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Souad Gojif : une créatrice d’art et de rêves

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Huile de nigelle ou de jojoba, ghassoul ou eau de rose, les bienfaits de tous ces produits n’ont aucun secret pour Souad ! C’est lors de ses nombreux voyages dans son pays de cœur, le Maroc, que l’entrepreneuse a découvert le capital artisanal de ce pays. Revenir en France avec des sacs remplis de produits authentiques qu’elle refilait aux copines était à la fois naturel et une manière d’aider à mieux vivre les femmes des coopératives marocaines d’où venaient ces produits.

 

C’est donc la découverte de la richesse de ce pays qui a incité la jeune entrepreneuse à lancer ses propres recettes de beauté. Répertoriées sur son blog souandyou.fr, ces potions magiques ne sont pas seulement des routines de soin, mais surtout une façon d’affirmer sa féminité. Une féminité qui promeut l’usage des produits bios issus d’un pays aux rituels de beauté ancestraux. Une féminité bienveillante et solidaire qui aide des femmes travaillant dans des coopératives marocaines à scolariser leurs enfants. Une féminité du bien-être pour aider toutes les femmes, dans leur pluralité, à mettre en valeur leur beauté.

Mais son goût pour l’expérimentation qui ne s’arrête pas là.

Au-delà de cette initiative entrepreneuriale, Souad Gojif cultive aussi une passion pour la peinture. Derrière les créations artistiques qu’elle a réalisées lorsqu’elle souffrait de troubles alimentaires, la jeune femme a d’abord souhaité transporter son public dans un monde ensoleillé et enjoué. Ses maux faisaient image et faisaient ressentir et ressortir la profondeur et le spleen d’une femme qui pansait ses plaies.

Humaniste sur le fond et féministe dans le cœur, Souad souhaite surtout grâce à ces initiatives redonner confiance à toutes les femmes.

Cette démarche universelle les aide à se sentir mieux dans leur corps et leur esprit. Rencontre avec cette personnalité touche-à-tout et surtout touchante.

 

Crédit photo : Souad Gojif

 

Hello Souad, peux-tu nous parler de ton parcours ?

 

Je suis une littéraire avant tout ! J’ai commencé par étudier la philosophie par amour des essais philosophiques. J’ai ensuite continué avec des études en communication et publicité (avec un double cursus en sciences de l’éducation par curiosité). J’ai vécu sur le plan professionnel de merveilleuses aventures en agences de communication et dans des start-ups, où j’aidais à communiquer sur les innovations et à lever des fonds. Ce furent de belles expériences entrepreneuriales et humaines, car aider et voir un entrepreneur réaliser son rêve, c’est quand même quelque chose. En 2004, j’ai décidé d’aller vivre au Maroc, à Casablanca, où j’ai ouvert mon propre bureau de presse qui est toujours actif aujourd’hui.

 

Tu organises des sessions entre femmes où vous discutez bons plans make-up, bien-être et entrepreneuriat au féminin. Peux-tu nous expliquer tout cela ?

 

Sou and You, c’est une aventure de blogging arrivée un peu malgré moi. J’ai commencé par réunir des filles une fois par mois pour parler de beauté naturelle. Il s’agissait au départ de tea-times durant lesquels on se retrouvait pour parler du sujet plutôt léger qu’est la beauté. Mais au fur et à mesure, ces rendez-vous ont évolué pour devenir des rencontres qui nous permettent de parler de nos problèmes en tant que femmes actives, de la difficulté à prendre soin de soi et à retrouver notre féminité. J’ai ensuite décidé de créer le blog pour partager les recettes beauté qu’on me demandait à chaque rendez-vous. Puis cela a pris plus d’ampleur : j’ai été remarquée par des marques qui aujourd’hui m’envoient des produits cosmétiques en adéquation avec la philosophie du blog, pour que je les teste et que j’en parle aux filles. Je peux ainsi découvrir des pépites et les partager !

