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Mon Art et Moi

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Je m’appelle Margot. 25 ans. Franco-algérienne. Artiste. Musulmane. Et depuis peu, maman.

Et c’est aujourd’hui en souriant que je vous énonce tout cela, car il y a encore quelques mois, il m’aurait été tout-à-fait impossible de me présenter ainsi sans complexe.

J’ai longtemps cherché à m’identifier à quelque chose de précis, mais à chaque fois que je pensais m’épanouir soit en tant que femme, soit en tant qu’artiste, soit en tant que femme racisée musulmane, j’avais la sensation qu’à un moment donné, je devais faire un choix.

Non, je ne pouvais décidément pas être tout cela en même temps.

C’est le fait d’être danseuse et musulmane qui a généré en moi les interrogations les plus profondes, sources d’une véritable quête identitaire. Comment aimer si fort mon art tout en demeurant à l’aise avec ma foi ? Autour de moi, on me laissait souvent entendre que ce n’était pas possible. Ou bien, qu’il faudrait alors que je vive ma foi dans la plus grande discrétion.

Lorsque j’ai voulu porter le foulard, tout s’est trouvé chamboulé : comment pouvais-je continuer de danser ?

J’avais peur. Peur de me sentir jugée, pas et plus à ma place, décalée.

 

Cette contradiction apparente me rendait tellement malheureuse ! Passionnée depuis mon plus jeune âge, la danse a toujours constitué mon meilleur moyen d’expression, une manière de m’épanouir, de me révolter, mais aussi de donner. Danser, c’est ce que j’ai toujours fait, et c’est ce que je sais faire de mieux.

Les mois ont passé…

J’ai peu à peu cessé de participer aux événements auxquels j’avais l’habitude de me produire. J’ai essayé autre chose. C’est d’ailleurs à cette période-là que j’ai rencontré la boxe, qui m’a permis d’évacuer mon profond malaise.

Mais comme rien n’arrive par hasard, je me suis rendue un soir à une performance co-organisée par Lallab, dont je suivais jusqu’alors les activités de loin. L’invitée, l’artiste états-unienne Amira Sackett, parle de sa relation avec la culture hip-hop et l’islam. Quel évènement… et quelle femme ! Des larmes de joie roulent sur mes joues. Les paroles et la vision d’Amira font naître chez moi un bonheur immense.

VOILÀ ! Voilà à qui je m’identifie : une femme, racisée, musulmane et artiste, qui s’accomplit avec tant de confiance en elle.

 

J’ai aujourd’hui une vision de mon art totalement différente de celle que j’avais il y a seulement quelques mois. Cette évolution heureuse doit beaucoup aux longues discussions avec mon partenaire de vie — qui lui aussi est artiste —, mais également à Lallab, qui m’aide à m’assumer au quotidien et à m’épanouir pleinement dans ce que j’aime.

Et puis, j’ai ouvert un nouveau chapitre de ma vie… la maternité. Sensation indescriptible. Vivre pour deux, puis pour trois. Vivre à demi-mesure, puis vivre pleinement. Avoir le cœur chaque jour empli d’amour, et se trouver une nouvelle motivation, inébranlable. Tout est alors remis en question. Et aux côtés de cet amour inconditionnel, de nouvelles craintes se font jour.

J’ai décidé d’en faire une force et un combat.

Le jugement permanent, les expériences terribles vécues dès l’instant où l’on sort de chez nous, sur notre lieu de travail comme partout ailleurs… J’ai décidé de me battre contre ces violences et de les dénoncer, pour que le monde de demain, si Dieu le veut, soit un peu plus paisible pour mon fils. Je veux lui transmettre le savoir comme arme, et l’éduquer à se défendre, lui et ses sœurs.

 

J’aimerais que la société de demain ne stigmatise plus quiconque, j’aimerais que mon fils et ma fille puissent aller à l’école et marcher dans la rue la tête haute, sans peur ni gêne, j’aimerais les accompagner lors de leurs sorties scolaires sans que l’on me dévisage voire que l’on m’interdise de le faire parce que je porte un foulard sur la tête.

J’aimerais apprendre à mes enfants qu’être musulman·e ne constitue pas un handicap, et qu’il faut être fièr·e d’écrire son nom ou de mettre sa photo sur un C.V.

J’aimerais qu’elles et ils se sentent à leur place et qu’on ne les juge pas sur leur couleur de peau.

J’aimerais qu’elles et ils s’accomplissent et réussissent dans un monde sans barrière, qui laisse autant de chances à mon fils Aïssayero Gassama qu’à Charles Edouard.

 

Je tiens à remercier Lallab pour son soutien et sa bienveillance quotidiens, qui me permettent de me construire, de m’assumer et de me donner confiance dans tout ce que j’entreprends. Merci également à mon bras droit, l’amour de ma vie, sans qui je ne serais certainement pas là aujourd’hui. Merci à mes sœurs qui m’encouragent et me motivent  ; vous êtes des femmes tellement fortes et tellement inspirantes. À Ally qui brille dans mon cœur chaque jour que Dieu m’accorde. Et bien sûr, à mon fils qui m’enseigne de grandes choses sur la vie, et m’aide à me connaitre moi-même.

 

Article écrit par Margot à l’occasion du festival féministe Lallab Birthday #2 qui, à l’occasion des deux ans de Lallab, célébrait les héritières le 6 mai dernier, à l’Institut du monde arabe.

Crédit photo image à la une : Magalimei

 

Retrouvez également le témoignage de Dieynaba !

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Diffuse la bonne parole

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La femme que je n’aurais jamais cru devenir

[vc_row][vc_column width= »2/3″][vc_column_text]Retrouvez le témoignage de Dieynaba, l’une de nos incroyables Lallas, lors de notre Festival Féministe Lallab Birthday #2 à l’Institut du Monde Arabe.

Au commencement, était une petite fille noire.

Si elle devait résumer son enfance en quelques lignes, elle dirait :

L’amitié, c’était ses amies d’origines maghrébines et turques auxquelles elle s’identifiait.

Les voyages, c’était son pays d’origine, le Sénégal, qu’elle rejetait.

L’amour, c’était le couple formé par son frère et une femme blanche qu’elle admirait.

La danse, c’était sa passion qu’elle pratiquait avec les moyens qu’elle avait.

La religion, c’était le ramadan qu’elle respectait et la fête avec les sien·nes qu’elle célébrait.

 

Une période où sa couleur de peau détonnait, étonnait face au climat blanc général

Une période où ses origines étaient secondaires face à celles et ceux de son entourage amical

Une période où son pays d’origine ne suscitait pour elle aucune forme d’attraction, de désir

Une période où son métissage souhaité avec un homme blanc symbolisait l’avenir

Une période où sa pratique de la danse et de la religion n’avaient rien d’immoral

Monument de la Renaissance Africaine Dakar (Sénégal)

 

Aujourd’hui, cette petite fille a grandi, changé son regard sur bien des points

SA COULEUR DE PEAU, elle l’a acceptée

SA CULTURE, SES ORIGINES, elle se les est réappropriées

SON VOYAGE, elle l’a réalisé, en solitaire, pendant son ROAD TRIP africain, au cours duquel elle s’est rendue AU SENEGAL, son pays d’origine tant rejeté et dénigré, où elle rêve désormais de se rendre à nouveau et de s’installer

SON AMOUR, elle l’a trouvé au Sénégal, à Dakar, au pied du Monument de la Renaissance Africaine : un homme bien différent de la figure de l’homme blanc idéalisée et rêvée, car gage de réussite sociale ; idée soutenue par ce slogan «  Le métissage est l’avenir »

SA PRATIQUE DE LA DANSE ET DE LA RELIGION, elle l’a enrichi au fil des rencontres, des échanges, des performances dansées où elle a gagné en confiance et en assurance, convaincue que la religion et la danse peuvent s’exprimer dans un même corps

 

Elle reconnaît, elle sait que

SON CHEMINEMENT IDENTITAIRE, elle le doit à ses rencontres avec des femmes noires modernes, inspirantes, fières ; rompant avec l’image habituelle de la femme noire véhiculée par les médias. (ROKHAYA DIALLO, NICHOLLE KHOBI, AMANDINE GAY…etc.)

Elle reconnaît, elle sait que

SON CHEMINEMENT CULTUREL, elle le doit à ses amies, des femmes inspirantes, voyageuses ; l’encourageant à franchir le cap du voyage en solitaire, si bénéfique pour renouer avec sa culture et ses origines et s’affranchir de la tradition culturelle et familiale

Elle reconnaît, elle sait que

SON CHEMINEMENT SPIRITUEL, elle le doit à des femmes de sciences ; élevant sa connaissance et sa pratique spirituelle par la découverte du féminisme musulman.

