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Mohisa Kali, sophrologue et ventousothérapeute

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Mohisa Kali pratique à la fois la ventousothérapie, aussi nommée hijama ou cupping therapy, et la sophrologie une thérapie brève visant le bien-être physique, émotionnel et mental. Elle revient pour nous sur son parcours professionnel, très lié à sa spiritualité.

 

Du burn-out à la hijama

 

Mohisa est d’origine malienne. Elle est née à Paris et elle a toujours vécu en Essonne dans le 91. 

La jeune femme est d’abord devenue infirmière à 21 ans et a exercé dans les grands hôpitaux parisiens puis en cabinet libéral pendant une dizaine d’années. « Après toutes ces années à prendre soin des autres, je me suis oubliée, j’étais épuisée émotionnellement et physiquement, j’ai littéralement fait un burn-out ». C’est alors que Mohisa a choisi de prendre soin de sa santé. « J’ai eu recours à la sophrologie pour me relever psychologiquement, mais comme souvent, lorsqu’on ne se sent pas bien dans sa tête, mon corps a pris un gros coup ». Elle a donc tenté la hijama, qui lui a beaucoup apporté. « Je me sentais tellement mieux ! J’étais apaisée et redynamisée, je le sentais à la fois physiquement et dans mon état d’esprit ». Ainsi, cette expérience si bénéfique l’a incitée à se former à la sophrologie et la ventousothérapie. En 2019, elle ouvre son propre cabinet – un espace de bien-être et d’expression de soi – à la fois dédié à la ventousothérapie ainsi qu’à la sophrologie. « Lorsque j’étais infirmière, je voyais toutes ces personnes âgées qui prenaient jusqu’à 11 comprimés par jour et je me disais : c’est fou ! Il y a sûrement d’autres moyens plus naturels pour contribuer au bien-être et préserver la santé ». 

Mohisa évoque également sa mère, à de nombreuses reprises. « Elle aussi prenait beaucoup de médicaments car elle a plusieurs problèmes de santé et je souhaitais absolument lui éviter ça, al hemdoulilah (louange à Allah), elle n’en prend plus ». Elle est ravie de pratiquer la hijama sur sa mère. « Cela nous a beaucoup rapprochées, c’est une expérience très intime ».

 

 

Table de massage au sein du cabinet de Mohisa Kali, près des ventouses. Crédits : Shehrazad

 

 

Désormais, Mohisa accompagne ses patient·e·s dans son propre cabinet à Ablon-sur-Seine. Sa patientèle est très variée. « Il y a des femmes, des hommes, des ados, des adultes, des musulman·e·s, des non-musulman·e·s, des Arabes, des Blanc·he·s, des Noir·e·s, il y a de tout ! », rit-elle. Elle remarque ainsi un retour considérable au naturel, présent au sein de toutes les sphères de la société. « On prend de plus en plus conscience de l’importance de prendre soin de son hygiène de vie, de tous les fameux conseils de nos grands-mères et des thérapies naturelles ». Mohisa prend l’exemple des douleurs liées aux règles. « Avant la hijama, je prenais à chaque fois des médicaments, c’était particulièrement difficile pour moi. Désormais, je ne prends plus de médicaments et je me sens très bien durant mes règles ». En effet, la ventousothérapeute explique que la hijama permet de détoxifier le corps, de relancer la circulation et d’aider nos organes à mieux fonctionner. « C’est un gros boost ! Les ventouses permettent d’apaiser la personne, de chasser la fatigue ou le stress. Elle dort mieux, ressent moins de tensions… Cela exerce un véritable effet antalgique et anti-inflammatoire ». Plusieurs personnes viennent ainsi pour mieux vivre leurs maladies chroniques ou tout simplement pour s’accorder un moment de bien-être.

