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Top 8 des perles sexistes / islamophobes / racistes du mois d’octobre

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Les femmes – musulmanes ou non – semblent être, bien malgré elles, un des sujets de discussion préférés de nos personnages publics français. Chaque mois, retrouvez le top des perles sexistes et/ou islamophobes du mois précédent !
Octobre a été à la hauteur de nos attentes. Avec le succès des hashtags #Metoo et #BalanceTonPorc et surtout la réaction des dits porcs, nous avons eu notre lot de sexisme puissance 1000 pour l’année, je dirais. Malheureusement, ce n’est sûrement que le début…

 

Dimanche 1er octobre : D’après Dossier Tabou, le harcèlement sexuel… c’est la faute de l’Islam.

Selon le chroniqueur de l’émission Dossier Tabou, diffusée sur M6, l’une des causes du harcèlement de rue serait l’Islam. On se demande franchement le rapport car le comportement et les paroles des hommes que l’on voit dans le reportage n’ont strictement rien à voir avec l’Islam.

En aucun cas la religion ne cautionne ce genre de comportement. L’émission fait également un rapprochement douteux avec les agressions qui se sont produites à Cologne ou durant les manifestations sur la place Tahrir en 2011 en Egypte. L’Islam prône pourtant le respect, aucun texte sacré ne dira le contraire. Il est si facile d’instrumentaliser une religion pour faire de l’audimat ou pour récupérer des voix électorales… C’est d’ailleurs sur cette vague que surfe une certaine Marine, aidée de temps en temps par des journalistes dont les reportages mettent en cause l’Islam comme explication à tous les maux du monde…

Nous savons pourtant que le harcèlement de rue concerne toutes les femmes, et que les harceleurs sont partout et de toutes les origines ou religions. Jusqu’à preuve du contraire, Denis Baupin, DSK ou encore Weinstein, pour ne citer qu’eux, ne sont pas musulmans. L’historienne Christine Bard, professeure à l’Université d’Angers et auteure de Ce que soulève la jupe, revient avec justesse sur l’émission et défait certains propos tenus dans l’article Harcèlement : « Il n’y a pas eu d’âge d’or des libertés des femmes ». La page féministe qui dénonce le harcèlement de rue, Paye ta Shnek, qui a d’ailleurs refusé de participer à l’émission pour ne pas voir sa parole déformée à des fins racistes et islamophobes prévisibles, a également commenté l’émission sur son fil Twitter. Comme elle l’écrit, « On ne cessera de rappeler que le harcèlement sexiste n’est pas une nouveauté, encore moins un privilège d’hommes musulmans comme cela a été insinué. Les attitudes sexistes sont pratiquées par tous les types d’hommes, que cela arrange vos affaires ou non, c’est un fait. »

 

Mardi 3 octobre : Manuel Valls confond sexisme et « Islam politique ».

Dimanche 1er octobre, Danièle Obono, députée LFI (La France Insoumise), est interviewée sur BFM TV au sujet des lois anti-terroristes mises en place par l’Etat. La journaliste lui demande alors : « Un chauffeur qui refuse de conduire un bus après une femme, est-ce un homme radicalisé ? ».

Danièle Obono a très justement estimé qu’un chauffeur refusant de prendre son service dans un bus sous prétexte qu’une femme l’avait précédé faisait preuve de sexisme et pas nécessairement de radicalisation.

Sur RTL, quelques jours plus tard, Manuel Valls ne s’est pas gêné pour analyser les propos de la députée, lui reprochant de faire « acte de complaisance » et preuve de « complicité avec l’islam politique ».

Voyons Manuel, pas à nous s’il te plaît…

 

 

Mercredi 4 octobre : Pour le footballeur américain Cam Newton, les femmes ne comprennent rien au sport.

 

« C’est drôle d’entendre une femme parler de tracés, c’est marrant !»

Ce propos a été prononcé lors d’une conférence de presse par le footballeur américain Cam Newton, à une journaliste de The Observer, Jourdan Rodrigue, et tout cela avec un large sourire hautain… Cette dernière a préféré répondre sur twitter :

« Je ne pense pas que ce soit « drôle » d’être une femme et de parler de tracés. Je pense que c’est mon travail. J’ai parlé avec lui ensuite et c’était pire. J’ai choisi de ne pas le partager parce que j’ai un vrai boulot à faire et il ne m’en empêchera pas. »

Les propos du quarterback ayant fait scandale, un de ses sponsors, la filiale américaine de Danone, s’est retiré…

Et oui… Qui s’y frotte s’y pique…

 

 

Jeudi 5 octobre : On demande à Christiane Taubira de disserter sur les insultes dont elle a été victime.

 

 » Quand on subit une telle violence, c’est à moi de venir face à cette dame-là, à ce qu’elle dit ? Je vais venir faire de grands développements philosophiques ? Enfin, où sommes-nous ? Elle attaque juste une personne, là ? Elle attaque un pays, des valeurs, une histoire ! Et vous m’interrogez moi ? »

Invitée de l’émission Complément d’Enquête, sur France 2, un journaliste demande à Christiane Taubira de réagir à une vidéo revenant sur les insultes dont elle a été victime au cours des quatre ans qu’elle a passés au ministère de la Justice. On y voit une femme la comparer à un singe. Blessée, l’ancienne ministre décide de mettre fin à l’interview…

Et on la comprend : qui aurait aimé donner de son temps pour revenir sur des insultes effroyables et leur donner du crédit en discutant à leur sujet ? Débattre de la bêtise, c’est comme donner de la confiture aux cochons.

 

Samedi 7 octobre : Anne Nivat, grand reporter, est présentée comme « la femme de Jean-Jacques Bourdin ».

 

Invitée de l’émission Salut les terriens sur C8, Anne Nivat, grand reporter, est venue parler de son livre Dans quelle France on vit. Mais lorsqu’il la présente, Tom Villa, chroniqueur, semble pourtant oublier l’essentiel.

« Il n’a quand même pas dit le principal en ce qui me concerne. C’est que ma fonction, ce n’est pas « être femme de Jean-Jacques Bourdin ». C’est grand reporter. Oui, pour tout le monde, il l’a dit. »

Ce à quoi Laurent Baffie nous rétorque : « Où est le dresseur ? ».

 

 

Non, Monsieur Baffie, Anne Nivat n’est pas une chienne enragée que l’on doit dresser, comme vous le sous-entendez. Elle souhaite juste être présentée à sa juste valeur, et notamment sa valeur professionnelle. La journaliste, au demeurant peu soutenue par les autres invités (exclusivement masculins) autour d’elle, demande donc à ce que la chronique soit refaite. Tom Villa s’exécute et termine sur une dernière remarque très pertinente de Laurent Baffie : « C’est du sexisme. (ironie) ».

Well ! Laurent Baffie (et tous les autres), effectivement vous avez assisté à une scène sexiste où la femme est diminuée au profit de son mari alors que l’objet de la venue du couple est bien de présenter le livre d’Anne Nivat. Oui ! Vous lisez bien ! Une femme écrivaine ! IN-CRO-YA-BLE ! Rappelons-le, le titre de son livre est Dans quelle France on vit. Et bien visiblement dans une France sexiste, comme nous en avons eu la démonstration.

 

Lundi 16 octobre : Bruno Le Maire explique sur France Info qu’il ne dénoncerait pas un homme politique coupable de harcèlement sexuel.

 

« – Connaissez-vous aujourd’hui un homme politique dont on dira dans dix ans : « Nous savions qu’il était un harceleur » ?
– Non.
– Sinon vous le dénonceriez ?
– Non.
– C’est compliqué ?
– C’est compliqué, mais… la dénonciation ne fait pas partie de mon identité politique. »

Premièrement, non, ce n’est pas compliqué de dénoncer une personne qui commet un délit et encore moins si celle-ci est détentrice de l’autorité publique. C’est un devoir.

Deuxièmement, rappelons que vous prononcez ces propos alors que dans le même temps, votre collègue Marlène Schappia prépare une loi sur la pénalisation du harcèlement sexuel.

Troisièmement, quelle que soit votre identité politique, selon l’article 40 du Code pénal, « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République… ».

Bruno Le Maire s’est-il rendu compte de son erreur de com’ ? Toujours est-il qu’il a diffusé un correctif dans une vidéo sur Twitter où il reconnaît : « Je me suis mal exprimé, je le regrette ». Il dit même qu’il veut devenir féministe. Non, pardon ! Là je vais trop loin ! Mais il est prêt à participer à ce combat « avec sincérité et avec cœur ».

 

 

Mardi 17 octobre : Sur Europe 1, Eric Zemmour compare le #BalanceTonPorc à la délation des Juifs·ves durant la Seconde Guerre mondiale.

