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« Aujourd’hui, je suis convaincue que je suis une femme puissante » : les participantes des programmes POUVOIR 2021 témoignent

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Cette lettre recueille les témoignages de la promotion 2021 Nana Asma’u des programmes d’éducation populaire POUVOIR de Lallab.

 

Princesse, poétesse et enseignante, Nana Asma’u prônait la sororité et l’organisation des femmes par et pour elles-mêmes. Par cette lettre, nous souhaitions lui rendre hommage, et exprimer toute la gratitude que nous avions pour l’association Lallab. Derrière le “Je” de cette lettre, c’est un “Nous” qui s’exprime, un « Nous » de cinquante femmes dont les parcours ont été transformés par les programmes POUVOIR !

 
Comment trouver un travail quand on vient de donner naissance à une petite fille ? Qu’on porte un hijab ? Comment trouver un emploi à l’ONU quand on n’a même pas de logement stable ? Comment se sentir à l’aise avec son corps quand chacune des nos tenues est policée par les uns et par les autres ? Est-ce que je peux être musulmane et homosexuelle ? Est-ce que je trouverai un jour un travail où je me sentirai bien ? Que répondre à ce collègue qui me gêne en parlant de mon corps, de mes cheveux, de mon voile ? Comment ne pas m’en vouloir quand je perds mes moyens ?
 
Il y a des jours où ces questions me terrassaient. Elles épuisaient mon esprit et mon corps. Parfois, je ne m’en rendais même pas compte. J’avais également de nombreuses attentes. Je souhaitais obtenir des connaissances sur différents thèmes, notamment gynécologiques, transgénérationnels et psychotraumatiques, recevoir du soutien, créer ma propre boîte à outils, avoir un répertoire de professionnels qui prennent en considération les aspects socioculturels et/ou religieux, des ressources spécialisées, des associations d’aide aux victimes de violence, des structures spécifiques de prise en charge… rien que ça !
 
C’est en rencontrant d’autres femmes dans un espace de discussion bienveillant, que j’ai pris conscience que nous vivions les mêmes choses; et surtout, que nous étions capables, en nous entraidant, de reconquérir nos pouvoirs. Le fait de pouvoir se réunir entre femmes une fois par mois et échanger sur nos différents parcours me faisait énormément de bien. J’ai pu voir à quel point nos vécus étaient similaires malgré nos différences. C’était inspirant à chaque fois, à chaque fin de week-end je me sentais extrêmement puissante et cela n’a pas de prix.
 

 
Grâce au programme Éducation et Travail j’ai repris le pouvoir sur mon temps, en choisissant de ne pas le gaspiller dans des espaces où je ne suis pas traitée à ma juste valeur. Avant de commencer j’avais beaucoup d’exigence envers moi-même. Il fallait que je me pose et que je réfléchisse à propos de ce que je devais travailler, sur ce qui me plait et ce qui ne me plait pas. J’ai enfin repris le contrôle. Je ne pensais pas avoir particulièrement besoin de sororité, mais j’ai trouvé un réconfort inespéré dans ces femmes qui m’entourent. Je salue le pouvoir de télépathie des organisatrices du programme qui ont su me matcher à la perfection avec ma marraine. C’est comme si elles étaient rentrées dans ma tête et qu’elles avaient su ce dont j’avais besoin. Ma marraine a su m’accompagner dans mes doutes, mes peurs et m’aide au quotidien pour prendre le pouvoir sur mon avenir. Elle a tout simplement changé ma vie, grâce à sa bienveillance, ses conseils professionnels et à son soutien sans faille. J’ai renoué avec ma créativité. J’ai appris à affirmer mon identité et ma personne. Maintenant que je connais mes droits, je vais les faire respecter. Maintenant que je sais négocier un salaire comme une pro, je vais prendre l’argent mérité. J’ai repris le pouvoir sur mon avenir professionnel.
 
