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[Communiqué] Sortons de cet engrenage de violences

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Lallab apporte son immense soutien et ses sincères condoléances à la famille, aux collègues et aux élèves de Samuel Paty, atrocement assassiné.

 

Nous condamnons cet acte affreux dont a été victime cet enseignant et sommes profondément atterrées par un tel niveau de violence et le danger que cela représente pour le vivre-ensemble et pour notre société. Lallab rend également hommage aux enseignant.e.s qui s’investissent quotidiennement pour instruire correctement leurs élèves, qui sont aussi nos enfants, malgré une hiérarchie qui ne les soutient souvent pas assez et des conditions de travail toujours plus dégradées.

 

Dans ce climat douloureux, nous exprimons notre soutien aux musulman.es qui se voient de nouveau mis.e.s à l’écart de la société, obligé.e.s de se justifier pour ce crime horrible.

Nous sommes aujourd’hui en deuil face à ce drame national. En tant que citoyennes, mais également pour un certain nombre d’entre nous en tant que professeures, membres de l’éducation nationale, étudiantes et/ou parents d’élèves. Cependant, car nous sommes des femmes musulmanes, notre recueillement face à ce crime abject nous est retiré de force.

Vendredi dernier, nous intervenions à la Rencontre des Justices, évènement de solidarité et d’organisation inter-collectif. Nous étions invitées pour parler de la marche contre l’islamophobie organisée par le Collectif du 10 novembre en 2019. Nous avons abordé plus largement le problème de l’islamophobie qui ronge notre société depuis des années, de l’importance de s’organiser ensemble, de créer des ponts entre collectifs pour bâtir une société meilleure et juste pour tous et toutes, où la lutte contre les oppressions serait notre objectif commun. S’en est suivie une déferlante d’attaques islamophobes contre nous sur Twitter pour nous silencier et pousser encore plus loin toutes les confusions haineuses. Ces attaques en ligne visent encore et toujours à délégitimer notre travail de lutte contre le sexisme, le racisme et l’islamophobie, pour nous accuser de nourrir la haine et la violence.

Nous dénonçons ces invectives qui nous accusent à tort de complaisance islamiste et nous pointent comme des ennemies. Nous sommes, une fois n’est pas coutume, visées, tel un groupe homogène, par les plus dangereux raccourcis.

Chez Lallab, nous militons contre la violence, pour la justice et le respect des droits fondamentaux de chacun.e. Nous regrettons en cela que l’auteur de ce crime n’ait pu être traduit en justice, comme cela devrait être le cas à chaque fois, dans la mesure du possible, dans un Etat de droit. Dans un pays juste, le meurtre d’un homme entraine le jugement d’un autre, ne serait-ce que pour comprendre ses motivations et recueillir des informations importantes pour éviter qu’un tel crime ne se reproduise. Ce n’est qu’en appliquant des principes de justice forts que nous parviendrons à briser le cercle de la violence. Ces crimes abjects ne doivent plus être instrumentalisés pour discriminer et violenter en retour tou.te.s les musulman.e.s.

Plusieurs acteurs publics profitent de cette situation désastreuse pour faire avancer leurs agendas politiques, visant véritablement à créer le séparatisme qu’ils aiment tant dénoncer, et à détruire la cohésion sociale et la solidarité, dont nous avons tous tellement besoin aujourd’hui.

L’islamophobie, ce traitement injuste à l’égard des personnes de confession musulmane ou perçues comme tel, nous suit, et ses sympathisants détournent malicieusement une heure noire de notre pays, pour chercher à nous détruire. Ces discours ont des conséquences directes sur les vies, les quotidiens, les conditions sociales des citoyen.ne.s français.e.s de confession musulmane. Ici ou ailleurs, l’islamophobie s’amplifie et terrorise les musulman.e.s. Dimanche, ce sont ainsi deux femmes musulmanes, l’une portant le voile, qui ont été violemment agressées sur le Champ-de-Mars à Paris, apparemment dans l’indifférence médiatique et politique générale. Telles sont les conséquences désastreuses d’une politique qui jette en pâture les musulman.e.s et cultive la haine à leur encontre.

