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Portraits

Bénazir Bhutto, la force d’une femme

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Bénazir Bhutto, née au Pakistan en 1953, est la première femme à la tête de l’exécutif dans un pays musulman en devenant en 1988, Première ministre, et grand symbole féminin de pouvoir. Ce titre lui est conféré grâce à sa faculté de s’adresser à son peuple : elle a su trouver les mots et émouvoir sa communauté, à une époque où la place qu’occupaient les femmes dans le monde, sur le plan politique en particulier, était presque insignifiante. Le Pakistan, qui est encore aujourd’hui une société patriarcale, ne faisait malheureusement pas exception à cette règle.

 

 

Issue d’une riche famille pakistanaise, Bénazir a su se démarquer et devenir une femme de pouvoir. Profitant d’une opportunité, elle part, dès l’âge de 15 ans, faire ses études à l’étranger, aux Etats-Unis pour commencer, puis en Grande-Bretagne où elle rejoint la prestigieuse université d’Oxford. Engagée depuis son plus jeune âge dans des luttes progressistes qui la touchent particulièrement, elle crée un syndicat étudiant représentant les étudiants pakistanais. Cette ouverture sur l’international lui permet de rompre avec les traditions familiales – les jeunes femmes Bhutto vivant recluses dans leurs propriétés et ne bénéficiant que d’un accès restreint à l’éducation – mais elle n’oublie pas ses origines pour autant, et garde un œil sur les causes de lutte qui concernent directement son pays.

 

En 1976, elle rentre au Pakistan. Un an plus tard, son père est arrêté et emprisonné comme opposant au régime du Général Zia. Cet évènement va pousser Bénazir à mûrir prématurément, et elle entreprend, avec sa mère, de se battre pour libérer son père. Bien que placées elles-mêmes en résidence surveillée, elles luttent durant deux années pour sa libération. Mais leurs efforts restent vains, et l’homme meurt en martyr, exécuté après un procès de droit commun construit de toute pièce, le 4 avril 1979.

 

Bénazir et sa mère, déjà très affectées par la mort du père, sont victimes à leur tour de l’acharnement du Général Zia à leur encontre. Assignées à résidence, emprisonnées, elles sont maltraitées, affamées, battues, violées… Bénazir parvient à s’échapper au début des années 80, une pression exercée par les Américains lui permettant de partir en exil pour Londres.

 

C’est en 1988, quand Bénazir rentre au Pakistan, qu’elle se présente aux élections et est nommée Première ministre. Alors âgée de 35 ans, elle représente à la fois son peuple, de par ses origines et son vécu, mais aussi la culture occidentale, dont elle connaît la langue et les codes. En plus d’être la première femme musulmane à diriger un pays, elle est aussi une femme voilée. Cet aspect de sa personnalité lui a valu beaucoup de critiques, mais ne l’a pas empêché de devenir un symbole très inspirant de lutte et de révolte.

 

Cependant, le 6 août 1990, le Président la démet de ses fonctions, sous prétexte qu’elle est « incapable de tenir les rênes du pays ». Évidemment, puisqu’elle est une femme ! Malgré tout, elle ne baisse pas les bras, et revient en 1993 pour un second mandat qui va durer trois ans et à l’issue duquel elle sera à nouveau démise de ses fonctions. En novembre 1996, elle part à nouveau en exil.

 

En octobre 2007, après plus d’une dizaine d’années d’exil et malgré de nombreuses menaces de mort, elle décide envers et contre tous de regagner son pays, le Pakistan. Et c’est lors d’un meeting politique, au moment où elle prononce les mots « Longue vie aux Bhutto ! », qu’elle est assassinée, sacrifiée sur l’autel de ses convictions, le 26 décembre 2007.

 

 

Maryème Ben Mohamed

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Ateliers d'écriture Nos Voix

[Atelier d’écriture] Récit de femme musulmane I

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Lallab organise en partenariat avec Amy Tounkara, écrivaine et fondatrice de La femme en papier des ateliers d’écriture mensuels exclusivement réservés aux femmes musulmanes.
Il était important pour nous de créer un espace de bienveillance et de libre parole dans ce climat sexiste, raciste et islamophobe généralisée. L’objectif aussi, à travers les écrits que nous publions, est de mettre en évidence d’un côté la singularité de nos parcours de vie, le fait que LA femme musulmane dont on entend tant parler dans les médias n’existe pas; et d’un autre côté l’universalité de nos récits.
Les ateliers d’écriture ont pour but de créer un espace bienveillant afin de rendre l’écriture accessible à toutes et permettre à chacune de reprendre la narration de son histoire.
C’est une occasion à la fois d’écrire, parce que l’écriture est un exutoire, une affirmation de soi et une possibilité de développer sa créativité. Mais aussi une occasion de partager ses expériences, de libérer sa parole sur des discriminations et de rêver ensemble.

 

 

Consigne : Ecrire un texte descriptif qui met en scène un personnage de femme musulmane à partir des catégories sociales de mon choix, mais sans utiliser les mots les plus courants pour décrire une femme racisée musulmane.

 

 

Se promenant dans les rues de son quartier, Layinah ne cessait de penser à l’actualité. L’atmosphère était de plus en plus pesante, et pas seulement parce que c’était un jour d’été. Il lui semblait impossible de respirer lorsque beaucoup cherchaient à l’étouffer.

Ses grands-parents rêvaient d’un avenir meilleur pour elle, où elle échapperait à tout ce que la société leur avait imposée. Désormais, leur petite princesse avait grandi, et devait affronter la réalité de la vie. Sa peau dorée lui imposait de devoir chaque jour prouver sa légitimité, dans cet univers phallocratique et peu coloré. Née dans une ville constamment stigmatisée, elle s’efforçait de prouver à tous/toutes ce qu’elle valait. Ce mélange empoisonné était saupoudré de ce qu’elle portait fièrement sur la tête, qui dévoilait ses plus intimes convictions.

Mais ce jour-là n’était pas un jour comme les autres. Elle venait d’obtenir son diplôme, honorant ainsi le voyage de ses grands-parents, il y a 50 ans. Alors ce jour-là, tout était possible. Même si les tatas comoriennes lui reprochaient son célibat, elle savait que la priorité, c’était elle. Ses objectifs étaient clairs, il lui fallait puiser dans l’héritage de ses prédecesseuses pour offrir à ses petites sœurs de nouvelles possibilités, de récolter les fleurs des graines que Layinah pouvait planter. Le chemin était long pour briser les chaînes qui la liaient, mais l’amour qui la faisait vibrer allait au-delà des frontières qu’on lui avait tracé. Sa réussite était bien sienne, mais elle était pleine d’espoir pour toutes celles qui pouvaient lui ressembler.

 

Hadidja

 

 

Crédit photo : Lallab

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Nos Voix

« C’est un mur ! » : Le vaginisme

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Ceci est mon humble témoignage sur la manière dont j’ai vécu mon vaginisme, comment j’en ai pris conscience et comment j’ai réussi ce combat contre moi-même – contre mon propre corps et mon propre esprit, en quelque sorte.

 

D’abord, le vaginisme c’est la contraction des muscles du plancher pelvien qui entourent l’ouverture du vagin. Concrètement, pour moi au début, rien ne passait. Tous mes muscles se contractaient. Mon corps se crispait sans que je ne parvienne à me détendre. C’était une réaction épidermique. Je n’arrivais  pas à contrôler mon corps.

Hamdoulilah, cette période est terminée.

Mais ça en a mis du temps…

 

Commençons.

