Top 8 des perles sexistes / islamophobes / racistes du mois d’octobre

par | 15/11/17 | (Dé)construction

Les femmes – musulmanes ou non – semblent être, bien malgré elles, un des sujets de discussion préférés de nos personnages publics français. Chaque mois, retrouvez le top des perles sexistes et/ou islamophobes du mois précédent !
Octobre a été à la hauteur de nos attentes. Avec le succès des hashtags #Metoo et #BalanceTonPorc et surtout la réaction des dits porcs, nous avons eu notre lot de sexisme puissance 1000 pour l’année, je dirais. Malheureusement, ce n’est sûrement que le début…

 

Dimanche 1er octobre : D’après Dossier Tabou, le harcèlement sexuel… c’est la faute de l’Islam.

Selon le chroniqueur de l’émission Dossier Tabou, diffusée sur M6, l’une des causes du harcèlement de rue serait l’Islam. On se demande franchement le rapport car le comportement et les paroles des hommes que l’on voit dans le reportage n’ont strictement rien à voir avec l’Islam.

En aucun cas la religion ne cautionne ce genre de comportement. L’émission fait également un rapprochement douteux avec les agressions qui se sont produites à Cologne ou durant les manifestations sur la place Tahrir en 2011 en Egypte. L’Islam prône pourtant le respect, aucun texte sacré ne dira le contraire. Il est si facile d’instrumentaliser une religion pour faire de l’audimat ou pour récupérer des voix électorales… C’est d’ailleurs sur cette vague que surfe une certaine Marine, aidée de temps en temps par des journalistes dont les reportages mettent en cause l’Islam comme explication à tous les maux du monde…

Nous savons pourtant que le harcèlement de rue concerne toutes les femmes, et que les harceleurs sont partout et de toutes les origines ou religions. Jusqu’à preuve du contraire, Denis Baupin, DSK ou encore Weinstein, pour ne citer qu’eux, ne sont pas musulmans. L’historienne Christine Bard, professeure à l’Université d’Angers et auteure de Ce que soulève la jupe, revient avec justesse sur l’émission et défait certains propos tenus dans l’article Harcèlement : « Il n’y a pas eu d’âge d’or des libertés des femmes ». La page féministe qui dénonce le harcèlement de rue, Paye ta Shnek, qui a d’ailleurs refusé de participer à l’émission pour ne pas voir sa parole déformée à des fins racistes et islamophobes prévisibles, a également commenté l’émission sur son fil Twitter. Comme elle l’écrit, « On ne cessera de rappeler que le harcèlement sexiste n’est pas une nouveauté, encore moins un privilège d’hommes musulmans comme cela a été insinué. Les attitudes sexistes sont pratiquées par tous les types d’hommes, que cela arrange vos affaires ou non, c’est un fait. »

 

Mardi 3 octobre : Manuel Valls confond sexisme et « Islam politique ».

Dimanche 1er octobre, Danièle Obono, députée LFI (La France Insoumise), est interviewée sur BFM TV au sujet des lois anti-terroristes mises en place par l’Etat. La journaliste lui demande alors : « Un chauffeur qui refuse de conduire un bus après une femme, est-ce un homme radicalisé ? ».

Danièle Obono a très justement estimé qu’un chauffeur refusant de prendre son service dans un bus sous prétexte qu’une femme l’avait précédé faisait preuve de sexisme et pas nécessairement de radicalisation.

Sur RTL, quelques jours plus tard, Manuel Valls ne s’est pas gêné pour analyser les propos de la députée, lui reprochant de faire « acte de complaisance » et preuve de « complicité avec l’islam politique ».

Voyons Manuel, pas à nous s’il te plaît…

 

 

Mercredi 4 octobre : Pour le footballeur américain Cam Newton, les femmes ne comprennent rien au sport.

 

« C’est drôle d’entendre une femme parler de tracés, c’est marrant !»

Ce propos a été prononcé lors d’une conférence de presse par le footballeur américain Cam Newton, à une journaliste de The Observer, Jourdan Rodrigue, et tout cela avec un large sourire hautain… Cette dernière a préféré répondre sur twitter :

« Je ne pense pas que ce soit « drôle » d’être une femme et de parler de tracés. Je pense que c’est mon travail. J’ai parlé avec lui ensuite et c’était pire. J’ai choisi de ne pas le partager parce que j’ai un vrai boulot à faire et il ne m’en empêchera pas. »

Les propos du quarterback ayant fait scandale, un de ses sponsors, la filiale américaine de Danone, s’est retiré…

Et oui… Qui s’y frotte s’y pique…

 

 

Jeudi 5 octobre : On demande à Christiane Taubira de disserter sur les insultes dont elle a été victime.

 

 » Quand on subit une telle violence, c’est à moi de venir face à cette dame-là, à ce qu’elle dit ? Je vais venir faire de grands développements philosophiques ? Enfin, où sommes-nous ? Elle attaque juste une personne, là ? Elle attaque un pays, des valeurs, une histoire ! Et vous m’interrogez moi ? »

Invitée de l’émission Complément d’Enquête, sur France 2, un journaliste demande à Christiane Taubira de réagir à une vidéo revenant sur les insultes dont elle a été victime au cours des quatre ans qu’elle a passés au ministère de la Justice. On y voit une femme la comparer à un singe. Blessée, l’ancienne ministre décide de mettre fin à l’interview…

Et on la comprend : qui aurait aimé donner de son temps pour revenir sur des insultes effroyables et leur donner du crédit en discutant à leur sujet ? Débattre de la bêtise, c’est comme donner de la confiture aux cochons.

