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[Communiqué] Sortons de cet engrenage de violences

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Lallab apporte son immense soutien et ses sincères condoléances à la famille, aux collègues et aux élèves de Samuel Paty, atrocement assassiné.

 

Nous condamnons cet acte affreux dont a été victime cet enseignant et sommes profondément atterrées par un tel niveau de violence et le danger que cela représente pour le vivre-ensemble et pour notre société. Lallab rend également hommage aux enseignant.e.s qui s’investissent quotidiennement pour instruire correctement leurs élèves, qui sont aussi nos enfants, malgré une hiérarchie qui ne les soutient souvent pas assez et des conditions de travail toujours plus dégradées.

 

Dans ce climat douloureux, nous exprimons notre soutien aux musulman.es qui se voient de nouveau mis.e.s à l’écart de la société, obligé.e.s de se justifier pour ce crime horrible.

Nous sommes aujourd’hui en deuil face à ce drame national. En tant que citoyennes, mais également pour un certain nombre d’entre nous en tant que professeures, membres de l’éducation nationale, étudiantes et/ou parents d’élèves. Cependant, car nous sommes des femmes musulmanes, notre recueillement face à ce crime abject nous est retiré de force.

Vendredi dernier, nous intervenions à la Rencontre des Justices, évènement de solidarité et d’organisation inter-collectif. Nous étions invitées pour parler de la marche contre l’islamophobie organisée par le Collectif du 10 novembre en 2019. Nous avons abordé plus largement le problème de l’islamophobie qui ronge notre société depuis des années, de l’importance de s’organiser ensemble, de créer des ponts entre collectifs pour bâtir une société meilleure et juste pour tous et toutes, où la lutte contre les oppressions serait notre objectif commun. S’en est suivie une déferlante d’attaques islamophobes contre nous sur Twitter pour nous silencier et pousser encore plus loin toutes les confusions haineuses. Ces attaques en ligne visent encore et toujours à délégitimer notre travail de lutte contre le sexisme, le racisme et l’islamophobie, pour nous accuser de nourrir la haine et la violence.

Nous dénonçons ces invectives qui nous accusent à tort de complaisance islamiste et nous pointent comme des ennemies. Nous sommes, une fois n’est pas coutume, visées, tel un groupe homogène, par les plus dangereux raccourcis.

Chez Lallab, nous militons contre la violence, pour la justice et le respect des droits fondamentaux de chacun.e. Nous regrettons en cela que l’auteur de ce crime n’ait pu être traduit en justice, comme cela devrait être le cas à chaque fois, dans la mesure du possible, dans un Etat de droit. Dans un pays juste, le meurtre d’un homme entraine le jugement d’un autre, ne serait-ce que pour comprendre ses motivations et recueillir des informations importantes pour éviter qu’un tel crime ne se reproduise. Ce n’est qu’en appliquant des principes de justice forts que nous parviendrons à briser le cercle de la violence. Ces crimes abjects ne doivent plus être instrumentalisés pour discriminer et violenter en retour tou.te.s les musulman.e.s.

Plusieurs acteurs publics profitent de cette situation désastreuse pour faire avancer leurs agendas politiques, visant véritablement à créer le séparatisme qu’ils aiment tant dénoncer, et à détruire la cohésion sociale et la solidarité, dont nous avons tous tellement besoin aujourd’hui.

L’islamophobie, ce traitement injuste à l’égard des personnes de confession musulmane ou perçues comme tel, nous suit, et ses sympathisants détournent malicieusement une heure noire de notre pays, pour chercher à nous détruire. Ces discours ont des conséquences directes sur les vies, les quotidiens, les conditions sociales des citoyen.ne.s français.e.s de confession musulmane. Ici ou ailleurs, l’islamophobie s’amplifie et terrorise les musulman.e.s. Dimanche, ce sont ainsi deux femmes musulmanes, l’une portant le voile, qui ont été violemment agressées sur le Champ-de-Mars à Paris, apparemment dans l’indifférence médiatique et politique générale. Telles sont les conséquences désastreuses d’une politique qui jette en pâture les musulman.e.s et cultive la haine à leur encontre.

L’insécurité pèse lourdement sur toute personne mais aussi sur tout collectif qui s’engage dans la lutte pour la dignité et la justice.

