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Diabétique, je ne jeûne pas durant le Ramadan

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[Publié initialement le 24 juin 2017]
Salwa est diabétique de type 1. Elle est donc insulino-dépendante et il lui est interdit de jeûner, afin de ne pas mettre sa vie en péril. Elle nous explique en quoi le mois de Ramadan est difficile pour elle en tant que croyante.

 

 

« Je me sens vraiment exclue pendant le Ramadan. J’ai déjà essayé de jeûner, mais c’est trop difficile. J’ai beaucoup trop soif, si je ne bois pas toutes les quinze minutes, j’ai l’impression que je vais mourir – j’ai beaucoup trop de sucre dans le sang pour pouvoir me passer d’eau. Je bois environ six bouteilles de 1.5 litre par jour.

 

Je culpabilise beaucoup durant ce mois, parce que je me sens inutile. J’ai l’impression d’être une fausse musulmane, même si je sais très bien que je n’ai pas choisi d’être malade. Dans la rue, je vois souvent des gens ayant l’air épuisés et je me dis « les pauvres, ils doivent faire le Ramadan ». Quand je vois des personnes très âgées jeûner, je m’en veux, comme cet homme de plus de quatre-vingt-dix ans chez lequel je vais pour m’occuper de son épouse malade… Pareil pour ma mère, ayant des problèmes cardio-vasculaires mais jeûnant quand même. Quand je la vois souffrir et s’abstenir de boire et de manger, je me dis que j’aimerais tellement faire preuve d’autant de force, même si toute ma famille m’affirme que je n’ai absolument pas à jeûner en raison de ma maladie. Ma mère est la première à me gronder lorsque je me confie sur la culpabilité, mais elle reste aussi la première à ne pas respecter ce qu’elle prône, à savoir la préservation de sa santé en s’interdisant de jeûner en raison de sa maladie.

 

 

Le regard des autres

 

Ce mois est difficile, parce que, personnellement, je me sens mal, mais aussi en raison de certaines remarques. Le diabète est une maladie très méconnue. On m’affirme souvent qu’il faut simplement que j’arrête de manger du sucre pour guérir, sauf que c’est beaucoup plus compliqué que ça. On présuppose que les diabétiques le sont à cause de leur mode d’alimentation, donc un diabétique qui ne jeûne pas, c’est parfois aux yeux des autres une personne qui se trouve des excuses pour ne pas pratiquer le quatrième pilier de l’islam. Il « suffit » d’équilibrer son diabète, comme si c’était dépourvu de toute difficulté. On arrête de manger du chocolat et de boire du coca et hop, nous voici guéri·e·s ! Sauf que j’ai plus de cinq grammes de sucre dans le sang, ça atteint souvent les huit grammes – aussi incroyable que cela puisse paraître, quand on sait que les non-diabétiques ont environ 1 gramme de sucre dans leur liquide sanguin.

 

En 2005, on m’a diagnostiqué le diabète. Un proche m’avait conseillé de tenter de jeûner, malgré le fait que le médecin l’ait catégoriquement refusé. Cela part d’une intention bienveillante, on me conseille sur la façon de pratiquer la religion et de me montrer dévouée à Dieu, mais ça alimente surtout la culpabilité. J’ai mis du temps à assumer le fait de ne pas jeûner, moi qui pratiquais le Ramadan depuis mes dix ans. Désormais, cette personne comprend que je suis incapable de ne pas manger et de ne pas boire durant ce mois sacré, mais ça fait quand même mal de voir que les conséquences de cette maladie sont difficilement saisies.

 

Les remarques ne sont pas douloureuses uniquement lorsqu’elles viennent des musulman·e·s. Certain·e·s non-musulman·e·s ont déjà insisté pour connaître les raisons pour lesquelles je ne jeûnais pas, remarquant ma petite bouteille d’eau au travail. Je trouve cette indiscrétion particulièrement ennuyeuse. Sous prétexte que j’ai des origines arabes, je dois forcément me justifier, concernant ma pratique de la religion ? Je n’apprécie vraiment pas ces injonctions, manifestant la croyance selon laquelle l’Arabe est synonyme de musulman·e.

 

Comme ces personnes insistent, je leur explique parfois que je suis diabétique et que cette maladie m’empêche de pratiquer complètement le Ramadan. Cependant, ces dernières osent parfois m’affirmer que c’est tout de même faisable, étant donné que leurs ami·e·s diabétiques et musulman·e·s n’ont aucun problème à cesser de manger et de boire durant tout ce mois. Quelle condescendance…

 

C’est rigolo, parce que dans la vie quotidienne, on me pense rarement d’origine arabe, sauf durant le Ramadan ! Du coup, j’ai déjà été injuriée dans la rue, durant ce mois sacré, parce que j’étais en hypoglycémie et que je devais absolument boire quelque chose de sucré. Bien que je me faisais discrète, il s’agissait systématiquement d’hommes énervés qui m’insultaient de tous les noms. Cela me fait beaucoup de peine, parce qu’ils n’ont strictement rien compris à l’islam. Ils jugent tellement facilement.

