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(Dé)construction

Affaire Aquaboulevard : Viens, je t’emmène à la salle !

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C’est l’idée qu’a eue une jeune femme : emmener l’une de ses amies à la salle de sport où elle est abonnée, pour un cours collectif. Elles auraient pu passer un très bon moment, cependant elles étaient loin d’imaginer ce qui allait se produire. La scène se passe dans un complexe sportif du 15ème arrondissement de Paris, le Forest Hill d’Aquaboulevard. Les jeunes femmes s’installent pour débuter leur séance. Seulement voilà, l’une d’elle porte un turban et, devant les 200 autres personnes présentes, les responsables décident de les exclure pour « raison d’identification ». Sous le choc, l’une d’elle a tout de même le réflexe de filmer la scène et de la diffuser sur le web. S’en suit un tollé sur les réseaux sociaux, où les internautes ont vivement réagi.

 

Mais pourquoi cette exclusion ?

 

En entendant parler de cette histoire, on s’est posé plusieurs questions. Qu’est ce qui peut autoriser un établissement privé à expulser des adhérent·e·s pour cette raison ? En quoi un turban gêne-t-il un cours de sport ? On a l’habitude de certains arguments…

 

La laïcité ? On ne le répètera jamais assez : la laïcité est la neutralité religieuse de l’Etat, et n’interdit pas de porter des signes religieux dans l’espace public. Au contraire, elle garantit l’expression de culte à tou·te·s les citoyen·ne·s. La neutralité religieuse ne prévaut que pour les fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, et les élèves de l’école publique depuis 2004. La laïcité garantit donc à cette jeune femme le droit de porter un foulard lors d’un cours de sport.

Un règlement intérieur ? C’est l’argument donné par les responsables de la salle. Le règlement intérieur de l’établissement interdirait le port d’un couvre-chef, y compris des casquettes, capuches ou bonnets. Premièrement, les jeunes femmes ont pu constater que plusieurs personnes autour d’elles portaient des casquettes sans en être inquiétées. Certains couvre-chefs semblent donc être admis.

De plus, un signe religieux n’est pas un banal couvre-chef mais représente un signe extérieur d’une conviction religieuse, appartenant de ce fait à la liberté de culte. Le droit national et international protège les femmes qui voudraient notamment porter un foulard.

Par ailleurs, un règlement intérieur ne peut comporter des articles qui ne seraient pas conformes à la loi. La liberté religieuse est un droit fondamental, garanti par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et la Constitution Française du 4 octobre 1958. En aucun cas, le règlement intérieur d’un établissement peut passer au-dessus de ce principe fondamental.

 

Des raisons de sécurité ? Dans certains cas, le port d’un foulard peut ne pas être adapté aux activités proposées. Il est possible qu’un foulard se coince dans une machine par exemple, et entraine des risques pour la personne le portant. Mais cet argument ne fonctionne pas ici : la jeune femme exclue de la salle de sport portait un turban qui ne pendait pas, et ne posait donc aucun problème de sécurité. A noter que l’argument de l’identification n’est également pas valable : la plaignante avait donné son identité à l’entrée de l’établissement, carte d’identité à l’appui, et son visage était bien visible.

Rien ne justifie donc l’exclusion de cette jeune femme. Nous sommes bien ici en présence d’un cas de discrimination sexiste et islamophobe. Et ce n’est en aucun cas acceptable.

 

 

 

Pourquoi est-ce si révoltant ?

 

Ce supposé règlement intérieur interdisant le port de turban ne permettrait-il plutôt pas d’exclure des lieux une seule catégorie de personnes : les femmes voilées ?

Il s’agit ici d’un complexe sportif, mais des faits comparables se sont déjà produits ailleurs : école, banque, restaurant, milieu médical… Les femmes désirant se couvrir les cheveux sont de plus en plus fréquemment exclues de certains lieux privés sous couvert du règlement intérieur. Il faut dire stop à ces mesures discriminatoires, ne pas les rendre courantes et acceptables.

Etant moi-même voilée, je déteste dire « les femmes voilées » ou « moi, femme voilée » car cette expression est réductrice. Mais ce type de comportement nous stigmatise toutes, nous réduit au seul fait que nous portons un voile, nous empêche de nous exprimer en tant que femmes. Exclure une personne en raison de sa tenue et in fine de son appartenance religieuse, réelle ou supposée, est profondément humiliant. Cela provoque inévitablement le sentiment d’être considéré·e comme un·e individu·e à part dans la société. A l’heure où l’on parle de violences faites aux femmes, il est temps de considérer ces comportements islamophobes comme tels.

Nous sommes souvent cataloguées comme « soumises » lorsque nous choisissons d’être femmes au foyer ou de rester chez nous. Nous sommes exclues des lieux publics lorsque nous voulons avoir des activités comme n’importe quelle autre femme. Et nous sommes ensuite accusées de communautarisme lorsque nous nous retrouvons entre nous, pour nous préserver de toutes ses violences. Cela doit cesser.

