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(Dé)construction

Souriez… Vous êtes photoshoppé.e.s !

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A l’angle mort du féminisme classique

 

Sillonnant les rues de ma ville, je ne peux m’empêcher de remarquer un déséquilibre dans le paysage visuel. N’as-tu pas remarqué cette prépondérance – pour ne pas dire cette omniprésence – du corps féminin, de préférence nu, par rapport au corps masculin sur les panneaux publicitaires ? Comment expliquer ce fossé ?

Fossé d’autant plus incompréhensible à l’heure du féminisme – mimétisme occidental, alias « tout ce que l’homme fait, je veux le faire ». Pourquoi n’entendons-nous pas les féministes classiques monter au créneau, exigeant la parité, réclamant d’habiller ces panneaux géants de portraits d’hommes déshabillés ? 

Comprenons-nous bien, l’objet de cet article n’est nullement de formuler une revendication perverse. L’objectif est plutôt de mettre en exergue un point oublié dans l’angle mort du féminisme contemporain occidental. En somme, souligner ses imperfections, ses contradictions. 

En vérité, si le corps féminin dénudé est partout où l’œil se pose, c’est parce que les publicitaires ont bien compris une chose : il est ce qui suscite le plus le désir ; à la fois chez l’homme et chez la femme. Dans le cas de l’homme : il s’agit d’un désir d’ordre sexuel. Mais quid de la femme ?

Ces publicités débridées viennent en réalité stimuler un désir particulier chez la femme : celui de plaire. Mesdames, n’est-ce pas vrai que nous regardons ces femmes parfaites d’un œil envieux, nous exclamant : « comment fait-elle pour avoir un corps de sirène ? » « Qu’est-ce qu’elle met sur ses cheveux pour les avoir soyeux comme ça ? » « Quel épilateur utilise-t-elle pour n’avoir aucun poil incarné ? Je veux le même » …

Ne jouons pas les dupes, nous savons que le but des publicitaires, en stimulant ainsi nos désirs, est de provoquer l’acte d’achat. Le corps féminin, dans toute sa splendeur, a le mérite de faire d’une pierre deux coups, en éveillant les désirs à la fois des hommes et des femmes. D’où son omniprésence. Ainsi, voit-on une femme jouir de plaisir en mangeant un simple yaourt ; une femme nue pour une pub de gel douche (passe encore), mais une femme nue pour un aspirateur ? Si le lien n’est pas évident, qu’à cela ne tienne, les publicitaires n’hésitent pas à être créatifs.

 

Mise en concurrence généralisée du corps de la femme

 

Que le corps de la femme soit réifié, qu’il soit présenté comme un simple objet de jouissance, cela n’est pas une nouveauté. D’ailleurs, les féministes classiques occidentales l’ont suffisamment critiqué sans qu’il soit nécessaire d’y revenir dans cet article. 

Ce que je souhaite discuter ici c’est le phallocentrisme qu’induit la situation. En effet, dans nos sociétés, les hommes ont constamment sous les yeux, un éventail de belles femmes à contempler. Mais en plus de cette jouissance oculaire, les publicitaires ont aussi été à l’origine d’une mise en concurrence généralisée du corps de la femme.

A force de regarder ces profils idéaux, les femmes se disent : « pourquoi pas moi ? ». En somme, elles sont poussées à relever le défi esthétique et sont contraintes de tendre vers toujours plus de coquetterie, toujours plus de beauté…

Je dénonce cette surenchère esthétique qui a pour fâcheuse conséquence de provoquer un réel mal-être chez bon nombre de femmes qui, pour des raisons financières ou personnelles, ne peuvent plus tenir la compétition. 

Elles se sentent alors mal dans leur peau, se comparent à des chimères photoshopé.e.s, se dévalorisent et perdent en estime personnelle. 

 

Voilà la conclusion à laquelle j’aboutis : reconnaissons la dimension factice et artefactuelle de ces beautés publiques ; et surtout, apprenons à aimer nos personnes, à voir le beau là où aucun projecteur ne s’attarde. Voilà un combat féministe digne de ce nom !

 

 

Crédit photos : R.S

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« C’est un mur ! » : Le vaginisme

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Ceci est mon humble témoignage sur la manière dont j’ai vécu mon vaginisme, comment j’en ai pris conscience et comment j’ai réussi ce combat contre moi-même – contre mon propre corps et mon propre esprit, en quelque sorte.

 

D’abord, le vaginisme c’est la contraction des muscles du plancher pelvien qui entourent l’ouverture du vagin. Concrètement, pour moi au début, rien ne passait. Tous mes muscles se contractaient. Mon corps se crispait sans que je ne parvienne à me détendre. C’était une réaction épidermique. Je n’arrivais  pas à contrôler mon corps.

Hamdoulilah, cette période est terminée.

Mais ça en a mis du temps…

 

Commençons.

