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Mon identité n’est pas un costume : le phénomène d’appropriation culturelle

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Pour Halloween, sorcières, fantômes et zombies seront de sortie… mais aussi indiens, danseuses orientales ou encore geishas. C’est une fête où l’on se déguise en ce que l’on souhaite et personne ne nous en tient rigueur, sauf que, même si l’intention n’est pas mauvaise, notre déguisement peut s’apparenter à de l’appropriation culturelle. On vous explique en quoi cela pose problème.

 

Déjà, l’appropriation culturelle, qu’est-ce que c’est ?

 

On le décrit comme un phénomène par lequel les membres d’une certaine culture s’approprient des éléments d’une autre culture. Ils utilisent ces éléments dans un contexte autre que celui originel, en changeant souvent sa signification culturelle. Souvent, c’est une culture dominante qui s’approprie la culture d’un groupe minoritaire qui a été ou est oppressé.

Ce qui peut s’apparenter à un simple costume/accessoire reste une réalité pour d’autres. Nous avons presque tou.te.s été, à un moment donné, responsable d’appropriation culturelle, que l’on ait fait cela consciemment ou non. Malgré les idées reçues, ce n’est pas un compliment !

 

Pourquoi l’appropriation culturelle n’est pas un compliment

 

Cela participe à la banalisation de l’oppression

 

Par exemple, les images ci-dessous, qu’est-ce qu’elles vous inspirent ?

L’une est issue de la couverture du magazine ELLE, l’autre vient d’un défilé de mode de la marque américaine Victoria’s Secret.

 

appropriation-culturelle

 

Ce que l’on peut voir comme une simple expression artistique participe à la banalisation et à la déshumanisation de l’extermination des Américains natifs et de leurs combats pour leurs droits.

Ici, l’intention était probablement bonne… néanmoins, il faut considérer que les Blancs américains notamment, ont systématiquement ciblé les Américains natifs ! Et on parle ici de véritables violences qui ont mené à des génocides, à l’esclavage et à des périodes de colonisation !

Lorsque qu’une culture dominante s’approprie un élément de la culture d’un groupe minoritaire oppressé par cette même culture dominante, cela participe à la banalisation de cette oppression.

En faisant cela, on perd complétement de vue l’origine de cette culture, ce qu’elle représente et son histoire.

Cette coiffe a une signification. Elle récompense les actes de bravoure et sert de rite de passage. Ce n’est pas juste un accessoire de mode. La porter dans un autre contexte que celui originel est un manque de respect envers cette culture qui a été pendant longtemps opprimée.

 

Cela participe au maintien des stéréotypes

Tout ce que j’essayais de faire, c’était donner une performance par rapport à un endroit que j’aime énormément et dans lequel je trouve énormément de beauté. Il n’y avait aucune autre intention derrière.

C’est ce que Katy Perry déclarait après une performance lors de laquelle elle était habillée en geisha.

Malgré son désir d’honorer la culture asiatique, elle perpétue des stéréotypes négatifs sur les femmes issues de cette culture. Parmi ces derniers, les femmes asiatiques sont souvent enfermées dans un rôle d’objet sexuel soumis et passif à l’homme.

Ici, ces stéréotypes sont renforcés par les paroles ainsi que par les tenues de la chanteuse et de ses danseuses :

 

Sans réserve, sans condition,
Je t’aimerai inconditionnellement
Il n’y a plus aucune crainte à présent
Laisse-toi aller et sois libre,
Je t’aimerai inconditionnellement
Alors viens à moi tel que tu es,
Pas besoin d’excuse,
Sache que tu es méritant.

 

Inconsciemment, cette performance participe à la sexualisation de femmes venant d’une culture étrangère. Ce n’est pas sans conséquences de représenter de manière erronée une culture, surtout lorsque l’on propage des stéréotypes en faisant cela. Comme le dit très bien le slogan de cette campagne contre l’appropriation culturelle, « vous portez ce vêtement pour une nuit, on porte les stigmates toute notre vie ».

 

Cela pose la question de la légitimité et de la perception

 

L’appropriation culturelle est un terme dont on a beaucoup entendu parlé, notamment à travers la polémique de Kylie Jenner portant des cornrows (tresses africaines).

