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Novembre 2020 : 8 pépites médiatiques… et moments positifs !

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Ce mois-ci, petite nouveauté dans ce top désintox : après les analyses de propos tenus dans les médias, on passe à des pépites et moments positifs, car il est quand même très important d’en parler ! Comme nous avons pu le voir dans la compilation d’octobre 2020, cette période a laissé place à de nombreux dérapages islamophobes. En novembre, les sujets phare de l’actualité ont changé, mais les pépites islamophobes sont toujours de mise et nous permettent d’étudier des mécanismes toujours plus similaires et fallacieux. Néanmoins, nous prendrons le temps avant cela de nous pencher sur ce qui a été le sujet phare de l’actualité française en Novembre : les violences policières.

 

 

1. Affaire Zecler, démantèlement violent de camps de réfugiés, violences policières et loi sécurité globale. Les policiers « déconnent » (G. Darmanin) ?

Lallab est une association féministe et antiraciste dont le but est de façonner un monde juste, dans lequel nous n’avons pas à craindre que notre identité puisse porter préjudice. Dénoncer les violences policières est donc important pour nous. Nous vous invitons donc à lire ou relire nos communiqués, sur notre condamnation des violences policières et sur notre dénonciation du projet de loi « sécurité globale ».

 

Ainsi, entre cette proposition de loi qui mettait notamment en place des restrictions sur la diffusion d’images de policiers, et le fait qu’elle soit suivie de la médiatisation d’actes violents de policiers (notons le remarquable timing des événements), on a pu observer une forte agitation médiatique et tout un débat sur la question des violences policières. Le moins que l’on puisse dire est que la vidéo de cet homme roué de coups et insulté par quatre policiers n’est pas passée inaperçue, tout comme ces migrants littéralement vidés de leurs tentes. Interrogé, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a parlé à plusieurs reprises de « policiers qui déconnent » et, s’il a évoqué une éventuelle sanction de ces quatre policiers, il présente un soutien « sans failles » à la police de manière générale. Ce n’est pas cet extrait précis qu’il s’agit de décrypter mais plutôt un discours plus large qu’illustre parfaitement ici Gérald Darmanin.

 

On explique souvent qu’il est impossible de qualifier la police française de raciste car aucune loi n’est raciste donc il n’y a pas de racisme institutionnalisé en France, CQFD la boucle est bouclée. L’idée de « brebis galeuse » qui met tout cela uniquement sur le compte de faits isolés et individuels est malheureusement beaucoup trop simpliste et le terme « systémique » doit précisément être défini.

 

Après parcours de diverses sources, le terme “systémique” (dont le sens précis n’est pas réellement statué) désigne à mon sens un phénomène dont l’existence est permise par une concomitance de plusieurs acteurs et facteurs à une échelle globale dans un système (ici celui de l’État). Il relève aussi de ce que l’on appelle un « fait social » ou « fait politique » en sociologie. 

Par exemple, l’utilisation de ce terme dans ce cas s’explique par les éléments suivants : 1) Ces policiers sont soutenus par l’IGPN et les membres du gouvernement. Leurs actes sont d’ailleurs commandités et appuyés par l’instance supérieure, l’IGPN, qui est un service qui représente l’État. 2) Nous apprenons par ailleurs que ces policiers pourraient bénéficier d’une aide de l’État dans la prise en charge des frais de justice dans l’affaire des violences à l’encontre de Michel Zecler. Ces policiers qui n’avaient rien à craindre avant que la vidéo soit diffusée, puisqu’ils ont d’abord eu des accusations de violence envers M. Zecler et on est en droit de se demander ce qu’il serait advenu sans preuves vidéo. Malgré tout cela, même le président Emmanuel Macron affirme que non, il n’y a rien de systémique dans cette affaire.

 

Enfin, bien qu’il ne soit pas question de généraliser ni d’occulter ceux.celles qui font bien leur travail, force est de constater que le racisme est un phénomène répandu dans la police. L’enquête d’Ilham Maad (que l’on peut retrouver sous forme de podcast sur Arte) ainsi que celle de Streetpress font froid dans le dos, notamment de par l’étendue et l’ampleur des faits que l’on y constate. Le problème est par ailleurs même dénoncé par Amnesty international et par l’ONU, qui a récemment demandé le retrait de l’article 24 du projet de loi « sécurité globale ». Tout cela nous donne le droit de nous interroger et de nous indigner, de même que de parler de violences policières racistes et systémiques.

 

 

2. « Il n’y a aucune connotation terroriste dans cette affaire, ni même religieuse car la famille ne serait pas de confession musulmane. » Ouest France, le 6 novembre 2020.

          

Nous aurions aimé laisser les pépites islamophobes en octobre. Le journal Ouest France en a décidé autrement.

Mercredi 4 novembre 2020, un enfant de 11 ans dans un collège à Saumur (Maine-et-Loire) a proféré des menaces de décapitation à l’encontre de sa professeure. Voici le dernier paragraphe de l’article de Ouest France qui en rend compte :

 

Et non, vous ne rêvez pas ! Vous connaissez maintenant mon état d’esprit face à un tel propos. Je ris quand je devrais grincer des dents. Faites-en donc de même !

Cela nous renvoie au raccourci mécanique qui lie inconditionnellement le terrorisme à l’islam, comme l’évoquait le point n°6 du décryptage du mois de novembre. Et je dis bien à l’Islam et même pas l’islamisme ; car si l’on en croit la personne qui a écrit cet article, mais aussi les policiers chargés de cette affaire, le simple fait que la famille eut été de confession musulmane aurait donné un caractère terroriste au propos de l’enfant. Oui oui, c’est bien ce que vous avez compris. C’est assez déroutant qu’un tel propos puisse figurer en toute sérénité dans un article de presse à visée informative. La fréquence et la banalisation de ce raccourci est un réel appui pour que les amalgames islamophobes s’ancrent dans l’inconscient collectif. Ce qui me frappe aussi dans cet article, c’est l’attention portée à cet élément d’enquête, en survolant très rapidement le propos choquant de l’enfant. Très court, il se termine dès lors que l’on établit une absence de lien avec une foi musulmane, comme s’il suffisait de cela pour clore l’affaire et passer à autre chose. Cela est non sans nous rappeler le traitement médiatique de l’attaque qui a tué deux personnes à Cholet le 14 novembre. En avez-vous entendu parler ?

 

 

 

3. Le terme « islamophobie » est utilisé pour « lutter contre la liberté d’expression ». Jean-Sébastien Ferjou sur BFMTV le 15 novembre 2020.

 

Les journalistes Edwy Plenel et Jean-Sébastien Ferjou sont amenés à débattre de l’islamophobie en France. Selon ce dernier, le terme « islamophobie » est utilisé pour restreindre la liberté d’expression et empêcher certaines personnes de s’exprimer de façon à ce que, taxées d’islamophobie, elles s’auto-censurent. Le terme islamophobie ne serait rien d’autre qu’un terme dissuasif, utilisé pour « intimider », comme il le dit. Lorsqu’Edwy Plenel lui répond que, comme nous avons pu le faire en octobre dernier (point n°2), l’islamophobie, au même titre que l’homophobie et la négrophobie, est définie par des faits de rejet et de violence à l’égard d’une communauté. Jean-Sébastien met en avant un terme relativement nouveau, en tout cas un terme que mon correcteur Word souligne en rouge (contrairement à « islamophobie » qui est parfaitement reconnu, mon PC serait islamogauchiste ???) : la « musulmanophobie ».

 

Il oppose en effet l’« islamophobie » et la « musulmanophobie », un terme qu’il juge plus approprié pour définir ces actes de violence. Bon… C’est gentil d’aider en tout cas merci <3

 

Pour le citer, il dit ; « il y a un fossé intellectuel entre ce que SERAIT la musulmanophobie et l’islamophobie ». J’insiste en effet sur le conditionnel. Alors on ne va pas faire du freudisme du dimanche, mais j’ai l’impression que ça traduit une certaine réalité quant à la perception des actes islamophobes par certaines journalistes français. Ces actes qu’il cherche à qualifier appartiendraient à un monde qui n’existe pas, à un imaginaire ; on ne peut d’ailleurs pas utiliser l’indicatif pour s’y référer, vu qu’après tout, on n’est pas sûr que ces phénomènes existent réellement. Ce qui est malheureux, c’est qu’il ne conteste le terme « islamophobie » que dans l’optique de disqualifier l’usage de ce terme, et surtout, il fait partie des gens portent haut et fort cette définition biaisée de l’islamophobie qui ne relèverait que de l’opinion sans se soucier des faits ; définition portée par des gens qui ne la vivent pas et qui ne semblent pas la voir. Ah si, pardon, il s’en soucie, mais au conditionnel 😊

 

 

Non parce que du coup, pendant qu’on s’embête à savoir s’il faudrait plutôt les appeler « islamophobes » ou « musulmanophobes », on oublie de regarder les actes en question, ce qui est assez dommage. Parce que, pour rappel, la mosquée de Brétigny-sur-Orge a subi une attaque à la voiture bélier début décembre. Et ce qui m’intrigue ici en premier lieu c’est évidemment de savoir… si cette agression était islamophobe ou musulmanophobe ? Mmhh je tergiverse…

 

Ah ? Ce n’est pas un rappel mais une découverte de cette attaque ? Je m’en doutais bien, là est tout le problème.

 

 

 

4. Analogie entre cancer et immigration par Marc Ménant sur Cnews

 

Le fond de son propos est le suivant : considérant que l’immigration en France soit un problème et qu’il faille « éviter de faire croire que nous soyons une grande Terre d’accueil », le traitement de celui-ci doit se faire en amont. En bon pédagogue, il éclaircit les choses grâce à une analogie assez particulière : le processus de l’immigration est comparé à celui d’un cancer. « C’est la métaphore ; si vous traitez le cancer au dernier stade […] la possibilité de sauver les gens est plutôt réduite », a-t-il notamment affirmé.

 

Une fois que les migrant.e.s sont arrivé.e.s en France, c’est déjà trop tard, selon lui. Globalement, on entend la logique du raisonnement, le problème dont il rend compte étant le traitement des problèmes dans les pays d’origine qui mènent les gens à émigrer (pauvreté, guerres…). Mais dans la forme, la métaphore est terriblement douteuse. Elle donne une connotation très négative, voire anxiogène, au phénomène d’immigration. Notre prochain point sera l’occasion de se demander s’il s’agit de la meilleure façon de percevoir l’immigration. Place maintenant, après les décryptages médiatiques, aux moments positifs du mois de novembre, car il faut savoir leur donner leur importance !

 

 

Maintenant, place aux moments positifs du mois de novembre !

 

 

5. Lydia Veyrat, soignante en EHPAD, ne sera pas expulsée.

 

Soignante dans un EHPAD en Isère et ressortissante Béninoise, Lydia Veyrat était menacée d’expulsion par le Préfet alors qu’elle ne comptait plus ses heures de travail dans ce contexte d’épidémie. Ses supérieur.e.s étaient eux.elles-mêmes scandalisé.es par cette décision. Heureusement, suite à l’indignation des internautes et une pétition, elle peut finalement rester en France. Épisode qui nous rappelle dans quelle mesure les personnes issues de l’immigration n’ont pas à être perçues comme une tare, au contraire : elles font souvent les métiers les plus difficiles et vouloir les exclure relève d’un manque de reconnaissance. Elles ne sont pas le « cancer » de notre société. Bien au contraire, pour certain.e.s, ce sont même elles qui le soignent.

 

 

 

6. Les actrices algériennes se mobilisent contre les féminicides. (Vidéo)

          

[ Trigger Warning : la vidéo est dans le titre, sous-titrée en français ; la violence et le meurtre y sont suggérées.]

          

 

En novembre, Naïla, jeune lycéenne et escrimeuse, est renvoyée de son lycée à Oran en Algérie. Pour cause, se présenter avec ses cheveux bouclés au naturel contreviendrait aux codes de bonne conduite de son lycée. Cette affaire a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Ce qui nous rappelle à quel point, en Algérie, au Maghreb comme ailleurs, les enjeux de sexisme et de colorisme sont préoccupants.