J’ai eu ma première relation sexuelle avec l’homme que je venais d’épouser quelques jours après mon mariage. La journée du mariage a été tellement épuisante que la seule chose qu’on a fait en rentrant, c’est prendre une douche et ronfler. La nuit de noces ne s’est pas exactement passée comme dans les films.

Après quelques jours de repos, première tentative : clairement, on se rend compte que ce n’est pas non plus comme dans les films. J’en ai envie mais je me crispe très fort. Je suis presque tétanisée. Je demande à mon mari de forcer. Je me dis tant pis si ça fait mal. Il tente et là, sa phrase : « C’est un mur ». Avant même qu’il me le dise, je l’avais senti.

 

On réessaye quelques fois et c’est la même chose, voire pire.

 

C’est bien pire en fait. 

Parce que je développe une grosse appréhension des relations sexuelles, la peur d’un autre échec, encore plus de frustrations, plus de culpabilité de mon côté vis-à-vis de mon mari, même s’il n’a jamais été dans le reproche et qu’il a fait preuve d’une rare patience.

 

Bref, on n’y arrive pas. Plutôt, je n’arrive pas à me détendre. On stagne. Et je me complais dans cette situation. Je me dis que c’est pas si grave, que ça va passer avec le temps et que même si ça ne passe pas, on a développé une sexualité un peu différente des autres. 

 

On se renseigne quand même tous les deux, chacun de son côté. Je vais voir une première gynécologue qui me conseille de me détendre, que c’est normal d’être crispée et qu’il faudrait que je boive «  un peu d’alcool pour arrêter de trop réfléchir ». Cette gynécologue était incompétente.

 

J’en parle à ma mère qui me confie qu’elle a eu le même problème. Elle me raconte que c’est l’hymen qui bloque. Encore une des nombreuses légendes à démystifier sur la sexualité ! Elle me conseille d’aller voir une autre gynécologue. Je prends rendez-vous. Je choisis une gynécologue avec un nom à consonance arabe en espérant que celle-ci me comprenne davantage que la précédente. 

 

Arrivée au cabinet, je lui explique ce qui ne va pas. Elle est très compréhensive. Elle m’écoute. Elle me regarde sans me toucher. Mon hymen est normal. Elle me demande si elle peut m’ausculter. Je suis rassurée donc j’accepte. Elle me dit que je peux l’interrompre dès que je le souhaite. Je me crispe, c’est douloureux, mais je suis en confiance. Elle m’explique que je n’ai pas de pathologie, mon périnée est très tonique, c’est lui qui bloque. Mon problème est psychologique, il faut que je fasse un travail sur moi-même. 

 

Le nom du vaginisme n’est pas encore posé.

 

C’est mon mari qui m’envoie un article parlant de vaginisme. Et je me reconnais totalement dans ce qui est expliqué : le mur !

 

Le diagnostic étant posé, il s’avère qu’il n’y a pas de médicament. Ce serait trop facile. 

 

Il faut surtout que je fasse un travail d’introspection, que je comprenne pourquoi mon corps fait ce blocage. Et à vrai dire, au début, je ne comprenais vraiment pas pourquoi. Lorsque je lisais les très rares témoignages sur Internet, j’avais l’impression que les personnes concernées avaient intégré dans leur cercle familial le gros tabou autour de la sexualité et de la virginité de la femme, très importante dans beaucoup de familles maghrébines. Le problème était que ce n’était pas mon cas. Nous sommes une famille nombreuse mais pas vraiment traditionaliste. J’ai grandi dans un cercle de femmes avec ma mère et mes sœurs. Pas d’hommes à la maison. Et même dans le cercle élargi de la famille qui comprenait des hommes – mes oncles surtout –, ils n’étaient pas dans le contrôle avec nous. 

 

Je fais partie d’une famille où l’on s’habille comme on veut. Le voile ou la jupe, chacun son choix. Très peu de jugement et une diversité de pratiques religieuses. Le prétexte de la « hchouma » ou du « hebb » propres aux sociétés maghrébines, n’a pas été beaucoup évoqué durant mon enfance et mon adolescence. J’ai pu parler plutôt librement de mes règles, de mes seins qui poussaient, de copains (ou petits copains) avec mes tantes et mes cousines (j’ai même regardé l’Île de la tentation avec ma jeune tante. On était fan et je ne suis pas fière…).

 

Bref, tout ça pour dire que lorsque j’ai commencé à grandir, je savais que spirituellement la virginité était importante aux yeux d’Allah. D’ailleurs, je me rendais déjà compte de l’hypocrisie de notre société quant à la différence de traitement à propos de la virginité des hommes et des femmes. Mais je n’avais pas cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête où l’honneur et la réputation de toute ma famille, des générations passées et futures dépendait de ma virginité. C’est ridicule ! Et dans ma famille, personne ne m’a jamais fait sentir que c’était le cas. 

 

Par conséquent, je suis partie à ma nuit de noces plutôt sereine, plutôt tranquillou. J’ai vite compris que ça n’allait pas être aussi simple.

