Vers une recherche de sens du Ramadan

par | 23/06/17 | Nos Voix

Plus que quelques mois.
Quelques semaines…
Quelques jours et…
Le voilà, enfin arrivé !

 

Notre mois béni, comme on aime si bien à l’appeler : LE RAMADAN

 

Le Ramadan, une tradition séculaire et familiale

 

Le Ramadan fait partie des 5 piliers de l’Islam ; les quatre autres étant la croyance en un Dieu unique, l’aumône, l’accomplissement des 5 prières rituelles et le pèlerinage à la Mecque. Concernant le Ramadan, ce rite est évoqué dans le Coran, dans la sourate 2, « Al Baqarah » (La vache) dont les versets en question sont traduits ainsi : « (Ces jours sont) le mois de Ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne ! »

 


 
En tant qu’enfants, il n’est pas toujours facile de comprendre dans quel cadre s’inscrit le Ramadan. Les raisons, les motivations nous poussant à suivre cette pratique étaient au début pour moi plus de l’ordre du mimétisme. On fait comme nos parents, nos frères et sœurs, tout simplement ! Alors que j’étais en classe de CM2, m’approchant du portail quelques minutes après la sortie des classes, une femme venant chercher sa fille s’étonne de me voir manger et s’adresse à moi sur un ton réprobateur, jugeant qu’il était de mon devoir de faire le Ramadan à mon âge. Contrairement à elle, mes parents me considéraient trop jeune pour accomplir le jeûne – il est en effet d’usage pour les jeunes de commencer le Ramadan à la puberté. Bien que certains enfants ne l’accomplissent pas à cet âge, le jour de fête célébrant la fin du Ramadan réunit toute la famille, petit·e·s et grand·e·s, quitte à louper une journée d’école ! C’est le moment aussi d’enfiler sa plus belle tenue, achetée quelques semaines plus tôt, d’aller chez l’épicier du quartier car tous les enfants ont entendu dire qu’il donnait des bonbons ce jour-là, de jouer avec ses copains-copines en bas de l’immeuble, d’imaginer les motifs à donner au directeur pour justifier notre absence… Que de bons moments remplis d’amour et de partage avec nos proches !

Au fil des années, à partir du collège, le Ramadan prend une toute autre dimension. Il devient une marque d’affirmation de notre pratique religieuse, de notre identité religieuse partagée par d’autres. Ces autres qui sont généralement des ami·e·s de quartier, scolarisé·e·s dans le même établissement et avec lesquel·le·s une solidarité se crée naturellement. Le jeûne, sa dimension rituelle, est accompli, respecté ; cependant, sa dimension spirituelle n’est pas ou peu conscientisée. Jusqu’au jour où nous cherchons à aller plus loin, à approfondir notre pratique et science de la religion, à ne pas considérer les choses comme une simple privation alimentaire.

 

La dimension spirituelle et sociale du Ramadan

C’est bien plus qu’une privation alimentaire.

C’est un cheminement spirituel,

C’est un véritable détachement matériel.

Cet état d’esprit «  ramadanesque », auquel j’adhère totalement, est certainement partagé par d’autres musulman·e·s de France. Pour mettre en application cet état d’esprit, il est indispensable de se fixer des objectifs très concrets. Pour ma part, je souhaitais partager avec vous mes objectifs durant ce mois de Ramadan :

 

Crédit photo : Muslim Mall | Le blog
 

  1. Réduire le gaspillage alimentaire
  2. Lire le livre sacré
  3. Prier « al fajr » à l’heure
  4. Aller à la mosquée
  5. Rester naturelle et sobre

 

Durant ce mois béni, étonnement, la consommation des musulman·e·s de France augmente de façon vertigineuse alors que nous sommes censé·e·s moins manger, donc moins consommer. Au moment de la rupture du jeûne, il est si agréable de voir une table bien garnie, mais il est encore plus essentiel de s’inscrire dans une démarche citoyenne anti-gaspillage pour respecter celles et ceux qui ont moins.

Chaque année, je me fixais comme objectif de lire le Coran, ce qui me paraissait insurmontable. Cette année, à l’aide d’un outil créé par « Imane Magazine », je poursuis mon objectif un peu plus chaque jour. Cet outil se compose de deux fiches et prend la forme d’un planning de lecture de Coran. Cette lecture hebdomadaire est très riche à la fois intellectuellement et spirituellement. Je ne la raterais pour rien au monde. Elle fait partie de mon rituel nocturne.

Autre objectif : prier « al fajr » à l’heure. Cette prière de l’aube est très méritoire pour celui ou celle qui l’accomplit à l’heure. Ce mois béni est l’occasion de surmonter sa fatigue très accentuée et de trouver la force spirituelle de se lever et de prier. Et quelle satisfaction j’éprouve lorsque j’y parviens.

La maison de Dieu, la Mosquée, accueille plus de musulman·e·s qu’habituellement durant cette période. Hommes et femmes  s’y retrouvent pour prier et accomplir des prières surérogatoires appelées « tarawih ». Cette salle de prière située à 10 minutes à pied de chez moi m’incite à m’y rendre dès que j’en ai la possibilité, et la motivation est d’autant plus grande lorsque je partage ce moment avec mon amie.

Bien que je ne l’aie lu dans aucun livre, mon esprit assimile le Ramadan avec l’idée de la sobriété concernant mon aspect physique. Pour ma part, j’ai décidé par exemple de ne pas me maquiller du tout pendant cette période mais chacun·e est libre de répondre à ce « critère » de sobriété comme il·elle l’entend.

Tout en respectant les prescriptions obligatoires, durant le Ramadan, chacun·e peut se fixer des objectifs personnels. Bien entendu, mes objectifs ne sont pas universels. Chacun·e doit trouver ceux qui auront du sens à ses yeux et qui seront atteignables. En effet, il est courant d’éprouver de la déception à la fin du Ramadan car nous n’avons pas pu accomplir telle ou telle chose. La déception n’est pas le sentiment qui doit nous habiter à la fin du Ramadan. C’est un sentiment de plénitude spirituelle, d’entière satisfaction qui doit nous envahir, estimant que nous avons vécu un mois riche et bénéfique, et qui le sera d’autant plus l’année prochaine si Allah nous accorde de le vivre avec nos proches.

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