Elle reconnaît, elle sait que

SON CHEMINEMENT ARTISTIQUE, elle le doit à des femmes artistes, bienveillantes, au grand cœur ; l’aidant à accepter son statut de danseuse qu’elle niait par l’absence d’une formation professionnelle suivie en danse

 

Elle reconnaît, elle sait que

Sans LALLAB

Ces rencontres de femmes si inspirantes,

Ces discussions si intéressantes,

Ces nouvelles connaissances si nourrissantes,

Ces nouvelles sources d’intérêt si passionnantes,

Ces transformations identitaires si étonnantes,

n’auraient jamais été possibles

 

 

ALORS, cette petite fille que j’ai été, devenue cette jeune femme qui se tient devant vous, vous dit

« MERCI »

de m’avoir aidé à accepter et à faire cohabiter mes identités multiples :

FEMME, NOIRE, MUSULMANE et DANSEUSE

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Diffuse la bonne parole

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(Dé)construction

Mon expérience en tant qu’alliée non musulmane chez Lallab

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Bien que s’étant donné pour mission de faire entendre les voix plurielles des femmes musulmanes, Lallab est une association areligieuse et ouverte à tou·te·s. Addéli et Marine sont des « alliées » : elles ne sont pas musulmanes et nous livrent aujourd’hui leur expérience chez Lallab, jalonnée de remises en question et de découvertes.

 

Addéli : « Depuis, j’ai repris espoir. »

 
C’est un clic hasardeux sur une collecte de dons pour le Women SenseTour in Muslim countries qui m’a fait croiser pour la première fois le sourire de Sarah Zouak. Son projet m’est immédiatement apparu comme une réponse aux nombreuses confrontations, avec mon entourage ou avec des inconnu·e·s, au sujet du voile et de celles qui le portent. En effet, je clôturais de plus en plus rapidement ces discussions par un constat sans appel : nous étions des Blanc·he·s qui débattions entre Blanc·he·s, et les opinions assommantes que nous portions sur des individus majoritairement racisés jamais rencontrés par « amour du débat » devaient peser bien lourd sur la réalité des personnes concernées. Avec les témoignages que Sarah allait ramener, j’allais pouvoir apporter un support de récits de vies réelles contre ces insupportables ramassis d’avis intellectuels.
 
J’avais commencé de mon côté un projet visant à démanteler les stéréotypes sur les travailleur·se·s du sexe par eux·elles-mêmes, et constatais à quel point un témoignage peut détruire en moins de deux toute une architecture de pensée de fin de soirée. C’était il y a un peu plus de 3 ans, et je peinais tant à trouver un collectif qui ne soit pas plus putophobe qu’islamophobe que j’avais pris la décision de m’installer au Canada. Et puis le Women SenseTour est passé dans ma ville un vendredi soir… et j’ai rencontré Lallab. J’avais face à moi un militantisme ferme aux initiatives bienveillantes. Et pompon du pompon, il était mené par d’adorables personnes, profondes et accessibles. Je me suis dit : « Donc, c’est possible ». Et j’ai décidé de rester en France.
 
Depuis, pas un jour ne se passe sans que Lallab n’y laisse une trace.

Depuis, quand je me retrouve face à un « débat d’opinion », je peux piocher dans le magazine pour diffuser une parole de personne concernée.

Depuis, je communique régulièrement avec des Lallas dont j’ignore si elles portent un foulard, un col Claudine ou les cheveux bleus, mais que je pourrais reconnaître à la manière dont elles placent une virgule.

Depuis, j’ai découvert Asma Lamrabet, Nadia El Bouga, Amandine Gay, Angela Davis, Edward Saïd, Robin Diangelo… et tant d’autres auteur·e·s dont l’école ne m’a rien transmis.

Depuis, j’ai découvert une religion magnifique, robuste et délicate.

Depuis, je ne suis pas plus monothéiste, mais j’ai pris foi en la foi.

Depuis, j’ai compris que l’interprétation par l’Église catholique en France de la pudeur comme honte amputait la digne connotation que lui offre l’Islam, et combien taire ce genre de nuances peut détourner tout un beau concept de son sens premier.

Depuis, j’ai constaté qu’une laïcité, quand elle est galvaudée, détourne par contamination de nombreux principes fondamentaux comme la reconnaissance de la racialisation, du racisme d’Etat, la communauté, le féminisme anti-colonial, la liberté de culte, …

Depuis, j’ai vécu non pas le besoin personnel, mais la nécessité collective de ne pas participer à certaines réunions.

Depuis, j’ai le bonheur de célébrer à travers mes objectifs de caméra, d’appareil photo, de vie, une multitude de visages superbes.

Depuis, je bave sur le programme culturel et culinaire interne de l’association, que mon éloignement géographique ne me permet pas de suivre.

Depuis, j’ai envisagé avec plus de justesse les impacts qu’a sur le quotidien de tant de gen·te·s une loi française ou européenne qui passe entre deux vidéos de chatons sur mon fil d’actualité.

Depuis, je discerne bien mieux les clichés des médias dominants qui ressortent par la bouche de mes proches ou d’inconnu·e·s.

Depuis, je discerne bien mieux les clichés des médias dominants qui ont échappé au filtre de ma raison et qui tentent d’influencer mes repères.

Depuis, j’ai appris à demander dans des situations d’oppressions de quoi les personnes concernées ont besoin, y répondre et m’en tenir à ça.

Depuis, mes faiblesses y ont été dédramatisées, mes forces honorées… mes singularités accueillies, en somme.

Depuis, j’ai appris que la sororité est à l’image de ce qu’était pour moi, enfant, le prisme lunaire de Sailor Moon : une arme lumineuse contre les attaques monstrueuses – qu’elles viennent de cyber-amphibiens de tout bord sur la toile ou des chimères qui nous gouvernent.
 

Crédit : Naoko Takeuchi/PNP, Toei Animation
 

Depuis, j’ai repris espoir.

 
 

Marine : « J’ai révolutionné ma vision des femmes musulmanes et j’ai appris à lutter avec elles. »

 
« Se définir par soi-même, pour soi-même » : je pense que cette citation résume très bien les raisons de mon engagement chez Lallab. Être chez Lallab, c’est lutter pour que chaque femme puisse vivre dans une société dans laquelle tous ses choix seront respectés. Être chez Lallab, c’est ne plus craindre d’être soi-même. C’est apprendre à s’exprimer pour soi-même, par soi-même, sans redouter d’être violentée, discriminée ou encore jugée.
 
Je suis devenue bénévole chez Lallab après avoir rencontré Sarah Zouak lors d’une conférence. Cette femme m’a tout simplement inspirée, du haut de mes seize ans. Il y avait une telle force et un tel courage dans sa voix, que c’était une évidence pour moi de la rejoindre dans son combat, de lui apporter mon soutien en tant qu’alliée. Je me suis engagée dans son association par curiosité, mais aussi et surtout pour déconstruire cette vision incohérente des femmes musulmanes que j’avais en moi. Je suis née dans une famille blanche et de confession catholique, et dans mon entourage, aucun·e de mes ami·e·s n’était de confession musulmane. C’est avec ce manque de rencontres que j’ai grandi – la tête remplie de préjugés et de méfiance, je ne vais pas vous le cacher. Toutefois, lors des débats – sur le voile, par exemple – au sein de ma famille, beaucoup de propos me choquaient. Je les trouvais injustes, mauvais, pleins de généralités, et cela m’a motivée à vouloir rencontrer ces femmes pour connaitre leurs vérités, leurs points de vue.
 
L’association Lallab, qui a pour but de faire entendre les voix des femmes musulmanes dans notre société, répondait à mes attentes. Elle m’a permis d’entendre ces femmes que je n’avais jamais réellement rencontrées auparavant. Dans cette association, nous partons tou·te·s du même constat : on parle toujours des femmes musulmanes sans jamais leur donner la parole. Ma place, en tant qu’alliée, est donc avant tout de laisser les femmes musulmanes s’exprimer, et de les écouter. C’est la première chose que nous faisons en tant qu’allié·e·s chez Lallab. Nous dénonçons cette confiscation de la parole au sein de la société, et il est donc très important de ne pas reproduire ces mêmes schémas au sein de l’association, afin de mettre en lumière la pluralité des femmes musulmanes et de leurs discours. J’ai donc appris à écouter les autres, car lorsque nous menons une lutte et que nous ne sommes pas directement concerné·e·s par celle-ci, il est important de ne pas prendre toute la place. Lutter contre les discriminations, c’est aussi savoir laisser un espace d’expression et d’action aux personnes à qui la société n’en donne pas, c’est savoir rester en retrait, et travailler à ce que ces personnes puissent s’exprimer et agir directement, sans intermédiaire. Mais ce n’est pas pour autant que les allié·e·s n’ont aucun rôle à jouer. On peut tout faire chez Lallab en tant qu’allié·e, en accompagnant les concernées.
 

Illustration du 1er Lallab Birthday, sur le thème de la sororité / Crédit : Samah fait rire pour Lallab
 

Je suis arrivée chez Lallab sans savoir où je mettais les pieds, mais la chaleur, la bienveillance, l’amour qu’il y avait autour de moi m’ont fait me sentir pour la première fois comme si j’étais au bon endroit. Oui, pour la première fois, j’étais entièrement moi-même, sans avoir différents discours à adapter pour me justifier auprès des un·e·s et des autres. En tant que femmes, peu importent nos convictions ou nos cultures, nous désirons toutes être créatrices de notre propre histoire. Pour moi, il est temps de vivre sans avoir à nous justifier de qui l’on est, et de faire taire les préjugés et les discriminations envers des femmes simplement parce qu’elles sont musulmanes. En tant qu’alliée, je suis honorée de faire partie de celles et ceux qui relèvent ces défis pour changer la société et renforcer la cohésion et le lien social pour unir nos forces, plutôt que de les gaspiller dans des débats dépourvus de contenu. Chaque femme mérite de porter haut et fort sa parole et d’être fière de qui elle est.
 