Dénoncer ces pratiques ne veut pas dire se victimiser. Se positionner en tant que victime ne veut pas dire que l’on est inactif·ve . Bien au contraire, la solution réside dans l’action.

 

Comment réagir ?

 

 

Quel comportement adopter face à ces événements ?  Il ne faut pas penser que nous n’avons pas de pouvoir, car même l’action la plus minime vaut mieux que l’inaction. Il ne faut pas se taire. Il faut soutenir les victimes de discriminations, et dans ce cas tout notre soutien va aux deux jeunes femmes. Il est également nécessaire de faire du bruit : en signalant son mécontentement sur les réseaux sociaux, mais aussi auprès des structures concernées, ici l’Aquaboulevard. L’appel au boycott peut aussi être envisagé.

Ensuite, il faut avoir recours à la voie juridique pour que ces faits soient punis et que cela serve d’exemple. Dans ce cas comme dans d’autres, le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France) a été saisi. Pour preuve que nous pouvons agir, dans des cas similaires, les personnes ayant porté plainte contre ces établissements ont eu gain de cause. En juin 2014, le Tribunal de Grande Instance de Thionville a retenu le délit de discrimination contre le gérant d’une salle de sport, car celui-ci avait exigé le retrait du foulard d’une cliente afin qu’elle puisse être adhérente.

La loi, contrairement à ce que l’on peut penser, n’autorise pas les règlements intérieurs des établissements privés à interdire ce qu’ils veulent. La législation protège les citoyen·ne·s en leur permettant de jouir de leur liberté religieuse dans des lieux privés. Il est donc nécessaire de ne pas abandonner et de toujours se battre pour ses droits et lutter contre les discriminations, que l’on soit concerné·e ou allié·e.

 

 

 

Crédit photo à la une : merdeka-online.com

 

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Nos Voix

Chaque jour, je retire mon voile pour travailler

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J’ai mis des années à me convertir, mais seulement 10 mois à porter le voile. Je savais qu’un jour j’y viendrais, sans savoir comment. Je l’ai mis lors d’un voyage à l’étranger et je n’ai plus eu envie de le retirer à mon retour en France. Je me sentais bien. Protégée, reconnue en tant que musulmane et reliée en permanence à mon Créateur.

 

Je suis journaliste dans un petit journal local, en province. Dans ma ville, il y a peu de musulman·e·s et peu de femmes voilées. A mon retour au travail, après plusieurs semaines de vacances, je savais que je ne pourrais pas travailler voilée et que dans la rue, je serais dévisagée.

 

Chaque jour, en m’asseyant à mon bureau, je retire donc mon voile. Je retire une partie de moi-même. C’est un véritable déchirement. Je le remets en montant en voiture pour me rendre sur les lieux de reportage et l’enlève à nouveau lorsque je rencontre mes contacts. Une fois de retour dans ma voiture, mon premier geste est de me rhabiller. Car en me forçant à le retirer pour travailler, j’ai véritablement l’impression que l’on me déshabille.

 

Chaque jour, je croise des collègues : avec mon voile, lorsque l’on se voit devant les locaux de la rédaction, puis sans mon voile lorsque l’on est à l’intérieur. Je me sens totalement divisée. C’est comme si j’étais deux personnes à la fois. Je vois leurs regards surpris, un peu d’incompréhension. Et, à plusieurs reprises, je me suis demandé si mon geste avait du sens.

 

Ginella Massa, première présentatrice TV voilée au Canada / Capture d’écran @Ginella_M

 

Mais oui, il en a. Je veux prouver que l’on peut être une personne professionnelle tout en assumant ses choix religieux. Je ne perds pas espoir d’un jour pouvoir travailler avec mon voile. En novembre dernier, au Canada, Ginella Massa est devenue la première présentatrice de télévision à arborer un foulard lors d’une prise d’antenne en direct. Un jour, j’y crois, cela sera réalisable en France.

 

Je n’ai pas l’impression que mon voile, qui est à la fois un simple morceau de tissu et en même temps bien plus que cela, m’empêche de réfléchir. Porter ce vêtement ou ne pas le porter n’enlève pas ma part de spiritualité lorsque je travaille, je reste la même personne intérieurement et je garde mon professionnalisme. Je ne comprends pas pourquoi, particulièrement en France, on a de tels problèmes avec les signes religieux. Pourquoi on me prive de ma liberté de me vêtir.

Au contraire, pouvoir chaque jour croiser des personnes affichant qu’elles sont musulmanes, chrétiennes, juives… nous permet de comprendre combien les gens que nous rencontrons dans la rue sont pluriels et combien il est important d’accepter la diversité de chacun·e, qu’elle passe par la couleur de peau, la nationalité, l’orientation sexuelle ou la religion.

