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TheArabicNovel et son univers : portrait (Partie III)

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« Je crois que chaque personne sur terre a un mode d’expression, un don. Je suis très croyante, je pense que Dieu nous a donné une voix qui nous permet de nous exprimer avec excellence. »

Dans les articles précédents (que vous pourrez lire ici et ) je vous évoquais la sensibilité de TheArabicNovel. Sarah est une écrivaine qui ne sait bien écrire que sur le coup de l’émotion. L’écriture est un art que Sarah maîtrise bel et bien, vous l’aurez remarqué sur sa page Instagram. Les phrases et les mots portent en eux la sensibilité et la poésie de Sarah.  
Elle souhaite toucher l’émotion de l’autre et que ce dernier capte l’émotion qu’elle transmet.Pour cela, elle doit écrire avec émotion. Si elle ne met pas ce qui la travaille dans ses textes alors ça ne touchera pas les lecteurs.rices.

« TheArabicNovel c’est vraiment moi, comme je suis vraiment, dans la vie. »

Vous l’aurez compris, Sarah partage avec vous un bout de son cœur et de son âme. Malgré le fait que TheArabicNovel aurait pu ne pas exister du fait de certaines craintes d’être présente sur les réseaux sociaux, aujourd’hui, Sarah est reconnaissante, car elle a fait de belles rencontres via ce compte.

Pour certain.e.s, un réseau social n’a aucun intérêt, pour d’autres, un compte Instagram peut changer leur vie.

Le contenu que Sarah propose sur ses médias sociaux est bénéfique pour de nombreuses personnes. Sarah inspire de nombreuses jeunes filles, et transmet cette passion pour la lecture à un grand public.

« Je le fais pour que ça touche quelqu’un. Je suis vraiment dans l’émotion et dans le partage de cette dernière. »

Comment ça marche sur TheArabicNovel ?

« On pourrait croire que je suis organisée mais pas du tout.

Je fonctionne vraiment au feeling, je refuse de recevoir des livres des maisons d’édition, je ne veux pas qu’on m’impose ce que je vais lire.

C’est moi qui vais chercher, c’est moi qui vais les solliciter lorsque j’en ai envie. Choisir les livres que je veux lire fait que je suis rarement déçu. J’optimise la sélection.

Je lis cent pages par jour parce que j’estime que pour bien écrire, il faut bien lire, et lire fréquemment. C’est comme les sportifs de haut niveau. Il faut s’entraîner.

Pour YouTube, je ne suis plus très à l’aise avec les vidéos face caméra où je parle toute seule, je préfère les vidéos où je mets en lumière quelqu’un, c’est pour cela que je m’axe désormais uniquement sur des interviews. Je trouve que c’est un format plus noble, j’aime le fait de mettre en avant le travail de quelqu’un à travers ma sensibilité et mon regard.»

Nous avons tendance à oublier que derrière un compte, il y a un être humain. Tout comme vous, comme moi, comme nous. Nous avons des hauts et des bas, des forces et des faiblesses. Nos journées, parfois, sont ensoleillées, d’autres fois, pluvieuses. Parfois, nos vies sont en plein tempêtes, parfois on se retrouve à naviguer dans un océan calme, sans jamais voir le bout de terre.

Comment TheArabicNovel se motive et garde la pêche ?

« Le fait de rester en mouvement, de faire des interviews, et de travailler sur du beau, ça te rend heureux.

Je n’étais pas dans un bon mood cette semaine mais hier j’avais une interview, je devais travailler les questions et chercher un endroit pour que la vidéo soit belle, chercher les musiques…Me préparer, préparer l’auteure, la mettre sous un bon angle, poser les questions.

Je suis ressortie de l’interview, j’étais boosté par le fait de la mettre en avant et puis elle me l’a bien rendue, elle m’a donné plein d’astuces d’écriture et, elle s’est livrée à moi.  

Tu te rends compte qu’on est tou.te.s pareil. Finalement, ce qui est écrit est écrit, et si Dieu m’a destiné quelque chose ça arrivera et il ne faut pas que j’angoisse. C’est ça qui me motive. Je me dis reste en mouvement, fait du kheir (du bien), fait du beau, fait des causes, ce que tu appréhendes et ce que tu attends, ça arrivera si Dieu te l’a destiné. Et ça me permet d’apaiser mes angoisses. »

 « J’ai une peur dans ma vie, c’est d’arriver à un âge très avancé et de me dire que je n’ai pas couru derrière ce que j’ai voulu faire. Je n’ai qu’une seule crainte et c’est ça. »

L’amour de la littérature est venu à Sarah par la rencontre de la langue française en Algérie lorsqu’elle était enfant. Quelques mots sur un journal et cette passion l’a poursuivie tout au long de sa vie. Le second déclic a eu lieu avec J.London, puis avec Faïza Guène à l’adolescence,où elle a eu l’impression qu’elle devait lire ce qui lui ressemblait et ce qui la travaillait. Les thématiques dans la littérature arabe sont la mélancolie, l’exil et la pudeur ; c’est la littérature qui ressemble à Sarah.

Sarah a besoin de lire des choses qui lui ressemblent, elle a besoin de poésie. Pour elle, rien n’est plus poétique qu’un.e auteur/trice de la langue arabe, qu’il soit arabophone ou francophone.

Une de ses grandes sources d’inspiration et qui l’a poussé à ouvrir son compte Instagram, c’est Bookapax. Sarah souligne que « c’est une personne extraordinaire. ».

Quelle est l’atmosphère de lecture de TheArabicNovel ?

« Je lis souvent quand j’ai une émotion forte, quand j’ai besoin de me couper de la réalité, je vais lire. Je sais que je vais être dans une bulle.

Maintenant que je fais du contenu, j’écris des articles, je suis obligé de lire tous les jours sinon je ne tiens pas le rythme. Je suis venue à lire cent pages par jour car je n’ai pas le choix sinon je n’avance pas dans mon travail.

La vraie lectrice que je suis, elle lit quand elle a une émotion forte lorsque j’ai besoin de me ressourcer et de me retrouver, mais là, je suis une lectrice du quotidien. »

 

 

« Je pense que l’intention est au cœur de tout. »

J’aimerais conclure cette série d’articles, sur cette notion qu’on connaît tous, la notion de l’intention. Je pense qu’avoir un cœur et une âme pur.e.s lorsqu’on réalise quelque chose est important. Sarah est sincère dans ce qu’elle fait, lorsque j’ai discuté avec elle, je sentais sa bienveillance, sa sensibilité et sa passion envers la littérature. Je lui souhaite le meilleur.

« Tout ce que je fais c’est pour les échanges, les rencontres, on se construit à travers l’autre. »

Lorsque j’ai contacté Sarah pour écrire cet article, à aucun moment, je ne pensais écrire une série d’articles, je n’en avais prévu qu’un seul. Mais après notre échange, j’ai eu envie de partager avec vous le maximum de notre conversation et surtout je voulais partager avec vous la sincérité de Sarah.

Cet échange était énorme.  Je ne la remercierais jamais assez de ce moment agréable où j’ai eu l’occasion de discuter avec elle. Mille mercis Sarah pour ta sincérité et ta gentillesse.

Sincèrement.

« Un roman a le pouvoir de te faire vivre toutes les vies que tu ne vivras pas. »

 

Crédit photos : Pixabay, Pexels, Canva 

 

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TheArabicNovel et son univers : les cendres du passé (Partie II)

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Il serait vulgaire de ma part de vous écrire une unique partie sur Sarah, alors qu’il y a tant de choses à dire et à partager avec vous. Si vous n’avez pas lu la première partie, je vous invite à la lire en cliquant sur ce lien.

« Je pense que je fais une fixette sur le passé. »

Sarah est petite fille de révolutionnaires algériens, est-ce la raison qui explique son obsession sur ce qui s’est passé durant la guerre d’Algérie ?

Sarah m’explique que ses grands-parents (que la miséricorde de Dieu soit sur eux), ne parlaient pas du passé avec leurs enfants. Cependant, depuis toute petite, elle posait des questions à sa grand-mère, elle voulait savoir et comprendre. Néanmoins, elle pense qu’elle a réouvert les blessures du passé de sa grand-mère. 

« Ma grand-mère m’a un jour dit, mais Sarah pourquoi tu t’intéresses à ça, toi, tu es française, tu es française. »

Lorsque nous évoquons les histoires de nos ancêtres, de nos pays d’origine, et de la colonisation, il y a toujours cette question de légitimité qui revient. « Nous jouissons des fruits de leur combat, et pourtant nous cultivons en nous une tristesse et une mélancolie d’un passé que nous n’avons pas vécu. »

Sarah me confie, à cette époque où elle discutait avec sa grand-mère, qu’elle ne se sentait pas française. Elle en voulait au monde entier pour ce qui s’était passé en Algérie.

« Je ne l’avais pas vécu cette guerre, mais je la porte en moi. »

Comment peut-on porter une guerre qu’on n’a pas vécue, comment peut-on ressentir autant d’émotions face à une histoire qui n’est pas directement la nôtre ? Héritons-nous des traumatismes de nos ancêtres ?