 

En revanche, j’ai eu la chance d’avoir des collègues très pratiquant·e·s qui m’encourageaient à manger, avec beaucoup de bienveillance. Ils faisaient preuve d’empathie et cela redonne foi en l’humanité. Ils se montraient attentionnés et s’inquiétaient pour moi, surtout durant la chaleur, que j’ai beaucoup de mal à supporter.

 

 

La façon dont je vis le Ramadan

 

Durant ce mois sacré, j’essaie de prendre un bon petit déjeuner, afin de survivre à la faim de la journée, comme je n’ose pas forcément me nourrir. Je prends quand même une ou deux bananes avec moi, ce fruit étant l’équivalent d’un steak. Je bois de l’eau au travail, mais comme je refuse de boire dehors, ça reste difficile pour moi, ayant une heure de trajet. La soif est vraiment compliquée. Il arrive cependant que je ne mange rien de la journée, pas même le matin, parce que je n’ai pas très faim à huit heures, et je rentre donc affamée le soir, entre dix-neuf et vingt heures.

 

Je culpabilise moins de ne pas jeûner lorsque j’ai mes règles. Mais je me cache quand même pour manger, à la maison, parce que je ne veux pas que ma sœur me voie. Lorsque nous étions chez nos parents, je me sentais vraiment coupable, parce que ma mère et ma sœur, qui jeûnent, ne cessaient de me rappeler à quel point il était important que je mange, parfois tout près d’un proche devant lequel je n’apprécie pas de parler de ça. Je me sens exclue, le diabète établit forcément une certaine distinction entre les musulman·e·s en capacité de jeûner et nous, les malades.

 

Le Ramadan est à mon sens un vrai mois de partage. J’ai donc plaisir à cuisiner pour ma sœur, étudiante, vivant avec moi. J’apprécie l’idée de lui faire déguster mes bons petits plats, après une journée difficile sans nourriture et sans boisson. Son ftour (repas de rupture du jeûne) me permet de vivre le Ramadan par procuration. Je suis très triste qu’on ne puisse pas jeûner ensemble, mais c’est ainsi.

 

Il faut toujours être reconnaissant·e envers Allah, alors, al hamdoulillah (la louange est à Dieu), ma situation pourrait être pire. Mais j’avoue que la façon dont on considère le diabète dans notre société m’insupporte. Un frère musulman m’avait affirmé qu’il me trouvait incroyablement chanceuse de ne pas être obligée de jeûner et qu’il souhaiterait vraiment être diabétique, lui aussi, pour ne plus faire le Ramadan. Ce genre d’inepties prouve à quel point les individus ne se rendent pas compte de toutes les contraintes de ce cancer à vie. »

 

Crédit image à la une : Sanaa K

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Pourquoi je continue le sport pendant le Ramadan ?

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Au-delà de représenter 30 jours de jeûne, le Ramadan est un mois où l’on se recentre sur nous-mêmes et sur notre Créateur. Je le vois complètement comme un « mois pansement », où chaque jour est l’occasion de prendre soin de son âme. Pour beaucoup, c’est un mois d’excès en termes d’alimentation : friture, repas gargantuesques, gâteaux à profusion… Si manger fait clairement partie des plaisirs de la vie, accorder de l’attention à son corps et à son bien-être mental fait, d’après moi, également partie de nos devoirs. D’autant plus lors de ce mois béni.
Voici les quatre raisons principales pour lesquelles je continue le sport pendant le Ramadan, et pourquoi je vous encourage aussi à le faire.

 

Parce que mon corps est une amana

 

Une amana est un bien que l’on nous confie et que l’on devra rendre après un certain délai que le propriétaire aura fixé. Il faut en prendre soin et le rendre intact. Le corps en fait partie : il est l’un des bienfaits dont Allah nous a gratifié·e·s. Rappelez-vous la manière dont le Prophète (que la paix, le salut et la bénédiction soient sur lui) est décrit physiquement : « Son corps était bien proportionné (…) ses épaules, biceps et mollets étaient solides ». Notre apparence compte, elle nous représente.

 

Je fais du sport toute l’année, plusieurs fois par semaine, principalement pour entretenir cette amana dont je suis responsable. Arrêter cette activité physique sous prétexte de jeûne serait un non-sens pour moi.

 

Mais bien sûr, il n’est pas question de faire n’importe quoi, en faisant des séances aussi intenses que d’habitude, en soulevant des charges aussi lourdes ou en recherchant la performance. Ce n’est tout simplement pas le moment. Le corps est éprouvé par le jeûne, fatigué des nuits de sommeil découpées, le but n’est pas de le casser. C’est pour cela qu’il est important d’apprendre à l’écouter en adaptant son effort à ce contexte bien spécial. Je fais des séances plus courtes, moins intenses, mais le bien-être qu’elles me procurent est lui toujours bien réel.

