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Anlya Mustapha : concilier style, entreprenariat et convictions par la Modest Fashion

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“Un style, ça va plus loin que “j’aime telle ou telle couleur”. C’est exprimer sa personnalité et son identité culturelle. Et comme on a énormément d’identités en nous, c’est parfois assez difficile.” Pour Anlya Mustapha, créatrice de la marque de maxi hijabs Anlya Modest Fashion, lier style et religion n’est pas toujours évident. D’autant plus qu’en France, peu de plateformes, boutiques ou réseaux s’attachent à élargir le marché de la mode à toutes les confessions. Anlya a donc décidé de pallier ce manque. “Composer des tenues pudiques et contemporaines”, un challenge qu’elle accepte volontiers avec une positivité à toute épreuve. Portrait d’une jeune entrepreneure musulmane dont le parcours et les projets nous donnent tou·te·s envie de faire pareil !

 

Inspirée par les Londoniennes, elle devient inspirante pour les Françaises

 

A 25 ans, Anlya est une jeune entrepreneure hyperactive. Entre stories Instagram quotidiennes pour tenir sa clientèle au courant de ses dernières sorties et tournage de vidéos “Inspirations looks” ou “Tutos” pour sa chaîne YouTube, elle est sur tous les fronts. Cette énergie, Anlya la puise dans de nombreuses sources. C’est d’abord à l’étranger que se fait le déclic. Elle nous raconte.

“J’ai commencé à Londres, à l’issue de mon Master 2 que j’ai effectué là-bas (…). J’avais réalisé qu’en France, c’était un peu plus difficile de s’habiller avec le voile, avec son style, avec “goût”. En fait, j’étais beaucoup inspirée par les Londoniennes qui portaient le foulard ; j’ai eu envie de donner à mon tour l’opportunité en France aux femmes voilées de retrouver les même foulards qu’elles.”

C’est à son retour à Paris qu’elle décide de mettre ses inspirations en action, et de monter son entreprise.

“J’ai commencé à faire de petites ventes à distance, via Instagram, c’était vraiment simple. Et petit à petit, j’ai vu qu’il y avait un engouement autour de ce foulard, mais pas seulement. Beaucoup de femmes me demandaient des conseils : comment associer les couleurs, comment le porter ? Je me suis donc penchée sur comment porter des tenues, des idées de looks avec les foulards que je vendais. A travers les commentaires, j’ai vraiment réalisé que ça allait plus loin que de donner des conseils mode (…). En France, comme le voile est considéré comme quelque chose qui nous oppresse, ou qui nous écarte de la société, il est parfois difficile pour les femmes qui le portent de se valoriser pleinement. Je ne parle pas au nom de toutes les femmes voilées, mais il y a quand même cette tendance qui veut que le porter avec style est beaucoup décrié.”

De fait, Anlya répond en quelque sorte à une “demande” : celle d’une génération de femmes musulmanes qui souhaitent se réapproprier les écrits tout en exprimant leur style, au sens “d’identités culturelles” comme elle le dit. En cela, elle a conscience de refléter une certaine image des femmes musulmanes, dont elle se revendique sans prétendre à l’universalité de sa voix. C’est d’ailleurs cette conscience à la fois personnelle et professionnelle qui la pousse au quotidien.

 

Crédit photo : @Anlya_ModestFashion

 

Un travail laborieux, mais qui en vaut la peine

 

Anlya est aussi très réaliste : donner un nouveau souffle à la Modest Fashion en France n’est pas une tâche facile. C’est après avoir fini son Master 2 en Stratégies des marques que naît, début 2016, Anlya Modest Fashion, non sans difficultés. Elle est effectivement confrontée à plusieurs barrières sur son chemin vers l’excellence, notamment durant sa scolarité.

J’en ai connu, des difficultés, surtout la première année de mon voilement (la deuxième année après le bac), de la part surtout du corps pédagogique. Ça a été très difficile, avec une autre amie voilée, on a été victimes d’une agression verbale de la part d’une professeure qui ne voulait pas nous donner cours alors qu’on était dans un amphithéâtre rempli. Elle nous a demandé de partir de la salle ou bien d’enlever le voile devant tous les élèves. Ça a été super difficile à vivre. A côté de ça, il y avait d’autres professeur·e·s qui nous imposaient de mettre notre voile en arrière, de sorte qu’on voie le cou et les oreilles, et qui justifiaient leurs prises de positions par rapport à la laïcité, alors que c’était totalement faux.

