12 conseils pour briller dans un débat avec un.e musulman.e

par | 10/01/17 | (Dé)construction

On m’impose tellement de débats sur l’islam et les musulman.e.s dans ma vie quotidienne que je pourrais même donner des conseils aux débutant.e.s, pour qu’ils suivent la voie de leurs maîtres. Allez, comme je suis sympa, je l’ai vraiment fait.
Attention, je précise pour éviter tout malentendu : je ne dis pas ici que TOUTES les personnes avec qui j’ai des conversations sur l’islam utilisent les points cités. Heureusement, j’ai aussi des échanges enrichissants avec des gens tout-à-fait respectueux ; je parle uniquement d’un certain type de personnes, qui battent des records par ignorance ou mauvaise foi. Je préfère prévenir avant qu’on ne m’accuse de faire des généralités ou que certain.e.s se sentent visé.e.s à tort. 🙂

 

1) Utilisez des termes et des représentations sur les musulman.e.s et les Arabes de manière totalement interchangeable.

 
De toute façon, personne ne sait que 80% des musulman.e.s dans le monde ne sont pas arabes. Donc ça passera crème, comme disent les jeunes. Cela permettra aussi de renvoyer sans cesse vos interlocuteurs.trices à une opposition entre « le pays qui les accueille » et « chez eux », au bled. Et tant pis si « le bled », c’est la Creuse depuis 15 générations.
 

2) Choisissez des données partielles.

 
Par exemple, citez seulement les premiers mots d’un verset. Personne n’ira vérifier que juste après, il est écrit que c’est mieux de pardonner, ou que c’est applicable dans un contexte bien particulier, par exemple uniquement de légitime défense.
 

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Vous pouvez aussi malencontreusement « oublier » les conditions, les restrictions ou le contexte de certaines règles. Par exemple, indignez-vous contre l’impôt spécifique payé par les non-musulman.e.s, les dhimmis, en affirmant qu’il s’agit d’une mesure hautement discriminatoire. Ne précisez pas que les dhimmis ne paient pas la zakat, l’impôt purificateur dont les musulman.e.s doivent s’acquitter, et que cela rétablit donc simplement une certaine équité dans la société.
 

3) Considérez les musulman.e.s comme un bloc monolithique.

 
Enoncez des vérités universelles ne tenant absolument pas compte de la pluralité culturelle, religieuse, ethnique ou sociale des presque 2 milliards de musulman.e.s sur la planète. Parlez également de « la » femme musulmane, parce qu’il n’en existe qu’un seul modèle.
 

4) Citez toujours les mêmes exemples, si possible les plus extrêmes.

 
L’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Afghanistan feront l’affaire. Pas besoin de vous embêter à parler des 46 autres pays à majorité musulmane, comme le Niger, l’Indonésie, l’Albanie, les Maldives, l’Ouzbékistan ou encore la Gambie (de toute façon, vous ne saviez même pas que ce pays existait). La diversité des législations, des réalités sociales et des pratiques religieuses compromettrait votre effet.
 

5) Impressionnez votre auditoire par la qualité de vos sources académiques.

 
Glissez quelques petites affirmations qui démontrent votre connaissance des aspects les plus pointus de l’islam.
 

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Etayez vos arguments par le fait que vous avez voyagé à Marrakech en 1984, travaillé avec 3 Maghrébins (à qui vous avez pu demander chaque année pendant Ramadan : « Mais vous avez le droit de boire quand même, hein ? »), et un peu lu le Coran (en même temps, 600 pages, ça fait long, qui a le temps de lire tout ça ?). Sans compter que vous regardez souvent la télé, et que vous faites confiance aux personnes qui y interviennent. L’islam, c’est pas comme les autres religions. Pas besoin de s’embêter à faire de longues études de théologie.
 

6) Souvenez-vous : vous êtes l’héritier.e des Lumières, le.la défenseur.se de la Raison.

 
Alors oui, bien sûr, votre interlocuteur.trice va essayer de vous faire croire qu’il.elle n’est pas influencé.e, qu’il.elle sait faire preuve d’esprit critique, etc. Mais ne vous y fiez pas. Les mahométans sont embrigadé.e.s dès le plus jeune âge dans un système qui détruit toute capacité intellectuelle. Eclairez-les donc de votre point de vue objectif et raisonné, et révélez-leur leurs vraies motivations et les raisons de leurs « choix ». Commencez par ces pauvres femmes qui prétendent avoir choisi librement de porter le hijab. Employez des expressions comme la « servitude volontaire » pour discréditer toute velléité qu’elles auraient à se dire libres.
 

7) Pour éviter les reproches, critiquez une autre religion.