 

Lorsque j’ai éliminé la thèse de la hchouma qui s’était ancrée en moi, je me suis vraiment demandé ce qui créait ce blocage. Je ne m’étais jamais dit que la sexualité était sale. Pour moi, il ne devait pas y avoir de tabou entre mariés. La question du plaisir réciproque était très importante. Et avec mon mari, qui était à l’époque mon petit copain, on parlait sexualité aussi. Donc j’ai eu du mal à comprendre.

 

Et c’est au fur et à mesure de vivre au quotidien avec mon mari, que je me suis rendue compte que mon problème n’était pas une « socialisation de la hchouma ». Je me suis rendue compte que je ne connaissais pas mon corps, que la partie de l’adolescence où l’on se découvre physiquement et surtout où on n’apprend à aimer son corps, cette partie-là je l’avais complètement mise de côté. Dommage pour moi, c’est important de connaître un minimum son corps lorsqu’on découvre la sexualité. Et ce n’était pas mon cas. Bizarrement, je n’avais pas de complexe physique. Je ne me trouvais pas sublime mais je trouvais que mon corps était en fait plutôt neutre. Donc je me mettais en bikini et en jupe sans aucun problème. Mais par contre, je ne supportais pas d’être nue et surtout de me voir nue. Lorsque j’allais pour me laver, je me dépêchais d’enlever mes habits pour vite passer sous l’eau, la douche étant l’endroit où je pouvais être nue sans que cela me dérange. Puis, lorsqu’on découvre la sexualité, c’est important aussi de savoir ce qui se passe à l’intérieur, comment on est constituée. Je savais à quoi ressemblait un pénis, mais pas une vulve. J’avais encore du mal à faire la différence entre un vagin et un utérus. J’étais très mal à l’aise lorsque je m’épilais le maillot. Pour moi, toutes ces choses étaient normales. Je pensais que j’avais un rapport à mon corps un peu compliqué mais pas plus que la plupart des personnes. C’est lorsque j’ai vécu avec mon mari, qui était très à l’aise avec son corps, que je me suis rendue compte que ce n’était pas normal. Même si c’est très différent puisque c’est un homme. C’est lui qui m’a fait remarquer toutes ces petites choses, qui ne sont presque rien mais qui, accumulées, ont créé un gros blocage : mon vaginisme.

 

Lorsque j’ai réussi à identifier la cause du problème, il a fallu mettre en place  tout un travail de changement d’habitudes et d’introspection sur mon rapport à mon corps pour en finir avec mon vaginisme. Ce travail ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais à travers plein de petites actions qui m’ont permis de mieux connaître mon corps et surtout d’être plus à l’aise avec lui. Toutes ces petites actions se sont traduites progressivement par une sexualité de plus en plus libre et de plus en plus facile. Pour arriver finalement à passer outre mon vaginisme. Hamdoulilah.  

 

Aujourd’hui j’ai des enfants, hamdoulilah, et je sais que mon éducation sera très importante pour qu’ils apprennent à connaître leurs corps et qu’ils soient à l’aise avec. Cette éducation se fait avant tout  en éliminant toute mention à la hchouma, ce mot qui sert de prétexte à toute interdiction et lorsqu’on demande des précisions sur le pourquoi, on nous répond « Parce que c’est hchouma, POINT ». Mais elle se fonde aussi sur l’importance de pouvoir parler de tout avec mes enfants, de sexualité, de porno, de masturbation, de règles, de désir… Il faut que mes enfants sachent que je suis présente pour la moindre question, même les sujets les plus gênants. 

 

 

Crédit photo image à la une: @annemarielea_geburtsfotografin

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(Dé)construction

The French liberté III : celle d’exhiber un corps parfait

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Dans cette trilogie d’articles, The French liberté, nous nous penchons sur une question épineuse : la France offre-t-elle vraiment la même liberté aux femmes et aux hommes lorsqu’il s’agit de nos corps et de ce que nous en faisons ? Certain·es n’hésitent pas à brandir comme étendard politique deux caricatures en opposition : d’un côté, des femmes musulmanes oppressées, contraintes de plier leurs corps à des règles dégradantes ; de l’autre, des femmes non-musulmanes libres de toute pression sur leur apparence et ce qu’elles en font… Hum, les choses sont-elles si binaires ? Après avoir vu en quoi notre société française impose aux femmes des normes bien plus strictes qu’aux hommes concernant leurs cheveux et visage, voyons en quoi ce traitement différencié s’applique aussi à nos corps.