 

Crédit photo : Souad Gojif

 

Les filles sont à l’aise et partagent très rapidement leurs secrets lors de ces rendez-vous. Pour les questions plus pointues, j’invite souvent une journaliste spécialisée en beauté ou une naturopathe pour m’aider à répondre au mieux aux questions spécifiques. Pour des échanges de qualité, les groupes sont limités à une quinzaine de filles. Lors de ces Beautea-time, les filles ont aussi la possibilité d’acheter les produits cosmétiques naturels marocains que j’importe des coopératives.

 

Comment as-tu eu l’idée de te lancer dans cette activité ?

 

J’ai découvert les coopératives familiales au Maroc au début des années 2000. Ce sont des familles dans lesquelles les femmes fabriquent à la main de l’huile d’argan, des poudres de gommage etc. Soutenir ces femmes qui détiennent un savoir noble et important en étant leur intermédiaire m’a paru normal. Les coopératives étant pour la plupart dans les milieux ruraux, ce fut difficile d’y accéder mais la route en valait la peine. Aujourd’hui, je travaille avec la plupart de ces femmes. On a créé une petite économie circulaire, et 15 ans plus tard l’argent que gagnent ces femmes leur a permis de scolariser leurs enfants, ce qui était leur unique objectif. Aujourd’hui, lorsque je leur rends visite, certaines sont fières de me dire que leur fille ou leur garçon a obtenu le bac !

Je crois que cette aventure m’enrichit davantage qu’elle les enrichit, finalement ! Je suis tellement heureuse d’avoir contribué à mon petit niveau à ce bonheur. Je n’ai fait que le relais mais elles en avaient besoin, et à l’inverse j’avais besoin d’elles pour avoir des produits de qualité !

 

Tu as également souffert de troubles alimentaires, peux-tu nous dire quelques mots sur les tableaux que tu as peints à partir de mélanges d’épices ?

 

Lorsque je souffrais de troubles alimentaires et que je me sentais épuisée et essoufflée, la peinture m’a aidée à me redonner de la force, de la vitalité. C’était une forme de philosophie et de créativité.

La particularité de mes tableaux résidait dans le fait que je peignais avec différentes épices venues du Maroc. Je les disposais sur des toiles en coton afin que cela donne un beau mariage. Leurs odeurs ne laissaient pas le public indifférent et s’imposaient pour l’inviter dans un imaginaire olfactif et sensoriel aux mille et une couleurs.

 

Crédit photo : Souad Gojif

 

Ces différentes aventures touchantes et inspirantes, c’est un peu un hommage à la richesse de ce pays ?

 

Je suis très attachée à mon pays d’origine (la preuve, j’ai même fait l’expérience d’y vivre quelques années). Lorsque j’y travaillais, je me rendais très souvent à Paris avec beaucoup de produits de beauté dans mes bagages. J’avais découvert les vertus de ces derniers dans les hammams populaires, grâce aux anciennes générations et à mes grands-mères qui me racontaient leurs secrets de beauté et toutes leurs astuces d’utilisation. À chaque voyage, je faisais de nouvelles découvertes et j’apprenais de nouvelles recettes. C’est à partir de là que m’est venue l’idée d’importer ces produits naturels et parfois bio pour les vendre d’abord à mes proches, puis, par le bouche-à-oreille, à un plus grand panel. J’ai ainsi commencé à constituer une clientèle assez importante. Je veux avant tout garder une image artisanale car ces soins ne sont pas produits à grande échelle. Il est important pour moi que ce projet conserve une taille humaine, de rencontrer les femmes qui fabriquent ces produits. Cela véhicule une image authentique et j’ai la traçabilité de tous les produits que j’utilise et que je propose à mes clientes.

 

Crédit photo : Souad Gojif

 

Quels messages souhaites-tu faire passer grâce à ces initiatives ?

 

Il y a plusieurs messages. Le premier et le plus important, c’est que nous vivons dans une société violente où tout doit être parfait, dans laquelle les femmes doivent être parfaites dans leurs différents rôles. La pression est telle que beaucoup d’entre elles traversent des périodes de doutes, de remise en cause, de déprime, ou pire de dépression. Prendre soin de soi, c’est se donner du temps de repos, faire une pause pour s’occuper de soi et se réapproprier son estime. Se poser au calme, écouter son corps et son esprit est une forme de thérapie. Se trouver ou se retrouver belle et bien dans sa peau n’est pas une chose facile, mais avec de bonnes habitudes, on y arrive !

