Un bel élan de sororité – De Guerre et d’Espoir – Collectif Nuée de plumes

par | 26/02/21 | (Dé)construction

« Recréer de la beauté et de la compassion dans un univers qui en est privé » Préface par Faïza Guène – De Guerre et d’Espoir

Beaucoup soulignent l’aspect négatif des réseaux sociaux, mais aujourd’hui, laissez-moi vous présenter ce qu’Instagram permet de réaliser quand les chemins des belles âmes se croisent.
De Guerre et d’Espoir est un projet né d’une rencontre sur Instagram, un recueil écrit par des femmes incroyables. Ces artistes nous entraînent, nouvelle après nouvelle, poème après poème, horreur après horreur, dans un voyage teinté d’une note d’espoir.

 

« Un livre. Un don » Collectif Nuée de Plumes

 

Elles sont dix-huit femmes à écrire et à dessiner bénévolement. Leur but ? Reverser 80% des bénéfices, à parts égales, à deux associations : « Au Cœur de la Précarité » et « Solidarité migrants Wilson », les 20% restants étant réservés pour l’autofinancement du recueil.

Publié en mai 2020, en indépendant, De Guerre et d’Espoir porte « la voix des oubliés, des invisibles », et dénonce « l’absurdité humaine ». Ce recueil constitue, également, des éclats d’espoir. Le Collectif Nuée de plumes souhaite, non seulement, « délivrer un message d’espoir, mais aussi une prise de conscience ».

Une belle initiative, remplie d’amour et d’espérance, réalisée par des artistes qui rêvent d’un monde meilleur.

« Parfum d’enfance » De Guerre et D’Espoir

De Guerre et D’Espoir livre la triste réalité de la guerre. Des adultes qui provoquent l’horreur, et des enfants qui en récoltent les conséquences, victimes d’ atrocités inimaginables. Ils sont des anges qui ne voient plus la lumière.

Le livre nous dépeint les pensées et les émotions des enfants de la guerre : la peur, l’anxiété, l’angoisse, la terreur, l’espoir avec un léger brin de naïveté… Il ne s’agit pas de fiction, mais de l’histoire d’un millier d’enfants à travers le monde. « Grandir sous les bombes » ce n’est pas beau. Après tout, « la guerre éteint la lumière dans les yeux des enfants ».

« Petit enfant solitaire, qui dort en enfer » p28 – De Guerre et D’Espoir

Le recueil souligne la misère des orphelins qui essaient de survivre à la guerre. Jeune, je pense qu’on s’est tous, à un moment ou un autre, égarés dans les rayons des grands magasins, perdant de vue nos parents. On a déjà ressenti ce stress et cette peur qui nous agressent et nouent notre ventre,sentant parfois même les larmes qui commencent à monter. Alors, imaginez-vous enfant, errant dans un champ de guerre,dans le chaos le plus total, sans vos protecteurs à vos côtés. Que ressentiriez-vous ?

« Je suis devenue aveugle un jour de guerre » p25 – De Guerre et D’Espoir

Les enfants de la guerre sont condamnés à vivre isolés du monde extérieur, sans boussole, livrés à eux-mêmes, à essayer de survivre aux bombardements, aux prédateurs (humains), et au désespoir.

Les autrices nous offrent plusieurs paysages fictifs qui décrivent la détresse de ces enfants, mais elles ne s’arrêtent pas là : derrière ce malheur, il y a un espoir futur, qui pourrait illuminer ce sombre tableau.

De l’empathie, de la bienveillance naissent pour tous ces anges.

Le cœur serré et lourd à la lecture, il m’est difficile de lire et d’enchaîner toutes les histoires, mais il le faut. Ces réalités que je fuis, que je n’aime pas voir ni entendre, pourraient être les miennes. 

« Cendres de guerre » De Guerre et D’Espoir

Ce livre est une sorte de voyage intérieur. Les mots sont des vagues, les poèmes sont des berceuses de guerre et les rimes sont des malheureuses qui espèrent et prient pour l’harmonie. Je finis par détester la Guerre. Une lumière au bout du tunnel ? Je finis par y croire, elle existe. La sincérité de toutes ces femmes me frappe. Ce livre est un espoir, ces textes sont un bout de cette lumière, ces plumes ouvrent un chemin vers l’avenir.

« Pourquoi nos ancêtres n’ont-ils pas pensé à nous, pauvres enfants prisonniers de la guerre qui concerne l’Humanité entière ? » p52 – De Guerre et D’Espoir

Le recueil pousse à réfléchir et à se remettre en question. C’est un rappel :  chaque être humain est responsable de la Terre et de ses habitants, actuels et futurs. Quel monde vais-je laisser après mon départ  ? Si je ne change pas, qu’en sera-t-il de notre monde ? Au-delà des guerres, les autrices évoquent l’impact environnemental et les conséquences des catastrophes naturelles sur notre planète.

« Dans mon cœur, c’est la guérilla. Dans ma tête, c’est Fukushima » p48 – De Guerre et D’Espoir

La guerre n’est pas un choix, mais certains enfants quittent leur lit douillet, leur famille aimante, leur havre de paix pour cet enfer :  ce sont les enfants endoctrinés. Ceux qui creusent leur propre malheur, et qui se jettent « dans un brasier de haine » pour se sentir exister.  

De Guerre et D’espoir insiste sur l’importance du dialogue, au sein du foyer familial, pour ne pas laisser les enfants – et les adultes –  tomber dans le piège des terroristes et ainsi pouvoir les sauver du fanatisme religieux. Parler et échanger sur les sujets les plus sensibles, et spécialement les sujets considérés comme « hchouma », est primordial.