 

Si vous n’avez pas l’habitude de faire du sport le reste de l’année mais que vous souhaitez commencer à cette période, je vous conseillerais juste de faire de la marche rapide. Une trentaine de minutes, le plus rapproché possible du moment de la rupture du jeûne. Et bien sûr, ne relâchez pas vos efforts une fois ces 30 jours terminés : profitez du reste de l’année pour gagner en intensité et passer de prochains mois de Ramadan d’autant plus sportifs.

 

Crédit photo : L’ancienne haltérophile des Emirats Arabes Unis, Amna Al Haddad

 

 

Parce que cela m’aide à m’organiser

 

La cuisine, c’est aussi l’un de mes plaisirs. Mais y passer la journée complète alors que je suis censée tout faire ce mois-ci pour me rapprocher d’Allah, je trouve ça dommage. De la même façon que je ne vois pas le mois de Ramadan comme un mois pour s’empiffrer, je ne le vois pas non plus comme « le mois de la cuisine ». La journée, en plus du travail, il y a beaucoup à faire : lecture, méditation, préparation du repas… Le tout sans négliger ses proches. Beaucoup vous diront « Je n’ai pas le temps pour le sport ».

 

Mais on peut essayer de trouver du temps. D’autant qu’en pratiquant du sport, vous pouvez en même temps méditer. Savoir que je me suis fixé l’objectif de continuer le sport, cela me force à m’organiser : je prépare quelques plats à l’avance que je congèle, je planifie mes journées en fonction de ce que j’ai prévu d’y faire. En Islam aussi, l’oisiveté est mère de tous les vices.

 

 

Parce que j’ai d’autant plus l’impression de me purifier

 

Le mois de Ramadan est un mois de purification. Il ne se résume pas à un jeûne alimentaire, c’est un état d’esprit que l’on y développe avec l’ambition de le prolonger tout au long de l’année. La plupart des musulman·e·s se fixent des objectifs de lecture, font tout pour éviter de s’énerver, détournent leurs yeux de la télévision, des réseaux sociaux et de tout ce que l’on peut y trouver pour nous faire perdre du temps. C’est un peu le « ménage annuel » de notre âme.

 

Après une bonne séance de sport, je me sens épuisée, mais dans un état second. Pendant quelques secondes, mon âme est ailleurs. C’est cet état que j’apprécie et que je veux retrouver, y compris pendant le Ramadan. Et quelle joie de l’atteindre alors que j’ai passé ma journée à jeûner ! La récompense est d’autant plus agréable que l’effort est difficile. Grâce à ce temps consacré à l’effort, j’ai tout oublié des tracas du quotidien, je me suis totalement recentrée sur moi-même et suis donc beaucoup moins déconcentrée par la suite lorsque je prie ou lorsque je lis quelques pages du Coran. Je me sens totalement dévouée à ce que je fais au moment présent. Le sport a ce bienfait de nettoyer totalement votre tête des pensées négatives. Personnellement, quand je termine une séance de sport et que je repense à mes angoisses de la journée, je me dis dans 99 % des cas « Ce n’était pas si grave ».

 

Crédit photo : gerakplus

 

 

Parce que je savoure mieux le ftour, le repas de rupture du jeûne

 

Je le disais plus haut, manger fait partie des plaisirs de la vie. D’ailleurs on ne va pas se mentir, à la base, je ne fais pas du sport pour le plaisir… Mais bien pour manger sans culpabiliser ! A la fin d’une journée de jeûne, vous rêvez juste d’un grand verre d’eau fraîche et d’un bon repas dont vous allez savourer chaque bouchée.

 

En temps normal, m’offrir un bon dessert quand je sais que j’ai transpiré à grosses gouttes pendant ma séance de sport est un vrai plaisir. Pourtant, je ne jeûne pas et je mange à ma faim pendant toute la journée. Alors imaginez la joie de savourer un repas complet, après une quinzaine d’heures sans rien avoir porté à votre bouche et après une séance de sport ! Je peux vous le dire, le plaisir est décuplé !

 

Vous avez l’impression de « mériter » d’autant plus ce que vous mangez. Et comme vous savez que vous en demandez beaucoup à votre corps, vous mangerez sûrement en faisant beaucoup plus attention à ingérer des choses « utiles » : des fruits, des légumes, des féculents et pas trop de sucreries ni de friture. Votre corps a besoin de carburant, ce serait dommage de l’en priver.

 

Crédit photo : We Heart It 

 

Les jours de Ramadan où je fais du sport, je sens que je me suis rapprochée de manière complète de mon Créateur. J’ai pris soin de mon âme à travers la lecture, j’ai tout fait pour maîtriser mes pulsions naturelles telles que la colère, et j’ai accordé une attention particulière à mon corps en lui réservant un moment rien qu’à lui. Moment qui me permettra ensuite de prier avec une concentration plus élevée.