« Ben moi, vous savez, dès que je vois une meute je me méfie, et là en plus c’est vraiment des méthodes étonnantes, de délation, c’est-à-dire pendant la guerre, on aurait dit de libérer la parole aussi : Dénonce ton Juif, ça aurait été parfait. »

Monsieur Zemmour, ouvrez s’il vous plait le dictionnaire à la page « délation ». Vous y trouverez comme définition : « dénonciation intéressée, méprisable, inspirée par la vengeance, la jalousie ou la cupidité ». #BalanceTonPorc ne correspond pas à cela, ce sont des femmes, des victimes de harcèlement ou d’agression-s sexuelle-s qui témoignent, par esprit de justice. Celles qui parlent aujourd’hui ne sont pas les collabos d’hier mais des victimes, comme l’ont été,  dans une autre mesure, les Juifs·ves durant la Seconde Guerre mondiale.

 

Mercredi 25 octobre : La Une du Parisien sur le harcèlement sexuel des femmes confisque totalement la parole aux concernées.

 

Crédit photo : France Info

 

Messieurs, nous vous remercions énormément de votre engagement contre le harcèlement sexuel que subissent les femmes. Néanmoins, nous sommes les principales concernées par ce phénomène. Il est donc normal que ce soit nous qui portions le message (pour une fois) et qui fassions la Une. Malheureusement (et encore une fois), on nous silencie, on prend la parole à notre place. Qui mieux que nous pour parler et témoigner du harcèlement sexuel ? Surtout pas un homme ! Surtout pas seize hommes !

Il serait bon, la prochaine fois, de nous laisser la Une, nous laisser la place, nous laisser la parole, tout simplement !

 

 

Auteures : Lamia et Hannanas

 

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Noire et musulmane, mon identité est multiple

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« Tu connais MHD ? Tu dois comprendre les paroles, alors ? »
« Y a beaucoup de Maliens à Montreuil, hein ?! »
« Hein ?! Tu bois pas d’alcool ? Elle doit être triste, ta vie ! »

 

De cette soirée que j’ai passée, je retiens ces trois phrases prononcées par deux hommes que je ne connaissais pas. Je m’en souviens comme si c’était hier, ce qui prouve l’empreinte négative qu’elles ont laissée dans mon esprit. Je n’avais rien demandé, pourtant… La soirée avait si bien commencé… Mais c’était sans compter ces trois phrases que j’essaie tant bien que mal de décrypter depuis.

 

Non, je ne parle pas « l’africain »

 
La première me fait doucement rire et m’agace à la fois. De son point de vue, il me semble que cet homme est parti du postulat le plus simpliste qu’il m’ait été donné d’entendre, à savoir que les Noir·e·s parlent et comprennent tous la même langue. Ô toi, homme que je ne verrai certainement plus, sache que les Noir·e·s ne parlent pas tous la même langue car en « Afrique » aussi bien qu’en Europe, il n’existe pas une seule langue commune à tou·te·s. Désolée de te décevoir.

L’Afrique n’est pas un « grand pays », il serait temps que nous arrêtions de parler de « l’Afrique » comme étant un territoire homogène, sans nuances.
 

 
L’Afrique est un CON-TI-NENT qui compte 55 Etats et sur lequel plus de plus de 2 000 langues sont dénombrées, dont une centaine serait maîtrisée par plus d’un million de locuteurs. Les langues les plus parlées seraient, selon des sources très variables et parfois divergentes, dans cet ordre : l’arabe (plus de 150 millions de locuteurs), le kiswahili (plus de 100 millions), l’amharique (entre 28 et 50 millions), le haoussa (entre 18 et 50 millions), le yorouba (30 millions), l’oromo (25 millions) et l’ibo (24 millions), avant le lingala (entre 2 et 25 millions, selon les sources) puis le kinyarwanda et le kirundi (entre 15 et 20 millions), deux langues cousines qui partagent avec l’isizoulou et l’isixhosa (respectivement, 10 et 8 millions de locuteurs) leur appartenance au grand sous-groupe des langues bantoues. Bref. Voilà pour « la langue africaine ».
 

Non, ce n’est pas parce que je suis noire que je connais tou·te·s les Noir·e·s

 
Il arrive très souvent que l’on me pose des questions sur le « type » de population vivant dans mon quartier. « Il y a beaucoup de Maliens à Montreuil, hein ? » Je suppose que cet homme voulait signifier que j’étais en mesure de recenser le nombre de Malien·ne·s vivant autour de moi. Car comme eux, je suis noire. Evidemment, puisque selon lui, entre Noir·e·s, nous nous connaissons tou·te·s… Il ne nous viendrait bien sûr pas à l’esprit de demander à Pierre du XVème s’il y a beaucoup de Portugais·es dans son quartier parce que l’on suppose qu’il les connait tou·te·s. Il serait absurde de penser que la couleur de peau comme dénominateur commun fait de nous des êtres identiques et appartenant au même cercle.
 

Je ne bois pas d’alcool et je vais bien, merci

 
Pour finir, j’ai eu droit à une phrase concernant mon rapport à l’alcool, ou devrais-je plutôt dire mon non-rapport à l’alcool. Sous prétexte que je ne bois pas d’alcool, certaines personnes estiment que je ne profite pas assez, que je passe à côté de ma vie… Je ne savais pas qu’il existait un lien étroit entre boire et profiter de la vie. Pour ma part, « profiter de la vie » passe par de tout autres manières d’agir, comme me retrouver en famille, avec mes amies, faire de nouvelles rencontres, voyager, etc. Pour expliquer mon comportement, j’aurais pu invoquer des raisons religieuses difficilement audibles dans le contexte dans lequel je me trouvais. Alors, j’ai préféré me taire pour ne pas m’engager dans un débat sans fin – qui lui aurait certes peut-être permis d’accepter et de respecter celles et ceux qui agissent à contre-courant de cette norme qui encourage la consommation d’alcool.
 

Ma différence, c’est ma force

 
Malgré un contexte difficile, cultiver ma différence et affirmer mon identité culturelle et religieuse ne m’a jamais tenu plus à cœur qu’aujourd’hui.
 

Crédit photo : Lallab

 
Il est vrai qu’étant originaire de province, plus précisément d’une commune portant le doux nom de Brive-la-Gaillarde, je n’avais jamais ressenti le besoin de me démarquer, mais plutôt de suivre une norme. Une sorte de mimétisme involontaire, lié à mon groupe d’appartenance, composé essentiellement de personnes d’origine maghrébine – j’étais la seule Noire de ce groupe mais aussi du quartier dans lequel je vivais. Minoritaire, je me laissais bercer par leurs influences diverses : musique, nourriture, robes, … Par exemple, à l’occasion de mariages, il me semblait inconcevable de porter des robes sénégalaises, les considérant inappropriées à des mariages marocains. Aujourd’hui, fort heureusement, mon point de vue sur la question a évolué.

Non seulement j’ose porter des robes traditionnelles lors de mariages de cultures variées, mais également dans mon quotidien. Dès qu’arrive le mois béni du Ramadan, en plus d’être impatiente de le vivre et d’en tirer tous les bénéfices possibles, j’ai aussi hâte de faire confectionner une nouvelle tenue que je vais pouvoir arborer fièrement lors de la fête de l’Aïd et en d’autres occasions. L’art vestimentaire, le pouvoir du wax (tissu ayant reçu un cirage sur les deux faces, aux motifs et aux couleurs variées) participe à mon affirmation culturelle, que je développe par d’autres biais, dont l’art capillaire. Pour ma part, l’art capillaire passe par un retour à l’afro. Ce mouvement afro-capillaire est très en vogue à l’heure actuelle et réunit de plus en plus d’adeptes. La règle : assumer ses cheveux naturels, autrement dit son afro, et délaisser les produits les dénaturant (défrisage, tissage, …). La finalité : devenir une nappy girl (contraction de natural et happy) ! Mais comme le dit si bien Solange Knowles : don’t touch my hair – je défends quiconque de toucher mes cheveux.
 

Crédit photo : Solange Knowles – Don’t touch my hair

 
Solange Knowles, la bloggeuse de Black Beauty Bag Fatou N’Diaye, Rokhaya Diallo, la page Facebook « Sois une nappy », etc. : toutes ces figures mettent en lumière la diversité et la beauté des femmes africaines qui n’ont pas besoin de recourir à des artifices pour s’assumer pleinement. Cette vision dans laquelle je ne me suis pas reconnue au départ, mais à laquelle j’ai été de plus en plus sensible, m’a encouragée à remettre en question mon rapport à mon corps, plus exactement à mon identité, à l’image que je voulais renvoyer : celle d’une femme revendiquant sa culture, ses origines au travers de ses coiffures et de son style vestimentaire laissant transparaître une touche africaine.

Mon point de vue sur ce sujet a évolué, car bien que présentant un certain nombre d’inconvénients (les transports en commun, les retards, les bouchons et j’en passe !), Paris a toutefois l’avantage de concentrer des groupes de populations auxquels il est possible de s’identifier, ce qui n’est pas forcément le cas en province. Ainsi, une personne noire portant une coiffure afro pourra être pointée du doigt par des gens qui estiment qu’elle n’est pas coiffée, alors que c’est le cas. Contrairement à ce que les gens ont coutume de penser, porter l’afro nécessite beaucoup d’entretien ; il ne s’agit pas de laisser ses cheveux à l’air libre au risque de les voir se casser.