 

Samedi 7 octobre : Anne Nivat, grand reporter, est présentée comme « la femme de Jean-Jacques Bourdin ».

 

Invitée de l’émission Salut les terriens sur C8, Anne Nivat, grand reporter, est venue parler de son livre Dans quelle France on vit. Mais lorsqu’il la présente, Tom Villa, chroniqueur, semble pourtant oublier l’essentiel.

« Il n’a quand même pas dit le principal en ce qui me concerne. C’est que ma fonction, ce n’est pas « être femme de Jean-Jacques Bourdin ». C’est grand reporter. Oui, pour tout le monde, il l’a dit. »

Ce à quoi Laurent Baffie nous rétorque : « Où est le dresseur ? ».

 

 

Non, Monsieur Baffie, Anne Nivat n’est pas une chienne enragée que l’on doit dresser, comme vous le sous-entendez. Elle souhaite juste être présentée à sa juste valeur, et notamment sa valeur professionnelle. La journaliste, au demeurant peu soutenue par les autres invités (exclusivement masculins) autour d’elle, demande donc à ce que la chronique soit refaite. Tom Villa s’exécute et termine sur une dernière remarque très pertinente de Laurent Baffie : « C’est du sexisme. (ironie) ».

Well ! Laurent Baffie (et tous les autres), effectivement vous avez assisté à une scène sexiste où la femme est diminuée au profit de son mari alors que l’objet de la venue du couple est bien de présenter le livre d’Anne Nivat. Oui ! Vous lisez bien ! Une femme écrivaine ! IN-CRO-YA-BLE ! Rappelons-le, le titre de son livre est Dans quelle France on vit. Et bien visiblement dans une France sexiste, comme nous en avons eu la démonstration.

 

Lundi 16 octobre : Bruno Le Maire explique sur France Info qu’il ne dénoncerait pas un homme politique coupable de harcèlement sexuel.

 

« – Connaissez-vous aujourd’hui un homme politique dont on dira dans dix ans : « Nous savions qu’il était un harceleur » ?
– Non.
– Sinon vous le dénonceriez ?
– Non.
– C’est compliqué ?
– C’est compliqué, mais… la dénonciation ne fait pas partie de mon identité politique. »

Premièrement, non, ce n’est pas compliqué de dénoncer une personne qui commet un délit et encore moins si celle-ci est détentrice de l’autorité publique. C’est un devoir.

Deuxièmement, rappelons que vous prononcez ces propos alors que dans le même temps, votre collègue Marlène Schappia prépare une loi sur la pénalisation du harcèlement sexuel.

Troisièmement, quelle que soit votre identité politique, selon l’article 40 du Code pénal, « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République… ».

Bruno Le Maire s’est-il rendu compte de son erreur de com’ ? Toujours est-il qu’il a diffusé un correctif dans une vidéo sur Twitter où il reconnaît : « Je me suis mal exprimé, je le regrette ». Il dit même qu’il veut devenir féministe. Non, pardon ! Là je vais trop loin ! Mais il est prêt à participer à ce combat « avec sincérité et avec cœur ».

 

 

Mardi 17 octobre : Sur Europe 1, Eric Zemmour compare le #BalanceTonPorc à la délation des Juifs·ves durant la Seconde Guerre mondiale.

« Ben moi, vous savez, dès que je vois une meute je me méfie, et là en plus c’est vraiment des méthodes étonnantes, de délation, c’est-à-dire pendant la guerre, on aurait dit de libérer la parole aussi : Dénonce ton Juif, ça aurait été parfait. »

Monsieur Zemmour, ouvrez s’il vous plait le dictionnaire à la page « délation ». Vous y trouverez comme définition : « dénonciation intéressée, méprisable, inspirée par la vengeance, la jalousie ou la cupidité ». #BalanceTonPorc ne correspond pas à cela, ce sont des femmes, des victimes de harcèlement ou d’agression-s sexuelle-s qui témoignent, par esprit de justice. Celles qui parlent aujourd’hui ne sont pas les collabos d’hier mais des victimes, comme l’ont été,  dans une autre mesure, les Juifs·ves durant la Seconde Guerre mondiale.

 

Mercredi 25 octobre : La Une du Parisien sur le harcèlement sexuel des femmes confisque totalement la parole aux concernées.

 

Crédit photo : France Info

 

Messieurs, nous vous remercions énormément de votre engagement contre le harcèlement sexuel que subissent les femmes. Néanmoins, nous sommes les principales concernées par ce phénomène. Il est donc normal que ce soit nous qui portions le message (pour une fois) et qui fassions la Une. Malheureusement (et encore une fois), on nous silencie, on prend la parole à notre place. Qui mieux que nous pour parler et témoigner du harcèlement sexuel ? Surtout pas un homme ! Surtout pas seize hommes !

Il serait bon, la prochaine fois, de nous laisser la Une, nous laisser la place, nous laisser la parole, tout simplement !

 

 

Auteures : Lamia et Hannanas

 

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