 

Il n’en demeure pas moins que plus tard dans le mois, j’ai aperçu une vidéo IGTV, largement relayée, aussi bouleversante que résonnante d’espoir. Plusieurs actrices Algériennes ont pris l’initiative de se liguer pour dénoncer les féminicides. Dans une vidéo sobre, elles prononcent à tour de rôle des phrases ancrées dans les mœurs du pays, qui portent un sexisme ordinaire teinté de violence.

 

« Il faut être calme et sage » ; « tu cherches trop à comprendre à mon goût » ; « si on se marie, tu arrêtes la fac » ; « sois patiente » ; « tais toi ». Dans un effet d’escalade, elles ressassent toutes ensemble ces phrases, qui au départ paraissent anecdotiques, mais au fur et à mesure gagnent en violence, le lien qui les traverse paraît de plus en plus évident. Les injonctions inculquées dès la jeunesse par les adultes, celles qui apparaissent en grandissant… et qui, nous le comprenons, mènent à une banalisation des violences faites aux femmes et aux féminicides. Une vidéo difficile, sombre, mais annonciatrice de prise de conscience et qui dégage beaucoup d’authenticité.

 

« Nous, actrices algériennes, nous unissons aujourd’hui pour dire stop à la violence faite aux femmes et stop aux féminicides. Nous appelons à la prise de conscience et à la mobilisation générale pour que cesse cette violence. »

 

 

7. Les femmes de chambre en grève de l’hôtel Ibis de Batignolles promeuvent leur cause dans un clip musical (Vidéo)

 

A Clichy-Batignolles, des employées à l’hôtel Ibis en tant que femmes de chambre sont en grève depuis déjà plus d’un an. Cette lutte pour la reconnaissance de leurs droits, qui dure depuis un si long moment, a pris forme dans le clip d’une chanson publiée le 4 novembre pour appuyer leur lutte. Sur le rythme dansant de l’artiste nommé Bobbyodet retranscrivant leur dur quotidien dans son titre Dur dur ménage, on les aperçoit reconstituer leur quotidien, puis rejoindre la danse.

 

Elles protestent contre des conditions de travail insupportables et une cadence intenable, la non-reconnaissance de ces difficultés, les humiliations qui en découlent ainsi que l’inégalité face à laquelle elles se trouvent : en tant que les salariées de la sous-traitance, elles ne bénéficient pas du même statut social que les salariées embauchées directement par IBIS Batignolles. Elles réclament donc l’embauche directe par l’établissement où elles travaillent, la baisse de leurs cadences et l’augmentation de leurs salaires.

 

 

« On leur demande plus de chambres que ce qu’elles peuvent faire sans même payer les heures supplémentaires »,  « frotter frotter, ça donne mal aux pieds, mal au dos », « à quand la fin de la sous-traitance ? » ; « harcèlement, agressions, on subit parce qu’on n’a pas de droits ». Cette chanson est un bon condensé de ce qu’elles subissent et de leurs revendications.

 

Cette lutte fait écho à celle des travailleur.s.es de l’hôtel de luxe Park Hyatt Vendôme, qui étaient confrontées au même problème de sous-traitance oppressive, et dont nous avions d’ailleurs reçu une représentante, Nora Khalil, au Festival Lallab Birthday en 2018.

Comme Lallab, je transmets tout mon soutien et ma solidarité aux courageuses grévistes d’Ibis Batignolles <3

 

 

8. Un si beau message dans les DM de Lallab !

 

Suite à un partage de notre article à propos des raisons pour lesquelles il est mieux de ne pas appeler « Mahomet » le prophète de l’Islam, Lallab a reçu un message sur Instagram qui nous a clairement fait sourire ! 😊

 

 

« Merci infiniment pour cet article que j’avais lu sur votre site ! Mon fils de 10 ans a parlé avec sa maîtresse en expliquant qu’il fallait dire « Muhammad » pour être respectueux envers les croyants – ce qu’elle n’a pas compris mais il a tenu bon malgré la pression d’autorité ! Par la suite j’ai envoyé le lien vers cet article à cette enseignante et elle m’en a remercié. Vous faites un travail formidable, force à vous 🙏»

 

Cet adorable message, en plus de nous faire craquer face au souci du respect et à la perspicacité de cet enfant, fait honneur à l’importance de notre travail et surtout à un public qui sait y donner du sens et transformer cela en ressource pour un monde plus fraternel et respectueux. Une bonne dose de positivité que nous avons voulu partager avec vous !

 

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Diffuse la bonne parole

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Top 7 des pépites, absurdités et dérapages islamophobes du mois d’octobre: Partie II

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Il y a un mois, la France a vécu des évènements tragiques qui nous ont tou.te.s touché.e.s. Les traitements médiatiques de ces attaques terroristes, au vu des éléments d’enquête et des revendications qui rapprochent nécessairement ces méfaits de la religion musulmane, laissent parfois place à d’importants glissements et dérapages dans les débats télévisés notamment, qui nous rappellent ô combien les musulman.e.s sont loin d’être épargnés par la stigmatisation, et surtout dans quelle mesure cela va en s’empirant. 

La première partie du Top 7, c’est ici.

 

 

 

4. « Je regrette de ne pas avoir vu les musulmans de France à la marche en hommage à Samuel Paty » Julien Paquet, le 19/10 sur Cnews 

 

 

Pour contraster avec ce propos désolant et désolé de Chalghoumi, parlons de la remarque de Julien Paquet, et, nécessairement, de la pertinence de la réponse de l’islamologue Ghaleb Bencheikh. 

Le journaliste, clamant avoir participé à cette marche, déplore l’absence des musulman.e.s. Il a manqué de dire « on ne va pas se mentir…» ils sont par essence visibles… bah oui, parlons franchement… « Vous cherchez à me mettre en difficulté » a-t-il dit. Mais pas du tout cher monsieur. Vous le faites très bien tout seul. 

Toujours dans cette démarche d’appel aux musulman.e.s à se démarquer, à les observer tout particulièrement dans ce moment de deuil collectif, le journaliste déclare que les « musulmans de France » n’étaient pas dans la rue, et pour cause ; nous avons une source très fiable qui est, tenez-vous bien : son observation à échelle personnelle et subjective de la foule pendant qu’il a pu y assister. Un journaliste d’investigation qui ne manque visiblement jamais à son métier. 

Des musulman.e.s qui doivent se faire tout petits toute l’année, dont la présence dans l’espace public est souvent mise en cause, dont la parole est souvent tue dans le débat public, dont les moindres faits et gestes sont scrutés toute l’année et peuvent même mener à des dénonciations, et que l’on a depuis peu accusé.e.s de séparatisme, doivent maintenant être visibles… en tant que musulman.e.s. Qu’est donc un.e musulman.e visuel.l.e? Un.e musulman.e au premier abord ? Si la confession pouvait se deviner à l’apparence, la laïcité n’aurait absolument aucun intérêt à exister en France. Ce cher journaliste nous apprend non seulement que les musulman.e.s sont identifiables extérieurement, mais en plus qu’ils n’étaient pas présents à cet hommage national selon lui, moment de recueillement et d’hommage, laissant ainsi transparaître cette injonction à la désolidarisation, créant ainsi presque une ambiance de traque. 

 En relevant le paradoxe de cette double injonction à se fondre dans la masse mais en même temps à être présent en tant que musulman, Ghaleb Bencheikh a réussi à mettre en avant la preuve que la marginalisation des musulman.e.s est systématique dans les médias et se fait en tout plan. Les musulman.e.s doivent être visibles oui ou non ? Sinon ils ne doivent l’être que suite à un attentat de type islamiste ? Encore une fois pour clamer leur innocence, leur désolidarisation, ou simplement pour se joindre au recueillement de tous les autres françai.se.s ? Ce qu’ils sont !  

Les musulmans sont ainsi différenciés des autres françai.se.s encore une fois. A se demander franchement d’où vient en réalité le séparatisme. Ce que j’aimerais particulièrement souligner ici, c’est que, non seulement « ils » étaient là, mais ils ont en plus même pu avoir le privilège de se faire insulter. 

Mais finalement je pense comprendre d’où vient cette confusion, la raison pour laquelle ils/elles doivent être si visibles dans l’espace public… Apparemment, les musulman.e.s seraient de plus en plus nombreux… 

 

 

5. Les musulman.e.s sont des françai.se.s… qui « font plus d’enfants que les autres » et « pratiquent une religion qui parfois a des dérapages insupportables » Jean-Claude Dassier sur Cnews le 05/10 

 

 

C’est vrai qu’en termes de dérapages, Jean-Claude doit savoir de quoi il parle. 

Les musulman.e.s, la communauté musulmane. Encore ce bloc homogène. Présenté comme un groupe dont la fertilité supposée pose problème en plus. « Ils », «La communauté musulmane » versus « On » ; « Nous » « La nôtre». De belles oppositions bien claires qui en disent long sur le côté duquel se trouve réellement ledit séparatisme. 

Ce monsieur partage une information intéressante. Les musulman.e.s feraient plus d’enfants que les autres. « La communauté musulmane » est clairement désignée, face à un « nous » assez évasif. On apprend que la fertilité des musulman.e.s correspondrait à « 3 enfants et demis quand on en fait à peine deux. » Ce chiffre a-t-il une source ? 

En effet, bien que légèrement erroné sur le chemin, il semble tiré d’une enquête Pew Research Center qui a été relayée en France par des journaux orientés et classés comme étant de droite, s’intéressant au nombre de musulmans en Europe dans les années à venir, utilisant notamment des « indices de fécondité ». Gardons en tête qu’il est question d’une enquête sociologique qui comme toute autre, a ses intérêts et ses limites, et porte nécessairement certains biais, comme le montre la sociologue Agnès de Feo (Slate). Cela de côté, il s’agit moins de savoir à quel point ce chiffre pourrait se rapprocher de la réalité que de constater qu’il est utilisé une nouvelle fois pour diaboliser les musulman.e.s. Jean-Claude Dassier présente cela comme un réel problème, et à Laurence Ferrari qui rappelle que ces musulman.e.s sont françai.se.s au même titre que les autres, il répond qu’il s’agit de françai.se.s certes mais qui « pratiquent une religion qui parfois a des dérapages insupportables ». Incessamment ramené.e.s à leur religion, les françai.se.s musulman.e.s seraient donc une menace potentielle, leur religion étant intrinsèquement problématique ; prêt.e.s à devenir dangereu.x.ses à tout moment, en plus d’être des françai.se.s essentiellement différents des autres. Alors disons-le, une religion de 14 siècles n’a pas de « dérapages »… on fait des dérapages en moto, on en fait sur le plateau de Cnews, mais là le terme n’est absolument pas approprié. Ne minimisons pas le fait religieux et son immensité à des considérations irréfléchies :  une religion est traversée par toutes sortes de dynamiques, de subdivisions, d’influences ; elle s’observe à la lumière de sciences humaines telles que l’histoire, la théologie, la philosophie, même la littérature et l’art… mais certainement pas à la lumière de Jean-Claude Dassier.

 

 

6. « On peut parler d’attentat terroriste déjà, ou pas ?» Jean-Pierre Pernaut. Réponse de  Georges Brenier : « Aucun témoin ne parle pour le moment d’un éventuel AllahuAkbar »,  Journal de 13 h sur TF1 du 25/09 

 

 

Ah, le fameux « cri Allahu Akbar ». Bientôt, les journalistes le prononceront tellement bien que j’ai parfois peur de me surprendre à croire que c’est l’heure du Asr.

Petit retour en septembre. Ici il ne s’agira pas nécessairement d’un énorme dérapage ahurissant comme nous avons pu en citer depuis tout à l’heure, la dimension islamophobe n’est pas la même, elle n’est pas revendiquée et ne semble même pas consciente. De fait, le lien avec les musulman.e.s est sensible et on peut même penser qu’il n’est pas du tout flagrant.

