Catégories
(Dé)construction

La représentation des musulmans dans l’opinion publique lorsque des actes terroristes ont lieu

[vc_row][vc_column width= »2/3″][vc_column_text]

“Face au terrorisme, les musulmans réagissent en tant que citoyens” indique Vincent Geisser sociologue et politologue, qui s’intéresse à la mobilisation des musulmans contre le terrorisme à l’heure où l’on essaie de pointer du doigt le silence présumé des musulmans.

 

Un besoin intense de trouver des responsables à ces drames surgit. Sur des plateaux télévisés, les musulmans sont accusés à tort d’avoir causé ces ignominies. Une « chasse aux musulmans » s’organise. On veut désigner parmi les musulmans qui est ou non responsable en oubliant souvent que des victimes musulmanes ont également été touchées et que ce sujet nous concerne tous. Les musulmans ne peuvent qu’être attristés par ces tragédies. Ils condamnent fermement ces atrocités commises au nom de leur religion. Vouloir à tout prix les écarter du débat public et de l’émotion publique est problématique et ce qu’il l’est d’autant plus est de les accuser à tort pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.

 

 

Peut-on demander des excuses aux musulmans ?

 

Les musulmans sont appelés à s’excuser pour les faits commis par des terroristes au nom de l’Islam. La question qui me pèse est de savoir comment les musulmans peuvent-ils demander pardon pour des faits qu’ils n’ont pas commis et surtout contre lesquels ils s’érigent depuis toujours. Il est totalement indécent de faire porter le chapeau à des innocents. Lorsqu’un imam demande pardon pour ces actes, cela accentue d’autant plus l’éventualité selon laquelle tous les musulmans seraient derrière ce mal. Indirectement cela permet de crédibiliser les personnes qui se permettent d’accuser des musulmans d’avoir entraîné ces attentats.

Rokhaya Diallo en a payé les frais, se faisant accuser, sur un plateau télévisé, d’avoir été le bras armé des terroristes. Le simple fait d’être musulman nous rend finalement coupable de terrorisme. Ce qui est d’autant plus choquant c’est de savoir qu’il a été permis à cet homme de faire ces accusations d’une extrême violence publiquement sans que cela ne puisse poser de problème. Il est devenu permis et surtout banal de faire un lien monstrueux entre les musulmans et le terrorisme.

Lorsque le Ministre de l’Education diffuse sur son compte une vidéo en hommage à Samuel Paty et que seulement certains joueurs de l’équipe de foot apparaissent, les internautes s’insurgent se demandant « où sont passés les noirs ? ». Les noirs, arabes et donc les musulmans dans leur ensemble doivent manifester leur tristesse publiquement et s’ils ne le font pas c’est qu’ils cautionnent ce qu’il s’est passé. On demande aux musulmans de manifester encore plus de tristesse que le reste de la population.

 

Une mise à l’écart injustifiée

 

Lors de la marche en hommage à Samuel Paty, il a été demandé aux musulmans à titre personnel de sortir, de défiler et de manifester leur mécontentement. « Je voudrais les voir défiler » a-t-on pu entendre de la part de Yann Moix, comme si les musulmans attendaient cette sommation pour se rendre place de la République et rendre hommage à ce professeur lâchement assassiné. Les musulmans font partie de la communauté nationale et s’indignent tout autant que tous les français. Leur demander de manifester leur indignation crée un doute sur leur capacité à être meurtris lorsque des drames ont lieu.
On prétend vouloir lutter contre le communautarisme et le séparatisme mais on demande à une communauté en particulier de se montrer plus triste que les autres. Le séparatisme est justement généré par ce genre de demande et par toutes les fois où les musulmans ont été mis de côté en raison de leur appartenance religieuse. Lorsqu’on pointe du doigt une communauté leur demandant de se différencier du reste des français c’est justement démontrer qu’ils ne font pas partie de la communauté nationale et qu’ils ne sont donc pas acceptés en tant que citoyen français. Ce qui est problématique c’est que lorsqu’ils manifestent leurs émotions, cela ne va pas non plus, souvent accusés de ne pas être sincères. Il existerait apparemment une zone grise qui est composée de musulmans se réjouissant des attentats. Finalement les musulmans sont un problème et suscitent l’indignation quoiqu’ils fassent. Ce n’est pas un discours victimaire comme certains peuvent le penser, ce n’est qu’un simple constat de la réalité et toute personne de bonne foi pourra le reconnaître.