C’est donc aussi de l’expérience personnelle des violences islamophobes qu’elle tient sa force d’agir et sa conviction. Pour les femmes racisées, le milieu scolaire ou universitaire peut très vite devenir un lieu de violences. Comment trouver la force de réussir alors que l’on nous exclut au sein même des lieux qui sont censés nous donner les outils de la réussite ? Anlya n’est pas fataliste face à cette question que l’on s’est tou·te·s posée, mais elle mesure aussi l’impact de ces violences sur sa vision actuelle de l’entreprenariat.

“Ça a été difficile à vivre, parce que c’est là que j’ai réalisé que ça allait être beaucoup plus difficile pour moi d’être épanouie professionnellement. C’est cela qui m’avait poussée à faire du e-commerce, parce que je me disais que dans tous les cas, j’allais être derrière un ordinateur. Et maintenant, je trouve ça ahurissant de me dire que j’étais à peine en train de me former que je me fermais déjà des portes. Je me disais : “C’est pas la peine, je vais m’autocensurer”, je ne voulais même pas m’y confronter parce que je savais que ça allait être trop violent. Je ne regrette pas du tout le choix du e-Commerce parce que c’est quelque chose que j’aime, mais quand même… faire des choix par dépit, c’est très difficile.”

 

Force, espoirs et ambitions : la sororité comme moteur

 

Cette force, Anlya la trouve à plusieurs endroits. Au-delà des difficultés qu’elle a pu rencontrer tout au long de son parcours vers l’entreprenariat, c’est essentiellement le rapport qu’elle entretient avec sa clientèle qui la pousse à continuer son ascension professionnelle. Entre elles, c’est bien plus qu’un lien de marché qui s’est noué, comme elle l’exprime avec une émotion et une reconnaissance des plus touchantes :

“Le chemin est long, laborieux, mais ce sont mes clientes qui me donnent la force – sans le savoir, peut-être. Je suis vraiment contente et fière, et le fait qu’elles puissent s’identifier à mon parcours, c’est ce qui m’intéresse. Mon objectif n’est pas de déconstruire les préjugés par rapport aux femmes voilées, je ne m’adresse pas aux personnes qui ont des préjugés. Je suis là pour donner de la force à celles qui en ont besoin, et celles qui en ont envie. Et elles me donnent de la force, c’est du soutien mutuel.”

C’est donc un véritable rapport de sororité qu’elle construit avec sa clientèle. Cette sororité, elle vient également de son féminisme revendiqué, qui participe tout autant de sa vision de la Modest Fashion. Pour Anlya, “la mode est une manière d’exprimer son féminisme, qui est subtilement politisée. Je considère que dans la Modest Fashion, il y a du féminisme, parce que c’est une façon d’exprimer mes identités plurielles de la manière dont j’ai envie.” C’est aussi dans son lien très particulier avec ses followers que se formalise son féminisme : on le voit dans ses vidéos, Anlya cultive une proximité tout-à-fait unique avec sa clientèle, qui reflète sa vision de la Modest Fashion en même temps qu’elle donne une version très personnelle et innovante de la sororité.

Sur sa chaîne Youtube, Anlya propose des tutos simples, efficaces et drôles, où elle reste très proche de ses followers en étant à la fois naturelle et très professionnelle.

 

 

C’est également dans son rapport à la culture américaine, qui l’a beaucoup inspirée petite, que la jeune entrepreneure a forgé son engagement féministe. Anlya a connu, comme beaucoup d’entre nous, la nécessité de se tourner vers les Etats-Unis pour trouver des modèles.

“Ça m’a nourrie inconsciemment pour porter ma voix sans avoir peur, et pour être fière de ce que je suis. Je suis de la génération Beyoncé et Destiny’s Child, faut pas se mentir, ça m’a énormément inspirée ! Quand j’étais jeune, ça m’a aidée à me former, je me disais que ces femmes n’avaient pas froid aux yeux. J’avais envie d’être un peu comme elles.”