 

Le déroulement des séances

 

En entrant dans son cabinet, nous remarquons immédiatement une très jolie boîte à mouchoirs. Je ne peux m’empêcher de faire remarquer à Mohisa que son cabinet a véritablement l’air de celui d’une psychanalyste. « C’est vrai qu’il y a un côté psy, je suis l’oreille attentive et bienveillante des patient·e·s. Ils me livrent une partie de leur vie et donc ils pleurent souvent », sourit-elle. En effet, la sophrologue insiste sur l’importance d’écouter les personnes qu’elle accueille, afin de savoir au mieux les raisons pour lesquelles elles souhaitent avoir recours à la hijama. « Avant de poser mes ventouses, j’ai besoin d’échanger avec la personne pour la comprendre . Cela me permet d’être plus efficace dans le choix du placement de mes ventouses ». En revanche, il existe certaines conditions afin de pratiquer la hijama humide : il faut être au moins âgé·e de 11 ans, ne pas être enceint·e, ne pas suivre de traitements anticoagulants et il est préférable, pour les personnes diabétiques, ayant du mal à cicatriser, de ne pas y avoir recours. 

 

Il est également nécessaire d’être à jeun depuis 4 heures – 3 heures pour les diabétiques. Suite à ce petit entretien, Mohisa invite ses patient·e·s à s’allonger, afin de leur poser des ventouses. Elle effectue ensuite des petits points, par le biais d’une lame stérile. « Il n’y a rien de gore, pas de sang qui coule partout ! Le sang va coaguler dans les ventouses,  ça ressemble alors à des Flambys ! », s’amuse-t-elle. Puis, Mohisa désinfecte tout cela, avant de panser ces petits points avec du miel bio. Elle effectue aussi des massages, le Moving Cupping. « Il est également possible de procéder à la hijama sèche en utilisant simplement les ventouses, sans saignement. Les effets de cette ventousothérapie ne durent pas aussi longtemps que la hijama humide mais on peut la faire plus fréquemment que l’humide »

 

Le côté “très psychanalyste” du cabinet de Mohisa Kali, en raison du divan ainsi que de la boîte à mouchoirs offerte par un ancien patient. Crédits : Shehrazad

 

Elle est ainsi ravie des résultats positifs observés chez des femmes l’ayant consultée en raison de leur infertilité. « Comme dirait ma soeur, “le timing du Seigneur est toujours le meilleur!”. En revanche, la hijama peut aider à favoriser la survenue de la grossesse grâce à son action hormonale ». De même, plusieurs patientes ayant pratiqué la ventousothérapie une semaine avant le début de leurs règles, durant 3 mois, se retrouvent sans douleur durant leur période menstruelle. « On peut vraiment avoir de bons résultats ! Il ne faut pas non plus hésiter à se servir de certaines plantes africaines ou encore des huiles, comme celle de nigelle, afin d’apaiser ces douleurs ». De plus, Mohisa explique qu’il n’est pas nécessaire d’avoir la foi pour que cela ait un effet positif sur son corps et son esprit. « Il existe plusieurs études scientifiques qui prouvent les avantages de la ventousothérapie/cupping therapy. D’ailleurs, ce ne sont pas seulement les musulman·e·s qui la pratiquent, elle est également très connue dans le milieu sportif, la médecine chinoise, indienne… »

 

Son credo ? Ne jamais juger les patient·e·s et les accueillir tel·le·s qu’iels sont. Ainsi, elle accompagne de nombreuses personnes qui se sentent seules, incomprises et bloquées dans leurs situations. Des personnes qu’elle aide afin qu’elles (re)deviennent pleinement actrices de leurs vies dans la sérénité, la confiance et la joie. Mohisa intervient également au sein de lycées et d’associations, notamment pour traiter le harcèlement scolaire. « Mon objectif est de les accompagner afin qu’iels puissent acquérir de l’estime et de la confiance en soi, c’est le plus important ». En outre, plusieurs musulman·e·s évoquent avec elle leur crainte paralysante de l’Au-Delà, se sentant comme de piètres croyant·e·s. « Parfois certain·e·s patient·e·s sont hyper exigeant·e·s vis-à-vis de leur religiosité, n’acceptant pas de faiblir ou de faillir… Sauf que nous ne sommes pas des anges, nous ne sommes pas parfait·e·s. Il faut l’accepter puis y aller étape par étape et faire simplement de notre mieux, dans tous les domaines d’ailleurs ! En agissant avec la meilleure intention, Allah nous facilitera inshAllah (si Allah le veut) ». Elle prône également l’importance des massages. « Lorsque tu es stressé·e, tu oublies souvent ton corps, par l’omniprésence de ton esprit. Les massages permettent donc de revenir à ton enveloppe charnelle, ce qui peut aider à te recentrer sur toi-même ». Elle a d’ailleurs récemment lancé des lives et podcasts sur Instagram afin d’offrir ses outils de relaxation à un maximum de personnes. 