C’est la définition même de la laïcité, que nous aimons tellement prôner en France. Si nous étions habitué·e·s à voir des femmes voilées à la télévision, dans les bureaux, dans les enseignes que nous fréquentons, notre fausse image de “femmes soumises” serait assurément démystifiée.

 

Crédit photo : quora.com – “Mes patients se soucient de ce qu’il y a dans ma tête, pas de ce qu’il y a dessus”

 

Voilée donc invisible dans le monde du travail ?

 

Oui, je suis musulmane, j’ai choisi de porter le voile et je suis une femme qui réfléchit par elle-même. Je travaille, je fais du sport, je m’implique dans les milieux associatifs, j’apprends une langue étrangère, je lis beaucoup, je me cultive chaque jour. Je dirais même que je rayonne davantage depuis que je suis convertie et depuis que je porte le voile. J’ai compris que je devais profiter de chaque jour pour être une meilleure version de moi-même. Je n’ai rien de la musulmane décrite par les médias français, qui vit prostrée chez elle, totalement dépendante des hommes de son entourage. Comme la majorité des musulmanes françaises, je vis, dans le respect de ma religion, la vie de n’importe quelle autre femme active.

 

Je me rappelle d’un événement qui m’a particulièrement marquée, il y a quelques mois. Pour le journal où je suis employée, j’ai interviewé par téléphone un humoriste très connu. J’ai ensuite été invitée à assister à son spectacle avec ma collègue, en dehors de mes heures de travail. Je m’y suis donc rendue avec mon voile, comme toujours lorsque je sors de chez moi. Arrivées sur place, nous sommes passées par l’entrée réservée à la presse et je me suis adressée à une responsable de la salle de spectacle pour retirer les invitations :

« Bonjour, je viens retirer deux invitations presse au nom du journal Untel.

– Attendez, je regarde… Je ne les trouve pas. Ils ne vous ont pas envoyé de mail pour vous dire que vous aviez gagné au jeu concours ?

– Non, il ne s’agit pas d’un jeu concours. Je suis journaliste, j’ai eu des invitations car j’ai interviewé l’artiste il y a quelques semaines. »

 

La personne m’a regardée, incrédule. Pour elle, il était impossible que je sois journaliste. Je le voyais dans ses yeux.

 

 

« Attendez, je vais chercher ma collègue qui s’occupe des relations presse… »

 

La personne en question est arrivée. C’est avec elle que j’avais échangé par mail à plusieurs reprises pour fixer l’interview téléphonique, puis pour obtenir les invitations. Nous avons l’habitude de collaborer ensemble, mais nous ne nous étions jamais vues. Directement, elle a tendu sa main à ma collègue, qui attendait à mes côtés :

 

« Bonjour, félicitations pour l’interview ! Elle était très bien !

– Ah non, ce n’est pas moi qui l’ai réalisée, c’est ma collègue ! » a-t-elle répondu en me désignant. La personne en question a esquissé un sourire gêné dans ma direction et a continué à s’adresser exclusivement à ma consœur.

Incroyable. Ce morceau de tissu sur mes cheveux me rendait invisible à ses yeux et incapable d’exercer une profession à responsabilité. Seule ma collègue, non voilée, pouvait être celle qui avait mené cette interview.

 

Qui soumet l’autre ?

 

Aujourd’hui encore, je reste gênée de croiser dans ma vie de tous les jours des personnes que j’ai pu interviewer alors que j’étais forcée de retirer mon voile. D’ailleurs, la plupart du temps, ces personnes que je croise avec mon voile ne me reconnaissent pas. J’ai l’impression d’avoir deux facettes, de n’être totalement moi-même qu’une partie de mes journées seulement et de n’être honnête ni avec moi, ni avec les gens, ni avec Allah.

Employer des femmes voilées ne rend une société ni “islamiste” ni “musulmane”. Elle en fait juste une entreprise inclusive, qui respecte la loi, désireuse de faire travailler des femmes pour leurs compétences et leurs savoir-faire et non pour leur apparence physique. Voilà le vrai féminisme. Chaque jour, on entend, en allumant la radio, à la télé ou sur Internet que les musulman·e·s sont des gens communautaristes. On entend que les femmes sont totalement dépendantes des hommes, soumises. En nous privant d’accès au travail, c’est notre fonctionnement qui crée ce type de problème. Alors, qui soumet l’autre ?

Pourtant, autour de moi, je connais tellement de femmes voilées très intelligentes, dont les talents sont incroyables et qui ne demandent qu’à exercer un emploi à la hauteur de leurs capacités.

 

 

Déclaration de Nadiya Hussain après son élection de meilleure pâtissière du Royaume-Uni

 

J’y crois. Un jour, inchaa Allah, en France, on poussera la porte de sa banque et parmi les employé·e·s, il y aura des femmes voilées. On allumera sa télé et parmi les présentateur·trice·s, il y aura des femmes voilées. On entrera dans un cabinet d’avocat·e·s et parmi les salarié·e·s, il y aura des femmes voilées. On se rendra à l’Assemblée Nationale, et parmi les élu·e·s, il y aura des femmes voilées.