Mais c’est un mécanisme médiatique sur lequel il est important que l’on se penche. Levons d’abord toute concession : oui, le terrorisme à idéologie islamiste est celui qui a frappé la France récemment. C’était clairement le cas de l’attentat contre Samuel Paty. Cela n’empêche en rien le fait qu’à travers cette vidéo nous assistons : 

– à la démonstration d’une énième contribution à ce triste glissement sémantique : « Allahu Akbar » change de sens;

– à une dangereuse réduction de la définition que l’on donne au terrorisme

 

En effet, à observer la réponse du journaliste, non seulement l’idéologie terroriste islamiste serait la seule forme de terrorisme possible, et surtout, c’est le cri « Allahou Akbar » qui détermine si l’attaque est de type terroriste ou non. Le glissement sémantique de ce mot si important semble ainsi s’appuyer sur ces qualifications médiatiques depuis maintenant plusieurs années.  Le problème ici est le suivant : ce mécanisme tend à occulter le fait que le terrorisme, dans sa définition générale, peut bien évidemment être autre qu’islamiste.

Cela nous rappelle par ailleurs que des actes de même nature, lorsqu’ils sont perpétrés par des personnes ne présentant aucun lien avec l’islam (ni l’immigration, car c’est également inclus dans ce raccourci), des personnes blanches par exemple, la qualification « terroriste » est rarissime voire impossible. Ce qui mène par exemple à des qualifications telles que :

« bon voisin mais adepte du nazisme »(Le Dauphiné)

« Rallié aux idées fascisantes, [il] était d’abord perturbé par des problèmes psychiatriques. » « Itinéraire d’un garçon paumé » (L’humanité) [A propos de Fabien Badaroux, auteur d’une agression à Avignon le 29 octobre 2020]

 

Le facteur psychologique n’entre quasiment jamais en compte dans le cas de terroristes non-blanc.he.s et/ou se réclamant de l’islam, et dans la foulée, ces méfaits, relevant pourtant du terrorisme, ne sont pas qualifiés comme tel. 

 

 

(Edit : je profite de ce meme assez connu pour faire une petite remarque : je me suis rendue compte qu’il apparaissait, presque à l’identique, dans un article de Lallab datant de 2017, qui relève les mêmes types de propos et problématiques que nous relevons actuellement mais il y a 3 ans…)

Au-delà du fait que, par ce rapprochement, la définition du terrorisme ne soit restreinte qu’à son option religieuse, rappelons-nous du sens premier des paroles « Allahu akbar ». Des paroles qui sont pour les musulman.e.s des paroles spirituelles et fédératrices, annonçant la grandeur et la transcendance de Dieu, et notamment l’entrée dans la prière, qui deviennent ainsi, pour tout le monde, le signal qui annoncera dans le même coup lorsqu’un attentat terroriste a lieu :

– si les musulman.e.s vont pâtir des retombées médiatiques

– et si l’attentat sera désigné comme terroriste ou non… 

C’est ici que ce genre d’indications, inutiles quand l’enquête n’a même pas commencé, crée une problématique duelle, provoquée par ce lien machinal entre « Allahu Akbar » et terrorisme, qui renvoie les musulman.e.s à une stigmatisation pesante et angoissante. 

 

 

7. « Ça m’a toujours choqué de rentrer dans un hypermarché et de voir qu’il y a un rayon de telle cuisine communautaire, c’est comme ça que ça commence le communautarisme » Gérald Darmanin, dans Face à BFM, le 20/10/2020

 

 

Dans toute cette effervescence médiatique, un propos a particulièrement retenu l’attention.  

Son but à travers cette intervention était de livrer une opinion qui touche aux causes d’el famoso communautarisme. Il appelle les grandes entreprises à questionner leur responsabilité dans le renforcement de ce phénomène, sans nécessairement inculper les individus, selon ses dires. Tous les chemins mènent au séparatisme, et ma foi cet article a montré qu’on a même le TGV. 

Mais au risque de vous surprendre, je crois particulièrement Gérald Darmanin et c’est vrai, je le comprends, on peut se sentir dépaysé. J’aimerais pour une fois le soutenir au lieu de lui jeter la pierre ; en tant que ministre il a totalement le droit de nous faire part de ses sensibilités d’esprit dans toute leur subjectivité, après tout voilà, « toutes mes opinions ne font pas partie des lois de la République » précise-t-il, nous sommes donc un peu ses psychologues. Pourquoi devrait-on TOUJOURS attendre des discours clairs, structurés, et visant un minimum d’objectivité de la part de nos ministres quoi…  

Le pauvre… ça doit vraiment être une expérience bouleversante. Débarquer dans un rayon et se voir submergé par tous ces produits, destinés à une communauté bien précise, qui relèvent de principes qui n’ont rien à voir avec les traditions de la république, une cuisine codée, nouvelle, exotique et parfois incompréhensible… non vraiment

 …c’est toujours quelque chose, la première fois dans un rayon Vegan. 

Pour conclure, que vous ayez réussi à vous éloigner de vos écrans ou que ces phrases aient eu l’occasion de résonner dans vos salons ou vos écouteurs, nous espérons que ce petit retour, entre humour et décryptage, vous aura permis de dédramatiser ces propos parfois frustrants, parfois choquants, mais qui ne doivent en rien nous faire douter sur la place de l’identité musulmane en France, car toutes ces allégations comme nous avons pu le voir, ne relèvent bien souvent que du discours et de l’idéologie, du ressenti subjectif sans ne rien avoir de factuel ; elles ne doivent pas être normalisées, et peuvent et doivent toujours être réfutées. 

 

P.S : bisou à nos ami.e.s vegan.e.s, c’était juste pour la chute 🙂 

 

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Diffuse la bonne parole

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Top 7 des pépites, absurdités et dérapages islamophobes du mois d’octobre: Partie I

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Il y a un mois, la France a vécu des évènements tragiques qui nous ont tou.te.s touché.e.s. Les traitements médiatiques de ces attaques terroristes, au vu des éléments d’enquête et des revendications qui rapprochent nécessairement ces méfaits de la religion musulmane, laissent parfois place à d’importants glissements et dérapages dans les débats télévisés notamment, qui nous rappellent ô combien les musulman.e.s sont loin d’être épargnés par la stigmatisation, et surtout dans quelle mesure cela va en s’empirant. 

 

Un discours politico-médiatique quotidien qui culpabilise, crée des ponts directs entre les musulman.e.s et le terrorisme islamiste, s’engage dans une guerre contre l’extrémisme qui finit par ne plus voir ses limites, menant à des répercussions directes sur les musulman.e.s, des discours légitimant l’islamophobie… Nombre d’entre nous essayent d’épargner tout cela à notre santé mentale en s’éloignant des écrans, en particulier les écrans télévisés. Editions spéciales, éditoriaux, débats, confrontations, lunettes rouges de Pascal Praud… On vous emmène en voyage à travers les allégations les plus surprenantes que nous avons pu entendre le mois dernier, car mieux vaut parfois en rire. 

La récurrence de ces propos et schémas de pensée qui reviennent depuis des années maintenant  nous a cette fois mené à basculer notre approche vers un format dossier : il s’agira cette fois d’en analyser les mécanismes.  Je préfère le préciser, il ne s’agit pas ici de vous proposer LE florilège ultime, ce serait un énorme travail dont je n’ai pas la prétention! J’ai seulement tenté  de sélectionner au moins les plus drôles, les plus marquants, sympathiques, et surtout ceux qui nécessitent le plus urgemment d’être déconstruits, tant ils gagnent en terrain dans l’opinion collective.

Préparez les popcorns !

 

 

 

 

1. Désolidarisons-nous du terrorisme en retirant nos voiles au moins pour rassurer Elisabeth Lévy, ou le degré zéro de l’islamophobie.  Sur Cnews

 

En première position, on a du lourd. On se croirait dans une série cliché sympa avec ce petit leitmotiv de la femme musulmane que l’on dévoile, mais en bien pire. Parce qu’ici, non seulement on la dévoile pour un présumé lien avec le terrorisme, mais en plus c’est la vraie vie. 

  La fameuse heure des pros de Cnews. Nous découvrons que les musulman.e.s, plus particulièrement les femmes musulmanes, pourraient avoir une façon bien particulière de rendre hommage à Samuel Paty. Elisabteh Lévy s’étonne en effet de ne pas avoir vu de musulmanes se dévoiler, pour le temps d’« une semaine ou quelques jours», se mettant même à la place de ces femmes, qui devraient penser selon elles : « Mon voile est aussi l’uniforme des ennemis de la France ». 

Ce qu’il faut noter dans l’idée de cette fervente défenseuse du « droit à l’islamophobie », c’est que d’une part, le voile islamique, sans la moindre nuance, se trouve essentialisé à « l’uniforme » de ces dits ennemis de la république. Ce caractère totalisant est un premier problème : en plus de nier la pluralité des femmes qui portent le voile et la façon de le porter, on nie leur faculté de conscience. En effet, on assigne au voile une valeur idéologique innée, (qui plus est, est très violente, on parle quand même d’ennemis de la république) et ce sans que celles dont il couvre les cheveux aient leur mot à dire. Le voile est ainsi détaché du lien personnel avec l’individu qui le porte. Le voile est désigné comme un objet, celui même d’une scission directe, essentielle et irrémédiable avec la république. Mon voile que je crois être mien ne serait donc pas mien du tout, je serais en fait déguisée en ennemi de la république, et je ferais savoir mon approbation des actions de ces derniers par le port de ce vêtement. Halloween à une semaine d’avance. 

 L’acerbe violence de ce propos tient donc au fait que le port de ce voile islamique soit assimilé à une solidarité latente et constante envers ces ennemis et ce avant de faire partie de l’identité de la femme, d’un choix vestimentaire (que rappelons-le, la République elle-même ne reconnaît pas en tant que religieux mais en tant que simple habit comme tout autre comme le stipule le fameux article 2 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat). Selon Elisabeth Lévy ainsi, la femme musulmane qui porte le voile, le porte peut-être parce qu’elle en a envie, mais elle n’est pas censée ignorer ce qu’elle représente : une ennemie de la république. On associe des femmes musulmanes, qui n’ont absolument rien demandé, tout autant meurtries et endeuillées que le reste de la communauté nationale (encore et toujours devoir le préciser…) à l’expression du pire de la sauvagerie humaine. Un cas d’école. La définition la plus simple de l’amalgame. De l’islamophobie banalisée. Les musulman.e.s ne se victimisent pas mais ne font que constater.

 

 

Alors, non, permettez aux femmes qui portent le voile d’en décider : leur voile leur appartient et n’est l’uniforme de rien d’autre que de ce dont ELLES décident !I still wrap my hijab ! 

Tous ces raccourcis, entre de simples pratiques religieuses personnelles, qui pourtant s’inscrivent dans le cadre de la loi, et les idéologies les plus radicales, dénote d’une certaine paresse intellectuelle dans la façon dont les médias appréhendent les musulman.e.s. Ils sont d’une rapidité qui mène directement à la stigmatisation, et rompent par conséquent tout dialogue. Phénomène assez paradoxal quand de fait, les musulman.e.s sont en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. 

 

 

2. « Il ne faut pas avoir peur d’être islamophobe ou d’être traité d’islamophobe ». Retour sur le terme « islamophobie ». Idée proposée à plusieurs reprises, qui a émergé depuis longtemps sous la forme du débat. Dernièrement par Marine Le Pen mais aussi par d’autres.

 

Et bah oui… Pourquoi en rougir finalement ? Il ne s’agira même pas ici de s’attarder sur le fait qu’il n’y ait pas à s’inquiéter : l’islamophobie est largement décomplexée dans le discours médiatique et politique depuis plusieurs années. En dehors des propos de la vidéo de Marine Le Pen, il s’agit surtout de s’intéresser à l’utilisation du terme islamophobie, et de voir en quoi ces déclarations montrent que sa définition est faussée.

Il semble que la construction du terme soit effectivement le meilleur prétexte à libérer les passions. La sémantique entre pour une fois en jeu et le mot est pris en son sens littéral, permettant les meilleures dérives vers un réel déni parfaitement assumé de la dimension islamophobe de l’acte. La définition de l’islamophobie est complètement évacuée et tronquée ; l’islamophobie ne serait ainsi rien d’autre que la peur, le rejet, la critique de la religion musulmane, et pourquoi pas des musulmans. Construit sur la racine du grec ancien « phóbos » (peur) et du terme « islam », on semble vouloir le situer sur un pied d’égalité avec des peurs de même type que l’arachnophobie.