 

Il est possible de suivre Mohisa Kali sur Facebook ainsi que sur Instagram. Nous pouvons également nous abonner à sa chaîne Youtube. Pour prendre rendez-vous, cliquez sur ce lien. Si vous souhaitez établir un premier contact gratuit par téléphone avec Mohisa Kali, c’est par ici. Elle nous prépare de nouveaux projets. Nous ne lui souhaitons donc que du succès dans ses futurs engagements, inshAllah.

 

Crédit photo : Shehrazad

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Diffuse la bonne parole

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Finissons-en avec le tabou autour des règles pendant (et après !) le Ramadan

Force est de constater que les règles constituent encore un tabou très important, d’autant plus pendant le mois de Ramadan, durant lequel les personnes menstruées s’abstiennent de jeûner. Des confins du web aux témoignages partagés par d’autres Lallas en passant par ceux de ma famille, tout confirme une chose : les idées reçues et les oppressions liées à la menstruation au sein de la communauté musulmane perdurent. Et il est grand temps que ça s’arrête.

Premier tabou : la nature du sang menstruel elle-même. Celui-ci est un grand classique, véhiculé non seulement par notre environnement immédiat mais aussi par la société dans son ensemble. Les règles, c’est sale et impur. C’est du sang, oui, mais pas n’importe lequel. C’est celui d’un corps dont on ne se prive jamais de questionner la pureté le reste du temps. Il n’est donc pas étonnant de trouver moult interprétations misogynes de certains textes religieux afin de renforcer cette idée (par exemple : « on ne peut pas toucher le Coran quand on a ses règles car c’est non-hygiénique »). La religion est ainsi, comme souvent, instrumentalisée à des fins sexistes qui maintiennent les femmes dans une position d’infériorité vis-à-vis de leurs homologues masculins.

À cause de ces idées, nombreuses sont les personnes menstruées qui se retrouvent mises à l’écart pendant le Ramadan. Elles sont souvent exclues des mosquées et des rituels d’adoration pendant la période la plus sacrée du calendrier islamique. Je connais des femmes qui préfèrent éviter ces lieux pendant la durée de leurs règles, par peur de devoir se justifier sur la raison pour laquelle elles ne prient pas. Et ce, bien que l’abstention du jeûne et de la prière soient probablement toutes deux des autorisations octroyées en raison de notre condition physique souvent affaiblie par la menstruation, plutôt que des interdictions liées à un manque d’hygiène présumé.

 

Cachez cette chose que je ne saurais voir

Pire encore, certain.e.s d’entre nous ont intériorisé les messages du patriarcat par peur d’heurter la sensibilité des hommes. Pendant le Ramadan, de nombreuses personnes menstruées s’infligent une gymnastique sociale des plus habiles pour éviter de révéler qu’elles ont leurs règles, plus particulièrement aux hommes qui les entourent.

Qui d’entre nous n’a pas déjà caché avoir ses règles à ses homologues masculins pendant le Ramadan ? Qui n’a pas déjà fait mine de jeûner toute la journée pour éviter d’être « démasqué.e », malgré avoir été en droit de manger ? Qui n’a pas été se cacher dans une pièce ou un coin de la maison pour manger sans être vu.e ? Qui n’a pas été jusqu’à mentir à ses collègues ou à sa famille quant au fait de ne pas jeûner, pour éviter de dévoiler son intimité au grand jour ?

 

 

Les exemples sont malheureusement non exhaustifs. Il y a quelques années, une ancienne connaissance m’a même avoué avoir prétendu prier le Taraweeh derrière son père, un soir de Ramadan, pour éviter de lui admettre qu’elle avait ses règles. Les extrêmes jusqu’où nous sommes prêt.e.s à aller pour préserver les hommes de la réalité « horrible » d’un fait biologique pourtant naturel sont incroyables. Ceci perpétue une misogynie assourdissante qui veuille que tout ce qui représente la féminité doive être occulté et invisible. Qu’être une femme, c’est prendre le moins de place possible tant au sens littéral qu’au sens figuré.