Mais aujourd’hui, c’est sur le territoire français, où elle a grandi, qu’elle souhaite à son tour participer à une meilleure représentativité des femmes musulmanes et noires à travers son investissement dans la Modest Fashion. Malgré les nombreuses difficultés, Anlya possède une force et un désir de réussite qui nous donnent, à notre tour, envie de “casser des portes”, comme elle le dit si bien. C’est sur une note d’espoir des plus inspirantes qu’elle a souhaité terminer son portrait :

“Aujourd’hui, j’ai l’intime conviction que la société peut changer pour le mieux si l’on se soutient, que l’on échange, et que l’on communique. Parfois, il ne faut pas forcément être dans la réaction, mais plus dans l’action. Si j’écoutais tout ce qui se dit sur le marché dans lequel je suis, j’arrêterais. Mais j’ai la conviction que cela va changer et que la résistance va s’épuiser. Ils finiront par ne plus avoir l’énergie, parce qu’on est là, et ils n’ont pas le choix. Et on a énormément de potentiel et de talent. (…) Je suis confrontée à des choses que la majorité de la promo des diplômé·e·s de mon Master n’a pas à faire, mais tout ça nous forme et nous endurcit. On a le droit d’avoir nos moments de faiblesse, et c’est important de le conscientiser, mais allons de l’avant et exprimons-le ouvertement. Le combat concerne plein d’autres personnes. C’est pour ça que j’essaie d’être publique. Il faut que je l’exprime, parce que c’est comme ça que je conscientise d’autres personnes qui voudront aussi casser des portes !”

 

Courez vite shopper ses produits sur son site, et suivre son travail sur sa chaîne Youtube ou encore son Instagram !

 

Crédit photo à la une : ModestFashion.fr

 

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Gulshaan, la mode chic et éthique

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C’est dans une galerie située dans le Marais, dans le 4ème arrondissement de Paris, que la jeune créatrice Imaan a décidé de nous présenter sa nouvelle collection « Tribal diaries in Paris« .
Ambiance conviviale, intimiste et sobriété sont les maîtres mots de cette soirée. Grand moment pour Imaan : sa marque Gulshaan, créée il y a maintenant 2 ans, lance aujourd’hui sa quatrième collection.

 

Gulshaan, un nom qui invite au voyage

 

Ce terme signifie « jardin de roses », comme un lieu sûr et ouvert sur le monde dans lequel on s’épanouit. C’est un mot qui voyage et traverse les frontières, car on le trouve aussi bien en Turquie qu’en Iran, en Afghanistan, au Pakistan et en Inde. Enfin, il porte en lui une grande dimension poétique, car c’est notamment le titre d’un recueil du célèbre poète persan Saadi. L’univers Gulshaan est donc teinté de voyage et de poésie, une ouverture sur le monde qui mêle engagement et rencontre des cultures.

Les pièces présentées dans son showroom prônent un savoir-faire conjuguant qualité et authenticité. Ces deux mots sont le sceau de la marque Gulshaan. La créatrice ne lésine pas sur les moyens et met un point d’honneur à honorer la qualité de ses tenues. Dans un souci éthique et écologique, elle utilise exclusivement des tissus non-synthétiques, c’est-à-dire entre autres du lin, du coton et de la soie, dans une qualité de tissage confortable et facile à porter. Les tissus sont minutieusement choisis au Pakistan, dans une alternance subtile de l’imprimé et de l’uni. Chaque détail compte et chaque étape de son travail est soigneusement orchestrée, du choix du tissu à la couture de l’ourlet final.