J’ai eu ma première relation sexuelle avec l’homme que je venais d’épouser quelques jours après mon mariage. La journée du mariage a été tellement épuisante que la seule chose qu’on a fait en rentrant, c’est prendre une douche et ronfler. La nuit de noces ne s’est pas exactement passée comme dans les films.

Après quelques jours de repos, première tentative : clairement, on se rend compte que ce n’est pas non plus comme dans les films. J’en ai envie mais je me crispe très fort. Je suis presque tétanisée. Je demande à mon mari de forcer. Je me dis tant pis si ça fait mal. Il tente et là, sa phrase : « C’est un mur ». Avant même qu’il me le dise, je l’avais senti.

 

On réessaye quelques fois et c’est la même chose, voire pire.

 

C’est bien pire en fait. 

Parce que je développe une grosse appréhension des relations sexuelles, la peur d’un autre échec, encore plus de frustrations, plus de culpabilité de mon côté vis-à-vis de mon mari, même s’il n’a jamais été dans le reproche et qu’il a fait preuve d’une rare patience.

 

Bref, on n’y arrive pas. Plutôt, je n’arrive pas à me détendre. On stagne. Et je me complais dans cette situation. Je me dis que c’est pas si grave, que ça va passer avec le temps et que même si ça ne passe pas, on a développé une sexualité un peu différente des autres. 

 

On se renseigne quand même tous les deux, chacun de son côté. Je vais voir une première gynécologue qui me conseille de me détendre, que c’est normal d’être crispée et qu’il faudrait que je boive «  un peu d’alcool pour arrêter de trop réfléchir ». Cette gynécologue était incompétente.

 

J’en parle à ma mère qui me confie qu’elle a eu le même problème. Elle me raconte que c’est l’hymen qui bloque. Encore une des nombreuses légendes à démystifier sur la sexualité ! Elle me conseille d’aller voir une autre gynécologue. Je prends rendez-vous. Je choisis une gynécologue avec un nom à consonance arabe en espérant que celle-ci me comprenne davantage que la précédente. 

 

Arrivée au cabinet, je lui explique ce qui ne va pas. Elle est très compréhensive. Elle m’écoute. Elle me regarde sans me toucher. Mon hymen est normal. Elle me demande si elle peut m’ausculter. Je suis rassurée donc j’accepte. Elle me dit que je peux l’interrompre dès que je le souhaite. Je me crispe, c’est douloureux, mais je suis en confiance. Elle m’explique que je n’ai pas de pathologie, mon périnée est très tonique, c’est lui qui bloque. Mon problème est psychologique, il faut que je fasse un travail sur moi-même. 

 

Le nom du vaginisme n’est pas encore posé.

 

C’est mon mari qui m’envoie un article parlant de vaginisme. Et je me reconnais totalement dans ce qui est expliqué : le mur !

 

Le diagnostic étant posé, il s’avère qu’il n’y a pas de médicament. Ce serait trop facile. 

 

Il faut surtout que je fasse un travail d’introspection, que je comprenne pourquoi mon corps fait ce blocage. Et à vrai dire, au début, je ne comprenais vraiment pas pourquoi. Lorsque je lisais les très rares témoignages sur Internet, j’avais l’impression que les personnes concernées avaient intégré dans leur cercle familial le gros tabou autour de la sexualité et de la virginité de la femme, très importante dans beaucoup de familles maghrébines. Le problème était que ce n’était pas mon cas. Nous sommes une famille nombreuse mais pas vraiment traditionaliste. J’ai grandi dans un cercle de femmes avec ma mère et mes sœurs. Pas d’hommes à la maison. Et même dans le cercle élargi de la famille qui comprenait des hommes – mes oncles surtout –, ils n’étaient pas dans le contrôle avec nous. 

 

Je fais partie d’une famille où l’on s’habille comme on veut. Le voile ou la jupe, chacun son choix. Très peu de jugement et une diversité de pratiques religieuses. Le prétexte de la « hchouma » ou du « hebb » propres aux sociétés maghrébines, n’a pas été beaucoup évoqué durant mon enfance et mon adolescence. J’ai pu parler plutôt librement de mes règles, de mes seins qui poussaient, de copains (ou petits copains) avec mes tantes et mes cousines (j’ai même regardé l’Île de la tentation avec ma jeune tante. On était fan et je ne suis pas fière…).

 

Bref, tout ça pour dire que lorsque j’ai commencé à grandir, je savais que spirituellement la virginité était importante aux yeux d’Allah. D’ailleurs, je me rendais déjà compte de l’hypocrisie de notre société quant à la différence de traitement à propos de la virginité des hommes et des femmes. Mais je n’avais pas cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête où l’honneur et la réputation de toute ma famille, des générations passées et futures dépendait de ma virginité. C’est ridicule ! Et dans ma famille, personne ne m’a jamais fait sentir que c’était le cas. 

 

Par conséquent, je suis partie à ma nuit de noces plutôt sereine, plutôt tranquillou. J’ai vite compris que ça n’allait pas être aussi simple.

 

Lorsque j’ai éliminé la thèse de la hchouma qui s’était ancrée en moi, je me suis vraiment demandé ce qui créait ce blocage. Je ne m’étais jamais dit que la sexualité était sale. Pour moi, il ne devait pas y avoir de tabou entre mariés. La question du plaisir réciproque était très importante. Et avec mon mari, qui était à l’époque mon petit copain, on parlait sexualité aussi. Donc j’ai eu du mal à comprendre.

 

Et c’est au fur et à mesure de vivre au quotidien avec mon mari, que je me suis rendue compte que mon problème n’était pas une « socialisation de la hchouma ». Je me suis rendue compte que je ne connaissais pas mon corps, que la partie de l’adolescence où l’on se découvre physiquement et surtout où on n’apprend à aimer son corps, cette partie-là je l’avais complètement mise de côté. Dommage pour moi, c’est important de connaître un minimum son corps lorsqu’on découvre la sexualité. Et ce n’était pas mon cas. Bizarrement, je n’avais pas de complexe physique. Je ne me trouvais pas sublime mais je trouvais que mon corps était en fait plutôt neutre. Donc je me mettais en bikini et en jupe sans aucun problème. Mais par contre, je ne supportais pas d’être nue et surtout de me voir nue. Lorsque j’allais pour me laver, je me dépêchais d’enlever mes habits pour vite passer sous l’eau, la douche étant l’endroit où je pouvais être nue sans que cela me dérange. Puis, lorsqu’on découvre la sexualité, c’est important aussi de savoir ce qui se passe à l’intérieur, comment on est constituée. Je savais à quoi ressemblait un pénis, mais pas une vulve. J’avais encore du mal à faire la différence entre un vagin et un utérus. J’étais très mal à l’aise lorsque je m’épilais le maillot. Pour moi, toutes ces choses étaient normales. Je pensais que j’avais un rapport à mon corps un peu compliqué mais pas plus que la plupart des personnes. C’est lorsque j’ai vécu avec mon mari, qui était très à l’aise avec son corps, que je me suis rendue compte que ce n’était pas normal. Même si c’est très différent puisque c’est un homme. C’est lui qui m’a fait remarquer toutes ces petites choses, qui ne sont presque rien mais qui, accumulées, ont créé un gros blocage : mon vaginisme.

 

Lorsque j’ai réussi à identifier la cause du problème, il a fallu mettre en place  tout un travail de changement d’habitudes et d’introspection sur mon rapport à mon corps pour en finir avec mon vaginisme. Ce travail ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais à travers plein de petites actions qui m’ont permis de mieux connaître mon corps et surtout d’être plus à l’aise avec lui. Toutes ces petites actions se sont traduites progressivement par une sexualité de plus en plus libre et de plus en plus facile. Pour arriver finalement à passer outre mon vaginisme. Hamdoulilah.  