 

Crédit photo : Victoria’s Secret

 

Nous pourrions consacrer une encyclopédie à recenser les incessantes injonctions de cette soi-disant liberté à la française : minces, lisses, valides, jeunes, majoritairement blanches, sexy et élégantes. Ces injonctions correspondent à une batterie de chiffres et de lettres : 175 cm, taille 36, 90C, éternellement figées à 22 ans. En France comme dans les autres sociétés occidentales, la place sociale d’une femme lui est bien souvent attribuée suivant sa capacité à attirer le mâle. Il suffit de jeter un œil à la surreprésentation médiatique de femmes répondant à un profil calibré pour comprendre les critères de séduction à adopter. Pour celles qui n’ont pas les moyens ou l’envie de passer par la case chirurgie esthétique, les recommandations ne manquent pas pour redéfinir nos corps. Outre les éternels régimes, pilules amincissantes et appareils qui font vibrer nos bourrelets, les corsets d’antan ont su discrètement garder une place dans nos vies : décolleté gonflé par un Wonderbra, fesses rehaussées par des jeans push-up, ventre aplati par une gaine… Tout doit être ferme, et surtout, rien ne doit dépasser. Mais le résultat obtenu sera de préférence issu de méthodes naturelles – allez, un peu d’effort, les feignasses : rigueur, restrictions et sueur vous sculpteront forcément un corps parfait ! Et si vous préférez le bistouri, soyez discrètes… quand on choisit d’accepter ces injonctions, il ne faut pas en avoir l’air !
 
Parce que se mettre en valeur est un exercice d’équilibre très délicat : la société dégaine son jugement à la moindre sortie de ligne… Un pas de trop dans les codes de la désirabilité, et vous voici tenue responsable des agressions dont vous pourriez être victime. Un pas en dehors de ces codes, et vous voilà « mal-baisée ». Si vous êtes musulmane et que vous revendiquez un style pudique lié à vos croyances religieuses, vous passerez pour une femme soumise et effacée, voire une terroriste en puissance – peut-être n’a-t-on rien trouvé de mieux pour obliger des femmes à se déshabiller sur la plage ?
 

Crédit photo : La sauvage jaune

 

A ce stade, tout le monde a sûrement compris que la liberté corporelle des femmes en France était toute relative, surtout lorsqu’on considère ce qu’un physique jugé hors-norme peut subir de pressions et violences sociales : moqueries, insultes, harcèlement, discriminations, agressions, responsabilisation injuste… Et si la silhouette d’une femme est clairement traitée selon son genre, il en va de même pour chaque partie (même interne !) de son corps. Segmentons-en quelques-unes, et regardons d’un peu plus près la manière dont elles sont considérées en France.

 

Pieds

 
Le prince de Cendrillon aurait-il cherché à la retrouver si elle avait perdu une basket AirMax à la place de son soulier de vair ? Aujourd’hui, la féminité se mesure souvent à la hauteur des talons, synonymes de jambes fuselées et de cambrure. Les hommes qui osent se rehausser essuient d’ailleurs de violentes réactions. Dommage pour nous, en tout cas, que le summum de la sensualité tienne à des chaussures qui nous détruisent les pieds, les genoux et le dos. Seules exceptions à la règle : les femmes de grande taille, dont il serait jugé malvenu qu’elles se perchent plus haut que ces messieurs, et qui peinent à trouver des chaussures considérées comme féminines au-delà du 41.

 

Epaules 

 
A partir du 15ème siècle, la nymphe médiévale doit posséder des épaules larges, dusse-t-elle les camoufler sous de larges étoffes. Puis, suivant la mode, il faudra les ciseler ou les arrondir, les cacher, les montrer, les laisser deviner. Aujourd’hui, ce sont encore une fois les magazines féminins, comme ici Femina, qui nous disent « comment avoir des épaules fines et bien dessinées ».

 

Seins

 
« Mais comment elles font quand il fait 40° ? Haaan, moi je pourrais pas ! » Le foulard est souvent décrié, entre autres, comme un instrument de torture estivale, injustice physique infligée aux femmes. Il suffit pourtant de baisser un tout petit peu les yeux pour voir un autre morceau de tissu gardé en toute circonstance sous prétexte de pudeur : celui qui cache nos poitrines. Que ce soit à un barbecue en famille ou à un anniversaire entre ami·es, nous avons parfaitement intégré que retirer ce vêtement nous exposait à de trop nombreuses hostilités sociales. Il suffit de s’être confrontée une seule fois à des commentaires agressifs et/ou libidineux pour préférer garder son t-shirt et son soutien-gorge, même sous 40°. Qu’on soit croyante ou pas.
 
Donc oui, nous pouvons infliger des inconforts à nos corps en réponse à des normes sociales, que ce soit pour le cacher malgré une canicule, ou arborer un décolleté en plein hiver ! Et dans un cas comme l’autre, la notion de pudeur genrée découle d’un complexe terreau culturel, sociétal, familial, individuel… qui n’a rien à voir avec la liberté brandie ! La seule liberté à revendiquer serait sans doute celle de pouvoir, peinardes, nous dépatouiller comme on peut, en voile ou en décolleté, avec nos corps.
 