Certains.es diront pourquoi ressasser un passé qui n’existe plus. Pourquoi vivre dans le passé, qui, en plus, est un passé sombre et rempli de douleur ?

Aujourd’hui, nous constatons que ce passé est en train de s’éteindre avec les aïeux qui partent. Nous avons besoin du travail de mémoire, nous avons besoin de ces histoires, nous avons besoin de les comprendre. Nous devons saisir ces récits pour les transmettre avant que cela ne soit trop tard.  

 

« Moi, j’ai envie de raconter ça à ma fille. Il faut donc saisir ces histoires. »

Une fracture au niveau de la langue, due à la colonisation, est la raison pour laquelle on ne transmet pas ces histoires, ni à l’écrit, ni à l’oral. Une sorte de coup de hache donné par le colonisateur qui a brisé l’Algérie et qui a laissé les générations suivantes chamboulées. Les histoires se perdent entre deux langues, deux cultures, deux façons de faire et de vivre. Que faire pour transmettre nos histoires et ne pas les perdre ?

Le pont qui nous lie à nos ancêtres est fissuré, fragile et il suffit d’un léger souffle pour perdre ce lien. 

Tout au long de mon échange avec Sarah, j’ai senti cette mélancolie qu’elle possède envers le passé et envers l’Algérie. Naturellement, son premier manuscrit traite du passé, de l’Algérie et de la colonisation.

 

« J’ai du mal à trouver un éditeur, on me répond, « c’est bon, mais ce n’est pas pour nous ». C’est ça qui me fait mal. »*

Son premier manuscrit parle de cette obsession du passé, de la guerre d’Algérie, de tout ce qu’elle porte en elle et qu’elle n’a pas vécu. Cependant, elle a du mal à trouver une maison d’édition qui accepte son roman tel qu’il est. Elle ajoute qu’elle ne l’a pas écrit pour la maison d’édition mais pour les lecteurs qui en ont besoin.

J’évoquais un peu plus haut le besoin de transmettre les histoires de nos ancêtres. Il est important que l’on ait ces histoires sous différents formats (films, séries, œuvres d’art ou encore livres et romans).

Sarah a écrit ce livre parce que ça lui fait mal, et que quelqu’un d’autre pourra se reconnaître dans son histoire, dans sa souffrance. Elle n’est certes pas détentrice de cette histoire, mais cette histoire est commune à plusieurs personnes. Elle n’est qu’une plume.

« Je ne suis qu’une plume. »

Une plume qui souhaite que le nom de ses parents figure sur un livre édité par une maison d’édition française. C’est son challenge à elle, sa contribution à cette lutte.

Je pense que chaque personne qui se reconnaît dans cette série d’articles porte en elle une sorte de revanche qu’elle souhaite mener à terme : publier un livre, réaliser un film, bâtir un empire, peu importe la forme, dont le message est sur le sol français, je vous souhaite du fond du cœur, de prendre votre revanche dans les règles de l’art.

Une autre raison importante qui joue sur la publication du livre de Sarah – que j’ai hâte de lire – est qu’elle fonctionne au feeling et à l’affect. Elle souhaite trouver un.e éditeur/trice qui comprend sa sensibilité, son univers et qui ne tente pas de réécrire son récit.

Son premier manuscrit constitue un récit personnel, écrit avec les fragments de vie de ses grands-parents, elle ne désire pas le réécrire pour plaire à l’éditeur/trice.

« Il y a quelque chose de trop personnel. Je veux le meilleur pour ce livre. »

Pourquoi avoir écrit ce livre ? « Quand, j’ai commencé à comprendre que ma grand-mère était une femme combattante qui a pris les armes, j’étais captivée à l’adolescence, et j’avais dit à mes parents, il faut qu’on raconte cette histoire, j’avais trouvé ça fascinant.

Je pense que dans toutes les familles algériennes, on est fier de ce qui s’est passé, on a envie de raconter ces histoires et de les partager. »

« Ce roman, il fait 300 pages. Ce roman, je l’ai écrit pour moi. Je me demande d’ailleurs si ce récit n’est pas trop intime pour être partagé, c’est pour cela aussi que quand j’ai un refus d’édition, je le prends personnellement. »

En combien de temps tu as écrit ce livre ? « J’avais toutes les bribes, tous les textes et toutes les archives. Ma grand-mère est décédée lors du premier confinement, le 6 avril 202. Et là, j’ai tout écrit, pendant tout le confinement. Tout est sorti. J’avais besoin de faire mon deuil. Tout est sorti à ce moment-là.

Une amie m’a dit que c’est « cathartique », on sent ta peine, on la sent.

Je suis très sensible comme personne. Je ne sais pas si ça se ressent, mais quand j’écris c’est que ça vient vraiment du cœur et là c’était le summum du summum de mon émotion. »

« Le livre est dur, très dur. »

Avec Sarah, j’ai beaucoup parlé de ce passé, elle m’a partagé une partie de son histoire, et je ne la remercierais jamais assez pour ça.

J’ai compris une chose, en discutant avec Sarah et en écrivant cet article: son livre n’est pas simplement une sorte de revanche, à mes yeux, c’est un hommage à son pays d’origine, un hommage à ses parents, mais surtout un hommage à sa grand-mère (que la miséricorde soit sur elle).

J’ai senti un amour profond et sincère envers sa grand-mère, lorsqu’elle l’évoquait. Je lui souhaite le meilleur pour ce livre, et j’espère du plus profond de mon cœur que ce manuscrit soit un étendard d’espoir pour la prochaine génération. Merci Sarah pour ta sincérité et ta bienveillance.

* Les propos susmentionnés sont datés

 

Pour lire la dernière partie du portrait (III), cliquez ici !

 

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TheArabicNovel et son univers : Sarah (Partie I)

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Aujourd’hui, je vais vous présenter Sarah et son univers rempli de poésie. Certain.e.s d’entre vous la connaissent à travers son compte Instagram TheArabicNovel, et/ou à travers ses vidéos sur sa chaîne YouTube. Pour d’autres, vous venez tout juste de la découvrir. Dans tous les cas, j’aimerais vous parler de cette femme qui inspire, à travers son univers, de nombreuses personnes.

Le début d’une aventure – Pourquoi TheArabicNovel ?

Lors de notre échange, Sarah m’a expliqué les raisons pour lesquelles elle a créé ce compte Instagram au sujet de ses lectures autour de la culture et de la littérature arabe.

« Paradoxalement, je pense que je suis plus TheArabicNovel que Sarah »

Au moment où Sarah a créé TheArabicNovel, elle voulait être elle, pouvoir s’exprimer, dans un espace, sans chercher la conformité ou l’approbation de l’autre. Elle avait envie de se laisser porter artistiquement et de laisser parler toute sa créativité.

« Nous vivons à une époque mondialisée, où la conformité est la norme, mais cette uniformité entrave notre créativité, pour plaire on en vient alors à se taire. »

Après une école de commerce, Sarah s’est retrouvée dans le monde professionnel et est devenue cadre. Schéma classique. Cependant, Sarah sentait que quelque chose n’allait pas, quelque chose lui manquait, elle avait l’impression de ne pas être alignée avec ses aspirations. Elle fit alors un burn-out il y a deux ans.

« Je suis tombée malade : j’avais des membres de mon corps qui se figeaient, comme pour refuser d’avancer »

Elle a rencontré un médecin qui lui a dit « Ce que vous avez ne relève pas de la médecine, si vous souffrez, c’est que vous n’êtes pas en phase avec vous-même. Vous faites quelque chose quotidiennement, mais cela vous déplaît. ». Ce médecin lui a conseillé de retourner aux bases et de se construire un refuge intérieur dans lequel elle puisse s’épanouir.

Elle décide alors de reprendre des études de littérature arabe. Sarah a toujours aimé les langues, c’est ce qui l’anime. Elle lit énormément et depuis toujours. C’est son passe-temps premier.  Elle a donc fait le choix de se consacrer à ce qu’elle aime, et de cette façon, elle a retrouvé la santé, car elle a décidé d’être pleinement elle-même. Ainsi, elle s’est épanouie, elle s’est sentie alignée avec elle-même. Elle avait l’impression d’être au bon endroit.

“Ce n’est pas évident pour tout le monde de se trouver dans la vie mais une fois que tu te trouves, tu ne peux que faire quelque chose de bien car tu es au bon endroit, tu suis le bon chemin” – me confie-t-elle.

« Quand je travaille sur les espaces TheArabicNovel, je suis moi et je me fiche du regard des autres. Cet espace est le mien, et je dis ce que j’ai envie de dire, que ça plaise ou pas. »

 L’histoire de Sarah me fait penser au phénix qui renaît de ses cendres. Je vois TheArabicNovel comme une renaissance et une sorte de réponse à la conformité de la société dans laquelle nous vivons. 

 

Le coup de foudre – La lecture

Imaginez une petite fille en train de lire un vieux journal français, sous le ciel d’Algérie, et qui tombe éperdument amoureuse de la littérature. Un vrai coup de foudre. Sarah m’explique comment elle a découvert son amour pour la littérature.