A titre individuel, mon cheminement culturel et identitaire est en cours et est en bonne voie, me semble-t-il. Néanmoins, d’un point de vue collectif, il reste des points à améliorer pour permettre à chacun·e d’avoir accès à des leviers à partir desquels s’opèrera une pleine prise de conscience de la richesse et de la beauté de sa diversité culturelle – qu’il·elle décidera ou non d’affirmer.
 
 
Crédit image à la une : Ben Biayenda
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Portraits

« J’en veux à la France de faire de nous l’Ennemi Public Numéro Un »

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Dans Confidences à mon voile, Nargesse Bibimoune, déjà auteure du roman à succès Dans la peau d’un thug, revient sur son parcours de femme voilée en France. Sans fioritures, avec une simplicité transperçante, Nargesse raconte des bribes de vie qui ne seront que trop familières à plus d’une femme voilée/enturbannée/couvre-cheffée. Voilée ou non, femme ou homme, c’est un livre à lire absolument.

 

Ce journal intime, je l’ai lu d’une traite, en ne m’arrêtant que lorsque je devais attraper un mouchoir pour essuyer mes larmes. Je parle de journal intime car c’est la forme qu’a donnée Nargesse Bibimoune à son second livre. Elle y revient sur toutes les étapes marquantes de sa vie de femme voilée en France : de sa décision de se voiler à l’été 2002, à sa vie actuelle de femme épanouie, en passant par la loi de mars 2004 (interdisant le port de signes religieux à l’école) et les débats sur le voile qui n’ont cessé depuis. Munie de mon petit crayon, j’ai souligné tous les passages révélateurs du climat français, criants de vérité, émouvants… avant de me rendre compte que l’ensemble du livre l’était. Je me suis naturellement mise à écrire tant ses mots faisaient écho à ma vie et mes maux. Il est temps que nos pensées, nos combats, nos vies soient mis en lumière.

 

« Je suis à bout mon hijab »

 

Nargesse ne veut pas incarner les femmes voilées mais son texte peut faire écho à chacune d’entre nous. Même si les scènes vécues ne sont pas exactement les mêmes, les ressentis sont similaires. En premier lieu le sentiment d’injustice. A juste titre, elle écrit :

Nous n’avons même pas le temps de découvrir la justice que nous sommes déjà confrontées à l’injustice.

L’injustice prend différentes formes comme les discriminations, les inégalités, le racisme de nouveau décomplexé… Mais la première strate de l’injustice, la plus pernicieuse, est la violence symbolique. Les regards désapprobateurs, les remarques marmonnées de façon à n’être audibles que par nous, la boule au ventre en se rendant dans un nouvel endroit, la peur d’être refusée à cause de notre voile… La violence symbolique fait des ravages et ne nous aide pas à nous construire. Nargesse décrit parfaitement son parcours de fille devenue femme non sans difficultés. Son témoignage se lit avec émotion et illustre le développement psychologique accéléré. Nous grandissons trop vite, surtout celles qui ont décidé de le porter en pleine adolescence. Dans cette période où l’on cherche l’approbation des autres, il est extrêmement dur de se construire dans l’adversité. Les humiliations sont autant de poignards plantés dans nos jeunes cœurs. Avec résignation, nous nous devons de panser ces plaies béantes.

Ce livre est précieux pour comprendre le processus qui mène de l’incompréhension à la souffrance, et de la souffrance à la révolte. Après les temps de l’humiliation, du désarroi, du ras-le-bol, de la dépression, de la douleur et bien d’autres, vient celui de la colère et de la révolte. En effet, les solutions d’avenir qui se proposent aux femmes voilées ne sont pas illimitées : la dépression ; le repli sur soi et communautaire pour être enfin tranquille ; la révolte. La première n’est pas viable et la deuxième se révèle souvent décevante.

Nous sommes donc programmées à être révoltées pour exister dans cette société qui nous rejette. Je me joins complètement au cri du cœur de Nargesse : « J’en veux à la France de faire de nous l’Ennemi Public Numéro Un ». Le côté positif est que cette adversité a insufflé en moi la hargne pour maîtriser la langue, l’envie de connaître mes droits, le besoin de me battre pour changer ma situation. Mais à quel prix ? Ce combat imposé peut nous rendre fortes, mais surtout très fragiles. Lorsque Nargesse confie « Je suis à bout mon hijab », les mots se suffisent à eux-mêmes.

 

Cachez cette faiblesse que je ne saurais voir

 

Choisir de mettre le foulard en France, c’est accepter que « la moindre des activités devien[ne] un combat » comme l’explique si justement Nargesse. Ecole, plage, magasin, entreprise… On apprend à vivre sur la défensive, au point de friser la paranoïa. Mais à notre niveau, c’est franchement justifié. Pour s’accorder un peu de répit, on se surprend à rêver comme Nargesse : « Des fois, j’aimerais que tu sois transparent, que tu sois si petit que personne ne te voie, et que l’on arrête enfin de me parler de toi ». Par là même, on entre dans le cycle d’adaptation aux attentes de la société. Dans mon cas, cela a revêtu la forme d’un engagement personnel à ne plus mettre de foulard noir, « parce que ça fait trop peur », me disais-je il y a cinq ans. En réalité, noir ou coloré, foulard ou turban, mon voile fera toujours peur et ne sera accepté que lorsqu’il disparaîtra.

Malheureusement, le « ton voile fait trop peur » a un frère siamois. J’ai nommé « ton voile est trop occidentalisé ma sœur », prêché par les apôtres de la haram police (aujourd’hui utilisé à tort et à travers, haram signifie illicite en arabe et est un concept religieux à l’origine utilisé pour désigné ce qui a strictement été interdit par les textes sacrés et la pratique prophétique). « Ma sœur on voit ton cou », « tu mets du vernis », « tu t’épiles les sourcils ». Pour beaucoup, ce sont des signes de coquetterie, pour certain.e.s musulman.e.s, ce sont des signes d’impudeur. (Je tiens à préciser que je ne veux surtout pas lancer un énième débat sur l’épilation des sourcils ou le vernis. Ici, je déplore uniquement la focalisation qui est faite sur des détails physiques alors que nous nous devons de travailler notre spiritualité.) Donc en gros, on se doit de correspondre au modèle de la Marianne au sein nu (aux dernières nouvelles elle aurait le sein nu car elle est libre, elle, selon Valls !) et en même temps respecter une vision monolithique du modèle de la femme musulmane « respectable ». Nausée. L’infantilisation des femmes n’a aucune frontière. Mais chut, on ne se plaint pas ! Au risque d’être pointée du doigt comme « militante de l’islamisme politique qui ose se victimiser ». Face palm.

 
Sorority
La sororité selon Sanaa K.
 

Face à toute cette adversité, que nous reste-t-il ? La famille, lorsqu’elle est compréhensive, les ami.e.s les plus proches, ceux et celles qui nous aiment pour ce que nous sommes, et surtout la sororité. Vers la fin de son livre, le passage de Nargesse sur la sororité m’a mis du baume au cœur. La sororité, c’est ce groupe de personnes qui sont, comme nous, à l’intersection de plusieurs discriminations. Celles qui, non seulement nous écoutent, mais comprennent notre vécu car elles sont également passées par là. A chacune de construire sa propre sororité (un conseil : Lallab constitue un vivier de sœurs de lutte). La sororité, ce sont aussi ces inconnues, que nous ne connaissons pas mais auxquelles nous sommes reliées par ce voile commun, ce vécu commun.

Un sourire d’une sœur de lutte suffit à insuffler du courage et illuminer une journée pleine d’adversité. La sororité est essentielle à la survie en milieu hostile.

 

Quand la sœur de sang devient une sœur de lutte

 

J’ai versé les larmes les plus chaudes à la lecture de la lettre qu’elle a adressée à sa petite sœur lorsqu’elle a décidé de se voiler à son tour. Et pour cause, j’ai vécu exactement la même chose il y a de cela quelques semaines. J’ai été déstabilisée en surprenant ma sœur en train de tenter tant bien que mal d’attacher son foulard. Je ne m’y attendais pas, j’espérais que ça n’arriverait pas si tôt. Tout comme moi exactement six ans auparavant, elle n’avait prévenu personne, avait pris sa décision dans son coin.

Après la surprise, place à l’interrogatoire en bonne et due forme.

Tu es sûre ? Tu le fais à 100% pour Dieu ? Je t’ai expliqué combien c’était dur, tu penses être prête ?

Que des réponses affirmatives, je ne peux plus rien faire, je dois me résoudre à la laisser voler de ses propres ailes. Mon Dieu que c’est dur. Les bras s’enlacent, les visages se collent et les larmes s’entremêlent. Des larmes d’émotion, des larmes d’appréhension, des larmes de peur. Entre deux sanglots, j’arrive à lui dire « Tu entres dans un monde dans lequel je ne pourrai plus te protéger ».  