 

 

Une vague islamophobe pesante

 

S’ajoute à toute cette tristesse un vent islamophobe et raciste qui impacte fortement la vie des musulmans. Les discours de haine se multiplient allant des médias aux plus hauts sommets de l’État. Il est difficile pour le musulman de trouver sa place.

Au-delà de toute cette morosité, s’additionne une couche supplémentaire qui touche profondément le moral des musulmans. Ces derniers se retrouvent au cœur des débats. Ils constituent le problème majeur de la société française, faisant presque oublier aux français toutes les crises auxquelles la France doit faire face. On oublie que cela se traduit dans la vie quotidienne des musulmans. Cela apparaît par une hostilité à l’égard des femmes musulmanes voilées se faisant rejeter de toutes les sphères de la société. Le voile représentant le symbole de ces terroristes et toutes les femmes qui ont fait le choix de le porter se trouvent assimilées à ces actes barbares.

Lorsque sur Twitter, une jeune étudiante voilée se trouve identifiée par une journaliste, aux attentats du 11 septembre, cela permet encore une fois de faire ce lien horrible entre musulmans et terrorisme. Cette brutalité inacceptable ne s’explique pas et elle est à combattre. Il ne faut pas que les musulmans cèdent à ce genre de comportement, il ne faut en aucun cas qu’ils se sentent coupables de cette atmosphère invivable. Pire encore, il ne faut pas que les musulmans s’obligent à être discrets pour ne pas susciter la polémique. Certains considèrent que les musulmans apparaissent trop souvent médiatiquement, à l’instar de Florian Philippot qui indique sur Twitter que « la mouvance indigéniste doit être expulsée de la sphère médiatique où elle y a pris ses aises depuis des années ». La réalité est toute autre, les musulmans sont sous représentés dans les médias. Pendant que sur les plateaux télévisés composés d’hommes blancs, est débattue la question du voile, aucune femme voilée n’est invitée à témoigner sur ce sujet dont elle est la principale concernée. Les musulmans ne sont presque jamais appelés à débattre sur les sujets qui les concernent mais ce qui est aussi révoltant c’est qu’ils ne sont pas invités pour d’autres sujets. Lorsque, par miracle, un musulman est invité à s’exprimer, c’est toujours en relation avec l’islam, les discriminations ou la banlieue française. Pour tous les autres sujets, les musulmans sont écartés du débat public. Mais il est temps que cela cesse car les musulmans, en voulant apparaître médiatiquement, ne font qu’affirmer leur citoyenneté.

 

 

Crédit photo : Lallab

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_column_text]

Diffuse la bonne parole

[/vc_column_text][vc_facebook][vc_tweetmeme][vc_column_text][/vc_column_text][vc_widget_sidebar sidebar_id= »home-one »][/vc_column][/vc_row]

Catégories
Communiqués

Soyez prêt·es pour le #MuslimWomensDay le 27 mars !

[vc_row][vc_column width= »2/3″][vc_column_text]

En ce mois symbolique dans la lutte pour les droits des femmes, Lallab lance ce 27 mars la Journée internationale des femmes musulmanes : le Muslim Women’s Day !

Avec le soutien et la collaboration précieuse du magazine en ligne américain Muslim Girl et du premier quotidien français d’actualité sur le fait musulman Saphirnews.com, et en partenariat avec le magazine féminin Cheek Magazine, Lallab lance la première édition française du Muslim Women’s Day, pour révolutionner le récit fait sur les femmes musulmanes et promouvoir une représentation médiatique plus inclusive.

Au programme : une conférence-débat à Paris sur le traitement médiatique des femmes musulmanes en France, le 26 mars, et une journée entière de mobilisation, le 27 mars, pour passer le micro aux femmes dont on parle souvent sans leur laisser la parole.

 Crédit photo : Clotilde Vallée

 

Pourquoi une Journée internationale des femmes musulmanes ?

 

Il y a un an, Amani Al-Khatahtbeh, fondatrice du média américain Muslim Girl, lançait la première édition du Muslim Women’s Day. Sa détermination à amplifier les voix et les récits pluriels des femmes musulmanes a fait des émules. Elle nous incite à lancer, nous aussi, la Journée internationale des femmes musulmanes en France. Et il était temps !