« La convergence n’exclut pas la divergence ». C’est avec cette phrase extraite d’un vieux journal algérien que la passion de Sarah débute. A cette époque, elle venait tout juste d’apprendre à lire, et puis, elle tombe sur ces mots, qui sont bien compliqués pour une enfant. Sarah me confie alors qu’elle n’avait rien compris au sens de cette phrase mais que la rime lui plaisait.

« Cela ne faisait pas sens pour moi mais cela résonnait en moi »

 À la suite de ce coup de foudre, Sarah a demandé à son père de lui acheter des livres. Le premier livre que son père lui a procuré était un Coran, acheté au hanout du coin. Elle a passé son été à le lire, sans rien y comprendre non plus, mais les titres des sourates la faisaient rêver : « La Lumière, Les Poètes, La Lune ».

Puis, de retour en France, Sarah découvre l’univers de Jack London, et en est devenue une grande fan, notamment grâce à « L’appel de la forêt » qui parle de la recherche de la liberté.

Et vous, quels sont les mots qui vous ont poussé dans la lecture ?

« J’ai cette quête de liberté en moi. »

Sarah est d’origine algérienne, petite fille de révolutionnaires; elle considère que l’amour de la liberté coule dans ses veines.

Vous est-il déjà arrivé de lire une centaine de livres de manière mécanique, sans vous y reconnaître ? Vous êtes là, en train de bouquiner, la plume de l’auteur est magnifique, elle vous plaît, mais pour une raison ou une autre, vous n’êtes pas réellement présents… Vous n’accrochez pas, l’histoire ne vous parle pas, ne vous ressemble pas. Vous n’êtes pas seul.e; de nombreuses personnes ont ce sentiment.

Durant ses années collège, Sarah découvre Faïza Guène et se dit que oui, il y a des livres qui parlent de nous, « qui parlent de moi », « qui me ressemblent ». Elle ajoute à propos de l’autrice, avec qui elle a pu échanger avec : « je te serais toujours reconnaissante, tu as changé ma vie, tu nous as fait comprendre que c’était possible, que nos plumes, un jour pouvaient être éditées et nos voix entendues ».

« S’il y a un auteur à qui j’aimerais ressembler un jour, mais à qui je ne ressemblerais jamais c’est Amin Maalouf. »

Sarah aime beaucoup les romans historiques et son auteur phare est le célèbre Amin Maalouf, qu’elle considère comme un génie de la littérature. L’un de ses livres préférés est « Samarcande ».

Grande fan de ses œuvres, le jour où Sarah a pu rencontrer A. Maalouf, elle a été incapable de lui témoigner son admiration tant elle était impressionnée. Les mots ne sortaient pas. La seule chose qu’elle ait pu faire a été de tendre son roman pour obtenir une dédicace.

Pourquoi cet amour pour les romans historiques :  

« Ces types de romans portent en eux un poids du passé. Pour moi, ils sont faits contre l’oubli et nous rappellent les fragments de ce que nous sommes. Ces histoires qui nous habitent en quelque sorte, avec lesquelles nous cohabitons sans les considérer. Ces livres nous offrent un miroir sur toutes ces histoires qui nous façonnent.

Je suis un peu guidée dans la vie par un trait de caractère : la mélancolie. Je fais une fixette sur le passé, donc forcément le roman historique est le genre qui me parle le plus. »

Et vous, aimez-vous les romans historiques ?

« J’ai l’impression de basculer dans un autre monde qui vit en moi. »

J’ai l’impression que c’est la littérature qui est venue à elle, l’amour des mots et de la lecture étaient inscrits sur son cœur et son âme depuis la nuit des temps.

Sarah est passionnée, le mot est faible, mais elle est amoureuse de la littérature, et durant notre échange j’ai senti cette passion, cet amour, cette folie qui anime les personnes qui ont cette soif de la lecture.

Aujourd’hui, Sarah est journaliste et écrit pour plusieurs magazines tels que Gazelle où elle fait des interviews d’auteurs/trices et des chroniques de livres afin de donner aux gens le goût de lire.

Retrouvez la suite du portrait ici (partie II),  et là pour la partie III.

 

 

 

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(Dé)construction Portraits

Une vraie claque – Illégitimes de Nesrine Slaoui

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Au premier coup d’œil, Illégitimes, est un titre qui me fait directement écho, qui me procure un certain malaise mélangé à l’appréhension. Un titre qui m’attire, qui me guette, qu’est-ce que ce roman contient d’aussi bouleversant ?

 

« Aux écorchés, aux ambitieux, à tous ce qui se reconnaitront et aux miens pour toujours » N.Slaoui

 

Nesrine Slaoui nous entraîne au cœur de ses nombreux souvenirs. Elle raconte son parcours, d’une cité HLM à Sciences Po Paris, l’histoire de sa famille, mais nous offre aussi une réflexion sur la société.

Entraînée dans un tourbillon d’émotions entre nostalgie, honte, colère, indignation, Nesrine Slaoui, nous livre les non-dits cumulés au fil des années…d’une communauté qui se sent illégitime. Elle met des mots sur les maux les plus anciens et les plus profonds, voir les plus anecdotiques… Ce roman est une bouffée d’air.

 

« La femme, l’Arabe, et la banlieusarde de campagne » N. Slaoui

 

Nesrine Slaoui est née au Maroc. À l’âge de trois ans, elle quitte son pays natal, dans les bras de sa mère, pour le sud de la France. Aujourd’hui, elle est diplômée de Sciences Po Paris, et est journaliste chez Loopsider et France TV. Illégitimes est son premier roman, publié par les Éditions Fayard le 6 janvier 2021.

 

« Un hommage à tous ceux pour qui la légitimité demeure un combat permanent » quatrième de couverture –Illégitimes

 

C’est d’abord la province dans laquelle elle a grandi que Nesrine Slaoui décrit dès les premières lignes de son roman. Cela commence avec douceur, mais petit à petit, la tension monte. La situation évolue de manière crescendo, l’autrice nous offre un tableau qui présente la triste réalité d’une partie de la population française, depuis le début de la crise sanitaire.

 

« Ceux dont la vie est confinée en permanence » p19 – Illégitimes

 

Nesrine Slaoui ne tourne pas autour du pot. Elle dit ce qu’elle à dire. La plume vive et tranchante, elle dessine un portrait d’un père que la France a fragilisé, une description dans laquelle une partie des enfants d’immigrés pourraient se reconnaître.

Un père, une mère qui ont quitté leurs terres pour vivre le rêve français. Pour survivre, ils se sont sacrifiés, en retour, ils ont vu leurs corps se dégrader. Un sentiment bienveillant, presque protecteur, né à leur égard.

Nesrine Slaoui expose le rapport que son père et ses grands-parents ont avec la langue française, cette distance lointaine, ce malaise qu’ils ont avec la langue de Molière. À la lecture de ces pages, la langue de l’amour s’est transformée en une langue étrangement amère.

Illégitimes fait table rase, le silence n’est plus permis. Pour que les générations à venir puissent connaître l’histoire de leurs ancêtres, Nesrine Slaoui puise au fond d’elle, et utilise tout son courage, pour faire sortir son grand-père de son mutisme. 

 

 

Crédit photo : Kaoutar RH

 

« J’avais appris par cœur les règles du jeu, je croyais les maîtriser, et d’une certaine manière, je les maîtrisais, mais je n’avais pas compris que le jeu en lui-même était truqué » p22 – Illégitimes

 

La jeune femme confesse sa colère, et son ressentiment face au système. Elle met l’accent sur la culture dominante et les classes sociales. L’autrice met clairement des mots sur les maux, les non-dits refoulés sont exposés dans ce livre, dans ces pages. Chapitre après chapitre, les mots éclatent d’une rage qui soulage.

Elle partage avec nous son parcours, son fort désir de réussir et son envie de quitter sa banlieue. Nesrine Slaoui est déchirée entre plusieurs émotions, malgré le rêve de vouloir être à Paris, elle reste attachée à son milieu populaire.

Elle raconte son cheminement scolaire, et peint la dure réalité qu’elle a pu vivre « en tant que maghrébine » à Sciences Po : les paroles violentes de la part de ses camarades, les rumeurs, les critiques, les moqueries, les photos prises à son insu. On lui faisait savoir qu’elle n’était pas à sa place. Nesrine Slaoui a vécu un réel harcèlement scolaire. Pourquoi ? Car elle est un « bug dans la matrice »[1]

 

« Je rêvais de déchirer le filet pour me faire une place. Remonter à la surface de l’eau et crier notre existence. La France ne nous voyait pas. Nos visages d’Arabes n’étaient nulle part. Ni dans les journaux, ni dans les films, ni même dans les livres. Sauf pour nous dénigrer. Des voleurs, des menteurs, des délinquants et des terroristes. Nous étions de trop » p 43 – Illégitimes

 

Illégitimes est l’occasion également pour son autrice d’évoquer les violences policières, les contrôles de police injustifiés, le racisme et les discriminations. Elle dénonce l’utilisation du mot « beurette » et l’hypersexualisation des femmes nord-africaines.

Engagée, plus rien n’arrête la plume de Nesrine Slaoui : sa fureur contre l’injustice, et sa rage de réussir, on les sent, on les respire.