Ce monde nous détruit par à-coups vicieux, par petites piques en apparence inoffensives mais qui suffisent à nous ébranler. Ce monde ne nous laisse pas l’opportunité de nous développer normalement. Notre société crée une génération meurtrie mais se met des œillères pour ne pas constater les dégâts. Ce qu’il nous reste sont les quelques porte-voix qui portent nos histoires mais aussi nos espoirs. Nargesse Bibimoune en fait partie. Son livre est une des rares briques qui construisent le récit de nos vies. A nous de bâtir le reste.

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(Dé)construction

12 conseils pour briller dans un débat avec un.e musulman.e

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On m’impose tellement de débats sur l’islam et les musulman.e.s dans ma vie quotidienne que je pourrais même donner des conseils aux débutant.e.s, pour qu’ils suivent la voie de leurs maîtres. Allez, comme je suis sympa, je l’ai vraiment fait.
Attention, je précise pour éviter tout malentendu : je ne dis pas ici que TOUTES les personnes avec qui j’ai des conversations sur l’islam utilisent les points cités. Heureusement, j’ai aussi des échanges enrichissants avec des gens tout-à-fait respectueux ; je parle uniquement d’un certain type de personnes, qui battent des records par ignorance ou mauvaise foi. Je préfère prévenir avant qu’on ne m’accuse de faire des généralités ou que certain.e.s se sentent visé.e.s à tort. 🙂

 

1) Utilisez des termes et des représentations sur les musulman.e.s et les Arabes de manière totalement interchangeable.

 
De toute façon, personne ne sait que 80% des musulman.e.s dans le monde ne sont pas arabes. Donc ça passera crème, comme disent les jeunes. Cela permettra aussi de renvoyer sans cesse vos interlocuteurs.trices à une opposition entre « le pays qui les accueille » et « chez eux », au bled. Et tant pis si « le bled », c’est la Creuse depuis 15 générations.
 

2) Choisissez des données partielles.

 
Par exemple, citez seulement les premiers mots d’un verset. Personne n’ira vérifier que juste après, il est écrit que c’est mieux de pardonner, ou que c’est applicable dans un contexte bien particulier, par exemple uniquement de légitime défense.
 

who-cares

 
Vous pouvez aussi malencontreusement « oublier » les conditions, les restrictions ou le contexte de certaines règles. Par exemple, indignez-vous contre l’impôt spécifique payé par les non-musulman.e.s, les dhimmis, en affirmant qu’il s’agit d’une mesure hautement discriminatoire. Ne précisez pas que les dhimmis ne paient pas la zakat, l’impôt purificateur dont les musulman.e.s doivent s’acquitter, et que cela rétablit donc simplement une certaine équité dans la société.
 

3) Considérez les musulman.e.s comme un bloc monolithique.

 
Enoncez des vérités universelles ne tenant absolument pas compte de la pluralité culturelle, religieuse, ethnique ou sociale des presque 2 milliards de musulman.e.s sur la planète. Parlez également de « la » femme musulmane, parce qu’il n’en existe qu’un seul modèle.
 

4) Citez toujours les mêmes exemples, si possible les plus extrêmes.

 
L’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Afghanistan feront l’affaire. Pas besoin de vous embêter à parler des 46 autres pays à majorité musulmane, comme le Niger, l’Indonésie, l’Albanie, les Maldives, l’Ouzbékistan ou encore la Gambie (de toute façon, vous ne saviez même pas que ce pays existait). La diversité des législations, des réalités sociales et des pratiques religieuses compromettrait votre effet.
 

5) Impressionnez votre auditoire par la qualité de vos sources académiques.

 
Glissez quelques petites affirmations qui démontrent votre connaissance des aspects les plus pointus de l’islam.
 

brag

 
Etayez vos arguments par le fait que vous avez voyagé à Marrakech en 1984, travaillé avec 3 Maghrébins (à qui vous avez pu demander chaque année pendant Ramadan : « Mais vous avez le droit de boire quand même, hein ? »), et un peu lu le Coran (en même temps, 600 pages, ça fait long, qui a le temps de lire tout ça ?). Sans compter que vous regardez souvent la télé, et que vous faites confiance aux personnes qui y interviennent. L’islam, c’est pas comme les autres religions. Pas besoin de s’embêter à faire de longues études de théologie.
 

6) Souvenez-vous : vous êtes l’héritier.e des Lumières, le.la défenseur.se de la Raison.

 
Alors oui, bien sûr, votre interlocuteur.trice va essayer de vous faire croire qu’il.elle n’est pas influencé.e, qu’il.elle sait faire preuve d’esprit critique, etc. Mais ne vous y fiez pas. Les mahométans sont embrigadé.e.s dès le plus jeune âge dans un système qui détruit toute capacité intellectuelle. Eclairez-les donc de votre point de vue objectif et raisonné, et révélez-leur leurs vraies motivations et les raisons de leurs « choix ». Commencez par ces pauvres femmes qui prétendent avoir choisi librement de porter le hijab. Employez des expressions comme la « servitude volontaire » pour discréditer toute velléité qu’elles auraient à se dire libres.
 

7) Pour éviter les reproches, critiquez une autre religion.

 
Bon, il se peut que 2-3 personnes pensent que vous êtes légèrement islamophobe. Glissez quelques critiques envers une autre religion, et vous paraîtrez beaucoup plus ouvert.e. Ce n’est pas que vous vous en prenez aux musulman.e.s, c’est juste que vous méprisez les croyant.e.s d’une manière générale, et que vous les trouvez un peu ridicules, avec leurs règles figées et leurs superstitions naïves. Bref, pas de quoi en faire tout un plat. Pas de raison non plus que les musulman.e.s exigent un respect que vous n’accordez de toute façon à personne.
 

8) Ramenez à l’aspect religieux toutes les différences possibles et imaginables.

 
Selon certains hérétiques, une multitude de facteurs pourrait entrer en compte : culture, éducation, traditions, régime politique, milieu rural ou urbain, niveau d’instruction, etc. Mais n’oubliez jamais que le seul élément qui compte, c’est la religion. Seul l’islam explique tout comportement qui serait différent de nos coutumes. Par exemple, si certains hommes empêchent les filles et les femmes d’accéder à l’éducation, ce n’est pas parce que ce sont des hommes ignorants, enfermés dans un système patriarcal et des traditions misogynes, tellement engoncés dans leur sentiment de supériorité qu’ils croient les femmes à leur service et ne peuvent pas imaginer leur laisser la place qui leur revient dans la société. Non, c’est parce qu’ils sont musulmans. Avouez qu’on vous facilite un peu les choses, non ? Merci qui ?
 
yes
 
Autre exemple : si un homme commet un massacre, ne perdez pas trop de temps à analyser ses opinions politiques, son casier judiciaire, et encore moins sa santé mentale. S’il a un nom arabe ou un peu de barbe, vous avez votre explication : il le fait au nom de l’islam.
 

9) Citez en permanence les 3 versets du Coran que vous connaissez.

 
La Su-quoi ? Sunna ? Non, connais pas. Apparemment, certain.e.s prétendent que les musulman.e.s fondent leur éthique et leur pratique sur la vie de leur Prophète. Que sa vie était un exemple de miséricorde, de pardon, de générosité, de bonnes manières, blablabla… Mais bof, ce n’est pas vraiment l’image que vous en avez (ça a peut-être un lien avec le fait que vous n’avez jamais lu sa biographie, mais vous ne voulez pas vous laissez embrigader, parce qu’un livre c’est dangereux). Accrochez-vous de toutes vos forces aux 3 versets du Coran que vous avez appris en tapant « islam religion violente » sur Google, et citez-les en permanence (cf. conseil n°2 sur le fait de les tronquer ou de les sortir de leur contexte). Il paraît qu’il y en a environ 6 200 autres, dont beaucoup qui parlent de miséricorde et de pardon, mais vous n’avez pas de temps à perdre, on reste FO-CUS !
 

10) Ne perdez jamais de vue la solidarité extrême qui lie les musulman.e.s entre eux, et les rend responsables des actes de n’importe lequel des leurs.

 
Ceci est valable à la fois dans le temps et l’espace. Quand ils prennent un peu trop la confiance, vous pouvez leur rappeler des épisodes de l’Histoire qui remontent à quelques siècles, ou des faits commis par une personne ou un groupe à des milliers de kilomètres. Ils partagent la même religion, c’est donc bien qu’il y a un lien. Si vous ne le voyez pas, eux sauront très bien de quoi vous parlez.
 

11) N’oubliez jamais à qui vous avez affaire.

 
Le Sarrasin est fourbe, gardez toujours ceci à l’esprit. Il veut voir notre soumission et notre souffrance, et il est prêt à attendre tapi dans l’ombre, après nous avoir amadoué.e.s à coups de gâteaux au miel. Certain.e.s islamo-gauchistes prétendent qu’en étant 1,8 milliards, s’ils étaient vraiment pétris de violence, il ne resterait plus grand-chose du reste du monde…
 
trump
 
… Mais tout ceci fait justement partie de leur vaste plan secret de conquête du monde. En fait, c’est un peu comme les chats qui jouent avec leurs proies au lieu de les achever d’un coup. Sauf que ce ne sont pas de mignons petits chats, mais de méchants musulmans assoiffés de sang, bien sûr.
 