On a pourtant très rarement pu voir quelqu’un justifier publiquement et impunément l’homophobie, ou la négrophobie par exemple, en tant que « phobies » légitimes. Des mots construits sur la même sémantique (construction que l’on peut effectivement contester en outre) mais sur lesquels il y a un consensus collectif au sein de notre société pour les définir comme relevant de la haine, du rejet et du mépris des minorités qu’ils désignent. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’islamophobie est reléguée au statut d’opinion, ce qui crée alors une confusion importante, car les actes de violence et de discrimination envers les musulman.e.s sont ainsi invisibilisés, et dissimulés derrière une fausse définition de ce qu’est réellement l’islamophobie. 

L’islamophobie désigne donc « l’ensemble des actes de discrimination ou de violence contre des individus ou des institutions en raison de leur appartenance réelle ou supposée à l’Islam.»(CCIF). Non, l’islamophobie ne qualifie pas un avis ou une critique intellectuelle, ni une simple peur. Intéressons-nous au droit français.  Voici un extrait de l’article 225-1 du code pénal ; « Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison […] de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. » Ou revenons-en peut-être seulement à la devise de la France : « Liberté, égalité, fraternité » Alors, s’il est nécessaire de le dire sans détour : non, il n’est en France ni normal ni légal de se revendiquer, islamophobe, ni de légitimer cela. Un retour sur la définition que l’on donne aux mots semble particulièrement nécessaire, et cet usage du terme islamophobie traduit donc un réel déni de ce problème dans notre société. 

 

 

Encore faut-il identifier tous les discours qui permettent de l’entretenir

 

 

3. « On vous demande pardon, car il a été décapité au nom de notre religion ». Hassan Chalghoumi le 19/10 

 

(Re)lire : “Communiqué Lallab : sortons de cet engrenage de violences”

L’imam Hassan Chalghoumi en hommage à Samuel Paty.

Dur dur quand l’islamophobie est même alimentée par … des musulmans. Mais en même temps, nous ne sommes pas à la première phrase du genre de notre représentant préféré et unanimement désigné. Que voulez-vous, évidemment, on ne peut rien reprocher à ce porte-parole exhaustif de tous les musulmans. Nous sommes maintenant habitués, après ces longues années, à toutes ces sorties fédératrices et pleines de perspicacité. Non vraiment on vous assure, nous n’avons pas du tout l’impression qu’il est si souvent mis en valeur pour sa capacité à valider en tant qu’imam ces discours médiatiques qui culpabilisent les musulmans, à montrer une docilité et même une approbation parfaite face à des discours islamophobes. 

Il est très important, pour tout le monde, d’exprimer sa condamnation ferme des agissements que nous avons connu, ainsi que son soutien aux victimes. Mais condamner et s’excuser sont deux actions fondamentalement différentes. Je dirais même que s’excuser au nom des musulman.e.s est peut-être la pire chose à faire. Déjà, cela établit un lien explicite et direct entre « les musulman.e.s » et des attentats de type terroristes… dont ils ont souvent été elleux-même victimes ! On oublie complètement que les musulman.e.s peuvent être directement touché.e.s au même titre que les autres, parce que surprise : ils/elles sont pour la plupart français.e.s ! Je suis bien triste d’avoir à le rappeler. Et cette façon d’essentialiser les musulman.e.s, de se désigner porte-parole, d’une parole qui ici nous stigmatise et nous dessert plus qu’autre chose… quel dommage. Disons-le. Ce raccourci est douloureux car il place les musulman.e.s dans un rôle de complicité. Cessons d’opposer français.e.s à musulman.e.s. Cessons de lier sans complexe les terroristes aux musulman.e.s. Nous sommes autant touché.e.s que les autres, nous n’avons pas à présenter d’excuses. 

Pour lire la deuxième partie de l’article, c’est par ici.

 

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(Dé)construction Nos Voix

Pourquoi j’ai refusé de me rendre sur un grand nombre de plateaux télé ?

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Cette semaine, de nombreuses militantes musulmanes françaises voilées ont été contactées par une horde de journalistes de tous bords.
Pour ma part, j’ai répondu par la négative à presque l’ensemble des demandes qui m’ont été adressées.
Depuis quelques jours, je reçois grand nombre de messages de personnes m’expliquant qu’il est de mon devoir de m’exprimer, de représenter les femmes musulmanes qui, quotidiennement, se font agresser, violenter et insulter.
J’aimerais donc prendre quelques minutes pour revenir sur deux, trois réalités.

 

Où sont les médias lorsque nous, femmes musulmanes, souhaitons proposer des sujets qui permettraient de faire évoluer réellement la compréhension de nos vécus et réalités et par la même de favoriser un contexte plus apaisé ?

 
Pour rappel, j’ai été présidente de l’association Lallab durant presque 3 ans et le constat est simple : lorsque nous organisions des événements afin de faire entendre les voix plurielles des femmes musulmanes, peu, voire pas, de médias se mobilisaient pour venir couvrir ces événements
Soyez conscient.e que nous n’avons aucune volonté de jouer la carte de l’agenda politique et médiatique !
Alors, très cher.e.s journalistes, si vous souhaitez réellement donner la parole aux femmes musulmanes, un conseil : invitez-les hors cadre des polémiques afin de favoriser un échange non sensationnel et non passionnel
 

Les sujets proposés : serez-vous en capacité un jour de nous proposer des sujets non biaisés et non orientés ? Peut-être auriez-vous plus de succès !

 
Allez, juste pour rire, je vous partage quelques sujets sur lesquels j’ai été invitée à m’exprimer ces derniers jours :
 
« Pourquoi les femmes portent-elles le voile ? » Journal La Croix
 
Sérieusement ? La Croix, je pense que le sujet aurait plutôt dû être : Pourquoi dans un pays où le cadre juridique et légal assure une liberté de culte, certain.e.s persistent à ne pas le respecter ? Comprenez ainsi que ce n’est pas aux femmes musulmanes de se justifier !
 
« L’affaire du voile » France Culture
 
Faire du choix de porter le voile une «affaire», c’est déjà nier que les femmes qui le portent sont dans leur plein droit. En centrant votre titre sur l’islamophobie ambiante et grandissante, vous auriez sans doute eu plus de succès !
 
Même pas la peine de préciser de sujets : le manque de respect jusqu’au bout ! « Nous aimerions recevoir Mme Trabelsi sur notre plateau demain à 10h » C-News
 
Je vous retranscris ici ma réponse à leur email :
Bonjour,
J’aimerais commencer en vous répondant : MAIS QUEL CULOT !!!
Très sincèrement, si vos choix éditoriaux avaient été autres, j’aurais apprécié me joindre à vous pour répondre à vos questions. Cependant, au vu de vos positionnements récents et de vos choix de programmation, je me vois dans l’obligation de refuser, d’une part par principe et d’autre part car donner de mon temps à ceux et celles qui favorisent l’islamophobie au sein de notre pays n’est nullement dans mes priorités du moment.
Soyez bien conscient.e.s que vous contribuez à alimenter une psychose générale qui favorisent la haine et la violence quotidiennement !
Le seul conseil que je pourrais vous apporter est le suivant : les fois prochaines, avant de souhaiter inviter des femmes voilées sur vos plateaux, merci de faire en sorte que le cadre de votre chaîne et les personnes qui la représentent soient bienveillantes, sinon soyez sûr.e.s de rester dans votre entre-soi islamophobe !
 
« Est-ce que toutes ces polémiques ne cachent pas un racisme de la société ? » Sud Radio
 
Un bravo tout spécial à Sud Radio qui semble enfin toucher quelque chose du doigt… Avez-vous sérieusement besoin d’une femme voilée pour répondre à cette question ? Sincèrement, à ce niveau, le racisme n’est plus réellement caché !
 
Je pourrai continuer pendant un petit moment mais je m’arrêterai là sur les invitations et les sujets proposés ! J’invite les femmes musulmanes contactées à compléter cette liste non-exhaustive.
 

Nous n’avons pas tou.te.s les mêmes privilèges face aux médias

Et oui, ce n’est plus un secret ! Vous l’aurez compris, lorsque l’on est une femme musulmane et qui plus est voilée, s’exprimer publiquement c’est :
– Prendre le risque de s’exposer à du cyberharcèlement
– Voir ses propos totalement déformés, instrumentalisés (et du coup s’attendre à avoir une vingtaaine d’articles accolant son nom et prénom à des mots super agréables tels que : terroriste, islamiste, islam politique, radicalisation, voilement des petites filles et j’en passe…)
– Se mettre en danger socialement (perte d’emploi, convocations et j’en passe) et physiquement (oui oui, les personnes t’interpellent OKLM dans la rue pour t’insulter ou débattre avec toi d’un sujet
– Perdre de son temps et de son énergie. Tu reçois un mail ou sms pour t’indiquer que tu es invitée à venir t’exprimer le lendemain ou le jour même sur un plateau (à des heures improbables, genre 7h du mat’ ou 22h) mais que tu ne dois pas t’attendre à être payée malgré l’audimat que tu vas générer.
 
Pareil, je m’arrêterai là. Mais il y aurait beaucoup beaucoup beaucoup d’autres points à relayer !
 

Le cadre du débat : Pensez-vous sincèrement que c’est à travers des échanges manichéens et sur format de dualité que les mentalités pourront évoluer ?

 
Le format est bien souvent le même ! 20 minutes d’antenne avec en moyenne 7 minutes par intervenant.e.
Des face à face avec deux visions du monde et de la société littéralement opposées où l’objet n’est nullement de proposer un débat raisonné mais davantage des débats passionnés où l’émotionnel finira toujours par l’emporter.
Clairement, il n’y a rien à y gagner ! Cela ne fera nullement avancer notre société déjà bien trop enragée. Le seul risque est d’y voir sa santé mentale dégradée car le format n’est absolument pas adapté et n’est pas pensé dans l’optique de créer plus de respect envers les musulman.e.s vivant dans cette société.
 
Vous l’aurez compris, si j’ai fait le choix de décliner l’invitation pour un grand nombre d’interventions plateaux, c’est avant tout car j’estime que la temporalité imposée n’est en rien celle qui nous sera profitable. Je refuse tout bonnement de jouer le jeu des médias et politiques, c’est aussi car j’estime que le cœur du problème est bien ailleurs.
Je ne viendrai pas alimenter et commenter des propos qui devraient tout bonnement être juridiquement condamnés pour éviter que la libération de la parole raciste et islamophobe continue à se propager, non pas par moi donc, mais par une super chose qui s’appelle la justice. Coucou Éric Zemour , coucou Jean-Michel Blanquer coucou Yves Threard.
 
Bref, cette semaine je n’étais pas sur les plateaux car donner de mon temps à ceux et celles qui favorisent l’islamophobie au quotidien au sein de notre pays n’est nullement dans mes priorités du moment. Journalistes, politiques, cessez de jouer aux pompiers en voulant éteindre le feu quand le reste de l’année vous relayez des informations qui contribuent à l’alimenter.
 
J’ai bien mieux à faire : j’utilise mon temps pour produire et créer des ressources et contenus qui je l’espère contribueront à plus d’équité, de justice et d’égalité !
 
PS destiné à l’ensemble des médias : la fois prochaine lorsque l’on vous sollicitera pour vous présenter des projets, n’oubliez pas d’accepter d’être nos relais.
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Portraits

Ahed Tamimi, une victime méritant un soutien international



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La jeune activiste palestinienne Ahed Tamimi est maintenue en détention depuis décembre dernier par l’occupation israélienne, suite à une vidéo partagée sur les réseaux sociaux dans laquelle la jeune fille est filmée en train de chasser et gifler deux soldats.
Ahed signifie en arabe « promesse »… la promesse de lutte et de résistance contre l’occupant de sa terre. Elle est connue pour son courage face à l’occupation israélienne. Cette jeune militante âgée de 17 ans risquait jusqu’à 10 ans de prison ; elle a finalement été condamnée, le 21 mars dernier, à 8 mois de prison ferme.