Les musulman.e.s sont une fois de plus coincé.e.s par cette injonction paradoxale : sommé.e.s de condamner la barbarie, mais la moindre apparition pour s’exprimer contre le fanatisme, et les voici conspué.e.s, accusé.e.s de “double discours” et condamné.e.s d’avance. Myriam Pougetoux était sous la pluie des invectives, alors qu’elle venait pleurer le mort et dénoncer la barbarie, tandis que Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF était ciblée par des insultes lors de sa prise de parole pendant le rassemblement en mémoire de Samuel Paty à Paris, dimanche dernier.

Nous soutenons et soutiendrons sans relâche la présidente et la vice-présidente de l’UNEF.

Nous soutenons l’Observatoire de la Laïcité reconnu pour son travail sur le terrain et son rapporteur Nicolas Cadène dont le poste est menacé car il œuvre pour une société respectueuse de chacun.e du principe de laïcité, contre son instrumentalisation et son utilisation à des fins racistes. Nous lui envoyons tout notre soutien.

Nous exprimons également tout notre soutien au CCIF, menacé de dissolution par le gouvernement, alors qu’il apporte une aide juridique de taille aux personnes victimes de l’islamophobie, en particulier aux femmes musulmanes qui sont en première ligne des nombreuses agressions islamophobes – 70% des agressions islamophobes en France visent des femmes selon leur dernier rapport.

Au niveau européen, le collectif contre l’Islamophobie est un acteur majeur de la lutte contre les discriminations et dans la reconnaissance de l’islamophobie comme discrimination spécifique qui touche les musulman.e.s. Son engagement pour la justice représente un apport considérable dans la lutte pour le respect des droits fondamentaux. Dissoudre un tel collectif serait un danger sans précédent pour les droits humains et la preuve irréfutable que le droit à la défense et l’accès à la justice seraient niés aux personnes musulmanes.
Vers quelle société tendons-nous ? Celle où les droits de milliers de français.es de confession musulmane seraient inexistants, bafoués et piétinés ?

Nous sommes fatiguées et épuisées. Nous dénonçons cette chasse aux musulman.e.s, cette atteinte à nos droits, à la méfiance organisée envers nos luttes, nos engagements contre l’injustice.

Nous envoyons de nouveau nos profondes pensées à la famille et aux proches de Samuel Paty, à ses élèves et ses collègues, au corps enseignant dans son ensemble, aux musulman.e.s inquiété.e.s et fragilisé.e.s par cette atmosphère asphyxiante. Nous sommes de tout cœur avec vous et nous ne lâcherons rien face à cette destruction organisée.

Contre et en dépit des violences, nous resterons uni.e.s et solidaires, avec force et dignité !

Crédit image à la une : Elodie Sempere pour Lallab
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[Communiqué] Agression sexiste et islamophobe au Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté : notre soutien aux victimes est total

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Ces derniers jours ont été extrêmement douloureux pour nous, membres de Lallab.
Nous avons assisté, atterrées, abattues et horrifiées, à l’épisode tragique de cette mère, qui porte le voile, et qui s’est retrouvée prise à partie et agressée par un élu du Rassemblement National (RN) au sein du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté où elle accompagnait la classe de son fils lors d’une sortie scolaire. Nous avons vu ces images d’un petit garçon qui a fondu en larmes dans les bras de sa maman, traumatisé et touché par les violences qui la visaient.

Avant toute chose, nous apportons tout notre soutien à cette mère, à son fils et à leur famille. Vous avez tout notre amour ! Nous sommes terriblement admiratives de sa force et de la tendresse avec laquelle elle a protégé son fils alors qu’elle était victime d’attaques si violentes. Nous sommes solidaires, unies et nous n’oublions pas !

Nous sommes également reconnaissantes de voir que nous, femmes musulmanes, continuons de participer bénévolement aux sorties scolaires. C’est grâce à la dévotion de ces mères que tous les enfants peuvent profiter de sorties. Et ce malgré les violences et les humiliations que nous vivons au quotidien et qui ont des conséquences lourdes sur nos vies, sur nos corps et nos santés mentales, ainsi que sur celles de nos familles et de nos enfants.

Si – une fois n’est pas coutume – des élus et la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations Marlène Schiappa ont témoigné leur soutien à l’égard de cette mère de famille agressée, nous ne sommes pas dupes. Nous avons vraiment le sentiment que cette condamnation a été faite uniquement parce que l’agresseur était d’extrême droite.