12) Blâmez l’islam pour toutes les fautes des musulmans

 
Le terrorisme est bien la preuve que l’islam est une religion violente. D’ailleurs, les hooligans sont la preuve que les supporters de foot sont tous bêtes, les massacres des Rohingyas en Birmanie montrent que le bouddhisme est une religion violente, et le Ku Klux Klan prouve que le christianisme est digne du Moyen-Âge. Eh oui, parce que tous les chrétiens ne sont pas des partisans du Ku Klux Klan, mais tous les partisans du Ku Klux Klan sont chrétiens, ce n’est quand même pas un hasard ! Ah, il y a des jours où je suis vraiment contente que le monde soit un endroit aussi facile à comprendre…
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Diffuse la bonne parole

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(Dé)construction

10 anecdotes qui prouvent qu’enlever mon hijab ne me débarrasserait pas des préjugés

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On me dit régulièrement que si j’en ai marre des discriminations, je « n’ai qu’à » enlever mon foulard. Ah ben oui, c’est une super solution, d’ailleurs les Noirs n’ont qu’à devenir blancs et les homos n’ont qu’à devenir hétéros. Au-delà de cette aberration, même si je pourrais techniquement enlever mon hijab, il est naïf de penser que cela suffirait pour être débarrassée des préjugés.
Le jour où j’ai commencé à porter le hijab n’a en effet pas été le début de mes déboires. En témoignent ces anecdotes, qui sont loin d’être exhaustives, mais ont toutes le point commun de m’être arrivées avant que je porte le hijab. Bref, bienvenue dans la vie d’une jeune femme maghrébine en France.

 

1. Les questions pour savoir si mon père était « sympa »

Dis, Emnus… J’ai récemment lu « Mariée de force » et « Brûlée vive ». Du coup je me posais une question … Ton père, il est sympa quand même ?

Lui, il est très sympa. Moi par contre, je risque de l’être un peu moins.
 
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2. Mes profs ou collègues qui confondaient mon prénom avec celui de l’autre fille maghrébine

Vous savez, celle qui ne me ressemblait pas du tout, avait une personnalité et un comportement aux antipodes des miens, et un prénom totalement différent.

C’est quand même fou de réussir à différencier des centaines de lycéen.ne.s aux noms et aux looks similaires, mais de ne pas distinguer les DEUX filles avec des cheveux noirs bouclés et un prénom qui a tout au plus le A final en commun.

 

3. L’impression de venir du pays d’Aladdin

Alors, tu viens d’où, en fait ? D’Arabie ?

[Là je me rends compte qu’elle ne se fout pas de moi et qu’elle est sérieuse.]

« Mmh en fait, « l’Arabie », ça n’existe pas. Au mieux tu as l’Arabie Saoudite, mais c’est UN pays parmi plein d’autres. Moi, je viens de Tunisie.

– Ah … Alors, euh… Vous parlez quelle langue, là-bas ? Le tu…ni…sien ? »

La réponse, c’est l’arabe, mais franchement, j’ai peur que ça t’embrouille encore plus.

« Excuse-moi, je voudrais envoyer une photo de cette calligraphie arabe à mes amis. Tu peux me montrer le drapeau du pays où on parle arabe ? »

 

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Ben c’est pas compliqué, c’est l’Arabie. C’est un immense et merveilleux désert, où la danse du ventre vous hypnotise, où on achète les femmes contre des chameaux, et où on se déplace en tapis volant. C’était un peu trop compliqué de distinguer la quinzaine de pays arabes, alors ils ont décidé de se réunir en un pays unique. Ils font des vols directs vers Agrabah, tu devrais y aller, c’est une ville sympa.

 

4. La fille à la fac qui m’a demandé de quel pays je venais pour mon semestre d’échange

« Alors, t’es en échange universitaire ? Tu viens d’où ?

– Euh… Non, je suis pas en échange, je suis française.

– Ah bon, t’es pas une étudiante internationale ? Je croyais… T’es née en France alors ? [Vas-y, cache ta déception.]

– Non plus.

– Ah ! [Elle retrouve son intérêt et réfléchit.] Donc … tu t’appelles Emnus, t’es pas née en France, mais tu te définis comme Française ? C’est intéressant, ça !»

Seriously ? C’est plutôt moi qui devrais t’emmener dans mon labo pour étudier un cas pareil.

 

5. Ma correspondante mythomane qui disait que je la forçais à jeûner pendant Ramadan

Et mon lycée qui ne s’est pas senti obligé de vérifier sa version, ni même de me prévenir que j’étais désormais exclue de tous les échanges futurs. Bande de navets atrophiés (ouais, je suis comme ça, moi, faut pas me chauffer).

 

6. Certains mecs avec des conceptions pour le moins… intéressantes

« Jasmine », « princesse orientale », « gazelle du désert »… Il paraît que ça se veut flatteur. Sauf que quand le reste du discours révèle surtout une envie de rajouter une conquête exotique à leur tableau de chasse, merci mais non merci.

« Tiens, j’ai jamais eu de copine arabe ! »

 

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Cool ta vie, mais je ne suis pas une case à cocher sur une liste d’ethnicités pour dire « une Arabe : check », donc va chercher ailleurs.

Parfois, le fait d’être issue de parents mixtes me réservait aussi de jolies surprises. Comme ce mec qui m’a abordée en pensant que j’étais Italienne. Quand je lui ai révélé l’effroyable vérité, il m’a dit avec le sourire du capitaine Crochet : « Ah ouais, okay… J’ai voté FN, tu sais ».

Cool, on peut être Roméo et Juliette, alors ?

 

7. Les gens qui débattaient sans cesse pour savoir si j’avais l’air arabe ou non

Non mais ça va, toi t’es pas trop typée !

Euh… Pourquoi tu le dis sur le ton d’un compliment ?

 

8. Les gens qui croyaient déjà toutes les bêtises que je racontais

Mon grand classique, c’est de dire que j’ai égorgé un mouton dans ma baignoire. Et si je suis vraiment en forme et que mon interlocuteur.trice est crédule, j’ajoute que je me suis fait un gilet avec la peau. C’est un bon baromètre pour savoir si la personne en face de moi a déjà rencontré des musulman.e.s ou si sa seule source d’informations est BFM. Depuis que je porte le hijab, autant vous dire que je m’en donne à cœur joie avec mes histoires de Cosette.

 

9. Les gens (et oui, encore eux) qui imaginaient un destin assez linéaire pour moi

Alors toi, à la fois ch’ti et arabe, tu vas te marier avec un cousin, c’est sûr ! 

Attends, je dois reprendre mon souffle tellement j’ai rigolé. Mais je t’assure, Ryan Gosling et moi n’avons aucun lien de parenté.
 
nargue
 

10. Les vigiles qui me tenaient compagnie dans les magasins

Il y a l’énième fois où les vendeuses dans un magasin de cosmétiques étaient trop occupées à me suivre pour voir la blonde bourgeoise en train de glisser du mascara dans sa poche. La fois où, dans une grande librairie, le sentiment d’être regardée m’a brusquement fait relever la tête du livre que je feuilletais, pour rencontrer le regard du vigile qui m’observait tranquillement, accoudé sur la rampe d’escalier. La fois où j’ai été incroyablement soulagée de découvrir que l’homme qui me fixait dans les miroirs du magasin et se cachait entre les rayons pour me suivre n’était pas un psychopathe qui allait me violer dans une cabine d’essayage, mais un agent de sécurité en civil (sécurité, c’est exactement le mot qui reflétait mon sentiment).
 
A l’époque, je crois que je me disais : « De toute façon, même si je décide de porter le foulard, j’ai déjà droit à ce genre de bêtises, et toutes les autres. Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de plus ? »

Eh bien maintenant, je peux le dire : il peut y avoir beaucoup, beaucoup plus !

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Diffuse la bonne parole

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(Dé)construction Nos Voix

Les 10 personnages récurrents de ma vie de femme voilée

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Avec mon foulard sur la tête, je me suis rendu compte que beaucoup de gens gravitaient autour de moi : ils parlent de moi, se soucient de moi, veulent m’aider à mener ma vie – bref, que du bonheur. D’autant plus que (presque) tous ces gens font tout ça pour moi, bien évidemment. Voici les portraits-types des quelques personnages qui reviennent régulièrement dans ma vie, que je les y aie invités ou non…

 

1) La féministe qui ne voit pas le paradoxe dans le fait de dicter à une autre femme ce qu’elle doit faire

Mais non, c’est pour ton bien. Je suis juste tellement heureuse d’avoir trouvé la vérité absolue que je veux partager ce bonheur avec toi. Je ne vais pas te laisser tomber. En fait, je ne vais pas non plus te laisser respirer.


Le féminisme de la troisième vague : le choix de faire le « bon » choix. 