 

Crédit GulshaanCrédit photo : Gulshaan

 

Une marque qui place les femmes au centre

 

Gulshaan met en lumière les valeurs de partage, de transmission, de respect et d’authenticité. La marque utilise uniquement des matières issues de l’agriculture locale, et les vêtements, après avoir été dessinés à Paris par la créatrice de la marque, sont cousus au Pakistan de manière éthique. Gulshaan participe en effet au développement de l’économie locale, plus précisément de la ville de Lahore, en encourageant l’artisanat et le savoir-faire traditionnel. La confection des vêtements permet de créer des emplois et d’aider à l’empowerment d’une frange de la population qui n’a pas accès au travail, à savoir les femmes. Elle redonne ainsi une place sociale à des femmes veuves, divorcées ou en situation de grande précarité, pour qui être formées et travailler est un besoin vital.

Au-delà des valeurs de responsabilité éthique et de solidarité, la marque met également en avant la rencontre des cultures, et voit la mode comme un moyen de briser les barrières et de rassembler. Les collections Gulshaan sont un savant mélange de plusieurs influences et sont teintées de voyages, entre le savoir-faire traditionnel et la vie citadine parisienne. C’est ce mélange improbable qui a permis à Imaan de mettre en œuvre son talent de créatrice de mode. Pour sa quatrième collection, Imaan parle d’une sorte de voyage intérieur :

C’est l’histoire de la femme urbaine, citadine, qui ressent le besoin de revenir à un mode de vie plus simple, et qui puise dans la mémoire de l’Humanité les souvenirs de quelque chose de plus authentique pour parvenir à s’épanouir.

Lors du lancement de sa nouvelle collection à Paris, une exposition photo appelée « La Source » s’est également tenue, nous permettant de voyager au Pakistan et de découvrir les ateliers de la marque. Une manière de donner un visage et de rendre hommage à ces femmes qui sont le pivot des collections Gulshaan et qui sont le cœur de la démarche éthique de la marque.

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Crédit photo : Gulshaan

 

Un retour aux sources

 

Imaan a auparavant travaillé dans le domaine social, notamment dans l’accompagnement des migrant.e.s, avant de vouloir agir autrement et plus concrètement. Lorsqu’elle parle de démarche ou de mode éthique, elle met l’accent sur l’impact social qu’elle souhaite apporter :

J’ai un devoir. Je vois la mode comme un moyen de faire passer des messages et changer les mentalités. Aujourd’hui, la mode tue et chacun.e a une responsabilité. Le Pakistan est un pays qui a vécu quelques-uns des grands drames du textile de ces dernières années, et c’était très symbolique et très fort de monter ce projet là-bas : revenir à l’essentiel, redonner leur véritable place aux artisan.e.s, mettre en valeur le savoir-faire traditionnel et avoir un impact social positif.

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Crédit photo : Gulshaan

 

Une forte symbolique sur la responsabilité sociale imprègne le travail de la marque. Toutes les créations reposent sur les mêmes fondations et derrière chaque vêtement se trouve toujours la même histoire : celle de redonner sa place à l’humain, de transmettre le travail artisanal, gage d’authenticité, et l’envie de revenir à une simplicité loin des carcans de la mode dont on nous abreuve en permanence.

Ce qui a donné envie à la créatrice de se lancer dans cette aventure, c’est un triste constat sur notre société, et des envies multiples : aller à l’encontre des effets néfastes de la mondialisation et de la consommation de masse, se défaire de la tendance actuelle et des diktats de la mode, trop orientée marketing, sans aucun réel esprit éthique. Se lancer dans l’aventure Gulshaan était aussi une manière d’affirmer son identité et sa personnalité, de créer des vêtements qui répondent à sa prise de conscience, à sa façon de voir les choses. Une vision de la mode qu’elle souhaite partager.

Crédit Gulshaan

Crédit photo : Gulshaan

Les vêtements que je crée transmettent un état d’esprit, une volonté de revenir à une certaine simplicité.

Les créations Gulshaan s’inscrivent dans le mouvement de la modest fashion (mode pudique/modeste). Un terme vague et sans définition fixe, changeant en fonction des contextes et des cultures, mais qui est vu chez Gulshaan comme un retour à la simplicité, à l’authenticité, une sorte de mouvement féministe qui donnerait le droit aux femmes d’être elles-mêmes dans des vêtements qui leur ressemblent, en accord avec la démarche globale du projet. Dans un monde où la mode est en constante ébullition et est devenue trop institutionnalisée, Gulshaan a préféré parier sur un retour aux sources qui mêle savamment originalité et qualité.

