué d’inspiration sur Instagram où nous avons vu – et où on continue à voir ! – de sublimes illustrations célébrant les femmes musulmanes dans leur pluralité. En voici quelques unes :

 

https://www.instagram.com/p/Bg13_jrgxaU/?taken-by=la_reveuz_illustrations

 

https://www.instagram.com/p/BgrZbQ5hHzy/?tagged=muslimwomensday

 

https://www.instagram.com/p/Bg5nDU4HHYK/?tagged=muslimwomensday

 

 

Plus d’une dizaine d’articles publiés dans différents médias, une conférence, de nombreux tweets relayés cette journée : nous avons fait du bruit pour célébrer les femmes musulmanes dans leur diversité et on ne pouvait pas être plus fières !

 

Merci à celles et ceux qui y ont participé et à l’année prochaine pour un Muslim Women’s Day encore plus fort !

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(Dé)construction

Top 3 des visions fantasmées des femmes musulmanes dans les médias

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« Celui qui contrôle les médias contrôle les esprits », affirmait le chanteur Jim Morrison. Compte tenu du nombre d’absurdités qu’on peut y voir, notamment sur les musulman·e·s, nous vous proposons de déconstruire trois préjugés concernant l’identité et le vécu des femmes musulmanes, souvent relayés dans les médias.

 

Toutes les femmes arabes sont musulmanes

 

Dans l’imaginaire collectif, les femmes musulmanes sont arabes. Pourtant, de nombreuses adeptes de l’islam ne le sont pas et le fait d’être d’origine maghrébine ne signifie pas que l’on est forcément musulman·e. Cela semble évident pour beaucoup de personnes, mais force est de constater que nous sommes encore loin de la fin de cette confusion entre arabité et islamité, encore très présente dans les médias traditionnels. La façon dont on qualifie Jeannette Bougrab en est la preuve. Elle se définit elle-même comme athée, mais elle est qualifiée de « musulmane » dans le Figaro ou encore considérée comme ayant une « apparence musulmane » dans l’Express.

 

Mais… Qu’est-ce que l’apparence musulmane ? Ces préjugés sont tellement ancrés dans la société que certain·e·s musulman·e·s finissent elles·eux-mêmes par les intégrer, ce qui entraîne certaines difficultés pour celles et ceux qui ne sont pas arabes. C’est la raison pour laquelle plusieurs femmes musulmanes aux origines et aux tenues vestimentaires variées s’expriment à ce sujet dans le cadre du récent projet la Muslim Wave, afin de montrer leur diversité.

 

C’est aussi l’ambition du projet Black and Muslim in Britain, soit « Noir·e et musulman·e en Grande-Bretagne », dans lequel les préjugés et leurs conséquences sont dénoncés. Ce projet permet de mettre en avant les personnes noires et musulmanes, souvent invisibilisées  à la fois par des non-musulman·e·s et des musulman·e·s. Il est temps de montrer les adeptes de l’islam d’une façon plus représentative. Faut-il rappeler que les pays arabes ne représentent que 20 % de la population musulmane mondiale et que l’islam est la religion majoritaire dans des pays où la population n’est pas arabe, comme en Turquie, en Iran ou en Indonésie, pays comptant le plus de musulman·e·s sur la planète ? Tout cela sans occulter le fait qu’au Maghreb, de nombreux·ses musulman·e·s ne sont pas arabes mais berbères, bien que la culture arabe y soit très présente.

 

Il existe donc des femmes musulmanes de toute origine, y compris en France, à l’instar de Maboula Soumahoro, franco-ivoirienne, Elsa Ray, attachée à sa Bourgogne natale, Mélanie Georgiades, anciennement Diam’s, Française d’origine chypriote, ou encore Anggun, franco-indonésienne. Ecoutons-les, plutôt que de biaiser le débat en demandant à des non-musulmanes de s’exprimer, sous prétexte de leurs origines maghrébines, au nom de celles l’étant vraiment.

 

Le sexisme subi par les femmes musulmanes vient uniquement des hommes partageant leur foi ou leur culture, ou tout simplement de l’islam

 

Crédit photo : mvzlamic

 

Dans son ouvrage, Au nom des droits des femmes : la montée du fémonationalisme, Sara Farris dénonce le fait qu’en Europe, il existe un véritable bloc islamophobe, à la fois constitué par des personnes se réclamant de droite et de gauche. Celui-ci condamne notamment les hommes musulmans, considérés comme beaucoup plus sexistes que les non-musulmans, au nom de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les femmes musulmanes ne pourraient ainsi s’émanciper qu’à l’aide d’hommes non-musulmans, de la République ou des deux à la fois, comme nous le voyons souvent au cinéma, dans Le noir te va si bien ou encore dans Cherchez la femme. Nacira Guénif-Souilamas, dans son ouvrage Les féministes et le garçon arabe, ou encore François Vergès, dénoncent que le fait d’insister sur le sexisme des musulmans est une stratégie qui permet de se dédouaner du sexisme présent dans le reste de la société.