Car où se trouvaient ces élu.e.s de gauche comme de droite pour dénoncer le projet de lois de ségrégation visant à exclure les mères voilées du milieu scolaire ? Où se trouvaient ces élu.e.s lorsque des partis politiques (comme la France Insoumise) débattent encore du droit ou non d’être islamophobe ? Où se trouvaient ces élu.e.s lors de la retransmission irresponsable des discours de haine d’Eric Zemmour qui appelle à la guerre civile contre les musulman.e.s, sur une chaîne d’info continue (Cnews) ? Où se trouvaient ces élu.e.s pour dénoncer les mensonges islamophobes de Blanquer sur la déscolarisation des petites filles ? Où se trouvent ces élu.e.s, aujourd’hui, pour dénoncer l’incitation à la délation des enfants supposé.e.s musulman.e.s qui refusent de tenir la main à leur camarade du sexe opposé ? Où se trouvent ces élu.e.s, qui demandent aux universités de dénoncer leurs étudiant.e.s musulman.e.s ? Où sont-ils enfin quand le Ministre de l’intérieur Christophe Castaner appelle à la délation contre l’ensemble des musulmans pratiquants sous prétexte de lutte contre la radicalisation et le terrorisme, entretenant un amalgame lourd de conséquences pour ses citoyen.ne.s ?

Nous ne sommes donc pas crédules face aux politiques qui dénoncent à demi-mots le Rassemblement National (RN) mais qui oublient soudainement qu’ils ont eux-mêmes alimenté cette ligne de pensée islamophobe et participé au harcèlement médiatique et politique des femmes musulmanes qui portent le voile. Et ne nous y trompons pas, si cet évènement a été médiatisé, combien de mères vivent dans l’ombre cette même humiliation alimentée par un discours islamophobe ambiant ?

Cet énième épisode raciste et sexiste qui vise les femmes musulmanes nous effraie terriblement et pose de réelles questions sur l’avenir de ce pays ! Vers quelle société avançons-nous ? Celle où des enfants sont les témoins impuissants d’une humiliation qui vise leurs parents ? Celle où le moindre soupçon à leurs égards les fragilisera et les rabaissera ? Celle où ils auront toujours le sentiment d’être rejeté.e.s pour ce qu’ils et elles sont ?

A Lallab, nous dénonçons l’acharnement sexiste, raciste et islamophobe de la classe politique qui, avec la complicité des médias, contribue à banaliser un discours xénophobe visant les musulman·e·s. Nous ne voulons pas d’une société de vigilance qui n’est rien d’autre qu’une incitation à la délation raciale. Les « petits riens qui deviennent des grandes tragédies », comme le dit Macron, semblent surtout acter d’une « traque aux musulman·e·s » en les faisant passer pour des terroristes, et ce pour n’importe quel détail lié à leur pratique religieuse, lequel sera automatiquement jugé suspect.

Port de la barbe, pratique exacerbée lors du ramadan, refus de faire la bise, présence de la tabâa sur le front, refus de tenir la main à une fille à l’école, autant d’éléments plus invraisemblables les uns que les autres mais qui seraient des signes de radicalisation pour nos politiques. Ces discours alimentent une paranoïa collective sur les musulman·e·s et témoignent avant tout de l’ignorance abyssale de notre gouvernement sur les questions de lutte contre le terrorisme et la radicalisation. Aujourd’hui, des innocent.e.s paient déjà le lourd tribut de cette politique de la délation : discrimination à l’embauche, licenciements, mises au placard, discriminations à l’éducation, à l’accès aux loisirs, voire pire, agressions, et tentatives de meurtre.

Ce climat de surveillance stigmatise une partie de notre population, une fois de plus érigée en bouc-émissaire, et se développe à une vitesse inattendue. Nous voyons en France mais aussi à l’étranger les conséquences d’une islamophobie exacerbée : un million de musulman.e.s interné.e.s dans des camps de concentration pour Ouïghour.e.s en Chine, le muslim ban aux États Unis, le génocide des Rohingyas en Birmanie, la perte de nationalité des musulman.e.s en Inde, la persécution des musulman.e.s en Centrafrique, en Ouzbékistan, l’attentat islamophobe en Nouvelle-Zélande… La montée du terrorisme d’extrême droite islamophobe nous montrent que ce climat délétère a des conséquences dramatiques, qui nous terrifient.

