Sayyida Nafisa : modèle de connaissances et d’espoir

par | 19/05/19 | Femmes musulmanes dans l'histoire, Portraits

Des femmes musulmanes savantes et érudites, l’on peut en trouver à la pelle. Il suffit de creuser, creuser dans le temps, creuser dans l’histoire pour les rencontrer. Avec de la volonté, on peut les célébrer, les remercier, les saluer.
La femme dont je vais vous parler aujourd’hui en fait clairement partie.
Elle fut l’une des plus grandes érudites de son temps et forma un nombre incalculable d’hommes et de femmes. Sayyida Nafisa est un modèle de connaissances, un modèle de persévérance, un modèle d’espoir.
Si vous l’acceptez, ce soir, je vous embarque avec moi auprès de la grande, de l’époustouflante Sayyida Nafisa.

 
C’est à la Mecque que Sayyida Nafisa naquit en l’an 767. Elle fut la fille de Al Hasan al Anwar, qui lui-même était le fils de Zaid al Ablai, fils de Hasan enfant de la célèbre fille du prophète dont nous avons déjà parlé précédemment, Fatima. Sayyida entretenait donc dès son plus jeune âge un lien fort avec l’islam et avec ses ancêtres qui furent les premier.e.s à l’islam.

C’est dans un contexte familial religieux où la mémoire occupait une place importante que Sayyida Nafisa évolua.
En 772, son père fut nommé gouverneur de la ville de Madinat al Munawwarra, actuelle Médine. Dans cette ville, Sayyida Nafisa grandit et évolua.

Dès son plus jeune âge, son père la forma et l’emmena partout avec lui. Ainsi, à ses côtés, elle fréquenta les différentes mosquées et rencontra les plus éminent.e.s savant.e.s.

Inspirée, elle commença dès sa sixième année à vouloir étudier. Extrêmement intelligente et appliquée, Sayyida mémorisa très rapidement le Coran et à l’âge de 10 ans, c’est à l’étude de la jurisprudence islamique qu’elle se consacra. Très tôt, elle se forma dans un certain nombre d’écoles, ce qui lui permit d’expliquer les textes sacrés avec beaucoup de précision et ce malgré son jeune âge. En raison de ses connaissances et de son grand intérêt pour les études religieuses, elle commença à l’âge de 12 ans son chemin de prédicatrice islamique notamment auprès des jeunes filles et femmes au sein de la cité.

Durant son adolescence, elle passa une grande partie de son temps à prier sur la tombe de son arrière-grand-père, le prophète Mohammed. Auprès de lui, elle trouvait l’inspiration et la motivation qui lui permettait de toujours plus étudier et enseigner.

Dans les alentours, Sayyida était largement connue comme étant une figure d’abstinence et comme modèle de piété. Souvent, elle jeûnait et passait la grande majorité de ses soirées à prier.

A l’âge de seize ans, Sayyida épousa son cousin Ishaq al-Muotaman, lui-même descendant direct de l’Imam al-Husayn. Ensemble, ils eurent deux enfants, un fils nommé Al-Qassim et une fille nommée Umm-Kulthum. Ensemble, tous deux effectuèrent 30 fois le hajj au cours de leur vie.

Quand Sayyida Nafisa eut 44 ans, elle fit le choix d’aller s’installer en Egypte dans la ville du Caire. Lorsque les gens furent informés de sa venue, ils.elles s’organisèrent pour l’accueillir au mieux. Le jour de son arrivée, ils.elles se ruèrent en masse à sa rencontre, si bien qu’un immense cortège se forma. Elle consacra une journée entière à saluer et recevoir ceux et celles qui souhaitaient la rencontrer.

De toute l’Egypte, des gens se pressaient pour la visiter et lui demander sa bénédiction. Durant quelques années dans son foyer, elle recevait hommes et femmes à qui elle partageait ses connaissances et son savoir. Son domicile devint alors une place incontournable dans l’apprentissage de la jurisprudence au Caire.

Au bout de quelques années, épuisée par le fardeau que représentaient les rassemblements au sein de son foyer, elle décida de quitter le Caire pour retourner à Médine. En effet, elle avait le profond sentiment de ne plus avoir suffisamment de temps pour sa pratique cultuelle. Découvrant sa décision de partir, des milliers de personnes la supplièrent de revenir sur sa décision.

Parmi ceux-là, le gouverneur d’Egypte, As-Sirri bin al-Hakam s’engagea à lui mettre à disposition un plus grand toit, et lui recommanda d’attribuer des visites le samedi et mercredi, et consacrer les autres jours uniquement au culte. Sayyida y réfléchit puis accepta.

Sous son nouveau toit, plus grand et plus chaleureux, elle accueillit la plupart des érudit.e.s de son temps, des expert.e.s en jurisprudence, des hadiths et des explications coraniques. Parmi ces sommités, l’on peut nommer le plus connu, l’imam al-Shafi`i, originaire de Bagdad.

L’imam Shafi`i resta à ses côtés pendant plus de quatre ans et ce jusqu’à son décès. Grâce à ses enseignements, il pensa notamment sa nouvelle école de pensée considérablement modifiée par rapport à celle qu’il avait développée quelques années auparavant à Bagdad.

Aux alentours des années 820, Sayyida Nafisa tomba gravement malade. Sentant que sa fin approchait, elle écrivit à son mari Ishaq al-Mu`taman, qui vivait à Médine et lui demanda de venir près d’elle en Égypte. A la suite de cela, accompagné de son fils Qassim et de sa fille Umm-Kulthum, il vint à son chevet. Quelques années plus tard, Sayyida décéda. Le jour de son décès fut un jour tragique pour tou.te.s les Egyptien.ne.s, et fut alors célébré. Dans l’ensemble du district égyptien, l’on commença à se rassembler chez elle au Caire avec une profonde tristesse et un sentiment de grande perte. Un tel rassemblement était sans précédent dans toute l’Egypte.

Une première mosquée fut construite près de sa tombe par le gouverneur de l’Égypte, Ubaydullah bin Sirri bin al-Hakam. Depuis sa mort, jusqu’à aujourd’hui, quotidiennement des personnes viennent s’y recueillir.
 
Plus qu’une femme de sciences, Sayyida Nafissa fut une reine de transmission. Dans sa grande bonté et générosité, elle offrit tant aux hommes qu’aux femmes de sa générosité, les trésors qu’elle possédait.

Son histoire m’a chamboulée, elle m’a donnée la volonté d’étudier, la volonté de me dépasser, la volonté de me reconnecter avec ma spiritualité parfois branlante.

L’histoire de Sayyida Nafisa, vient une fois de plus faire voler en éclat tout un tas de préjugés et d’interdits formulés et rien que pour cela son histoire mériterait d’être davantage partagée et étudiée.
 
 
Crédit image à la une : Imène. Imène est graphiste, illustratrice et rédactrice. Pour découvrir ses projets et travaux, je vous invite à visiter ses différentes pages :

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