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(Dé)construction

6 faits sur l’Islam en Asie du Sud-Est qui bousculent les préjugés

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Contrairement à ce que beaucoup pensent, être musulman·e ne signifie pas automatiquement être arabe. 40 % de la population libanaise est ainsi chrétienne… et les pays arabes représentent seulement 20 % de la population musulmane mondiale. En réalité, la majorité des musulman·e·s sont asiatiques ! Eh oui, ça surprend – comme en témoigne cet article d’une Américaine d’origine indonésienne. Tant qu’on y est, continuons à bousculer un peu nos stéréotypes…

 

1) La majorité des musulman·e·s ne sont pas arabes

Ça ne fait jamais de mal de se répéter quand il s’agit de fausses idées profondément ancrées dans nos esprits. Les quatre premiers pays musulmans (en chiffres absolus et donc en nombre d’habitant·e·s) sont asiatiques : il s’agit de l’Indonésie, du Pakistan, de l’Inde et du Bangladesh. Selon le Pew Research Center, en 2011, ces 4 pays concentraient 44% de la population musulmane mondiale, soit plus de 700 millions d’individus. En Asie du Sud-Est, la Malaisie se distingue également par son nombre d’habitant·e·s de confession musulmane, et surtout par sa reconnaissance de l’Islam en tant que religion d’Etat.


Crédit photo : Le dessous des cartes
Une carte interactive est également visualisable sur le site de France Culture.

2) L’islam ne s’y est pas répandu « à la pointe de l’épée »

Par exemple, l’introduction de l’islam en Indonésie remonterait au VIIème siècle, pour une réelle propagation entre les XIIème et XIIIème siècles. Les sources s’accordent pour dire que l’Islam y puise ses origines dans le commerce mondial, au travers des échanges que le pays a réalisés avec des marchands musulmans arabes, persans, indiens, mais aussi chinois. La conversion des populations n’est donc pas le fruit d’une contrainte exercée par des envahisseurs extérieurs. Au contraire, l’Islam s’est progressivement intégré dans une société où bouddhisme et hindouisme cohabitaient déjà.

3) Il existe des mouvements féministes menés par des femmes musulmanes

En Malaisie, par exemple, des ONG telles que Sisters in Islam (SIS) cherchent à faire valoir les droits des femmes musulmanes : pédagogie et service d’assistance juridique pour les concernées, rédaction de mémorandums en faveur de réformes légales, etc… Malgré l’opposition de certaines autorités religieuses, elles ont par exemple milité et obtenu la présence de femmes juges dans les tribunaux islamiques. La particularité de ces organisations féministes est qu’elles ne prônent pas un éloignement de la religion pour faire valoir leurs droits, comme c’est le cas d’autres mouvements, mais les puisent au contraire dans les sources islamiques, à travers une relecture se libérant des interprétations patriarcales.

4) Etre un pays à majorité musulmane n’empêche pas de protéger les autres cultes

L’Indonésie, par exemple, s’est toujours revendiquée comme un État séculier et non fondé sur la foi. D’ailleurs, la Constitution ne fait aucune mention de l’Islam. En revanche, l’État reconnaît officiellement six religions : l’islam, le protestantisme, le catholicisme, l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme.


Femmes hindoues en prière à Bali, l’une des 13 466 îles indonésiennes – Source : Thinglink

Divers articles (ici, ou encore ) laissent penser que le gouvernement indonésien prône l’identité plurielle de sa nation, le vivre-ensemble pacifique et une grande tolérance. En témoignent les cinq principes fondateurs (Pancasila) de l’Etat indonésien, qui sont la croyance en un Dieu unique, une humanité juste et civilisée, l’unité de l’Indonésie, une démocratie guidée par la sagesse à travers la délibération et la représentation, et la justice sociale pour tout le peuple indonésien.

5) Des non-musulman·e·s vivant dans un Etat musulman ne sont pas forcément soumis·es à la loi islamique

En Malaisie, l’Islam est la religion d’Etat. L’article 3, paragraphe 1 de la Constitution malaisienne stipule que : « L’islam est la religion de la Fédération ; mais les autres religions peuvent être pratiquées en sécurité et en paix dans toutes les parties de la Fédération ». Entre la théorie et la pratique, il y a parfois un écart à combler : certain·e·s musulman·e·s se sont vu refuser leur conversion au christianisme, en raison de lois sur l’apostasie qui les concernaient exclusivement. Cela est dû à la décision de l’État, en 1988, de se doter d’un double système juridique : l’un relève du droit commun, tandis que l’autre relève de la loi islamique. Ce dernier concerne uniquement les musulman·e·s (environ 60 % de la population), et seulement sur certaines questions (mariage, héritage, mais aussi conversion et apostasie). Ce qui donne parfois lieu à des contradictions… ou des verdicts plus cléments pour les non-musulman·e·s.