C’est là que la culture entre en jeu. La « hchouma » au Maroc, aussi parfois qualifiée de « 3aib », est un terme utilisé comme qualificatif pour désigner un acte ou comportement honteux et/ou qui manque de pudeur. Historiquement, ce terme a été utilisé à tort et à travers pour ostraciser les femmes et leur sexualité. Parler des règles, comme bon nombre d’autres phénomènes qui touchent beaucoup de femmes, rentre d’ailleurs dans cette définition – c’est un acte inapproprié. Il s’agit donc de quelque chose que l’on préfère cacher plutôt que reconnaître, faute de quoi la stigmatisation serait accablante. Ce n’est donc pas une surprise que, pour éviter de subir le poids d’un jugement moral intransigeant – voire d’une forme de suicide culturel et social – certain.e.s préfèrent rester silencieuses par rapport à leur menstrues.

Le problème, c’est que ce silence occulte la réalité des personnes pour lesquelles les règles riment avec douleur et précarité. C’est en ouvrant le dialogue autour de cette thématique que l’on pourra sensibiliser et éduquer nos communautés au sujet d’enjeux de santé qui touchent un bon nombre d’entre nous pendant cette période, comme l’endométriose, le syndrome polycystic d’ovaire (PCOS) ou encore le syndrome pré-menstruel, pour n’en citer que certains.

À chaque fois que nous nous insurgerons contre ce silence imposé, à chaque fois que nous ferons savoir au monde qu’avoir ses règles n’est pas quelque chose d’honteux, nous étendrons le champ de communication qui s’offre à nous. Et, ce faisant, nous permettrons de renforcer un lien de solidarité infaillible non seulement entre personnes concernées, mais aussi entre croyant.e.s. Parce qu’on en a assez de devoir se cacher, de se justifier et de culpabiliser. Mais aussi parce que le poids des attentes sociétales et culturelles ne doit en aucun cas être une charge mentale qu’on doive soulever seul.e.s.

Crédit photo image à la une: Cactus Creative Studio

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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(Dé)construction

Femmes musulmanes et santé mentale

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Au moment délicat de la transition entre l’adolescence et l’âge adulte, j’ai eu un moment de remise en question et de mal-être. Je me sentais un peu perdue dans mon identité. J’étais comme déchirée entre deux univers qui semblaient ne jamais vouloir se rejoindre. J’avais d’une part mon quotidien de jeune fille musulmane, élevée dans une famille très pratiquante et spirituelle et de l’autre, ma vie d’étudiante en histoire de l’art. En dehors de mon cercle familial, je ne côtoyais aucun musulman. Pas par choix, uniquement parce que je n’en avais pas autour de moi au lycée ou à la fac. Mon identité musulmane relevait donc uniquement du domaine du domestique et du cercle familial, elle ne rejoignait pas mon identité “politique”. J’utilise le terme politique non pas pour sa notion d’engagement, mais plutôt pour son étymologie grecque : la polis, la cité, soit l’identité que l’on projette dans la société.

 

Je ne cachais pas ma foi musulmane, tout le monde était bien sûr au courant, j’en parlais quand c’était à propos ou qu’on me questionnait, sans plus. N’étant ni racisée, ni ne portant le voile, j’avais un bon “passing”. J’utilise cette terrible expression propre à la transidentité car elle témoigne bien de l’obsession qu’a notre société à vouloir gommer ce qui lui semble hors norme. Si je me permets ce parallélisme un peu douteux, c’est que l’on m’a déjà répondu en apprenant que j’étais musulmane : “Ah bon ?! Mais ça se voit pas !”.

 

Sur les conseils de notre médecin de famille, une femme musulmane, je suis allée voir un psychologue qu’elle m’a recommandé. Un homme blanc, la cinquantaine et athé. Je réalise maintenant à quel point cette entreprise était périlleuse. Comment pouvait-il vraiment me comprendre et se mettre à ma place ? Ce n’est pas pour rien qu’il y a des psychologues spécialisés dans le multi-culturalisme.

 

Lors des premières consultations, je lui parlais de certains aspects de l’éducation musulmane traditionnelle dans lesquels je ne me reconnaissais pas et qui me pesaient lourdement. Je ressentais également énormément de culpabilité envers mes parents. Je trouvais en effet leur foi et leur piété exceptionnelles et j’avais honte de ne pas être à leur niveau, de ne pas ressentir toujours ce même élan spirituel. Je ne réalisais pas alors que la foi n’est pas forcément innée et qu’elle peut même être la quête de toute une vie.