 

On a tous connu dans notre entourage, une personne non-Africaine qui trouve les tresses africaines « trop cool », sans même chercher à en savoir plus sur la culture africaine. Souvent, ce type de coiffure est plus une nécessité pour celles qui l’adoptent qu’un réel parti pris.

Quelle attitude doit-on adopter face à une femme qui arbore cette coiffe comme une tendance ? Quelle légitimité à faire cela ? Quand on sait que des femmes issues de cette principale culture ont été critiquées pour avoir arboré cette coiffure et ont même dû se battre pour que l’on accepte leur beauté naturelle, n’est-ce pas inapproprié ?

La réponse n’est pas simple. Il est nécessaire de souligner le traitement de faveur qui diffère en fonction de la personne qui arbore cet élément culturel.

On se dit que c’est une mode, une tendance, sans se soucier de la portée réductrice, négative et de l’atteinte qu’on fait à une communauté décriée. Des femmes ont été critiquées, licenciées, harcelées, insultées pour cette même attitude et se sont battues pour qu’on accepte juste leurs cheveux !

L’appropriation culturelle fait fi de tout cela au profit d’une finalité tendancieuse. On troque l’appréciation pour l’appropriation.

 

Cela génère du profit sur le dos de ces minorités

 

De cette légitimité et de cette perception découle une conséquence : le profit. En utilisant des codes culturels qui ne nous appartiennent pas, on contribue à la machine commerciale qui en abuse. C’est l’aspect opportuniste de l’appropriation culturelle.

Ces éléments empruntés à une culture sont principalement vendus pour créer une tendance. Ils sont utilisés et exploités sans en créditer l’origine. Si l’on prend l’exemple des déguisements, nous voyons depuis tout.e petit.e, dans les grandes surfaces, des costumes pour jouer aux cow-boys et aux indiens.

Bien que l’intention soit le simple divertissement, nous contribuons inconsciemment au développement commercial de cette tendance sans en créditer l’origine. On note alors que ce phénomène est entretenu car il permet de générer du chiffre et qu’il est une aubaine pour les fêtes commerciales comme Halloween. Sauf que tout cet argent ne sera jamais touché par les personnes concernées, qui sont elles, au contraire, généralement en difficulté économique.

 

Aux Etats-Unis, de nombreuses personnes se sont mobilisées pour dénoncer cet abus culturel. Des mouvements se sont mis en place comme cette campagne de sensibilisation qui scandait le slogan : « We’re a culture not a costume » (« nous sommes une culture pas un costume »).

Cette mobilisation a également pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MyCultureIsNotCouture. Ce hashtag dénonçait l’attitude des maisons de couture dans l’utilisation inappropriée qu’elles font des éléments inhérents à une culture sans en créditer l’origine.

 

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Notre article n’a pas pour but de clamer que les cultures ne doivent pas se mélanger. À l’approche d’Halloween, il faut juste prendre conscience qu’un choix aussi anodin que celui de se déguiser peut porter atteinte à des individus. Le problème d’appropriation culturelle peut être contré en étant plus ouvert.e, en aiguisant sa curiosité, en essayant de saisir et de comprendre le sens des éléments qui composent une culture, en regardant plus loin que la surface des choses. Promis, ce n’est pas si compliqué !

Happy Halloween !

Article co-écrit par Noha Boukadida et Fatima Bent[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_facebook][vc_tweetmeme][vc_separator][vc_widget_sidebar sidebar_id= »home-one »][/vc_column][/vc_row]

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Pourquoi avons-nous besoin d’un magazine comme Lallab ?

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Lallab Femme musulmane
Magazine en ligne Lallab / Crédit : Lallab
Aujourd’hui, en France, en 2016, comme l’ont d’ailleurs très bien illustré une fois de plus les nombreuses polémiques de cet été, on en est encore à expliquer aux femmes musulmanes comment elles doivent penser, se vêtir et vivre leurs vies. On adore les enfermer dans des rôles bien précis, stéréotypés, étouffants et surtout insupportables voire humiliants. Alors de notre côté, nous disons stop, ça suffit ! Nous avons décidé de déchirer ces mauvais scénarios pré-écrits pour prendre nos plus belles plumes et écrire de toutes nouvelles histoires, de véritables récits qui valent enfin la peine d’être lus !