Parce que si ces oppressions s’immiscent dans les relations individuelles, elles sont avant tout systémiques : allez expliquer pourquoi seuls les tétons de femmes subissent la censure de Facebook ! Et pourquoi cette interdiction d’aller à la piscine si une femme est considérée trop couverte, ou pas assez… Trop couvertes : parce qu’un burkini serait différent d’une combinaison de plongée ? Pas assez : parce que les tétons d’une poitrine portent peut-être plus de bactéries que ceux d’un torse ? Ah non, pardon, sur guide-piscine.fr, on apprend que c’est pour des « raisons de sécurité morale »… Zut, nous qui croyions que seules les religions se mêlaient de ce qu’il était « moral » de montrer ou non ?!
 

Crédit photo : GV

 

Règles

 
Ça, c’est le mot magique… chuchoté par les personnes qui les ont, et qui fait fuir les autres. Entre nous, si vous êtes en compagnie de femmes cisgenres ayant entre 15 et 45 ans, il y a des chances pour qu’elles aient leurs règles à un moment ou un autre, hein… Mais chut, débrouillez-vous pour demander un tampon à votre copine sans heurter les oreilles masculines alentour – il paraît que c’est bien trop « dégueu » pour leurs chastes esgourdes. Et en plus d’une sensation de honte, tout ça nous coûte cher : après la taxe rose (celle qui vous fait payer plus cher un produit identique sous prétexte qu’il est destiné aux femmes), il s’agit cette fois d’une taxe officielle prélevée par l’Etat. Jusqu’en janvier 2016, les tampons et serviettes étaient taxés comme des produits de luxe, à hauteur de 20%. Grâce au travail d’associations, la taxe qui leur est appliquée est désormais celle des biens de première nécessité, mais leur prix reste largement plus élevé que dans d’autres pays européens.
 

 

Vulve

 
Encore un mot qui met mal à l’aise, non ? Avouons-le, on n’a franchement pas le même cas de conscience face aux innombrables dessins de pénis qui décorent la ville, les tables d’école et les fronts de nos copains-copines en fin de soirée… Et pourquoi nos expressions françaises argotiques abondent-elles de verges et testicules déclinées sous toutes les coutures, quand on peine tant à appeler une chatte une chatte ? Combien de rires embarrassés face à un « Je rentre, je dois nourrir ma chatte », alors qu’un « J’m’en bats les couilles » ou un « Quel courage, il a eu les couilles de… » semblent débarrassés de leur référence anatomique ? N’y aurait-il pas une vulve dans le potage à laisser s’accumuler les tabous d’un côté, et les représentations visuelles et verbales de l’autre ?
 
Et cette inégalité entre omniprésence et absence s’intègre dès le plus jeune âge. Tenez, par exemple : dans le livre pour enfants Quand ça va pas, ça va pas, Michel Symes représente d’une manière bien différente le zizi et la zézette. Le premier comporte des éléments multiples (on a même droit à une référence directe à la sexualité avec un petit garçon noir en érection), quand l’appareil génital de la petite fille comporte apparemment uniquement de quoi faire pipi. Ah bon ?
 

Crédit photo : Editions Clochette

 

Si quelques rares productions n’omettent plus le reste du matos, notons tout de même qu’elles restent toujours centrées sur des caractéristiques majoritairement occidentales, à savoir des vulves roses, avec des petites lèvres.
 
La gynécologie elle-même n’est pas exempte de sexisme et de racisme, que ce soit à travers les violences gynécologiques aujourd’hui, ou les zones sombres de son passé. Fatima Khemilat, doctorante à Sciences Po Aix, explique dans sa vidéo « Pour une éducation sexuelle pudique et révolutionnaire » en quoi les mots désignant l’anatomie féminine sont imprégnés de culture machiste et raciste. Sachez en effet que ce sont des chercheurs qui ont donné leur nom aux organes qu’ils ont étudiés : si nos trompes de Fallope portent ce bien joli nom, ce n’est pas pour permettre de ricaner en cours de bio, mais bien parce qu’un certain Gabriel Fallope a, tel Christophe Colomb « découvrant » une terre non-habitée par des Occidentaux, « découvert » cette partie du corps présente chez la moitié de l’Humanité… et a posé son petit drapeau sur ce nouveau territoire. Et l’appareil génital étant composé de plusieurs organes, youpi, y en a eu aussi pour les copains ! Le point G comme Gräfenberg, les glandes de Bartholin, celles de Skene…
 
La plupart des médecins ayant construit leur succès sur les tortures qu’ils ont infligées aux femmes retenues captives pour leurs expériences, voilà comment on se retrouve avec une bande de bourreaux occidentaux ayant donné leur patronyme aux organes génitaux de milliards de personnes, traversant le monde et les époques. Face à cela, un collectif féministe nommé GynePunk propose de remplacer les noms de ces chercheurs par ceux des esclaves noires mutilées au nom de leurs « découvertes » scientifiques – comme Anarcha, opérée trente fois sans anesthésie par James Marion Sims, père du spéculum moderne.
 