 

« Je voulais balancer ma réussite au visage de ceux qui n’avaient jamais cru en moi, je voulais qu’elle cingle comme une claque.» p159 – Illégitimes

 

Les mots de ce roman se confondent avec mes propres pensées. Autant, je me retrouvais dans certains passages, autant, je me sentais étrangère dans d’autres. Cependant, ce roman était une vraie « bouffée d’oxygène »[2] , un soulagement.

Illégitimes n’est pas un simple roman, mais un témoignage, un cri sincère qui vient du fond de l’âme et qui fend les cœurs. Une ode. Un puissant hommage.

Peu importe les barrières mises à l’entrée, osez changer les règles du jeu, brisez les codes…

C’était un livre touchant et j’aurais aimé lors de mon adolescence tomber sur un roman aussi sincère et simple, mais qui regorge de profondeur.

 

Crédit photo : Kaoutar RH

 

« Je tâcherai alors de jouir d’être à jamais illégitime » p193 – Illégitimes

 

Le podcast de Bookapax décrit Illégitimes comme « un titre qui claque pour un ouvrage qui tranche… Nesrine Slaoui s’empare du mot et en fait un étendard ».

[1] « je suis un bug dans la matrice » p175 de Illégitimes

[2] « une profonde bouffée d’oxygène » p190 de Illégitimes.

 

 

 

 Jou RH

Crédit photos à la Une : Kaoutar RH

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Portraits

Retour sur le film Rocks

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J’ai été introduite au film Rocks par son affiche promotionnelle qui a tout de suite attirée mon attention. Cette affiche n’a rien d’extraordinaire en soi, on n’y voit qu’un groupe de jeunes collégiennes qui sourient à l’objectif de la caméra. Sauf que, chose assez peu ordinaire, deux d’entre elles sont visiblement musulmanes. Il s’agit des personnages de Soumaya, jouée par Kosar Ali et de Khadija, jouée par Tawheda Begum. Ce film est le premier long métrage des deux jeunes actrices.

 

 

Le film est réalisé par la cinéaste Sarah Gavron (Les Suffragettes, Rendez-vous à Brick Lane) et écrit par les scénaristes Theresa Ikoko et Claire Wilson. Rocks raconte l’histoire de Olushola, surnommée Rocks, une adolescente britannique Noire vivant à Londres. Un matin, sa mère les abandonne, elle et son petit frère, les forçant ainsi à se débrouiller seuls avec l’aide de leurs fidèles amies.

 

Le film a été présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto. Dans la foire aux questions qui suivit la diffusion du film, Sarah Gavron a annoncé que les actrices ont participé à l’écriture du film pour qu’il soit le plus authentique possible à l’expérience de la jeunesse londonienne. L’actrice Kosar Ali et sa famille furent les consultant.e.s principaux.ales pour les scènes du film représentant la culture Soudanaise.

 

Cette représentation est importante car les musulman.e.s Noir.e.s sont nettement moins représenté dans l’industrie du spectacle que les musulman.e.s d’origine Arabe ou Nord Africains. Les musulman.e.s ne sont pas un monolithe, nous sommes de toutes couleurs et formes et malheureusement notre diversité n’est pas représentée à l’écran.

 

 

 

Les femmes sont plus susceptibles d’être victime de harcèlement sur leur lieux de travail et les risques sont d’autant plus grands lorsque, comme les actrices Kosar Ali et Tawheda Begum, l’on est racisé et de confession musulmane. Mais ces dernières ne retiennent qu’un bon souvenir du tournage. « C’était ma première expérience en tant qu’actrice et c’était incroyable. C’était plus une famille qu’un plateau de travail, » affirma Kosar Ali. « C’était une opportunité incroyable. Je n’aurais jamais pensé faire un jour partie d’un film. Ma famille et tout le monde était si heureux pour moi. Travailler avec ces filles était incroyable parce qu’elles m’ont toutes fait sentir vraiment à l’aise, » ajouta Tawheda.

 

Loin des clichés de la femme soumise ou du dangereux terroriste, on suit ici deux jeunes filles musulmanes avec des rêves et des ambitions et qui sont confrontées aux mêmes difficultés que leurs camarades. Je sais qu’énormément de jeunes filles musulmanes s’identifient à leurs vies. Lorsque leur professeur demande aux élèves quel métier iels aimeraient faire lorsqu’iels grandiront, la jeune Khadija dit vouloir devenir avocate. Sa professeure la décourage en lui répondant qu’elle n’aura jamais le niveau. Elle est alors confortée par ses amies. Ceci est un scénario assez familier pour beaucoup d’élèves et encore plus pour celleux racisé.e.s et de confession musulmane.   

 

Soumaya, quant à elle, est très peinée à l’idée de se retrouver sans ses frères et sœurs vivant désormais en dehors du domicile familial mais elle va devoir se confronter à son privilège social lorsque sa meilleure amie Rocks se retrouve abandonnée par sa mère.

 

Le film est authentique dans les moments de joie tout comme dans les moments de peines. Mais la sororité est présente tout au long du film. Le groupe d’amies, d’origine et de confession différentes, s’entraide et se sort de situations difficiles grâce à leur endurance et leur bienveillance. La réalisatrice a affirmé au Festival international du film de Toronto : « Nous voulions représenter Londres telle qu’elle est. Si vous allez dans les écoles, vous verrez ces groupes d’amitié”. Pari réussi pour Sarah Gavron qui démontre qu’être à l’écoute de l’expérience de ces jeunes filles permet de réaliser un film d’autant plus authentique.

 

Rocks est un drame tout aussi déchirant qu’il est réconfortant. Intimement féministes, les personnages ne vous laisseront pas indifférent.e.s. Il met en vedette de jeunes actrices talentueuses et que nous retrouverons bientôt sur nos écrans, je l’espère. Certes dur concernant les thématiques abordées, le film réussit pourtant à nous mettre le sourire au lèvres grâce à son authenticité rafraîchissante. 

 

 

Références :

TIFF Talks (2019). ROCKS Cast and Crew Q&A | TIFF 2019 https://www.youtube.com/watch?v=Mokj3VV2HR4&t=1829s&ab_channel=TIFFTalks    

Crédit photo : Rocks

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Portraits

Hajer ou l’art de rappeler la splendeur des cultures arabes

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Hajer est une jeune femme engagée dans les luttes féministes et antiracistes. Modeste, elle ne s’estime pas militante, bien que ses projets constituent une véritable bouffée d’oxygène pour les diasporas nord-africaines et arabes.

 

L’omniprésence des cultures arabes dès son plus jeune âge

 

Née à Paris, elle a grandi quelques temps dans le 11e arrondissement, non loin de Belleville, quartier historique des Tunisien·ne·s, et notamment des Sépharades. Puis elle a vécu dans le 18e, qu’elle reconnaît comme « son arrondissement ». « Mon père est fils de paysan ; il est issu d’un milieu très pauvre, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il était inculte, » insiste Hajer, dont les parents ont grandi dans le sud de la Tunisie. « Mes parents viennent d’une ville très connue pour ses grands poètes, savants et confréries soufies. Ma grand-mère était illettrée mais ça ne l’empêchait pas de réciter de la poésie classique, qui se transmettait beaucoup à l’oral. » Hajer estime donc que « la fracture sociale face à la culture savante était moins marquée ».

Se sentant pleinement tunisienne, elle aime cependant rappeler que le patrimoine culturel arabe ne s’arrête pas au pays du jasmin. Sa mère lui a notamment transmis l’amour des films égyptiens.  « Qu’il s’agisse de la littérature ou du cinéma, nous avons un socle commun. Les poètes médiévaux venaient des empires omeyyades ou abbassides ; la territorialité n’avait pas le même sens qu’aujourd’hui et les cultures arabes renvoient à des choses beaucoup plus larges qu’on ne le pense. » Pour illustrer son propos, Hajer cite Mahmoud Darwich, grand poète palestinien, évoquant l’attachement au « terreau natal » qui n’empêche toutefois pas la conscience d’un « arbre plus grand ».

 

La difficile confrontation aux inégalités sociales

 

Alors qu’à la maison, la jeune Franco-Tunisienne sait à quel point les cultures arabes sont riches et variées, elle ressent un immense décalage avec le monde scolaire. « Petite, je ne comprenais pas les raisons pour lesquelles on considère souvent que les Arabes n’ont pas de culture. On ne leur reconnaît pas de légitimité. C’est dramatique, même chez les personnes concernées par la migration, » déplore-t-elle. En étudiant l’histoire et la science politique à la Sorbonne, Hajer se rend rapidement compte des inégalités sociales. Elles ne sont que trois Arabes dans sa promo — dont deux issues de milieux très riches et francophiles du Maghreb — et elle fait partie des rares boursier·ère·s. « En cours, c’était un peu le concours de celui ou celle qui a lu toute la sociologie politique, et ça n’était pas du tout mon délire, » commente-t-elle en riant. Hajer compte néanmoins au nombre des meilleur·e·s étudiant·e·s dans les cours concernant l’histoire des pays musulmans et/ou arabes.