 

Aujourd’hui j’ai des enfants, hamdoulilah, et je sais que mon éducation sera très importante pour qu’ils apprennent à connaître leurs corps et qu’ils soient à l’aise avec. Cette éducation se fait avant tout  en éliminant toute mention à la hchouma, ce mot qui sert de prétexte à toute interdiction et lorsqu’on demande des précisions sur le pourquoi, on nous répond « Parce que c’est hchouma, POINT ». Mais elle se fonde aussi sur l’importance de pouvoir parler de tout avec mes enfants, de sexualité, de porno, de masturbation, de règles, de désir… Il faut que mes enfants sachent que je suis présente pour la moindre question, même les sujets les plus gênants. 

 

 

Crédit photo image à la une: @annemarielea_geburtsfotografin

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Communiqués

[Communiqué] Violences sexuelles de l’imam de Montpellier : notre silence ne nous protégera pas

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Suite au témoignage bouleversant de Sarah publié dans Saphirnews et Médiapart, victime d’agressions sexuelles par l’imam de Montpellier, Mohamed Khattabi, Lallab envoie tout son soutien à Sarah ainsi qu’à toutes les femmes qui subissent des violences sexistes et sexuelles dans un silence assourdissant et l’omerta la plus totale.

 

Suite au témoignage bouleversant de Sarah publié dans Saphirnews et Médiapart, victime d’agressions sexuelles par l’imam de Montpellier, Mohamed Khattabi, Lallab envoie tout son soutien à Sarah ainsi qu’à toutes les femmes qui subissent des violences sexistes et sexuelles dans un silence assourdissant et l’omerta la plus totale.

Nous savons à quel point il est dur de parler ou de témoigner, d’autant plus lorsque la personne incriminée est connue, puissante, intouchable ou qu’elle endosse une autorité religieuse, comme c’est le cas dans cette terrible affaire.

Cette libération de la parole autour des violences sexuelles met en lumière l’importance et l’horreur d’un problème que certaines femmes vivent dans nos communautés et qui est trop souvent tu. Les violences que nous subissons dans nos cercles intimes, dans nos cercles communautaires sont à combattre au même titre que toutes les autres violences que nous subissons dans la société. Les prédicateurs, les leaders religieux, et plus généralement les hommes qui ont une certaine notoriété et du pouvoir dans notre société ne sont pas exempts de comportements violents et machistes.

C’est pourquoi en tant que femmes musulmanes et en tant que féministes antiracistes nous dénonçons tous les systèmes d’oppressions que nous subissons, dans tous les pans de notre vie, et ce jusqu’à notre intimité. 

Dans notre cas, l’injonction au silence perpétrée au nom de la lutte contre l’islamophobie est inacceptable. Il représente même l’un des ressorts les plus puissants du patriarcat : nous réduire au silence en ayant recours à un chantage émotionnel, celui de nous faire porter la responsabilité de la préservation de la dignité des hommes de notre communauté. Mais qu’en est-il de la nôtre ?

Audre Lorde, essayiste, poetesse et militante féministe afro-américaine et lesbienne le disait : « notre silence ne nous protégera pas ».

Cette tendance à asservir davantage la victime en la murant dans son silence doit cesser dans nos environnements ! Il s’agit là d’une pratique scandaleuse qui représente une réelle violence émotionnelle et psychologique. Ce silence qui pèse sur nos épaules, et qui agit comme une énième couche de violence à supporter, n’est pas une réponse à nos maux en tant que communauté, que cela soit sur le court, moyen ou même sur le long terme. Nous le savons, les violences sexuelles ont des impacts psychotraumatiques qui impactent les victimes parfois jusqu’à 50 ans ou plus après les faits de violences. Sans soin, sans justice, les victimes sont totalement abandonnées. Il est donc encore plus inconcevable de renforcer cette injustice par un déni du crime qu’elles/ils ont subi. Un tel comportement revient à se rendre complice d’un crime.

Défendre coûte que coûte des hommes soupçonnés de harcèlement, d’agressions et de violences sexuelles rend la parole difficile à libérer

Le fait que la mosquée Aïcha défende cet homme et prétexte la calomnie pour taire la parole de Sarah est une énième violence à dénoncer. Non seulement couvrir cet imam est inacceptable mais en plus, cela va à l’encontre des valeurs religieuses de justice : aucun.e musulman.e ne doit jamais supporter l’injustice, nous devons la combattre coûte que coûte. Se cacher derrière des arguments de respectabilité lorsqu’on est visé par des accusations de violences sexuelles est une hypocrisie totale.

Bien au contraire ! Que des voix s’élèvent et dénoncent des agissements dangereux est justement un cadeau et une opportunité pour toute personne, quelle que soit la structure dans laquelle elle évolue de réfléchir au fonctionnement et aux failles de cette structure.

Il est donc important, au sein des institutions musulmanes – qui, nous le précisons, ne représentent pas les musulman·e·s – comme dans toute autre institution, de mettre en garde contre les hommes qui jouent de leur position hiérarchique pour commettre des agressions sexuelles en toute impunité, et une fois ceux-ci identifiés, de faire en sorte qu’ils ne s’approchent plus de potentielles victimes et qu’ils soient jugés.

Nous n’oublions pas non plus celles qui n’ont pas pu dénoncer ces violences-là.

Nous les soutenons également, et nous leur apportons tout notre amour.

Lallab envoie à nouveau tout son soutien et tout son amour à Sarah, ainsi qu’à toutes les femmes concernées par ces violences. Nous lui souhaitons de se reconstruire pleinement et sereinement. Nous la croyons et, cela va sans dire, ce qui lui est arrivé n’est ABSOLUMENT pas de sa faute. Nous sommes à ses côtés durant tout son combat et même après, car défendre les droits des femmes c’est défendre l’humanité toute entière.

Comme la journaliste Hanane Ben Rhouma l’indiquait cette semaine dans l’article de Saphirnews, il est temps de libérer la parole au sein de notre communauté !

Crédit illustration : Amani Haydar

Illustration créé à l’origine pour un reportage sur le site ABC “ ‘I’m not his property’: Abused Muslim women denied right to divorce de Hayley Gleeson et Julia Baird

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(Dé)construction

Femmes musulmanes et savoir religieux : à chacune sa quête et ses obstacles

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Œuvre de Hind Ben Jabeur « J’ai appris à tomber dans les profondeurs de mon propre puit, car c’est au fond de nous que l’eau est clairvoyante. » Jassem el Sahih

 

Il y a autant de rapports au savoir religieux qu’il y a d’êtres sur Terre. Ce rapport au savoir religieux, propre à chacun.e.s d’entre nous qu’on le questionne ou pas, est au cœur du Lallab Agora de cette année qui se penche ce semestre sur l’œuvre de Fatima Mernissi, Le harem politique : le prophète et ses femmes. La volonté de déconstruire en vue de se réapproprier le savoir religieux a motivé le travail de cette sociologue, musulmane et féministe marocaine aujourd’hui décédée, qui a lutté en toute bienveillance pour une autre version de l’Histoire dans une société patriarcale qui, en vue d’assujettir et d’assigner la femme à des rôles spécifiques, va faire mine de puiser dans la religion pour asseoir sa domination. Cet article s’intéresse à la quête du savoir religieux de femmes musulmanes, qu’elles soient Lallas ou non, que leurs cheminements soient conscientisés ou non.

 

« J’ai peur d’approcher les textes sacrés, j’ai peur de ne pas y trouver les réponses, peur de ne pas m’y retrouver. J’ai peur de ne pas comprendre, de me méprendre. » Anonyme.