En deux ans d’existence, Gulshaan a déjà participé à de nombreuses rencontres internationales. La marque était notamment la seule marque française à participer à la première Modest Fashion Week d’Istanbul. La marque était également présente à la Fashion Week de Jakarta en Indonésie et à l’International Modest fashion and Design Festival de Toronto. Elle a enfin participé à plusieurs événements en Angleterre. En France, la marque s’inscrit dans le mouvement de la mode éthique et participe dans ce cadre à des événements réguliers.

Pour la suite du voyage, Imaan nous donne rendez-vous sur son site Internet pour découvrir sa nouvelle collection lancée il y a quelques jours.

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5 idées reçues sur la « modest fashion »

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La Modest quoi ? La Modest Fashion ! Késako ?
Cet anglicisme que les médias français utilisent à foison signifie tout simplement la « mode pudique » . Ce terme ne reste cependant pas facile à expliquer. En effet, chaque femme est à même de donner sa propre définition de la « mode modeste » . Pour certaines, il s’agira de se couvrir de la tête aux pieds avec des couleurs foncées, pour d’autres, il s’agira d’un mélange de couleurs vives, avec ou sans voile. Qu’importe la manière dont une femme applique vestimentairement la mode pudique, l’idée principale réside dans la réappropriation de la mode par celle-ci tant que les vêtements portés n’incitent pas à une attirance sexuelle. La mode pudique est une forme de retenue, une nouvelle forme d’expression qui contre l’image de la femme sexy, trop souvent utilisée dans les publicités.
Parce que la modest fashion concerne aussi bien les musulmanes que les non musulmanes, j’ai décidé dans cet article de lister 5 fausses idées que l’on entend à tort et à travers sur la Muslim modest fashion.

 

1. On ne peut pas être musulmane et suivre la mode

 

En effet, selon certains observateurs peu enclins à laisser les femmes musulmanes combiner spiritualité et mode, pratiquer sa foi et faire preuve de coquetterie serait incompatible. Absolument rien n’empêche une femme de s’accoutrer comme bon lui semble si elle estime que sa tenue respecte les principes de sa religion. C’est cela même qui caractérise la modest fashion : se réapproprier la mode tout en restant pudique, en utilisant des vêtements amples accompagnés ou non d’un voile, d’un turban, d’un chador. Ces derniers temps, de nombreuses femmes musulmanes se sont lancées dans cette aventure en créant leur marque de vêtements ou des blogs en ligne. C’est le cas de 2 jeunes femmes : Dina Torkia et Hana Tajima.

Dina Torkia est une Britannique qui présente plusieurs cordes à son arc. Elle est youtubeuse, bloggeuse, styliste. Dans ses vidéos Youtube, elle aborde plusieurs thématiques comme la beauté, les vêtements, la vie quotidienne… Son cœur de cible est les jeunes femmes âgées de 18 ans et plus, et elle souhaite étendre la mode aux femmes modestes et prouver par ses créations, toutes plus surprenantes les unes que les autres, que la mode concerne TOUTES les femmes, y compris celles qui sont voilées.

Hana Tajima est une créatrice de mode. Son blog  expose ses créations vestimentaires et elle en a également profité pour lancer une marque de prêt-à-porter « MAYSAA », véritable succès dans plusieurs pays du monde. Elle est également connue pour sa collaboration avec la marque Uniqlo.

 Copyrights : à droite : Dina Torkia / http://www.dinatorkia.co.uk/ ; à gauche : Hana Tajima / http://hanatajima.com/
Crédit photo : de droite à gauche, Dina Torkia et Hana Tajima

 

 

2. La Modest Fashion n’a aucune singularité : toutes pareilles !

 

Voici un autre cliché bien répandu et dont on se lasse péniblement ! La modest fashion n’a aucune singularité. Cet argument est d’autant plus faux que plusieurs créatrices de mode en Asie, Afrique ou Europe, bref dans le monde, ont assimilé les codes de l’industrie de la mode pour lancer leur propre marque de vêtements en y ajoutant leur propre singularité. C’est le cas de Franka Soréal, cette créatrice de mode indonésienne qui a co-crée le site web www.alahijab.com où des femmes partagent leurs expériences « modest fashion ». Cette plateforme recense plusieurs photos de femmes habillées modestement toutes plus différentes et originales les unes des autres. Un petit aperçu :