Elle se souvient par ailleurs de rencontres avec certain·e·s militant·e·s de gauche à Paris, prônant un discours antiraciste tout en pointant du doigt celles et ceux pour qui la question coloniale s’avère importante. « La parole est souvent confisquée, et les minorités souvent domestiquées, dans ces espaces, » explique Hajer, qui se sent désormais « proche de toutes les personnes minorisées dans la société, » et pas uniquement pour des raisons racistes — à l’instar des personnes queers.

 

Les voyages comme moyen de s’enrichir politiquement

 

« Istanbul, c’est ma ville, » affirme Hajer, l’air nostalgique. Elle y a vécu deux ans, dans le cadre de ses études, ce qui lui a permis de remarquer l’orientalisme de ses camarades. « Je n’ai pas du tout connu de choc culturel en Turquie mais les étudiants français avaient souvent tendance à observer les choses de façon très cliché. Notamment en résumant la politique turque à un parti islamiste dominant le pays, alors que c’est plus nuancé que cela — l’AKP [parti au pouvoir] connaissant des conflits internes, tout comme le mouvement de libération kurde, souvent homogénéisé dans la presse française, » explique l’amoureuse d’Istanbul.

Loin de réduire ces deux années à une banale expérience Erasmus, elle en profite pour fréquenter différents milieux, côtoyant à la fois des Turc·que·s, des Kurdes, des Irakien·ne·s, des Marocain·e·s, des Palestinien·ne·s et des Syrien·ne·s, dont certain·e·s fuyant des zones de combat. Elle y apprend aussi à manifester à la turque : en formant des barricades et en risquant des violences policières très dangereuses. Elle vit alors dans le quartier arménien. « Ma position de jeune étudiante étrangère me permettait d’errer, de rencontrer différentes personnes et d’être plus ouverte au dialogue, comme il y avait moins d’enjeu personnel. »

Hajer a aussi voyagé dans la plupart des pays arabes, à l’exception de l’Irak. « Je ne me suis jamais totalement sentie étrangère dans ces pays. » Ces excursions lui ont notamment permis de développer la place de la cause palestinienne dans sa formation politique entamée en France. Elle suit les pas de ses parents puis de sa grande sœur, militante pro-Palestine. Récemment, elle s’est également rendue au Sénégal, intéressée par les luttes panafricaines et celles contre l’impérialisme des pays occidentaux — dont la France, très présente sur le continent.

Crédit : Mouqawamet

 

Mouqawamet, un blog nécessaire sur les féminismes arabes et amazighs

 

De plus en plus politisée, Hajer concrétise certains projets. En 2015, la jeune femme et ses amies Lamia et Nawel décident par exemple de créer le blog Mouqawamet – Tizeddamin, ce qui signifie « les résistantes », respectivement en arabe et en amazigh. La blogueuse considère que le féminisme a toujours fait partie d’elle. Alors qu’elle remarque, avec ses coéquipières, que les organisations militantes ne consacrent pas beaucoup d’espace aux femmes amazighs et arabes — et plus généralement, aux femmes « orientalisées » —, elle décide d’y remédier en présentant des figures féministes qui ne sont pas uniquement « européennes ou américaines ». La blogueuse confie avoir compris l’intersectionnalité en Tunisie, au contact d’un féminisme tunisien éminemment bourgeois, porté par les élites francophiles et proches du pouvoir de Ben Ali.

L’objectif de Hajer est de favoriser une certaine transmission culturelle, en visibilisant le combat de femmes ancrées dans des aires géographiques différentes. Les auteures insistent également sur le fait que toutes ces femmes ne puisent pas forcément leur féminisme aux sources religieuses. Aussi le blog présente-t-il des musulmanes comme des non-musulmanes qui, toutes, combattent fermement le colonialisme, l’impérialisme ou encore la misogynie. Il met aussi en lumière des héroïnes inconnues, « combattantes du quotidien », à l’instar d’une pêcheuse d’Oran, en Algérie. Les figures de moudjahidate (« combattantes » en arabe) permettent ainsi d’honorer les mémoires issues de l’immigration.

Crédit : Vintage Arab

 

Vintage Arab, l’incontournable podcast sur les musiques arabes

 

La transmission culturelle occupant une place importante dans son cœur, Hajer partage souvent via Facebook des posts sur le contexte historique et politique de chansons arabes. Rapidement, plusieurs personnes l’encouragent à diffuser cette culture plus largement. Cependant, l’idée d’un blog ne lui convient pas. « Nous ne sommes pas tous égaux face à la lecture, » mais « la façon dont les musiques arabes [sont] abordées par des spécialistes qui ne le sont pas vraiment, de manière très orientaliste, » l’agace profondément. C’est sa mère qui lui a tout appris de la musique arabe, qui l’a accompagnée tout au long de sa vie. Hajer n’écoute d’ailleurs pratiquement que cela, en plus du rap, notamment d’« enfants d’immigré·e·s ». Elle décide donc de partager ses précieuses connaissances dans un podcast, Vintage Arab. « Cela n’a pas vocation à nous émanciper, mais la mémoire peut nous permettre de nous faire plaisir. »

Cette amoureuse de musique regrette que le milieu antiraciste politique ne se penche pas davantage sur ces héritages culturels. Elle considère en effet qu’il est nécessaire de se réapproprier nos traditions artistiques, car notre patrimoine est aujourd’hui mal protégé, voire volé. Hajer évoque notamment le danger du manque de législation sur les droits d’auteur·e·s dans le monde arabe. Elle admire les immigré·e·s et leurs descendant·e·s qui parviennent à ne pas situer leurs projets exclusivement par rapport au postcolonialisme. « Si on arrive à ne pas uniquement produire du contenu exclusivement politique et à se permettre de prendre un stylo pour nous, à titre purement personnel, ce sera une grande étape. » Elle estime en effet qu’il est difficile de déconstruire cette idée que l’on ne serait pas légitime à produire pour soi.

 

C’est donc en alliant plaisir, curiosité et engagement authentiques que Hajer participe à la préservation des cultures arabes… sous toutes leurs formes.

 

Crédit photo image à la une : Hajer — la blogueuse à Aswan, en Egypte

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Portraits

Rania Talala : la résistance palestinienne dans l’assiette

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Quand je vois passer l’évènement pour un ftour (repas de rupture du jeûne) organisé par Les ptits plats palestiniens de Rania, je fonce. J’appelle mes amies et hop, c’est réservé. Samedi soir, je mange palestinien ! Et c’est ainsi que je pars à la rencontre de Rania Talala, cheffe cuisinière palestinienne qui à travers la cuisine se bat contre l’oubli et pour la transmission et l’héritage palestinien ! La résistance passe aussi dans l’assiette !

 

Lorsqu’on décide d’aller manger palestinien, ça ne peut pas être neutre. Ça ne peut pas être juste de la cuisine. On pense forcément à eux. Ce peuple colonisé, massacré, boycotté. Et c’est bien plus que cela que nous partageons avec Rania ce soir-là. Décollage imminent ! Pas besoin de prendre l’avion, un petit arrêt à Saint-Denis nous emmène directement à Hébron, Jérusalem …

Nous sommes accueillies par une Rania souriante, un keffieh palestinien noir et blanc sur les cheveux et arborant un T-shirt Artists for Palestine, qui rassemble des artistes de toutes disciplines afin d’organiser des campagnes de solidarité avec la lutte du peuple palestinien.

Crédit photo : Ptits plats palestiniens de Rania

 

Une cuisine engagée

Le ton est donné. Ce soir, c’est un dîner engagé. Nous sommes une quarantaine de personnes. Rania  l’artiste culinaire de la soirée est entourée de sa famille, des jeunes et des moins jeunes qui se plient en quatre pour prendre soin de nous le temps d’un dîner.

Elle rayonne. Pourtant, hier, avec de nombreux.ses bénévoles, ce sont 300 personnes qui ont dégusté ces plats lors du festival ciné-Palestine. Ce festival lui tient particulièrement à cœur : elle a fait des études de cinéma et voulait être réalisatrice.

Je suis attachée aux artistes palestinien.ne.s. La culture palestinienne est très riche. Il faut les soutenir à fond. Les artistes se débrouillent comme ils et elles peuvent avec des collectes de fond et du système D en permanence. 

 

Ce festival est une autre façon de parler, de faire découvrir la Palestine. Il est organisé uniquement par des bénévoles, qui sont là « par amour ».

C’est parti pour un repas ramadanesque. En entrée, une soupe de lentilles corail, fondante et goûteuse. Son souvenir me fait encore saliver (et dire que je jeûne en écrivant ces lignes). Un houmous maison l’accompagne. S’en suit le plat traditionnel palestinien par excellence, le msakhan : pain taboun ou pita, recouvert d’oignons confits au sumac et à l’huile d’olive, et poulet au sumac.

Rania tient à ce plat. Et ce choix n’est pas anodin. Elle nous explique :

C’est un plat qui représente la terre de Palestine. C’est une culture de Bédouins. [C’est un plat] à base d’huile d’olive, des oliviers de là-bas. Le poulet est fourni par les fermiers. Le pain fabriqué par les femmes, dans un four sous terre. Il est servi les jours de fête. On le sert aux gens lorsque l’on veut leur faire plaisir. 