 

« Je suis dans une phase depuis sept ans de méditation dans le sens où je me pose des questions là où je ne m’en posais pas. […] Depuis mon divorce, je suis dans un cheminement personnel. Ça a été un obstacle qui a renforcé ma foi. » Asna, 37 ans

 

En réalisant ces interviews, j’ai peu à peu réalisé à quel point le rapport au savoir religieux relevait de l’intime des femmes interrogées. Mes questions que je pensais lisses venaient toucher à l’intimité de leur éducation, de leur vie familiale, de leur corps, de leur cœur, de leur être et de leur quête. De ce fait, le témoignage livré en toute sincérité par ces femmes sera publié brut, sans volonté de le dénaturer ou de l’analyser. Afin de respecter l’anonymat de certaines d’entre elles, seuls des extraits sont ici partagés, de manière entremêlée.

 

 

 

« Je me sens seule face aux savoirs religieux. »

 

« Je choisis le mot « face » parce que mon éducation religieuse se fait essentiellement sur YouTube. Mais je me sens aussi sereine et légitime quand je questionne, pense, contemple, m’approprie des savoirs religieux. J’ai reçu ma religion en héritage. Je crois qu’en grandissant, j’ai compris la religion comme un ensemble de règles et de limites qui venaient entraver ma liberté. J’observais ces limites avec crainte. À ne surtout pas franchir ! Quand je posais des questions à des proches sur ce sujet, je sentais des crispations et une peur. Je suis la première génération née en France dans ma famille et je pense que quand je questionnais la religion, eux le vivaient comme si je questionnais leur culture. Mon point d’interrogation traçait soudain une frontière entre eux et moi, du moins, c’est ainsi que je l’interprète. Questionner le religieux revenait et revient toujours pour moi à questionner beaucoup plus que le religieux. Se trouve au tribunal de mon intellect et de mon cœur, mes identités culturelles, mon éducation, ma perception du temps, de l’amour, de la mort, de la vie, bref ma grille de lecture sur l’Univers. […] J’ai toujours intuitivement senti que se poser des questions était peut-être plus signifiant que les réponses que je pourrais trouver. » Lydia, 24 ans.

 

« Je ne sais pas où chercher et du coup, je demande à ma sœur. Je ne vais pas avoir la jugeote de chercher  parce que j’ai peur, c’est sacré, c’est important, ce n’est pas comme quand je regarde les trucs sur les people, ce n’est pas important, on s’en fou si c’est du fake news. » Inès, 28 ans.

 

« Aujourd’hui avec du recul, j’aurais aimé avoir des endroits où apprendre la science de la religion sans être taxée d’extrémiste. » Lamia, 34 ans.

 

« N’étant pas vraiment dans les normes de ce que devait représenter la bonne petite musulmane, j’avais du mal à m’identifier en tant que musulmane parce que j’ai tout le temps eu l’impression d’être une pécheresse. Je suis bi et je l’ai toujours su et ça a toujours été difficile en tant que musulmane. Ensuite, les premiers amoureux que j’ai eus étaient non-musulmans et on m’a toujours dit que je ne pouvais pas me marier avec un non-musulman. Ma nature profonde ne correspondait pas à ce qu’on pouvait attendre d’une bonne musulmane. Plus tard, c’est le fait de ne pas être pratiquante et d’être féministe aussi qui a été un obstacle à ma quête du savoir religieux. […] C’est le féminisme islamique qui m’a réconciliée avec le religieux. » Anonyme.

 

« Mon ex-mari m’a fait sentir que j’étais illégitime dans ma quête de savoir. En fait, c’est dû à son caractère, c’est quelqu’un de très fier.  Il ne connaissait pas trop la religion et il n’acceptait pas le fait que moi, qui suis française et plus jeune que lui, connaisse plus de choses que lui. Donc très souvent, il rejetait ce que je disais, en me disant : « Mais toi, qu’est-ce que tu connais… » » Nathalie, 34 ans.

 

« J’ai un rapport un peu ambivalent à ma solitude dans cette quête du savoir. De cette solitude naît une confiance en Dieu, en son attribut de Guide, d’Educateur, en mon habilité à réfléchir, à choisir, mais de cette solitude, naît aussi la peur de ne pas avoir les bons outils pour étudier.» Lydia, 24 ans.

 

 

 

« L’obstacle est dû à mon sexe. »

 

« Aujourd’hui, l’accent est plus mis sur les cours des hommes, donc les hommes ont une multitude de cours qui sont répartis dans la semaine, ils peuvent avoir cours en pleine semaine, le mercredi, le week-end et en soirée. Le deuxième public qui est visé, c’est celui des enfants. […] Donc pour les femmes, je trouve, pour avoir contacté différents instituts, qu’on a une offre qui est plus pauvre et c’est très dommage. Par exemple, j’ai dû quitter mon institut parce qu’ils proposent des cours de Coran le mardi matin et moi, ça m’a révoltée parce que le mardi matin entre les sœurs qui travaillent, qui sont étudiantes ou qui sont mamans, c’est juste impossible. Les hommes et les enfants sont prioritaires alors que nous aussi, on est en droit de vouloir apprendre notre religion et puis de la transmettre aussi selon notre capacité. » Fanny, 34 ans.

 

 « Je suis plus dans l’écoute, je ne cherche pas, j’écoute ce que dit ma mère, ma grand-mère. Pendant le ramadan, j’ai lu 40 pages du Coran. Parfois, je ne comprends pas les mots de la traduction. Ou des fois, je lis bêtement du coup, ça me saoule et j’arrête. Je n’aime pas lire, donc je préfère plus qu’on m’explique. Je comprends mieux les choses. Maintenant, je me pose des questions. J’ai remarqué que c’était toujours l’homme qui avait le droit à tout et pas la femme. Et à partir de là, je me suis dit pourquoi moi, j’aurais moins. Je suis sûre que si un jour je lis le Coran, je comprendrais autre chose parce qu’en fait, ce sont les hommes qui disent ce qu’ils ont compris et même pour ma mère, je me dis que ce sont aussi des hommes qui lui ont enseignés ce qu’elle sait. » Anonyme.

 

« Le savoir religieux me sert dans le sens où j’arrive à trouver les mots et les raisons de faire les choses. Je me sens moins musulmane par héritage. Je médite beaucoup, je me remets beaucoup en question. […] J’aime beaucoup l’ijtihad[effort de réflexion] dans le savoir. Le savoir est dominé par les hommes. Les hommes te soumettent directement, tu dois t’écraser. Mais si tu es une femme et que tu es prête, tu peux t’y mettre aussi.» Asna, 37 ans.

 

 

 

« Je ne lis pas l’arabe. »

 

« Mon rapport au savoir religieux a évolué d’un savoir traditionnel et culturel à un savoir plus approfondi parce que je me suis mise à chercher. […] Dans ma quête, il y a la barrière de la langue. J’ai appris l’arabe, mais je n’ai pas les armes pour décrypter le Coran. Même s’il y a la traduction, j’ai toujours le sentiment que je passe peut-être à côté d’une interprétation et il y a toujours cette petite chose en toi qui a peur de mal interpréter vu que le Coran est en langue arabe. », Lamia, 34 ans.

 

« Je ne lis pas et je ne comprends pas l’arabe littéraire. Je sens que je ne peux pas saisir la profondeur des mots dans le texte sacré, de leurs sens, de leurs réalités. Pendant longtemps, je me suis sentie loin du Coran. J’avais le sentiment de passer à côté du sens. Le Coran ne se lit pas comme un roman. Néanmoins, je crois profondément que le sens et les effets du texte sacré sur le cœur, l’intellect, l’âme, le corps ne peuvent pas être voilés par une traduction. » Lydia, 24 ans.