 

Elle est accusée par les autorités israéliennes d’avoir agressé et provoqué des soldats israéliens, suite à la publication d’une vidéo dans laquelle elle apparaît avec sa cousine Nour Tamimi, 21 ans, en train de bousculer et gifler des soldats.

Quelques jours après la publication de la vidéo, Ahed Tamimi, sa mère Nariman Tamimi et sa cousine sont arrêtées par l’armée israélienne. 12 chefs d’inculpation sont retenus contre Ahed, concernant principalement le dernier évènement, datant du 15 décembre, pour « agression et gifle ». Les autres accusations sont liées à des évènements s’étant déroulé durant les deux dernières années, pendant lesquelles Ahed a eu des confrontations avec des soldats israéliens.

Depuis l’arrestation de cette jeune femme militante, nous avons pu constater l’absence cruciale de soutien de la part de la majorité des groupes qui défendent habituellement les droits humains ou les droits des femmes. Bien peu de groupes féministes ont déclaré publiquement leur soutien pour cette militante qui reste avant tout une mineure, ni même critiqué le traitement des autorités israéliennes.

Al Jazeera s’est d’ailleurs demandé pourquoi l’arrestation d’Ahed ne suscitait pas autant de mobilisation que les attaques subies par Malala Yousafzai. En effet, aucune campagne de soutien #StandUpForAhed ou #JeSuisAhed n’a été lancée, et la majorité des représentants d’Etats, des journalistes et des organisations ayant soutenu Malala sont restés silencieux. Est-ce parce qu’Ahed n’a pas été blessée physiquement comme Malala l’a été à la tête par les balles de Tehrik-e-Taliban ? Pourtant, Ahed est comme Malala : elle lutte depuis son plus jeune âge contre la violence et l’injustice. La violence est présente dans son quotidien face à l’occupation israélienne : comme le rappelle Amnesty International, le jour même où la vidéo a été tournée, son cousin Mohammad Tamimi, 15 ans, a été grièvement blessé à la tête par une balle en caoutchouc tirée à bout portant par un soldat israélien.

 

Ahed Tamimi, à 11 ans, face à des soldats israéliens. Crédit : Abbas Momani / AFP

 

Deux réactions pour une même lutte : pourquoi ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer ces deux réactions complètement différentes. D’abord, les actes de violence ou les agressions perpétués par les États sont généralement vus comme légitimes et appropriés.

Les autorités israéliennes ont justifié l’arrestation d’Ahed par la menace qu’elle représenterait pour les soldats et l’Etat israéliens. Cette justification ouvre la porte à tous types d’abus : selon Amnesty International, « des centaines de mineurs palestiniens sont poursuivis chaque année devant les tribunaux militaires israéliens pour mineurs. Ceux qui sont arrêtés sont systématiquement privés de leurs droits et soumis à des mauvais traitements, voire à des violences physiques ». En invoquant un danger incarné par les militant·e·s palestinien·ne·s, l’Etat israélien réagit ainsi avec « des sanctions disproportionnées » à des « actes de désobéissance civile relativement mineurs », selon Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique à Amnesty International. Le ministre israélien de l’éducation, Naftali Bennett, estime par exemple qu’Ahed et sa cousine « devraient finir leurs vies en prison » – pour une vidéo les montrant en train de frapper à mains nues des représentants suréquipés d’une armée d’occupation, rappelons-le.

 

Ce que vit actuellement Ahed montre bien l’indignation sélective d’une grande partie de l’opinion publique des pays occidentaux, où seuls certains types de personnes et de causes sont vus comme méritant d’être défendus et soutenus.

D’autre part, on peut se demander pourquoi Ahed, une jeune femme émancipée qui lutte contre la colonisation et l’oppression pour défendre sa terre, ne devient pas une icône féministe dans nos pays occidentaux.

Ahed est une activiste, dont le féminisme est politique. Elle s’appuie sur sa force en tant que femme pour montrer la violence, l’abus et l’oppression des forces de l’occupation. Cela fait d’elle une femme présentée comme « dangereuse » et par conséquent, elle n’est pas qualifiée comme la victime « idéale » pour une campagne de soutien  international.

Par ailleurs, Ahed ose se soulever contre un État que peu de gens osent dénoncer. Critiquer les actions du gouvernement israélien, qui viole un nombre toujours grandissant de résolutions internationales, est souvent vu comme un signe d’antisémitisme, y compris de la part de militant·e·s se disant féministes, faisant ainsi un amalgame dangereux entre antisémitisme et anti-sionisme. On a encore pu le constater récemment lorsque la chanteuse Mennel Ibtissem, participante de l’émission The Voice, a été accusée d’antisémitisme en raison de son soutien au peuple palestinien.

 

Un traitement médiatique à revoir…

 

Les médias traditionnels ont aussi été peu nombreux à soutenir Ahed. Malgré la répression dont souffrent les Palestinien·ne·s, peu d’actions ont été prises pour dénoncer les actions du gouvernement israélien et l’emprisonnement de la jeune militante. Peu de médias ont réellement présenté les faits tels qu’ils étaient. De nombreux articles « oublient » de mentionner qu’un soldat israélien a tiré sur Mohammed Tamimi quelques heures avant la gifle donnée par Ahed. Les principaux journaux français ont montré la vidéo de son arrestation, où les soldats sont calmes, mais pas celle de l’arrestation de sa mère, Nariman, où l’on voit la violence militaire.

Ils n’ont pas non plus parlé de la double législation en Israël. Si les Israélien·ne·s sont soumis·es à la loi civile, les Palestinien·ne·s, sous occupation, sont soumis·es à la loi militaire, beaucoup plus répressive. La majorité des articles n’ont donc pas précisé qu’Ahed n’aurait jamais été emprisonnée si elle avait été israélienne. En 2006, les médias mainstream n’avaient d’ailleurs pas critiqué le geste de l’Israélienne Yifat Alkobi, qui avait giflé le soldat qui tentait de protéger un enfant palestinien des pierres qu’elle lançait, et qui n’a pas été emprisonnée.

Plusieurs journalistes ont par ailleurs tenté de discréditer Ahed et de la présenter comme une enfant manipulée par sa famille, quasi « endoctrinée » depuis son plus jeune âge, plutôt que comme une militante qui revendique ses actions. Il semble que dénoncer l’emprisonnement d’une adolescente de 16 ans  – elle a passé son 17ème anniversaire en prison – qui subit une répression constante et tente de défendre sa famille ne préoccupe pas beaucoup de médias ou d’associations. L’Etat israélien peut donc poursuivre sa répression sans opposition. On peut d’ailleurs rappeler que la reconnaissance de l’État palestinien n’a été votée par le Parlement français qu’en 2014 et qu’elle n’a qu’une valeur symbolique.

 

 

Ahed Tamimi devant un tribunal militaire israélien. Crédit : AFP

 

En tant qu’association féministe et antiraciste, Lallab tient donc à apporter son soutien à la jeune Ahed Tamimi et attend sa libération. Nous regrettons que les répressions subies quotidiennement par les Palestinien·ne·s ne soient pas dénoncées par plus de médias et organisations, et nous rappelons que toutes les femmes se battant pour défendre leurs droits méritent notre attention et notre mobilisation.

 

Et comme l’a dit Ahed elle-même :

Nous ne voulons pas que vous nous souteniez à cause de quelques larmes photogéniques, mais parce que nous avons fait le choix de la lutte et que notre lutte est juste. C’est la seule façon de pouvoir arrêter de pleurer un jour.

 

Article co-écrit par Dorsaf et Mathilde L.

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(Dé)construction

Top 3 des visions fantasmées des femmes musulmanes dans les médias

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« Celui qui contrôle les médias contrôle les esprits », affirmait le chanteur Jim Morrison. Compte tenu du nombre d’absurdités qu’on peut y voir, notamment sur les musulman·e·s, nous vous proposons de déconstruire trois préjugés concernant l’identité et le vécu des femmes musulmanes, souvent relayés dans les médias.

 

Toutes les femmes arabes sont musulmanes

 

Dans l’imaginaire collectif, les femmes musulmanes sont arabes. Pourtant, de nombreuses adeptes de l’islam ne le sont pas et le fait d’être d’origine maghrébine ne signifie pas que l’on est forcément musulman·e. Cela semble évident pour beaucoup de personnes, mais force est de constater que nous sommes encore loin de la fin de cette confusion entre arabité et islamité, encore très présente dans les médias traditionnels. La façon dont on qualifie Jeannette Bougrab en est la preuve. Elle se définit elle-même comme athée, mais elle est qualifiée de « musulmane » dans le Figaro ou encore considérée comme ayant une « apparence musulmane » dans l’Express.

 

Mais… Qu’est-ce que l’apparence musulmane ? Ces préjugés sont tellement ancrés dans la société que certain·e·s musulman·e·s finissent elles·eux-mêmes par les intégrer, ce qui entraîne certaines difficultés pour celles et ceux qui ne sont pas arabes. C’est la raison pour laquelle plusieurs femmes musulmanes aux origines et aux tenues vestimentaires variées s’expriment à ce sujet dans le cadre du récent projet la Muslim Wave, afin de montrer leur diversité.

 

C’est aussi l’ambition du projet Black and Muslim in Britain, soit « Noir·e et musulman·e en Grande-Bretagne », dans lequel les préjugés et leurs conséquences sont dénoncés. Ce projet permet de mettre en avant les personnes noires et musulmanes, souvent invisibilisées  à la fois par des non-musulman·e·s et des musulman·e·s. Il est temps de montrer les adeptes de l’islam d’une façon plus représentative. Faut-il rappeler que les pays arabes ne représentent que 20 % de la population musulmane mondiale et que l’islam est la religion majoritaire dans des pays où la population n’est pas arabe, comme en Turquie, en Iran ou en Indonésie, pays comptant le plus de musulman·e·s sur la planète ? Tout cela sans occulter le fait qu’au Maghreb, de nombreux·ses musulman·e·s ne sont pas arabes mais berbères, bien que la culture arabe y soit très présente.

 

Il existe donc des femmes musulmanes de toute origine, y compris en France, à l’instar de Maboula Soumahoro, franco-ivoirienne, Elsa Ray, attachée à sa Bourgogne natale, Mélanie Georgiades, anciennement Diam’s, Française d’origine chypriote, ou encore Anggun, franco-indonésienne. Ecoutons-les, plutôt que de biaiser le débat en demandant à des non-musulmanes de s’exprimer, sous prétexte de leurs origines maghrébines, au nom de celles l’étant vraiment.

 

Le sexisme subi par les femmes musulmanes vient uniquement des hommes partageant leur foi ou leur culture, ou tout simplement de l’islam

 

Crédit photo : mvzlamic

 

Dans son ouvrage, Au nom des droits des femmes : la montée du fémonationalisme, Sara Farris dénonce le fait qu’en Europe, il existe un véritable bloc islamophobe, à la fois constitué par des personnes se réclamant de droite et de gauche. Celui-ci condamne notamment les hommes musulmans, considérés comme beaucoup plus sexistes que les non-musulmans, au nom de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les femmes musulmanes ne pourraient ainsi s’émanciper qu’à l’aide d’hommes non-musulmans, de la République ou des deux à la fois, comme nous le voyons souvent au cinéma, dans Le noir te va si bien ou encore dans Cherchez la femme. Nacira Guénif-Souilamas, dans son ouvrage Les féministes et le garçon arabe, ou encore François Vergès, dénoncent que le fait d’insister sur le sexisme des musulmans est une stratégie qui permet de se dédouaner du sexisme présent dans le reste de la société.

 

Il est vrai que les femmes musulmanes peuvent subir le sexisme de leurs coreligionnaires, mais au-delà de ces discriminations s’habillant parfois de religion ou de tradition, les femmes musulmanes subissent des discriminations de la part de personnes non-musulmanes, les empêchant d’étudier ou de travailler. Cela est légitimé par plusieurs discours, dévoyant complètement la laïcité et visant spécifiquement les femmes musulmanes. Leurs foulards devraient nous indiquer un danger important, selon Bernard de la Villardière dans Touche pas à mon poste.