A chaque activité à laquelle je participe, je découvre des personnes débordant d’amour, construisant des projets magnifiques pour la société, et unies par la force et la bienveillance. En rejoignant Lallab, j’ai arrêté de juger, et je me laisse inspirer. Je suis inspirée par la richesse et l’amour qu’il y a en chacune de ces femmes. Les accompagner pour qu’elles fassent entendre leurs voix, laisser la parole aux concernées est ce qui m’inspire le plus. Être leur alliée, c’est apprendre le respect envers chacun·e, c’est écouter et comprendre ; c’est aussi défendre les concernées quand elles ne sont pas présentes, et porter leurs voix auprès de ma famille ou de mes ami·e·s pour les amener à remettre en question leurs préjugés.
 
Je ne suis pas musulmane et je suis honorée de faire partie de l’aventure Lallab. Ici, j’ai révolutionné ma vision des femmes musulmanes, et j’ai appris à lutter avec elles.
 
 

Crédit image à la une : Elodie Sempere pour Lallab

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Mon foulard, j’ai décidé de me réconcilier avec toi

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Trois ans après l’avoir fait entrer dans ma vie, j’écris cette lettre à mon foulard pour signer notre réconciliation, et marquer le début d’un rapport enfin apaisé avec ce qu’il implique dans ma vie.

 

Mon cher foulard,

 

Cela fait quelques jours que j’ai envie de t’écrire. Que j’ai envie de t’ouvrir mon cœur, de te faire part de mes derniers ressentis et de mes réflexions à ton sujet. Mais je n’ai pas tout de suite osé. Peut-être parce que je n’ai pas été très tendre avec toi, ces derniers temps…

Mais voilà, il y a eu cette claque. Cette conversation qui m’a fait prendre conscience que je devais réapprendre à vivre en harmonie avec toi. Après tout, tu fais partie de ma vie. Tu es là tous les jours pour moi, et lorsque j’ai envie de te mettre au placard, pour te troquer contre un simple bonnet qui me permettra de me fondre dans la masse, tu ne bronches pas. Et tu es toujours là le lendemain, te rendant disponible pour moi selon mes envies : noir et souple, rouge et épais, gris et pailleté, bleu et léger…

C’est cette sœur qui m’a dit que ce qui serait terrible, ce serait que quelqu’un dise qu’il nous avait vues, la tête baissée et l’air misérable, et qu’il s’était dit que si c’était ça, être musulman·e, il·elle était bien content·e de ne pas l’être. C’est là que j’ai réalisé que ces derniers temps, je correspondais malgré moi à cette description.

J’ai repensé à cette amie qui m’avait demandé pourquoi je m’accrochais à toi, si tu me rendais la vie si difficile. J’essayais tant bien que mal de lui expliquer que ce n’était pas toi, qui me rendais la vie difficile, mais les personnes qui ne savaient pas t’accepter. Mais au fond, comment pouvait-elle le comprendre, si j’étais incapable de réaliser, et encore moins d’expliquer, tout ce que tu m’apportais ?

Je me revois lui dire que certaines personnes faisaient une obsession de toi, alors qu’au fond, tu n’étais qu’un simple morceau de tissu.

 

Crédit photo : Hazel Nicholls

 

Elle m’avait alors naïvement demandé : « Mais si ce n’est qu’un simple bout de tissu, pourquoi tu t’y accroches autant ? » Eh bien oui, bien sûr que tu es plus qu’un morceau de tissu. C’est seulement que les gens te prêtent des significations aux antipodes de celles que je te donne.

Je me suis souvenu de mon cheminement avec toi. D’abord une réalité lointaine, puis une idée qui m’effleurait l’esprit, qui me paraissait à la fois de plus en plus attrayante et effrayante. Lorsque je te portais maladroitement pour aller à la mosquée, j’étais apaisée par ce sentiment, en tant que jeune femme, de ne plus exister que comme un corps. Mais j’étais aussi effarée par la différence flagrante dans les yeux des gens que je croisais, m’observant crûment, ou au contraire fixant le trottoir pour éviter de croiser mon regard. En l’espace de quelques minutes, je devenais, aux yeux de la société, foncièrement différente.

Deux ans de questionnements et de doutes plus tard, j’ai finalement décidé de surmonter ma peur que ce traitement différent devienne désormais mon quotidien. Je me suis dit qu’il était temps de vivre ma vie comme je l’entendais, d’être en accord avec moi-même et de faire mes propres choix, sans laisser la peur du jugement des autres me brimer.

On ne va pas se mentir, j’ai perdu quelques plumes au passage. Quand j’y pense, j’aimerais retrouver cette insouciance des premiers temps. J’étais tellement heureuse d’être allée au bout de mes convictions et d’avoir surmonté une de mes peurs les plus profondes, que le regard des gens glissait sur moi. J’allais partout, comme avant, et tu ne m’as aucunement empêchée de voyager, de sortir, de travailler, de faire du sport, ou n’importe quelle autre chose que je faisais auparavant… Ou du moins de vouloir le faire, jusqu’à ce que des gens te voient comme une raison suffisante pour m’exclure.

Je ne pense pas qu’il y ait besoin de revenir sur ce qui a altéré ma confiance en moi et en toi, parfois brutalement, parfois par petites touches insidieuses. Je m’en suis suffisamment plainte à toi ces derniers mois, et je pense que je n’ai pas besoin de te le rappeler. Et surtout, je ne suis pas là pour ça, aujourd’hui.

Ce que je voulais te dire, c’est que j’ai décidé de me réconcilier avec toi. J’ai sincèrement envie que l’on reprenne notre route, tous les deux, sans craindre ce que pensent les gens de notre union. Après tout, ce qui compte, c’est ce qu’on s’apporte mutuellement, et pas ce que les gens pensent de toi, non ?

 

Crédit photo : Ayqa Khan

 

Les dernières fois où je t’ai troqué contre un bonnet, je dois même dire que tu m’as manqué. Tout d’un coup, cela m’a paru absurde de vouloir te cacher, et surtout, cela m’a fait réaliser ce que tu m’apportais au quotidien, spirituellement, et que seuls toi, moi et Dieu connaissons. J’ai réalisé que si les nuisances étaient le prix à payer pour assumer mon choix et être fidèle à mes convictions les plus intimes, j’étais prête à le faire et je l’acceptais avec sérénité.

Je dois dire aussi que tu m’as aidée à faire ce chemin pour apprendre à m’affirmer et à assumer mes propres choix, envers et contre tous si nécessaire. Je savais que ça allait être un challenge, mais c’est justement pour ça que j’ai choisi de te porter malgré ma peur de la désapprobation des autres – ou peut-être justement en raison de cette peur, en voulant combattre le mal par le mal. Tu m’as jetée dans le grand bain, et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai appris à nager.

Je pense toujours que les leçons les plus amèrement apprises sont celles dont on se souvient le mieux. Je peux te dire que j’ai retenu celles que tu m’as apprises – principalement le fait qu’il y aura toujours des gens qui ne seront pas contents, mais qu’ils ne feront jamais le poids face à la sérénité et la satisfaction d’être en accord avec moi-même. Aujourd’hui, je suis heureuse de ne pas t’avoir abandonné, et heureuse de la force que tu m’as apprise. Ce que je ressens, c’est une détermination apaisée, tranquille.

Bizarrement, depuis ce déclic où j’ai décidé de te porter non plus comme un fardeau mais comme l’ami que tu es, le comportement de beaucoup de gens a effectivement changé. Rends-toi compte, il y a des gens qui me sourient dans le métro ! Je crois que c’est parce que je ne suis plus la fille à l’air misérable qu’on a envie de secouer en lui demandant pourquoi elle s’inflige ça, si ça la rend si malheureuse. Je laisse rayonner ce que toi et d’autres m’apportez dans le secret de ma spiritualité.

J’applique enfin ce mot qui me parlait tant, sans avoir de traduction exacte en français : unapologetic. Etre là et prendre ma place sans m’excuser d’être ici et d’être ce que je suis.

 

Il m’aura fallu presque trois ans pour enfin avoir un rapport apaisé avec toi, et avec ce que ta présence implique dans ma vie. Trois ans pour que nous soyons en paix.

Pardon, et merci.

 

 

 

Crédit image à la une : Musegold

 

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(Dé)construction

Le Lallab Day vu par cinq nouvelles Lallas

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Le LallabDay est le rite initiatique des nouvelles Lallas ! Deux jours de formation réservés aux anciennes et aux nouvelles bénévoles – mais que se passe-t-il réellement durant ces deux jours ? On entre dans un univers joyeux et coloré. On partage des repas, on danse et on s’amuse. On travaille beaucoup aussi ! Les anciennes Lallas présentent les actions réalisées et entraînent les nouvelles dans les réflexions sur les multiples projets à venir. On apprend, on échange des histoires, on assiste à des conférences… Deux jours sans s’arrêter, à rire et à pleurer. Quelques nouvelles Lallas racontent.