 

« Forcément, en étant convertie, j’ai dû apprendre ma religion, je n’ai pas grandi avec des modèles, avec des paroles rapportées qui peuvent être vraies comme fausses. […] J’ai beaucoup lu, j’ai beaucoup appris dans les livres. Dans les premiers temps, j’ai lu et j’ai cheminé avec une autre sœur qui venait de se convertir, qui avait beaucoup de savoirs. Et par la suite, je suis devenue une petite étudiante. Je me suis inscrite en cours d’arabe pour pouvoir lire et écrire, puis en cours de sciences religieuses. [L’Islam] est une religion de science et Allah nous demande de rechercher la science, de la comprendre, de l’appliquer, de la transmettre. En fait, c’est vaste, plus tu vas en cours, plus tu te rends compte que tu ne sais rien et qu’Allah sait tout. […] Ce savoir-là fait du bien au cœur, ça fait du bien à l’âme. Ça t’aide à te réformer. C’est quelque chose dont j’ai besoin, qui me fait le plus grand bien. » Fanny, 34 ans.

 

 

 

« Soif de savoir »

 

« Allah nous a ordonné « Iqra » qui veut dire « Lis“, alors j’étudie. » Lamia, 35 ans.

 

« Depuis quelques années, je suis toujours en soif de savoir. », Sabrina, 38 ans.

 

« Je suis née dans la religion musulmane, j’ai vu mes parents pratiquants, j’ai suivi cette méthode jusqu’à maintenant. Je ne découvre pas l’Islam. Depuis petite, je lis le Coran, même si ma compréhension a changé. Petite, je ne comprenais pas, je lisais, c’est tout. On apprend sans raisonner et en grandissant, on lit en comprenant les choses et en mettant les circonstances de chaque verset, ça aide de mettre les versets dans leur contexte. Et parfois, maintenant, je trouve des différences par rapport à nos coutumes que je ne retrouve pas dans le Coran. », Hayet, 61 ans.

 

« J’ai appris le savoir religieux de la vie, on m’a dit de ne pas voler, de ne pas mentir, de ne pas faire le haram [l’interdit], de prier, de jeûner. J’ai appris par moi-même. La religion, c’est dire bonjour, s’assurer que les gens autour de toi vont bien, donner l’aumône, ma mère donnait même des pommes de terre. Ce qu’elle trouvait, elle le donnait. Le savoir religieux, ce n’est pas que la prière, c’est le bon comportement, le bon rapport avec les voisins, prendre soin des gens âgés, c’est ce que j’ai appris. », Manoubiya, 78 ans.

 

« J’ai besoin d’aller vers le savoir religieux en groupe, en sororité, de manière accompagnée, portée par le collectif. J’ai choisi d’y entrer avec et par les femmes, en lisant, en étudiant des femmes et leurs analyses. J’aime aborder ce travail à la fois spirituel et historique dans la joie. […] Je retrouve ça chez Lallab, le Lallab Agora me donne un outil pour accéder au savoir religieux avec sororité et de manière plus sereine. Je n’ose pas encore aller à la source qui est le Coran, j’y vais à travers des femmes qui ont fait un travail de recontextualisation. Elles ont eu à faire aux mêmes interrogations que moi et j’espère qu’à terme, ça me fera aller vers la source suprême, le Coran. » Nawal, 35 ans.

 

 

Sara

 

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Communiqués

[Communiqué] Lallab dénonce la radicalisation islamophobe du Gouvernement

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Le projet de loi « confortant les principes républicains » censé permettre de lutter contre le « séparatisme », a été transmis, mardi 17 novembre, aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Le texte donne corps à nombre d’annonces sur lesquelles nous souhaitons vous alerter tant elles représentent une menace pour la démocratie et une entrave à de nombreuses libertés individuelles telles que la liberté d’expression, la liberté de culte ou d’association visées en premier lieu. 

 

C’est donc en tant qu’association féministe et antiraciste sur le terrain que nous dénonçons les dérives de ce projet de loi et souhaitons attirer votre attention sur les dangers de son application pour les droits démocratiques et fondamentaux de chacun.e. 

 

Nous dénonçons un projet de loi ainsi que des discours politiques entre autres sexistes et islamophobes qui représentent une menace pour les droits des musulman.e.s déjà lourdement discriminées sur le marché de l’emploi, dans leur accès à l’éducation et aux loisirs

 

Encouragés par des gouvernements qui changent et se ressemblent, se nourrissant avec plus ou moins de délectation des imaginaires coloniaux et racistes, les médias et politiques n’ont de cesse depuis plusieurs décennies de nous désigner comme ennemies de l’intérieur, dont les moindres faits et gestes devraient être surveillés, analysés, scrutés, allant même jusqu’à inviter chacun.e à être à l’affût de « signaux faibles de radicalisation ». Les femmes musulmanes se voient donc contraintes, pour se préserver, de redoubler d’efforts pour se conformer à des attentes intenables : renoncer à notre religion, renoncer à la vivre comme nous le souhaitons, renoncer à nos identités, à nos cultures, à nos vêtements, renoncer à vivre librement avec nos familles et nos communautés, …. 

 

 

1. Nous dénonçons un projet d’atteinte à nos libertés d’association et d’expression

 

Ce projet de loi porte une atteinte considérable à la liberté d’association et d’auto-organisation des personnes concernées par des discriminations spécifiques. En élargissant les motifs de dissolution d’une association et en conditionnant l’octroi de subvention au “respect des valeurs de la République”, le gouvernement ouvre la porte à la dissolution de toutes structures qui s’opposent à lui et portent un discours critique à l’égard de ses actions. 

Le gouvernement, par le biais de ce projet de loi, pointe du doigt toutes les associations, qui ont créé des liens de solidarité, qui ont pallié l’insuffisance de l’Etat en ouvrant des espaces de soutien à la scolarité, d’échanges culturels, d’aide alimentaire, en ayant défendu les droits des personnes discriminées à l’emploi, au logement, en luttant contre les violences policières à l’oeuvre dans les quartiers populaires…. Toutes ces associations deviennent ainsi suspectées de porter un dessein plus sombre : celui de créer du “séparatisme” en défendant les droits fondamentaux des plus vulnérables de notre société. Nous voyons surtout se dépeindre un schéma d’ingérence de nos espaces d’expression qui pourront être dissous afin d’être réinvestis par un dogme républicain assimilationniste. Mais dans une démocratie, n’est-il pas encore permis d’exprimer une opinion et critiquer les défaillances d’une loi sans tomber dans l’illégalité ?

 

Nous souhaitons également exprimer notre consternation et notre colère suite à la décision arbitraire et scénarisée du Conseil des Ministres concernant la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF).

Dissoudre un tel collectif constitue un danger sans précédent pour les droits humains et un signal d’intimidation clair envoyé à large échelle à toute personne qui  dénonce la réalité raciste et sexiste dans laquelle vivent les musulman.e.s en France. C’est la preuve irréfutable que le droit à la défense et l’accès à la justice seraient niés aux personnes musulmanes. 

Vers quelle société tendons-nous ? Celle où les droits de milliers de français.es de confession musulmane seraient inexistants, bafoués et piétinés ?

 

 

 

2. Nous dénonçons un projet d’atteinte à la laïcité telle qu’elle est définie par la loi de 1905

 

Nous dénonçons une violation de notre liberté de culte avec la fermeture arbitraire de lieux de culte et la mise en place d’une action massive contre, par exemple, 76 mosquées en France annoncées par Monsieur Gérald Darmanin. 