 

Elle poursuit :

C’est auprès de ma grand-mère, de mes tantes, de mes cousines, que j’ai appris à cuisiner. Je suis restée pendant presque 9 ans en Jordanie, là où quasi l’ensemble de ma famille a émigré. Tout le monde voulait être la meilleure cuisinière, alors nous nous défiions souvent. 

 

Pour finir, un atayef : une sorte de crêpe épaisse fourrée aux noix, à la cannelle et à la noix de coco, plongée rapidement dans un délicieux sirop à l’eau de rose. Miam !

Repas réussi ! Elle peut souffler et nous prenons le temps de discuter.

Rania est une résistante. A travers ses plats, elle résiste pour faire vivre la Palestine et lutte contre l’oubli de l’héritage culinaire palestinien. Parler de son pays, par tous les moyens. La colonisation n’est pas seulement territoriale, elle est culturelle, artistique et aussi culinaire. Rania utilise ainsi la cuisine pour perpétuer la mémoire. Elle tient d’ailleurs à cette notion de résistante et non pas de militante :

Lorsque tu es militante, tu fais le choix de militer pour une cause. Mais lorsque tu nais Palestinienne, tu n’as pas le choix. Tu es résistante par nature. 

Je lui demande de nous parler des femmes palestiniennes.

Les femmes palestiniennes ont des personnalités multiples. Mais elles sont toutes prises par l’Histoire. Pour celles qui sont sur place, leur actualité est rythmée par la colonisation, ce sont des résistantes au quotidien. Celles issues de la diaspora sont des étendards de leur pays à l’extérieur. 

 

Quel bel étendard nous offre-t-elle !

Rania est née et a grandi à Paris. Puis s’est installée plusieurs années en Jordanie auprès de sa famille pour tisser un lien avec ses racines palestiniennes et découvrir l’histoire de sa famille exilée de force en Jordanie.

De retour en France elle ouvre son blog culinaire et reprend sa fonction de professeure d’anglais. Mais elle a l’impression d’en avoir fait vite le tour. Parallèlement elle publie ses recettes palestiniennes sur internet et les gens veulent goûter.

Pendant un an, elle travaille et cuisine en même temps. Mais un choix s’impose. En mars 2017, la cuisine devient son métier à temps plein : traiteur, cours de cuisine, … Ce n’est que le début !

Résister, parler de la Palestine par tous les moyens

 

Elle résiste par la cuisine, mais pas seulement…

En plus de ses marmites, elle a aussi sa plume. Sur son blog, elle écrit des textes riches, puissants, à la première personne :

Je m’appelle Ahmad. J’ai dix ans. Je suis né à Gaza. Comme tous les enfants de mon âge, je vais à l’école. Mon école est originale : le plafond est à moitié cassé et y’a des trous sur les murs et le tableau. Ça ne me dérange pas, car à travers les trous, je suis la lumière et je rêve encore plus loin. 

 

D’ailleurs, elle rêve de publier un livre. Non, deux !

Un livre de cuisine, un beau livre où il n’y aura pas que des recettes, mais des photos, des écrits… Et puis un recueil de mes textes. La lecture, la cuisine, l’art, la caméra, le stylo, la marmite, tous les moyens sont bons pour parler de la Palestine. Si je savais peindre… Et puis, écrire un livre, ça se partage de mains en mains, ça touche un max de personnes… Il y a la photo aussi. C’est vivant, c’est vital. La France est en retard par rapport aux pays anglo-saxons sur ce sujet. 

 

Rania est aussi amenée à parler, à témoigner dans de nombreuses conférences, à partager un discours sur son point de vue politique de la cause palestinienne. Elle a fait partie du collectif Paris 8 pour la Palestine lors de ses études. Vous pourrez d’ailleurs l’entendre, le 1er juillet 2017, lors d’une journée organisée par L’association méruvienne pour la Palestine.

Rania est une femme active. Elle a des tonnes de projets en tête ici et là-bas :

J’espère pouvoir aller prochainement en Palestine et y faire un documentaire autour de la cuisine, immortaliser les dernières grands-mères. Et si je peux, un jour, j’ouvrirai un orphelinat là-bas aussi. La cause des enfants, l’enseignement me touchent énormément.

 

Ses propres enfants sont impactés par la cause palestinienne. Ils et elles sont fier.e.s d’elle et deviennent eux et elles aussi des messagers du peuple palestinien auprès de leurs ami·e·s, à l’école…

Il n’y a pas que le peuple qui a été colonisé, mais la culture, la cuisine… Par exemple, le falafel est bien une spécialité palestinienne !

 

Je lui demande quel est son rêve :

Mon rêve, c’est que la Palestine rentre dans toutes les maisons, rentre dans les mœurs. Que la Palestine ne soit plus un sujet sensible, tabou. J’aimerais ouvrir un centre culturel palestinien : qu’on puisse s’y restaurer, découvrir la poésie palestinienne, danser la dabkeh, découvrir des artistes, débattre…

 

Crédit photo : Rania

 

Un dernier conseil pour nous qui ne sommes pas palestinien·ne·s mais touché·e·s par la cause ?

Mobilisez-vous, pas forcément dans la rue, mais allez aux événements sur ce peuple, faites passer les infos de ces événements sur les réseaux sociaux, partagez ce qu’ils disent, faites tourner. Découvrez les livres sur la Palestine, les articles, les artistes, partagez vos coups de cœur. Les Palestiniens, plus que les dons, disent : « Parlez de nous ! » 

 

Ne vous inquiétez pas, on ne vous oublie pas. Ni elle, ni nous, dans nos invocations.

La Palestine, c’est l’histoire d’un peuple opprimé, colonisé illégalement. Mais, aujourd’hui, grâce à Rania, lorsque je penserai à la Palestine, je penserai à sa cuisine, à ses saveurs, à ses plats chargés d’une terre si spéciale. Quand je penserai à la Palestine, je sourirai même !

En pensant à ton sourire, Rania, j’imaginerai les femmes en train de faire ce pain, dans ce four sous terre.

Certes, ils ont colonisé leur terre, mais pas leur âme ! Un jour, qui sait, nous irons voir ces femmes là-bas, en paix, nous apprendre tout ce que tu nous a partagé ce soir. Merci à toi !

 

Palestinement

 

Prochain ftour le samedi 23 juin 2017 au Pavillon à Saint Denis – Réservations via ce lien

Les ptits plats palestiniens de Rania sur Facebook et Instagram

Les autres pages de Rania : son blog Quand Rania cause, son profil Rania Talala, sa page Chroniques d’une Palestinienne de France

 Crédit Photo de couverture : Humans for Women

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(Dé)construction

Lallab Birthday : un festival féministe pour célèbrer la sororité !

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En Mai 2017, Lallab soufflera sa première bougie !
Un anniversaire sur le thème de la sororité, ce lien universel et immuable que les femmes peuvent tisser dans le respect, l’écoute, le partage et surtout l’amour…

 

Le 6 mai 2017, Lallab soufflera sa première bougie à la Bellevilloise, à Paris !

Pour l’occasion, Lallab t’embarque dans son univers pétillant et puissant de 13h30 à 23h, au sein du Loft de la Bellevilloise et te réserve un festival de F.O.L.I.E :

Des talks de féministes musulmanes plurielles et inspirantes avec entre autres l’entrepreneure Marieme Tighanimine, les militantes Wissale Achargui et Coumba Samake des Féministes contre le cyberharcèlement, l’universitaire Diane Sophie Girin…
Une table ronde sur l’art et la culture comme moyen de réappropriation de son récit en tant que femmes avec notamment l’écrivaine Rachel Khan, l’illustratrice de BD Maeril, la graffiti artist Pearl, la street artist Lilyluciole, l’instagrameuse Yousra Essati, la réalisatrice Grace Ly (« ça reste entre nous »)…
Les concerts de Haydar Hamdi et de Tina Mweni, car l’art militant est éblouissant !
Une librairie collective et féministe
Une boutique pour mettre en lumière de super femmes entrepreneures
Des ateliers, des temps d’échanges et de partage
Un espace dédié aux #Lallababies et plein de surprises !

Et comme une merveilleuse nouvelle n’arrive jamais seule, nous avons l’immense honneur de célébrer cet anniversaire, placé sous le thème de la sororité, sous le marrainage d’ Asma Lamrabet, féministe et directrice du Centre d’Etudes et de Recherches sur la question des Femmes dans l’Islam à Rabat (Maroc).

Célébrons la sororité : cet amour révolutionnaire

La sororité est l’essence même du combat de Lallab. C’est la solidarité féminine, celle qui rassemble car elle célèbre les femmes venues de tous les horizons et nous fait nous tenir en bloc commun pour mieux faire entendre nos voix et être plus fortes. C’est ce réseau de femmes fortes et fières qui célèbrent leurs différences, c’est ce féminisme que l’on veut intersectionnel.

IN-TER-SEC-TION-NA-LI-TÉ : nous levons notre poing pour les soeurs qui subissent le sexisme, le racisme et pour celles aux identités plurielles.

La sororité est un combat à mener sur tous les fronts car si notre féminisme n’est pas inclusif, antiraciste, body-positif, pour les personnes de toutes orientations sexuelles, identités de genre, ou en situation de handicap, s’il ne dépasse pas les différences sociales, alors pour qui est-il ?