Grâce au programme Santés et sexualités, j’ai repris le pouvoir sur mon histoire, mon corps, mon estime de moi-même, mes identités et ma spiritualité. Je vous avoue que le premier week-end, j’hésitais à y participer. La sexualité c’est tellement tabou, je ne savais pas ce qu’on allait apprendre ! Mais je ressentais le besoin de me réapproprier et de me réconcilier avec mon corps. Je voulais créer ma propre boîte à outils pour faire face aux violences sexistes et sexuelles. J’avais aussi besoin de me sentir en sécurité dans un espace bienveillant pour pouvoir me confier sur mes vulnérabilités, mes souffrances et mon intimité. Il m’était vital de sortir du silence, de la honte et de la culpabilité avec des personnes concernées pour ne plus jamais me sentir seule et isolée. Je suis reconnaissante envers moi-même de m’être inscrite au programme, car j’ai trouvé un lieu où je me suis reconnue. Je me suis sentie entourée. Je n’ai pas eu à batailler pour être moi-même. J’ai découvert des personnes inspirantes, uniques. Elles m’ont fait évoluer et avancer dans tous les domaines de ma vie. Aussi bien au niveau de ma santé mentale que physique. Je prends conscience du chemin que j’ai parcouru, aujourd’hui je suis en phase avec moi-même. C’est incroyable toutes les choses que j’ai découvertes et apprises. L’une de mes attentes était de reprendre le pouvoir sur mon corps et aujourd’hui c’est chose faite, puisque j’ai trouvé de la force. Quand j’ai commencé le programme, j’étais au plus bas de ma vie et c’est juste incroyable de voir tout le changement qu’il y a eu en moi.
 
Grâce aux programmes POUVOIR, j’ai pris conscience de ma juste valeur, alors j’aimerais me remercier de m’être offert ce beau cadeau et d’avoir été assidue à tous les weekends de formation malgré la peur de réactiver des souvenirs douloureux sur certains sujets. J’ai beaucoup appris sur moi cette année : je me suis reconnectée à mon corps et réconciliée avec mes émotions dont la colère, j’arrive à prendre plus soin de moi, tenir des décisions importantes et poser des limites à mon entourage personnel et professionnel. J’ai également découvert avoir beaucoup de ressources en moi et être capable de résilience.
 
Aujourd’hui, je suis convaincue que je suis une femme puissante, résiliente, intelligente et je tiens à le rappeler à toutes les femmes que j’ai pu rencontrer.
Ces programmes valent de l’or car vous repartez avec de vraies solutions et des outils concrets.
 
Au travers de ces rencontres exceptionnelles, je voudrais à nouveau infiniment remercier toutes les intervenantes et les lallas qui ont partagé cette riche expérience avec moi. Merci pour votre amour, votre authenticité et votre bienveillance !
 
Je suis très fière d’avoir fait partie de cette première promotion Nana Asma’u. Ça m’a beaucoup aidé à faire de mon histoire, une recherche de sens ! Alors n’hésitez pas à vous inscrire aux programmes POUVOIR, vous ne le regretterez pas !
 
 
Vous avez jusqu’au 8 novembre pour vous inscrire pour la promotion 2022 des programmes POUVOIR.
️- PROGRAMME #1 Éducation & Travail : Comment appréhender un milieu professionnel discriminant ?
Pour y participer, inscrivez-vous ici

️️- PROGRAMME #2 Santés & Sexualités : Comment reprendre le pouvoir sur soi et sur son corps à travers les questions de santés et sexualités ?
Pour y participer, inscrivez-vous ici

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Diffuse la bonne parole

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Portraits

Nana Asma’u : l’indépendance par le savoir

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In Islam, it is a religious duty to seek knowledge Women may leave their homes freely for this.
— A Warning, II¸Nana Asma’u, 1856

 

Princesse, poètesse, enseignante, savante, diplomate et femme politique, c’est autant de casquettes que porte Nana Asma’u, cette figure africaine oubliée du XIXe siècle. Des projets héroïques aux exploits retentissants, elle brise les codes et force l’admiration en faisant de l’indépendance et l’éducation des femmes ses combats.

 

L’émancipation par la connaissance religieuse : une relation à la foi libératrice

 

Vers 1793, à Degel, un petit village à une quarantaine de kilomètres au Nord Ouest de Sokoto (l’actuel Nord Ouest du Nigéria), Dan Fodio voit naître ses jumeaux : l’un, nommé Hassan, sera dirigeant du futur califat de Sokoto, et l’autre, nommée non pas Husseina comme le veut la tradition mais Asma’u en hommage à Asma, la fille du célèbre campagnon du prophète Mohammed (pbsl), Abubakar, sera une grande savante féministe.