 

Pour vous tenir informé·e·s des prochains rendez-vous Beauté de Souad, abonnez-vous à sa page Facebook

Pour toutes les recettes et bons plans, voici son blog

Pour découvrir les tableaux de Souad, allez sur son site dédié.

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Mariame Tighanimine : l’empowerment par le business

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Mariame Tighanimine est entrepreneuse dans l’âme. Elle se lance pour la première fois en 2007 avec Hijab and the city, premier webzine féminin à destination des femmes françaises de culture musulmane avant de clore le chapitre 4 ans plus tard, en 2011. Aujourd’hui, elle se consacre à une nouvelle aventure : Babelbusiness, une méthode qui encourage les personnes désireuses de créer leur entreprise à sauter le pas.
Retour en 3 questions sur le parcours de cette femme persévérante, dont le travail est de changer la vie des autres de manière positive et remarquable.

 

Ex-Hijabandthecity, ex-Babelbag, actuel Babelbusiness, chargée d’enseignement au Centre pour l’entreprenariat à Sciences Po, chassez l’intrus ou le compte est bon ?

 

Le compte est bon et j’espère encore développer un tas d’autres projets ! Contrairement aux apparences, il y a une véritable continuité entre eux. Hijab and the City a été ma première startup. Créée en 2007 avec ma sœur, Khadija, il s’agissait du premier webzine féminin francophone et participatif à destination des femmes françaises de culture musulmane. On en avait marre d’entendre constamment parler des femmes musulmanes dans les médias alors que personne ne leur donnait la parole, ne leur tendait le micro. On a donc créé cette tribune qui réunissait jusqu’à 350 000 visiteurs uniques par mois, des femmes et même des hommes venant d’horizons culturels, cultuels et sociaux complètement différents, ainsi qu’une trentaine de contributrices de différentes sensibilités, nationalités et religions. On a bénéficié d’une couverture médiatique internationale puis nationale importante et on a eu la chance de rencontrer notre lectorat tous les mois, lors d’événements, de brunchs ou de soirées. Cette extraordinaire aventure humaine et entrepreneuriale a duré jusqu’en 2011. Puis elle a laissé place à Babelbag.

Si avec Hijab and the City, nous avons montré que la première action d’empowerment était la prise de parole, le droit et le devoir de se raconter soi-même, la seconde action devait être économique. C’est en discutant avec certaines de nos lectrices que nous nous sommes rendu compte que beaucoup de femmes avaient besoin d’avoir un revenu ou un complément de revenu pour mieux vivre et s’épanouir. Avec Redha, mon associé actuel, qui était notre mentor à l’époque de Hijab and the City, nous avons donc réfléchi à un projet qui pouvait répondre à cette problématique. Mais nous voulions qu’il s’adresse également à des femmes qui n’avaient pas forcément de problèmes économiques mais qui aspiraient néanmoins à sortir de leur routine, à exprimer leur potentiel et à tester leur emprise sur le monde. C’est comme ça qu’en 2012 est né Babelbag, un business collaboratif qui a consisté en la co-création d’un premier produit, le sac à main Babelbag, et à la promotion ainsi qu’à la distribution de celui-ci par le bouche-à-oreille et le main-à-main. Nous avons même créé une collection capsule avec le site Auféminin.com qui a soutenu le projet dès ses débuts. Nous avons permis à une centaine de femmes de démarrer leur micro-activité et de gagner un revenu. Plus de 500 sacs et plus de 10 000 petits accessoires (porte-sacs, accroche-sacs…) ont été vendus. De l’expérience Babelbag, nous avons compris qu’au-delà du produit, ce qui intéressait les femmes, c’était d’apprendre à faire du business. De ce constat est né Babelbusiness.