Lallab : soyons créatrices de nos récits !

Lallab c’est une association féministe et antiraciste qui compte près de 200 bénévoles et qui depuis un an, bouscule les préjugés sur les femmes musulmanes en France (et même au-delà) !

Nous faisons entendre les voix plurielles des femmes musulmanes et nous nous battons avec amour et bienveillance pour que chaque femme puisse s’épanouir et célébrer toutes ses identités.

Et notre combat va bien au-delà des droits des femmes musulmanes, puisque nous considérons que chaque femme est la plus à même de décider des conditions de son émancipation. Personne, pas même une autre femme, aussi bienveillante soit-elle, ne doit décider pour elle !

Lallab c’est aussi un magazine en ligne où les plus jolies plumes écrivent leurs histoires pour déconstruire les mythes qui y sont attachés. C’est encore une boite de production où nous célébrons et rendons hommage à ces femmes musulmanes inspirantes. C’est dans toute la France que nous avons ainsi présenté notre série documentaire Women SenseTour – in Muslim Countries. Lallab c’est surtout beaucoup de bruit dans les médias et des prises de parole puissantes (allez ça te revient la flamboyante Attika qui a confronté Manuel Valls en prime time sur France 2). C’est enfin des événements et des ateliers de sensibilisation en milieu scolaire, pour préparer la prochaine génération de féministes badass. Le tout avec des tonnes de bienveillance et d’énergie brutes !

TU PARTAGES NOTRE ENTHOUSIASME ?

ALORS VIENS FÊTER LA SORORITÉ AVEC NOUS LE 6 MAI !

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(Dé)construction

Le collectif Um’Artist ouvre une scène pour les artistes musulman.e.s

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Ce vendredi 24 Février, le collectif Um’artist, accueilli par l’association al Wissal à l’INALCO, organisait sa première soirée Open Mic, ou scène ouverte. Né en 2016, Um’Artist, c’est ce collectif – porté par sept femmes et un homme – de « poètes, slameurs, musiciens et musiciennes, danseurs et danseuses, amoureux de la calligraphie, peintres, photographes, vidéastes… En résumé, une diversité de talents réunis sur cette véritable plateforme d’échange pour tous les amoureu.s.e.s de l’art ».
L’objectif affiché ? Mettre en avant la diversité des talents artistiques au sein de la communauté musulmane.

 

L’art comme héritage, l’art comme outil, l’art bâtisseur de ponts

 

19h. La fondatrice du collectif, Hawa, introduit l’évènement par une requête toute particulière.

J’aimerais que chacun.e d’entre vous se tourne vers la personne derrière vous, puis la personne devant vous, et lui dise « as salaamu ’alaykum », que la paix soit sur toi.  Parce que, surtout en cette période, ça fait du bien de s’entendre dire ça.

Le public se prête au jeu. Le ton est donné : ce soir, on parlera paix, amour, bienveillance, politique, sans inhibition, sans timidité, sans la crainte de se voir foudroyer du regard (ou pire) quand sonnera l’appel à la prière de Muslim Pro sur notre téléphone. On est ensemble.

Hawa poursuit en expliquant que cette soirée ouverte à tou.te.s s’adresse en particulier aux musulman.e.s : « l’art est un outil puissant » qui permet de « bâtir des ponts », et pourtant son étude et son pouvoir sont souvent sous-estimés dans notre communauté. Il s’agit ce soir de redécouvrir cet héritage, et de nous le réapproprier.
 
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Crédit photo : Zackary Art
 

Un pari réussi

 

Au fur et à mesure des passages, les choses se font. Le succès d’Um’Artist dépasse mes attentes. Sa plus grande victoire ? Dépasser l’idée d’un confinement dudit héritage à un contexte spatio-temporel achevé, ou la difficulté de sortir de la narrative de l’âge d’or « arabo-musulman », d’une époque révolue.

S’il est important de connaître cette histoire, et ses artistes et auteurs érigé.e.s au rang de « classiques », il l’est tout autant d’appréhender le patrimoine de notre ummah (« communauté » en arabe) à son image : plurielle, inter et transnationale, contemporaine. En se réappropriant le rap, le slam, le street art, tout comme la poésie, la peinture, la photographie, le chant ou encore la danse, leurs interprètes les enrichissent de porosités, et des influences spirituelles et culturelles qui leur sont propres. Brisant les différenciations classistes, ces artistes se positionnent pour l’insertion légitime de tous les genres au sein du patrimoine culturel de la communauté musulmane.

En quelques heures, une dizaine d’artistes musulman.e.s balaient la vaste étendue des thématiques et cultures qui nous concernent, nous, musulman.e.s en France. Hawa et Ibrahim exposent brillamment dans leurs textes les contradictions d’une société dont on est le produit, mais qui peine à nous inclure, et les instrumentalisations politiciennes dont nous faisons les frais. Les mots de l’écrivain et poète Luqman nous incitent à l’évasion le temps d’un pèlerinage à La Mecque, et à la foi dans les temps hostiles, tels qu’a su les affronter le prophète Muhammad – paix et salut soient sur Lui.

 

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Crédit photo : Zackary Art
 
C’est ensuite au tour de Jamila et de son époux Charles de nous émouvoir. Elle, poète, et lui, violoniste, coordonnent leurs talents pour nous offrir une interprétation d’un amour vainqueur. C’est encore d’amour, et de paix, que nous parle Anissa Lallahoum, artiste peintre autodidacte, dans ses œuvres.

Nulle vision binaire ce soir : c’est tout en émotion que les artistes présent.e.s explorent la complexité de nos identités plurielles.

A travers son projet photographique, Révéler l’Etoffe, Maya-Ines Touam nous livre sa quête identitaire dans son pays d’origine, l’Algérie, et le lien qu’entretiennent ses citoyennes avec « le » voile, la religiosité, une histoire douloureuse. Le slammeur dyonisien Loubaki explore les Frances dans un texte qui touche au cœur, quand Sabrina Heartist nous parle quartiers populaires et violences policières, accompagnée de la merveilleuse Narimène et son interprétation de Gangster Paradise en mode chant lyrique (!).

 

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Crédit photo : Zackary Art
 
Cette prestation n’est pas sans faire écho à « L’évadé », ce court métrage du talentueux Theo Al Amine, qui, en quelques minutes, nous enjoint à une redécouverte de notre environnement urbain et sa richesse, ou comment appréhender nos blocs de béton tagués comme des trésors cachés, ruines de l’expression artistique et politique de nos ancien.ne.s. Changer d’angle permet d’échapper à l’injonction du dénigrement des arts populaires, pour la fierté de se savoir de celles et ceux qui transgressent fièrement l’absurdité par la beauté ou du moins la résistance dans nos espaces (d’une fresque époustouflante à un « CR » écrit au tipex sur ta table en bois en CE2, soyons inclusif.ves).

Enfin, Yousra et Behija, venues spécialement de Belgique pour l’occasion, nous rappellent à notre histoire africaine à travers un hommage émouvant à Patrice Lumumba, résonnant douloureusement avec la vague de rafles négrophobes récemment médiatisée en Algérie, et le racisme ordinaire au sein de nos communautés. Comme la poète et blogueuse Leïla après elles,  les deux femmes nous parlent guerre, et douleur, mais aussi espoir et force. Et cela aussi compose notre patrimoine, populations diasporiques, exilées, privées d’un retour aux terres qui ont vu grandir nos ancêtres et déterminées à faire porter la voix de celles et ceux dont le passeport ne donne pas accès à la parole.

J’avoue, j’ai pleuré.

 

Ils n’interviendront pas sur scène, mais nombreux.ses sont leurs consœurs et confrères dont les travaux plastiques sont exposés à l’entrée de la salle : Moez (Instagram), Amalia, Rachid Bennis (@Rachidbennis), Zoé Balkis. Si vous ne les connaissez pas, foncez ! Ça vaut le détour.
 
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Crédit photo : Zackary Art
 

Se réapproprier nos héritages… mais pas que !

 

L’émotion que je ressens à la sortie de cette scène ouverte doit 70% aux prestations des artistes qui se sont succédé.e.s sur scène, et bien 30% à cet événement en lui-même. Il y a quelque chose de puissant à voir cet événement prendre place dans une université parisienne. Um’artist et Al Wissal font partie de ces initiatives qui détruisent peu à peu les murs de l’exclusivité et déblaient le chemin pour la réappropriation de l’espace. Ou autrement dit, nous rappellent que notre place est partout où l’on veut qu’elle soit.

Je me souviens de discussions dans mon lycée de Stains avec des camarades qui me disaient détester aller à Paris parce qu’on les « regardait mal ». 5 ans plus tard, en apprenant qu’une classe de ce même lycée s’est fait harceler au musée du quai d’Orsay, je sens comme un arrière-goût amer, l’impression que rien ne change.