 

N’oubliez pas que ce mois béni est « un engagement privé entre vous et Dieu », comme le décrit l’auteure Hanifa Deen. Savourez-en chaque minute mais surtout, faites de votre mieux.

 

 

Crédit photo image à la une: Jysm Fitness – Jeremy Bales

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Pourquoi je pratique le jeûne du mois de Ramadan

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Enfant, j’ai commencé à jeûner durant le Ramadan « pour faire comme les grands ». Puis, en étant adulte, j’ai arrêté de le pratiquer durant deux ans, avant de finalement comprendre pourquoi je ressentais un manque et le besoin de reprendre le jeûne.

 

Retour sur mon parcours allant du rejet au besoin.

 
Ma pratique religieuse est plus ou moins assidue selon les périodes : la seule constante est ma foi. Certain·es me placeraient dans la catégorie « musulmane discrète » : je ne prie pas à la mosquée, je ne porte pas le voile… Je sortais cependant de ma « discrétion » une fois par an, lorsqu’on me proposait un déjeuner et que je disais : « Désolée, je jeûne, c’est Ramadan ».

La différence de regard qu’avaient les personnes me connaissant le moins était d’ailleurs étonnante lorsqu’elles apprenaient que j’étais un peu plus pratiquante qu’elles ne le pensaient…

 

Une pratique « mécanique »

 

Ayant grandi dans une famille musulmane, j’ai effectué mon premier jeûne de Ramadan à 11 ans, voulant faire « comme les grands ». C’était à l’époque où le Ramadan avait lieu l’hiver, et les journées étaient courtes. C’était facile : ma mère nous préparait de bons repas le soir, de nombreux camarades au collège jeûnaient aussi… Pour moi, c’était surtout synonyme de fête familiale et de bons dîners.

 

Moi dès que le coucher du soleil était annoncé

 

J’ai quitté le cocon familial à 18 ans pour aller voyager trois ans à l’étranger. L’été et le Ramadan arrivant, ma mère était inquiète à l’idée que je le passe seule. Je n’avais pas de personne musulmane dans mon cercle proche. Elle était inquiète à l’idée que je fasse un malaise au vu des fortes chaleurs du pays où j’étais.

Je me sentais frustrée à l’idée de jeûner pendant Ramadan. J’avais l’impression de l’avoir fait par automatisme et suivisme toute mon enfance, sans pour autant comprendre pourquoi je le faisais. De plus, c’était la première fois que je jeûnais l’été : j’avais la sensation que jeûner m’empêchait de profiter pleinement de mes vacances à l’étranger. Je me disais que je ne serais pas là indéfiniment et que je louperais de nombreuses activités estivales dont je n’aurais plus l’occasion de profiter une fois rentrée en France.

J’ai alors commencé à faire un « jeûne de Ramadan à temps partiel » : je le faisais les jours de la semaine durant lesquels j’étudiais, mais je m’autorisais des pauses le week-end. Je me disais que je suivrais ce rythme étrange tant que je serais à l’étranger.

 

Moi pensant que c’était une super idée à l’époque

 

La première année, je vivais bien avec cette décision : ma mère était rassurée, je pouvais profiter pleinement de mon été. Mais la deuxième année fut différente : je sentais que quelque chose clochait. Pourquoi avais-je la sensation que quelque chose n’allait pas ? Pourquoi ne pouvais-je pas arrêter tout simplement de jeûner plutôt que d’avoir cette pratique étrange ?

J’ai réfléchi sérieusement à ces questions : j’avais l’impression que ne plus jeûner pendant Ramadan me rendrait encore plus « discrète » dans ma foi, jusqu’à ce qu’elle finisse par s’effacer. J’avais peur de devenir quelqu’un d’autre, de m’autoriser encore plus d’écarts, jusqu’à m’éloigner complètement de ma foi. Ce n’était clairement pas ce que je souhaitais, ma foi fait partie de moi.

L’année suivante, j’ai décidé de reprendre mon jeûne sérieusement après deux ans d’intermittence. Je n’avais pas rattrapé les jours que j’avais manqués mais il fallait bien reprendre quelque part !

 

Ma compréhension du sens du jeûne

 

Ce Ramadan avait eu un écho bien plus fort : j’étais seule à le pratiquer loin de ma famille, aucune personne musulmane dans un cercle proche. Ma première rupture de jeûne était loin de la table gargantuesque que ma mère préparait.

 


Oui, j’ai déjà rompu un jeûne avec des céréales

 

Petite, je ne comprenais pas pourquoi certain·es avaient hâte de voir la période de Ramadan arriver. C’était presque de l’excès de zèle pour moi, c’étaient « les bon·nes élèves », celles et ceux qui voulaient « des points bonus », qui disaient ça ! J’ai finalement compris pourquoi lorsque j’ai repris le jeûne après deux ans de pause.