L’insécurité pèse lourdement sur toute personne mais aussi sur tout collectif qui s’engage dans la lutte pour la dignité et la justice.

Les musulman.e.s sont une fois de plus coincé.e.s par cette injonction paradoxale : sommé.e.s de condamner la barbarie, mais la moindre apparition pour s’exprimer contre le fanatisme, et les voici conspué.e.s, accusé.e.s de “double discours” et condamné.e.s d’avance. Myriam Pougetoux était sous la pluie des invectives, alors qu’elle venait pleurer le mort et dénoncer la barbarie, tandis que Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF était ciblée par des insultes lors de sa prise de parole pendant le rassemblement en mémoire de Samuel Paty à Paris, dimanche dernier.

Nous soutenons et soutiendrons sans relâche la présidente et la vice-présidente de l’UNEF.

Nous soutenons l’Observatoire de la Laïcité reconnu pour son travail sur le terrain et son rapporteur Nicolas Cadène dont le poste est menacé car il œuvre pour une société respectueuse de chacun.e du principe de laïcité, contre son instrumentalisation et son utilisation à des fins racistes. Nous lui envoyons tout notre soutien.

Nous exprimons également tout notre soutien au CCIF, menacé de dissolution par le gouvernement, alors qu’il apporte une aide juridique de taille aux personnes victimes de l’islamophobie, en particulier aux femmes musulmanes qui sont en première ligne des nombreuses agressions islamophobes – 70% des agressions islamophobes en France visent des femmes selon leur dernier rapport.

Au niveau européen, le collectif contre l’Islamophobie est un acteur majeur de la lutte contre les discriminations et dans la reconnaissance de l’islamophobie comme discrimination spécifique qui touche les musulman.e.s. Son engagement pour la justice représente un apport considérable dans la lutte pour le respect des droits fondamentaux. Dissoudre un tel collectif serait un danger sans précédent pour les droits humains et la preuve irréfutable que le droit à la défense et l’accès à la justice seraient niés aux personnes musulmanes.
Vers quelle société tendons-nous ? Celle où les droits de milliers de français.es de confession musulmane seraient inexistants, bafoués et piétinés ?

Nous sommes fatiguées et épuisées. Nous dénonçons cette chasse aux musulman.e.s, cette atteinte à nos droits, à la méfiance organisée envers nos luttes, nos engagements contre l’injustice.

Nous envoyons de nouveau nos profondes pensées à la famille et aux proches de Samuel Paty, à ses élèves et ses collègues, au corps enseignant dans son ensemble, aux musulman.e.s inquiété.e.s et fragilisé.e.s par cette atmosphère asphyxiante. Nous sommes de tout cœur avec vous et nous ne lâcherons rien face à cette destruction organisée.

Contre et en dépit des violences, nous resterons uni.e.s et solidaires, avec force et dignité !

Crédit image à la une : Elodie Sempere pour Lallab
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Ahed Tamimi, une victime méritant un soutien international



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La jeune activiste palestinienne Ahed Tamimi est maintenue en détention depuis décembre dernier par l’occupation israélienne, suite à une vidéo partagée sur les réseaux sociaux dans laquelle la jeune fille est filmée en train de chasser et gifler deux soldats.
Ahed signifie en arabe « promesse »… la promesse de lutte et de résistance contre l’occupant de sa terre. Elle est connue pour son courage face à l’occupation israélienne. Cette jeune militante âgée de 17 ans risquait jusqu’à 10 ans de prison ; elle a finalement été condamnée, le 21 mars dernier, à 8 mois de prison ferme.

 

Elle est accusée par les autorités israéliennes d’avoir agressé et provoqué des soldats israéliens, suite à la publication d’une vidéo dans laquelle elle apparaît avec sa cousine Nour Tamimi, 21 ans, en train de bousculer et gifler des soldats.

Quelques jours après la publication de la vidéo, Ahed Tamimi, sa mère Nariman Tamimi et sa cousine sont arrêtées par l’armée israélienne. 12 chefs d’inculpation sont retenus contre Ahed, concernant principalement le dernier évènement, datant du 15 décembre, pour « agression et gifle ». Les autres accusations sont liées à des évènements s’étant déroulé durant les deux dernières années, pendant lesquelles Ahed a eu des confrontations avec des soldats israéliens.