 

On se souviendra également du reportage mensonger de France 2 sur le bar de Sevran, dans lequel les hommes du bar étaient accusés par les journalistes d’interdire aux femmes d’entrer, en raison d’un sexisme particulier lié à leur appartenance religieuse – affirmation dont l’absurdité a été démontrée par la contre-enquête du Bondy Blog. Ainsi, les banlieues sont souvent pointées du doigt comme des étendards de la menace musulmane en France, censées constituer les seuls endroits en France où l’égalité entre les hommes et les femmes ne serait pas respectée. De plus, le Collectif contre l’Islamophobie en France n’a cessé de nous rappeler que les femmes correspondaient à 80 % des victimes de l’islamophobie. Si nous souhaitons vraiment les aider, commençons déjà par cesser de les stigmatiser et de les agresser.

 

Comme l’avait très justement souligné Rokhaya Diallo, il existe un véritable « féminisme de circonstance ». Plusieurs individus se découvrent féministes uniquement pour « défendre » les femmes musulmanes, dans le but de les conformer à leur idéal ethnocentré et républicain, sans pour autant accorder autant d’énergie à s’interroger quant aux discriminations que subissent les femmes non musulmanes ou non voilées. Tout cela est complètement occulté.

 

Plus les femmes musulmanes sont couvertes, plus elles sont dangereuses

 

 

Affiche durant la colonisation de l’Algérie

 

De nombreuses femmes sont soumises à des injonctions contradictoires. Nous sommes nombreuses à faire attention au choix de nos vêtements, afin de s’assurer de ne pas lancer de mauvais signaux, susceptibles de nous placer dans des situations désagréables voire dangereuses, comme s’il s’agissait de notre responsabilité de ne pas être agressées.

 

Pour les femmes musulmanes, cela peut être encore plus présent. Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes considèrent que les femmes musulmanes ne doivent être respectées que sous certaines conditions. Pour être une femme musulmane respectée et respectable, il faut à tout prix s’éloigner des stéréotypes de la fameuse menace islamo-terroriste : ne pas porter de foulard, manifester son admiration et sa dévotion la plus profonde pour la France et la République, condamner fermement tous les attentats commis dans tous les pays de la planète par des personnes supposées musulmanes, voire manger du porc et boire du vin…

 

Le traitement médiatique de l’affaire Mennel Ibtissem en est un bon exemple. Le fait que cette femme se couvre les cheveux a scandalisé plusieurs personnes. Sur Cnews, certain·e·s ne se gênaient pas pour affirmer que cela était une provocation suprême. Pour défendre cette femme, d’autres rétorquaient que ce foulard était léger et qu’il restait donc convenable, comme si cela était une condition pour que l’on puisse respecter cette femme. Qu’est-ce que cela signifie ? Si elle avait chanté avec un foulard couvrant aussi son cou, cela aurait bel et bien été choquant et provocant ?

 

Il existe cette idée selon laquelle les femmes musulmanes peuvent être jugées sur leur apparence et leurs tenues vestimentaires, et jugées comme trop ou pas assez couvertes. Si nous sommes considérées comme « trop » couvertes, nous sommes souvent perçues comme des « vraies » musulmanes, adeptes d’une idéologie totalitaire, allant à l’encontre des droits des femmes et constituant une honte pour toutes celles se battant dans d’autres pays afin de ne plus céder à l’injonction de se voiler. Parallèlement, si nous sommes considérées comme « peu » couvertes, cela signifie que nous ne sommes « pas trop » musulmanes, que nous avons bien compris la vie, loin de la piété islamique et donc tout-à-fait acceptables en société. Ne pas être voilée signifierait même que nous sommes plus disposées au plaisir des hommes, comme le sous-entendait Eric Zemmour dans On n’est pas couché, ou encore Robert Ménard, visiblement attiré par les « beurettes » qu’on ne peut « plus draguer » parce qu’elles sont désormais voilées, dans Salut les Terriens. Honnêtement, n’est-ce pas profondément exécrable de n’apprécier les femmes musulmanes que lorsqu’elles nous plaisent physiquement ? N’est-ce pas cantonner la femme à un corps sexualisé ? N’est-ce pas loin du féminisme ?

 

Malheureusement, ces préjugés sont loin d’être les seuls concernant les femmes musulmanes. Il est important de se rendre compte de l’influence considérable des médias dans la façon dont nous percevons les femmes, mais aussi les hommes musulman·e·s. Ces dernier·e·s sont loin de former un bloc monolithique et nos vies seraient sûrement moins difficiles si chacun·e veillait à combattre ses propres préjugés, totalement légitimés dans la majorité des médias et des discours politiques. Hélas, la réflexion de Malcolm X reste donc toujours d’actualité :

« Si vous n’êtes pas vigilant·es, les journaux arriveront à vous faire détester les opprimé·e·s et aimer celles et ceux qui les oppriment. »

 

Crédit photo à la une : Sanaa K

 

 

 

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Médias et responsabilité : le rôle des médias français dans l’islamophobie actuelle

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Charlottesville (Virginia, Etats-Unis), le samedi 12 août 2017, des manifestant·e·s défilent. Jusque-là rien d’anormal, et pourtant : ces manifestant·e·s portent des drapeaux nazis et confédérés, des torches et des brassards à svastikas. Ils·elles scandent des slogans tels que “All lives matter” (“Toutes les vies comptent”), réponse raciste au mouvement Black Lives Matter qui lutte contre les discriminations et les violences faites aux Afro-Américain·e·s.

 
Certain·e·s sont armé·e·s, la police ne réagit pas. Le drame survient lorsque la contre-manifestation antiraciste est attaquée par un sympathisant des néo-nazis, qui lance sa voiture dans la foule. Bilan : une morte et 19 blessé·e·s. Alors que le procureur Jeff Session annonce lundi 14 août que l’attaque correspond à la définition de terrorisme domestique, les médias français, une fois de plus, n’utilisent pas ce terme pour décrire l’attaque. Au contraire, certains médias évitent même complètement de parler du responsable et décrivent “une voiture folle”.
 
L’impression de déjà-vu est malheureusement bien réelle : le 19 juin dernier, l’Angleterre se retrouve une fois de plus plongée dans l’horreur des attentats contre sa communauté musulmane. Les médias français, eux, s’enfoncent une nouvelle fois dans un traitement raciste de l’information. Les journalistes internationaux font état d’un mort et une dizaine de blessé·e·s, tou·te·s musulman·e·s, visé·e·s par un individu conduisant une camionnette. Celui-ci a foncé dans la foule en criant : « Je veux tuer des musulman·e·s ».
 
Les médias français, quant à eux, pondent la description suivante :
 

Crédit photo : Huffington Post
 
Non, vous ne rêvez pas, là où les médias internationaux précisent “des musulman·e·s”, les médias français écrivent “des piétons” : l’attaque terroriste est présentée comme un simple accident. Une pensée pour les victimes d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui.
 
Le regard que la société française porte sur les musulman·e·s n’est pas anodin : il découle d’une vieille tradition raciste et coloniale de l’Etat français, qui petit à petit s’est étendue dans l’inconscient collectif, et a provoqué une réelle islamophobie.
 
Les médias doivent reconnaître leur part de responsabilité dans cet état de fait. TF1 ou BFM TV, les méthodes sont les mêmes : il y a d’un côté les supposé·e·s coupables auxquel·le·s toute présomption d’innocence est retirée et qui sont jugé·e·s en direct sur les plateaux télé. Leurs noms et prénoms sont jetés en pâture sans pudeur, avant même de savoir s’ils·elles sont réellement coupables, comme si l’on regrettait le temps des lynchages sur la place publique. Il est déjà arrivé que l’identité et les photos de personnes soient diffusées pendant des heures ou mis en une de journaux à la suite d’un attentat, avant que celles-ci se révèlent innocentes. On ne peut imaginer l’impact sur ces personnes et leur entourage. En quelques minutes seulement, la sentence tombera dans les journaux, livrée par des expert·e·s du djihadisme : attentat islamique.
 
De l’autre côté se trouvent les supposé·e·s innocent·e·s, celles et ceux dont les actions ne peuvent s’expliquer que par des “déséquilibres psychologiques” et que l’on déresponsabilise volontiers, parce que c’est bien connu : les Blanc·he·s ne sont jamais terroristes ! Ce titre est réservé aux racisé·e·s, aux Arabes, aux Noir·e·s et à celleux qui disent “Allahou Akbar” ! L’identité des terroristes blanc·he·s reste précieusement cachée, il ne faudrait pas importuner leurs familles. En quelques minutes seulement, l’affaire sera classée par les médias et la sentence tombera : faits divers.
 
Pourtant, la définition d’un acte terroriste ne mentionne ni racialisation, ni religion, réelles ou supposées : il s’agit d’un «ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc.) commis par une organisation ou un individu pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système ». Les actes islamophobes tels que ceux ayant eu lieu pendant le Ramadan 2017 entrent bien dans cette définition, n’en déplaise aux journalistes français·es! Même lorsque certain·e·s responsables politiques définissent ces attentats comme terroristes, les journalistes les citent en utilisant des guillemets, comme si leur usage était une prise de position alors que c’est tout simplement un fait.
 
De plus, les médias saturent les chaînes pour couvrir les attentats perpétrés par les racisé·e·s et minimisent complètement les autres. Une étude récente montre qu’entre 2011 et 2015 aux Etats-Unis, seulement 12,4% des attentats étaient commis par des supposé·e·s musulman·e·s alors qu’ils recevaient 41,4% de la couverture médiatique dédiée au terrorisme. Cela s’est vérifié en France en juin dernier avec les attentats de Londres : la journaliste Juliette Gramaglia a fait une comparaison édifiante. Dans le JT de TF1 du 4 juin 2017, 14 minutes sont consacrées à l’attentat sur le London Bridge perpétré par des supposés musulmans. 15 jours plus tard, seulement 24 secondes sont consacrées à l’attentat islamophobe devant la mosquée de Finsbury Park. BFM TV n’a fait d’édition spéciale que pour un seul attentat. Inutile de préciser lequel.
 
En France, de nombreuses personnalités prennent position pour dénoncer le traitement raciste des attentats par les médias : l’humoriste Yassine Belattar, des associations, ainsi que beaucoup de militant·e·s antiracistes, comme João, notamment après la tentative d’attentat à Créteil devant la mosquée, peu après les attentats de Londres.
 

Crédit photo : Le blog de João

 

Crédit photo : @s_assbague

 

Cette différence de traitement a un impact réel et quotidien sur les personnes racisées et/ou membres de la communauté musulmane, qui se retrouvent associées au terrorisme par l’opinion publique. La lecture racialisée des crimes commis par les supposé·e·s musulman·e·s est en grande partie la réponse à la question.
 
L’une des conséquences avérées et visibles qui découle de ce traitement différencié est la criminalisation de la religion musulmane. Cela passe notamment par une méconnaissance et une incompréhension du langage. Vous n’êtes pas convaincu·e·s ? Nous vous invitons à crier dans la rue « Allahou Akbar », qui veut littéralement dire « Dieu est plus grand » et qui imprègne le quotidien des musulman·e·s (au cours des prières, mais aussi pour exprimer l’émerveillement, par exemple). Oui, il est très probable que vous finissiez au poste de police pour allégeance au terrorisme.
 
Cette criminalisation va bien au-delà du langage, puisqu’elle s’installe dans la vie quotidienne : on peut observer par exemple des jouets représentant un criminel armé et en possession d’un… Coran. Vous ne rêvez pas, en 2017, de telles choses existent. Les enfants sont bien souvent très vulnérables face à ces conséquences, ainsi ils·elles essuient directement les dérives d’adultes trop facilement manipulé·e·s par les préjugés véhiculés à l’écran ou dans les journaux. L’histoire du petit Nahil, 11 ans, en est un exemple est frappant : il a été assimilé à un apprenti terroriste par son enseignante, qui a depuis présenté ses excuses. Personne n’est à l’abri des préjugés, même à l’école.
 