 

Avec Lallab, notre rêve est simple : façonner un monde dans lequel les femmes choisissent en toute liberté les armes de leur émancipation.

Dans ce cas, pourquoi faire entendre spécifiquement les voix des femmes musulmanes ? On vous explique tout en 8 points :

 

1/ Faire entendre les voix des femmes musulmanes

 

Aujourd’hui, les femmes musulmanes sont réduites à un silence paradoxal : on ne cesse de parler d’elles mais sans jamais leur donner la parole. Cela  semble pourtant logique, sur un sujet donné, de donner la parole aux principaux·ales concerné·e·s. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, lorsqu’il s’agit des femmes musulmanes, nos médias et nos politiques deviennent de véritables experts pour parler à leurs places.

 

2/  Être actrice de son histoire

 

Les femmes musulmanes ne cessent d’être représentées comme un bloc homogène avec une histoire unique. Ces femmes sont pourtant plurielles et leurs vécus sont multiples. Alors prenons la plume ou la caméra, car écrire soi-même son histoire est un moyen de déconstruire les mythes qui y sont attachés, de se la réapproprier et de mieux envisager son futur.

 

3/ Se rebeller contre les préjugés

 

Les femmes musulmanes sont soumises et victimes  … de toutes les formes d’ignorances qui persistent à leur sujet !

 

4/ Reconnaître les discriminations spécifiques aux femmes musulmanes

 

Les musulmanes se trouvent à l’intersection d’au moins 3 critères de discriminations – le genre, la race, la religion. Un chiffre ? En France, en 2015, plus de 80%* des victimes d’agressions islamophobes sont des femmes. Il est aujourd’hui primordial de reconnaître ces discriminations spécifiques à travers une approche intersectionnelle si l’on veut faire changer les choses.

 

5/ Ne nous libérez pas, on s’en charge !

 

Il n’y a pas de schéma unique : chaque femme est la plus à même de décider des conditions de son émancipation, et personne, pas même une autre femme, aussi bienveillante soit-elle, ne doit décider pour elle. Cela semble évident, non ? Pas pour tout le monde, manifestement.

La « libération » des femmes musulmanes semble être devenu un enjeu national, et il est en ce sens trop souvent admis que cette émancipation doit nécessairement passer par une mise à distance du religieux. Or, forcer des personnes à nier leur foi pour supposément s’émanciper, c’est pas très cool … C’est même franchement violent et oppressif.

 

6/ Célébrer !

 

Énormément de femmes inspirantes se sont battues tout au long de l’Histoire, en tout temps et en tout lieu, pour faire valoir leurs droits et entendre leurs voix, et il est nécessaire de les mettre en lumière ! Rendons-leur hommage !

 

7/ Révolutionner l’image des femmes musulmanes dans les médias

 

Les médias ont tellement ancré dans l’imaginaire collectif cette vision de la femme musulmane soumise que cela alimente des discours et des actes oppressifs. Nous souhaitons prescrire l’antidote nécessaire à ce traitement simpliste, binaire et dangereux de l’information. Nous replaçons l’humain au centre de la discussion.

 

8/ Transformer la société

 

Ensemble, nous souhaitons construire une société respectueuse, qui ne craint plus les identités des personnes. Notre combat va donc au-delà des droits des femmes musulmanes ! Nous souhaitons que chaque personne puisse être non pas ce que l’on souhaite qu’elle soit, mais bien ce qu’elle veut être.

On l’a déjà dit, mais on le répétera tant qu’il le faudra : notre rêve est simple. Simple, mais ambitieux ! Car il nous faudra parcourir ce chemin tou·te·s ensemble pour enfin vivre dans une société qui n’a pas peur de l’altérité et qui permet à chaque femme de s’épanouir non pas malgré ses identités multiples mais grâce à elles.

Alors, vous en êtes ?

 

Sarah ZOUAK et Justine DEVILLAINE
Co-fondatrices de Lallab

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Diffuse la bonne parole

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