Nous nous sommes rendu compte que beaucoup de personnes voulaient se lancer dans le business mais avaient peur, ne savaient pas comment faire. Le manque de moyens était vraiment la dernière des craintes, c’est surtout la peur de l’échec, la peur du changement, le manque de compétences, qui étaient les véritables freins à leur lancement. Nous avons donc laissé de côté les produits et avons travaillé sur des programmes et outils qui s’adresseraient à tout le monde, sans distinction de diplôme, de langue, d’âge, d’origines ou de sexe… Et c’est comme ça que nous avons développé la méthode Babelbusiness, ainsi que les programmes et outils pour permettre à n’importe qui de se lancer en 24h avec très peu de moyens. Nous l’avons testé sur plus de 500 personnes, avec des associations d’insertion économique pour les jeunes et les femmes dans le 92, le 78, avec des allocataires du RSA, avec des vendeurs ambulants en France, au Maroc et en Ouganda, avec des grands groupes comme Danone pour former des micro-distributeurs… Aujourd’hui, nous sommes en train de mettre en place une plateforme sur laquelle tous nos outils et programmes seront proposés en ligne, à n’importe qui, que la personne soit à Paris, Lagos, Rio ou Singapour, qu’elle soit étudiante, retraitée, sans activité ou salariée. Pour nous, tout le monde peut et devrait faire du business. C’est une discipline formidable, dont on peut apprendre énormément de choses sur soi et sur les autres !

Vous voyez les liens entre ces différents projets maintenant ?

 

Pensez-vous que le business est un outil d’empowerment pour les femmes ?

 

Oui. En fait, il en est un pour tout le monde. Et tout dépend du type d’empowerment que l’on recherche, économique ou social.

Magellan par exemple est le premier homme à avoir fait le tour du monde de l’histoire de l’humanité pour une histoire d’épices, de négoce, d’appât du gain. Mais quand vous grattez bien, vous vous rendez compte qu’il l’a aussi fait pour sortir de sa condition, pour marquer l’Histoire.

On peut faire du business pour s’autonomiser ou pour n’importe quelle autre raison. Pour moi, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons. Mais il faut le faire sérieusement, comme n’importe quelle discipline, parce qu’on ne sait pas comment cela peut se terminer. Vincent Van Gogh ne savait pas qu’il deviendrait Van Gogh. Et pourtant, malgré la maladie, les difficultés qu’il a rencontrées, il n’a jamais cessé de produire des œuvres.

 

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Crédit photo : Mariame Tighanimine

 

En France aujourd’hui, de nombreuses femmes voilées, bardées de diplômes, sont exclues du marché de l’emploi à cause de leur voile. Que diriez-vous à celles qui veulent se lancer dans l’entreprenariat mais qui tanguent encore ?

 

Je n’ai pas de leçons à donner ni de conseils particuliers à adresser. Mais je vais vous raconter comment j’en suis venue à entreprendre.

Je portais le hijab et j’étais étudiante. Je voulais faire de la recherche en sciences sociales, j’étais plutôt douée selon mes professeurs. Mais je savais que cela poserait problème à un moment donné. Dans ce milieu, c’était déjà compliqué d’être issue de l’université et non d’une école, mais avoir un hijab, c’était une difficulté supplémentaire. J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec l’une de mes profs qui m’a dit texto :

Vous êtes une excellente étudiante, je n’aurais aucune difficulté à vous soutenir et à vous prendre dans mon labo, mais pas avec votre voile.

Je suis sortie de son bureau triste, en colère, mais je me suis juré de ne pas céder. Par principe. Au même moment, ma sœur Khadija, elle aussi voilée, venait d’être diplômée d’une école d’architecture et de l’université. Elle aussi était un très bon élément. On voulait bien d’elle dans certaines entreprises mais tête nue. Par principe, elle a également refusé. Quand j’ai vu tout ça, je me suis dit « à quoi bon continuer mes études ? ». Même si j’étudiais aussi par passion, je savais qu’à un moment donné, j’allais être confrontée au chômage et je ne suis pas issue d’un milieu aisé pour me permettre de vivre de passion et d’eau fraîche. Il fallait donc que j’anticipe tout ça et surtout, que j’évolue dans un milieu qui m’accepte comme je suis.