 

Bayanne : inspiration et sororité

 

« Je suis venue chercher des personnes qui me ressemblent, qui sont profondément humanistes, peu importe la couleur de peau, la religion, l’âge, ou les autres différences entre nous. Pendant ces deux jours, il y a eu de la bienveillance, de l’amour, de la fraternité.

J’ai rencontré des personnes comme moi, mais au-delà de ça, j’ai découvert des personnes qui ne me ressemblent pas du tout et qui me défendent, comme les allié·e·s. Franchement, ça m’a bouleversée. Ici, je vois des femmes musulmanes et des femmes athées. Elles ne partagent pas du tout ce qu’on vit et elles ne peuvent pas comprendre toute notre religion. Et pourtant, elles vont être là, comme des petits anges gardiens.

Enfin, je suis inspirée par beaucoup de sœurs de foi ici, qui me ressemblent tant physiquement que dans la manière de porter le voile ou dans le style. Je m’identifie. »

 

Marina : motivation et exploration

 

« Je ne suis pas musulmane, je ne suis pas racisée et je fais un énorme travail de déconstruction. Je travaille sur moi-même, sur ce que la société m’a enseigné et sur ce que je devrais garder de cet enseignement. J’interroge mes connaissances pour voir lesquelles étaient des préjugés et quelle est la réalité vécue derrière ceux-ci.

Ce week-end m’a plu pour ses échanges très riches avec des personnes aux vécus et aux connaissances très différents. J’ai pu connaître des points de vue que je ne vis pas du fait de mon identité… ! Je me suis encore remise en question ce week-end. Je suis motivée à faire bouger les choses et ce que les LallabDays ont changé, c’est le « dés-isolement » : plein de femmes pensent la même chose et veulent faire la même chose. »

 

Crédit photo : Elodie Sempere pour Lallab

 

Zsofia : diversité, apprentissage et soutien

 

« Hier, quand je suis arrivée, j’ai été époustouflée par la beauté qui m’entourait, que ce soit les couleurs, les styles, les manières d’être ou de parler. J’ai vu des femmes individuelles, fortes, toutes avec leurs propres combats, leur propre personnalité, et avec quelque chose qui rayonnait en elles. Physiquement et intérieurement. Ça m’a beaucoup touchée. J’ai trouvé ça beau. Être dans cet environnement pendant deux jours, ça m’a vraiment marquée. Depuis mon retour en France, cette amitié et cette sororité m’avaient manqué, d’être entourée de femmes qui se comprennent et se soutiennent. Il n’y a pas de murs. D’habitude, j’ai l’impression que je porte une carapace, un mécanisme d’auto-défense. Et là, j’ai passé deux jours sans être agressée verbalement. Je n’y étais plus habituée. Ça m’a émue, cette générosité émotionnelle, la disponibilité des gens, et la bienveillance. […]

J’ai hâte d’en apprendre plus sur les combats de chacune, sur la culture, sur ce qui vous importe. D’apprendre et de partager. J’espère pouvoir apporter aux autres au moins autant que ce qu’elles m’ont apporté. J’ai mon combat. Je pense qu’en tant que femme, on a chacune notre combat plus ou moins spécifique. Mais quand je vois cette force commune, je me dis que l’on peut avancer tellement mieux ensemble. »

 

Crédit photo : Elodie Sempere pour Lallab

 

Sakina : surprise et optimisme

 

« Quand on voit tout ce que Sarah et Justine ont accompli, tout ce que vous avez accompli, c’est là qu’on se dit : « Oui, c’est formidable ! Oui, c’est possible ». […]

J’ai l’impression que l’ingrédient qui fait que, vraiment, les choses se passent bien, en dehors du travail, en dehors de la volonté, en dehors de se donner à fond, c’est aussi la bienveillance entre vous. Je trouve que c’est peut-être ce qui m’a manqué dans mes précédentes expériences militantes et que je retrouve ici. J’étais un peu surprise car ce n’est peut-être pas la première fois que je rencontre ça, mais dans un collectif comme ça, avec autant de personnes et autant de femmes, c’est la première fois. Vraiment, moi je perdais espoir. Ici ça m’a donné un peu l’espérance de dire que c’est possible et qu’on peut travailler tou·te·s ensemble, avoir des objectifs communs, plus de justice sociale, réclamer nos droits, être créatif·ve·s même. C’est possible. […]

On nous propose des opportunités intéressantes. De rencontrer notamment des intervenant·e·s, de bénéficier d’un espace intime avec des échanges, des partages avec les intervenant·e·s mais aussi entre nous. On se rend compte qu’il y beaucoup de talent, beaucoup de bonne volonté, beaucoup de bienveillance et surtout de respect. Lorsqu’on discute avec les gens qu’on rencontre ici, on va se rendre compte qu’il y a des visions hyper différentes, voire même contradictoires, mais on se respecte car chacun·e a tout-à-fait le droit à ses opinions. »

 

Sofia : action, confiance en soi et reconnaissance

 

« J’ai envie d’avoir une voix. Ici, on cherche vraiment des solutions. Ce qui m’a plu, c’est que dès ma première journée à Lallab, on m’a vite intégrée et à aucun moment je n’ai ressenti de malaise. J’avais peur de ça, d’arriver au milieu d’un projet, et de me dire : « Bon bah c’est en cours, peut être que je vais essayer de faire avec ce qui existe, mais je ne pourrais peut-être pas changer grand-chose ». J’ai l’impression que nouvelles ou anciennes, ça ne change rien du tout au poids de notre parole et qu’on est écoutées. C’était hyper valorisant. Du coup, se mettre à l’action dès le premier jour, ça donne de l’énergie. […]

Vraiment, on agit, on a l’impression de changer le monde. Et ça donne de l’énergie d’abord personnellement, dans sa vie quotidienne. J’espère que cela pourra m’aider à dépasser des espèces de murs invisibles que je me construis ou que la société m’aide à construire. J’espère qu’au-delà de ma petite vie à moi, au niveau national, ça peut avoir un impact sur d’autres femmes. […]

Je pense avoir trouvé un endroit secure où je peux exprimer ce que je ressens, sans avoir honte d’être jugée, parce qu’on a toutes une différence pour laquelle on ne veut pas être jugées. […] Quand je pense à Sarah et Justine, je me dis que ces filles sont tops. Elles ont créé pour nous comme un espace… Tu sais, quand tu joues à la marelle, il y a le ciel. Quand tu es dans le ciel, tu as le droit de faire une pause. Tu as tes huit cases, tu galères, tu es à cloche-pied, et là boum, tu as le ciel. Du coup tu peux faire une petite pause, te recharger et après refaire la marelle dans le sens inverse. J’ai l’impression qu’elles ont créé comme un mini ciel où c’est gratuit, on a juste à venir, à s’exprimer et à construire des trucs avec des gens hyper géniaux. »

 

Article écrit par Sophie et Hannanas

 
Crédit photo à la une : Elodie Sempere pour Lallab

 

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Nos Voix

Comment j’ai réussi à porter le voile

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Je me regarde dans la glace, essayant pour la énième fois de reproduire un tuto hijab vu sur le net – en vain. Un instant de déconcentration, et je manque de m’embrocher le crâne avec une épingle à foulard. Un peu plus et je me retrouvais avec le QI de Manuel Valls. C’est en accomplissant ce rituel quasi journalier que je me rappelle toutes les étapes par lesquelles je suis passée avant de pouvoir enfin porter mon voile.

 

 

Mon histoire avec le foulard

 

Quand j’étais plus jeune, je me voyais déjà porter le voile à l’âge adulte. C’était pour moi un habit de « grande personne », un peu comme quand on veut porter les chaussures de sa mère quand on est petite fille. Je ne percevais pas encore le message derrière cette pratique.

 

 

Vers le milieu des années 2000, à l’époque de l’interdiction du foulard à l’école, on me répétait à l’école que le racisme et les discriminations en tout genre disparaitraient avec le temps. Et j’y ai cru. Quand je serai plus grande, les gens auront accepté le foulard, me disais-je. Mais les années passèrent et il n’en fut rien.

Au collège, je n’avais pas encore accompli le cheminement spirituel qui allait m’amener à porter le voile, mais quelque chose me dérangeait dans le fait de voir mes camarades se découvrir en entrant dans la cour d’école. Les surveillant·e·s les harcelaient et leur couraient littéralement après si elles n’obéissaient pas assez vite.

A l’entrainement, notre coach de basket-ball nous disait de former un groupe soudé et de « laisser nos problèmes au vestiaire ». J’avais la même impression en voyant ces filles ôter leur foulard, qu’on leur demandait de « laisser leur problème » à l’entrée de l’établissement.

Quand on sait ou on imagine la signification de ce foulard pour ces jeunes femmes, on comprend la violence que c’est de voir celui-ci relégué au rang de problème.

Au lycée, je me suis plus sérieusement intéressée à la question. Je ne parlerai pas ici des textes religieux qui ont bien sûr eu un poids dans ma décision, mais plutôt de ce qui m’a plu dans le concept du foulard.