Depuis l’arrestation de cette jeune femme militante, nous avons pu constater l’absence cruciale de soutien de la part de la majorité des groupes qui défendent habituellement les droits humains ou les droits des femmes. Bien peu de groupes féministes ont déclaré publiquement leur soutien pour cette militante qui reste avant tout une mineure, ni même critiqué le traitement des autorités israéliennes.

Al Jazeera s’est d’ailleurs demandé pourquoi l’arrestation d’Ahed ne suscitait pas autant de mobilisation que les attaques subies par Malala Yousafzai. En effet, aucune campagne de soutien #StandUpForAhed ou #JeSuisAhed n’a été lancée, et la majorité des représentants d’Etats, des journalistes et des organisations ayant soutenu Malala sont restés silencieux. Est-ce parce qu’Ahed n’a pas été blessée physiquement comme Malala l’a été à la tête par les balles de Tehrik-e-Taliban ? Pourtant, Ahed est comme Malala : elle lutte depuis son plus jeune âge contre la violence et l’injustice. La violence est présente dans son quotidien face à l’occupation israélienne : comme le rappelle Amnesty International, le jour même où la vidéo a été tournée, son cousin Mohammad Tamimi, 15 ans, a été grièvement blessé à la tête par une balle en caoutchouc tirée à bout portant par un soldat israélien.

 

Ahed Tamimi, à 11 ans, face à des soldats israéliens. Crédit : Abbas Momani / AFP

 

Deux réactions pour une même lutte : pourquoi ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer ces deux réactions complètement différentes. D’abord, les actes de violence ou les agressions perpétués par les États sont généralement vus comme légitimes et appropriés.

Les autorités israéliennes ont justifié l’arrestation d’Ahed par la menace qu’elle représenterait pour les soldats et l’Etat israéliens. Cette justification ouvre la porte à tous types d’abus : selon Amnesty International, « des centaines de mineurs palestiniens sont poursuivis chaque année devant les tribunaux militaires israéliens pour mineurs. Ceux qui sont arrêtés sont systématiquement privés de leurs droits et soumis à des mauvais traitements, voire à des violences physiques ». En invoquant un danger incarné par les militant·e·s palestinien·ne·s, l’Etat israélien réagit ainsi avec « des sanctions disproportionnées » à des « actes de désobéissance civile relativement mineurs », selon Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique à Amnesty International. Le ministre israélien de l’éducation, Naftali Bennett, estime par exemple qu’Ahed et sa cousine « devraient finir leurs vies en prison » – pour une vidéo les montrant en train de frapper à mains nues des représentants suréquipés d’une armée d’occupation, rappelons-le.

 

Ce que vit actuellement Ahed montre bien l’indignation sélective d’une grande partie de l’opinion publique des pays occidentaux, où seuls certains types de personnes et de causes sont vus comme méritant d’être défendus et soutenus.

D’autre part, on peut se demander pourquoi Ahed, une jeune femme émancipée qui lutte contre la colonisation et l’oppression pour défendre sa terre, ne devient pas une icône féministe dans nos pays occidentaux.

Ahed est une activiste, dont le féminisme est politique. Elle s’appuie sur sa force en tant que femme pour montrer la violence, l’abus et l’oppression des forces de l’occupation. Cela fait d’elle une femme présentée comme « dangereuse » et par conséquent, elle n’est pas qualifiée comme la victime « idéale » pour une campagne de soutien  international.

Par ailleurs, Ahed ose se soulever contre un État que peu de gens osent dénoncer. Critiquer les actions du gouvernement israélien, qui viole un nombre toujours grandissant de résolutions internationales, est souvent vu comme un signe d’antisémitisme, y compris de la part de militant·e·s se disant féministes, faisant ainsi un amalgame dangereux entre antisémitisme et anti-sionisme. On a encore pu le constater récemment lorsque la chanteuse Mennel Ibtissem, participante de l’émission The Voice, a été accusée d’antisémitisme en raison de son soutien au peuple palestinien.