 
Crédit : www.alahijab.com
Crédit photo : www.alahijab.com

 

3. La Modest Fashion ne concerne que les musulmanes 

 

Plusieurs femmes non-musulmanes se sont réappropriées le concept de « modest fashion ». Ce sont pour la plupart des femmes juives, chrétiennes, athées, agnostiques. Des personnes qui mettent tout d’abord en avant l’importance de s’habiller comme elles le veulent. La mode pudique est aussi une manière d’aller à contre-courant des modes mainstream que l’on voit à la télé ou dans les magasins. Pour certaines femmes non-croyantes, la mode pudique revêt un aspect anticonformiste qui va à l’encontre de l’image de la femme sexy que l’on a tendance à voir dans les publicités. Les concepts de pudeur, d’humilité remplacent donc le discours religieux. Plusieurs marques se sont même illustrées dans la mode islamique comme Dolce et Gabbana, Marks&Spencer, Mango… C’est dans cette même ligne de pensée que s’est inscrite une marque française de mode pudique nommée Modeste créée en 2015 par Valérie Bénita. La marque s’est lancée dans l’aventure de la mode pudique, non pas pour cacher telle ou telle partie du corps féminin, mais pour conjuguer retenue et élégance, renouer avec une attitude discrète, donner libre choix à chacune de s’exprimer comme elle le veut. Aucun rapport avec le religieux, mais une nouvelle conception de la mode. « Parce que nous croyons que la modestie n’est pas une manière de cacher sa beauté, mais plutôt l’art de la révéler. »

 
Crédit : http://www.modeste.paris/
Crédit photo : http://www.modeste.paris/
 

4. La Modest Fashion ne concerne que les musulmanes … voilées ! 

 

Mon précédent exemple pourrait très bien illustrer ce 4ème point. Il n’y a pas de critères pour être une « modest fashionista ». Trop souvent affiliée à la religion, la mode pudique est avant tout une nouvelle forme d’expression qui trouve très souvent écho auprès de celles qui sont à la recherche de pudeur, de retenue et de modestie. Elle concerne également celles qui souhaitent tout simplement sortir des carcans marketing de la femme sexy pour ainsi retrouver une autre forme d’expression vestimentaire. C’est pour ces raisons que le terme « mode islamique » me dérange. À titre personnel, je suis musulmane et non voilée, et si je devais définir mon style vestimentaire, je dirais qu’il se rapproche de la mode pudique. Nous lisons trop souvent que cette mode concerne uniquement les musulmanes voilées alors que plusieurs femmes souhaitent tout simplement retrouver une forme de modestie, une coquetterie sans décolleté, un chic sans jambes nues, un glamour sans robe fendue à la cuisse.

 

5. La Modest Fashion, c’est ségrégationniste.

 

Enfermement et ségrégation, tels sont les termes que l’on entend de la bouche de certain.e.s défenseur.ses d’une conception étriquée de la liberté de la femme (cf. Laurence Rossignol, ministre des Droits des femmes). Pour elles, eux, le voile et la mode pudique agissent à l’encontre de la femme. Ainsi, l’enfermer dans des vêtements larges qui lui couvrent tout le corps serait signe d’oppression et d’enfermement, une forme de rupture avec les conventions de notre société. Heureusement que plusieurs grandes marques très connues se sont lancées dans cette mode pour ainsi briser l’image mode pudique = religion.

Parce que la mode pudique c’est avant tout laisser la femme libre de décider la manière dont elle se vêtit. La vraie ségrégation, c’est de laisser de côté une frange de la population et de juger qu’elle n’a pas sa place dans notre culture parce qu’elle est différente. La vraie ségrégation, c’est aussi celle de reprendre des termes  utilisés lors d’une période esclavagiste douloureuse pour les assigner à des femmes qui sont, bien au contraire, libres ET à leurs manières.

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