 

« Je pense que les femmes devraient avoir le droit de choisir ce qu’elles font de leur corps !

Enfin… Sauf si elles choisissent de faire de la chirurgie esthétique, de raser leurs poils pubiens, d’être mère au foyer, de ne pas allaiter, d’être travailleuse du sexe ou mannequin, de porter le voile, ou de faire toute autre chose que j’ai décrétée oppressante pour les femmes.

Certaines femmes ne savent tout simplement pas ce qui est bon pour elles ! »

 

2) Le.la Maghrébin.e qui veut être plus royaliste que le roi et qui pense que me rejeter l’intégrera mieux dans la société

 

… Sauf que même si tu es considéré.e comme un.e gentil.le Maghrébin.e, tu seras toujours un.e Maghrébin.e – c’est la triste réalité et j’en ai fait l’expérience pendant toutes les années où je ne portais pas le foulard. Sans compter que si vous vous débarrassez de nous, c’est toi qui seras le plus différent.e et donc à la marge, coco, alors, réfléchis bien à ce que tu défends comme projet de société.

 

3) Le beauf de base qui pense que les mots « musulman.e » et « arabe » sont interchangeables

 

Au passage, les Arabes représentent seulement 20% des musulman.e.s de la planète, et le plus grand pays musulman du monde est l’Indonésie. Désolée si cette découverte vous fait un point commun avec le beauf de base… Oups 😉

 

 

4) La personne qui veut interdire mon foulard pour me protéger et me libérer

 

… Mais qui, bizarrement, me traite généralement en coupable et est beaucoup plus prompte à s’en prendre à moi qu’à mon prétendu oppresseur. En même temps, c’est vrai qu’ils font peur, ces mecs arabes, alors mieux vaut ne pas prendre de risques…

 

5) Une de mes préféré.e.s : la femme qui me voue un mélange de fascination et de répulsion

 

C’est celle qui me regarde du coin de l’œil quand je fais les magasins et qui détourne les yeux dès que nos regards se croisent, mais qui a encore la mâchoire à moitié décrochée. Le moindre truc que je fais comme elle lui semble incroyable – y compris faire du shopping, apparemment.

Elle aime bien les histoires du genre « Jamais sans ma fille » et doit s’imaginer que je vis dans un HLM transformé en harem, où je fais la danse du ventre et cuisine du couscous toute la journée pour mes 20 gosses. Elle pense me faire peur en parlant de suppression des minima sociaux, alors que mes cotisations salariales paient son arrêt maladie, la retraite de son oncle et le chômage de sa voisine.

 

6) Le politicien qui a bloqué toutes les propositions de loi punissant plus sévèrement le harcèlement sexuel, couvre ses confrères accusés d’agression sexuelle, ferme les yeux sur les violences conjugales et les 75 000 viols commis chaque année en France, fait des blagues graveleuses aux journalistes, siffle sa collègue parlementaire parce qu’elle est en robe, préfère payer des amendes plutôt que de respecter la parité dans son parti, ne fait rien pour l’application de la loi sur l’égalité des salaires… mais qui se passionne tout d’un coup pour les droits des femmes et l’égalité des sexes.

 

Parce que vous le valez bien.

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7) La personne encore un peu enfermée dans ses représentations néo-coloniales et qui voit en moi une victime de plus à sauver

 

– Euh… Non mais j’ai cédé à rien du tout, c’est moi qui ai voulu le porter, ce foulard !

Eh oui, parce que parfois, j’ai l’impression de penser ou vouloir quelque chose, mais heureusement, il y a toujours quelqu’un pour me dire ce qu’il y a VRAIMENT dans ma tête. Merci, Maître.

 

8) Le pseudo-intellectuel qui connaît mieux l’islam que les musulman.e.s

 

Aaaah, en fait il n’y a qu’une seule bonne interprétation de l’islam, et il se trouve que c’est toi qui en détiens la clé ? Et donc, les femmes n’ont pas besoin de porter le hijab ? Mince, tout ce temps où je me suis embêtée pour rien ! Merci pour l’info, en tout cas, il vaut mieux tard que jamais.

 

9) La personne qui se veut ouverte mais qui pense que mon identité est un fardeau dont il faut me débarrasser

 

« C’est vraiment dégueulasse, cette discrimination envers les musulman.e.s. Alors que vous avez juste besoin d’un peu de temps pour vous intégrer et vous libérer de vos traditions. Même toi, tu verras, tu arriveras à enlever ton voile. Allez, tu peux me le dire, je suis de ton côté, moi : c’est ton père ou ton frère qui te l’impose ? »

 

10) Mes coreligionnaires qui pensent que je suis censée être devenue une sainte du jour au lendemain

 

Mmh oui, effectivement, je suis humaine, j’ai des défauts, des faiblesses et des contradictions. Autre chose ?

 

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(Dé)construction

Mon identité n’est pas un costume : le phénomène d’appropriation culturelle

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Pour Halloween, sorcières, fantômes et zombies seront de sortie… mais aussi indiens, danseuses orientales ou encore geishas. C’est une fête où l’on se déguise en ce que l’on souhaite et personne ne nous en tient rigueur, sauf que, même si l’intention n’est pas mauvaise, notre déguisement peut s’apparenter à de l’appropriation culturelle. On vous explique en quoi cela pose problème.

 

Déjà, l’appropriation culturelle, qu’est-ce que c’est ?

 

On le décrit comme un phénomène par lequel les membres d’une certaine culture s’approprient des éléments d’une autre culture. Ils utilisent ces éléments dans un contexte autre que celui originel, en changeant souvent sa signification culturelle. Souvent, c’est une culture dominante qui s’approprie la culture d’un groupe minoritaire qui a été ou est oppressé.

Ce qui peut s’apparenter à un simple costume/accessoire reste une réalité pour d’autres. Nous avons presque tou.te.s été, à un moment donné, responsable d’appropriation culturelle, que l’on ait fait cela consciemment ou non. Malgré les idées reçues, ce n’est pas un compliment !

 

Pourquoi l’appropriation culturelle n’est pas un compliment

 

Cela participe à la banalisation de l’oppression

 

Par exemple, les images ci-dessous, qu’est-ce qu’elles vous inspirent ?

L’une est issue de la couverture du magazine ELLE, l’autre vient d’un défilé de mode de la marque américaine Victoria’s Secret.

 

appropriation-culturelle

 

Ce que l’on peut voir comme une simple expression artistique participe à la banalisation et à la déshumanisation de l’extermination des Américains natifs et de leurs combats pour leurs droits.

Ici, l’intention était probablement bonne… néanmoins, il faut considérer que les Blancs américains notamment, ont systématiquement ciblé les Américains natifs ! Et on parle ici de véritables violences qui ont mené à des génocides, à l’esclavage et à des périodes de colonisation !

Lorsque qu’une culture dominante s’approprie un élément de la culture d’un groupe minoritaire oppressé par cette même culture dominante, cela participe à la banalisation de cette oppression.

En faisant cela, on perd complétement de vue l’origine de cette culture, ce qu’elle représente et son histoire.

Cette coiffe a une signification. Elle récompense les actes de bravoure et sert de rite de passage. Ce n’est pas juste un accessoire de mode. La porter dans un autre contexte que celui originel est un manque de respect envers cette culture qui a été pendant longtemps opprimée.

 

Cela participe au maintien des stéréotypes

Tout ce que j’essayais de faire, c’était donner une performance par rapport à un endroit que j’aime énormément et dans lequel je trouve énormément de beauté. Il n’y avait aucune autre intention derrière.

C’est ce que Katy Perry déclarait après une performance lors de laquelle elle était habillée en geisha.

Malgré son désir d’honorer la culture asiatique, elle perpétue des stéréotypes négatifs sur les femmes issues de cette culture. Parmi ces derniers, les femmes asiatiques sont souvent enfermées dans un rôle d’objet sexuel soumis et passif à l’homme.

Ici, ces stéréotypes sont renforcés par les paroles ainsi que par les tenues de la chanteuse et de ses danseuses :

 

Sans réserve, sans condition,
Je t’aimerai inconditionnellement
Il n’y a plus aucune crainte à présent
Laisse-toi aller et sois libre,
Je t’aimerai inconditionnellement
Alors viens à moi tel que tu es,
Pas besoin d’excuse,
Sache que tu es méritant.

 

Inconsciemment, cette performance participe à la sexualisation de femmes venant d’une culture étrangère. Ce n’est pas sans conséquences de représenter de manière erronée une culture, surtout lorsque l’on propage des stéréotypes en faisant cela. Comme le dit très bien le slogan de cette campagne contre l’appropriation culturelle, « vous portez ce vêtement pour une nuit, on porte les stigmates toute notre vie ».

 

Cela pose la question de la légitimité et de la perception

 

L’appropriation culturelle est un terme dont on a beaucoup entendu parlé, notamment à travers la polémique de Kylie Jenner portant des cornrows (tresses africaines).

