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Retour sur le film Rocks

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J’ai été introduite au film Rocks par son affiche promotionnelle qui a tout de suite attirée mon attention. Cette affiche n’a rien d’extraordinaire en soi, on n’y voit qu’un groupe de jeunes collégiennes qui sourient à l’objectif de la caméra. Sauf que, chose assez peu ordinaire, deux d’entre elles sont visiblement musulmanes. Il s’agit des personnages de Soumaya, jouée par Kosar Ali et de Khadija, jouée par Tawheda Begum. Ce film est le premier long métrage des deux jeunes actrices.

 

 

Le film est réalisé par la cinéaste Sarah Gavron (Les Suffragettes, Rendez-vous à Brick Lane) et écrit par les scénaristes Theresa Ikoko et Claire Wilson. Rocks raconte l’histoire de Olushola, surnommée Rocks, une adolescente britannique Noire vivant à Londres. Un matin, sa mère les abandonne, elle et son petit frère, les forçant ainsi à se débrouiller seuls avec l’aide de leurs fidèles amies.

 

Le film a été présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto. Dans la foire aux questions qui suivit la diffusion du film, Sarah Gavron a annoncé que les actrices ont participé à l’écriture du film pour qu’il soit le plus authentique possible à l’expérience de la jeunesse londonienne. L’actrice Kosar Ali et sa famille furent les consultant.e.s principaux.ales pour les scènes du film représentant la culture Soudanaise.

 

Cette représentation est importante car les musulman.e.s Noir.e.s sont nettement moins représenté dans l’industrie du spectacle que les musulman.e.s d’origine Arabe ou Nord Africains. Les musulman.e.s ne sont pas un monolithe, nous sommes de toutes couleurs et formes et malheureusement notre diversité n’est pas représentée à l’écran.

 

 

 

Les femmes sont plus susceptibles d’être victime de harcèlement sur leur lieux de travail et les risques sont d’autant plus grands lorsque, comme les actrices Kosar Ali et Tawheda Begum, l’on est racisé et de confession musulmane. Mais ces dernières ne retiennent qu’un bon souvenir du tournage. « C’était ma première expérience en tant qu’actrice et c’était incroyable. C’était plus une famille qu’un plateau de travail, » affirma Kosar Ali. « C’était une opportunité incroyable. Je n’aurais jamais pensé faire un jour partie d’un film. Ma famille et tout le monde était si heureux pour moi. Travailler avec ces filles était incroyable parce qu’elles m’ont toutes fait sentir vraiment à l’aise, » ajouta Tawheda.

 

Loin des clichés de la femme soumise ou du dangereux terroriste, on suit ici deux jeunes filles musulmanes avec des rêves et des ambitions et qui sont confrontées aux mêmes difficultés que leurs camarades. Je sais qu’énormément de jeunes filles musulmanes s’identifient à leurs vies. Lorsque leur professeur demande aux élèves quel métier iels aimeraient faire lorsqu’iels grandiront, la jeune Khadija dit vouloir devenir avocate. Sa professeure la décourage en lui répondant qu’elle n’aura jamais le niveau. Elle est alors confortée par ses amies. Ceci est un scénario assez familier pour beaucoup d’élèves et encore plus pour celleux racisé.e.s et de confession musulmane.   

 

Soumaya, quant à elle, est très peinée à l’idée de se retrouver sans ses frères et sœurs vivant désormais en dehors du domicile familial mais elle va devoir se confronter à son privilège social lorsque sa meilleure amie Rocks se retrouve abandonnée par sa mère.

 

Le film est authentique dans les moments de joie tout comme dans les moments de peines. Mais la sororité est présente tout au long du film. Le groupe d’amies, d’origine et de confession différentes, s’entraide et se sort de situations difficiles grâce à leur endurance et leur bienveillance. La réalisatrice a affirmé au Festival international du film de Toronto : « Nous voulions représenter Londres telle qu’elle est. Si vous allez dans les écoles, vous verrez ces groupes d’amitié”. Pari réussi pour Sarah Gavron qui démontre qu’être à l’écoute de l’expérience de ces jeunes filles permet de réaliser un film d’autant plus authentique.

 

Rocks est un drame tout aussi déchirant qu’il est réconfortant. Intimement féministes, les personnages ne vous laisseront pas indifférent.e.s. Il met en vedette de jeunes actrices talentueuses et que nous retrouverons bientôt sur nos écrans, je l’espère. Certes dur concernant les thématiques abordées, le film réussit pourtant à nous mettre le sourire au lèvres grâce à son authenticité rafraîchissante. 

 

 

Références :

TIFF Talks (2019). ROCKS Cast and Crew Q&A | TIFF 2019 https://www.youtube.com/watch?v=Mokj3VV2HR4&t=1829s&ab_channel=TIFFTalks    

Crédit photo : Rocks

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Diffuse la bonne parole

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Moosleemargh, artiste féministe, antiraciste et pleine de dérision

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Née à Londres, où cette femme âgée de vingt-quatre ans vit encore aujourd’hui, Nasima est une artiste maniant à la perfection humour, féminisme et culture islamique. Ses origines bangladeshies jouent aussi un rôle important dans ses illustrations, que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux, où elle se nomme Moosleemargh, contraction de « muslimah » et de l’expression « argh », soulignant son agacement envers les injustices, notamment racistes et misogynes.