Mais c’est faux. Rien qu’en l’espace de quelques années, on a vu se développer une prise de conscience et un nombre considérable d’actions pour combattre l’invisibilisation et l’essentialisation de l’histoire précoloniale et des luttes dans les ex-pays colonisés et les « outre-mers », mais aussi l’obscurcissement de l’histoire des militant.e.s issu.e.s de l’immigration et des quartiers populaires en France (voir notamment le travail du FUIPQ à cet égard, ainsi que les ouvrages de Nadia Hathroubi Saf Saf). On assiste également à la construction de réseaux transnationaux et la promotion d’actrices et d’acteurs du changement dans les quartiers populaires et dans le milieu étudiant musulman, entre autres. Les afrodescendant.e.s et les femmes noir.e.s en particulier nous ont ébloui.e.s en 2016, et continuent toujours plus fort en 2017 à travers collectifs et associations politiques, créations artistiques et productions académiques. Les médias locaux et communautaires se dynamisent et se multiplient, proposant des narrations qualitatives et sortant des sentiers battus, à l’image de l’excellent Bondy Blog, son cousin le Trapyblog, ByUs Media ou encore le tout jeune Sarcelloscope. Sans parler des mobilisations dans les quartiers populaires et la prise en main de la question des violences policières. Bref, beaucoup trop d’initiatives et de personnes extraordinaires et dédiées à la justice derrière ce travail pour qu’on puisse toutes les nommer.

Pour en revenir à notre sujet, la scène ouverte d’Um’artist a vocation à se produire tous les deux mois. Tant d’occasions pour nous d’y emmener nos petites sœurs et petits frères, cousin.e.s, voisin.e.s, pour qu’elleux aussi en ressortent des étoiles plein les yeux et regonflé.e.s à bloc pour prendre la relève quand le jour viendra.

 

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Crédit photo : Zackary Art

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Diffuse la bonne parole

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Catégories
(Dé)construction

Mon identité n’est pas un costume : le phénomène d’appropriation culturelle

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Pour Halloween, sorcières, fantômes et zombies seront de sortie… mais aussi indiens, danseuses orientales ou encore geishas. C’est une fête où l’on se déguise en ce que l’on souhaite et personne ne nous en tient rigueur, sauf que, même si l’intention n’est pas mauvaise, notre déguisement peut s’apparenter à de l’appropriation culturelle. On vous explique en quoi cela pose problème.

 

Déjà, l’appropriation culturelle, qu’est-ce que c’est ?

 

On le décrit comme un phénomène par lequel les membres d’une certaine culture s’approprient des éléments d’une autre culture. Ils utilisent ces éléments dans un contexte autre que celui originel, en changeant souvent sa signification culturelle. Souvent, c’est une culture dominante qui s’approprie la culture d’un groupe minoritaire qui a été ou est oppressé.

Ce qui peut s’apparenter à un simple costume/accessoire reste une réalité pour d’autres. Nous avons presque tou.te.s été, à un moment donné, responsable d’appropriation culturelle, que l’on ait fait cela consciemment ou non. Malgré les idées reçues, ce n’est pas un compliment !

 

Pourquoi l’appropriation culturelle n’est pas un compliment

 

Cela participe à la banalisation de l’oppression

 

Par exemple, les images ci-dessous, qu’est-ce qu’elles vous inspirent ?

L’une est issue de la couverture du magazine ELLE, l’autre vient d’un défilé de mode de la marque américaine Victoria’s Secret.

 

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Ce que l’on peut voir comme une simple expression artistique participe à la banalisation et à la déshumanisation de l’extermination des Américains natifs et de leurs combats pour leurs droits.

Ici, l’intention était probablement bonne… néanmoins, il faut considérer que les Blancs américains notamment, ont systématiquement ciblé les Américains natifs ! Et on parle ici de véritables violences qui ont mené à des génocides, à l’esclavage et à des périodes de colonisation !

Lorsque qu’une culture dominante s’approprie un élément de la culture d’un groupe minoritaire oppressé par cette même culture dominante, cela participe à la banalisation de cette oppression.

En faisant cela, on perd complétement de vue l’origine de cette culture, ce qu’elle représente et son histoire.

Cette coiffe a une signification. Elle récompense les actes de bravoure et sert de rite de passage. Ce n’est pas juste un accessoire de mode. La porter dans un autre contexte que celui originel est un manque de respect envers cette culture qui a été pendant longtemps opprimée.

 

Cela participe au maintien des stéréotypes

Tout ce que j’essayais de faire, c’était donner une performance par rapport à un endroit que j’aime énormément et dans lequel je trouve énormément de beauté. Il n’y avait aucune autre intention derrière.

C’est ce que Katy Perry déclarait après une performance lors de laquelle elle était habillée en geisha.

Malgré son désir d’honorer la culture asiatique, elle perpétue des stéréotypes négatifs sur les femmes issues de cette culture. Parmi ces derniers, les femmes asiatiques sont souvent enfermées dans un rôle d’objet sexuel soumis et passif à l’homme.

Ici, ces stéréotypes sont renforcés par les paroles ainsi que par les tenues de la chanteuse et de ses danseuses :

 

Sans réserve, sans condition,
Je t’aimerai inconditionnellement
Il n’y a plus aucune crainte à présent
Laisse-toi aller et sois libre,
Je t’aimerai inconditionnellement
Alors viens à moi tel que tu es,
Pas besoin d’excuse,
Sache que tu es méritant.

 

Inconsciemment, cette performance participe à la sexualisation de femmes venant d’une culture étrangère. Ce n’est pas sans conséquences de représenter de manière erronée une culture, surtout lorsque l’on propage des stéréotypes en faisant cela. Comme le dit très bien le slogan de cette campagne contre l’appropriation culturelle, « vous portez ce vêtement pour une nuit, on porte les stigmates toute notre vie ».

 

Cela pose la question de la légitimité et de la perception

 

L’appropriation culturelle est un terme dont on a beaucoup entendu parlé, notamment à travers la polémique de Kylie Jenner portant des cornrows (tresses africaines).

 

On a tous connu dans notre entourage, une personne non-Africaine qui trouve les tresses africaines « trop cool », sans même chercher à en savoir plus sur la culture africaine. Souvent, ce type de coiffure est plus une nécessité pour celles qui l’adoptent qu’un réel parti pris.

Quelle attitude doit-on adopter face à une femme qui arbore cette coiffe comme une tendance ? Quelle légitimité à faire cela ? Quand on sait que des femmes issues de cette principale culture ont été critiquées pour avoir arboré cette coiffure et ont même dû se battre pour que l’on accepte leur beauté naturelle, n’est-ce pas inapproprié ?

La réponse n’est pas simple. Il est nécessaire de souligner le traitement de faveur qui diffère en fonction de la personne qui arbore cet élément culturel.

On se dit que c’est une mode, une tendance, sans se soucier de la portée réductrice, négative et de l’atteinte qu’on fait à une communauté décriée. Des femmes ont été critiquées, licenciées, harcelées, insultées pour cette même attitude et se sont battues pour qu’on accepte juste leurs cheveux !

L’appropriation culturelle fait fi de tout cela au profit d’une finalité tendancieuse. On troque l’appréciation pour l’appropriation.

 

Cela génère du profit sur le dos de ces minorités

 

De cette légitimité et de cette perception découle une conséquence : le profit. En utilisant des codes culturels qui ne nous appartiennent pas, on contribue à la machine commerciale qui en abuse. C’est l’aspect opportuniste de l’appropriation culturelle.

Ces éléments empruntés à une culture sont principalement vendus pour créer une tendance. Ils sont utilisés et exploités sans en créditer l’origine. Si l’on prend l’exemple des déguisements, nous voyons depuis tout.e petit.e, dans les grandes surfaces, des costumes pour jouer aux cow-boys et aux indiens.

Bien que l’intention soit le simple divertissement, nous contribuons inconsciemment au développement commercial de cette tendance sans en créditer l’origine. On note alors que ce phénomène est entretenu car il permet de générer du chiffre et qu’il est une aubaine pour les fêtes commerciales comme Halloween. Sauf que tout cet argent ne sera jamais touché par les personnes concernées, qui sont elles, au contraire, généralement en difficulté économique.

 

Aux Etats-Unis, de nombreuses personnes se sont mobilisées pour dénoncer cet abus culturel. Des mouvements se sont mis en place comme cette campagne de sensibilisation qui scandait le slogan : « We’re a culture not a costume » (« nous sommes une culture pas un costume »).

Cette mobilisation a également pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MyCultureIsNotCouture. Ce hashtag dénonçait l’attitude des maisons de couture dans l’utilisation inappropriée qu’elles font des éléments inhérents à une culture sans en créditer l’origine.

 

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Notre article n’a pas pour but de clamer que les cultures ne doivent pas se mélanger. À l’approche d’Halloween, il faut juste prendre conscience qu’un choix aussi anodin que celui de se déguiser peut porter atteinte à des individus. Le problème d’appropriation culturelle peut être contré en étant plus ouvert.e, en aiguisant sa curiosité, en essayant de saisir et de comprendre le sens des éléments qui composent une culture, en regardant plus loin que la surface des choses. Promis, ce n’est pas si compliqué !

Happy Halloween !

Article co-écrit par Noha Boukadida et Fatima Bent[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_facebook][vc_tweetmeme][vc_separator][vc_widget_sidebar sidebar_id= »home-one »][/vc_column][/vc_row]