 

Il est vrai que les femmes musulmanes peuvent subir le sexisme de leurs coreligionnaires, mais au-delà de ces discriminations s’habillant parfois de religion ou de tradition, les femmes musulmanes subissent des discriminations de la part de personnes non-musulmanes, les empêchant d’étudier ou de travailler. Cela est légitimé par plusieurs discours, dévoyant complètement la laïcité et visant spécifiquement les femmes musulmanes. Leurs foulards devraient nous indiquer un danger important, selon Bernard de la Villardière dans Touche pas à mon poste.

 

On se souviendra également du reportage mensonger de France 2 sur le bar de Sevran, dans lequel les hommes du bar étaient accusés par les journalistes d’interdire aux femmes d’entrer, en raison d’un sexisme particulier lié à leur appartenance religieuse – affirmation dont l’absurdité a été démontrée par la contre-enquête du Bondy Blog. Ainsi, les banlieues sont souvent pointées du doigt comme des étendards de la menace musulmane en France, censées constituer les seuls endroits en France où l’égalité entre les hommes et les femmes ne serait pas respectée. De plus, le Collectif contre l’Islamophobie en France n’a cessé de nous rappeler que les femmes correspondaient à 80 % des victimes de l’islamophobie. Si nous souhaitons vraiment les aider, commençons déjà par cesser de les stigmatiser et de les agresser.

 

Comme l’avait très justement souligné Rokhaya Diallo, il existe un véritable « féminisme de circonstance ». Plusieurs individus se découvrent féministes uniquement pour « défendre » les femmes musulmanes, dans le but de les conformer à leur idéal ethnocentré et républicain, sans pour autant accorder autant d’énergie à s’interroger quant aux discriminations que subissent les femmes non musulmanes ou non voilées. Tout cela est complètement occulté.

 

Plus les femmes musulmanes sont couvertes, plus elles sont dangereuses

 

 

Affiche durant la colonisation de l’Algérie

 

De nombreuses femmes sont soumises à des injonctions contradictoires. Nous sommes nombreuses à faire attention au choix de nos vêtements, afin de s’assurer de ne pas lancer de mauvais signaux, susceptibles de nous placer dans des situations désagréables voire dangereuses, comme s’il s’agissait de notre responsabilité de ne pas être agressées.

 

Pour les femmes musulmanes, cela peut être encore plus présent. Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes considèrent que les femmes musulmanes ne doivent être respectées que sous certaines conditions. Pour être une femme musulmane respectée et respectable, il faut à tout prix s’éloigner des stéréotypes de la fameuse menace islamo-terroriste : ne pas porter de foulard, manifester son admiration et sa dévotion la plus profonde pour la France et la République, condamner fermement tous les attentats commis dans tous les pays de la planète par des personnes supposées musulmanes, voire manger du porc et boire du vin…

 

Le traitement médiatique de l’affaire Mennel Ibtissem en est un bon exemple. Le fait que cette femme se couvre les cheveux a scandalisé plusieurs personnes. Sur Cnews, certain·e·s ne se gênaient pas pour affirmer que cela était une provocation suprême. Pour défendre cette femme, d’autres rétorquaient que ce foulard était léger et qu’il restait donc convenable, comme si cela était une condition pour que l’on puisse respecter cette femme. Qu’est-ce que cela signifie ? Si elle avait chanté avec un foulard couvrant aussi son cou, cela aurait bel et bien été choquant et provocant ?

 

Il existe cette idée selon laquelle les femmes musulmanes peuvent être jugées sur leur apparence et leurs tenues vestimentaires, et jugées comme trop ou pas assez couvertes. Si nous sommes considérées comme « trop » couvertes, nous sommes souvent perçues comme des « vraies » musulmanes, adeptes d’une idéologie totalitaire, allant à l’encontre des droits des femmes et constituant une honte pour toutes celles se battant dans d’autres pays afin de ne plus céder à l’injonction de se voiler. Parallèlement, si nous sommes considérées comme « peu » couvertes, cela signifie que nous ne sommes « pas trop » musulmanes, que nous avons bien compris la vie, loin de la piété islamique et donc tout-à-fait acceptables en société. Ne pas être voilée signifierait même que nous sommes plus disposées au plaisir des hommes, comme le sous-entendait Eric Zemmour dans On n’est pas couché, ou encore Robert Ménard, visiblement attiré par les « beurettes » qu’on ne peut « plus draguer » parce qu’elles sont désormais voilées, dans Salut les Terriens. Honnêtement, n’est-ce pas profondément exécrable de n’apprécier les femmes musulmanes que lorsqu’elles nous plaisent physiquement ? N’est-ce pas cantonner la femme à un corps sexualisé ? N’est-ce pas loin du féminisme ?

 

Malheureusement, ces préjugés sont loin d’être les seuls concernant les femmes musulmanes. Il est important de se rendre compte de l’influence considérable des médias dans la façon dont nous percevons les femmes, mais aussi les hommes musulman·e·s. Ces dernier·e·s sont loin de former un bloc monolithique et nos vies seraient sûrement moins difficiles si chacun·e veillait à combattre ses propres préjugés, totalement légitimés dans la majorité des médias et des discours politiques. Hélas, la réflexion de Malcolm X reste donc toujours d’actualité :

« Si vous n’êtes pas vigilant·es, les journaux arriveront à vous faire détester les opprimé·e·s et aimer celles et ceux qui les oppriment. »

 

Crédit photo à la une : Sanaa K

 

 

 

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