Nous demandons aujourd’hui que des mesures fortes soient prises par les politiques et la justice contre l’islamophobie en France. Nous leur demandons de condamner l’agression que cette mère et son fils ont vécue et de sanctionner Julien Odoul, qui a enfreint les règles et créé un trouble à l’ordre public. Nous en appelons aussi à la responsabilité des médias, qui participent à nourrir ce climat de terreur. Nous leur demandons de ne pas donner de tribune à des multi-récidivistes de la haine raciale, de ne pas alimenter le racisme et le sexisme à l’endroit des musulman·e·s et d’assumer le rôle qu’ils entretiennent dans le développement de ce climat nauséabond.
 
Les Lallas
 
 

Crédit photo : CCIF

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Marwa El-Yamni, “militante de force” suite au meurtre de son frère Wissam par des policiers

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Membre du comité Justice Vérité pour Wissam, Marwa lutte constamment afin de rendre justice à son frère Wissam El-Yamni, tué en 2012 par des policiers lors d’une arrestation. Elle nous explique à quel point cet événement a bouleversé sa vie et celle de sa famille, nous encourageant ainsi à soutenir toutes les victimes de violences policières.

 

La mort de son frère comme déclic militant

 

Marwa se définit comme une “militante de force”. Auparavant, elle n’était pas vraiment engagée politiquement. “Je ne pensais pas que cela puisse arriver, c’est seulement le jour où ça t’arrive que tu ouvres les yeux sur beaucoup de choses”. De plus, Marwa pense que le fait de venir d’une petite ville rend ce triste événement encore plus choquant qu’à “Paris ou dans d’autres grandes villes, comme Lyon ou Marseille. On n’a jamais vécu ça”. Ayant passé ses vacances d’été au Maroc, le pays natal de ses parents, elle insiste sur le besoin de se déconnecter. “C’est essentiel, sinon, tu pètes un plomb”. Jonglant entre son emploi et le fait d’être mère de deux enfants, Marwa est également une membre importante du comité Justice Vérité pour Wissam. Ce dernier a tout de suite été créé après le décès de son frère alors âgé de 30 ans. Ce collectif est formé par plusieurs membres de la famille de Wissam, à l’instar de son frère Farid, mais également par des ami·e·s de la victime, de plusieurs militant·e·s et d’autres “personnes mécontentes”, comme les définit Marwa. “C’est important de se battre pour soi et en même temps de s’allier aux autres comités contre les violences policières”, explique-t-elle, prenant d’ailleurs l’exemple de son frère Farid, en contact avec plusieurs militant·e·s à Paris. La soeur de Wissam affirme aussi qu’il est très important que les familles luttent au sein des comités, en raison de leur accès aux informations judiciaires. Elle évoque également l’importance des familles soudées lors de ces combats. “Même si nous ne sommes pas forcément d’accord, il faut rester uni·e·s, parce que c’est cette stabilité qui permet de survivre, de ne pas faire n’importe quoi”. Selon le comité, Wissam a été battu à mort lors d’une arrestation. Tombé dans le coma, il est emmené à l’hôpital où il est resté durant 24h sans que sa famille n’en soit informée. “Un infirmier nous a conseillé de prendre des photos, affirmant que c’était très bizarre, puisque selon la version policière, mon frère est décédé en raison de problèmes de santé, alors que plusieurs traces montraient qu’il était roué de coups”. Plusieurs photos ont disparu, d’autres ont été antidatées, des vêtements ont également disparu. Wissam a par exemple été retrouvé sans ceinture, le pantalon au niveau de ses chevilles.

 

La nécessité de soutenir les familles des victimes de violences policières

 

Vêtements représentant Wissam. Crédit : Comité Justice Vérité pour Wissam

 