 

La liberté religieuse est un droit fondamental, garanti par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : “La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.” 

La laïcité est un principe de liberté qui nous permet de vivre dans une société avec nos croyances ou nos non croyances et malheureusement aujourd’hui la neutralité de l’Etat est confondue avec la neutralité des individus. 

Comme  le Conseil de L’État l’a rappelé en 2004 : la laïcité est un moyen dont la fraternité et le pluralisme sont une fin. Elle permet le vivre-ensemble dans le respect mutuel de nos différences et celui des lois de la République qui s’appliquent à chacun·e.

 

Ironie du sort ou coïncidence inopinée, Gérald Darmanin a par ailleurs annoncé cette nouvelle mesure de repression qui vise les pratiques des musulmans le jour de son audition, finalement reportée, devant les juges qui instruisent la plainte pour viol le visant. S’ériger en défenseur des libertés individuelles et donner l’ordre de contrôler les pratiques des musulmans au nom du respect des valeurs républicaines lorsqu’une plainte pour viol pèse sur sa personne est une supercherie totale. 

 

Où est donc le respect de la laïcité lorsque le président de la République et son gouvernement se mêlent des affaires religieuses et contrôle le culte musulman ? 

 

 

 

3. Nous dénonçons une loi anti islam (et non anti-terroriste) qui nie l’islamophobie et les discriminations dont sont victimes les musulman.e.s

 

 

Préparé depuis de longs mois, ce projet de loi est annoncé comme « renforcé » depuis les horribles attentats de Conflans et de Nice. Ces attentats nous révulsent, leur instrumentalisation à des fins de stigmatisation et de construction des musulmans  comme des ennemis de l’intérieur nous révoltent.

 

Par ailleurs, sur quels fondements factuels peut-on accuser les musulmans de ne pas respecter les « valeurs françaises » ?  De quelles valeurs s’agit-il ? 

 

Pour justifier l’utilité de cette loi, le gouvernement dit qu’il souhaite« contrer les groupes organisés de manière hostile et violente vis-à-vis de la République » et pallier le vide législatif qui existerait pour lutter efficacement contre cette menace. Feignant d’ignorer qu’il existe déjà un arsenal normatif puissant permettant de lutter contre le terrorisme. 

 

D’ailleurs à aucun moment les membres du gouvernement ne citeront des exemples concrets liés à la lutte contre le terrorisme pour justifier l’existence de cette loi pourtant présentée comme luttant contre l’islamisme radical.  Aucuns chiffres, aucune étude sérieuse sur la radicalisation en France, uniquement des exemples épars piqués sur les sites de la fachosphère. 

 

Par divers procédés plus inquiétants les uns que les autres, le gouvernement tend vers l’interdiction de la dénonciation de l’islamophobie. La reprise de l’article 24 du projet de loi sécurité globale est particulièrement inquiétante, car elle vise à faire taire toute critique de l’ordre républicain, en invisibilisant toujours plus la question des violences policières, en agitant la menace d’un « ennemi de l’intérieur » qui permet de tout justifier tout en occultant l’urgence de la crise sociale et sanitaire que nous traversons. 

L’article 4 prévoit aussi de sanctionner les menaces, violences ou tout acte d’intimidation exercés à l’encontre des agents chargés du service public,  « afin de bénéficier d’une exemption totale ou partielle ou d’une application différenciée des règles qui régissent le fonctionnement dudit service pour des motifs tirés des convictions ou des croyances de l’intéressé ». Cette nouvelle infraction sera passible de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende. 

Le terme intimidation est flou ! Est ce que le fait d’envoyer plus d’un mail pourrait être considéré comme une forme d’intimidation? justifiant une condamnation pénale? Est ce que si des parents insistent pour que leur enfants mangent végétarien à l’école pourront craindre 5 ans de prison si selon la personne on pourra dire que c’est pour des raisons religieuses. Cela crée une grosse rupture d’égalité en défaveur des personnes croyantes.

 

 

 

5. Nous dénonçons un projet de loi liberticide et autoritaire 

 

Le Président Emmanuel Macron, tout comme ses prédécesseurs, a insisté à plusieurs reprises sur le fait que pour prévenir les attaques terroristes, les communautés musulmanes françaises doivent être tenues pour responsables, et être étroitement réglementées et contrôlées par le gouvernement. 

 

Ainsi, en se positionnant de la sorte, le projet de loi s’inscrit dans la lignée de celui sur le choc des civilisations, en citant des exemples de comportements perçus comme musulmans, arabes, noirs :

  • comme la polygamie qui est par ailleurs déjà condamnée par le droit français. 
  • comme les certificats de virginité, pratique ô combien sexiste et humiliante à l’encontre des femmes. Concernant la France, aucune étude nationale n’a été menée ces dernières années sur la réalité de ces tests de virginité et leur occurrence. En effet, les médecins qui ont été interrogés sur cette pratique ont laissé entendre qu’il s’agit d’environ 3 patients par an, il ne s’agit donc clairement pas d’un phénomène de masse. Compte tenu de sa faible récurrence, voire de sa quasi-absence, le gouvernement prouve une fois de plus que l’adoption d’une loi interdisant ces tests montre davantage son obsession pour le corps des femmes musulmanes que sa volonté de les protéger, car ce sont elles qui sont indirectement touchées. Nous ne comprenons pas pourquoi cette question totalement périphérique est en tête de l’agenda politique français en matière de défense des droits des femmes.

 

Ce projet de loi représente donc davantage un durcissement net de lois préexistantes dans le seul but d’exercer une autorité abusive et autoritaire sur une partie de la population déjà lourdement stigmatisée et dont les droits fondamentaux sont retirés quotidiennement.

Nous nous interrogeons donc sur cette couche supplémentaire de lois ajoutée à l’arsenal juridique déjà existant ; qu’est ce que cela traduit-il ? où cela mènera t-il ? à davantage de perquisitions ? à plus de dissolutions d’organes associatifs ? à une réduction de nos libertés d’association, de culte ? à une surveillance accrue de nos engagements ? à une société où la méfiance et la délation de sa voisine qui porte le voile seront les maîtres mots ?

 

Nous nous demandons aussi et surtout : où sont les lois, les circulaires pour défendre les droits des minorités de France et leur en assurer le plein exercice ? 

 

Nous souhaitons un droit à l’éducation pour les femmes musulmanes.  Celles qui portent le foulard sont régulièrement invitées à quitter les rangs des salles de cours des universités, par un personnel enseignant islamophobe. Plusieurs épisodes d’une telle violence se sont déjà produits dans les universités françaises. Alors, que les femmes musulmanes qui portent le foulard sont exclues et marginalisées dans les institutions d’éducation publique, ce projet de loi vise en plus à supprimer leur possibilité d’instruction à domicile. Pour nous, il serait judicieux que le gouvernement français se penche davantage sur le problème de l’exclusion dont souffrent les femmes musulmanes dans les écoles françaises. 

 

Nous souhaitons également chez Lallab que l’accès à des activités de loisirs soit égalitaire pour toutes et tous. Nous soutenons le droit de pouvoir pratiquer des activités de loisirs sans exclusion et apportons notre soutien à toutes les initiatives qui ont pour objectif de lutter contre l’intolérance et l’exclusion des femmes musulmanes qui portent le voile​ des piscines, des salles de sport et pour un accès au sport pour toutes. 