 

Un traitement médiatique à revoir…

 

Les médias traditionnels ont aussi été peu nombreux à soutenir Ahed. Malgré la répression dont souffrent les Palestinien·ne·s, peu d’actions ont été prises pour dénoncer les actions du gouvernement israélien et l’emprisonnement de la jeune militante. Peu de médias ont réellement présenté les faits tels qu’ils étaient. De nombreux articles « oublient » de mentionner qu’un soldat israélien a tiré sur Mohammed Tamimi quelques heures avant la gifle donnée par Ahed. Les principaux journaux français ont montré la vidéo de son arrestation, où les soldats sont calmes, mais pas celle de l’arrestation de sa mère, Nariman, où l’on voit la violence militaire.

Ils n’ont pas non plus parlé de la double législation en Israël. Si les Israélien·ne·s sont soumis·es à la loi civile, les Palestinien·ne·s, sous occupation, sont soumis·es à la loi militaire, beaucoup plus répressive. La majorité des articles n’ont donc pas précisé qu’Ahed n’aurait jamais été emprisonnée si elle avait été israélienne. En 2006, les médias mainstream n’avaient d’ailleurs pas critiqué le geste de l’Israélienne Yifat Alkobi, qui avait giflé le soldat qui tentait de protéger un enfant palestinien des pierres qu’elle lançait, et qui n’a pas été emprisonnée.

Plusieurs journalistes ont par ailleurs tenté de discréditer Ahed et de la présenter comme une enfant manipulée par sa famille, quasi « endoctrinée » depuis son plus jeune âge, plutôt que comme une militante qui revendique ses actions. Il semble que dénoncer l’emprisonnement d’une adolescente de 16 ans  – elle a passé son 17ème anniversaire en prison – qui subit une répression constante et tente de défendre sa famille ne préoccupe pas beaucoup de médias ou d’associations. L’Etat israélien peut donc poursuivre sa répression sans opposition. On peut d’ailleurs rappeler que la reconnaissance de l’État palestinien n’a été votée par le Parlement français qu’en 2014 et qu’elle n’a qu’une valeur symbolique.

 

 

Ahed Tamimi devant un tribunal militaire israélien. Crédit : AFP

 

En tant qu’association féministe et antiraciste, Lallab tient donc à apporter son soutien à la jeune Ahed Tamimi et attend sa libération. Nous regrettons que les répressions subies quotidiennement par les Palestinien·ne·s ne soient pas dénoncées par plus de médias et organisations, et nous rappelons que toutes les femmes se battant pour défendre leurs droits méritent notre attention et notre mobilisation.

 

Et comme l’a dit Ahed elle-même :

Nous ne voulons pas que vous nous souteniez à cause de quelques larmes photogéniques, mais parce que nous avons fait le choix de la lutte et que notre lutte est juste. C’est la seule façon de pouvoir arrêter de pleurer un jour.

 

Article co-écrit par Dorsaf et Mathilde L.

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Communiqués

[Communiqué] Lallab apporte son soutien à Asma Lamrabet

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Lallab a appris avec regret que la chercheuse féministe musulmane Asma Lamrabet a dû démissionner de son poste de directrice du Centre d’Etudes et de Recherches Féminines en Islam (CERFI), au sein de la Rabita Mohammedia des Oulémas du Maroc.

Auteure de nombreux ouvrages, dont Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ? et Le Coran et les femmes : une lecture de libération, elle mène depuis des années un travail salutaire pour démontrer que les droits des femmes sont ancrés dans les sources scripturaires de l’islam.

Sa démission intervient dans le contexte d’une campagne de cyberharcèlement, d’insultes et de menaces dont elle est victime suite à ses positions sur la compatibilité de l’égalité dans l’héritage avec les principes coraniques. Nous lui apportons tout notre soutien et nous condamnons fermement ces tentatives pour la réduire au silence.