 

On a tous connu dans notre entourage, une personne non-Africaine qui trouve les tresses africaines « trop cool », sans même chercher à en savoir plus sur la culture africaine. Souvent, ce type de coiffure est plus une nécessité pour celles qui l’adoptent qu’un réel parti pris.

Quelle attitude doit-on adopter face à une femme qui arbore cette coiffe comme une tendance ? Quelle légitimité à faire cela ? Quand on sait que des femmes issues de cette principale culture ont été critiquées pour avoir arboré cette coiffure et ont même dû se battre pour que l’on accepte leur beauté naturelle, n’est-ce pas inapproprié ?

La réponse n’est pas simple. Il est nécessaire de souligner le traitement de faveur qui diffère en fonction de la personne qui arbore cet élément culturel.

On se dit que c’est une mode, une tendance, sans se soucier de la portée réductrice, négative et de l’atteinte qu’on fait à une communauté décriée. Des femmes ont été critiquées, licenciées, harcelées, insultées pour cette même attitude et se sont battues pour qu’on accepte juste leurs cheveux !

L’appropriation culturelle fait fi de tout cela au profit d’une finalité tendancieuse. On troque l’appréciation pour l’appropriation.

 

Cela génère du profit sur le dos de ces minorités

 

De cette légitimité et de cette perception découle une conséquence : le profit. En utilisant des codes culturels qui ne nous appartiennent pas, on contribue à la machine commerciale qui en abuse. C’est l’aspect opportuniste de l’appropriation culturelle.

Ces éléments empruntés à une culture sont principalement vendus pour créer une tendance. Ils sont utilisés et exploités sans en créditer l’origine. Si l’on prend l’exemple des déguisements, nous voyons depuis tout.e petit.e, dans les grandes surfaces, des costumes pour jouer aux cow-boys et aux indiens.

Bien que l’intention soit le simple divertissement, nous contribuons inconsciemment au développement commercial de cette tendance sans en créditer l’origine. On note alors que ce phénomène est entretenu car il permet de générer du chiffre et qu’il est une aubaine pour les fêtes commerciales comme Halloween. Sauf que tout cet argent ne sera jamais touché par les personnes concernées, qui sont elles, au contraire, généralement en difficulté économique.

 

Aux Etats-Unis, de nombreuses personnes se sont mobilisées pour dénoncer cet abus culturel. Des mouvements se sont mis en place comme cette campagne de sensibilisation qui scandait le slogan : « We’re a culture not a costume » (« nous sommes une culture pas un costume »).

Cette mobilisation a également pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MyCultureIsNotCouture. Ce hashtag dénonçait l’attitude des maisons de couture dans l’utilisation inappropriée qu’elles font des éléments inhérents à une culture sans en créditer l’origine.

 

appro-2

 

Notre article n’a pas pour but de clamer que les cultures ne doivent pas se mélanger. À l’approche d’Halloween, il faut juste prendre conscience qu’un choix aussi anodin que celui de se déguiser peut porter atteinte à des individus. Le problème d’appropriation culturelle peut être contré en étant plus ouvert.e, en aiguisant sa curiosité, en essayant de saisir et de comprendre le sens des éléments qui composent une culture, en regardant plus loin que la surface des choses. Promis, ce n’est pas si compliqué !

Happy Halloween !

Article co-écrit par Noha Boukadida et Fatima Bent[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_facebook][vc_tweetmeme][vc_separator][vc_widget_sidebar sidebar_id= »home-one »][/vc_column][/vc_row]

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(Dé)construction

« L’art de se voiler la face »

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Nous sommes le 9 octobre 2016 et je m’apprête à passer un moment agréable avec mon père au restaurant. Du moins, c’est ce que je pensais, naïve que je suis. Mais un bout de tissu coloré sur ma tête a donné une autre tournure à la situation. Ce tissu doit posséder des pouvoirs magiques insoupçonnés, comme de faire parler les peurs les plus profondes. Mon père, choqué, enchaîne :

Comment peux-tu, ma fille, porter ce foulard, ne vois-tu pas que tu te laisses influencer, manipuler ? J’ai lu sur Internet, vu, entendu à la télé que rien ne t’oblige à le porter. Tu vas finir par te faire enfermer par un homme auquel tu seras complètement soumise. J’ai lu, vu, entendu de ceux qui savent, car toi, ô jeune fille fragile, tu ne sais pas. Te rends-tu comptes du handicap pour ta vie professionnelle, personnelle ?

Une fois le calme retrouvé, je me demande : comment mon propre père peut-il me croire si influençable, si manipulable ? Comment peut-il croire que ce choix n’est pas le mien et que je pourrais me laisser enfermer par un homme, me taire et me terrer, lâcher mon métier ? Mais est-ce vraiment lui qui me parle ? Lui, ce père si ouvert à la discussion. Je ne nous reconnais pas.

Et puis, une semaine après, je participe à une formation qui va me donner une réponse claire. Le thème est « comment comprendre le monde pour mieux le re(construire)« . Passionnant.

Tout devient évident. Ce n’est pas vraiment le discours de mon père, mais uniquement le reflet d’un discours médiatique négatif, trompeur. Finalement, qui, de lui ou de moi est le plus manipulé, le plus influencé ?

Pour mieux lutter contre les préjugés, essayons d’abord de les décortiquer

 

Qu’est-ce qu’un préjugé ?

 

Des préjugés, on en a tous. C’est, par exemple, cette impression que l’on peut avoir sur quelqu’un avant même de lui avoir parlé. Le problème avec les préjugés, c’est quand on n’en a pas conscience. On finit par croire que ces sentiments sont une réalité alors qu’ils n’ont aucun fondement. Ça entraîne des discriminations invalidantes pour la réalisation de nos projets, de nos rêves. Est-ce qu’on doit laisser croire qu’on devient moins intelligent avec un foulard sur la tête ?

 

Lors de cette formation, j’ai appris qu’on peut avoir quelques excuses inconscientes. Notre cerveau peut nous jouer des tours. C’est ce qu’on appelle des biais. On est aveuglé par ces biais. Les repérer, c’est une première étape pour s’en détacher. 

 

Il y a le biais de négativité. C’est lorsqu’on donne plus de poids aux expériences négatives que positives. Alors oui, peut être qu’un matin la voisine n’avait pas été très sympa, ne nous a pas souri, a regardé notre foulard un peu trop longtemps, mais est-ce qu’on doit la classer parmi les islamophobes pour autant ? De même pour elle, elle s’est peut-être dit « Depuis qu’elle est voilée, elle ne dit plus bonjour à mon mari. C’est sûr, son époux doit lui interdire de parler aux hommes ». Cela part vite en généralisation.

Il y a le biais de dissonance cognitive. En gros, c’est le fait de réinterpréter une situation à notre sauce, histoire d’éliminer les contradictions. « En fait, ce n’est pas vraiment ça qui s’est passé, c’est parce qu’elle m’a mal regardé.e que je lui ai mal parlé… bref, tu vois quoi… » Malheureusement, ce biais-là permet de justifier à soi-même et aux autres beaucoup d’actes.

Après, il y a le biais de confirmation. Celui-ci, je l’aime bien. Je crois que c’est celui que les gens utilisent le plus. C’est aller chercher uniquement les informations qui confirment ce que l’on pense. Bon, Papa, honnêtement, tu n’as pas tapé « pourquoi je porte le voile avec fierté et en toute liberté ? ». Il serait peut-être tombé sur Lallab, qui sait !

Et puis, il y a le biais cognitif culturel. C’est une façon d’interpréter les choses en fonction de sa culture, de sa croyance, de son vécu. C’est sûrement celui qui nous concerne le plus, nous jeunes Français.es issu.e.s d’un immense melting-pot. Nous n’avons pas tou.te.s les mêmes référentiels. Si je demande à ma mère, née en Italie, son point de vue sur l’égalité hommes-femmes, pas sûr qu’elle ait le même que celui d’une autre personne dans un autre pays.

 

En résumé, j’aime cette phrase d’Alfred Korbysky qui dit «  la carte du monde n’est pas le territoire ». Une carte ne montre pas la hauteur de la montagne, ni la difficulté à la grimper… Ce n’est qu’une interprétation de la réalité. Pareil pour nos opinions sur certaines situations.

Des biais, il y en a d’autres. Même s’ils peuvent être inconscients pour nous, certains médias, certains politiques ne se gênent pas pour les utiliser consciemment et fabriquer l’opinion publique.

 

Et là, la désinformation commence… Quelles techniques sont utilisées ?

 

Qui de nous va vérifier la source du message qui nous est partagé ? Qui va vérifier les lieux, les dates des faits évoqués ? Et hop, quelques fausses informations et un message négatif enrobé de croyances populaires, et c’est parti ! Avoir cet œil demande du temps, de l’investissement. Lorsque le message nous intéresse à moitié, il est plus simple de l’accepter tel qu’il est.