Certain·es trouveront peut-être ces raisons peu compréhensibles, mais j’ai compris pourquoi j’avais besoin du Ramadan : au-delà du fait que c’est un des 5 piliers de l’Islam, c’est une période d’introspection pour moi.

 

J’ai besoin de jeûner pour :

  • Ressentir physiquement à quel point mon corps peut être affaibli et comment mon mental peut miraculeusement m’aider à me sentir énergisée pendant mon jeûne.
  • Savourer les aliments et apprécier le bien qu’ils font à mon corps.
  • Apprécier la magie d’une gorgée d’eau quand on a soif, une gorgée qui peut raviver des sensations jusqu’aux entrailles et qui rappelle également à quel point cette ressource est précieuse.
  • Mieux apprécier ma vie et la chance que j’ai, à savoir bénéficier de nourriture et d’eau dans un premier temps, mais aussi de mes proches, de ma bonne santé… Toutes ces choses pour lesquelles je me sens chanceuse.
  • M’arrêter et réfléchir à qui je suis et veux être.
  •  

    La première gorgée d’eau après le jeûne

     

    Je me retrouve à être enthousiaste à l’approche de cette période alors que petite, cela me semblait bizarre d’avoir hâte de voir le Ramadan arriver. Sans ce mois, j’ai l’impression d’être happée dans ma vie quotidienne en oubliant la beauté, la magie de ce corps humain résilient et de la vie en général.

    Alors oui, ma pratique n’est clairement pas parfaite et ne le sera jamais : je dois probablement rattraper deux mois de Ramadan, je devrais me mettre régulièrement à la prière et arrêter complètement l’alcool. Je suis heureuse cependant de voir à quel point ma pratique a de plus en plus de sens pour moi.

    Je vous souhaite à toutes et à tous un très beau Ramadan. Que vous soyez seul·e ou en famille, j’espère que ce mois vous apportera plein de belles choses.

     

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    Vers une recherche de sens du Ramadan

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    Plus que quelques mois.
    Quelques semaines…
    Quelques jours et…
    Le voilà, enfin arrivé !

     

    Notre mois béni, comme on aime si bien à l’appeler : LE RAMADAN

     

    Le Ramadan, une tradition séculaire et familiale

     

    Le Ramadan fait partie des 5 piliers de l’Islam ; les quatre autres étant la croyance en un Dieu unique, l’aumône, l’accomplissement des 5 prières rituelles et le pèlerinage à la Mecque. Concernant le Ramadan, ce rite est évoqué dans le Coran, dans la sourate 2, « Al Baqarah » (La vache) dont les versets en question sont traduits ainsi : « (Ces jours sont) le mois de Ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! »

     


     
    En tant qu’enfants, il n’est pas toujours facile de comprendre dans quel cadre s’inscrit le Ramadan. Les raisons, les motivations nous poussant à suivre cette pratique étaient au début pour moi plus de l’ordre du mimétisme. On fait comme nos parents, nos frères et sœurs, tout simplement ! Alors que j’étais en classe de CM2, m’approchant du portail quelques minutes après la sortie des classes, une femme venant chercher sa fille s’étonne de me voir manger et s’adresse à moi sur un ton réprobateur, jugeant qu’il était de mon devoir de faire le Ramadan à mon âge. Contrairement à elle, mes parents me considéraient trop jeune pour accomplir le jeûne – il est en effet d’usage pour les jeunes de commencer le Ramadan à la puberté. Bien que certains enfants ne l’accomplissent pas à cet âge, le jour de fête célébrant la fin du Ramadan réunit toute la famille, petit·e·s et grand·e·s, quitte à louper une journée d’école ! C’est le moment aussi d’enfiler sa plus belle tenue, achetée quelques semaines plus tôt, d’aller chez l’épicier du quartier car tous les enfants ont entendu dire qu’il donnait des bonbons ce jour-là, de jouer avec ses copains-copines en bas de l’immeuble, d’imaginer les motifs à donner au directeur pour justifier notre absence… Que de bons moments remplis d’amour et de partage avec nos proches !

    Au fil des années, à partir du collège, le Ramadan prend une toute autre dimension. Il devient une marque d’affirmation de notre pratique religieuse, de notre identité religieuse partagée par d’autres. Ces autres qui sont généralement des ami·e·s de quartier, scolarisé·e·s dans le même établissement et avec lesquel·le·s une solidarité se crée naturellement. Le jeûne, sa dimension rituelle, est accompli, respecté ; cependant, sa dimension spirituelle n’est pas ou peu conscientisée. Jusqu’au jour où nous cherchons à aller plus loin, à approfondir notre pratique et science de la religion, à ne pas considérer les choses comme une simple privation alimentaire.

     

    La dimension spirituelle et sociale du Ramadan

    C’est bien plus qu’une privation alimentaire.

    C’est un cheminement spirituel,

    C’est un véritable détachement matériel.