Pour rappel, Asma Lamrabet invite à une recontextualisation de cette question afin de tenir compte des objectifs de justice visés par les versets coraniques. En effet, la femme reçoit certes une demi part d’héritage mais elle en dispose librement, tandis que l’homme reçoit une part entière mais doit l’utiliser pour prendre en charge l’intégralité de la famille, et notamment les membres féminins dont il a la tutelle. Toutefois, dans le contexte actuel où 30% des foyers marocains sont pris en charge par des femmes seules, cette répartition ne permet plus de garantir la sécurité financière des femmes et de répondre à la visée coranique de justice sociale. C’est pourquoi Asma Lamrabet ainsi que d’autres intellectuel·les et activistes marocain·es invitent à réformer la règle successorale du ta’sib dans le droit marocain, pour tenir compte de ces évolutions des réalités sociales dans les familles musulmanes.

 

En mai dernier a été publié un ouvrage collectif intitulé L’héritage des femmes, dirigé par Siam Benchekroun, dans lequel Asma Lamrabet et d’autres expert·es (théologien·nes, juristes, sociologues) partagent leurs études, réflexions et analyses sur cette problématique de l’héritage au Maroc. Une pétition a également été lancée en ce sens pour appeler à l’abrogation de l’héritage par ta’sib au Maroc.

Nous saluons le travail d’Asma Lamrabet et des autres féministes musulmanes qui  revendiquent les valeurs d’égalité, de dignité et de justice qui fondent l’islam, et s’attèlent à déconstruire les lectures patriarcales qui portent atteinte à ces principes éthiques. La campagne de diabolisation et de menaces dont elle est victime rappelle une nouvelle fois les multiples oppressions auxquelles les femmes musulmanes doivent faire face, et les moyens intolérables employés pour les écarter des débats. Féministe de la troisième voie, Asma Lamrabet représente un modèle et une véritable inspiration pour les nouvelles générations. Lallab lui réitère tout son soutien, à elle et à toutes les femmes qui luttent pour défendre leurs droits et se réapproprier leurs narrations.

 

Voir le portrait que nous lui consacrions : http://www.lallab.org/asma-lamrabet/

 

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Communiqués

[Communiqué] Tariq Ramadan : notre soutien aux victimes est total

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Depuis le lancement des campagnes #metoo et #balancetonporc, beaucoup de personnes ont témoigné et partagé leurs douloureuses expériences de harcèlements, d’agressions sexuelles, de viols et/ou de violences physiques et morales. Depuis deux semaines, cette libération de la parole autour des violences sexuelles met en lumière l’importance et l’horreur d’un problème que toutes les femmes vivent au quotidien, et qui est trop souvent tu. Tous ces évènements ont également et malheureusement replongé beaucoup de victimes dans un passé qu’elles ne voulaient pas voir resurgir.

 
Beaucoup de nos bénévoles et de nos membres ont elles-mêmes été victimes de violences sexuelles, et vivent des moments douloureux depuis le lancement de cette campagne. Chez Lallab, notre priorité sera toujours nos membres, les femmes qui nous contactent pour bénéficier d’une aide et d’un accompagnement et toutes les femmes victimes de violences. Si nous ne réagissons pas à chaud à chaque actualité, c’est souvent que nous vivons nous-mêmes des violences sexistes et racistes et qu’avant de pouvoir écrire et produire, nous avons aussi besoin de nous retrouver dans un espace bienveillant pour nous entraider, nous soutenir, nous protéger et nous donner beaucoup d’amour. Car comme toutes les militantes féministes, nous mettons parfois en danger, trop souvent sûrement, notre santé physique et mentale.

C’est pour cela que nous n’avons pas encore réagi en tant qu’association féministe, autrement que par quelques tweets, par rapport aux campagnes #metoo et #balancetonporc. Nous y travaillons, à notre rythme, selon nos envies et nos besoins. D’ailleurs, les sollicitations répétées que nous recevons depuis 48h de la part de dizaines de médias à nous prononcer sur l’affaire Tariq Ramadan ne respectent pas la temporalité que nous estimons nécessaire pour produire un travail de qualité. Ces demandes sont dérangeantes, parce les journalistes cherchent moins à avoir notre avis de féministes sur les violences patriarcales qu’à nous instrumentaliser à des fins racistes. Il est pourtant crucial d’inscrire cette nouvelle affaire dans le contexte plus global de libération de la parole de ces dernières semaines, depuis l’affaire Weinstein. Mais nous n’avons jamais été contactées pour ces autres affaires. Comme si nous étions des musulmanes avant d’être des femmes. Comme si nous étions seulement légitimes à dénoncer les violences faites par des musulmans. Comme si les violences que nous subissons étaient uniquement le fait de musulmans. FLASH NEWS : ce n’est pas le cas !