Si les enfants sont les plus vulnérables face à ces dérives, les personnes les plus touchées par les conséquences de cette criminalisation de l’islam restent les femmes. Les femmes musulmanes en France font face à une triple discrimination : le racisme lié aux origines réelles ou supposées, le sexisme lié à leur genre, et l’islamophobie liée à leur appartenance religieuse réelle ou supposée. Les répercussions n’en sont que plus violentes. Pourtant, un argument indécent revient souvent : « T’abuses, tu vois du racisme partout ». Non nous n’abusons pas, c’est une réalité qui doit être dénoncée !
 
Nous vous invitons à regarder cette vidéo pour comprendre l’oppression que vivent les femmes musulmanes. Après les attentats contre Charlie Hebdo, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) a observé une augmentation de 70% des actes perpétrés à l’encontre des musulman·e·s. Pas moins de cinquante-quatre actes islamophobes sont recensés en France entre le 7 et le 12 janvier. La majorité des victimes sont des femmes.
 
Le racisme est bel est bien présent et ses conséquences sont dévastatrices, autant sur le plan physique que psychologique. Ici ou ailleurs, l’islamophobie devient une source réelle d’insécurité pour les femmes musulmanes. Nabra Hussein en est le symbole. Triste sort d’une jeune femme de 17 ans sauvagement assassinée, outre Atlantique, parce que musulmane. Combien sont-elles aujourd’hui à penser qu’elles pourraient être les prochaines, ici en France?
 
Et pourtant, la meilleure réponse que nous puissions leur donner est celle-ci : n’ayez crainte, ne laissez jamais personne vous faire croire que vous n’êtes pas en sécurité chez vous. Eteignons nos postes de télévision, vivons avec notre époque et menons ensemble ce combat en faveur d’une société inclusive, pour qu’un jour nous soyons plus fortes et plus unies : c’est là le plus bel hommage que nous puissions rendre à Nabra et à toutes les victimes de la haine.

Crédit photo : search/muslim

 

Article écrit par Juliette, Marie et Hajer

 

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Le top 10 des perles sexistes et islamophobes du mois d’octobre

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Les femmes musulmanes semblent être, bien malgré elles, un des sujets de discussion préférés de nos personnages publics français. Chaque mois, retrouvez le top 10 des perles sexistes et islamophobes du mois précédent !

L’édition de septembre vous a plu ? Rassurez-vous, l’actualité du mois d’octobre n’est pas en reste !

 

1. Mercredi 5 octobre : Quand Benjamin Castaldi trouvait Ayem belle « avant que ça soit Fatima » !

Caroline Receveur, j’aimais bien, c’était l’une des plus jolies. Ayem avant que ce soit Fatima (il mime ses rondeurs, ndlr).

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Pour ceux et celles qui ne la connaissent pas, Ayem Nour est une ancienne candidate de télé-réalité qui a pris quelques kilos pendant sa grossesse. Normal, me direz-vous… Sauf que depuis, elle est la cible de railleries et de plaisanteries sur son poids sur la toile et à la télé. La dernière en date : le « Fatima » de Benjamin Castaldi – ou Benji pour les intimes. Pour ce dernier, une « Fatima », c’est une femme d’origine arabe avec des rondeurs. Il enchaîne ensuite avec « C’est une blague, oh la la, ça va ». Deux choses, Benji : primo, faire des blagues sur le physique, ce n’est pas très drôle ; deuzio, Fatima n’est pas une insulte mais un prénom d’origine arabe porté fièrement par de nombreuses femmes dans le monde.

 

2. Mercredi 12 octobre : François Hollande au secours des femmes voilées…

Parce que, d’une certaine façon, si on arrive à lui offrir les conditions pour son épanouissement, elle se libérera de son voile et deviendra une Française, tout en étant religieuse si elle veut l’être, capable de porter un idéal. Finalement, quel est le pari que l’on fait ? C’est que cette femme préférera la liberté à l’asservissement. Que le voile peut être pour elle une protection, mais que demain elle n’en aura pas besoin pour être rassurée sur sa présence dans la société.

L’épanouissement des femmes musulmanes est apparemment un sujet cher à notre président. Nous pourrions être ravi.e.s de cet intérêt si ce dernier ne s’inscrivait pas dans la démarche islamophobe et paternaliste à la mode ces derniers temps.

Derrière la bienveillance affichée se cache une négation flagrante de l’identité des femmes françaises de confession musulmane. Porter le voile et être Française ? Quelle hérésie ! Voilée et libre de ses choix ? Mais quelle idée ! Monsieur Hollande, en voulant porter secours aux musulmanes voilées sans défense, vous ne faites que les stigmatiser. Il n’y aurait donc qu’un seul type de femme voilée : l’ignorante des idéaux français, effacée de la société, au joug d’un voile qu’elle n’aurait pas choisi. Je vous invite donc à lire les différents témoignages de notre rubrique Portraits pour découvrir qu’une femme musulmane, française, engagée dans la société, oui, ça existe !

 

3. Jeudi 13 octobre : Une jeune femme se fait agresser sexuellement sur un plateau télé et ce n’est pas si grave…

 

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Nous en avons tou.te.s entendu parler : Jean-Michel Maire a embrassé le sein d’une participante sur le plateau de « Touche pas à mon poste », et ce, malgré les multiples refus explicites de la jeune femme.

Passons sur cet acte abject qui a fait l’objet de plusieurs indignations et qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Attardons-nous plutôt sur les réactions des chroniqueurs qui ont suivi les excuses de Jean-Michel Maire. Voici quelques extraits :

Quand on a vu les mots « agression sexuelle » et tout… Y a vraiment des choses très graves qui se passent dans le monde tous les jours et voilà… Des choses beaucoup plus graves !
Cyril Hanouna

Ce n’est pas parce qu’il se passe des choses plus graves dans le monde qu’il faut minimiser une agression sexuelle. Car oui c’en est bien une, comme l’indique l’article 222-22 du code pénal : « Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise ».

C’était une boutade, faut pas exagérer, merde !
Isabelle Morini Bosc

Définition du mot boutade : « Saillie (trait d’esprit) vive, imprévue, originale, qui touche au paradoxe » (définition Larousse). Je ne vois pas en quoi une agression sexuelle est une boutade… et vous ?

Faut savoir que dans cette équipe, souvent un non est oui.
Jean-Luc Lemoine

Voici l’excuse ultime ! Elle aurait voulu dire oui en fait ? Et ce après avoir refusé plusieurs fois de l’embrasser ? Ah d’accord, je comprends mieux… Un cours sur le consentement prévu bientôt par chez vous ?

 

4. Jeudi 13 octobre : Le débat télévisé des primaires de droite, un régal avec Nicolas Sarkozy

On ne choisit pas le sexe de son médecin, on ne porte pas le burkini. Et si on veut aller dans des pays où la femme n’a pas le droit de conduire, eh bien on y va. Mais ici, c’est la France. 

 

Le premier débat télévisé entre les sept candidat.e.s de la primaire de droite a franchement été une mine d’or pour cet article. Débutons les hostilités avec une des nombreuses déclarations sur l’islam par Nicolas Sarkozy.

Nous sommes en automne, les températures sont en chute libre, mais nous parlons encore de burkini. Nous sommes décidément en panne de sujet polémique pour créer la division entre les Français !

Quant à la référence sur l’Arabie Saoudite, je suis toujours fascinée par l’aplomb des politiques pour dénoncer les coutumes sexistes de ce pays et en même temps maintenir des relations diplomatiques et économiques excellentes… Quel talent !

 

5. Jeudi 13 octobre : Le débat télévisé des primaires de droite, un régal avec François Fillon aussi !

Nous devons demander aux musulmans de se révolter contre la montée de cet intégrisme, car le voile et toutes ses extensions est un symbole à combattre.

Crédit : volteer133

 

Nous continuons notre lancée avec cette fois-ci une déclaration de François Fillon sur le voile à combattre, car synonyme d’intégrisme religieux. Encore une fois, on mélange tout, on se base sur des approximations, des assimilations, et on contribue à perpétuer l’image négative des femmes voilées, et donc le sentiment de peur et d’angoisse à son égard. J’invite très sincèrement les hommes et femmes politiques à ouvrir le débat avec les femmes musulmanes qui font partie de la société française, les écouter, les comprendre, au lieu de les utiliser à des fins politiques. Notre société ne s’en porterait que mieux !

 

6. Jeudi 13 octobre : Le débat télévisé des primaires de droite, toujours un régal avec Jean-Frédéric Poisson

La civilisation islamique pose problème à la République française parce qu’elle pose des questions, elle défend des principes qui sont incompatibles dans une large mesure avec les principes de la République française.

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Selon les propos de Jean-Frédéric Poisson, un.e musulman.e ne peut pas adhérer aux valeurs républicaines françaises. LA « civilisation islamique » ne le permet pas. Passons déjà sur l’expression « civilisation islamique », qui dans ce contexte semble aussi vide de sens que le propos dénoncé. Il n’y aurait donc pas de diversité au sein de cette communauté musulmane… Pas de musulman.e.s qui vivent en accord et en harmonie avec les principes de la République française… Vraiment ? Il ne doit pas en fréquenter beaucoup. Et de quels principes parle-t-on d’ailleurs ? Ceux qui perpétuent les inégalités ? Ceux qui légitiment la guerre et le bombardement d’innocents ? Les violences policières ?

On peut au moins souligner que Monsieur Poisson n’est pas tombé dans la polémique d’interdiction du voile et du burkini, et ne veut pas être assimilé à la « police du vêtement ». L’espoir est permis !

 

7. Lundi 17 octobre : Marine Le Pen veut interdire la kippa et le voile dans l’espace public et les entreprises

Il ne s’agit pas pour moi d’interdire les signes religieux mais les signes ostentatoires. Il s’agit d’élargir la loi qui a été votée et qui est appliquée dans les écoles notamment. Confronter à une montée en puissance et à une forte pression de l’Islam politique qui se sert des femmes et du voile pour avancer leurs propositions.

 

Attention à ne pas confondre signes religieux et signes ostentatoires ! Seuls le judaïsme et l’islam possèdent des signes ostentatoires à prohiber de l’espace public. Il s’agit d’une définition totalement arbitraire soumise à la bonne appréciation de Madame Le Pen. Je cherche la logique, mais il y a tellement de haine dans ses propos que je n’arrive pas à voir autre chose… Et encore une fois, celle-ci se tourne vers les femmes musulmanes.

 

8. Jeudi 20 octobre : Bruno Le Maire entre confusions et imprécisions

La multiplication des niqabs dans l’espace public est une difficulté et est vécue par beaucoup de Français comme une agression. Je pense que sur la burqa, la loi n’est pas appliquée et qu’il faut durcir le texte.

 

Selon Bruno Le Maire, il faudrait voter une « loi qui estime que le port du niqab est une provocation dans l’espace public ». Or, c’est déjà le cas ! Depuis le 11 octobre 2010, la loi interdit la dissimulation du visage dans l’espace public. Ce dernier évoque la « multiplication » des niqabs dans l’espace public. Où sont les chiffres, les données qui le prouvent ? J’ai fait quelques recherches de mon côté, et il se trouve qu’en 2015, le nombre d’amendes a baissé de 44 % selon les chiffres du ministère de l’intérieur. La théorie de nos rues envahies par l’intégrisme religieux serait-elle donc un tantinet exagérée ?

 

9. Jeudi 27 octobre : Philippe Candeloro « justifie » ses propos sexistes

Quand je suis invité dans une émission de télé, on vient me chercher pour me faire dire tout ce que j’ai sur le cœur, dans la tête et ailleurs pour que ça fasse du buzz.

Le célèbre patineur artistique est revenu sur des propos datant des JO de Sotchi en 2014. Il avait alors évoqué le « joli petit postérieur » d’une patineuse, avant de gratifier les téléspectateurs d’une métaphore des plus subtiles : « Je connais plus d’un anaconda qui aimerait venir l’embêter un petit peu ».

