La femme que je n’aurais jamais cru devenir

par | 4/06/18 | Nos Voix

Retrouvez le témoignage de Dieynaba, l’une de nos incroyables Lallas, lors de notre Festival Féministe Lallab Birthday #2 à l’Institut du Monde Arabe.

Au commencement, était une petite fille noire.

Si elle devait résumer son enfance en quelques lignes, elle dirait :

L’amitié, c’était ses amies d’origines maghrébines et turques auxquelles elle s’identifiait.

Les voyages, c’était son pays d’origine, le Sénégal, qu’elle rejetait.

L’amour, c’était le couple formé par son frère et une femme blanche qu’elle admirait.

La danse, c’était sa passion qu’elle pratiquait avec les moyens qu’elle avait.

La religion, c’était le ramadan qu’elle respectait et la fête avec les sien·nes qu’elle célébrait.

 

Une période où sa couleur de peau détonnait, étonnait face au climat blanc général

Une période où ses origines étaient secondaires face à celles et ceux de son entourage amical

Une période où son pays d’origine ne suscitait pour elle aucune forme d’attraction, de désir

Une période où son métissage souhaité avec un homme blanc symbolisait l’avenir

Une période où sa pratique de la danse et de la religion n’avaient rien d’immoral

Monument de la Renaissance Africaine Dakar (Sénégal)

 

Aujourd’hui, cette petite fille a grandi, changé son regard sur bien des points

SA COULEUR DE PEAU, elle l’a acceptée

SA CULTURE, SES ORIGINES, elle se les est réappropriées

SON VOYAGE, elle l’a réalisé, en solitaire, pendant son ROAD TRIP africain, au cours duquel elle s’est rendue AU SENEGAL, son pays d’origine tant rejeté et dénigré, où elle rêve désormais de se rendre à nouveau et de s’installer

SON AMOUR, elle l’a trouvé au Sénégal, à Dakar, au pied du Monument de la Renaissance Africaine : un homme bien différent de la figure de l’homme blanc idéalisée et rêvée, car gage de réussite sociale ; idée soutenue par ce slogan «  Le métissage est l’avenir »

SA PRATIQUE DE LA DANSE ET DE LA RELIGION, elle l’a enrichi au fil des rencontres, des échanges, des performances dansées où elle a gagné en confiance et en assurance, convaincue que la religion et la danse peuvent s’exprimer dans un même corps

 

Elle reconnaît, elle sait que

SON CHEMINEMENT IDENTITAIRE, elle le doit à ses rencontres avec des femmes noires modernes, inspirantes, fières ; rompant avec l’image habituelle de la femme noire véhiculée par les médias. (ROKHAYA DIALLO, NICHOLLE KHOBI, AMANDINE GAY…etc.)

Elle reconnaît, elle sait que

SON CHEMINEMENT CULTUREL, elle le doit à ses amies, des femmes inspirantes, voyageuses ; l’encourageant à franchir le cap du voyage en solitaire, si bénéfique pour renouer avec sa culture et ses origines et s’affranchir de la tradition culturelle et familiale

Elle reconnaît, elle sait que

SON CHEMINEMENT SPIRITUEL, elle le doit à des femmes de sciences ; élevant sa connaissance et sa pratique spirituelle par la découverte du féminisme musulman.

Elle reconnaît, elle sait que

SON CHEMINEMENT ARTISTIQUE, elle le doit à des femmes artistes, bienveillantes, au grand cœur ; l’aidant à accepter son statut de danseuse qu’elle niait par l’absence d’une formation professionnelle suivie en danse

 

Elle reconnaît, elle sait que

Sans LALLAB

Ces rencontres de femmes si inspirantes,

Ces discussions si intéressantes,

Ces nouvelles connaissances si nourrissantes,

Ces nouvelles sources d’intérêt si passionnantes,

Ces transformations identitaires si étonnantes,

n’auraient jamais été possibles

 

 

ALORS, cette petite fille que j’ai été, devenue cette jeune femme qui se tient devant vous, vous dit

« MERCI »

de m’avoir aidé à accepter et à faire cohabiter mes identités multiples :

FEMME, NOIRE, MUSULMANE et DANSEUSE

 

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