 
Bon, il se peut que 2-3 personnes pensent que vous êtes légèrement islamophobe. Glissez quelques critiques envers une autre religion, et vous paraîtrez beaucoup plus ouvert.e. Ce n’est pas que vous vous en prenez aux musulman.e.s, c’est juste que vous méprisez les croyant.e.s d’une manière générale, et que vous les trouvez un peu ridicules, avec leurs règles figées et leurs superstitions naïves. Bref, pas de quoi en faire tout un plat. Pas de raison non plus que les musulman.e.s exigent un respect que vous n’accordez de toute façon à personne.
 

8) Ramenez à l’aspect religieux toutes les différences possibles et imaginables.

 
Selon certains hérétiques, une multitude de facteurs pourrait entrer en compte : culture, éducation, traditions, régime politique, milieu rural ou urbain, niveau d’instruction, etc. Mais n’oubliez jamais que le seul élément qui compte, c’est la religion. Seul l’islam explique tout comportement qui serait différent de nos coutumes. Par exemple, si certains hommes empêchent les filles et les femmes d’accéder à l’éducation, ce n’est pas parce que ce sont des hommes ignorants, enfermés dans un système patriarcal et des traditions misogynes, tellement engoncés dans leur sentiment de supériorité qu’ils croient les femmes à leur service et ne peuvent pas imaginer leur laisser la place qui leur revient dans la société. Non, c’est parce qu’ils sont musulmans. Avouez qu’on vous facilite un peu les choses, non ? Merci qui ?
 
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Autre exemple : si un homme commet un massacre, ne perdez pas trop de temps à analyser ses opinions politiques, son casier judiciaire, et encore moins sa santé mentale. S’il a un nom arabe ou un peu de barbe, vous avez votre explication : il le fait au nom de l’islam.
 

9) Citez en permanence les 3 versets du Coran que vous connaissez.

 
La Su-quoi ? Sunna ? Non, connais pas. Apparemment, certain.e.s prétendent que les musulman.e.s fondent leur éthique et leur pratique sur la vie de leur Prophète. Que sa vie était un exemple de miséricorde, de pardon, de générosité, de bonnes manières, blablabla… Mais bof, ce n’est pas vraiment l’image que vous en avez (ça a peut-être un lien avec le fait que vous n’avez jamais lu sa biographie, mais vous ne voulez pas vous laissez embrigader, parce qu’un livre c’est dangereux). Accrochez-vous de toutes vos forces aux 3 versets du Coran que vous avez appris en tapant « islam religion violente » sur Google, et citez-les en permanence (cf. conseil n°2 sur le fait de les tronquer ou de les sortir de leur contexte). Il paraît qu’il y en a environ 6 200 autres, dont beaucoup qui parlent de miséricorde et de pardon, mais vous n’avez pas de temps à perdre, on reste FO-CUS !
 

10) Ne perdez jamais de vue la solidarité extrême qui lie les musulman.e.s entre eux, et les rend responsables des actes de n’importe lequel des leurs.

 
Ceci est valable à la fois dans le temps et l’espace. Quand ils prennent un peu trop la confiance, vous pouvez leur rappeler des épisodes de l’Histoire qui remontent à quelques siècles, ou des faits commis par une personne ou un groupe à des milliers de kilomètres. Ils partagent la même religion, c’est donc bien qu’il y a un lien. Si vous ne le voyez pas, eux sauront très bien de quoi vous parlez.
 

11) N’oubliez jamais à qui vous avez affaire.

 
Le Sarrasin est fourbe, gardez toujours ceci à l’esprit. Il veut voir notre soumission et notre souffrance, et il est prêt à attendre tapi dans l’ombre, après nous avoir amadoué.e.s à coups de gâteaux au miel. Certain.e.s islamo-gauchistes prétendent qu’en étant 1,8 milliards, s’ils étaient vraiment pétris de violence, il ne resterait plus grand-chose du reste du monde…
 
trump
 
… Mais tout ceci fait justement partie de leur vaste plan secret de conquête du monde. En fait, c’est un peu comme les chats qui jouent avec leurs proies au lieu de les achever d’un coup. Sauf que ce ne sont pas de mignons petits chats, mais de méchants musulmans assoiffés de sang, bien sûr.
 

12) Blâmez l’islam pour toutes les fautes des musulmans

 
Le terrorisme est bien la preuve que l’islam est une religion violente. D’ailleurs, les hooligans sont la preuve que les supporters de foot sont tous bêtes, les massacres des Rohingyas en Birmanie montrent que le bouddhisme est une religion violente, et le Ku Klux Klan prouve que le christianisme est digne du Moyen-Âge. Eh oui, parce que tous les chrétiens ne sont pas des partisans du Ku Klux Klan, mais tous les partisans du Ku Klux Klan sont chrétiens, ce n’est quand même pas un hasard ! Ah, il y a des jours où je suis vraiment contente que le monde soit un endroit aussi facile à comprendre…

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