On se réveillera un matin et dans la rue, on ne verra plus un voile, mais uniquement une femme, semblable à toutes les autres.

 

Crédit photo à la une : @jeeitd

 

 

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(Dé)construction

Quelle place pour la religion dans les centres hospitaliers ?

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Je suis kinésithérapeute depuis presque 10 ans. J’ai essentiellement travaillé en service de réanimation pédiatrique. J’ai accompagné beaucoup d’enfants en fin de vie. Dans cet univers à part qu’est la réanimation, la peur de perdre un être cher fait rejaillir, plus que dans d’autres services, la notion de spiritualité, de religion. Cela devient, pour la plupart des familles, une force, un pilier auquel s’accrocher durant ces lourdes épreuves. J’ai croisé de nombreuses Bibles, Coran ou Torah sous les oreillers, entendu de nombreux versets récités, de prières murmurées…

 

Alors évidemment, lorsque l’espace Ethique Ile-de-France propose un débat sur « la laïcité à l’épreuve des pratiques soignantes », je fonce. Kiné et croyante, je me sens totalement concernée. Mais quelle déception : aucune des présentations, aucun des échanges ne parlait de mon quotidien. Seule une question de Blanche, étudiante en 3ème année de médecine, chrétienne, relance le débat. Elle demande :

Une patiente en fin de vie me dit qu’elle est chrétienne, qu’elle n’a pas peur de la mort et qu’elle va rejoindre son mari. Ai-je le droit de lui dire que je suis aussi chrétienne et que je la comprends ? Je souhaite préserver le lien de confiance qui s’est tissé entre nous.

La seule réponse qu’elle obtient ce jour-là est : « Je ne sais pas si juridiquement, tu as le droit ». Je me faufile à la fin du débat et nous restons discuter. Le directeur nous repère. Et c’est ainsi que la fois suivante, nous nous retrouvons toutes les deux sur l’estrade, à parler de notre réalité.

 

En théorie…

 

Pour débuter ce nouveau débat, je rappelle que la laïcité englobe la liberté de croire et de ne pas croire, l’indépendance et la neutralité de l’Etat et donc du service public qui s’impose aux agents (mais non aux usagers) et la notion de citoyenneté des Français.es égaux.les en droits et en devoirs, peu importe leurs identités, leur religion, sans discrimination.

Plusieurs documents sur la laïcité à l’hôpital donnent des réponses plutôt pragmatiques [1]. Elles sont liées à une écoute mutuelle entre les soignant.e.s et les patient.e.s « dans le respect de leurs croyances » et en « prenant en compte les convictions de ses usagers ». Une neutralité des soignant.e.s et une absence de prosélytisme de la part des soignant.e.s et des soigné.e.s est attendue.

Le principe de neutralité veut-il pour autant dire totalement nous nier ? Comment peut-on être un.e bon.ne soignant.e en se « soi-niant » ?

Mais à croire la juriste dans la salle, parler de religion à l’hôpital, « c’est mal et c’est non ». Elle n’arrête pas de nous parler du cadre, de la loi, des règles. J’ai comme une envie de l’inviter à passer une journée avec moi…

De la théorie à la pratique, il y a un fossé. Un gouffre. Les soignant.e.s comme les soigné.e.s ont des droits et des devoirs que les deux parties ignorent. Et en raison de fausses conceptions de la laïcité et du prosélytisme, on se retrouve dans des tabous parfois mortels. Pour information, le mot prosélytisme signifie : « Un zèle pour recruter de nouveaux adeptes, pour imposer son point de vue. » On a de la marge…
 
6156795-9198175
 

En pratique : 5 exemples de cas où la religion a pu apaiser…

 

1) Il y a cet ado atteint d’une maladie grave, à qui ce médecin athée cite des versets du Coran. Grâce à cela, il lui a fait comprendre que dans son cas, sa religion l’autorisait à ne pas jeûner pendant ce mois de Ramadan.

2) Je me souviens de cette mère, dont l’enfant a été renversé par une voiture, dans un coma artificiel. Je lui propose de voir Murielle, notre psychologue, mais elle me répond, le sourire aux lèvres et apaisée : « Je suis un serviteur de Dieu. Je m’en remets à Lui. C’est Lui qui décide ». Pour être honnête, vu le pronostic de ce jeune garçon, sa réponse m’a rassurée. Pour la petite histoire, ce jeune garçon a pu sortir du coma, puis rebouger… un 25 décembre !

3) Et puis, cette maman d’une petite fille de 5 ans, en attente de greffe cardiaque, à qui je demande : « Est-ce que je peux faire quelque chose de plus pour vous aider ? ». Elle me répond : « S’il vous plaît, priez pour elle ». Alors, je lui ai dit oui, « Je prierai pour elle » et je l’ai fait.