Nana Asma’u bénéficie d’une excellente éducation islamique, à travers l’étude notamment du Coran et de la Sunna – l’ensemble des actes, des paroles et même des approbations du Prophète (pbsl) – qu’elle érige en manuels de vie, de méditation et de savoir. Poussée par sa famille, elle étudie les textes philosophiques religieux relatifs à la prière, au mysticisme, au droit et au dogme islamiques, ce qui forme progressivement et profondément sa vision du monde. Elle hérite de la pensée de la Qadiriyya, une confrérie soufie pour laquelle la voie spirituelle passe par la recherche de la connaissance et le rejet du matérialisme outrancier.

 

Une éminente savante, les pieds sur Terre et la tête dans les étoiles

 

Influencée par la poésie arabe traditionnelle, elle rédige tout au long de sa vie une soixantaine d’ouvrages traitant d’histoire, de droit, de mysticisme, de théologie et de politique. Quadrilingue, Asma’u maîtrise l’arabe, le peul, le haoussa, langue parlée en Afrique de l’Ouest, et le touareg. Ses récits historiques, poèmes lyriques, lamentations ou admonitions – avertissement moral ou religieux adressé à une personne sur sa conduite – sont une source d’inspiration et d’information incroyable pour ses contemporains et pour les siècles suivants. Elle y revendique les droits des femmes dans la communauté musulmane et y dépeint le rôle des femmes dans le gouvernement.

Enseignante aussi bien auprès des femmes que des hommes, musulman·e·s et non-musulman·e·s, Asma’u acquiert une solide reconnaissance auprès des savants de l’Afrique de l’Ouest.

Pour elle, et conformément à la tradition intellectuelle islamique, le savant est d’abord un modèle de conduite à suivre pour les personnes. Il est le maître qui nourrit l’individu et le fait tendre vers l’excellence, vecteur de changement social. La principale préoccupation du savant est alors d’améliorer l’état intellectuel et moral de l’individu, et de sauvegarder le bien-être de la communauté. Tel est l’objectif qu’elle s’est fixé tout au long de son existence.

 

Stratège et conseillère, une femme politique audacieuse

 

Asma’u grandit dans le contexte du Jihad de Sokoto, guerre sainte aussi perçue comme un mouvement culturel et religieux révolutionnaire, mené par son père, Usman Dan Fodiyo. C’est donc en témoin direct et fine analyste qu’elle rédige un corpus impressionnant de poésie composée de récits historiques, élégie, exhortations, devenus de véritables sources historiques. Stratège, elle devient alors conseillère politique de son frère, dirigeant du califat, écrit des instructions aux gouverneurs, ou encore débat avec d’autres savants d’Etats étrangers.

Son sens de la diplomatie politique fait d’elle une experte de la médiation de conflits politiques. Elle transmet ensuite ce rôle à ses sœurs Myram et Fatima, ainsi qu’aux femmes d’Usman dan Fodio, Aisha et Hawwa qui oeuvrent aux côtés des califes dans une moindre mesure.

 

Les prémisses de la sororité : le féminisme par l’organisation des femmes par et pour elles-mêmes.

 

Mais cette femme active en politique a ceci d’extraordinaire qu’elle s’engage également pour la réforme sociale et notamment pour l’éducation des femmes. Elle est, en quelque sorte, précurseur de la sororité en fondant la communauté yan-taru, qui signifie littéralement « ceux qui rassemblent, fraternité entre femmes »

Convaincue que l’éducation des femmes est un droit intrinsèque garanti par l’Islam, et non une faveur concédée par quiconque, elle forme vers 1830, un groupe de femmes enseignantes (les jajis) qui voyagent à travers le Califat pour éduquer des femmes dans des maisons d’étudiants. Toutes ces jajis, à leur tour, utilisent les écrits des savants comme Asma’u et d’autres soufis, dont les moyens mnémotechniques facilitaient la mémorisation, pour transmettre le savoir acquis via leurs voyages à travers le Califat. Il s’agit d’un véritable projet éducatif visant à inclure le plus grand nombre, dont les pauvres et ruraux !

Le formidable impact de Nana Asma’u est aujourd’hui encore d’actualité, à l’image des édifices nommés à son hommage. Elle reste une source d’inspiration indéniable pour les femmes musulmanes à travers le monde entier et témoigne de la nécessité de s’éduquer et d’être actif dans la lutte contre les problèmes sociaux, notamment concernant les femmes.

 
Article écrit par Karima
 

Sources :

chnm.gmu.edu
wisemuslimwomen.org
loonwatch.com
margariaziza.com
amazingwomeninhistory.com
gamji.com[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_column_text]

Diffuse la bonne parole

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