Je me suis toujours plus souciée du fond que de la forme, comme peuvent en témoigner mes dictées catastrophiques de l’école primaire et mon gâteau au chocolat de la semaine dernière, délicieux mais ô combien laid. Avec les années, je me suis détachée des apparences qui me paraissent aujourd’hui futiles. Vous en apprenez bien plus sur moi et ma façon de penser en lisant cet article qu’en me voyant sans mon foulard.

Le plus important quand on apprend à connaitre quelqu’un, c’est son caractère, son comportement, ses qualités – et je ne me voyais pas faire passer mon physique avant tout cela.

J’ai également pris confiance en moi, j’aime mon corps et c’est justement pour ça que je n’ai pas besoin du regard des gens pour me rassurer. Dans notre société, on est encouragé·e·s à montrer notre corps quand il entre dans les critères de beauté actuels et on est autorisé·e·s, voire fortement incité·e·s à le cacher quand on a des complexes et que l’on ne correspond pas aux critères de beauté normatifs… Parce qu’être gros·se sans complexes, ce n’est pas possible, n’est-ce pas ?

Ma conviction est qu’un être humain a tout-à-fait le droit de montrer ou de cacher son corps selon son bon vouloir et que cela ne dit rien sur la personnalité de cette personne, si ce n’est qu’elle est libre de ses choix.

 

Une prise de conscience

 

Au moment où j’ai réellement commencé à réfléchir à la question, plusieurs femmes voilées faisaient leur apparition sur YouTube, Instagram, et certains blogs. Elles m’ont permis de comprendre qu’on pouvait être voilée et trouver sa place dans un pays occidental et apporter quelque chose à la société. De la britannique Nabila Bee aux blogueuses américaines que je suivais sur Tumblr en passant par la youtubeuse marseillaise Asma Fares, chacune de ces femmes me montrait tout ce que j’étais capable de faire tout en étant voilée.

A partir de là, j’étais à un stade de mon cheminement spirituel où j’étais convaincue que je voulais porter le voile. Mais quelque chose bloquait encore, ce sentiment que si j’attendais, tout irait mieux. Je ne voulais pas enlever mon foulard à la porte du lycée, je ne voulais pas me faire dégager d’un amphi bondé, ni m’entendre dire à un entretien d’embauche que je devrais être tête nue pour pouvoir travailler, je ne voulais pas non plus me faire insulter dans la rue et sur les réseaux sociaux, ou être renversée par une voiture à cause de ce que je suis. Je refusais qu’une ministre profite du fait que je ne puisse pas me défendre publiquement pour m’insulter et tenir des propos négrophobes et négationnistes, ni qu’on me compare à une nazi à la télévision

Non, je ne voulais rien de tout cela, alors j’ai attendu et les mois se sont transformés en années. Un jour, j’ai compris. Le chant du rossignol, qui annonçait les relents nauséabonds des années 30 plutôt que l’arrivée du printemps, m’a réveillée. Quand l’argumentaire des politiques a changé, j’ai véritablement cessé de croire qu’avec le temps, la société nous accepterait d’elle-même. Cela fait des années que l’on voit des femmes musulmanes sportives, artistes, entrepreneuses, journalistes, médecins, avocates, ingénieures et j’en passe, clamer qu’elles ont décidé quoi porter. Il était de plus en plus difficile de faire croire aux esprits les plus critiques que nous sommes toutes des femmes oppressées.

Qu’à cela ne tienne, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Si ce n’est pas ton frère, c’est donc toi, l’activiste de l’islam politique. Je dois avouer que c’est bien trouvé : si les politiques avaient autant d’inventivité pour résoudre les problèmes des Français·es que quand il s’agit de nous coller une étiquette infâme sur le dos, on aurait un taux de chômage à 0%.

Suite à cela, j’ai décidé de porter le turban. J’ai eu droit à quelques remarques quant au fait que je n’étais peut-être pas assez pieuse pour porter le foulard. Je n’en ai pas tenu compte car je ne pense pas qu’il faille autre chose que l’envie de devenir meilleur·e pour vouloir se rapprocher de Dieu.

Le 6 juillet 2016, j’ai mis un voile sur ma tête pour aller à la mosquée pour la prière de l’Aïd el Fitr (fête célébrant la fin du Ramadan) et je ne l’ai pas ôté depuis.

Cela fait maintenant 1 an et demi que je porte mon voile, le sol ne s’est pas effondré sous mes pieds. J’ai des anecdotes assez spéciales… Mais je les garde pour un futur article ! Vous ne pensiez tout de même pas que j’allais tout vous dire maintenant, si ?

Aujourd’hui, je suis heureuse de mon choix et je ne le regrette en rien, car je suis fidèle à mes convictions et je sais que je fais cela pour moi et pour Dieu.

La prochaine fois que vous voyez une femme voilée dans la rue ou sur internet, ne pensez pas la connaitre juste à cause de tout ce que vous avez vu et entendu dans les médias, nous avons chacune notre histoire et nos épreuves, nos joies et nos peines, malgré la foi qui nous lie.

 

 

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(Dé)construction Nos Voix

10 bénévoles témoignent sur ce que Lallab a changé pour elles

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Au mois de mai dernier, Lallab a soufflé sa première bougie. En un peu plus d’un an, qu’est-ce que l’association a changé pour nos bénévoles ? Femmes musulmanes ou alliées, elles nous racontent ici ce que Lallab a changé pour elles, et ce que faire partie de l’association leur a apporté…

 

Chloé

Lallab m’a énormément apporté depuis que je suis devenue bénévole en janvier 2017. Convertie à l’Islam et féministe assumée, je cherchais encore à concilier ces deux parties de moi-même. J’ai trouvé chez Lallab des femmes fortes et fières, qui n’avaient pas peur d’assumer leur foi et de défendre leurs droits. Lallab, grâce aux rencontres que j’ai pu y faire, m’a donné confiance en moi, m’a appris à ne pas avoir peur d’assumer mes valeurs et ma spiritualité, et a aussi déconstruit des préjugés que je portais malgré moi sur le féminisme et l’Islam. Tous ces apports ont renforcé ma foi en Dieu et chaque rencontre avec la team Lallab m’apporte une énergie et une pêche d’enfer ! Ce que j’aime chez Lallab, c’est cette bulle de confiance qui existe au sein de l’association, c’est vraiment pour moi l’expression même de la sororité. Cette bienveillance réelle permet à chacune de s’exprimer sans avoir peur d’être jugée. Lallab m’a aussi permis de rencontrer des filles géniales, épatantes et supra-inspirantes, et j’y ai également trouvé de véritables amies. 🙂

 

Rachel

Lallab m’a apporté de la motivation, de l’envie, des amies, du savoir.

 

 

Romy

Lallab m’a transformée, m’a fait grandir ; en quelques mois, Lallab m’a apporté de grandes prises de conscience, des réflexions introspectives immenses. En tant que non-musulmane, on me demande souvent pourquoi je suis autant engagée chez Lallab, comme si les discriminations et stigmatisations subies par d’autres femmes ne me concernaient pas. Eh bien si, je considère que ça me concerne également, au sens anglais du terme ; selon moi, c’est aussi ça la sororité, la solidarité féminine inclusive et sans faille. La vie est trop courte pour constamment se juger, se critiquer, construire des barrières entre nous. Parfois nous nous rejetons, mais nous oublions l’essentiel. Je suis tellement heureuse, heureuse d’avoir fait toutes ces rencontres, heureuse d’avoir fait tomber ces barrières, d’avoir fait de nos différences un immense pont qui repose sur l’incroyable pouvoir de l’amitié.

 

Crédit photo : Lallab

 

Hada

Lorsque j’ai rejoint l’association, le LallabDay a été l’occasion de se rencontrer entre membres. C’était aussi la première fois que je rencontrais les fondatrices. La chose qui m’a le plus touchée était de voir toutes ces femmes d’origines différentes, musulmanes ou non, lutter pour une même cause. J’ai vu des femmes qui avaient en majorité fait de grandes études, à l’inverse de moi ; ayant peu confiance en moi, je me suis tout de suite dit que je n’étais sans doute pas à ma place, mais j’ai vite changé d’avis. Depuis fin janvier jusqu’à aujourd’hui, j’ai appris énormément sur moi, j’ai pris confiance en moi. J’ai témoigné dans un magazine, je suis devenue l’égérie d’une marque de prêt-à-porter pour femmes, j’ai fait la connaissance de beaucoup de personnes inspirantes, et surtout j’ai rencontré des sœurs bienveillantes, formidables, pleines d’amour… Lallab, c’est cette boule pleine d’énergie, d’amour et de confiance qui m’a permis de m’accepter aujourd’hui en tant que femme, noire, musulmane et voilée, et de savoir que non, ce n’est pas une faiblesse, mais une force.

 

Fella

C’est une expérience incroyable et ça fait un peu bisounours de dire cela, mais qui change la vie : c’est une des expériences les plus enrichissantes que j’ai pu avoir. Lallab m’a apporté un espace d’échanges et de réflexion où l’on peut toutes parler de nos expériences et se rendre compte que d’autres les partagent, de différentes problématiques sans avoir peur d’être jugées, en se sentant libres et respectées. J’ai également tellement appris grâce aux intervenantes très inspirantes des LallabDay et des divers évènements, et aux autres bénévoles sur les luttes que l’on mène et la manière de se positionner. Aussi sur le fait que tout en critiquant sans concession le système sexiste et raciste dans lequel on évolue, on puisse également initier une dynamique d’empowerment et de représentation positive et plurielle des femmes musulmanes, une énergie positive.