Un jour de 2007, ma sœur est venue me voir en me disant qu’elle voulait monter sa boîte. Je n’y connaissais strictement rien mais comme je bloguais, je lui ai proposé de tenir un blog sur son activité, une sorte de carnet de bord qu’elle pourrait partager avec ses potentiels clients. Puis de fil en aiguille, nous nous sommes retrouvées à créer Hijab and the City. Ça n’avait strictement rien à voir avec ce que nous voulions faire au départ mais c’était aussi un moyen pour nous de nous affirmer, de refuser un énième ostracisme. Même si je ne porte plus le hijab, je n’ai jamais pensé à toquer aux portes du marché du travail. Je suis entrepreneure, j’aime ce que je fais et je me rends compte que je ne sais pas faire autre chose.

Pour en revenir à votre question, en général, j’encourage tout le monde à faire du business, les femmes qui portent le voile et toutes les personnes qui sont discriminées sur le marché du travail en font partie. Maintenant, reste à savoir quoi faire. Beaucoup de femmes que je connais dans ce cas sont tentées de faire du business qui ne s’adresse qu’à la « communauté ». Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure des idées et en plus, je ne crois pas à ce concept de « communauté », sauf au sens marketing. Il faut faire quelque chose qui réponde à un besoin. Je le précise parce que beaucoup de personnes qui se lancent dans cette optique se retrouvent désillusionnées et écœurées par l’accueil que leurs soi-disant semblables leur réservent. Quand on faisait Hijab and the City, les premiers à nous mettre des bâtons dans les roues étaient les « nôtres » et malheureusement, les plus virulents étaient des femmes. Même si nos détracteurs étaient beaucoup moins nombreux que nos supporters, ils existaient malgré tout. Il faut juste être consciente de ces choses et se concentrer sur celles et ceux qui vous veulent du bien !

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Portraits

Gulshaan, la mode chic et éthique

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C’est dans une galerie située dans le Marais, dans le 4ème arrondissement de Paris, que la jeune créatrice Imaan a décidé de nous présenter sa nouvelle collection « Tribal diaries in Paris« .
Ambiance conviviale, intimiste et sobriété sont les maîtres mots de cette soirée. Grand moment pour Imaan : sa marque Gulshaan, créée il y a maintenant 2 ans, lance aujourd’hui sa quatrième collection.

 

Gulshaan, un nom qui invite au voyage

 

Ce terme signifie « jardin de roses », comme un lieu sûr et ouvert sur le monde dans lequel on s’épanouit. C’est un mot qui voyage et traverse les frontières, car on le trouve aussi bien en Turquie qu’en Iran, en Afghanistan, au Pakistan et en Inde. Enfin, il porte en lui une grande dimension poétique, car c’est notamment le titre d’un recueil du célèbre poète persan Saadi. L’univers Gulshaan est donc teinté de voyage et de poésie, une ouverture sur le monde qui mêle engagement et rencontre des cultures.

Les pièces présentées dans son showroom prônent un savoir-faire conjuguant qualité et authenticité. Ces deux mots sont le sceau de la marque Gulshaan. La créatrice ne lésine pas sur les moyens et met un point d’honneur à honorer la qualité de ses tenues. Dans un souci éthique et écologique, elle utilise exclusivement des tissus non-synthétiques, c’est-à-dire entre autres du lin, du coton et de la soie, dans une qualité de tissage confortable et facile à porter. Les tissus sont minutieusement choisis au Pakistan, dans une alternance subtile de l’imprimé et de l’uni. Chaque détail compte et chaque étape de son travail est soigneusement orchestrée, du choix du tissu à la couture de l’ourlet final.

 

Crédit GulshaanCrédit photo : Gulshaan

 

Une marque qui place les femmes au centre

 

Gulshaan met en lumière les valeurs de partage, de transmission, de respect et d’authenticité. La marque utilise uniquement des matières issues de l’agriculture locale, et les vêtements, après avoir été dessinés à Paris par la créatrice de la marque, sont cousus au Pakistan de manière éthique. Gulshaan participe en effet au développement de l’économie locale, plus précisément de la ville de Lahore, en encourageant l’artisanat et le savoir-faire traditionnel. La confection des vêtements permet de créer des emplois et d’aider à l’empowerment d’une frange de la population qui n’a pas accès au travail, à savoir les femmes. Elle redonne ainsi une place sociale à des femmes veuves, divorcées ou en situation de grande précarité, pour qui être formées et travailler est un besoin vital.