Clitoris

Gène et ricanements, bis repetita ! L’histoire du clitoris en Occident est particulière, comme on l’apprend dans la passionnante vidéo de Fatima Khemilat : quand il n’est pas jugé inutile – bof, le plaisir des femmes, à quoi ça sert ? – il est carrément décrié comme dangereux. Au 16ème siècle, douce période de l’Inquisition, les femmes ayant un savoir gynécologique sont brûlées, et on impute au clitoris un nombre incalculable de maladies terribles, ainsi que la responsabilité d’une honteuse décadence.
 

Une leçon clinique à la Salpêtrière, tableau d’André Brouillet

 

Au 20ème siècle, le clitoris est accusé d’être la cause de l’épilepsie, de la nymphomanie (désir sexuel considéré comme débordant), de l’onanisme (masturbation), ou encore de l’hystérie (terme qui a d’ailleurs la même origine que le mot « utérus »). Pour parer à cette encombrante présence, de nombreuses ablations, appelées clitoridectomies, sont effectuées. Il était tout de même plus présentable de justifier ces excisions pour des raisons d’hygiène physique ou mentale ! Aujourd’hui encore, et même si la situation évolue doucement grâce aux collectifs de personnes concernées, les mutilations génitales se font encore en toute légalité sur des nourrissons intersexes. Là encore, pathologiser un ou plusieurs organes permet en toute bonne conscience de modeler les corps selon une morale, en pratiquant des ablations non-consenties pour le bien supposé de l’individu.
 
Il a ensuite fallu du temps pour que la science s’intéresse un peu plus sérieusement au clitoris : jusqu’en 1998, aucune mention n’en est faite dans ce qui est considéré comme le plus grand manuel d’anatomie, Gray’s Anatomie (nous aussi, on vient de découvrir d’où vient le titre de la série). Sur le banc de touche des organes, il doit par ailleurs attendre jusqu’en 2009 pour avoir droit à sa première échographie. Et c’est seulement en 2018 qu’un – et un seul – manuel scolaire daigne le représenter correctement. Certaines parties de l’anatomie féminine doivent-elles donc être censurées de l’apprentissage scientifique, ou bien les auteur·es des manuels n’ont-ils·elles pas encore réalisé leur existence ?
 

Crédit photo : SVT Egalité

 

Nous pouvons tout de même constater aujourd’hui un sursaut face à ces sujets : de plus en plus de collectifs proposent de développer un esprit critique en apprenant à mieux connaître son corps, des alternatives artisanales aux protections menstruelles traditionnelles se mettent en place, les personnes transgenres commencent à être incluses dans ces questions ô combien binarisées, les groupes d’éducation sexuelle, et les vidéos de vulgarisation se multiplient sur les réseaux sociaux… Mais la route vers un traitement systémique égalitaire est encore longue, surtout quand la marche est ralentie par celles et ceux qui tentent de faire croire qu’il existe un unique droit chemin.

 

The French liberté : et si on balayait devant notre porte ?

 
Voilà, c’est la fin de cette trilogie d’articles qui s’est inspirée d’une citation de Manuel Valls : « Mais, enfin, qu’est-ce que c’est que cette idée que les cheveux, le visage et le corps d’une femme seraient impudiques ? ». On devinait le fond de sa pensée, au vu de l’autre envolée lyrique dans laquelle il avait déclaré que « Marianne n’[était] pas voilée, parce qu’elle [était] libre », et qu’il aimait bien mater ses seins nus (oooh ça va, on rigooole). Mais alors, à notre tour de demander : qu’est-ce que c’est que cette idée, en France, que le physique des femmes serait à régir selon des normes étouffantes, et à montrer selon un degré bien défini entre le trop et le pas assez ? Que nos corps, nos visages et nos cheveux seraient des ennemis à détester s’ils ne correspondent pas à un standard de beauté unique, et à dompter jusqu’à ce qu’ils rentrent dans ce moule, à force de régimes, de fers à lisser, de crèmes anti-rides et de gaines push-up ?
 
Valls et tou·tes les autres, accordons-nous simplement sur le fait que la laïcité n’a rien d’un label qui garantit l’égalité de traitement d’une société entre les corps des femmes et ceux des hommes. Enfin, il existe une différence essentielle entre les oppressions systémiques qu’une société impose et le choix des individu·es. Et par conséquent, se battre contre les inégalités de traitement entre les genres dans la loi, dans le monde du travail ou dans les représentations médiatiques, ce n’est pas se battre contre une pudeur ou une exhibition individuelle, même lorsqu’elle est basée sur le genre. D’ailleurs, qui des deux est le plus impudique ? Celle qui couvre ses propres cheveux, ou celui qui lui demande pourquoi ? Est-ce qu’on vous demande, nous, ce que vous cherchez à cacher sous votre barbe récente ?
 