4) Dans les services où j’ai travaillé, nous avions l’habitude d’accompagner les parents jusqu’au bout et parfois donc, jusqu’à la levée du corps. Il y a cette triste histoire, d’un bébé dont les parents sont de confession musulmane, décédé à à peine un an. Dans la religion musulmane, un enfant qui décède avant l’âge de 7 ans est considéré comme allant directement au Paradis. Sachant cela, je me suis permis de le rappeler aux parents au moment de la présentation du corps. La maman a souri à travers ses larmes et m’a dit « Merci ».

5) Une médecin diabétologue dans la salle raconte :

Une de mes patientes est arrivée 4 fois en réanimation, car elle ne prenait pas son insuline. Et ce n’est qu’au bout de cette 4ème fois que j’ai compris qu’elle pensait être possédée.

En questionnant les croyances de sa patiente, elle lui a sauvé la vie !

 

Alors, chère Blanche, quand tu réponds à cette vieille dame que toi aussi, tu es chrétienne et que oui, tu comprends son sentiment de paix à l’idée de rejoindre son mari décédé, je crois que tu fais bien. Je ne crois pas que cela ait à voir avec un quelconque prosélytisme que de répondre, d’écouter ou plutôt d’entendre ce que cette vieille dame avait à partager. Blanche me répond :

Si j’avais été musulmane, cela n’aurait peut-être pas été pris de la même manière.

Passons…

Le mot valise de laïcité, peu expliqué à l’hôpital, n’a pas donné un cadre aux pratiques religieuses, mais en a fait un tabou ! Pour info, sur les 350 étudiant.e.s de la promotion de Blanche, 6 futur.e.s médecins seulement ont assisté au cours sur l’éthique. Tous les ans, une journée obligatoire de sécurité incendie est organisée pour le personnel de l’hôpital. Ne pourrions-nous pas aussi avoir droit à une journée sur la laïcité ?

 

Et si nous pensions d’abord aux patient.e.s ?

 

Lors de ce débat, j’ai appris qu’un.e patient.e dans sa chambre est dans son espace privé. Dans la mesure du possible, les soins doivent respecter ses heures de prières si il.elle le demande.

Des consultations de religion/spiritualité existent dans d’autres pays (Belgique, Suisse, Canada) depuis bien longtemps. Alors qu’ici dans l’anamnèse (le récit des antécédents médicaux) du ou de la patient.e, aucune case sur la religion ! Pourtant, ce sont des vies qui sont en jeu !

Heureusement, il existe une initiative en France, celle du Dr Paul Atlan, gynécologue et psychiatre qui a ouvert la consultation « Ethique et religion ». Elle s’adresse aux femmes enceintes ou voulant avoir un enfant. Ces femmes n’arrivent pas à se positionner sur ce qu’elles ont le « droit de faire » (en particulier pour la fécondation médicalement assistée ou l’interruption médicale de grossesse). Comme il le dit, « un patient, c’est un tout ». Il les entend dans le respect de leurs croyances. Parfois, les patient.e.s ne sont pas informé.e.s et s’interdisent des choses qui, dans des situations d’urgence vitale, ne sont pas interdites par leur religion.

Malheureusement, niveau respect et tolérance, les soignant.e.s n’ont pas toujours les mots les plus tendres…

Il y a cette maman, 10 enfants, dont 4 en situation de handicap. Une de mes collègues me dit : « On devrait la signaler aux services sociaux. Ce devrait être interdit de pouvoir faire des enfants quand on sait qu’ils risquent d’être handicapés. » Cette maman était catholique et pratiquante et refusait tout type de contraception. Ce choix, elle l’assumait ! En étant là, plus que jamais, à chouchouter sa fille hospitalisée.

Et puis cette autre collègue, voyant une femme en jilbab (une longue tenue ample, portée par certaines femmes musulmanes) me dit :

Tiens, voilà Fantomas avec sa cape. On devrait interdire ces tenues à l’hôpital !

Je me suis empressée de lui rappeler que cette charmante maman était, elle, présente tous les jours auprès de son fils hospitalisé. Ce qui n’était pas le cas de toutes les familles. N’est-ce pas là le plus important ?

A la fin du débat, une femme vient me voir et me dit : « On ne peut pas nier qu’en terme d’égalité et de discriminations, il y a encore du chemin. Si je vais à l’hôpital et que je demande que ce soit une femme qui m’examine, on verra cela comme de la pudeur. Mais si j’étais voilée… ». Je souris et je lui réponds : « On pourra peut-être commencer le prochain débat avec ça ? »

Si j’ai tenu à parler de ce thème, c’est parce que je suis convaincue que d’un côté ou de l’autre du lit, le manque de connaissances nous porte préjudice. Soignant.e.s comme soigné.e.s. Et je crois profondément, comme le dit si bien Charlie Chaplin, qu’

Il faut apprendre, non pas par amour de la connaissance, mais pour se défendre contre le mépris dans lequel le monde tient les ignorants.