Au-delà des valeurs de responsabilité éthique et de solidarité, la marque met également en avant la rencontre des cultures, et voit la mode comme un moyen de briser les barrières et de rassembler. Les collections Gulshaan sont un savant mélange de plusieurs influences et sont teintées de voyages, entre le savoir-faire traditionnel et la vie citadine parisienne. C’est ce mélange improbable qui a permis à Imaan de mettre en œuvre son talent de créatrice de mode. Pour sa quatrième collection, Imaan parle d’une sorte de voyage intérieur :

C’est l’histoire de la femme urbaine, citadine, qui ressent le besoin de revenir à un mode de vie plus simple, et qui puise dans la mémoire de l’Humanité les souvenirs de quelque chose de plus authentique pour parvenir à s’épanouir.

Lors du lancement de sa nouvelle collection à Paris, une exposition photo appelée « La Source » s’est également tenue, nous permettant de voyager au Pakistan et de découvrir les ateliers de la marque. Une manière de donner un visage et de rendre hommage à ces femmes qui sont le pivot des collections Gulshaan et qui sont le cœur de la démarche éthique de la marque.

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Crédit photo : Gulshaan

 

Un retour aux sources

 

Imaan a auparavant travaillé dans le domaine social, notamment dans l’accompagnement des migrant.e.s, avant de vouloir agir autrement et plus concrètement. Lorsqu’elle parle de démarche ou de mode éthique, elle met l’accent sur l’impact social qu’elle souhaite apporter :

J’ai un devoir. Je vois la mode comme un moyen de faire passer des messages et changer les mentalités. Aujourd’hui, la mode tue et chacun.e a une responsabilité. Le Pakistan est un pays qui a vécu quelques-uns des grands drames du textile de ces dernières années, et c’était très symbolique et très fort de monter ce projet là-bas : revenir à l’essentiel, redonner leur véritable place aux artisan.e.s, mettre en valeur le savoir-faire traditionnel et avoir un impact social positif.

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Crédit photo : Gulshaan

 

Une forte symbolique sur la responsabilité sociale imprègne le travail de la marque. Toutes les créations reposent sur les mêmes fondations et derrière chaque vêtement se trouve toujours la même histoire : celle de redonner sa place à l’humain, de transmettre le travail artisanal, gage d’authenticité, et l’envie de revenir à une simplicité loin des carcans de la mode dont on nous abreuve en permanence.

Ce qui a donné envie à la créatrice de se lancer dans cette aventure, c’est un triste constat sur notre société, et des envies multiples : aller à l’encontre des effets néfastes de la mondialisation et de la consommation de masse, se défaire de la tendance actuelle et des diktats de la mode, trop orientée marketing, sans aucun réel esprit éthique. Se lancer dans l’aventure Gulshaan était aussi une manière d’affirmer son identité et sa personnalité, de créer des vêtements qui répondent à sa prise de conscience, à sa façon de voir les choses. Une vision de la mode qu’elle souhaite partager.

Crédit Gulshaan

Crédit photo : Gulshaan

Les vêtements que je crée transmettent un état d’esprit, une volonté de revenir à une certaine simplicité.

Les créations Gulshaan s’inscrivent dans le mouvement de la modest fashion (mode pudique/modeste). Un terme vague et sans définition fixe, changeant en fonction des contextes et des cultures, mais qui est vu chez Gulshaan comme un retour à la simplicité, à l’authenticité, une sorte de mouvement féministe qui donnerait le droit aux femmes d’être elles-mêmes dans des vêtements qui leur ressemblent, en accord avec la démarche globale du projet. Dans un monde où la mode est en constante ébullition et est devenue trop institutionnalisée, Gulshaan a préféré parier sur un retour aux sources qui mêle savamment originalité et qualité.