A titre individuel, découvrir toutes ces femmes plurielles, différentes, aux projets variés mais toutes aussi inspirantes les unes que les autres – à travers le Women SenseTour, les portraits du magazine, les évènements ou parmi les bénévoles – me motive au quotidien et m’encourage à envisager des projets qu’avant, je n’osais même pas imaginer, estimant que je n’en étais pas capable, qu’il fallait être « exceptionnelle » pour se lancer dans telle ou telle activité. Lallab est un formidable outil contre l’autocensure, pas seulement les femmes musulmanes, mais pour toutes les femmes.

 

Noha

Être dans un espace aussi bienveillant, voir le parcours de toutes ces femmes chez Lallab m’a permis d’avoir encore plus confiance en ce que je suis, être encore plus fière de mes origines, mes valeurs, mes choix. Cela m’a aussi permis de prendre conscience des différents mécanismes discriminants qui se mettent en place dans la société. J’ai appris tellement tout en ayant la soif d’apprendre encore et encore sur le féminisme intersectionnel, les combats anti-racisme, etc, afin d’avoir les connaissances nécessaires pour lutter contre l’injustice.

Crédit photo : Lallab

 

Laure

Ce qui me vient à l’esprit quand je pense à Lallab, c’est : la lumière qui transperce l’obscurité.

 

Mina

Je pense être plus empathique dans les échanges que j’ai, que ce soit au niveau professionnel ou personnel. Lallab m’a apporté une nouvelle famille et des échanges sincères avec des filles de tout horizon, tout âge, plein de positivisme, d’énergie et de bienveillance. Enfin un endroit où vous n’êtes pas jugée, où vous arrivez comme vous êtes ! (Oups, je plagie Mac do…)

 

Shehrazad

Avant Lallab, je savais qu’il existait des femmes musulmanes qui militaient contre les injustices, mais je n’avais jamais connu de média français sur celles-ci. J’ai découvert le féminisme intersectionnel et le féminisme islamique par des articles, que je lisais surtout sur des médias états-uniens mais jamais français. La lecture de ces articles m’a permis, vers seize, dix-sept ans, de me rendre compte que je n’étais pas seule à partager ces valeurs de justice tout en étant musulmane. Du coup, ça m’a vraiment fait plaisir de voir que ça existait aussi en France ! De lire des femmes musulmanes parler de ce qu’elles vivent, de prendre la parole pour elles-mêmes, que des femmes voilées s’expriment et bouleversent tous les clichés que l’on peut avoir sur elles, que Lallab mette en avant cette diversité incroyable de ce que l’on considère souvent comme un bloc monolithique formé par des femmes musulmanes dépourvues de singularité. Ce qui m’a plu aussi, c’est qu’il n’y a pas que des Arabo-Berbères, qu’il existe des musulmanes de toute origine. C’est hyper enrichissant.

 

 

Emnus

L’arrivée de Lallab a été un petit miracle dans ma vie. J’avais l’impression d’être un ovni, de ne jamais trouver ma place entre les féministes qui prétendaient que la libération des femmes passait par l’éloignement de la religion, et certain·e·s musulman·e·s qui oubliaient le message d’égalité et de justice universelles de l’islam. Lallab m’a permis de me sentir légitime dans mes différentes identités, et surtout de trouver un espace de soutien et de bienveillance, où chacune peut être elle-même, sans aucun jugement. Le magazine a aussi été salvateur pour moi (je dis souvent que c’est ma thérapie), dans le sens où il m’a permis d’extérioriser des choses qui me pesaient, et d’apporter ma petite pierre à l’édifice pour que l’on entende enfin les voix des femmes musulmanes.

 

 

 

Crédit image à la une : Lallab

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Portraits

Nargesse Bibimoune : auteure militante

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Depuis son plus jeune âge, Nargesse Bibimoune écrit avec la sensation que jamais une feuille blanche ne la jugera. Le papier imbibe, accueille tout ce qui sort d’un stylo. Et c’est sur ce support qu’elle choisit donc d’aiguiser sa plume. Quelques milliers de pages noircies et 20 000 likes plus tard, la voici créatrice de deux romans et d’un témoignage, Confidences à mon Voile.

 

L’écrit, une pratique solitaire qui se partage

 

Confidences à mon voile recouvre la vie de Nargesse depuis qu’elle a choisi d’orner d’un foulard sa tête de jeune fille de 11 ans, jusqu’à ses 25 ans. C’est un voyage au Pérou qui provoque l’urgence de raconter. Un voyage pour prendre de la distance avec son propre pays… où lui est demandé, à la frontière, de retirer son foulard. Même dans un territoire avec une faible population musulmane, il faudra ôter le tissu et porter son stigmate. C’en est trop, voici venu le temps d’écrire cette réalité quotidienne, diluée d’un bout à l’autre de la Terre ! Alors Nargesse s’attèle à relater quatorze années dont elle décrit les discriminations, les confrontations répétitives à l’islamophobie. Des coups de loupes sur une tranche de vie, dont les sombres anecdotes et les questionnements lumineux qui en découlent font contraste. Et qui, mis bout à bout, dessinent la cartographie d’une oppression qui pose à chacun·e une question essentielle : dans ce monde-ci, où est-ce que je me situe ?

J’ai eu besoin d’expliquer que ce n’est pas l’islam qui m’a oppressée, qui a posé des barrières dans ma vie. Ce sont ces institutions racistes et islamophobes qui m’ont obligée à avoir des stratégies de contournement face à elles.

 

Si la feuille vierge ne juge pas, la crainte d’être instrumentalisée oriente petit à petit le choix des mots… Pour parler librement de ce sujet sans peur d’être incomprise, il faudra emprunter un discours clair, précis. Éviter les brèches dans lesquelles peuvent s’engouffrer les détracteurs·trices. Parvenir à parler du sexisme par exemple, que toute femme peut subir, et entre autres au sein de la communauté musulmane, sans en faire le terreau d’un discours islamophobe. Ces stratégies d’écriture constituent des contraintes nécessaires pour répondre à ses objectifs.

 

L’inspiration mutuelle pour objectif personnel

Le but n’est pas que ma parole soit inédite, mais que des centaines et des centaines de témoignages émergent, sous toutes les formes.

Grâce aux tournées dans différents lieux militants pour présenter son livre, Nargesse discute avec de nombreuses femmes musulmanes. Et elles viennent, elles aussi, raconter leur réalité, faire part de leurs remises en question, de ces stigmates intériorisés. Ces petits événements pas spontanément analysés comme islamophobes, mais qui, à la lecture, réveillent par effet miroir l’évidence d’actes condamnables.
L’impact recherché par l’écriture et la publication vise plusieurs dimensions. Tout d’abord, mettre en lumière les rouages d’une islamophobie banalisée (les enseignant·e·s qui, après la lecture du livre, ont par exemple pu concevoir la loi de 2004, qu’elles avaient approuvée, comme une privation à l’accès à l’éducation pour des jeunes filles, et une humiliation). Puis faire prendre conscience aux femmes musulmanes de leurs droits et des injustices subies.
De même, soutenir les femmes musulmanes à considérer la valeur de leurs paroles, et à la porter. Enfin, accompagner une réflexion sur les engrenages qui poussent à déshumaniser les personnes qui se trouvent sous ces voiles, et dont les aspirations peuvent se sentir fragilisées. Avec douceur, questionner sa propre construction, se demander où on se sent libre.

 

Comprendre les mécaniques de domination pour mieux les déconstruire

Nous représentons encore cet ailleurs, on parle d’immigré·e·s de troisième génération, [on parle] de nous en termes de choc de cultures.

Pour Nargesse, les stéréotypes sont le fruit direct d’héritages historiques, étatiques. Ce que les musulman·e·s subissent en France aujourd’hui a, selon elle, un lien profond avec l’histoire de la colonisation. Les mises en parallèle permettent de clarifier cette lecture des événements. Les dévoilements publics en 1958 à Alger et le dévoilement institutionnalisé depuis 2004. La gestion des territoires dits « français » en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, et la gestion coloniale des quartiers populaires à l’heure actuelle. Dans les pratiques de la police : la BAC d’aujourd’hui est clairement héritière des brigades qui géraient les Nord-africains à l’époque. Pour elle, c’est un continuum, une forme moderne de rapport colonial. Voilà d’où viennent ces perceptions racistes. Un impérialisme sur lequel la République s’est fondée, considérant qu’elle pouvait aller coloniser des peuples, ailleurs.

Nos parents ne sont pas considérés comme des personnes bilingues, contrairement, par exemple, à une valorisation des bilingues anglais-français. Ça pose la question de la constitution d’une France qui a voulu bannir tous les patois, cherchant à produire une langue unique niant les pluralités. Cette France ne cherche pas à accepter les singularités, mais réclame aux individus de se désintégrer pour s’intégrer à un schéma national.