Afin de rendre justice à Wissam, il est possible de soutenir le collectif de plusieurs façons. Tout d’abord, Marwa insiste sur l’importance de notre présence en manifestation. “J’ai rencontré des gens formidables qui nous ont beaucoup aidé·e·s au sein du comité”. La militante explique qu’il n’est pas possible de se montrer constamment disponible dans la lutte mais que les “portes demeurent ouvertes, même pour quelque temps”. Elle est ravie de voir qu’il existe une réelle diversité de profils au sein du collectif. Elle incite cependant tout le monde à s’engager concernant les violences policières, notamment les non-Blanc·he·s. “Je me bats pour notre avenir, mes enfants ne sont pas blanc·he·s, iels sont bronzé·e·s, mon frère ne reviendra pas mais il est nécessaire de se battre pour nos descendant·e·s”. Marwa comprend néanmoins que de nombreuses personnes aient peur, bien qu’elle regrette le fait que cela paralyse le mouvement. “Nous savons que nous avons du soutien, y compris celui du consulat du Maroc, nous avons un réseau qui fonctionne”. Ainsi, Marwa rappelle que malgré plusieurs menaces visant des membres du comité et leurs proches, entraînant parfois des arrestations, voire des emprisonnements, il est essentiel de soutenir les familles des victimes. “Les petites aides sont très importantes, nous n’avons pas uniquement des soucis, nos actions peuvent bien se passer donc c’est important de se mobiliser, d’être là pour les familles et de ne jamais oublier les prénoms des victimes”. Les dons sont également essentiels. “On ne vit que de ça”, affirme-t-elle, “nous sommes souvent obligé·e·s de payer par nous-mêmes, notamment les frais de justice”. Nous pouvons également porter des vêtements à l’effigie de Wissam. “Cela nous revient généralement plus cher, on ne se fait pas de l’argent avec ça, mais ça permet de donner une image à la cause, avec le logo, on sait direct qui tu es en manifestation”. Depuis 2018, le collectif organise également une fois par an le Challenge Wissam, à Clermont-Ferrand. Il s’agit de passer un bon moment en jouant au futsal, tout en aidant financièrement le comité et en se souvenant de Wissam, dont la photo est présente lors de l’événement. “On essaye de lier la cause à la culture, pour montrer une autre image du collectif, notamment aux jeunes, pour ne pas être constamment dans la colère”. Le comité agit ainsi surtout à Clermont-Ferrand, mais également à Paris et à Lyon.

 

Les proches des victimes, hanté·e·s par ce traumatisme

 

Rassemblement en hommage à Wissam. Crédit : World Around Me

 

La militante se confie aussi sur le désespoir souvent ressenti par les proches des victimes. “Parfois, j’ai envie de lâcher les bras, mais quand je vois mes enfants, tous les jours, je me dis qu’il faut qu’on se réveille, notamment les musulman·e·s qui sont de plus en plus attaqué·e·s”. Son père est “dans le déni et la tristesse” tandis que “sa mère est en colère, elle regrette d’avoir la nationalité française, considérant que la France a tué son fils, ce qui l’amène à souhaiter finir sa vie dans son pays natal”. Marwa affirme que le deuil n’a pas encore pu avoir lieu. “On ne sait pas tout ce que mon frère a vécu donc forcément, la nuit, avant de dormir, on s’imagine des choses terribles”. De plus, Marwa était enceinte lorsque Wissam est décédé. Elle a accouché un mois suite à cette perte. “Avec les contractions, c’était très compliqué. Des problèmes avec ma thyroïde se sont aussi déclenchés, on ne guérit pas de ça, on devient des monstres judiciaires”, dévoile-t-elle. “Des émeutes ont eu lieu, ce qui a empêché l’oubli de cette affaire. Il s’agit d’une arrestation qui a mal tourné et deux personnes doivent être jugées pour cela”. Marwa regrette cependant le fait que la justice ne soit pas indépendante. “La justice travaille avec la police, notre juge ne veut pas entendre les témoins du commissariat, alors que les membres du comité les ont entendus. Notre affaire est très sensible et la juge n’est pas à la hauteur de sa fonction, cherchant à mon avis à plaire aux injustes en faisant obstacle à la manifestation de la vérité”. La militante évoque également la violence de certains propos, visant à diaboliser les victimes des violences policières. “On les présente systématiquement comme des délinquants ou des mauvais garçons. Ma mère l’a très mal vécu. S’il avait vraiment commis une connerie, on aurait pu l’arrêter, mais le tuer n’est en aucun cas justifiable”. Face à toute cette douleur, Marwa tente de s’évader. “Certaines personnes trouvent du réconfort auprès des psychologues, pour moi, c’est la gymnastique”. En tant qu’éducatrice sportive, la militante affirme “tout oublier” lorsqu’elle est “dans cette salle”.