 

[1] Pour mieux comprendre les notions de laïcité à l’hôpital, quelques documents officiels pour les soignants et les soignés :

– le « Guide de la laïcité et de la gestion du fait religieux dans les établissements publics de santé »

– la « Charte de la laïcité dans les services publics »

– la fiche « Soin et laïcité au quotidien »

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(Dé)construction

Pourquoi nous soutenons Manuel Valls

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Vous aussi, vous avez regardé, il y a quelques semaines, l’Émission Politique avec Manuel Valls ? Vous aussi, vous avez suivi son échange – monologue avec Attika Trabelsi, trésorière de notre association Lallab ? Vous aussi, vous avez dû supporter ces dernières années ses discours stigmatisants et violents envers les Rroms, les réfugié.e.s, les manifestant.e.s, les syndicats, les écologistes, les étrangers … et les musulman.e.s ?
Et vous aussi, vous ne trouvez plus de sens à votre vie après la défaite de Manu lors du vote des “primaires citoyennes” ?

 

Allez, sois fort Manu !

Chez Lallab, nous ne pouvions rester indifférentes face à son désespoir.
Chez Lallab, nous nous battons pour que les femmes, mais aussi les hommes, puissent assumer librement leurs choix. Nous façonnons ainsi un monde dans lequel chaque personne peut être ce qu’elle veut être et non ce qu’on voudrait qu’elle soit !

Alors Manu, nous avons compris, en filigrane, ton message, ce cri du coeur, quand tu as déclaré « moi aussi je suis féministe »…. Ce n’est pas contre les femmes voilées que tu en as, noooon, c’est contre toutes ces oppressions que tu vis au quotidien, et dont tu souhaites te libérer. Le truc sur Marianne qui est libre, le burkini et tout, c’était une métaphore de ta propre condition, n’est-ce pas ?

Mais sache que même dans la défaite, ton combat est le nôtre, Manu. Nous sommes libres et nous décidons par nous-mêmes, et cette liberté, nous la voulons pour tou.te.s et même pour toi.

Alors oui, nous nous battons pour que tu puisses porter la kippa sans qu’on vienne te reprocher d’en faire un étendard politique !

 

Crédit Photo : Manuel Valls lors de l’inauguration de la synagogue de Mulhouse en 2012
 
Nous nous battons aussi pour que tu sois libre de déambuler en short, en t-shirt ou en gros pull, même si on sait que dans les quartiers où tu traînes, c’est pas facile, et qu’on est hyper mal vu dès qu’on ne porte pas le chemise-costard de rigueur.

Nous nous battons pour que tu puisses aussi porter une chemise si tu le désires sans forcément que l’on t’assimile à un criminel en col blanc, ou que l’on te demande des comptes sur tes pairs en costards qui volent, escroquent et sont coupables de fraudes fiscales ; sans que l’on t’accuse de suivre « une mode » qui promeut un message politique : celui du capitalisme débridé.

 

Image3Crédit Photo : Manuel Valls / AFP

 

Nous nous battons tout simplement pour que tu puisses vivre dans une société qui t’accepte avec tes multiples identités.

Mais ce que nous voulons pour toi, nous le voulons aussi pour nous…
Alors nous continuerons à créer une société plus juste et plus égalitaire pour tou.te.s.

 

Oui tu as perdu, mais qu’est ce que l’on te reproche ?

https://twitter.com/KayKween_/status/825794689794191360

Comme tu peux le voir, ce n’est pas vraiment après toi que nous en avons, Manu. Par contre, certaines des idées défendues pendant ton mandat et ta campagne sont profondément contre nos valeurs.

Tu as dévoyé le sens de la laïcité pour en faire un combat laïcard excluant et autoritaire !

Contrairement à ce que tu as voulu nous faire croire, Manu, la laïcité est un principe qui nous permet de vivre en France avec nos croyances et nos non-croyances. La loi de 1905 a été créée, après de longs débats au Parlement, comme une loi de liberté. La République assure ainsi la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes et oblige l’État à la neutralité et à veiller à ce que cette liberté soit effective.

Cette loi a été votée dans un souci d’apaisement et comme l’a rappelé le Conseil de l’Etat en 2004, la laïcité est un moyen dont la fraternité et le pluralisme sont une fin.

Pour autant, tu n’as cessé de faire croire que les convictions religieuses des citoyen.ne.s français.es devaient rester dans le domaine du privé, stigmatisant ainsi de nombreux.ses musulmane.e.s. Or cette idée n’a aucun fondement politique, historique ou philosophique ! Cette idée-là, tu ne la puises pas dans la loi de 1905, mais dans les idées du Front National, avec notamment le discours de Jean-Marie le Pen à Creil en 1989.