Nous dénonçons tous les bourreaux. Et nous soutenons toutes les victimes.
 

Crédit image : Maeril

 

Lallab condamne les violences et sera toujours du côté des femmes qui en sont victimes.

 
Nous voulons tout d’abord apporter notre soutien à toutes les victimes de violences.
Les témoignages qui affluent depuis quelques semaines ne sont certes que la partie émergée de l’iceberg, mais ils commencent peut-être, espérons-le, à en révéler l’envergure.
Nous vous soutenons, nous vous croyons, et nous sommes de votre côté. Nous savons à quel point il est dur de parler ou de témoigner, d’autant plus lorsque la personne incriminée est connue, puissante, voire intouchable. Et bien sûr, nous n’oublions pas celles qui n’ont pas pu le faire. Nous les soutenons également, et nous leur apportons tout notre amour.

Depuis deux semaines, deux femmes ont eu le courage de témoigner et de porter plainte contre l’islamologue suisse Tariq Ramadan. Elles l’accusent d’agressions sexuelles, de viols et de harcèlement. Nous condamnons fermement ces actes et nous soutenons les victimes dans leurs démarches. Nous serons toujours aux côtés des victimes de violences, peu importe l’identité de l’accusé. Nous condamnons fermement le déferlement de haine et le harcèlement que subissent, comme toujours, les femmes qui ont osé s’exprimer, et notamment Henda Ayari. Nous ne partageons certainement pas les mêmes idées sur de nombreux points, mais les attaques contre sa personne et son témoignage sont scandaleuses.

Le dénigrement de la parole des femmes, sous couvert de “présomption d’innocence”, est également indigne : les faits, récents comme plus anciens, nous prouvent que les femmes qui s’expriment publiquement se mettent bien plus en danger que les hommes qu’elles accusent, et ne le font donc certainement pas à la légère. Rappelons également quelques chiffres, que vous pourrez retrouver dans l’article nécessaire de Simonae sur la culture du viol : 10% des victimes seulement portent plainte suite à un viol ou une tentative de viol, entre 1 et 2% des viols seulement aboutissent à une condamnation, autrement dit 98% des violeurs ne seront jamais inquiétés pour leurs actes. Face à cela, la notion de “présomption d’innocence” dans les affaires de viol et d’agressions sexuelles semble délicate à invoquer, et l’est presque toujours pour silencier la victime.
 

Crédit image : Brigette Barrager

 

Les prédicateurs religieux et les hommes célèbres ne sont pas exempts d’être des agresseurs et prédateurs

 
Les prédicateurs, les leaders religieux, et plus généralement les hommes qui ont une certaine notoriété dans notre société ne sont pas exempts de ces comportements violents et machistes. C’est d’ailleurs grâce à la prise de parole des personnes agressées par Harvey Weinstein, puissant producteur américain, que toute cette campagne a été lancée. Le pouvoir qu’ont beaucoup d’hommes dans toutes les sphères de notre société peut leur permettre d’agir de façon violente envers les femmes de leur entourage, sans en être inquiétés. Sur l’impunité des hommes célèbres, à lire cette excellente BD de Mirion Malle. Nous rappelons qu’énormément d’hommes connus accusés d’agressions, de harcèlement et de viols sont encore aujourd’hui dans les plus hautes sphères de nos sociétés, et ce dans tous les domaines, qu’ils soient politiques, artistiques, économiques, religieux… Un exemple ? La rétrospective Roman Polanski à la Cinémathèque de Paris inaugurée ce mardi 30 octobre.
 

Défendre coûte que coûte de potentiels agresseurs fait le jeu du patriarcat

 
L’un des ressorts les plus puissants du patriarcat pour protéger les hommes coupables de violences sexistes est d’ailleurs de rappeler la respectabilité et l’importance de ceux-ci dans notre société.