 

Je confiais donc à ce psychologue ma difficulté à me positionner en tant que jeune adulte, avec une identité musulmane qui semblait ne pas trouver sa place à l’extérieur. Je ne me souviens pas vraiment de ses réponses. À l’exception d’une phrase que je n’oublierai jamais : il m’a dit sans détour que l’islam n’avait pas encore connu son “siècle des lumières”. Pour lui, il n’y avait dès lors pas de raison de se tourmenter sur comment vivre cette identité musulmane car de toute façon, elle était à rejeter ou du moins à largement relativiser, relevant d’un obscurantisme crasseux…

 

Le nombre de fois où je ressasse des événements passés en me disant que j’aurais vraiment dû répondre à une offense et remettre une personne à sa place… Je peux le mettre sur le compte de ma fragilité et de mon jeune âge, mais quoi qu’il en soit, complètement estomaquée, je n’ai sur le coup rien trouvé à lui répondre .

 

Que connais-tu de l’islam ? De sa spiritualité ? De son histoire ? Comment te permets-tu de juger ainsi ma religion ? Ce dédain ne te semble-t-il pas au contraire aggraver davantage mon mal-être ? Penses-tu vraiment que j’avais besoin en plus d’une couche d’islamophobie ? Que fais-tu de ton empathie et de ton professionnalisme ?

 

J’ai bien sûr arrêté d’aller le voir, moi qui puisais dans mes maigres économies d’étudiante pour aller le consulter en cachette. En cachette oui, car comme dans bon nombre de familles musulmanes, suivre une psychothérapie est taboue. Je dois bien avouer que sur le coup, cette expérience m’a conforté dans cette méfiance. Au final, j’ai payé cher pour simplement avoir à disposition une personne à qui raconter tout ce que j’avais sur le cœur, mais on ne peut pas vraiment dire que c’était une oreille attentive.

 

Le temps aidant et en menant ma propre introspection, j’ai commencé à mieux me connaître et à pouvoir rassembler les facettes éparses de ma personnalité. Ce qui m’a le plus aidé au final, a été de m’ouvrir à mes parents sur tous ces questionnements, de leur faire part de mes craintes et de ce mal-être. J’ai évacué ma honte, mes doutes et j’ai même abordé des sujets très tabous. À ce moment de ma vie, c’est eux en réalité qui pouvaient me comprendre et m’aider mieux que quiconque.

 

Ma grande chance a été que mes parents se sont montrés très compréhensifs et que nos échanges ont permis de dénouer de nombreux nœuds, en plus de créer de nouveaux liens. Je l’avoue, j’ai été étonnée par leur tolérance et j’ai alors réalisé que parfois nous sous-estimons nos parents et n’imaginons pas qu’ils puissent changer d’avis. Certes, leurs principes sont pour eux inaliénables et ils nous les inculquent avec conviction. Mais face à un enfant qui confie sincèrement ses souffrances, ils peuvent par amour accepter une variante à un concept qui leur semblait jusqu’à présent immuable. Je sais bien que j’ai une relation privilégiée avec mes parents et que la communication n’est pas évidente dans toutes les familles. Mais j’ai également remarqué ce phénomène autour de moi, notamment à travers les expériences de proches qui ont été agréablement surprises de la réaction de leurs parents qu’elles imaginaient plus intransigeants. J’utilise le féminin car bien entendu, les pressions sont plus fortes sur les filles quant à leur éducation.

 

Durant notre existence, les phases de mal-être que nous pouvons expérimenter sont souvent le fait de facteurs extérieurs (discriminations, relation abusive, etc.) mais elles peuvent aussi provenir de nous-mêmes. Elles peuvent être générées par le fait de ne pas arriver à vivre en adéquation avec ce que nous estimons comme étant notre véritable identité, ou de justement avoir du mal à la définir. Il y a forcément des pressions extérieures qui s’exercent sur cette difficulté à trouver son équilibre intérieur, mais dans ce cas, nous sommes l’actrice principale et pouvons affronter le problème de front. Avec beaucoup de patience, d’indulgence et de réflexion, nous pouvons transformer le négatif en positif, car nous avons la matière, nous sommes la matière.

 

 

 

Article écrit par Ines Geoffroy

Crédit image à la une: Ismail Zaidy

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