    Cet état d’esprit «  ramadanesque », auquel j’adhère totalement, est certainement partagé par d’autres musulman·e·s de France. Pour mettre en application cet état d’esprit, il est indispensable de se fixer des objectifs très concrets. Pour ma part, je souhaitais partager avec vous mes objectifs durant ce mois de Ramadan :

     

    Crédit photo : Muslim Mall | Le blog
     

    1. Réduire le gaspillage alimentaire
    2. Lire le livre sacré
    3. Prier « al fajr » à l’heure
    4. Aller à la mosquée
    5. Rester naturelle et sobre

     

    Durant ce mois béni, étonnement, la consommation des musulman·e·s de France augmente de façon vertigineuse alors que nous sommes censé·e·s moins manger, donc moins consommer. Au moment de la rupture du jeûne, il est si agréable de voir une table bien garnie, mais il est encore plus essentiel de s’inscrire dans une démarche citoyenne anti-gaspillage pour respecter celles et ceux qui ont moins.

    Chaque année, je me fixais comme objectif de lire le Coran, ce qui me paraissait insurmontable. Cette année, à l’aide d’un outil créé par « Imane Magazine », je poursuis mon objectif un peu plus chaque jour. Cet outil se compose de deux fiches et prend la forme d’un planning de lecture de Coran. Cette lecture hebdomadaire est très riche à la fois intellectuellement et spirituellement. Je ne la raterais pour rien au monde. Elle fait partie de mon rituel nocturne.

    Autre objectif : prier « al fajr » à l’heure. Cette prière de l’aube est très méritoire pour celui ou celle qui l’accomplit à l’heure. Ce mois béni est l’occasion de surmonter sa fatigue très accentuée et de trouver la force spirituelle de se lever et de prier. Et quelle satisfaction j’éprouve lorsque j’y parviens.

    La maison de Dieu, la Mosquée, accueille plus de musulman·e·s qu’habituellement durant cette période. Hommes et femmes  s’y retrouvent pour prier et accomplir des prières surérogatoires appelées « tarawih ». Cette salle de prière située à 10 minutes à pied de chez moi m’incite à m’y rendre dès que j’en ai la possibilité, et la motivation est d’autant plus grande lorsque je partage ce moment avec mon amie.

    Bien que je ne l’aie lu dans aucun livre, mon esprit assimile le Ramadan avec l’idée de la sobriété concernant mon aspect physique. Pour ma part, j’ai décidé par exemple de ne pas me maquiller du tout pendant cette période mais chacun·e est libre de répondre à ce « critère » de sobriété comme il·elle l’entend.

    Tout en respectant les prescriptions obligatoires, durant le Ramadan, chacun·e peut se fixer des objectifs personnels. Bien entendu, mes objectifs ne sont pas universels. Chacun·e doit trouver ceux qui auront du sens à ses yeux et qui seront atteignables. En effet, il est courant d’éprouver de la déception à la fin du Ramadan car nous n’avons pas pu accomplir telle ou telle chose. La déception n’est pas le sentiment qui doit nous habiter à la fin du Ramadan. C’est un sentiment de plénitude spirituelle, d’entière satisfaction qui doit nous envahir, estimant que nous avons vécu un mois riche et bénéfique, et qui le sera d’autant plus l’année prochaine si Allah nous accorde de le vivre avec nos proches.

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    (Dé)construction

    Top 10 des phrases les plus entendues pendant Ramadan

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    Les mois de Ramadan se suivent et ne se ressemblent pas… Enfin, sauf sur certains points. J’ai parfois l’impression que mes échanges avec les autres suivent un scénario bien précis, avec des dialogues pour le moins… redondants. Petit tour d’horizon des phrases que nous, musulman·e·s, entendons chaque année, pour le bonheur de notre patience que ce mois spécial est justement censé renforcer.

     

    1) Ohlala, je sais pas comment tu fais, moi je pourrais pas…

     

    Hum, comment tu sais alors que tu n’as jamais essayé ?
    Moi-même, je pourrais me dire que c’est impossible, étant donné que le reste de l’année, mon ventre gargouille à peu près 37 minutes après être sortie de table. Mais comme on dit, la foi soulève des montagnes : pendant Ramadan, la volonté me permet de me dépasser, d’aller au-delà de ce que je croyais être mes limites… et c’est justement ça que je recherche. Pour obtenir des résultats différents, il faut agir différemment. Donc pour récolter des fruits spirituels savoureux, j’estime nécessaire que Ramadan soit un mois différent des autres, qui me fasse sortir de ma zone de confort et me fasse expérimenter de nouvelles choses.

     

    2) Et si tu es sur le point de faire un malaise, tu peux manger ou pas ?

     

    Ben on vient de dire qu’on voulait expérimenter des choses nouvelles, non ?
    Plus sérieusement, le jeûne ne doit pas être une menace pour la santé, donc on peut évidemment le rompre en cas de nécessité. C’est d’ailleurs pour cette raison que certaines catégories de personnes (malades, âgées, enceintes, en voyage…) ont l’autorisation de ne pas jeûner. Si elles peuvent le faire à une autre période de l’année, elles rattrapent le nombre de jours manqués avant le prochain Ramadan ; si elles ne peuvent pas du tout jeûner, elles nourrissent des pauvres en compensation.