Une campagne de décrédibilisation violente a frappé Henda Ayari, la première femme ayant témoigné contre Tariq Ramadan depuis l’émergence de #balancetonporc. Elle a été insultée, calomniée et menacée de mort. Avant le début des campagnes #Myharveyweinstein et #balancetonporc, une affaire similaire à l’affaire Tariq Ramadan avait éclaté aux États-Unis. Nouman Ali Khan, un prédicateur très connu outre-Atlantique avait été accusé de “comportements inappropriés” avec des jeunes femmes. Et là, comme pour Tariq Ramadan, une campagne de réfutation de toute accusation s’est mise en marche : il fallait à tout prix blanchir le prédicateur.

Défendre coûte que coûte des hommes soupçonnés de harcèlement et d’agressions sexuels rend la parole difficile à libérer. Le fait que les voix s’élèvent et dénoncent des agissements dangereux est l’opportunité pour toute personne, quelle que soit la structure dans laquelle elle évolue, de réfléchir au fonctionnement de cette structure. Il est donc important, au sein des institutions musulmanes – qui, nous le précisons, ne représentent pas les musulman·e·s – comme dans toute autre institution, de mettre en garde contre les hommes qui jouent de leur position hiérarchique pour commettre des agressions sexuelles en toute impunité, et une fois ceux-ci identifiés, de faire en sorte qu’ils ne s’approchent plus de potentielles victimes et qu’ils soient jugés.
 
https://www.instagram.com/p/BaZHhWjBNcn/?taken-by=thepakistanimarthastewart
 

Lallab dénonce la perpétuelle essentialisation des musulman·e·s à laquelle les médias prennent part

 
Tous les témoignages recueillis lors de cette campagne confirment ce que beaucoup de féministes répètent depuis des décennies : le patriarcat se vit dans toutes les sphères de nos sociétés et les violences sexistes sont le fait d’hommes, quelque soient leur origine, leur classe sociale ou leur religion. Ainsi, en France 1 femme sur 6 sera victime de viol·s ou tentative·s de viol·s au cours de sa vie. Nous rappelons que le patriarcat, en tant que système d’oppression, ne peut se reproduire que par la participation active des dominants, soit les hommes.
C’est pourquoi, en tant que féministes antiracistes, nous condamnons à la fois toutes les formes de violences, mais nous condamnons aussi toute récupération raciste et islamophobe du combat contre les violences de genre.

L’association Lallab regroupe des personnes musulmanes et non musulmanes. Nous ne sommes pas une association religieuse musulmane. Il est intéressant de constater que nous avons été peu sollicitées au début du mouvement #balancetonporc. Cependant, depuis le début de l’affaire Tariq Ramadan, les médias n’ont eu de cesse de nous contacter. Nous sommes rarement interrogées lorsqu’il s’agit des thématiques générales que nous défendons : le féminisme et l’antiracisme. Nous avons vocation, au sein de notre association, à nous exprimer sur des sujets plus larges que ceux auxquels les médias aimeraient nous restreindre.

Il est également intéressant de souligner les récupérations racistes et islamophobes qui prennent place dans la sphère médiatique suite aux accusations à l’encontre de Tariq Ramadan. L’un des exemples les plus frappants émane du quotidien de gauche, Libération, qui titre en Une du 29 octobre 2017 : “Tariq Ramadan. Silence dans les rangs musulmans”. Il est important de souligner que, peu importe le contenu de l’article, l’injonction faite aux représentant·e·s et aux individus de la “communauté musulmane” d’exprimer une position EN TANT QUE musulman·e·s est intolérable.
 
Nous tenons à nouveau à apporter notre soutien total aux victimes.
Nous le répétons également, notre énergie est limitée et notre priorité absolue reste nos membres et les femmes qui nous contactent. Pas la presse, et encore moins les vautours qui attendent la moindre occasion pour remettre en cause notre féminisme, alors qu’ils ne font rien pour les femmes, à part se réjouir des violences que subissent celles qui peuvent faire avancer leur agenda politique.

 
 
 
Crédit image à la une : Thaaks.i
« No matter how small your story may seem to you, how brief, how unnoticed… they are all significant and AS important as the rest. No amount of abuse is ok! Let’s stand together and help uplift eachother. »

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