 

Nous souhaitons au sein de Lallab créer une société où les femmes musulmanes puissent retrouver leur pouvoir d’agir sur leur vie personnelle mais aussi professionnelle. Selon une étude de l’ENAR, seulement 1% des CV des femmes qui portent le voile reçoivent une réponse positive. Ce texte qui vise à étendre l’obligation de neutralité religieuse à des salariés de droit privé, et prétendant, ce faisant, promouvoir l’égalité, grave dans le marbre les discriminations à l’égard des personnes croyantes, notamment celles qui portent des signes visibles de religiosité et qui seront encore davantage marginalisées sur le marché de l’emploi.

Les personnes salariées pour des délégataires du service public risqueront le licenciement si elles ne s’astreignent pas à une obligation de neutralité. Si vous voulez obliger les salarié.e.s précaires du service public à respecter les mêmes règles que les fonctionnaires ; le plus judicieux serait de leur offrir le statut protecteur de fonctionnaire, car précariser des travailleurs et travailleuses n’a jamais permis de lutter contre l’exclusion sociale, ni le terrorisme.

 

Nous souhaitons chez Lallab que le droit de disposer de l’espace public sans être attaqué soit une réalité pour toutes. Or en France 70% des actes islamophobes visent les femmes musulmanes selon le rapport 2020 du CCIF. Ces dérives politiques qui construisent de toute pièce “un problème musulman” ne font qu’augmenter la méfiance de l’opinion publique envers les musulman.e.s, alimentant ainsi les agressions physiques ou le harcèlement à leur égard dans l’espace public. 

Etre une femme musulmane aujourd’hui en France, c’est porter sur ses épaules, dans son corps et dans sa tête, le poids d’une multitude d’oppressions violentes et continues, qui produisent des effets sur chaque aspect de nos vies. Les discriminations sexistes, racistes et islamophobes systémiques impactent la santé mentale des femmes musulmanes. 

Les femmes musulmanes sont précarisées, constamment observées et jugées. Cet état d’alerte permanent, cause maladies et traumatismes. Combien d’entre nous souffrons de dissociation, haine de soi, isolement social, dépression ? Combien d’entre nous sont accablées par des charges mentales, émotionnelles et raciales telles qu’elles impactent chaque dimension de nos vies ? Des charges que nous peinons à identifier et dont nous n’osons pas parler ?

Encore une fois, les femmes musulmanes sont donc prises en otage par des institutions politiques desquelles elles sont de facto exclues. 

 

 

 

CONCLUSION :

 

Aujourd’hui, nous appelons nos élu.es à s’élever contre cette proposition anticonstitutionnelle.

 

  • Nous dénonçons un projet d’atteinte à nos libertés d’association et d’expression  
  • Nous dénonçons un projet d’atteinte à la laïcité telle qu’elle est définie par la loi de 1905
  • Nous dénonçons une loi anti islam (et non anti-terroriste) qui nie l’islamophobie et les discriminations dont sont victimes les musulman.e.s
  • Nous dénonçons un projet de loi liberticide et autoritaire 

 

 

Quels intérêts ce projet de loi sert-il ? A rassurer la fange électorale extrême-droitiste en donnant du crédit à leurs discours de haine et des préjugés contre les musulman.e.s. ? Pour montrer fièrement des gros chiffres annonçant que le gouvernement a permis la fermeture de lieux associatifs. Nos lieux associatifs, nos lieux de vie, de rencontre, de solidarité que vous voulez détruire, silencier ?

 

Nous sommes la république, nous sommes la France, nous incarnons les valeurs Républicaines de fraternité, de solidarité et de liberté bien mieux que ne le fait le gouvernement avec ce projet qui tue les libertés fondamentales, et casse les solidarités. 

 

Nous nous inquiétons que ce texte permette la répression de toutes les minorités religieuses ; les musulman.e.s bien évidemment visé.e.s par le texte, mais aussi nos frères et nos sœurs juif.ves, chrétien.e.s protestant.e.s, sikhs, bouddhistes… 

 

Quoiqu’il en soit, ce projet de loi représente une menace pour toutes les citoyennes et tous les citoyens en France : si vous êtes musulman.e, cette loi vous stigmatise et renforce les stéréotypes mortifères contre vous. 

Si vous n’êtes pas musulman.e, cette loi présente un danger pour vos libertés et pour la République. 

 

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[Communiqué] La France criminalise la lutte contre l’islamophobie

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Nous, femmes musulmanes, militant.e.s, féministes et antiracistes qui œuvrons pour la justice sociale, dénonçons la décision arbitraire et scénarisée du Conseil des Ministres concernant la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Nous exprimons notre consternation et notre colère suite à cet acte autoritaire et immotivé, qui menace la liberté d’association et d’expression.

 

En réalité, le CCIF n’existait déjà plus lorsque le gouvernement, par effet d’annonce, a proclamé sa dissolution en Conseil des Ministres.

Cette dissolution est un signal d’intimidation clair envoyé à large échelle à toute personne qui dénonce la réalité raciste et sexiste dans laquelle vivent les musulman.e.s en France. Elle porte une atteinte dangereuse et sans précedent à la défense des droits d’une partie de la population touchée par la haine islamophobe et s’inscrit dans la volonté d’annihiler toute voix critique et dissidente qui oserait dénoncer son discours islamophobe.

Nous avons le droit et la responsabilité de ne jamais légitimer les injustices, de ne jamais laisser croire qu’elles sont la norme. Porter nos voix, dissidentes et critiques de la France, ne constitue pas un « projet de haine ».

La décision acharnée de notre gouvernement vis-à-vis du CCIF est contraire à l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, à valeur constitutionnelle, qui dispose que « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. »

Cet objectif était celui du CCIF : se battre pour que les musulman.e.s puissent bénéficier des mêmes droits que n’importe quel autre citoyen.ne.s français.e.s ; et donc se battre pour les valeurs de la République – que nos institutions renient aujourd’hui.

Au regard de l’obstination acharnée avec laquelle le gouvernement réprime une organisation qui le met face à ses responsabilités, nous ne pouvons détourner le regard de ce rappel à la déférence, de ces attaques à notre liberté d’association, d’expression pour silencer des revendications légitimes.

Cette dissolution pour donner l’exemple, est très inquiétante, car elle donne à voir une partie d’un projet plus large orchestré par le gouvernement : un projet de répression, de silenciation des masses manifestantes et de mises à mal des libertés individuelles et collectives, constamment éprouvées.

Le CCIF, en tant qu’acteur majeur de la lutte contre l’islamophobie, depuis ses débuts, a su porter, dans les médias, la voix des musulman.e.s contre les stigmatisations qui les visent et apporter une aide juridique de taille aux personnes victimes de l’islamophobie, en particulier aux femmes musulmanes qui sont en première ligne des nombreuses agressions islamophobes – 70% des agressions islamophobes en France visent des femmes selon leur dernier rapport.

Au niveau européen, le collectif contre l’islamophobie est un acteur majeur de la lutte contre les discriminations qui œuvre pour la reconnaissance de l’islamophobie comme discrimination spécifique qui touche les musulman.e.s. Son engagement pour la justice représente un apport considérable dans la lutte pour le respect des droits fondamentaux.

Dissoudre un tel collectif constitue un danger inouï pour les droits humains et la preuve irréfutable que le droit à la défense et l’accès à la justice sont déniés aux personnes musulmanes.

Cette criminalisation de la dénonciation de l’islamophobie viendrait se graver dans le marbre avec la loi anti-républicaine, ironiquement qualifiée de loi « confortant les principes républicains », qui permettrait la dissolution immédiate de toute association et groupement luttant pour les droits des minorisé.e.s.

Nous faisons face à une politique du déni islamophobe, raciste ; à l’orchestration d’un projet de société et d’un décret liberticide qui réduit en silence la souffrance de milliers de musulman.e.s et qui criminalise stricto sensu l’auto-organisation des concerné.e.s.

