#MuslimWomensDay : vos témoignages 2/3

par | 27/03/19 | Nos Voix

A l’occasion du Muslim Women’s Day, la journée internationale des femmes musulmanes de 27 mars, Lallab a lancé un appel à témoignages afin de récolter vos histoires de femmes musulmanes sur vos expériences, sur les discriminations et les violences vécues en relation avec le système éducatif en France.

 

Basma : « Entrer dans le musée dévoilée ou rester dehors voilée et ne pas prendre part à l’exposition »

 
J’étais élève en terminale, déléguée de classe et j’entretenais d’excellentes relations avec le corps administratif de mon lycée. Mais, tout cela a basculé lors d’une sortie au musée. En sortant du lycée sur le chemin de l’exposition, je me suis couverte la tête comme à mon habitude. Mes camarades me savaient voilée et n’y voyaient aucune chose à redire. Cependant, arrivée devant le musée, l’une de mes professeur.e.s encadrant la sortie m’a stoppée net en me posant un ultimatum : entrer dans le musée dévoilée ou rester dehors voilée et ne pas prendre part à l’exposition. Elle invoquait la fameuse loi de 2004. Tout le monde était stupéfait et malgré les interventions calmes et bienveillantes de mon autre professeur et mes camarades, la professeure en question a tenu bon et m’ayant mise au pied du mur, elle a fait entrer le reste de la classe dans le musée. J’ai donc attendu deux heures sur un banc à l’entrée du parc, seule. Nous étions en mars 2012, j’étais encore mineure.

Depuis cet incident, le corps administratif et la hiérarchie de mon lycée ont changé d’attitude à mon égard, le proviseur veillait tous les matins à ce que j’enlève mon voile avant d’entrer au lycée, on a convoqué mes parents (chose impensable au vu de mon dossier scolaire excellent) pour s’assurer que mon voile n’était pas le fruit d’une oppression familiale et surtout, s’assurer que je ne viendrais pas « perturber » le voyage de fin d’année à Chinon. Je n’ai pas pu participer à ce voyage et ce souvenir a malheureusement entaché le précieux souvenir de mes années lycée.
 

« Il se faisait un plaisir d’expliquer à ses élèves ô combien l’islam est « une religion violente et misogyne » »

 
Au Lycée, un de mes professeur.e.s d’histoire avait l’habitude, en cours d’instruction religieuse (catholique), de nous distribuer des fiches sur lesquelles il avait copié-collé des traductions françaises de versets coraniques. Plusieurs fois de suite, j’ai vu qu’il se faisait un plaisir d’expliquer à ses élèves ô combien l’islam est « une religion violente et misogyne ».

En ECJS, il nous avait demandé de débattre sur le sujet suivant : « L’islam est-il soluble dans la démocratie ? ». Après avoir écouté seulement un cinquième de mon intervention, il nous avait expliqué que le Coran « infantilisait voire animalisait les musulman.e.s »; sous-entendu, qu’iels ne seraient « pas capable de vivre dans un système ou iels peuvent choisir par eux/elles-mêmes. »

En tant que bon professeur d’histoire, il légitimait la colonisation de l’Algérie. Après tout, « ils l’avaient bien cherché et on leur a beaucoup apporté, n’est-ce pas ? ». Il te donnait des bonnes notes si tu recrachais tout ça.

J’étais une des seules à réagir. La plupart des élèves, majoritairement blanc.he.s, étaient in love face à lui. À côté, je vomissais.

Mais…qui aurait cru que son comportement allait en partie me pousser vers le Juste, vers la Vérité, qui aurait cru que ses propos allaient en partie me pousser à devenir la personne que je suis aujourd’hui, une femme musulmane, convertie, et fière de son cheminement féministe ? Sorry but not sorry !
 

Wassila : « On m’a interdit l’entrée car voilée quand bien même je n’étais plus étudiante là-bas. »

 
En terminale, j’ai décidé de porter le voile. J’étais dans un lycée privé catholique d’une petite ville. Malgré le fait que le CCIF m’avait garanti que la loi de 2004 ne s’appliquait pas dans une école privée, on m’interdisait de le porter. Je le retirais alors à l’entrée après avoir passé la porte et le remettais le soir avant de sortir dans la rue principale. Il faut savoir que le principal avait une haine viscérale envers moi depuis que je m’étais voilée et ne reculait devant rien pour m’humilier régulièrement. Le dernier jour de ma vie lycéenne, comme d’habitude je remets mon voile en quittant le bâtiment et là la CPE me hurle dessus devant tout le monde car je le remets avant la porte et non pas dans la rue. Je lui dis que j’avais toujours fait comme ça et que ça n’a jamais posé problème. On m’a hurlé dessus devant tout le monde dans la rue. J’étais choquée. Quelques mois plus tard, j’ai voulu retourner au lycée pour saluer mes ancien.ne.s professeur.e.s. On m’a interdit l’entrée car voilée quand bien même je n’étais plus étudiante là-bas.

Quelques mois plus tard, je commence ma vie d’étudiante dans une grande ville dynamique. Je rentre en école de commerce, par précaution j’avais averti l’école du fait que je portais le foulard et on m’avait dit que la loi me l’interdisait et que je devais le retirer. N’étant pas informée, je n’ai pas trop cherché à comprendre donc je l’enlevais le matin et le remettais le soir. Un de mes professeur.e.s en droit le remarque et me dit que je suis dans mon droit de le porter dans l’école car je dépends maintenant du ministère de l’enseignement supérieur et non plus de l’éducation nationale. Je vérifie auprès du CCIF qui me confirme cela. Je décide donc de le porter. Le doyen me voit avec mon voile et décide de me suspendre jusque nouvel ordre, avec consignes à mes professeur.e.s de ne pas m’accepter en cours. Ce même doyen avait contacté mon principal du lycée qui m’a diffamé disant que j’avais voulu faire ma loi et créer des problèmes. Grâce au soutien du CCIF, j’ai pu avoir gain de cause et finir ma licence dans cette école avec mon voile al hamdouLillah.

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