 

Quand elle était petite, la mère de Nargesse lui parlait arabe. La maîtresse est intervenue en lui demandant d’arrêter, sous prétexte d’un obstacle à l’intégration. Ses parents ont obéi. Ils voulaient que leurs enfants aient de bonnes notes à l’école. Aujourd’hui, la pratique de l’arabe de Nargesse devenue femme n’est pas fluide. Censurer la langue maternelle d’un enfant, c’est déjà lui suggérer dans le cadre d’un enseignement puissant qu’il a tout intérêt à ne pas aimer ce qui le constitue.

 

Crédit photo : Addéli Falef

 

Trouver son mouvement féministe

 

Se définir féministe ne fut pas pour Nargesse une évidence, mais tout un parcours : rejetant elle-même l’exclusion subie par des féministes anti-voile, elle se déclare d’abord anti-féministe : à l’époque, elle se sent inadaptable à un féminisme dont elle considérait l’héritage bien trop violent, et préfère le qualificatif d’humaniste.

Et puis il y a eu un événement déclencheur. Le 8 mars 2013, elle se fait exclure d’une salle de sport au motif que, « ici, ce sont des gens libres qui viennent ». Le parallèle avec la Journée Internationale des Droits des Femmes la fait bondir. Quel est son état de femme en France ? Son désir de faire du sport, de s’occuper de son corps et le choix financier de cette salle se sont simplement retrouvés bafoués sous l’étendard d’une prétendue liberté. Ah, mais voilà ce que peut être le féminisme ! Faire valoir ses droits en tant que femme subissant une injustice ! Après ce déclic et quelques recherches, elle découvre alors le féminisme islamique, l’afroféminisme, le féminisme intersectionnel qui lui permettent de se réconcilier avec ce terme. Aujourd’hui, elle se revendique en tant que telle.

J’existe, avec mes modalités, ces croyances, ces pratiques et je ne fais de mal à personne. Ne venez pas, vous, me faire du mal.

Trouver son moyen d’action

 

Elle choisit comme moyen de contestation le militantisme de terrain. Ancrée dans des réalités locales, elle prend soin d’agir dans un quotidien. Pour exemple, la lutte contre les violences policières qu’elle mène en faisant partie d’un comité de soutien à Toulouse. Elle s’investit aussi dans le CSA (Centre Social Autogéré) de la même ville .

Le CSA est déjà un lieu politique en tant que tel. Un lieu qui fait partie de ceux réquisitionnés, parmi les trop nombreuses bâtisses abandonnées et fermées à des personnes qui dorment dans la rue. Le fait même de rendre ce lieu habitable, habité, en luttant alors contre la spéculation et l’augmentation des loyers, est politique. Il n’y a qu’une force militante qui puisse faire tenir ses murs, permettant un logement à deux familles, et à de nombreuses personnes dont le dossier serait rejeté par les agences. Car même avec des papiers français, être au RSA (Revenu de solidarité active) et sans garant·e·s constitue une entrave conséquente aux possibilités de logement. Proposer des solutions à des gens qui n’ont pas d’autres choix n’est pas un folklore.

Ce CSA s’inscrit dans un mouvement plus large (LA CREA) de réquisition de logements vides, de création d’activités, de liens entre les gens, de mise à disposition de salles de réunion et de lieux pour des soirées de solidarité, des repas… Et tout ceci permet de créer des situations où imaginer un monde différent. À contre-courant des normes individualistes concentrées sur son propre confort et sa consommation, tout en étant ancré dans des réalités locales.

L’islam m’a appris à me lever contre l’injustice. Il a donné du sens à mes agissements. Si je ne croyais pas en la pérennité de l’homme et de la femme, si je ne croyais pas que la vie a un sens au travers des actions que l’on peut faire vis-à-vis de Dieu, je pense que je n’aurais pas joué le jeu longtemps. Ce n’est pas l’état catastrophique du monde aujourd’hui qui m’anime, mais la perspective d’une justice pour laquelle il faut se battre dès maintenant.

La rencontre des personnes minorisées, quelqu’en soit la raison, est quelque chose de tu. Il est bien moins menaçant d’envisager chaque personne opprimée comme appartenant à un groupe isolé. Et que ces groupes se montent les uns contre les autres. Nargesse sait combien cette suggestion d’une division systématique est stratégique, fausse.

Qui sont les premières personnes qui peuvent te comprendre, si ce n’est celles qui sont aussi niées dans leur humanité au quotidien ? Ce sont des personnes qui font partie des premier·e·s allié·e·s. Ce sont les personnes avec qui tu as grandi, les gens de ton quartier, de ta communauté, mais aussi, par exemple, les minorités sexuelles, les personnes non-valides, les minorités de genre… toutes les personnes niées dans leur droit à exister.

Sous le voile de Nargesse se déploient tant de visages. Celui de la femme forte et celui de l’enfant rieuse. Celui qui, sourcils froncés, se confronte à ses propres pensées. Celui qui, le front serein, écoute celles des autres. Celui, criant, de la révolte. Celui, priant, de la dévote. Un visage coquet, minutieusement orné, et dont elle laisse s’échapper les expressions spontanées. Et on se dit que si les personnes qui figent leurs yeux sur un voile prenaient la peine de les baisser un peu, elles permettraient simplement la rencontre de bien grandes figures.

Nargesse Bibimoune : auteure militante – Crédit vidéo : Addéli Falef pour Lallab – Crédit musique : www.musicscreen.org

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Top 5 des réactions quand je dis que je suis convertie à l’Islam

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Quand j’annonce aux gens autour de moi que je suis convertie à l’Islam, les mêmes réactions reviennent tout le temps. En voici une petite sélection…

 

1) Le très fameux « oooooh machAllah »

 

Alors bien sûr, ça touche, ça fait plaisir et on se sent « de la famille ». Mais nous n’avons pas gravi plus d’épreuves que n’importe quel.le « musulman.e. de naissance », nous ne sommes pas des héro.ïne.s, et ce cheminement, nous le devons uniquement à Dieu. Merci mes frères et sœurs pour cette réaction des plus mignonnes, mais attention à ne pas trop alimenter notre ego. 🙂

 

2) Celles et ceux qui pensent qu’à ma conversion, j’ai obtenu un « bac Islam spécialité débat-sur-la-place-des-femmes-en-Islam »

 

Tu as beau connaître cette personne depuis des années, lui avoir parlé d’énormément de sujets, t’être montrée passionnée par nombres de domaines… mais lorsque tu lui apprends que tu es convertie à l’Islam, c’est comme si toutes ces années d’échanges s’étaient envolées. *POUF* Et commence la douce période où cette personne – qualifiant sa démarche de bienveillante et simplement poussée par la curiosité – te questionne uniquement sur les grandes polémiques liées (à tort ou à raison) à la question de l’Islam : polygamie – héritage – voile – voile – voile – place des musulman.e.s en France – intégration – immigration… et ça finit très souvent sur le sujet « des Arabes et des Noirs ».

 

Face-palm

 

Ne vous méprenez pas, j’adore que l’on me pose des questions sur les motivations de ma conversion ou sur la manière dont je peux aborder ma pratique. Mais d’une part, avec les années, j’ai su distinguer les personnes réellement bienveillantes et curieuses de celles qui ne souhaitent que débattre à l’infini dans le but de me rallier à leur malaise islamophobe, provoqué par ma conversion. D’autre part, je ne suis pas théologienne, je ne peux pas répondre à toutes les questions – aussi farfelues soient-elles – uniquement dans le but de faire taire vos jugements intempestifs.

 

3) Celles et ceux qui voient l’Islam comme un règlement intérieur et qui font une légère fixette sur l’alcool et le porc…

Hummmm l’alcoool, tu ne sais pas ce que tu rates !

Ben si justement.

Mais en vrai, le saucisson ça ne te manque pas trop ?

Si. C’est vrai que c’était pas mal cette petite dose de cholestérol quotidienne.

Tu ne bois pas ?! Mais comment tu fais pour t’amuser alors ?

judgingu

Ah non mais moi le Ramadan, je ne pourrais jamais de la vie quoi, j’peux même pas m’arrêter de manger pendant 30 minutes !

Alors celle-ci, je l’aime bien, c’est chou parce que j’étais la première à me dire ça avant. Une bonne fois pour toutes : sachez que la détermination – qu’elle vienne de la foi ou autre – est le meilleur moteur de l’être humain. 😉

 

4) Celles et ceux qui – pour cacher le fait qu’ils y croient un peu – font des blagounettes vaseuses sur tous les clichés possibles

 
/!\ Attention scène totalement réelle racontée ci-dessous.

Au moment des attentats de Berlin, un collègue me fait croire que le cerveau de l’affaire serait suspecté d’être une femme depuis Londres. Je revenais tout juste de Londres… J’ai mis bien 5 minutes à comprendre, puis digérer une « blague » aussi pourrie que malvenue.

 

vomir

 

En tant que convertie, tu deviens illico presto une candidate de choix pour un petit aller simple extrémiste en Syrie. Et tout le monde te le fait remarquer, musulman.e ou non. Et sinon, mon libre-arbitre et ma réflexion ? Quoi ? Ils ne sont pas inclus dans le « pack convertie » ?! Oh…

 

5) Celles et ceux à qui ça fait une belle jambe, et ça, ça fait du bien !