 

Il est donc possible de soutenir la famille El-Yamni en suivant leurs actions sur les réseaux sociaux et sur leur site, en se mobilisant lors de leurs prochaines manifestations, mais également en achetant leurs produits en contactant le collectif sur les réseaux sociaux. En attendant, pas de justice, pas de paix.

 

 

 

Image à la une: Rassemblement en hommage à Wissam. Crédit : World Around Me

 

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[Communiqué] « Nos réalités comptent, mais qui en parle aujourd’hui ? Qui ça intéresse ? »

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La porte-parole de Lallab Laura Cha est intervenue lors de l’Université d’été du féminisme, organisée les 13 et 14 septembre derniers. Son intervention s’est déroulée dans un cadre hostile et a fini sous les huées et les insultes. Laura a souhaité s’exprimer ici pour raconter exactement ce qu’il s’est passé et dire ce qu’on l’a empêché de dire lors de cet événement.

 
Premièrement : un immense immense merci pour tous vos messages de soutien. Vous ne savez pas à quel point ça me touche !

Aujourd’hui je suis intervenue à l’Université d’été du féminisme organisée par Marlène Schiappa en tant que porte-parole de Lallab. Si l’événement était en soi hautement critiquable, nous avons décidé de ne pas laisser ce débat à d’autres et de porter nos voix même dans cet espace qui risquait de nous être hostile (cf notre communiqué).

Le thème initial de notre intervention : peut-on être voilée et féministe ? (Nous avons demandé à le modifier)
Voilà. Nous qui travaillons toute l’année en organisant des actions concrètes et diverses contre les violences que les femmes musulmanes subissent au quotidien, nous voici encore cantonnées à ce genre d’interrogation.
En face de nous: le Printemps républicain, aucunement légitime à intervenir sur ce sujet ni à se prétendre féministe alors même qu’ils continuent à harceler des militantes féministes et antiracistes sur les réseaux sociaux – j’en profite pour adresser un soutien immense à la merveilleuse Rokhaya Diallo.

Ce qu’il s’est passé : nous avons été huées par la salle, invectivées et insultées – « cassez vous », « connasse », « c’est qui cette gamine » etc. Le format de mon intervention n’a pas été respecté, ni mon temps de réponse puisque j’étais sans cesse interrompue. Cela a été très violent pour nous toutes.

Notre message était pourtant clair : voulons-nous d’un féminisme qui exclut, qui invisibilise et qui juge des femmes, ou admettons-nous qu’un féminisme qui n’est pas pleinement inclusif ne pourra jamais avancer ?

Alors voilà, aujourd’hui, à une université du féminisme organisée par le gouvernement, on insulte des femmes. Alors que durant les autres interventions, toute la salle applaudissait aux appels à la sororité, à l’union, au respect des choix et des identités de chacune, il semble que ces idéaux ne peuvent compter pour certaines catégories de femmes.

Je tiens aussi à souligner le manque total de représentativité : il n’y avait que très peu de femmes racisées parmi les intervenantes et le public. Un entre-soi encore trop marqué et qui a exprimé très clairement son agressivité face à nos voix.

Il me semblait important de rappeler que le message que nous voulions faire passer était une remise en cause de ce féminisme qui ne nous considère pas. De dire, et j’en suis d’autant plus certaine maintenant, que les féministes ont une responsabilité dans les violences qui touchent les femmes musulmanes quand elles ne condamnent pas les discours essentialisants et stigmatisants qui nous touchent, en remettant en cause nos voix et en invisibilisant nos réalités.
Nous voulions parler de toutes ces femmes mises de côté, qui ne seront jamais invitées et qui pourtant vivent avec violence le sexisme et le racisme dans toutes les sphères de leur vie. Celles à qui on refuse le marché de l’emploi, celles à qui on bloque l’accès aux loisirs, à l’éducation, celles qui se font harceler et violenter dans la rue, au travail, sur internet…
Nos réalités comptent, mais qui en parle aujourd’hui ? Qui ça intéresse ?

Des messages aussi simples et évidents, il n’a pas été possible de les exprimer aujourd’hui lors d’un grand rassemblement féministe.
Il est grand temps que toutes les alliées prennent également leur part de responsabilité dans ce grave constat.

J’avais envie de m’exprimer sur tout cela, et dire fermement qu’on ne lâchera rien, qu’on continuera à être là où on ne nous attend pas pour récupérer la parole qu’on nous a trop confisquée.

Plein d’amour et d’espoir 💕

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