Les messages imprécis, altérés, sont ensuite répétés pour qu’ils nous semblent fiables (« c’est évident, on en parle tout le temps à la télé »). On y ajoute un petit coup de mythes et de croyances populaires et la majorité adhère. Le conformisme s’installe. Je crois avoir beaucoup entendu parler de burkinis cet été…

Le but n’est pas d’excuser la construction de ces préjugés, mais de comprendre leur mode de fonctionnement et de propagation pour mieux les déconstruire. De plus, toute personne, victime ou non de préjugés peut également en devenir l’auteur.e. Je sais dorénavant quel est le biais dont je dois me méfier.

 

Quels outils à notre portée : l’autodéfense intellectuelle

 

À nous de nous bouger, de chercher, pour mieux appréhender le monde, identifier, et déconstruire les préjugés. Il y a ce qu’on appelle l’autodéfense intellectuelle. C’est une technique, une attitude qui ferait de nous des êtres plus critiques, capables de remettre en cause ce qu’on nous partage dans les médias et d’en avoir une lecture plus objective.

Toutes les disciplines sont étudiées, de l’art de jouer avec les mots à celui de jouer avec les chiffres. Il existe des boites à outils, des vidéos, des conférences, des ateliers créés pour nous aider à devenir des citoyens plus lucides.

 

Et concrètement, que peut-on faire?

 

Prendre conscience de l’existence des biais cognitifs inconscients chez soi ET chez l’autre est un premier pas vers la compréhension. Nous ne savons pas tout, nous ne connaissons pas l’autre.

Parler, discuter. Il n’y a pas de plus belle action que d’échanger pour mieux se connaître et se comprendre.

Organiser des ateliers de sensibilisation auprès des jeunes et des moins jeunes, proposer des jeux de rôles, des débats, … (Ce qui est proposé par Lallab)

Partager des profils de gens différents, à l’opposé de ces clichés bien ancrés. Casser le statut quo. (Oui, oui, il y a des femmes qui sont pilotes de rallyes.)

Proposer des documentaires, des vidéos (ça aussi Lallab le fait. Instructifs. Ou drôles, comme le font par exemple les indivisibles.)

Partager des actions ensemble, entre associations que les médias ne verraient pas s’entraider. (Comme ce fut le cas, par exemple, d’une maraude commune organisée par une association non musulmane et musulmane après des évènements stigmatisant les musulmans.)

Et sourire, tout simplement… Car, OUI, merci, tout va très bien pour moi avec ce turban !

 

Et pour mon papa ?

 

Ce jour-là, je suis restée silencieuse. Après avoir réfléchi à toutes ses croyances erronées, je me suis décidée à l’aider à lutter contre ses préjugés. Je refuse de laisser tout ça nous séparer ! Je lui ai envoyé la date de projection du documentaire du Women Sense Tour. Puis le lien de ce magazine en ligne qui parle de toutes ces femmes musulmanes, voilées ou non, inspirantes, inspirées. Et enfin, j’ai décidé de m’y mettre moi-même et d’écrire cet article. Au fond, je comprends bien que toutes ces phrases ne viennent pas vraiment de lui et ne parlent pas vraiment de moi.

Comme Rosa Parks l’a dit:

Si nous baissons les bras, nous sommes complaisants envers les mauvais traitements, ce qui les rend encore plus oppressifs.

A nous de nous battre maintenant, encore et encore, et garder l’espoir que les choses vont changer. Il n’y a pas de victoire facile. Être heureux.se, ce n’est pas toujours confortable.

Et vous, qu’allez-vous faire ou que pourriez-vous faire pour ne plus être les victimes OU créateurs.trices de préjugés ?

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Diffuse la bonne parole

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Les 10 choses qui étonnent le plus depuis que je porte le hijab

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Moi qui pensais être une jeune femme plutôt banale, j’ai découvert que depuis que je porte le hijab, tout ce que je fais est considéré comme I.N.C.R.O.Y.A.B.L.E. Pourtant, je n’ai pas changé grand-chose, mais il semblerait que ma vie ne colle pas avec l’image que je suis censée incarner.

Evidemment, tous ces aspects de mon parcours ou de mon quotidien ne provoquaient pas toutes ces réactions avant que je porte le hijab. Mais on a érigé les femmes musulmanes, en particulier celles qui sont voilées, comme des « Autres » foncièrement différentes … et tout ce qu’elles font comme nous finit par nous surprendre.

Naïve comme je suis, je me disais que mon exemple obligerait bien les gens sur ma route à prendre conscience que les femmes musulmanes sont aussi diverses que n’importe quel autre groupe humain.

… Ne nous emballons pas trop vite, il y a vite une réponse toute prête à ça : « Oui mais toi, c’est pas pareil », « Toi, t’es l’exception ».

 

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Comment ça, je suis l’exception ? Je suis souvent la première femme voilée à qui ces personnes parlent, et elles osent affirmer que je suis « différente » ? La réalité, c’est que j’en connais des dizaines, de femmes musulmanes, voilées ou non, qui choisissent les moyens de leur épanouissement et qui ne correspondent en rien à l’image qu’on veut nous en donner.

Bref, voici le top 10 des choses qui m’attirent le plus de réactions, pouvant aller des regards insistants au mépris franchement affiché, en passant par des commentaires peut-être innocents, mais très révélateurs …

 

1. Etre diplômée d’une grande école et avoir un job correspondant

Le jour où mon opticien a découvert que j’avais une mutuelle pour les cadres, il m’a demandé si c’était grâce à mon mari.

Oui, bien sûr ! D’ailleurs faites vite parce qu’il ne sait pas que je suis sortie de la maison, et il faut que je rentre préparer son couscous.

Enfin ça, c’est que je lui ai répondu quand j’ai refait la conversation dans ma tête plus tard ; comme je suis une lady, je lui ai juste poliment répondu qu’il n’y avait pas de mari dans l’histoire. Ce qui nous amène au point suivant …

 

2. Avoir plus de 20 ans et ne pas être mariée

Face à l’étonnement que mon statut matrimonial provoque, j’ai toujours envie de penser que je suis tellement un bon parti qu’il est tout simplement difficile de croire que je sois encore célibataire. Malheureusement, il faut croire que les filles voilées ont juste une date de péremption encore plus précoce que les autres. En même temps, si je veux avoir mes 28 enfants avant la ménopause, il faut que je m’y mette vite, n’est-ce pas !

 

3. Faire mes courses dans un magasin bio

Ca m’amuse toujours de voir des gens qui se targuent d’être bien élevés oublier aussi rapidement les règles élémentaires de politesse. Vos parents ne vous ont jamais dit que c’était malpoli de fixer les gens ? Oh, et vous avez encore un peu de salive qui coule au coin de la bouche.

 

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4. Avoir des ami·e·s divers·es et varié·e·s

Quelle idée, aussi, de fréquenter des homosexuel·le·s, des filles en mini-jupe, des tatoué·e·s, des juif·ve·s et des illuminatis ?! C’est pour mieux les lapider par la suite, c’est ça, hein ?

 

5. Me revendiquer comme féministe

Vu les torticolis et les luxations de la mâchoire que j’ai dû causer ce jour-là, une chose est sûre : mon indignation contre les théories misogynes de Freud n’était visiblement pas la réaction que les autres étudiant·e·s attendaient de la part de la fille voilée au fond de la classe …

 

6. Aller à l’opéra, voir des expos ou fréquenter des cinémas d’art et d’essai

Apparemment, tout ce qui a un rapport quelconque avec l’intellect et la culture est censé nous être étranger. C’est vrai que le foulard fait dangereusement chauffer notre boite crânienne et peu de neurones peuvent survivre à une telle compression. Je retourne à mon couscous, alors ?

 

7. Me balader avec un homme qui n’est pas mon mari

En fait, les gens ne conçoivent même pas que ça ne soit pas mon mari. Et si l’homme en question a 20 ans de plus que moi, bingo, c’est le festival de Cannes dans leur tête.

 

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8. Avoir 5 ans de boxe à mon actif

« Et dans un club avec que des mecs ?! Ha ha ha, attends, j’y ai cru pendant un moment ! » … Tu veux vérifier ?

 

9. Acheter de la lingerie

Non, messieurs-dames, je ne porte pas un burkini en dentelle sous mes habits, mais des sous-vêtements comme tout·e un·e chacun·e. Vous pouvez donc arrêter de me regarder du coin de l’œil et reprendre une activité normale.

J’ai aussi entendu une connaissance traiter d’« hypocrite » une femme voilée qu’elle avait vu entrer dans un magasin de lingerie fine. Pourtant, je ne vois pas en quoi vouloir être pudique en public l’empêcherait de porter un string en latex avec des plumes et des paillettes, si ça lui chante. A priori, elle a signé pour garder sa sexualité privée, pas pour porter une ceinture de chasteté.

 

10. Parler allemand

Celui-là, c’est un de mes préférés. Je me délecte toujours du moment où je décroche mon téléphone et où, après quelques secondes, les gens se rendent compte que les sons gutturaux qui sortent de ma bouche ne sont pas de l’arabe, mais de l’allemand.

Alles gut?*
*Tout va bien ?

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Diffuse la bonne parole

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