Si l’on comprend bien sa justification, sous couvert de faire le « buzz », on peut donc dire sur une chaîne publique et devant des milliers de spectateurs et spectatrices tous les propos sexistes qui nous passent par la tête et par « ailleurs » ? Beau principe !

 

10. Jeudi 27 octobre : L’interdiction des signes religieux par Jean-François Copé

Mon idée, c’est surtout dans les établissements publics […]. Pas dans les gares, c’est un espace public. Encore que, vous me mettez un petit doute, il faut que je regarde. Mais si c’est un établissement public, ce sera interdit […]. Dans les faits, c’est principalement pour nos compatriotes de la communauté musulmane, mais si on considère que la kippa est un signe visible, c’est la même règle.

 

Jean-François Copé veut interdire les signes religieux dans les établissements publics. Seulement, il ne semble pas encore décidé sur lesquels… Les préfectures, les musées, les mairies, les hôpitaux et peut-être même les gares. L’interdiction des signes religieux vise essentiellement la communauté musulmane, mais la communauté juive serait aussi concernée par cette prohibition. Tiens, ça ne vous rappelle pas les propos d’une certaine personne à la tête du mouvement bleu marine ? On devrait peut-être proposer des cours de rattrapage groupé sur des concepts clés de nos « principes de la République française » tels que la liberté de culte ou la laïcité, parce que là, on nage en plein délire !

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Le top 10 des perles sexistes et islamophobes de la rentrée

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Les femmes musulmanes semblent être, bien malgré elles, un des sujets de discussion préférés de nos personnages publics français. Chaque mois, retrouvez le top 10 des perles sexistes et islamophobes du mois précédent !

 

Après un été de débats sur le burkini, la rentrée s’annonçait prometteuse, et on peut dire que nous n’avons pas été déçu·e·s. Accrochez-vous, c’est du haut niveau !

 

1. Vendredi 2 septembre : Nadine Morano a préparé sa rentrée, elle était prête, déterminée, sûre d’elle !

Quand vous regardez dans les marchés de nos villes et de nos quartiers, le déve­lop­pe­ment du tcha­dor, cet espèce de grand voile noir porté par les femmes… Vous savez ce qui se joue aujourd’hui ? C’est la soumis­sion de la femme dans nos territoires. Et ça, je ne lais­se­rai pas faire en France. Ça je vous le dis, c’est un combat que je mènerai. […] Je suis favorable à la suspension des droits sociaux et des droits civiques pour toutes celles qui font preuve de récidive […] Moi je durcirai la loi. Et pour celles qui ne sont pas Françaises, expulsion immédiate !

 

Les femmes en tchador, ne sortant que pour faire du shopping ou faire les courses, dans « nos » quartiers et « nos » villes (pas dans les leurs, donc), sont soumises. La solution au combat de Mme Morano ? Suspendre les droits sociaux et civiques : la femme soumise voilée en tchador, qu’on ne trouve qu’au marché doit certainement toucher les allocations familiales, le RSA, bref un minima social. Et ça, c’est pour celles qui récidivent : donc si on est soumise, qu’on nous le fait remarquer et qu’on nous revoit ENCOOORE soumise, bah on est punie ! Et si on n’est pas Française, ce n’est plus son combat …
On est sympa, on vous passe le passage où elle compare les femmes voilées aux nazis

 

 

2. Vendredi 2 septembre : Elisabeth Badinter compare une femme en burqa à un chien, et ça ne choque personne ?

C’est le comble de l’impolitesse et de l’indifférence d’aller se baigner à Nice dans cette tenue après l’attentat de juillet. Pendant trente ans, il n’y a eu aucun problème avec les musulmans. On pouvait ne pas faire le ramadan. On pouvait ne pas aller à la mosquée et les filles pouvaient porter des jupes. Il faut comprendre ce qui s’est passé en France depuis vingt ans ! Rappelons-nous la tête que nous avons faite à la fin des années 1990 devant notre TV lorsque nous avons découvert ce que c’était une burqa. Comment peut-on traiter les femmes comme des chiens ?
Mme Badinder semble aimer à entretenir le parallèle entre burkini et terroriste. Mais le problème avec les musulmans, il n’existe que par un souhait de diabolisation, et ce depuis plus de 40 ans. C’est vrai que maintenant, « on » est obligé de faire le ramadan, d’aller à la mosquée, et que les filles ne peuvent plus porter de jupes, vous n’aviez pas remarqué ? OUVREZ LES YEUX !
Et que dire alors de l’assimilation des femmes en burqa à des chiens !? Comment peut-on traiter les femmes comme des chiens ? L’une des actionnaires majoritaires de Publicis devrait avoir quelques idées à ce sujet, non ? Venir jouer au féminisme en faisant la morale à des femmes qui n’ont rien demandé alors qu’on amasse de l’autre côté les fruits d’un marketing sexiste, ça me parait bien relever d’une certaine psychose ou d’une grande hypocrisie. Balayer devant sa porte, ça vous dit quelque chose ?

 

3. Samedi 3 septembre : Bruno le Maire veut jouer à cache-cache

Notre culture, elle a toujours défendu l’égalité entre les hommes et les femmes. Ne laissons pas, une fois encore, des esprits obscurcis rendre les femmes invisibles dans la société française. En France, les femmes sont visibles ! Et elles n’ont pas vocation à être dissimulées.
 Incompréhension

 

Visibles, invisibles, dissimulées. Cher Bruno Le Maire, nous ne sommes pas dans Harry Potter, les voiles que portent les femmes musulmanes ne sont pas des capes d’invisibilité.

 

4. Mercredi 6 septembre : apparemment, Eric Zemmour dénonce un complot

L’islam lui-même veut dire paix. Mais l’islam veut dire aussi soumission. Donc en fait, on ne vit dans la paix que lorsqu’on se soumet à l’islam. Il y a simplement des gens qui sont des bons musulmans et des mauvais musulmans. En islam, il n’y a pas de musulman modéré, ça n’existe pas. Il y a simplement des gens qui appliquent à la lettre et d’autres qui n’appliquent pas à la lettre. Mais ils savent qu’ils ne sont pas des bons musulmans.
– Donc les mauvais musulmans sont des bons musulmans pour nous ?
– C’est tout le problème français. C’est que ce que vous appelez bons musulmans, l’islam les appelle mauvais musulmans, c’est tout notre problème.

 

No comment… Euh si, un (on ne peut pas s’en empêcher) : Si islam veut dire paix et soumission, que veut dire cette phrase : « on ne vit dans la paix que lorsqu’on se soumet à l’islam » ?
Réponse A : On ne vit dans la paix que lorsqu’on se soumet à la paix
Réponse B : On ne vit dans la paix que lorsqu’on se soumet à la soumission
Réponse C : Laisse tomber, c’est du Zemmour, y’a rien à en tirer.
Au passage, soumettre est un verbe transitif, il admet donc un complément d’objet, complément d’objet qui n’est pas ici l’islam (l’islam signifie la soumission à l’islam est un non-sens), mais Dieu (l’islam signifie la soumission à un Dieu unique, au Créateur).
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5. Jeudi 8 septembre : la ratatouille des idées, c’est par cheffe Célérier

Ainsi, en Algérie, qui reconnaît l’islam comme religion d’État, on revendique la liberté de ne pas porter le voile ; en France, où laïcité prétend rimer avec liberté et égalité, on feint de croire qu’en autorisant le voile et le burkini, on œuvre pour la liberté des femmes musulmanes à vivre comme les autres sans renoncer à pratiquer leur religion. Or, il est évident que le port de ces vêtements traduit le plus souvent soit une volonté de provoquer, soit une soumission de la femme à son époux.

 

Mmmh cet art de tout mélanger, de faire des comparaisons à tout va, ON A-DO-RE !
On apprend donc qu’en France, il n’y a pas de liberté de ne pas porter le voile. Et donc toutes les femmes sont contraintes à se voiler. Et quand on porte le voile, soit on est une adolescente immature qui vit dans la provocation, soit on est mariée, il n’y a pas d’entre deux.
Merci … mais non merci pour l’analyse !

 

6. Lundi 12 septembre : Eric Ciotti

Demain, si on ne met pas un coup d’arrêt, peut-être un peu ferme, un peu exigeant, dans deux ans, dans trois ans, aucune femme musulmane ne pourra plus se baigner sans burkini.

 

Demain, si on ne met pas un coup d’arrêt, peut-être un peu ferme, un peu exigeant, dans deux ans, dans trois ans, aucune femme musulmane ne pourra vivre tranquillement et la France abritera les pires hommes politiques, experts de la démagogie. Ah mais non, on me souffle que c’est déjà le cas, pas besoin d’attendre aussi longtemps.

 

Jeudi 15 septembre : Nicolas Sarkozy

Bien sûr que les musulmans sont des Français comme les autres, mais si vous êtes Français, vous vivez selon le mode de vie français. Monsieur, en France on serre les mains des femmes. En France, les filles vont à l’école non voilées. En France, la femme est exactement l’égale de l’homme.

 

Nous qui pensions que vivre selon le mode de vie français, c’était l’art de bien vivre, de bien manger, les bons croissants croustillants, la tartine beurrée, la baguette, l’apéro, les bons restos ; l’art de la mode, de l’élégance, de la galanterie ; les valeurs universelles, la philosophie, la littérature, la poésie, les Lumières, l’humanité; mais aussi la légèreté.
Non, en France, on serre les mains des femmes, et les filles vont à l’école non voilées. Dire qu’on avait fait un effort sur le fromage !
Et au fait, d’après l’Observatoire des inégalités, en France, « Hommes et femmes [sont égaux]……devant la pauvreté » seulement, pour le reste, il faut accentuer les efforts, M. Sarkozy.

 

8. Dimanche 18 septembre : âmes sensibles, s’abtenir !

 

En ce dimanche bien tranquille, on nous apprend quoi ??? L’institut Montaigne vient de sortir une étude : « Enfin une enquête sérieuse » écrit l’Express, « les vérités qui dérangent » note Le Monde.
Viiite on s’empresse d’aller voir et qu’est-ce qu’on nous annonce ???
Les musulmans ont les mêmes préoccupations que le reste de la population française

 

L’Institut Montaigne est formel : « Un islam français est possible ». Aaaah nous voilà rassuré.e.s, on ne sait pas ce que c’est « un islam français » mais le ton semble rassurant, donc on est rassuré.e.s.

 

9. Vendredi 23 septembre : Libération, une merveille !

Puis, c’est une attitude à tenir. «Il faut cacher ses formes», détaille Dounia, au joli décolleté généreux. «Moi, je suis une folle, je m’habille comme je veux, je fais ce que je veux. Celles qui mettent le voile, elles ne peuvent pas.» A ses côtés, pour la première fois de la conversation, Inès tique. Son amie la regarde : «Ben oui, tu ne peux pas aller dans un bar à chichas ou dans une boîte de nuit, ils vont te traiter. Moi, je peux arriver comme ça en criant et en dansant.» Elle lève les bras et les agite, écroulée de rire. Inès la contredit, avec douceur. «Mais je danse chez moi, avec mes cousines.

 

Là, c’est Libération qui nous offre ce petit bijou (où nous jette ce gros caillou en pleine face, ça dépend du point de vue). En opposant femme non voilée libre et insouciante et femme voilée contrainte et à la maison dans leur « témoignage », ils révolutionnent le journalisme, sortent des sentiers battus, franchement, BRA-VO !

 

10. Mercredi 28 septembre : Dossier Tabou, vraiment ?

 

 

Voilà mon état après avoir regardé les 10 premières minutes de l’émission pour écrire cet article. Après la bande annonce sur ces musulmans, islamistes, salafistes, extrémistes, trompettistes, guitaristes, flutistes, marionnettistes … qui te fait bien flipper, vient une séquence sur des femmes en voile avec lesquelles M. de la Villardière débat, parce lui aime voir les « sourires » sous les burqas. Et là, pour des raisons de sécurité évidentes, j’ai dû arrêter de regarder.
Je vous propose de faire un tour du côté de Sihame Assbague et Widad Ketfi et leur contre soirée Dossier Tabouche 

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Diffuse la bonne parole

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