     

    3) Mais t’as le droit de boire, quand même ?

     

    Hé bien non. Pas le droit de manger, de boire, d’avoir des relations sexuelles, de s’énerver, d’être médisant·e, de faire du mal par ses gestes ou ses paroles, d’entretenir des mauvaises pensées… Donc je peux te dire que le plus dur, dans tout ça, ce n’est pas de ne pas boire.

     

    Qu’est-ce que les musulman·e·s ne peuvent pas faire pendant Ramadan : A) boire de l’eau ; B) ne pas boire de l’eau ; C) manger de l’eau ; D) pas même de l’eau ?

    Source : hilarioushijab

     

    4) Pas le droit de boire ? Mais c’est CRUEL !

     

    C’est marrant comme certaines pratiques ont une image complètement différente selon le culte auquel elles se rapportent. Si ce sont des bouddhistes qui jeûnent, c’est beau, ça leur permet de purifier leur corps, de s’élever spirituellement, d’apprendre la maîtrise de soi, de se détacher des désirs physiques… On s’émerveille de certains sages qui jeûnent pendant des jours et des jours. Mais si c’est l’islam qui le demande, alors c’est barbare et cruel.

    Tu veux que je te dise ce que je trouve cruel ? C’est qu’il y a un milliard d’êtres humains qui n’ont pas accès à l’eau potable DU TOUT, mais que ce qui te préoccupe le plus, c’est le fait que je ne puisse pas boire pendant quelques heures. Je pense qu’on pourrait réfléchir ensemble à une meilleure répartition de ton énergie et de ton attention.

     

    5) Mais t’as pas soif ?

     

    Non, parce que tu vois ma bosse, là, sur le dos ? C’est une réserve qui fond avec la chaleur et hydrate mon corps en continu, ce qui me permet de ne pas boire et de ne pas ressentir la soif pendant 36 heures consécutives.
    Sinon, en vrai, il fait 32° et je ne suis pas un chameau (bien que mon haleine puisse laisser penser le contraire), donc oui, j’ai soif. C’est ça le principe : expérimenter la faim et la soif. Donc pour ça, on ne mange pas, et on ne boit pas. Même si on a faim et soif. Voilà voilà…

     

    6) Et t’as le droit d’avaler ta salive ?

     

     

    Là, j’avoue que c’est une question que j’ai du mal à saisir. Le concept, c’est que je n’ai pas le droit de manger et de boire. A ce que je sache, je ne vais pas apaiser ma soif en avalant ma propre salive, si ?

     

    7) C’est fatiguant, non ?

     

    Parfois, j’ai l’impression que les gens veulent absolument que je leur dise à quel point c’est affreux et épuisant de jeûner, ou alors qu’ils recherchent une preuve que les musulman·e·s sont des êtres étranges venus d’ailleurs : la preuve, ils et elles peuvent se priver d’eau et de nourriture sans en être affectés, c’est qu’il y a anguille sous roche, non ?
    Sinon, pour répondre à la question : oui, on peut être fatigué·e, mais on peut aussi être surpris·e de se sentir plus en forme qu’en dehors des périodes de jeûne, car notre énergie n’est plus accaparée par notre digestion, et elle est maintenant disponible pour notre petite tête bien fraîche.

     

    Comment les non-musulman·e·s pensent qu’on se sent VS. Comment on se sent vraiment
    Source : hilarioushijab

     

    8) T’as le droit de manger des chewing-gums ?

     

    Contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, le mois de Ramadan n’est pas une période horrible, pendant laquelle on cherche à contourner les règles par tous les moyens possibles. L’immense majorité des musulman·e·s jeûnent de leur plein gré, et ne cherchent pas de palliatifs pour éviter de ressentir la faim, par exemple, puisque c’est justement par le jeûne qu’on cherche à se rapprocher de Dieu. Je m’attends presque à ce que m’on demande si j’ai le droit de prendre des comprimés coupe-faim avant le lever du soleil, pour tenir toute la journée sans ressentir les effets du jeûne. Quel est l’intérêt de jeûner, alors ?

     

    9) De toute façon, c’est hypocrite : le soir, vous vous goinfrez…

     

    Comme bien souvent, il faut faire attention à ne pas confondre les principes de l’islam et le comportement des musulman·e·s… La théorie, c’est que le mois de Ramadan doit nous apprendre le détachement, la simplicité, la satisfaction avec peu de choses, la gratitude pour ce qu’on a, la compassion envers les pauvres… La pratique, c’est que même pendant ce mois, on reste malheureusement fidèles à la société de consommation, et ces influences opposées provoquent de fâcheux courts-circuits dans nos têtes.

     

    10) Tu veux du chocolat ?