En deux ans d’existence, Gulshaan a déjà participé à de nombreuses rencontres internationales. La marque était notamment la seule marque française à participer à la première Modest Fashion Week d’Istanbul. La marque était également présente à la Fashion Week de Jakarta en Indonésie et à l’International Modest fashion and Design Festival de Toronto. Elle a enfin participé à plusieurs événements en Angleterre. En France, la marque s’inscrit dans le mouvement de la mode éthique et participe dans ce cadre à des événements réguliers.

Pour la suite du voyage, Imaan nous donne rendez-vous sur son site Internet pour découvrir sa nouvelle collection lancée il y a quelques jours.

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(Dé)construction

5 idées reçues sur la « modest fashion »

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La Modest quoi ? La Modest Fashion ! Késako ?
Cet anglicisme que les médias français utilisent à foison signifie tout simplement la « mode pudique » . Ce terme ne reste cependant pas facile à expliquer. En effet, chaque femme est à même de donner sa propre définition de la « mode modeste » . Pour certaines, il s’agira de se couvrir de la tête aux pieds avec des couleurs foncées, pour d’autres, il s’agira d’un mélange de couleurs vives, avec ou sans voile. Qu’importe la manière dont une femme applique vestimentairement la mode pudique, l’idée principale réside dans la réappropriation de la mode par celle-ci tant que les vêtements portés n’incitent pas à une attirance sexuelle. La mode pudique est une forme de retenue, une nouvelle forme d’expression qui contre l’image de la femme sexy, trop souvent utilisée dans les publicités.
Parce que la modest fashion concerne aussi bien les musulmanes que les non musulmanes, j’ai décidé dans cet article de lister 5 fausses idées que l’on entend à tort et à travers sur la Muslim modest fashion.

 

1. On ne peut pas être musulmane et suivre la mode

 

En effet, selon certains observateurs peu enclins à laisser les femmes musulmanes combiner spiritualité et mode, pratiquer sa foi et faire preuve de coquetterie serait incompatible. Absolument rien n’empêche une femme de s’accoutrer comme bon lui semble si elle estime que sa tenue respecte les principes de sa religion. C’est cela même qui caractérise la modest fashion : se réapproprier la mode tout en restant pudique, en utilisant des vêtements amples accompagnés ou non d’un voile, d’un turban, d’un chador. Ces derniers temps, de nombreuses femmes musulmanes se sont lancées dans cette aventure en créant leur marque de vêtements ou des blogs en ligne. C’est le cas de 2 jeunes femmes : Dina Torkia et Hana Tajima.

Dina Torkia est une Britannique qui présente plusieurs cordes à son arc. Elle est youtubeuse, bloggeuse, styliste. Dans ses vidéos Youtube, elle aborde plusieurs thématiques comme la beauté, les vêtements, la vie quotidienne… Son cœur de cible est les jeunes femmes âgées de 18 ans et plus, et elle souhaite étendre la mode aux femmes modestes et prouver par ses créations, toutes plus surprenantes les unes que les autres, que la mode concerne TOUTES les femmes, y compris celles qui sont voilées.

Hana Tajima est une créatrice de mode. Son blog  expose ses créations vestimentaires et elle en a également profité pour lancer une marque de prêt-à-porter « MAYSAA », véritable succès dans plusieurs pays du monde. Elle est également connue pour sa collaboration avec la marque Uniqlo.

 Copyrights : à droite : Dina Torkia / http://www.dinatorkia.co.uk/ ; à gauche : Hana Tajima / http://hanatajima.com/
Crédit photo : de droite à gauche, Dina Torkia et Hana Tajima

 

 

2. La Modest Fashion n’a aucune singularité : toutes pareilles !

 

Voici un autre cliché bien répandu et dont on se lasse péniblement ! La modest fashion n’a aucune singularité. Cet argument est d’autant plus faux que plusieurs créatrices de mode en Asie, Afrique ou Europe, bref dans le monde, ont assimilé les codes de l’industrie de la mode pour lancer leur propre marque de vêtements en y ajoutant leur propre singularité. C’est le cas de Franka Soréal, cette créatrice de mode indonésienne qui a co-crée le site web www.alahijab.com où des femmes partagent leurs expériences « modest fashion ». Cette plateforme recense plusieurs photos de femmes habillées modestement toutes plus différentes et originales les unes des autres. Un petit aperçu :