Article co-écrit par Addéli et Emnus

 

Les autres articles de la série The French liberté : « Je fais ce que je veux avec mes cheveux ? » et « Comment se façonne le visage des femmes »

 

Image à la Une : Les quatre saisons, Tableau d’Alfons Mucha

 

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(Dé)construction

« On s’est battues pour qu’elles l’enlèvent »

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Pour revendiquer leur libération, les féministes soixante-huitardes ont cherché à définir LA liberté. À s’accorder sur une image commune à suivre, et créer un mouvement dont la puissance a pu faire exploser le cadre établi. Mais après tout, un corps libre, qu’est-ce que c’est ? À ceci, elles répondent : un corps de femme libre est un corps en action, et pas en réaction. Un corps délivré de tout phénomène de séduction. Que le regard des autres (et particulièrement des hommes) n’atteint pas. Qui ne dépend que de la volonté de celle à qui il appartient. Un corps imperméable à son environnement et à son histoire, exclusivement malléable par soi-même. Un corps pur, somme toute.

 

Le fantasme du corps pur

« Mon corps m’appartient. »

Malgré l’indéniable nécessité d’une telle affirmation, elle peut, comme tant de textes fondateurs, être interprétée pour servir son paradoxe. Souvenez-vous de Princesse Tamtam faisant campagne avec une image de féministe blanche, mince, belle, soixante-huitarde « libre et spontanée »… pour vendre de la lingerie.


Crédit photo : Publicité Princesse Tam-Tam (mai 2008)

 

M’imaginer comme un être animé par ma seule volonté est tentant, mais c’est me conforter dans une sensation de toute-puissance et passer à côté des structures qui m’influencent. Perdre l’illusion d’être libre de TOUT choisir pour soi-même, voilà qui est vexant. Il faut une certaine humilité et un courage certain pour se percevoir à travers un contexte déterminant (et d’avoir la force de s’y opposer, de le nuancer, de se l’approprier…). Et il en faut tout autant pour constater non sans angoisse, non sans émerveillement, que le corps, notre rapport à lui et à ceux des autres, sont façonnés par cette multitude de choses qui nous échappent et nous différencient.

«  Mon corps m’appartient » peut suggérer que la relation entretenue avec son propre corps est dénuée de l’histoire qui le forge. Qu’il existe des femmes qui, simplement parce qu’elles le désirent, domptent l’inatteignable, d’un geste « libre et spontané ». Comme si le corps n’appartenait pas lui-même à son histoire (située dans une période, un héritage, un lieu, un environnement, une culture, une famille…). C’est essentiellement en partant de ces subtils observations que l’on peut partir à la recherche de son libre-arbitre – encore une fois, qu’il nous éloigne ou au perpétue telle ou telle dimension de notre histoire.

Preuve que cet inéluctable mécanisme n’exempte pas ces dames et leur rapport à la pudeur, à la séduction, au sacré (bref à ce qui les constitue) : elles finissent par recréer à leur tour un imaginaire collectif rigide autour de la notion de liberté, qui n’en supporte pas d’autres représentations. Comme quoi, sans un minimum de travail sur soi, on finit toujours par reproduire ce qu’on dénonce.

 

Crédit photo : Metropolis, Fritz Lang

 

Une femme libre devrait donc gérer son corps, non pas comme elle le peut, mais comme elle le voudrait, en toute maîtrise, et en suivant scrupuleusement la définition qui a été posée par nos aînées… Pourtant, la plus précieuse des libertés n’est-elle pas de pouvoir se confronter à ce qui a forgé notre rapport à soi et au monde, et de choisir de s’y conformer ou pas ? N’y a-t-il pas quelque chose de profondément indécent à tenter de changer la résultante d’un parcours de vie, sous prétexte que celle-ci ne correspond pas aux fondations fantasmées de l’Occident ? Décortiquer le pourquoi du rapport d’une femme à son propre corps et à sa séduction est une pratique brutale. Peu importe qu’elle choisisse de mettre en avant cette dimension en choisissant de raccourcir sa jupe, d’en faire un travail, ou d’en faire une affaire d’intimité en se couvrant dans les espaces publics : il lui sera exigé un compte-rendu détaillé… « Pourquoi » ? Qui, pourtant, peut prétendre avoir compris et dompté le rapport de son corps face au miroir et en dehors ?

 

Fausse fin de course et grandes foulées des refoulées

 

Crédit photo : Wonder Woman, Charles Moulton

« On s’est battues pour qu’elles l’enlèvent. »

La génération soixante-huitarde a tranché, dans les débats et dans les tissus. De ces nouvelles coupes, nous avons conservé une étrange mesure : l’épanouissement d’une femme serait inversement proportionnel aux centimètres de vêtements qui la recouvrent.

Et ce moyen de calcul est toujours en vigueur. Mais attention : on montre, mais pas n’importe quoi, tout de même ! Ah, et sans que ce soit un signe de séduction trop direct non plus. Ça voudrait dire que tu te sers de ton corps pour en appâter d’autres, et que non seulement tu réagis à ton environnement, mais en plus, tu réponds à des normes patriarcales. Et, pompon du pompon, tu oses jouer avec. Et ça, ça ne rentre pas dans les mesures de l’épanouissement des femmes.