Nous dénonçons par ailleurs une violation de notre liberté de culte avec la fermeture arbitraire de lieux de culte et la mise en place d’une action massive contre 76 mosquées en France.

Vers quelle société tendons-nous ? Celle où nos libertés d’association, d’expression et de culte sont bafouées ? Celle où les droits de milliers de français.es de confession musulmane seraient inexistants et piétinés ?

Nous écrivons car nous ne saurions nous résigner à cela !

Chez Lallab, et avec nos camarades de lutte, nous ne cesserons de travailler pour défendre la dignité des femmes musulmanes et faire appliquer les lois leur assurant des droits fondamentaux.

 

Signataires :

Lallab

Women’s March Paris

Widad Ketfi
Women Who Do Stuff

Center for Intersectional Justice (CIJ)
Emilia Roig
Faïza Guène

Nesrine Slaoui

Collectif Nta Rajel?

Latifa Oulkhouir

Nadia Bouchenni

Le STRASS

Collectif Perspective

Fatima Khemilat

Inès Belgacem

Maria Ait Ouariane
Cléo Bertet

Clara Monnoyeur

Caroline Varon

Ndella Paye
Omar Slaouti, militant antiraciste, enseignant

 

Crédit image à la une : Nesrine Slaoui

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Communiqués

[Communiqué] Marche des Libertés contre les lois liberticides, on manifeste !

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Depuis de nombreuses années, l’ambiance en France est irrespirable.
En tant qu’association féministe et antiraciste, les combats contre les violences policières et contre toutes les formes d’atteintes à nos droits fondamentaux sont pour nous indissociables de nos combats contre les violences sexistes, racistes et islamophobes.

 
Dans cet élan de consternation et de révolte populaire, nous, femmes musulmanes, militantes féministes et anti-racistes rejoignons l’appel à manifester ce samedi 28 novembre, pour dénoncer la dérive sécuritaire de l’article 24 de la proposition de loi qui a été adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale mardi dernier. Selon ses termes, toute personne qui publie des images de policiers dans l’exercice de leurs fonctions d’une manière qui pourrait « porter atteinte » à leur « intégrité physique ou mentale » peut être condamnée à un an de prison et à une amende de 45 000 euros (53 300 dollars). Sans oublier, contenues dans ce projet, des mesures permettant l’utilisation de la reconnaissance faciale en temps réel sur les manifestant.e.s, ou encore la surveillance des cortèges par drones. Encore une belle façon de déshumaniser les gens qui ont l’outrecuidance de se battre pour leurs droits.
 
Nous dénonçons une dérive de plus en plus menaçante qui vise à restreindre davantage et de façon liberticide nos droits fondamentaux. Nous dénonçons les agissements d’un régime ultra-autoritaire qui ne dit pas son nom : opposants politiques blessés, mutilés, éborgnés au flash-ball lors des manifestations, baillonements d’une liberté d’expression pourtant publiquement portée aux nues, loi séparatiste qui alimente la haine à l’encontre des musulman.e.s, journalistes pris.e.s à parti et molesté.e.s lors de rassemblements, personnes réfugiées chassées, lycéen.ne.s humilié.e.s…

Ne soyons pas dupes : cette répression autoritaire sur nos droits est à l’œuvre depuis des décennies envers les plus vulnérables de notre société, sans que quiconque ne s’inquiète de ces libertés lésées. Cette dérive a visé en premier lieu et vise encore aujourd’hui les personnes issues des quartiers populaires, des banlieues, les Arabes, les Noirs, les Rroms, les immigré.e.s, les descendants d’immigré.e.s, les musulman.e.s, les femmes musulmanes qui portent le foulard humiliées, exclues du système éducatif, de la société, les militant.e.s associatif.ve.s qui dénoncent le racisme d’Etat, son sexisme et son islamophobie et persécuté.e.s dans leur combat pour la justice.
 
Ces restrictions touchent désormais l’ensemble de la population et s’étendent à de nombreux champs d’action citoyenne et démocratique : la liberté de la presse, la liberté associative, la liberté de culte, le droit de manifester, le droit de filmer des scènes de violences policières… Ce projet de loi impose des contraintes sans précédent à chacune de nos libertés individuelles.
 
L’une des intuitions fondatrices de Lallab, et son travail depuis le premier jour s’inscrit dans l’idée que défendre les droits des femmes musulmanes qui sont parmi les plus touchées par ces politiques fascisantes et autoritaires, permet également de garantir la défense des droits de l’ensemble des individus qui composent notre société. Si besoin était, nous avons aujourd’hui confirmation de cette intuition devant les dérives à l’œuvre.

Face à tant de mépris, Lallab se joint aux voix qui s’élèvent et exprime sa colère et sa solidarité plus que jamais nécessaires face à cet autoritarisme. Demain, 28 novembre, nous marcherons pour mieux les crier.
 
 
 
Les informations pour la marche parisienne se trouvent sur Facebook à ce lien. Les informations pour les autres villes se retrouvent aussi sur les réseaux sociaux.

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Ateliers d'écriture Nos Voix

[Atelier d’écriture] Elle

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Lallab organise en partenariat avec Amy Tounkara, écrivaine et fondatrice de La femme en papier des ateliers d’écriture mensuels exclusivement réservés aux femmes musulmanes.
Il était important pour nous de créer un espace de bienveillance et de libre parole dans ce climat sexiste, raciste et islamophobe généralisée. L’objectif aussi, à travers les écrits que nous publions, est de mettre en évidence d’un côté la singularité de nos parcours de vie, le fait que LA femme musulmane dont on entend tant parler dans les médias n’existe pas; et d’un autre côté l’universalité de nos récits.
Les ateliers d’écriture ont pour but de créer un espace bienveillant afin de rendre l’écriture accessible à toutes et permettre à chacune de reprendre la narration de son histoire.
C’est une occasion à la fois d’écrire, parce que l’écriture est un exutoire, une affirmation de soi et une possibilité de développer sa créativité. Mais aussi une occasion de partager ses expériences, de libérer sa parole sur des discriminations et de rêver ensemble.

 

Thème: À partir d’un ensemble de citations de Fatima Mernissi sur le « harem », écrire un texte  sur le désir d’évasion, de réaliser un rêve. 

 

 

Elle.

 

Une femme qui aimerait s’évader. 

Elle veut aller loin, elle veut partir.  

Elle aimerait aller dans une grande maison vide.  

À ce moment, elle aimerait que ce temps soit gris.  

Elle aimerait que ce temps soit paisible. 

Elle sait qu’elle veut partir à cet endroit.  

Elle en a marre de ce bruit constant.  

Elle veut partir.  

Pourquoi cette maison ? 

Je ne sais pas, mais elle veut y entrer.  

Elle a besoin de se reposer.  

Elle a besoin de calme.  

Elle a besoin de repartir à zéro. 

Elle a envie de renaître.  

Elle veut faire le vide.  

Elle voudrait qu’il fasse gris. 

Dans cette maison, elle voudrait entendre la pluie.  

Elle voudrait être apaisée, se sentir apaisée.  

Elle voudrait être elle.  

Elle voudrait sentir les choses.  

Elle voudrait être tranquille.  

Elle a besoin de se retrouver.  

Elle a besoin de faire le vide.  

Elle a envie de solitude.  

Cet endroit représente, le calme.  

Elle a besoin de se recentrer.  

Elle a besoin de s’occuper d’elle.  

Le gris représente la nostalgie.  

Elle a besoin d’enlever cette carapace qu’elle porte.  

Le gris ne représente ni le bien ni le mal.  

 

 

Cydhalia 

 

Crédit photo: Lallab

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