Et c’est-peut être ce qui fait la grosse différence entre toi et le concurrent qui t’a battu à plate couture. Benoît Hamon, lui, s’en tient au respect des lois pour un meilleur vivre-ensemble, quand toi tu souhaitais les utiliser pour mieux nous diviser.

Nous espérons du fond du cœur, Manu, que tu vas apprendre de tes erreurs, et sache que nous, on sera toujours là pour te soutenir dans tes choix de vie. Si tu as besoin de parler pour accuser le coup, n’hésite pas !

Article co-écrit par Nounja et Lysandra, auteures chez Lallab
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(Dé)construction

Tu es Française musulmane ou Musulmane française ? Ces grands débats inutiles et imposés

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Etre une femme musulmane en France va avec son lot de surprises, d’épreuves, et de débats externes et internes. Lorsque notre religiosité n’est pas seulement supposée mais qu’elle se devine très clairement du fait de l’invisibilité de nos cheveux en public, bref, lorsque nous ne sommes pas des musulmanes discrètes, plusieurs débats nous sont imposés. Je les ai appelés les GDII pour Grands débats inutiles et imposés, en référence aux Grands projets inutiles et imposés, terme utilisé par les écologistes pour désigner les projets auxquels ils sont opposés comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Florilège.

 

1. Etre Musulman.e français.e ou Français.e musulman.e

 

«Alors là il faut faire un choix ma cocotte. C’est soit tu es Française de confession musulmane soit Musulmane de nationalité française » : c’est, en substance, ce qu’on demande aux Français.es musulman.e.s (ou dans l’autre sens, c’est selon). Ce qui est sous-entendu c’est l’incompatibilité entre les deux identités : l’identité nationale et l’identité religieuse. C’est le versant individualisé du grand débat national « L’Islam est-il compatible avec les valeurs de la République ? ». Et comme nous savons si bien le faire en France, personne ne prend la peine de spécifier et définir les termes du débat. On parle de l’Islam comme si c’était un bloc monolithique alors qu’il existe autant de musulman.e.s que de façons de pratiquer sa religion, et donc d’être musulman.e. De même, on érige les valeurs de la République comme un ensemble de concepts immuables qui fonderaient le socle de notre nation. Mais quand on creuse un peu plus, on n’y trouve pas grand-chose et bizarrement la valeur qui est principalement citée est la laïcité. J’aurais tendance à penser que cette sur-utilisation de la laïcité a une visée précise. Je romps le suspense. En fait c’est pour conclure que l’Islam est incompatible avec la République.

Aujourd’hui, je me rends compte que les termes du débat sont biaisés, mais cela n’a pas toujours été le cas. Je me souviens, en souriant du ridicule de la réflexion, avoir sérieusement sondé ma mémoire à la recherche de mon premier sentiment d’appartenance religieuse et de mon premier sentiment chauvin. A quel moment me suis-je sentie musulmane pour la première fois ? A quel moment me suis-je sentie française pour la première fois ? J’ai de manière absurde perdu des minutes, voire des heures, de mon temps. C’est un non-débat absolu car on s’en fiche. Le débat n’a juste pas lieu d’être. Etre musulman.e et être Français.e sont deux identités distinctes. Une religion, une nationalité. Nous sommes des millions à vivre ces identités au quotidien, et bizarrement, on le vit plutôt bien. Si c’était si frustrant, les hôpitaux psychiatriques seraient remplis de musulmans-n’arrivant-pas-à-vivre-du-fait-de-l’incompatibilité-de-leur-foi-et-de-leur-nationalité. Cela n’a aucun sens de vouloir hiérarchiser ces deux identités car elles cohabitent en nous. Et quand bien même une personne désirerait hiérarchiser et dirait qu’elle se sent plus musulman.e que Français.e ou plus Français.e que musulman.e, où est le problème ? Et pour ceux qui n’en démordent pas et ont en tête des exemples très spécifiques de conflits-entre-la-loi-française-et-les-préceptes-religieux-islamiques, un.e musulman.e est en adéquation avec ses principes religieux lorsqu’il ou elle obéit à la loi de son pays. Voilà. Je décrète donc, très solennellement, la fin de ce GDII.

 
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La chanteuse Yuna a su faire fi des barrières qui se sont érigées face à elle (capture d’écran YouTube)

 

2. Etre voilée et soumise ou dévoilée et libre

 

Alors celui-ci c’est LE grand classique des discussions sur le voile. Aujourd’hui, ma réponse consiste à arborer une expression faciale désabusée ou lever mes yeux au ciel en soupirant profondément. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Pendant très longtemps, j’ai essayé de détricoter ce qu’on avait décrété être un oxymore : une femme musulmane voilée libre. Si en plus cette dernière ose se déclarer féministe, elle est vouée aux gémonies. L’argumentaire des détracteurs.trices du voile est simple : une femme voilée est soit voilée de force par son-père-son-frère-son-mari-ses-oncles-son-boucher-son-voisin-les-gangs-de-son-quartier-populaire-ces-zones-de-non-droit-que-la-République-a-perdues, soit elle a « choisi » de se voiler mais la pauvre elle n’a pas compris qu’elle s’était auto-aliénée. Dans les deux cas, une seule solution se présente à nos valeureux détracteurs : nous sauver.