Depuis quelques années, et particulièrement depuis l’automne 2017 avec les hashtags #Metoo et #Balancetonporc, les voix des femmes ainsi que leurs revendications pour l’égalité et contre le sexisme commencent à être entendues à grande échelle, et, nous osons l’espérer, prises en compte. Cela renforce plus que jamais notre détermination, en tant que féministes, à continuer à nous battre au quotidien. Mais nous faisons aussi le constat qu’au milieu de toutes ces voix, celles des femmes musulmanes peinent à être entendues.

Nous l’observons d’abord via notre association féministe et antiraciste Lallab, qui a pour but de faire entendre les voix des femmes musulmanes. En moins de deux ans d’existence, elle a été victime de nombreuses campagnes de cyberharcèlement, de diffamation, de silenciation, de diabolisation et de violences sexistes, racistes et islamophobes. Comment, dans ce climat, garantir des espaces d’expression bienveillants pour les femmes que nous défendons ?

Plus globalement, les femmes musulmanes en France doivent faire face à un traitement médiatique dangereux, les représentant généralement comme des femmes tantôt soumises et oppressées, tantôt hypersexualisées, mais toujours infantilisées, ignorantes, voire menaçantes. Ce traitement médiatique parfois pernicieux a de réelles conséquences sur l’image et la vie des femmes musulmanes en France, qui représentent plus de 80% des victimes des actes islamophobes. Des femmes musulmanes ont ainsi été empêchées d’accompagner leurs enfants lors de sorties scolaires, de travailler, d’étudier, de voter, de recevoir des soins médicaux, d’aller à la plage, de passer des examens, d’aller dans des salles de sport, de s’engager en politique et même de chanter ! Et il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’on entende parler du « problème du voile » dans la presse écrite, à la radio, à la télévision et sur les réseaux sociaux. C’est devenu récurrent. Banal. Normal.

Pourtant, la représentation n’est pas une question subalterne. Elle est ce qui nous permet de voir un reflet de nous-mêmes dans le monde qui nous entoure. Elle est ce qui nous permet de rêver, de nous définir et d’envisager un monde des possibles riche et pluriel.

 

Comment soutenir le Muslim Women’s Day ?

 

Parce qu’il est temps de briser le silence paradoxal qui fait que l’on ne cesse de parler des femmes musulmanes sans leur donner la parole, le Muslim Women’s Day est l’occasion de changer la narration faite sur les femmes musulmanes et de continuer à apporter une réponse positive pour célébrer celles que l’on ne cesse de marginaliser.

Le 27 mars est une journée pour inviter, voire inciter les rédactions françaises à « passer le micro » et à créer un espace médiatique pour les femmes musulmanes. Une journée pour que celles-ci puissent aborder les sujets qui les concernent et sortir de l’agenda médiatique et politique qui leur est généralement imposé. Une journée tel un tremplin pour une représentation plus large et plus inclusive des femmes musulmanes, dans leur diversité, dans les médias.

Crédit photo : Clotilde Vallée 

 

Quel est le timing du Muslim Women’s Day ?

 

En préambule du Muslim Women’s Day, une conférence-débat est organisée lundi 26 mars, à 19 heures, au Centre culturel et social Rosa-Parks (Paris 19e) sur le traitement médiatique des femmes musulmanes, en présence de rédactrices en cheffes, de journalistes et de sociologues (Muslim Girl, Saphirnews.com, Salamnews, Cheek Magazine, Médiapart, La Poudre, Acrimed, Melting Book…).

Le 27 mars, Lallab lancera officiellement le Muslim Women’s Day avec nos partenaires médias pour inonder la toile de récits divers de femmes musulmanes en France grâce au hashtag #MuslimWomensDay.

Cette première édition française du Muslim Women’s Day est une étape décisive dans la lutte contre le traitement sexiste et raciste réservé aux femmes musulmanes. Une première pierre posée sur laquelle Lallab compte s’appuyer pour construire de nombreux futurs partenariats, initiatives et formations tout le long de l’année et chaque 27 mars.

 

Vous êtes un média et souhaitez être partenaire de cette initiative, écrivez-nous à hello@lallab.org

Inscrivez-vous à la conférence-débat sur le traitement médiatique des femmes musulmanes du 26 mars (entrée libre) : lien HelloAsso et retrouvez le programme sur l’événement Facebook.

 

Happy Muslim Women’s Day !

 

Crédit photo à la une : Clotilde Vallée 

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/3″][vc_column_text]

Diffuse la bonne parole

[/vc_column_text][vc_facebook][vc_tweetmeme][vc_column_text][/vc_column_text][vc_widget_sidebar sidebar_id= »home-one »][/vc_column][/vc_row]