 « Tuer l’humanité au nom de Dieu ? » Quelle calamité ! Les enfants qui quittent leurs foyers bienveillants pour se lancer sur le champ de la bataille, les adultes qui sacrifient leurs familles pour une guerre qu’ils pensent être légitime – alors qu’en réalité, la guerre est une « absurdité humaine », orchestrée par la haine et le côté sombre de l’être humain.  

La guerre change l’humain : soit elle ressort ce qu’il y a de bien en lui, soit elle expose ce qu’il comporte de pire.  Les autrices s’arment de leur plume, et me lancent en pleine face la noirceur des hommes.

Des personnages, j’en ai aimés, des personnages, j’en ai détestés. Au fil de ma lecture, mon cœur et mon âme étaient une sorte d’Hiroshima et Nagasaki. Un ouvrage difficile à lire, difficile à digérer. Les nouvelles mettent en lumière les violences, les viols, et les témoins qui ne font rien pour arrêter ce tableau macabre et qui au contraire, comme des fous, profitent du spectacle.

« Le problème n’est pas dans la tête, mais dans le cœur »

La guerre est un cercle vicieux, le meurtre engendre la vengeance, et ainsi de suite. Certaines personnes se condamnent par leurs propres mains. En réalité, la guerre est bien plus noire que nous ne le pensons. Pire que la guerre ? Perdre son intégrité et son humanité. Les Hommes qui provoquent la guerre, qui tuent ou violent, ne sont pas des êtres humains stupides, ils ne manquent pas d’intelligence, mais d’humanité. La perte de l’humanité mène aux pires atrocités.

« Ma seule option était la mer » p89 – De Guerre et D’Espoir

Comment peut-on décrire des êtres humains qui ont les moyens de sauver des milliers de vies, mais laissent des enfants, des femmes et des hommes mourir, noyés parfois dans des conditions indescriptibles ? 

C’est complètement humain de vouloir fuir un lieu dangereux, où tu ne peux ni dormir ni manger, où tu peux mourir n’importe quand, de la pire manière. En ayant envie de sauver leur famille et leur propre vie, de nombreuses familles prennent la mer, et tentent d’arriver à bon port, avec l’espoir d’être aidées. De Guerre et D’espoir soulève de nombreuses questions liées à l’immigration,et décrit les naufrages comme des « crimes de sang-froid ».

Les conséquences de la guerre sont nombreuses et à différentes échelles. Il existe des guerres bruyantes, silencieuses, cachées ou encore déguisées. Même les guerres portent des masques – notamment avec la situation des Ouïghours.

Puis, il y a les guerres anciennes, qui ont laissé derrière elles des âmes blessées et des cœurs meurtris – vives encore dans les mémoires. L’impact de la colonisation n’est pas terminé. Les déchirures, que beaucoup essaient de combler, sont présentes, encore vivantes, sous la peau, dans les veines, au plus profond de l’âme… Les fissures des âmes ne sont pas des légendes.

Ce livre met l’accent sur les sujets d’actualité, qui brisent le cœur, provoquent le malaise et les larmes. Ces actualités que j’essaie d’oublier, ces informations que je fais semblant de ne pas voir… Les mots me parlent, me chuchotent, et me questionnent : quel est mon rôle dans ce tourbillon d’horreur? Quand, et où ai-je perdu mon humanité ?

Les enfants de la guerre sont « des victimes de la bêtise humaine et du silence du monde ». Ils symbolisent l’innocence, l’amour, la paix et l’espoir. Quel monde vais-je leur laisser ?

Les adultes vont encore plus loin, non contents de perdre leur humanité, ils volent aussi l’innocence des enfants, parfois celle des leurs. Ces adultes-là, ne sont pas des imbéciles, des fous ou des malades. Ce sont des êtres humains qui ont abandonné leur cœur et se sont jetés à bras ouverts dans la haine. Ils n’ont pas d’excuses, ils sont de ceux qui embrasent et embrassent le mal avec leur corps, leur cœur, et leur âme.

« Douce espérance » De Guerre et D’Espoir

Même au fin fond de l’enfer, tant qu’on est sur Terre, il y a de la lumière. La dernière partie du recueil porte sur l’espoir. Il ne faut pas succomber à la haine mais s’armer de patience, car Justice sera faite tôt ou tard.

Les autrices sont « des mères, des filles, des sœurs et n’ont qu’une arme face à l’injustice : leur plume. »Ces femmes dessinent des mots d’amour, de paix et d’espoir. Leurs plumes s’unissent dans un élan de sororité et nous livrent un bel exemple d’humanité.

En changeant le monde à notre échelle, pierre par pierre, nous finirons par construire une pyramide ; peu importe le temps que cela prendra. Rectifions nos cœurs et nos âmes. Remplaçons l’égoïsme et la jalousie par l’amour et la bienveillance. Revenons à l’essentiel : notre humanité.

« Comment peut-on changer un mal par notre main ? » p102 – De Guerre et D’Espoir

Ne jamais sous-estimer la force d’une plume. Peu importe la forme dans laquelle on prend part dans la lutte contre l’injustice, même avec une simple plume, une prière, une pensée pour les victimes de TOUTE injustice, c’est un pas vers l’espoir.

Merci aux autrices qui m’ont fait lire des mots aussi déchirants et troublants, qui m’ont fait sortir de ma zone de confort, merci à vous. Merci d’avoir partagé un bout de vos cœurs, de vos sentiments et de vos émotions, d’avoir laissé une partie de votre âme sur ces pages.

 

 

Que ce recueil puisse éveiller ma conscience… Ainsi, que la paix soit sur vous.

 

Jou RH

Crédit photo à la une : Kaoutar RH

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