Et quand on tente tant bien que mal de leur expliquer qu’on a fait ce choix comme des grandes et qu’à partir d’un moment il faudrait arrêter de nous infantiliser, les détracteurs font volte-face. Soudainement nous ne sommes plus des enfants en danger mais nous devons être responsables et solidaires des femmes dans le monde qui sont contraintes à porter le voile. Ainsi, dans un élan de solidarité des plus beaux, nous devons, oui nous devons, la bienséance républicaine l’exige, nous dévoiler. En plus de cela (oui parce qu’il n’y en a jamais assez lorsque l’on parle du voile), nous devons être reconnaissantes du combat de nos aînées qui se sont battues pour pouvoir s’habiller comme elles le souhaitent. Sneak peek, aux dernières infos, nous aussi en fait, nous nous battons pour pouvoir nous vêtir comme nous le désirons, mais ça apparemment on s’en fout, les seuls combats valables sont ceux pour le dévoilement. Alors je ne vais pas me casser la tête à perdre trop de temps à démonter cet argumentaire. Je reprendrais le trait d’esprit de la journaliste Sonia Gueddouri : doit-on s’interdire d’avoir des enfants parce que des femmes se sont battues pour pouvoir bénéficier du droit d’avortement en France ? La question vous semble absurde ? Voilà, vous avez saisi toute l’inutilité des arguments qui nous sont opposés, de ceux qui nous renvoient à la situation de femmes à l’autre bout du monde dont les réalités sont différentes des nôtres, à ceux qui ne nous offrent qu’une seule voie d’émancipation. Vous êtes gentils, valeureux détracteurs du voile mais on sait assez bien déterminer la façon d’être qui nous convient le mieux. Acceptez-le ou non mais nous avons choisi de choisir, et cela dans un spectre de choix plus large que celui que vous nous proposez.

Avant d’arriver à cette liberté, je dois avouer que c’est le non-débat qui m’a donné le plus de fil à retordre. Ma fibre féministe a été retournée dans tous les sens par les arguments qui paraissent logiques : le voile est un signe de sexisme car seules les femmes doivent se couvrir les cheveux dans les religions (bien entendu ces arguments-là occultaient constamment les exigences de pudeur qui s’adressent également aux hommes). Malgré les tiraillements internes, mes cheminements idéels arrivaient à chaque fois au même aboutissement : je me sens bien avec mon foulard. Je me sens bien lorsqu’on ne peut pas voir mes cheveux. Aussi absurde que cela puisse paraître aux yeux de certain.e.s, c’est ma façon d’être libre. Et honnêtement, je me fous des interprétations, des projections et des opinions sur mon voile et ma personne en général. Je me sens bien comme ça et je n’ai pas à me justifier du pourquoi du comment de mon bien-être. Ça a été un chemin long et sinueux mais aujourd’hui c’est ma vraie liberté : réussir à ne pas me plier aux avis et remarques pestiférés sur ma façon de m’habiller et le mode de vie que j’adopte, m’assumer à 100% en France et ne pas me sentir obligée de me justifier. Alors oui, je suis libre et voilée. Et je m’en fiche de ce que l’on peut en penser.

 
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3. Joyeux Noël ou Joyeuses Fêtes

« Tu sais j’écoutais la présentatrice du 20 heures, elle a souhaité un Joyeux Noël aux téléspectateurs et je me suis demandé ce que ça faisait de l’entendre quand on ne fêtait pas Noël ».

Alors là, face à cette question posée le plus sérieusement du monde (oui oui), j’avais deux choix :

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2) Tenter de lui faire comprendre gentiment que cette question est ridicule.

J’ai opté pour la deuxième car on ne se connaissait pas depuis assez longtemps pour que je puisse lui décocher mon plus beau facepalm et mon plus long soupir de désarroi. Je lui ai donc expliqué que même si je ne fêtais pas Noël, j’ai toujours entendu des personnes souhaiter « Joyeux Noël », je l’ai aussi souhaité à mes ami.e.s qui le fêtaient, je baigne dans une culture qui est empreinte des célébrations de Noël et j’aime regarder des films de Noël (je plaisante, ce n’était pas une partie de mon argumentaire). Bref, je lui ai dit que c’était un non-débat !

 

Tous ces GDII m’ont coûté en temps, en énergie et en réflexions, mais les avoir déconstruits (certains étaient plus faciles que d’autres, certes), m’a permis de me sentir beaucoup plus légère et en paix avec moi-même et mes identités.

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