 
Crédit : www.alahijab.com
Crédit photo : www.alahijab.com

 

3. La Modest Fashion ne concerne que les musulmanes 

 

Plusieurs femmes non-musulmanes se sont réappropriées le concept de « modest fashion ». Ce sont pour la plupart des femmes juives, chrétiennes, athées, agnostiques. Des personnes qui mettent tout d’abord en avant l’importance de s’habiller comme elles le veulent. La mode pudique est aussi une manière d’aller à contre-courant des modes mainstream que l’on voit à la télé ou dans les magasins. Pour certaines femmes non-croyantes, la mode pudique revêt un aspect anticonformiste qui va à l’encontre de l’image de la femme sexy que l’on a tendance à voir dans les publicités. Les concepts de pudeur, d’humilité remplacent donc le discours religieux. Plusieurs marques se sont même illustrées dans la mode islamique comme Dolce et Gabbana, Marks&Spencer, Mango… C’est dans cette même ligne de pensée que s’est inscrite une marque française de mode pudique nommée Modeste créée en 2015 par Valérie Bénita. La marque s’est lancée dans l’aventure de la mode pudique, non pas pour cacher telle ou telle partie du corps féminin, mais pour conjuguer retenue et élégance, renouer avec une attitude discrète, donner libre choix à chacune de s’exprimer comme elle le veut. Aucun rapport avec le religieux, mais une nouvelle conception de la mode. « Parce que nous croyons que la modestie n’est pas une manière de cacher sa beauté, mais plutôt l’art de la révéler. »

 
Crédit : http://www.modeste.paris/
Crédit photo : http://www.modeste.paris/
 

4. La Modest Fashion ne concerne que les musulmanes … voilées ! 

 

Mon précédent exemple pourrait très bien illustrer ce 4ème point. Il n’y a pas de critères pour être une « modest fashionista ». Trop souvent affiliée à la religion, la mode pudique est avant tout une nouvelle forme d’expression qui trouve très souvent écho auprès de celles qui sont à la recherche de pudeur, de retenue et de modestie. Elle concerne également celles qui souhaitent tout simplement sortir des carcans marketing de la femme sexy pour ainsi retrouver une autre forme d’expression vestimentaire. C’est pour ces raisons que le terme « mode islamique » me dérange. À titre personnel, je suis musulmane et non voilée, et si je devais définir mon style vestimentaire, je dirais qu’il se rapproche de la mode pudique. Nous lisons trop souvent que cette mode concerne uniquement les musulmanes voilées alors que plusieurs femmes souhaitent tout simplement retrouver une forme de modestie, une coquetterie sans décolleté, un chic sans jambes nues, un glamour sans robe fendue à la cuisse.

 

5. La Modest Fashion, c’est ségrégationniste.

 

Enfermement et ségrégation, tels sont les termes que l’on entend de la bouche de certain.e.s défenseur.ses d’une conception étriquée de la liberté de la femme (cf. Laurence Rossignol, ministre des Droits des femmes). Pour elles, eux, le voile et la mode pudique agissent à l’encontre de la femme. Ainsi, l’enfermer dans des vêtements larges qui lui couvrent tout le corps serait signe d’oppression et d’enfermement, une forme de rupture avec les conventions de notre société. Heureusement que plusieurs grandes marques très connues se sont lancées dans cette mode pour ainsi briser l’image mode pudique = religion.

Parce que la mode pudique c’est avant tout laisser la femme libre de décider la manière dont elle se vêtit. La vraie ségrégation, c’est de laisser de côté une frange de la population et de juger qu’elle n’a pas sa place dans notre culture parce qu’elle est différente. La vraie ségrégation, c’est aussi celle de reprendre des termes  utilisés lors d’une période esclavagiste douloureuse pour les assigner à des femmes qui sont, bien au contraire, libres ET à leurs manières.

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