6) Les sociétés musulmanes ne sont pas monolithiques

Comme partout, il existe dans ces pays musulmans des groupements religieux plus conservateurs, tout comme des initiatives progressistes. La région de Yogyakarta, sur l’île de Java, en est un exemple : elle est à la fois le théâtre d’actes d’intolérance religieuse en augmentation, selon une étude initiée par l’ONG indonésienne Setara (Institut pour la démocratie et pour la paix), et le lieu qui a accueilli l’école Al Fatah, seule institution islamique au monde pour transgenres (fermée depuis février 2017). Difficile, de notre point de vue extérieur, de saisir toutes les nuances de ces sociétés…

Article écrit par Sylvie, avec l’aide d’Emnus

 

Image à la une : Voice of Baceprot, groupe de métal indonésien – Crédit Rony Zakaria

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Diffuse la bonne parole

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Portraits

M’Barka Aboumadane : un air frais souffle sur Le Mans

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Qui veut trouve le moyen et qui ne veut pas trouve une excuse 

 

M’Barka Aboumadane en veut et ne manque pas de ressources pour contribuer positivement à la société mancelle !
Avant de l’interviewer, je ne connaissais M’Barka Abou qu’au travers de son poste de secrétaire de l’association Un repas pour tous au Mans. Et quel plaisir de découvrir l’ensemble de ses engagements ! Cette femme, qui dit d’elle-même qu’elle est « toute petite », bouillonne d’idées et a déjà à son actif maints projets bienveillants pour la société.

 

Au commencement : une petite action mais une grande générosité

 

 Il y a cinq ans, par un matin d’hiver, M’Barka, préoccupée par la situation des sans-abris, interrompit son petit-déjeuner pour embarquer thermos de boissons chaudes, pains beurrés et viennoiseries et aller à leur rencontre. Ainsi est née la tournée du cœur pour les SDF, un acte « de citoyen qui aide un.e autre citoyen.e ».

Aujourd’hui encore, M’Barka a à cœur d’aider les Manceaux et Mancelles en situation de grande précarité. Sa volonté a entraîné des élans de solidarité, si bien qu’une communauté de bénévoles s’est rassemblée autour de la tournée du cœur pour les SDF sur Facebook.

 

C’est vrai qu’au début, elle avait peur de la réaction des personnes qu’elle rencontrait, notamment par rapport à son port du foulard. Seulement, la volonté de ne pas être étiquetée en tant que « femme musulmane » a été plus forte et l’a fait descendre dans la rue. Ainsi, sa réponse à cette question récurrente est simple : elle agit en tant que citoyenne et souhaite que le regard des autres ne s’arrête pas à son foulard.

 

Son foulard, une force pour encourager les autres femmes musulmanes

 

M’Barka est convaincue que les femmes musulmanes sont bourrées de talent et qu’elles peuvent les mettre au profit d’une société meilleure. Ses actions sont notamment motivées par le désir de véhiculer l’image d’une femme musulmane qui s’investit dans les villes – et in fine – de déconstruire les préjugés à leur encontre. Car ce sont ces mêmes préjugés qui, aux yeux de M’Barka, freinent les femmes musulmanes à initier des actions locales.

 

M'Barka Aboumadane - Jérôme Lourdais - Ouest France

M’Barka Aboumadane – Jérôme Lourdais – Ouest France

 

Briser le cercle vicieux causé par les préjugés racistes

 

Les préjugés sur l’Islam sont tenaces. Mais M’Barka tient bon. Elle a tenu bon face à l’attaque de la mosquée des Sablons survenu après Charlie Hebdo en distribuant des roses blanches dans la rue. Elle a tenu bon lors d’un accrochage avec un membre de la famille d’une victime du Bataclan alors qu’elle s’est présentée à la minute de silence du Mans vêtue d’un foulard bleu-blanc-rouge.

 

L’échange, l’échange, l’échange. C’est la meilleure arme pour déconstruire les préjugés et apaiser les tensions. Par exemple, elle a lancé une invitation publique sur Facebook pour venir parler de religions chez elle, à condition d’avoir une grosse dose de tolérance. Résultat : vingt-cinq personnes, toutes religions confondues se sont retrouvées sous son toit pour apprendre à se connaître !

 

Les préjugés sur les femmes musulmanes voilées sont tout aussi tenaces. Du coup, celles-ci ont l’impression qu’elles ne vont pas être écoutées. Afin d’encourager les femmes musulmanes à sortir de l’ombre, à se montrer, et à oser, M’Barka souhaite créer une association pour rassembler toutes les religions. Car elle le sait : l’union fait la force. Elle attend avec hâte de ne plus être « la référente du Mans en tant que femme voilée », mais qu’il y ait juste « des femmes, libres dans leurs actions, qui s’imposent ».

 

La liberté et l’indépendance : deux notions chères à M’Barka

 

M’Barka est une femme de principes : quand elle a la sensation d’avoir pieds et poings liés et de ne pas pouvoir aller à sa vitesse, elle garde ses objectifs à l’esprit et rebondit ! Par exemple, elle a quitté le bureau de la mosquée d’Allonnes, qui l’avait pourtant sollicitée pour y faire évoluer la position de la femme, une grande première au sein de cette mosquée ! La raison : M’Barka allait trop vite pour le bureau de la mosquée, frileux face aux nombreux projets qu’elle souhaitait initier. Elle a pris le risque de le quitter malgré sa crainte d’être la première… et la dernière femme accédant au bureau.

 

Mais voilà, la soif de liberté de M’Barka est bien plus forte ! Et tant pis pour la mosquée : si ce n’est pas avec eux qu’elle concrétisera ses idées, ce sera autrement ! Après cet épisode, sa conviction reste intacte : les femmes musulmanes peuvent aussi être actives au sein de la société. Il faut juste les motiver et les rassurer. Le fil rouge de ses actions : aider les gens en situation de grande précarité. Et elle ne s’en éloignera pas. M’Barka veut avant tout faire des choses qu’elle aime, en toute indépendance. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Un repas pour tous et la tournée du cœur pour les SDF ne préfèrent recevoir aucune subvention financière de la ville du Mans.

 

Qui l’aime la suive !

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Diffuse la bonne parole

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