Best of des commentaires que j’ai reçus pendant mes trois mois chez Lallab

par | 23/01/17 | (Dé)construction

Au moment où j’écris ces lignes, cela fait maintenant 3 mois que j’écris pour Lallab. Les réactions ne manquent pas, et montrent que beaucoup de gens soutiennent le fait que des femmes musulmanes se réapproprient la parole et fassent entendre leurs voix. Mais il y en a aussi d’autres que cela dérange… Voici la première partie d’un petit best of des commentaires que j’ai pu recevoir en seulement 3 mois et 8 articles. Ne vous inquiétez pas, j’ai gardé les rigolos et je vous épargne ceux qui sont juste bêtes et méchants.

 

1. Ceux qui font des jeux de mots

 

Exemples : « Amener les jeunes femmes musulmanes à se voiler LA FACE » ; « ce fichu (!) voile »

Notons ici le petit point d’exclamation pour souligner la blague, au cas où on ne l’aurait pas relevée. Mais crois-moi, dans ce genre de cas, il vaut mieux que les gens ne la relèvent pas.

 

2. Ceux qui se focalisent sur un détail

 

Apparemment, ils ont lu en mode « relecture orthographique », et tout ce qu’ils ont retenu de mon article de 2 pages, c’est la virgule que j’ai oubliée à la ligne 47.

Il y a aussi ceux qui créent un débat sur un point assez marginal. Par exemple, dans les commentaires, le débat fait rage… sur les gens qui restent à gauche dans l’escalator, et ceux qui devraient prendre les escaliers au lieu de s’en plaindre (comme je le fais dans l’article concerné). Remarque, c’est vrai, c’est aussi un débat de société brûlant, et il faut en parler.
 

 

3. Ceux qui te font dire ce que tu n’as pas dit

 

En plus sur Twitter, il faut faire court, alors ça donne parfois des choses assez intéressantes :

 

 
Sachant que :

1) Je n’ai jamais dit (ou pensé) que « femmes coupables séduire mâles », ni que c’est pour ça qu’on porte le hijab.

2) Le commentaire a trait à l’article « 10 anecdotes qui prouvent qu’enlever mon hijab ne me débarrasserait pas des préjugés », où je relate certaines de mes expériences en tant que jeune femme maghrébine. Donc je ne vois pas bien le rapport (sûrement parce qu’il n’y en a pas). Heureusement, le monsieur m’a gentiment expliqué le « lien » ; apparemment, dans mon article, je dis à toutes les autres Maghrébines : « De toute façon on est déjà des victimes, alors tant qu’à faire, on n’a qu’à porter le voile, on n’a rien à perdre ». Rien à dire, ce mec est un fin psychologue.

 

4. Ceux qui te prennent pour une encyclopédie en ligne

 

Ces commentaires-là, j’y ai droit dans la vraie vie aussi : certaines personnes me sortent une série de versets qui les dérangent « en tant qu’Européens » (comprendre « en tant que civilisés »), et me demandent comment je peux expliquer qu’ils figurent dans le Coran si l’islam est une « religion de paix ».

Bah écoute, je vais faire quelques petites études de théologie, et je reviens te donner la réponse dans 8 – 9 ans, ça te va ? D’ailleurs, j’ai moi-même un petit souci avec l’article 809 du Code civil, tu pourras m’expliquer, j’espère ? C’est pas réservé aux savants, quand même ?!

 

5. Ceux qui mettent clairement en doute le vécu que tu partages

 

« Cet article est un condensé de clichés », « Les situations décrites sont pour certaines non crédibles »… Okay, donc ma vie est un cliché pas crédible. Contente de l’apprendre.
 

 
J’’ai quand même une petite devinette : entre une femme musulmane d’origine maghrébine portant le hijab d’une part, et un homme ou une femme blanc.he et non-musulman.e d’autre part, qui est censé.e expliquer à l’autre à quoi ressemble la vie d’une femme musulmane d’origine maghrébine portant le hijab ? … Besoin d’un indice ou ça va ?

 

6. Ceux qui te donnent mal à la tête

 

Je ne sais pas si c’est dû aux économies de mots obligatoires sur Twitter ou bien à la formulation choisie pour se donner un air de Sartre, mais il y a parfois des commentaires que je dois relire plusieurs fois :

 

Photo 2

 

Donc si j’ai bien compris, il dit : okay, les gens sont incapables d’argumenter pour démontrer pourquoi vous avez tort, mais ça ne veut pas dire pour autant que vous avez raison. #complexitépseudointellectuelle

 

7. Ceux qui sont un dialogue entre un lecteur et… lui-même

 

Après quelques jours de pause, je découvre dans les commentaires qu’un étrange dialogue a eu lieu entre 2 pseudos qui se répondent alors que leurs commentaires n’ont pas été approuvés, et ne sont donc pas visibles sur le site… Le fait qu’ils partagent la même adresse IP est peut-être une piste d’explication, Sherlock. Notons au passage la ténacité de notre admirateur, qui envoie les mêmes commentaires pendant plusieurs jours (y compris le soir du Nouvel An), et sa capacité à s’indigner de l’absence d’autres commentaires prétendument « censurés » alors qu’il ne les a jamais postés.

Ce site ne serait-il pas accessible aux libres penseurs ? Qui censure et sur quels critères ? De toute façon, s’il y a censure ça ne m’intéresse plus.

Si seulement ça pouvait vraiment suffire à nous en débarrasser… Je vous livre quelques extraits des contributions de notre libre penseur, digne héritier de Voltaire et de Rousseau : « (…) Pourquoi les femmes et pas les choux, ou les veaux ? En effet, les têtes de veaux, à la vinaigrette notamment, apportent un certain plaisir à ceux qui les contemplent avant dégustation. (…) Je fais le pari que vous serez de mon avis, poil au zizi »
 
Son alter ego (= lui-même sous un autre pseudo) approuve ses propos.
 

 
Il ne manque pas non plus de réagir aux histoires de tête de veau à la sauce ravigote dans lesquelles son compagnon de cerveau s’est égaré :

Pourquoi choisir la sauce ravigote plutôt qu’une autre ? Il y a trente-six façons d’accommoder la tête de veau, alors pourquoi la sauce ravigote ? Elle est complexe, il faut de nombreux ingrédients tels que civette, estragon, pimprenelle, cerfeuil, etc, et est difficile à réussir. Alors y a-t-il une raison bien précise à ce choix risqué ? Merci de m’éclairer.

Bien aimable, il prend la peine de lui, enfin plutôt « se » répondre. Personnellement, je voudrais surtout savoir comment on fait pour rejoindre cette dimension où les heures sont étirables à l’infini, pour avoir le temps de s’amuser comme un petit fou comme ça.

 

To be continued !

 

 

Diffuse la bonne parole