 

Mes petits préférés : celles et ceux pour qui ma conversion ne change absolument rien. Ni leur attitude, ni leur franc-parler et encore moins nos discussions. Et eux, je les aime d’amour !

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Portraits

« J’en veux à la France de faire de nous l’Ennemi Public Numéro Un »

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Dans Confidences à mon voile, Nargesse Bibimoune, déjà auteure du roman à succès Dans la peau d’un thug, revient sur son parcours de femme voilée en France. Sans fioritures, avec une simplicité transperçante, Nargesse raconte des bribes de vie qui ne seront que trop familières à plus d’une femme voilée/enturbannée/couvre-cheffée. Voilée ou non, femme ou homme, c’est un livre à lire absolument.

 

Ce journal intime, je l’ai lu d’une traite, en ne m’arrêtant que lorsque je devais attraper un mouchoir pour essuyer mes larmes. Je parle de journal intime car c’est la forme qu’a donnée Nargesse Bibimoune à son second livre. Elle y revient sur toutes les étapes marquantes de sa vie de femme voilée en France : de sa décision de se voiler à l’été 2002, à sa vie actuelle de femme épanouie, en passant par la loi de mars 2004 (interdisant le port de signes religieux à l’école) et les débats sur le voile qui n’ont cessé depuis. Munie de mon petit crayon, j’ai souligné tous les passages révélateurs du climat français, criants de vérité, émouvants… avant de me rendre compte que l’ensemble du livre l’était. Je me suis naturellement mise à écrire tant ses mots faisaient écho à ma vie et mes maux. Il est temps que nos pensées, nos combats, nos vies soient mis en lumière.

 

« Je suis à bout mon hijab »

 

Nargesse ne veut pas incarner les femmes voilées mais son texte peut faire écho à chacune d’entre nous. Même si les scènes vécues ne sont pas exactement les mêmes, les ressentis sont similaires. En premier lieu le sentiment d’injustice. A juste titre, elle écrit :

Nous n’avons même pas le temps de découvrir la justice que nous sommes déjà confrontées à l’injustice.

L’injustice prend différentes formes comme les discriminations, les inégalités, le racisme de nouveau décomplexé… Mais la première strate de l’injustice, la plus pernicieuse, est la violence symbolique. Les regards désapprobateurs, les remarques marmonnées de façon à n’être audibles que par nous, la boule au ventre en se rendant dans un nouvel endroit, la peur d’être refusée à cause de notre voile… La violence symbolique fait des ravages et ne nous aide pas à nous construire. Nargesse décrit parfaitement son parcours de fille devenue femme non sans difficultés. Son témoignage se lit avec émotion et illustre le développement psychologique accéléré. Nous grandissons trop vite, surtout celles qui ont décidé de le porter en pleine adolescence. Dans cette période où l’on cherche l’approbation des autres, il est extrêmement dur de se construire dans l’adversité. Les humiliations sont autant de poignards plantés dans nos jeunes cœurs. Avec résignation, nous nous devons de panser ces plaies béantes.

Ce livre est précieux pour comprendre le processus qui mène de l’incompréhension à la souffrance, et de la souffrance à la révolte. Après les temps de l’humiliation, du désarroi, du ras-le-bol, de la dépression, de la douleur et bien d’autres, vient celui de la colère et de la révolte. En effet, les solutions d’avenir qui se proposent aux femmes voilées ne sont pas illimitées : la dépression ; le repli sur soi et communautaire pour être enfin tranquille ; la révolte. La première n’est pas viable et la deuxième se révèle souvent décevante.

Nous sommes donc programmées à être révoltées pour exister dans cette société qui nous rejette. Je me joins complètement au cri du cœur de Nargesse : « J’en veux à la France de faire de nous l’Ennemi Public Numéro Un ». Le côté positif est que cette adversité a insufflé en moi la hargne pour maîtriser la langue, l’envie de connaître mes droits, le besoin de me battre pour changer ma situation. Mais à quel prix ? Ce combat imposé peut nous rendre fortes, mais surtout très fragiles. Lorsque Nargesse confie « Je suis à bout mon hijab », les mots se suffisent à eux-mêmes.

 

Cachez cette faiblesse que je ne saurais voir

 

Choisir de mettre le foulard en France, c’est accepter que « la moindre des activités devien[ne] un combat » comme l’explique si justement Nargesse. Ecole, plage, magasin, entreprise… On apprend à vivre sur la défensive, au point de friser la paranoïa. Mais à notre niveau, c’est franchement justifié. Pour s’accorder un peu de répit, on se surprend à rêver comme Nargesse : « Des fois, j’aimerais que tu sois transparent, que tu sois si petit que personne ne te voie, et que l’on arrête enfin de me parler de toi ». Par là même, on entre dans le cycle d’adaptation aux attentes de la société. Dans mon cas, cela a revêtu la forme d’un engagement personnel à ne plus mettre de foulard noir, « parce que ça fait trop peur », me disais-je il y a cinq ans. En réalité, noir ou coloré, foulard ou turban, mon voile fera toujours peur et ne sera accepté que lorsqu’il disparaîtra.

Malheureusement, le « ton voile fait trop peur » a un frère siamois. J’ai nommé « ton voile est trop occidentalisé ma sœur », prêché par les apôtres de la haram police (aujourd’hui utilisé à tort et à travers, haram signifie illicite en arabe et est un concept religieux à l’origine utilisé pour désigné ce qui a strictement été interdit par les textes sacrés et la pratique prophétique). « Ma sœur on voit ton cou », « tu mets du vernis », « tu t’épiles les sourcils ». Pour beaucoup, ce sont des signes de coquetterie, pour certain.e.s musulman.e.s, ce sont des signes d’impudeur. (Je tiens à préciser que je ne veux surtout pas lancer un énième débat sur l’épilation des sourcils ou le vernis. Ici, je déplore uniquement la focalisation qui est faite sur des détails physiques alors que nous nous devons de travailler notre spiritualité.) Donc en gros, on se doit de correspondre au modèle de la Marianne au sein nu (aux dernières nouvelles elle aurait le sein nu car elle est libre, elle, selon Valls !) et en même temps respecter une vision monolithique du modèle de la femme musulmane « respectable ». Nausée. L’infantilisation des femmes n’a aucune frontière. Mais chut, on ne se plaint pas ! Au risque d’être pointée du doigt comme « militante de l’islamisme politique qui ose se victimiser ». Face palm.

 
Sorority
La sororité selon Sanaa K.
 

Face à toute cette adversité, que nous reste-t-il ? La famille, lorsqu’elle est compréhensive, les ami.e.s les plus proches, ceux et celles qui nous aiment pour ce que nous sommes, et surtout la sororité. Vers la fin de son livre, le passage de Nargesse sur la sororité m’a mis du baume au cœur. La sororité, c’est ce groupe de personnes qui sont, comme nous, à l’intersection de plusieurs discriminations. Celles qui, non seulement nous écoutent, mais comprennent notre vécu car elles sont également passées par là. A chacune de construire sa propre sororité (un conseil : Lallab constitue un vivier de sœurs de lutte). La sororité, ce sont aussi ces inconnues, que nous ne connaissons pas mais auxquelles nous sommes reliées par ce voile commun, ce vécu commun.

Un sourire d’une sœur de lutte suffit à insuffler du courage et illuminer une journée pleine d’adversité. La sororité est essentielle à la survie en milieu hostile.

 

Quand la sœur de sang devient une sœur de lutte

 

J’ai versé les larmes les plus chaudes à la lecture de la lettre qu’elle a adressée à sa petite sœur lorsqu’elle a décidé de se voiler à son tour. Et pour cause, j’ai vécu exactement la même chose il y a de cela quelques semaines. J’ai été déstabilisée en surprenant ma sœur en train de tenter tant bien que mal d’attacher son foulard. Je ne m’y attendais pas, j’espérais que ça n’arriverait pas si tôt. Tout comme moi exactement six ans auparavant, elle n’avait prévenu personne, avait pris sa décision dans son coin.

Après la surprise, place à l’interrogatoire en bonne et due forme.

Tu es sûre ? Tu le fais à 100% pour Dieu ? Je t’ai expliqué combien c’était dur, tu penses être prête ?

Que des réponses affirmatives, je ne peux plus rien faire, je dois me résoudre à la laisser voler de ses propres ailes. Mon Dieu que c’est dur. Les bras s’enlacent, les visages se collent et les larmes s’entremêlent. Des larmes d’émotion, des larmes d’appréhension, des larmes de peur. Entre deux sanglots, j’arrive à lui dire « Tu entres dans un monde dans lequel je ne pourrai plus te protéger ».  

Ce monde nous détruit par à-coups vicieux, par petites piques en apparence inoffensives mais qui suffisent à nous ébranler. Ce monde ne nous laisse pas l’opportunité de nous développer normalement. Notre société crée une génération meurtrie mais se met des œillères pour ne pas constater les dégâts. Ce qu’il nous reste sont les quelques porte-voix qui portent nos histoires mais aussi nos espoirs. Nargesse Bibimoune en fait partie. Son livre est une des rares briques qui construisent le récit de nos vies. A nous de bâtir le reste.

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