Le Lallab Day vu par cinq nouvelles Lallas

par , | 28/02/18 | (Dé)construction

 

Le LallabDay est le rite initiatique des nouvelles Lallas ! Deux jours de formation réservés aux anciennes et aux nouvelles bénévoles – mais que se passe-t-il réellement durant ces deux jours ? On entre dans un univers joyeux et coloré. On partage des repas, on danse et on s’amuse. On travaille beaucoup aussi ! Les anciennes Lallas présentent les actions réalisées et entraînent les nouvelles dans les réflexions sur les multiples projets à venir. On apprend, on échange des histoires, on assiste à des conférences… Deux jours sans s’arrêter, à rire et à pleurer. Quelques nouvelles Lallas racontent.

 

Bayanne : inspiration et sororité

 

« Je suis venue chercher des personnes qui me ressemblent, qui sont profondément humanistes, peu importe la couleur de peau, la religion, l’âge, ou les autres différences entre nous. Pendant ces deux jours, il y a eu de la bienveillance, de l’amour, de la fraternité.

J’ai rencontré des personnes comme moi, mais au-delà de ça, j’ai découvert des personnes qui ne me ressemblent pas du tout et qui me défendent, comme les allié·e·s. Franchement, ça m’a bouleversée. Ici, je vois des femmes musulmanes et des femmes athées. Elles ne partagent pas du tout ce qu’on vit et elles ne peuvent pas comprendre toute notre religion. Et pourtant, elles vont être là, comme des petits anges gardiens.

Enfin, je suis inspirée par beaucoup de sœurs de foi ici, qui me ressemblent tant physiquement que dans la manière de porter le voile ou dans le style. Je m’identifie. »

 

Marina : motivation et exploration

 

« Je ne suis pas musulmane, je ne suis pas racisée et je fais un énorme travail de déconstruction. Je travaille sur moi-même, sur ce que la société m’a enseigné et sur ce que je devrais garder de cet enseignement. J’interroge mes connaissances pour voir lesquelles étaient des préjugés et quelle est la réalité vécue derrière ceux-ci.

Ce week-end m’a plu pour ses échanges très riches avec des personnes aux vécus et aux connaissances très différents. J’ai pu connaître des points de vue que je ne vis pas du fait de mon identité… ! Je me suis encore remise en question ce week-end. Je suis motivée à faire bouger les choses et ce que les LallabDays ont changé, c’est le « dés-isolement » : plein de femmes pensent la même chose et veulent faire la même chose. »

 

Crédit photo : Elodie Sempere pour Lallab

 

Zsofia : diversité, apprentissage et soutien

 

« Hier, quand je suis arrivée, j’ai été époustouflée par la beauté qui m’entourait, que ce soit les couleurs, les styles, les manières d’être ou de parler. J’ai vu des femmes individuelles, fortes, toutes avec leurs propres combats, leur propre personnalité, et avec quelque chose qui rayonnait en elles. Physiquement et intérieurement. Ça m’a beaucoup touchée. J’ai trouvé ça beau. Être dans cet environnement pendant deux jours, ça m’a vraiment marquée. Depuis mon retour en France, cette amitié et cette sororité m’avaient manqué, d’être entourée de femmes qui se comprennent et se soutiennent. Il n’y a pas de murs. D’habitude, j’ai l’impression que je porte une carapace, un mécanisme d’auto-défense. Et là, j’ai passé deux jours sans être agressée verbalement. Je n’y étais plus habituée. Ça m’a émue, cette générosité émotionnelle, la disponibilité des gens, et la bienveillance. […]

J’ai hâte d’en apprendre plus sur les combats de chacune, sur la culture, sur ce qui vous importe. D’apprendre et de partager. J’espère pouvoir apporter aux autres au moins autant que ce qu’elles m’ont apporté. J’ai mon combat. Je pense qu’en tant que femme, on a chacune notre combat plus ou moins spécifique. Mais quand je vois cette force commune, je me dis que l’on peut avancer tellement mieux ensemble. »