 

La prise de conscience d’une passion ancrée en elle depuis l’enfance

 

Diplômée depuis 2015, elle travaille actuellement dans une petite entreprise de cosmétiques, en tant qu’éditrice de création. « J’ai toujours adoré l’art et je dessine depuis mon plus jeune âge », explique-t-elle. Cela est cependant devenu plus présent dans sa vie à l’université, lorsqu’elle a décidé de s’offrir pour la première fois une tablette numérique pour dessiner, découvrant ainsi les joies de cet art digital.

 

Nasima se définit comme une grande fan de Hatecopy sur Instagram. « J’ai adoré ses personnages desi (terme désignant les personnes originaires de l’Asie du Sud) », exprime-t-elle avec beaucoup d’enthousiasme. Les illustrations de Hatecopy lui ont permis de ressentir une sorte de fierté, en tant que Desi. « Cela m’a donné envie de faire quelque chose de similaire pour les femmes musulmanes, afin qu’elles puissent s’identifier à quelque chose et qu’elles se sentent représentées », révèle-t-elle.

 

Crédit : Hatecopy

 

La volonté de représenter les musulmanes de façon drôle et spontanée

 

Ainsi, elle vend toute sorte de produits, enjolivés par ses illustrations. « L’idée de les vendre  m’est apparu plus tard, lorsque j’ai pensé que cela pouvait être cool pour des jeunes musulmanes d’acheter des objets avec des personnages musulmans et drôles », déclare-t-elle. L’illustratrice explique avoir notamment reçu beaucoup d’avis positifs suite à son pin où il est écrit « So Haraaaaam » (tellement péché). Elle espère plus tard créer d’autres produits.

 

Crédit : Moosleemargh.

« – Puis-je avoir ton numéro afin de te réveiller pour le Fajr (première prière de la journée) ?

– C’est quoi ce b*rdel ? »

 

« L’islam est constamment présent dans ma vie », explique-t-elle. Très friande d’humour par nature, elle considère qu’il lui est tout à fait facile de combiner à la fois dérision et islam dans ses illustrations. « Mes dessins reflètent généralement ma propre vie et mes expériences personnelles », confie-t-elle. La dessinatrice affirme également que cela lui permet de s’exprimer en tant qu’individu, ce qui révèle notamment ses engagements politiques.

 

Le dessin comme moyen d’expression face à l’injustice

 

« Durant mon éducation, j’ai réalisé à quel point les femmes étaient traitées différemment et je ressentais cela comme une injustice » confie Nasima. Elle a donc pris la décision de montrer son mécontentement, à la fois sur les réseaux sociaux et dans son entourage familial. Révoltée par de nombreuses injonctions, elles les dénoncent souvent dans ses illustrations.
 

Crédit : Moosleemargh.

« Ne veux-tu pas te marier ? Je connais un garçon ! Laisse-moi envoyer sa photo à ta mère. Sais-tu cuisiner ? Tu as vingt-quatre ans, il est temps de se marier, hein ? »

 

L’artiste se sent aussi très concernée par le racisme. « Plus je vieillis, plus je prends conscience du monde dans lequel nous vivons et plus je ressens la puissance de l’islamophobie et du racisme de façon générale dans notre société », regrette-t-elle. Elle reste cependant reconnaissante envers « les individus et les organisations incroyables luttant fermement contre les discours dominants visant à exclure les minorités », relativise-t-elle. Moosleemargh confie néanmoins avoir peur d’une hausse de l’islamophobie et de la xénophobie, compte tenu du climat politique actuel, qu’elle estime profondément nauséabond. « Hélas, nous avons encore beaucoup de travail à faire », nous alerte-t-elle.

 

Afin d’y remédier, l’illustratrice, elle-même profondément touchée par l’islamophobie, a récemment collaboré avec Huda, dessinatrice états-unienne et musulmane, dont le nom d’artiste est Yes I’m hot in this (Oui, j’ai chaud là-dedans) et dont le portrait se trouve également sur Lallab. Nasima l’avait découverte sur Instagram. « J’ai trouvé ses BD si drôles et intelligentes. Elle fait partie de ces personnes ayant le pouvoir de me faire rire à gorge déployée », exprime-t-elle avec beaucoup d’enthousiasme.

 

Moosleemargh était véritablement ravie lorsque Huda l’a contactée, afin de lui proposer de travailler ensemble sur un projet visant à dénoncer l’islamophobie, touchant notamment les femmes musulmanes, d’autant plus exposées à ce racisme lorsqu’elles portent un foulard, à l’instar de ces deux femmes. Ce projet prône également la sororité, dans un contexte où les femmes représentent l’écrasante majorité des victimes d’islamophobie, à savoir 80 % d’entre elles.
 

Crédit : Moosleemargh et Yes, I’m hot in this.

« L’anxiété face aux voies ferrées ». Nasima se souvient des faits divers concernant des agressions islamophobes envers des femmes musulmanes, poussées sur la voie.

Face à l’inquiétude de Nasima, Huda lui affirme son soutien : « Je suis avec toi ma sœur ».

 

Nasima est très fière de cette BD dont elles sont les deux auteures. « Je sens que nos styles vont vraiment bien ensemble et que nous avons été capables de parler d’un sujet nous affectant personnellement, mais faisant aussi souffrir d’autres personnes », révèle Moosleemargh. Elle espère vivement établir de nouveaux projets avec Huda, pour notre plus grand bonheur, inshAllah.

 

Crédit photo à la une: Moosleemargh

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Diffuse la bonne parole

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