La mise à nu fait partie d’une étape fondamentale dans l’histoire du féminisme occidental. Cependant, l’envisager comme une finalité nous couronne tout bonnement, nous, Blanches défendeuses de l’à-poil-pour-tou·te·s, du statut de seules détentrices du Graal de la sacro-sainte Liberté. Comme si le fait de pouvoir sentir le vent dans nos cheveux et sous nos jupes en public constituait une fin de course. Et que se couvrir la tête et les genoux représentait, en toute cohérence, un retour en arrière.

 

Crédit photo : Publicité Lejaby-Liberty

 

Et dis merci à la Blanche

«  Alors on s’est fait chier à leur définir avec soin ce qu’est une femme épanouie, et puis de manière simple pour que tout le monde comprenne, et elles, qu’est-ce qu’elles font ? Ce qu’elles veulent ! Mais quelle ingratitude. »

Vous ne trouvez pas curieux de se considérer comme un.e parent.e déçu.e, sacrifiant une carrière prometteuse pour un enfant qui ne le lui rend pas ? De se sentir tant trahi.e, et de manière collective, par la gestion sociale d’une pudeur personnelle ? De chercher à culpabiliser des personnes complètement différentes les unes des autres pour une pratique prétendument uniforme ? N’y a-t-il pas un petit souci à estimer la revendication de femmes très majoritairement blanches et athées comme l’unique voie à suivre ? De suggérer que les autres ont les oreilles bouchées, qu’elles seraient (et souvent sans le savoir elles-mêmes) des esclaves ou des enfants ? Ce n’est pas parce que l’on prétend que les esclaves d’aujourd’hui le sont d’elles-mêmes ou de leurs proches que la formule tacite n’en demeure pas moins la même : non-Occidentaux·ales = esclaves ; Blanc·he·s = libres.

(Je remercie ici madame Laurence Rossignol qui vient étayer de manière si limpide mon argumentaire : « Il y a des femmes qui choisissent, il y avait aussi des nègres afric… des nègres américains qui étaient pour l’esclavage. » RMC mercredi 30 mars 2016)

 

Laurence Rossignol à l’Assemblée nationale – Crédit : Sébastien Soriano / Le Figaro

 

La bouche en cul-de-sac

« Et puis souvent en plus, personne ne leur a appris à prendre la parole, à ces pauvres femmes. Alors que nous, les Blanches, on sait causer. »

Parce qu’en France, faut gueuler haut pour montrer que t’es libre. Tu ne cherches pas à justifier, à revendiquer un choix intime devant la société ? Mais c’est que tu n’as pas de voix ! Obligation de prouver au quotidien que le voile est un choix, par exemple. En revanche, les femmes qui s’engagent à vaincre ces stéréotypes toxiques sont systématiquement taxées d’agressivité. Et si elles unissent leurs paroles, elles sont accusées de communautarisme.

Bon, alors quoi ? Si une femme portant le foulard ne prend pas la parole publiquement, c’est qu’elle courbe forcément l’échine face à un ordre masculin liberticide. Et à l’inverse, si elle part à l’affrontement, c’est qu’elle est raidie par une colère suspecte. Tu fais comment quand on imagine que ta bouche est cousue quand tu te tais, et qu’elle crache du feu quand tu parles ?

Quand on me dit « féministe », la première image qui m’est toujours venue en tête, c’est celle d’un polaroïd : une femme blanche qui lève le poing dans une tenue très échancrée, avec des poils sous les bras. Et elle n’a pas l’air content. Du tout. J’imagine que ce petit portrait mental peut inspirer quelques sourires nostalgiques, mais je me demande pourquoi ce cliché persiste à définir une notion aussi complexe et en évolution. D’autant plus qu’il est daté : 1968.

Alors sincèrement, pourrions-nous passer de ce « On s’est battues pour qu’elles l’enlèvent » à un « Battons-nous pour en avoir le choix » ? Sans remettre en question la parole ou le silence des concernées. Et puis, peut-être, cette fois-ci, sans retenir uniquement les figures blanches de l’Histoire.

 

Notes annexes

Les termes « hommes » et « femmes » sont utilisés sous un prisme hétéronormé, ciscentrique et binaire, conforme à la non-intersectionalité du féminisme décrit. Leurs utilisations dans le cadre de cet article ne cherche pas à en exclure de sa lecture les personnes MOGAI (Marginalized Orientations, Gender Alignments and Intersex) !

 

Pour bien comprendre l’emploi du terme « blanc », voici une petite liste d’articles qui complètent le mien en précisant sa définition :

http://www.badbitchcentral.net/le-privilege-blanc-pour-les-nuls/

 

Article écrit par Addéli (avec le précieux soutien d’Emnus)

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Diffuse la bonne parole

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