 

Crédit photo : Elodie Sempere pour Lallab

 

Sakina : surprise et optimisme

 

« Quand on voit tout ce que Sarah et Justine ont accompli, tout ce que vous avez accompli, c’est là qu’on se dit : « Oui, c’est formidable ! Oui, c’est possible ». […]

J’ai l’impression que l’ingrédient qui fait que, vraiment, les choses se passent bien, en dehors du travail, en dehors de la volonté, en dehors de se donner à fond, c’est aussi la bienveillance entre vous. Je trouve que c’est peut-être ce qui m’a manqué dans mes précédentes expériences militantes et que je retrouve ici. J’étais un peu surprise car ce n’est peut-être pas la première fois que je rencontre ça, mais dans un collectif comme ça, avec autant de personnes et autant de femmes, c’est la première fois. Vraiment, moi je perdais espoir. Ici ça m’a donné un peu l’espérance de dire que c’est possible et qu’on peut travailler tou·te·s ensemble, avoir des objectifs communs, plus de justice sociale, réclamer nos droits, être créatif·ve·s même. C’est possible. […]

On nous propose des opportunités intéressantes. De rencontrer notamment des intervenant·e·s, de bénéficier d’un espace intime avec des échanges, des partages avec les intervenant·e·s mais aussi entre nous. On se rend compte qu’il y beaucoup de talent, beaucoup de bonne volonté, beaucoup de bienveillance et surtout de respect. Lorsqu’on discute avec les gens qu’on rencontre ici, on va se rendre compte qu’il y a des visions hyper différentes, voire même contradictoires, mais on se respecte car chacun·e a tout-à-fait le droit à ses opinions. »

 

Sofia : action, confiance en soi et reconnaissance

 

« J’ai envie d’avoir une voix. Ici, on cherche vraiment des solutions. Ce qui m’a plu, c’est que dès ma première journée à Lallab, on m’a vite intégrée et à aucun moment je n’ai ressenti de malaise. J’avais peur de ça, d’arriver au milieu d’un projet, et de me dire : « Bon bah c’est en cours, peut être que je vais essayer de faire avec ce qui existe, mais je ne pourrais peut-être pas changer grand-chose ». J’ai l’impression que nouvelles ou anciennes, ça ne change rien du tout au poids de notre parole et qu’on est écoutées. C’était hyper valorisant. Du coup, se mettre à l’action dès le premier jour, ça donne de l’énergie. […]

Vraiment, on agit, on a l’impression de changer le monde. Et ça donne de l’énergie d’abord personnellement, dans sa vie quotidienne. J’espère que cela pourra m’aider à dépasser des espèces de murs invisibles que je me construis ou que la société m’aide à construire. J’espère qu’au-delà de ma petite vie à moi, au niveau national, ça peut avoir un impact sur d’autres femmes. […]

Je pense avoir trouvé un endroit secure où je peux exprimer ce que je ressens, sans avoir honte d’être jugée, parce qu’on a toutes une différence pour laquelle on ne veut pas être jugées. […] Quand je pense à Sarah et Justine, je me dis que ces filles sont tops. Elles ont créé pour nous comme un espace… Tu sais, quand tu joues à la marelle, il y a le ciel. Quand tu es dans le ciel, tu as le droit de faire une pause. Tu as tes huit cases, tu galères, tu es à cloche-pied, et là boum, tu as le ciel. Du coup tu peux faire une petite pause, te recharger et après refaire la marelle dans le sens inverse. J’ai l’impression qu’elles ont créé comme un mini ciel où c’est gratuit, on a juste à venir, à s’exprimer et à construire des trucs avec des gens hyper géniaux. »

 

Article écrit par Sophie et Hannanas

 
Crédit photo à la une : Elodie Sempere pour Lallab

 

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