     

    Non merci, je jeûne. C’est la quatrième fois aujourd’hui que je te le dis et que tu me réponds « Oh mince, désolé·e, j’ai oublié ! », mais c’est pas grave. Ca rajoute un petit challenge supplémentaire quand on me propose à manger à longueur de journée.

    Crédit photo de couverture : Moosleemargh 

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    Diffuse la bonne parole

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    HealthyRamadan : Comment vivre un Ramadan sain et utile ?

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    « Avec amour tu es là, l’invité d’espoir, en toi il y a le don et le gain… Welcome Ramadan »

     
    Le coucher du soleil et c’est l’euphorie dans la cuisine. C’est l’heure du festin, enfin, c’est l’heure de l’iftar. C’est le repas qu’on a préparé toute la journée et pour cause, de nombreux plats sont sur la table : chorba, brick, salade, tajine, tchektchouka, sauces, viandes. Le ventre plein, je respire difficilement, je ne vais surement pas tenir pendant les prières ce soir. Une tonne de vaisselle à faire et surtout la moitié des restes à conserver, je trouve difficilement la place dans le frigo, alors j’empile. Le frigo est déjà deux fois plus rempli que d’habitude. Tous les soirs, l’excès et le gaspillage sont au rendez-vous. Ces différentes scènes te sont certainement familières, non? Personnellement, c’est de cette manière que je vivais le Ramadan.

    Depuis 2 ans, j’ai complètement changé ma manière de consommer durant ce mois. Si ça t’intéresse de savoir comment je m’alimente durant ce mois de Ramadan, je t’invite à lire mes articles #healthyramadan.

     

    Le déclic ? Un besoin de spiritualité

     

    Mes préoccupations tournaient autour de la nourriture : qu’est-ce que je vais manger ce soir ? Ai-je besoin de faire des courses ? Est-ce les quantités sont suffisantes ? Mon budget doublait pendant Ramadan. Les jours s’enchainaient sans que je ne ressente l’esprit de Ramadan. Celui du recueillement et de la méditation.

    Le déclic est arrivé un soir de Ramadan, je m’étais rendue aux prières nocturnes (tarawih). J’avais tellement mangé que j’étais incapable de me tenir debout et de me concentrer dans ma prière. J’ai eu le sentiment de « jeûner » pour rien. J’ai réalisé à quel point ma manière de m’alimenter m’empêchait de vivre pleinement ma spiritualité durant ce mois. Ce soir-là, je suis rentrée avec une profonde tristesse, mais surtout avec la volonté de changer !

    Mes priorités durant la journée n’étaient plus de savoir combien de plats j’allais cuisiner pour l’iftar, mais plutôt de lire et comprendre les versets que l’imam réciterait ce soir-là. J’étais impatiente, le tarawih était devenu mon rendez-vous à moi. Celui qui me faisait sentir que je vivais un mois pas comme les autres. La question de la nourriture était devenue complètement secondaire. Je suis enfin sortie de ma cuisine pour vivre pleinement ce mois béni. J’avais compris son sens profond : priver son corps pour nourrir son âme.
     

    Rupture du jeûne : prendre mon temps

    Crédit : Fatima de monretourauxsources.fr
     
    C’est devenu ma devise. Je ne me précipite plus à table pour manger 5 plats différents en moins de 10 minutes. Je prépare et je mange ce dont j’ai besoin. Pas d’excès. Prendre mon temps me permet d’évaluer ma faim et de manger en fonction d’elle. J’écoute mon corps et je ne le brusque pas, sous peine de gâcher les bienfaits du jeûne. Je savoure l’iftar avec quelques dattes, tout en manifestant ma gratitude envers Dieu. Cela peut prendre 2, 5 ou même 10 minutes. Je m’isole et de la même manière, je prends le temps de prier consciemment. J’éteins mon portable et tous les autres écrans, c’est le moment de couper et de faire une pause avec le virtuel.

    Arrivée aux prières nocturnes, plus de sensation de lourdeur et de fatigue : je suis prête.

    La mosquée est noire de monde, l’effervescence commence, la prière débute dans quelques minutes. Des sourires, des regards complices, on attend. La voix profonde et touchante du muezzin qui fait l’appel à la prière, je me presse de m’aligner, on se serre pour former des lignes parfaitement droites et parallèles. Un silence religieux s’installe et la voix envoûtante et intime de l’imam me surprend, me réveille, me touche pour ensuite me bercer et m’apaiser. La chair de poule, mes yeux s’humidifient, mon cœur est en vie.

    Bon Ramadan à toutes et à tous !

     

    Article écrit par Fatima du site monretourauxsources.fr. Etudiante en Naturopathie, passionnée par la nutrition, elle prône un retour vers une consommation consciente et responsable, notamment à travers une alimentation saine et gourmande !

     

    Photo de couverture : Crédit Fatima de monretourauxsources.fr

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    Diffuse la bonne parole

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